Rapport de l’Enquête sociale générale de 2008
Les réseaux sociaux aident les Canadiens à faire face au changement
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par Leslie-Anne Keown
Aperçu
Ce qu’il faut savoir au sujet de la présente étude
Définitions
Stades de la vie
Jeunes adultes : changements majeurs, transitions et information
Stade de constitution de la carrière et de la famille : faire face au changement sur deux plans
L’âge mûr : faire face aux changements relatifs à la santé
Les aînés : ils comptent sur les professionnels, la famille et les amis proches pour faire face au changement
Les femmes utilisent les réseaux sociaux différemment des hommes
Changements interreliés
Confrontés au décès d’un être cher, la plupart des gens se tournent vers leur famille pour du soutien
Résumé
Les réseaux sociaux jouent un rôle important dans la vie moderne. La plupart des Canadiens ont au moins une ou deux personnes dont ils sont proches et un réseau élargi de voisins, d’amis, de collègues et d’autres personnes qu’ils connaissent grâce à leurs activités quotidiennes. La composition du réseau social est bien propre à chacun. Un réseau social peut inclure la famille, les amis, les voisins, les collègues, les organismes religieux et bénévoles, les groupes communautaires, les institutions ou Internet. Les formes d’aide qu’il fournit peuvent aussi varier. Par exemple, les différentes composantes du réseau social peuvent fournir des biens ou des services; des conseils et des renseignements; ou du soutien émotionnel. Ces composantes ont toutes en commun de fournir des ressources et des avantages1.
Dans notre société moderne, les familles sont plus dispersées et les ménages consacrent plus de temps, en général, au travail rémunéré. De plus, nous nous fions de plus en plus sur la technologie de l’information dans la vie de tous les jours. Étant donné ces transformations sociales, il est important de comprendre comment nous faisons désormais appel à notre réseau social dans les périodes de changement majeur2.
Pourtant, jusqu’à présent, il était impossible, à l’échelon national, d’avoir une vue d’ensemble de la façon dont nous faisons appel à notre réseau social pour traverser les périodes de changements majeurs. Jusqu’à quel point les réseaux sociaux — les gens, les institutions et les sources d’information — aident les Canadiens à traverser les changements comme ceux liés aux finances, à la composition du ménage, à l’emploi ou à la santé?
Qu’il soit positif ou négatif, planifié ou imprévu, le changement est inhérent à nos vies. Le présent article, basé sur les données de l’Enquête sociale générale (ESG) de 2008, nous permet d’examiner comment les Canadiens recourent à leurs réseaux sociaux, en se penchant sur les types de changements qu’ils vivent, leur incidence et les segments de leur réseau social vers lesquels ils se tournent pour obtenir de l’aide. Les réseaux sociaux pouvant se modifier au cours du cycle de la vie, cet article examinera de près l’utilisation qui en est faite pendant quatre grandes périodes : la vie de jeune adulte (20 à 29 ans), le stade de constitution de la carrière et de la famille (30 à 44 ans), l’âge mûr (45 à 64 ans) et le troisième âge (65 ans et plus). (Pour les définitions et concepts consulter les encadrés intitulés « Ce qu’il faut savoir au sujet de la présente étude » et « Définitions »).
La présente étude repose sur les données recueillies par l’Enquête sociale générale (ESG) de 2008. L’ESG est une enquête annuelle qui suit les changements et les nouvelles tendances de la société canadienne. En 2008, le cycle 22 de l’ESG a permis de recueillir de l’information sur les réseaux sociaux et la participation à la vie sociale et communautaire.
Des renseignements ont également été recueillis sur les changements majeurs survenus dans la vie des répondants et sur les ressources qu’ils ont utilisées et dont ils ont eu besoin pendant ces transitions. Les réponses des répondants reflètent leur perception de la situation économique et sociale au moment où l’information a été recueillie, laquelle peut avoir changé depuis.
La population cible de l’ESG de 2008 était la population hors établissement de 15 ans et plus vivant dans les dix provinces du Canada. Les données ont été recueillies du 1er février 2008 au 30 novembre 2008. Au cours de cette période, quelque 20 000 personnes ont été interviewées avec succès.
L’article ne porte que sur les répondants âgés de 20 ans et plus. L’échantillon analytique était composé de plus de 19 000 répondants représentant environ 25 millions de Canadiens. Il porte particulièrement sur les 10,9 millions de Canadiens qui ont vécu au moins un changement ayant eu la plus grande incidence dans leur vie au cours des douze derniers mois.
Méthodologie
Dans la présente étude, nous utilisons la statistique descriptive et l’analyse par recoupement. Des intervalles de confiance sans chevauchement utilisant des variances et des estimations pondérées et bootstrap ont permis de déterminer les différences de signification statistique. La suppression a été effectuée lorsque les estimations n’étaient pas fiables. L’information manquante différait selon la variable, ce que reflètent les pourcentages dans chacun des tableaux.
(Pour obtenir une clarification des concepts analytiques, consulter l’encadré « Définitions ».)
Changement : La question suivante a été posée aux répondants :
Parmi les changements suivants, qu’ils soient positifs ou négatifs, lesquels avez-vous vécus au cours des 12 derniers mois? Avez-vous vécu des changements par rapport :
… aux finances ou au revenu?
… à l’emploi?
… à la santé?
… au rôle parental ou aux soins donnés aux enfants?
… aux soins à domicile donnés à une personne malade ou handicapée?
… au décès d’une personne aimée?
… à l’éducation?
… aux questions juridiques ou de droit?
… à la composition du ménage (par exemple, déménager dans une nouvelle maison, emménager avec un autre membre de la famille, un changement de responsabilités dans le ménage)?
… aux relations familiales?
… aux réalisations personnelles?
… à un autre changement?
Changement majeur : On a demandé aux répondants d’évaluer l’incidence d’un changement sur une échelle de 1 à 5. Un 1 dénote une faible incidence et un 5 une très grande incidence. Ceux qui ont indiqué un résultat de 4 ou 5 étaient considérés comme ayant vécu un changement majeur aux fins de la présente étude.
Changement majeur ayant eu la plus grande incidence : Dans le cas des répondants qui n’ont mentionné qu’un seul type de changement majeur, celui-ci a été considéré comme le changement ayant eu la plus grande incidence dans leur vie. Les répondants ayant fait état d’au moins deux changements majeurs ont été priés de dire lequel avait eu la plus grande incidence.
Dans le présent article, les changements ont été regroupés en deux catégories pour certains des stades de la vie :
Les changements économiques sont ceux qui ont trait aux finances et à l’emploi.
Les changements personnels pourraient inclure ceux qui ont trait au rôle parental ou aux soins donnés aux enfants, à la santé, aux soins donnés à une personne malade ou handicapée, et au décès d’un être cher.
Réseau social : Le réseau social est constitué des personnes, des institutions et des ressources avec lesquelles les personnes interagissent pour obtenir des renseignements, du soutien et des relations de tous les types. Pour circonscrire les ressources que les répondants ont utilisées pour faire face au changement ayant eu la plus grande incidence, l’ESG a posé la question suivante : « Avez-vous reçu de l’aide : de votre famille, de vos amis proches, d'amis autres que vos amis proches, de vos collègues de travail, de vos voisins, de ressources gouvernementales locales, d’autres ressources gouvernementales, de gens d’affaires, de professionnels, d’une institution publique, d’un service social ou d’un organisme de santé, d’un organisme juridique ou de droit, d’un organisme religieux, d’un autre organisme communautaire, d’Internet, d’autres sources d’information ou ressources médiatiques, d’un autre type de ressource? » Le répondant a ensuite été prié de dire lesquelles de ces ressources ont été les plus utiles.
Aide reçue du réseau social : Pour chacun des types de ressources du réseau social, les répondants ont été priés de dire quel type d’aide ils avaient reçu. Les types possibles étaient le soutien émotionnel ou moral; le soutien financier, les biens matériels ou les cadeaux; le transport ou l’aide pour les courses; l’expertise ou les services professionnels; les renseignements ou les conseils personnels; l’aide pour les tâches ménagères; l’entretien de la maison ou les soins aux enfants; l’aide pour les soins personnels ou de santé; les recommandations auprès d’un employeur, l’aide pour le réseautage ou la création de nouveaux liens; l’enseignement, l’accompagnement ou la formation; le soutien d’une action politique et les autres types d’aide.
Trois groupes de formes d’aide ont été utilisés pour les besoins du présent article :
L’aide émotionnelle est celle qui a trait au soutien moral ou affectif.
L’aide instrumentale est celle qui concerne au moins un des aspects suivants : le soutien financier, les biens matériels ou les cadeaux; le transport ou les courses; l’expertise ou les services professionnels; l’aide pour les tâches ménagères, l’entretien de la maison ou les soins aux enfants; ainsi que l’aide pour les soins personnels ou de santé.
L’aide informationnelle se rapporte à au moins un des aspects suivants : les recommandations auprès d’un employeur, le réseautage ou l’établissement de nouvelles relations; l’enseignement, l’accompagnement ou la formation; et le soutien d’une action politique.
Perception du changement : La question suivante a été posée aux répondants : « Diriez-vous que ce changement a été plutôt positif ou plutôt négatif? » Il y avait cinq catégories de réponses possibles, qui ont été ramenées à trois pour l’analyse : positif (inclut « positif » et « a changé de négatif à positif »), négatif (inclut « négatif » et « a changé de positif à négatif ») et également ni positif ni négatif.
Incidence sur les aspects importants de la vie : Les répondants ont été questionnés sur l’état d’aspects importants de la vie à la suite du changement ayant eu la plus grande incidence sur leur vie. Les aspects examinés étaient les finances, l’emploi, la santé physique et la santé mentale. L’ESG leur a donné cinq catégories de réponses possibles. Pour la présente analyse, ces catégories ont été ramenées à trois : meilleure, la même et moins bonne. Cette question n’a pas été posée aux répondants selon qui le changement ayant eu la plus grande incidence a été le décès d’un être cher; la réponse de ces répondants est « manquante » lorsque cette variable est utilisée.
Le changement majeur varie selon le stade de la vie
Les changements sont fréquents dans la vie des Canadiens. En 2008, plus de 4 Canadiens sur 10 âgés de 20 ans et plus avaient connu au moins un changement ayant eu une grande incidence sur leur vie au cours des douze derniers mois (43 %). Cependant, le pourcentage de Canadiens confrontés à un changement variait selon le stade de la vie. Les jeunes adultes dans la vingtaine étaient ceux en ayant vécu le plus, 57 % d’entre eux en mentionnant au moins un. Par contre, les personnes ayant atteint d’autres étapes de la vie étaient moins susceptibles d’en avoir vécu un, les aînés étant proportionnellement les moins nombreux (25 %) à avoir connu un changement. (graphique 1).
Graphique 1
Aux stades plus avancés de la vie, les Canadiens sont moins susceptibles de vivre des changements
Le changement ayant le plus d’incidence varie aussi selon le stade de la vie
Parmi tous les changements majeurs vécus par les Canadiens, on a demandé aux répondants d’indiquer lequel avait eu le plus d’incidence sur leur vie. Dans le présent article, nous nous concentrerons sur le changement ayant eu le plus d’incidence (sauf indication contraire). Nous verrons qu’il varie considérablement en fonction du stade de la vie (tableau 1).
Deux changements étaient courants à toutes les étapes de la vie. Le premier concerne la situation financière, 14 % de tous les Canadiens de 20 ans et plus ayant dit qu’elle avait eu la plus grande incidence sur leur vie. Le deuxième est le décès d’un être cher, une occurrence plus fréquente aux derniers stades de la vie. Parmi les personnes ayant vécu au moins un changement au cours des douze derniers mois, 24 % des aînés ont vu décéder un être cher et ont dit que c’était le changement ayant eu la plus grande incidence sur leur vie, par comparaison c’était le cas de 7 % des jeunes adultes3.
La plupart des jeunes adultes ont connu de nombreux changements et transitions dans divers domaines de leur vie. Les changements ayant eu la plus grande incidence pour eux ont été l’emploi, les finances, la composition du ménage, le décès d’un être cher, les études, le rôle parental et les soins donnés aux enfants. Ces changements sont semblables aux transitions circonscrites dans des recherches antérieures, par exemple, quitter le domicile parental et terminer des études postsecondaires4.
Pour ceux qui en étaient au stade de constitution de la carrière et de la famille, les changements les plus fréquents étaient d’ordre économique et personnel. Sur le plan économique, il s’agissait des finances et de l’emploi. Sur le plan personnel, les changements les plus souvent mentionnés avaient trait au rôle parental ou aux soins donnés aux enfants; au décès d’un être cher; et à la santé.
À l’âge mûr, comme on pouvait s’y attendre, les changements les plus importants n’ont plus trait au rôle parental ni aux soins donnés aux enfants. Ceux les plus souvent mentionnés ont été le décès d’un être cher, la santé et les soins apportés à une personne malade ou handicapée. Les changements économiques relatifs aux finances et à l’emploi ont été fréquents aussi à ce stade de la vie.
Chez les aînés, l’accent est davantage mis sur leur santé ou sur la santé de quelqu’un dont ils s’occupent. Les changements les plus souvent mentionnés étaient associés à la santé, au décès d’un être cher, aux finances et aux soins apportés à une personne malade ou handicapée.
La perception du changement et son incidence varient selon les stades de la vie
Le changement a des répercussions différentes selon le stade de la vie. Aux premiers stades, le changement est considéré par la majorité comme une expérience positive (tableau 2). Toutefois, moins de 40 % des aînés ont perçu le changement comme étant positif.
On a demandé aux répondants quelle avait été l’incidence du changement dans quatre grandes situations de la vie : les finances, l’emploi, la santé physique et la santé mentale. À chacun des stades de la vie, leurs réponses variaient considérablement par type de changement.
Les jeunes adultes ont vu leur situation financière changer en conséquence du changement ayant eu le plus d’incidence sur leur vie. Chez 21 % d’entre eux, la situation financière s’était dégradée et pour un autre 41 %, elle s’était améliorée. Toutefois, chez les aînés, le changement avait peu d’incidence sur les finances. En général, la situation d’emploi des jeunes adultes s’est améliorée ou est demeurée stable par suite d’un changement, tandis que les changements survenus à l’âge mûr n’ont pas eu d’incidence sur la situation d’emploi. En ce qui a trait aux changements liés à la santé, les aînés étaient plus susceptibles que leurs jeunes homologues de signaler une détérioration de leur état de santé. La majorité des répondants ont déclaré que leur santé mentale était demeurée stable, peu importe leur stade de la vie.
On a également demandé aux Canadiens s’ils avaient établi de nouvelles relations personnelles ou s’ils en avaient perdues en conséquence du changement qu’ils avaient vécu. Ici aussi, on observe une certaine mouvance chez ceux qui en sont aux premiers stades de la vie. Les jeunes adultes étaient plus susceptibles que les autres de dire avoir établi de nouvelles relations sociales à la suite d’un changement. Évidemment, un changement peut aussi faire perdre des relations. Les personnes dans les premiers stades de la vie adulte étaient plus susceptibles de perdre des relations sociales en conséquence d’un changement que les personnes âgées. Ces constatations confirment des recherches antérieures indiquant que les réseaux sociaux sont plus fluides au début de la vie et qu’ils deviennent plus stables par la suite5.
Internet est utile pour faire face au changement, mais la famille est la ressource la plus importante à tous les stades de la vie
Les changements majeurs qui ont une incidence sur nos vies nous obligent souvent à nous dépasser et à avoir recours à diverses composantes de notre réseau social pour les gérer ou y faire face. Les Canadiens ont fait appel à de nombreuses composantes de leur réseau social pour réagir au changement.
À chacun des stades de la vie, la famille l’emporte de beaucoup sur toutes les autres composantes du réseau social comme ressource la plus souvent employée et la plus utile (tableau 3).
Tableau 3
Ressources utilisées pour faire face au changement : vue d'ensemble des stades de la vie, 2008
Les amis proches sont des ressources dont on a souvent tiré parti à tous les stades de la vie. On a aussi souvent eu recours aux professionnels, comme les médecins et les avocats, surtout chez les aînés. Les collègues de travail, d’autres amis, les médias et les gens d’affaires ont été mentionnés parmi les ressources courantes du réseau social. Ces types de ressources étaient moins susceptibles que la famille d’être mentionnées comme étant la plus utile lorsque surviennent des changements.
Internet mérite une mention spéciale, compte tenu de son rôle croissant pour la collecte d’information et l’amélioration des relations interpersonnelles par le truchement d’activités comme le courriel et le réseautage social6. Parmi les adultes canadiens, 39 % s’en sont servi pour faire face au changement. L’importance d’Internet comme ressource sociale diminue toutefois fortement au fil des stades de la vie. Entre 47 % et 50 % des jeunes adultes et de ceux qui en sont au stade de constitution de la carrière et de de la famille ont dit avoir utilisé Internet pour faire face au changement, contre 31 % des personnes d’âge mûr et 11 % des aînés.
Peu importe l’étape de la vie, Internet a rarement été indiqué comme étant la ressource la plus utile. La famille était de toute évidence la ressource la plus utile du réseau social des gens. Internet est peut-être un outil précieux dans la vie des Canadiens, mais il ne semble pas devoir remplacer l’importance des gens, tout au moins pour les personnes confrontées à un changement.
Les réseaux sociaux offrent différents types d’aide
La famille, les amis, les professionnels et Internet sont peut-être tous mis à contribution, mais quel genre d’aide offrent-ils face au changement? L’aide apportée par le réseau social est souvent répartie en trois grandes catégories : soit l’aide émotionnelle, instrumentale (p. ex., l’aide ou le soutien en matière de finances, de transport ou de fournitures de biens ou de services) et informationnelle (p. ex., conseils informels, renseignements, formation ou recommandations auprès d’un employeur)7.
Les Canadiens utilisent ces trois types de soutien en proportions presque égales, qui varient peu selon le stade de la vie, la seule exception étant que les personnes d’âge mûr et les aînés ont moins recours à l’aide informationnelle que les autres (tableau 4).
Les sections suivantes présentent une analyse plus détaillée par stade de la vie.
Tableau 4
Type d’aide reçue pour faire face au changement : vue d'ensemble des stades de la vie, 2008
Plutôt que de parler de générations, il est souvent utile d’analyser les différentes étapes de la vie. Les stades suivants ont été choisis après que les données disponibles dans l’ESG de 2008 ont été prises en compte.
Jeunes adultes : (20 à 29 ans) Les données montrent une assez grande variabilité pour le groupe des 15 à 29 ans en ce qui concerne le changement. Il y a cependant plus d’uniformité dans le groupe des 20 à 29 ans, ce qui permet de mettre l’accent sur les stratégies utilisées pour faire face au changement plutôt que sur le changement lui-même.
Stade de constitution de la carrière et de la famille : (30 à 44 ans) Ce stade de la vie inclut les personnes qui s’occupent d’élever une famille et/ou de faire progresser leur carrière.
Âge mûr : (45 à 64 ans) Personnes appelées couramment « baby-boomers » mais renommées ici pour refléter le stade de la vie.
Aînés : (65 ans et plus) Ce stade inclut bon nombre de retraités.
Quelque 4,5 millions de Canadiens étaient de jeunes adultes de 20 à 29 ans en 2008 et 86 % d’entre eux avaient connu au moins un changement au cours des douze derniers mois. Les changements ayant la plus grande incidence tournent autour des transitions couramment vécues par ce groupe, soit ceux qui concernent les finances, l’emploi, les études, la composition du ménage et le rôle parental ou les soins donnés aux enfants. Aucun type de changement ne prédomine.
Les jeunes adultes voient souvent le changement d’un bon œil
Dans l’ensemble, les changements qui surviennent dans la vie des jeunes sont considérés comme positifs. Le rôle parental ou les soins donnés aux enfants, ainsi que les changements liés aux études sont les changements les plus positivement perçus (tableau 5). Le type de changement influe sur différents aspects de la vie. Par exemple, en 2008, la situation financière des jeunes adultes s’est améliorée lorsque le changement touchait les finances ou l’emploi (67 %). Elle s’est détériorée quand le changement concernait le rôle parental ou les soins donnés aux enfants (39 %) ou les études (33 %).
Le réseau social des jeunes adultes est flexible : le changement augmente et réduit leur nombre de relations sociales
Les transitions provoquent des changements dans la vie des jeunes gens et dans leur réseau social. À ce stade, les relations sociales évoluent selon le changement, les liens étant parfois créés, parfois brisés. Le changement peut produire de nombreuses nouvelles relations sociales, mais il peut aussi en faire disparaître d’autres. L’ampleur de ce gain ou de cette perte varie selon le type de changement signalé. Bon nombre de ceux dont le changement concernait l’emploi ont dit avoir étoffé leur réseau social, dans une proportion une fois et demie supérieure à la proportion de ceux dont le changement ayant eu la plus grande incidence concernait les finances (72 % contre 44 %). Le changement relatif à l’emploi a souvent aussi entraîné une perte de relations sociales (44 %) et un pourcentage similaire a fait état d’une perte de relations sociales lorsque le changement portait sur la composition du ménage. Les autres changements ont produit une perte moins importante au sein du réseau social.
Les jeunes adultes disposent d’un éventail de ressources pour faire face au changement, mais la famille est la plus utile
Les jeunes adultes ont eu recours aux différentes ressources de leur réseau social pour traverser le changement (tableau 6). Le type de ressource utilisé variait selon le type de changement. Lorsqu’il s’agissait des finances, les ressources les plus souvent mises à contribution ont été la famille, les gens d’affaires (y compris les employeurs) et Internet. Quand l’emploi était le changement ayant eu la plus grande incidence, des ressources similaires ont été mises à profit, mais les amis proches ont également joué un rôle important.
Le recours aux amis comme ressource augmentait aussi lorsque les changements avaient trait à la composition du ménage, aux études, et au rôle parental ou aux soins donnés aux enfants. Internet était utilisé pour tous les types de changements, mais semble avoir eu une importance particulière pour ce qui est du rôle parental ou des soins donnés aux enfants, et des études. Internet a souvent été utilisé, mais a rarement été considéré comme la ressource la plus utile. Les collègues de travail étaient importants lorsqu’il s’agissait de changements relatifs à l’emploi. Les ressources gouvernementales, à tous les ordres de gouvernement, ont été utilisées plus fréquemment lorsque le changement concernait l’emploi, les études, et le rôle parental ou les soins donnés aux enfants.
Les jeunes adultes considéraient toutefois leur famille comme étant la ressource la plus utile de leur réseau social. Pour tous les types de changements, la famille a été la ressource la plus utile pour 39 % à 75 % des jeunes adultes, selon le type de changement. Les amis proches arrivaient en deuxième, et ce, pour tous les types de changements (12 %) (résultats non montrés).
Le type d’aide attendue du réseau social varie selon le changement vécu
Même si la famille est la ressource la plus utile du réseau social, le genre d’aide obtenue de différentes ressources varie. Lorsque le changement concernait l’éducation et le rôle parental ou les soins donnés aux enfants et, dans une moindre mesure, les finances, les répondants ont eu recours à l’aide instrumentale et informationnelle plus souvent qu’au soutien émotionnel (tableau 7). Dans le cas de l’emploi, ils ont surtout eu besoin de soutien informationnel, le soutien émotionnel et le soutien instrumental étant recherchés moins souvent. Pour un changement de composition du ménage, 81 % des jeunes adultes ont cherché un soutien instrumental, le soutien émotionnel et le soutien informationnel étant importants, mais moins souvent utilisés.
Au stade de constitution de la carrière et de la famille (30 à 44 ans), les gens commencent à mettre l’accent sur la famille (y compris l’éducation des enfants) et sur l’établissement ou la progression de leur carrière. On le remarque dans les changements dont les gens font état à ce stade de la vie. En 2008, quelque 7,1 millions de Canadiens en étaient à ce stade et 51 % ont vécu au moins un type de changement majeur.
Le changement ayant eu la plus grande incidence à ce stade de la vie s’est produit dans l’une ou l’autre des deux catégories suivantes : économique ou personnelle. Sur le plan économique, ce changement avait le plus souvent trait aux finances (13 %) et à l’emploi (15 %). Du côté personnel, il avait trait au rôle parental ou aux soins donnés aux enfants (18 %); et à la santé (10 %).
Les changements relatifs à la santé sont considérés à la fois comme positifs et négatifs
En 2008, les changements survenus sur le plan économique ont été, en général, perçus comme positifs (tableau 8). Sur le plan personnel, les perceptions variaient. Quand le changement ayant eu la plus grande incidence concernait la santé, 51 % des personnes au stade de constitution de la carrière et de la famille ont signalé qu’il était négatif. Lorsque le changement concernait le rôle parental ou les soins donnés aux enfants, il était en très grande majorité perçu comme positif (88 %), ce qui reflète peut-être la croissance des familles à ce stade de la vie.
Tableau 8
Incidence du changement : stade de constitution de la carrière et de la famille (30 à 44 ans), 2008
L’incidence sur les divers aspects de la vie des répondants variait selon le type de changement. Les changements d’ordre économique ayant eu la plus grande incidence amélioraient en général la situation financière et ne modifiaient pas la santé physique et mentale ou encore l’amélioraient.
Lorsque le changement ayant eu la plus grande incidence était la santé, la situation financière et la situation d’emploi du répondant restaient en bonne partie les mêmes. Toutefois, 47 % de ces personnes de 30 à 44 ans ont indiqué une moins bonne santé physique et 30 %, une moins bonne santé mentale. Quand le changement concernait le rôle parental ou les soins donnés aux enfants, les autres aspects de la vie restaient en général stables.
Ceux qui vivent des changements associés au rôle parental ou aux soins donnés aux enfants et à la santé font souvent appel à Internet
La famille est souvent la composante la plus utile du réseau social pour ceux qui en sont au stade de constitution de la carrière et de la famille. Elle est aussi la composante à laquelle ils font le plus souvent appel, peu importe le type de changement qu’ils vivent (tableau 9). Les autres composantes du réseau social auxquelles ils ont recours varient selon le type de changement vécu.
Tableau 9
Ressources utilisées pour faire face au changement : stade de constitution de la carrière et de la famille (30 à 44 ans), 2008
Les gens d’affaires (y compris les employeurs) ont été la ressource la plus utile pour 34 % des personnes dont le changement ayant eu la plus grande incidence concernait les finances. Les collègues de travail ont été des ressources pour 53 % de ceux qui ont subi un changement relatif à l’emploi. Les personnes à ce stade de la vie se sont aussi tournées vers Internet. Celles qui ont été confrontées à des changements qui concernaient le rôle parental ou les soins donnés aux enfants se sont adressées le plus souvent à la famille, mais aussi à des amis proches, à des professionnels, à Internet et à d’autres sources médiatiques.
En 2008, 85 % de ceux qui ont connu un changement dans le domaine de la santé se sont tournés vers les professionnels (y compris les médecins), la famille (76 %), les amis proches (67 %) et vers Internet (60 %). Ceux qui ont vécu un changement qui concernait le rôle parental ou les soins donnés aux enfants ont aussi utilisé Internet assez souvent (61 %).
Le soutien informationnel était important pour les personnes au stade de constitution de la carrière et de la famille
Le genre d’aide tirée des ressources sociales variait pour les personnes au stade de constitution de la carrière et de la famille (tableau 10). Les changements survenus sur le plan personnel nécessitaient les trois types d’aide. Le soutien informationnel était considérable, peu importe le type de changement, et jouait un rôle particulièrement important lorsque l’emploi ou le rôle de parent ou les soins aux enfants était le changement ayant eu la plus grande incidence. Les répondants ont cherché du soutien émotionnel et instrumental plus souvent lorsque le changement concernait le côté personnel.
Tableau 10
Type d'aide reçue pour faire face au changement : stade de constitution de la carrière et de la famille (30 à 44 ans), 2008
Au moment où les Canadiens passent de la constitution de la carrière et de la famille à l’âge mûr, l’accent se déplace souvent des enfants à d’autres aspects de la vie. Le rythme du changement dans la vie des Canadiens d’âge mûr commence à ralentir. Parmi les quelque 9 millions de Canadiens à ce stade (45 à 64 ans) en 2008, 40 % avaient connu au moins un changement majeur au cours des douze derniers mois. C’est moins qu’aux stades des jeunes adultes et de constitution de la carrière et de la famille.
La nature des changements vécus par les personnes d’âge mûr se modifie aussi, en particulier sur le plan personnel. Les deux types de changements personnels les plus fréquents, outre le décès d’un être cher (16 %), concernaient la santé : soit une modification de la santé du répondant (18 %) ou des soins donnés à une personne malade ou handicapée (8 %). Du côté économique, les changements relatifs aux finances (15 %) ou à l’emploi (14 %) étaient les plus fréquemment mentionnés comme changement ayant eu la plus grande incidence.
Lorsque la santé est le changement ayant la plus grande incidence, celui-ci est souvent perçu comme négatif
En 2008, la perception des personnes d’âge mûr d’un changement d’ordre économique variait selon le type de changement vécu. Ces personnes étaient assez également divisées en ce qui concerne leur perception d’un changement dans les finances : 50 % pensaient qu’il était négatif, alors que 45 % le considéraient comme positif (tableau 11). Celles qui, en 2008, ont signalé un changement relatif à l’emploi au cours des douze derniers mois le considéraient en général comme positif (66 %).
Du côté personnel, les changements ayant trait à la santé des répondants étaient le plus souvent considérés comme négatifs (56 %). Lorsque le changement concernait les soins donnés à une personne malade ou handicapée, les gens d’âge mûr avaient différentes perceptions : 49 % étaient d’avis que le changement était négatif, 35 %, qu’il était positif et 16 %, qu’il n’était ni négatif ni positif.
Le changement à l’âge mûr ne semble pas avoir d’incidence indue sur des aspects importants de la vie. Dans le cas des changements financiers, tout juste un peu plus du tiers des répondants ont dit que leur situation financière était meilleure en raison du changement (39 %). Un pourcentage presque identique d’entre eux ont indiqué que leur situation financière avait empiré (41 %). À la suite d’un changement relatif aux finances, la situation d’emploi, la santé physique et la santé mentale restaient en règle générale les mêmes qu’auparavant. La tendance observée pour les finances en 2008 était similaire à celle de l’emploi, la seule exception étant qu’un changement relatif à l’emploi améliorait en règle générale la situation d’emploi globale.
Lorsque la santé des répondants d’âge mûr était le changement ayant eu la plus grande incidence, leur situation d’emploi et leur situation financière n’ont en règle générale pas changé. Toutefois, près de la moitié ont signalé que leur santé physique était moins bonne et plus du quart en ont dit autant à propos de leur santé mentale (49 % et 30 %). Quand le changement ayant eu la plus grande incidence concernait les soins donnés à une personne malade ou handicapée, les autres aspects de la vie du répondant semblaient ne pas avoir changé.
Les professionnels (y compris les médecins) sont des ressources importantes du réseau social lorsqu’il se produit des changements sur le plan personnel
Les Canadiens d’âge mûr ont fait appel à de nombreuses ressources de leur réseau social pour faire face au changement. Lorsque le changement ayant la plus grande incidence était financier, ils se sont très souvent tournés vers la famille, les gens d’affaires, les amis proches, Internet et les médias pour obtenir du soutien. La famille a été largement considérée comme la ressource la plus utile (35 %) (résultats non montrés).
Lorsque le changement ayant eu la plus grande incidence était l’emploi, les ressources auxquelles ils ont fréquemment eu recours étaient la famille, les amis proches, les collègues de travail et les gens d’affaires. De nouveau, la ressource considérée comme la plus utile a d’habitude été la famille (29 %). Les collègues de travail étaient mentionnés par 12 % d’entre eux comme étant la deuxième ressource la plus utile (résultats non montrés).
Tableau 12
Ressources utilisées pour faire face au changement : stade de l'âge mûr (45 à 64 ans), 2008
Quand le changement ayant eu la plus grande incidence concernait la santé ou les soins donnés à une personne malade ou handicapée, les professionnels et la famille étaient les ressources auxquelles les répondants avaient eu le plus fréquemment recours, suivis des amis proches qui arrivaient au troisième rang (tableau 12). Parmi ceux qui ont fait état d’un changement relatif aux soins à une personne malade ou handicapée, 65 % ont dit s’être tournés vers un service social ou un organisme de santé. La famille et les professionnels ont souvent été cités comme les ressources les plus utiles (résultats non montrés).
L’aide instrumentale a été utilisée très souvent lorsque le changement était d’ordre personnel
Pour les personnes d’âge mûr, le type d’aide reçue des ressources du réseau social variait en fonction du type de changement vécu (tableau 13). Lorsque le changement ayant eu la plus grande incidence était financier, 53 % d’entre elles ont eu besoin d’aide instrumentale, 41 %, d’aide informationnelle et 36 %, de soutien émotionnel. Quand le changement concernait l’emploi, 72 % ont eu recours à de l’aide émotionnelle et informationnelle. (Pour une clarification des concepts analytiques, consulter « Définitions ».)
Du côté personnel, la plupart des gens ayant subi un changement en matière de santé ou de soins à une personne malade ou handicapée ont eu besoin d’aide instrumentale (91 % et 87 %). La majorité de ceux ayant vécu un de ces deux types de changements ont aussi eu recours à du soutien émotionnel et informationnel.
Les aînés ont fait état de moins de changements que les autres groupes d’âge. En 2008, il y avait environ 4,3 millions d’aînés (65 ans et plus) et un quart d’entre eux avaient vécu au moins un changement majeur. Sauf pour ce qui est des finances, le changement dans la vie d’un aîné est surtout d’ordre personnel. Les changements ayant fréquemment eu la plus grande incidence concernaient la santé (38 %), le décès d’un être cher (24 %), les finances (10 %) et les soins à une personne malade ou handicapée (10 %).
Les aînés considèrent souvent le changement comme négatif
De nombreux aînés considéraient le changement comme négatif (tableau 14). Toutefois, si le changement ayant eu la plus grande incidence concernait la santé, le décès d’un être cher ou les soins donnés à une personne malade ou handicapée, leur situation financière et leur santé mentale demeuraient les mêmes. En 2008, un changement relatif aux finances a, en général, empiré leur situation financière, mais n’a pas touché les autres aspects de la vie. Les changements en matière de santé ont souvent entraîné une détérioration de leur santé physique (51 %).
Pour les aînés, les soins donnés à une personne malade ou handicapée peuvent accroître la connectivité sociale
Les réseaux sociaux des aînés ne semblent pas fluctuer — les personnes âgées font rarement état d’une perte ou d’un gain de relations sociales provoqué par le changement ayant eu la plus grande incidence. Il y a une exception digne de mention. Lorsque le changement avait trait aux soins à une personne malade ou handicapée, 52 % des aînés ont dit s’être fait des relations sociales. Cette conclusion confirme une étude antérieure, selon laquelle certains événements et facteurs du cycle de vie accroissent la connectivité sociale dans le cas des aînés8.
Les professionnels sont une composante vitale du réseau social des aînés lorsque la santé de ces derniers change ou qu’ils donnent des soins à une personne malade ou handicapée
La famille est le noyau du réseau social des aînés, en particulier lorsque le changement dans leur vie tourne autour du décès d’un être cher (tableau 15). Les amis proches constituent aussi une ressource dans ces circonstances. Du côté économique, aucune ressource utilisée pour faire face à un changement relatif aux finances ne domine.
Si le changement dans la vie d’un aîné concerne sa propre santé ou les soins à une personne malade ou handicapée, les professionnels sont une ressource souvent exploitée, ainsi que la famille et les amis proches. Les services sociaux ou les organismes de santé sont souvent utilisés pour les soins à une personne malade ou handicapée. Les aînés ont rarement recours à Internet pour faire face à un changement.
L’aide instrumentale a été fréquemment utilisée dans le cas de changements ayant trait à la santé ou aux soins à une personne malade ou handicapée
Les aînés ont utilisé différentes formes d’aide offertes par leur réseau social selon le type de changement qu’ils ont vécu (tableau 16). Lors du décès d’un être cher, ils ont fréquemment eu recours à du soutien émotionnel. Pour les changements relatifs à la santé ou aux soins prodigués à une personne malade ou handicapée, les aînés ont utilisé leur réseau social pour obtenir du soutien instrumental et émotionnel. Ils ont fait moins souvent appel à l’aide informationnelle pour tous les types de changement.
Les hommes étaient proportionnellement légèrement plus nombreux que les femmes à être d’avis que le changement ayant eu la plus grande incidence concernait l’emploi ou les finances. Pour les femmes, le changement ayant eu la plus grande incidence était plus susceptible d’avoir trait à leur santé ou au décès d'un être cher.
La façon dont les hommes et les femmes ont utilisé leur réseau social pour faire face au changement différait beaucoup. Les femmes étaient entre 7 et 9 points de pourcentage plus susceptibles que les hommes d’avoir recouru à la famille, aux amis ou aux professionnels (p. ex., médecins et avocats). Elles étaient aussi plus enclines que les hommes à mentionner que la famille avait été leur ressource la plus utile. Les hommes, par contre, étaient plus susceptibles d’indiquer que des gens d’affaires, y compris leur employeur, avaient été leur ressource la plus utile. Ils avaient aussi cherché du soutien émotionnel ou instrumental moins souvent, en proportion, que les femmes (tableau A.1).
Les changements majeurs sont souvent interreliés
L’ESG de 2008 montre que les changements peuvent être interreliés. Parmi les Canadiens qui ont connu au moins un changement au cours des douze derniers mois, 51 % ont mentionné que d’autres changements étaient liés à celui ayant eu la plus grande incidence. Le plus souvent, cette interconnectivité a été observée aux premiers stades de la vie et a diminué par la suite. Par exemple, plus de la moitié des jeunes adultes par rapport au quart des aînés ont fait état de cette interconnectivité (60 % contre 26 %).
Certains types de changements sont étroitement liés. L’interrelation entre les finances et l’emploi est la plus courante. Sauf pour les aînés, la majorité des répondants selon qui le changement ayant eu la plus grande incidence concernait leurs finances ont dit qu’un changement relatif à l’emploi lui avait été associé et l’inverse était également vrai.
Il faut remarquer que, dans le cas des personnes d’âge mûr et des aînés, si le changement ayant eu la plus grande incidence était la prestation de soins donnés à une personne malade ou handicapée, deux changements y étaient fréquemment liés : les finances et la santé de la personne elle-même.
Un peu plus de 1 Canadien sur 10, âgés de 20 à 64 ans ayant vécu le décès d’un être cher ont répondu qu’il s’agissait du changement majeur ayant eu la plus grande incidence sur leur vie. Parmi eux, 38 % ont signalé d’autres changements connexes. Dans l’ensemble, le décès d’un être cher n’influençait pas énormément les autres aspects de la vie, comme les finances, l’emploi ou la santé physique, mais 27 % ont mentionné que leur santé mentale s’était détériorée (tableau A.2).
La plupart des gens ayant répondu que le décès d’un être cher avait été leur changement ayant eu la plus grande incidence se sont tournés vers leur réseau social pour obtenir du soutien émotionnel (95 %). La majorité d'entre eux ont dit que leur famille avait été leur ressource la plus utile. Ils ont eu le plus souvent recours à leur famille et à leurs amis proches, et ont fait aussi appel à leurs collègues de bureau, à d’autres amis, à leurs voisins et à des gens d’affaires pour les aider à traverser cette épreuve.
Le changement majeur, quel que soit son type, fait partie de la vie moderne de nombreux Canadiens. Faire face au changement signifie tirer parti de réseaux sociaux et les utiliser de diverses manières. L’ESG de 2008 a montré que les stades de vie des Canadiens modifiaient leur expérience du changement, les ressources de leur réseau social qu’ils utilisent et le type d’aide qu’ils reçoivent de ces ressources.
Bien que les Canadiens fassent souvent appel à Internet pour obtenir de l’aide, ce sont les gens, surtout la famille, qui restent les ressources les plus utiles des réseaux sociaux.
Les jeunes adultes (20 à 29 ans) traversent beaucoup de changements, ce qui correspond aux nombreuses transitions vécues en général à ce stade de la vie. Ils considèrent pour la plupart le changement comme une expérience positive et utilisent de nombreuses composantes de leur réseau social fluide pour faire face au changement, la famille étant la ressource la plus utile.
Ceux qui en sont à l’étape de constitution de la carrière et de la famille (30 à 44 ans) sont confrontés à des changements à la fois économiques et personnels. Ils mettent fréquemment les ressources de leur réseau social, comme la famille et les amis, à profit pour faire face au changement. Ils considèrent souvent l’aide instrumentale comme précieuse, surtout lorsque le changement ayant eu la plus grande incidence a trait au rôle parental ou aux soins donnés aux enfants et à la santé.
Pour les personnes d’âge mûr (45 à 64 ans), le changement devient une expérience un peu moins courante. Sur le plan personnel, les changements sont dominés par la santé, soit la leur ou celle de quelqu’un d’autre. De l’aide instrumentale est souvent tirée du réseau social, surtout en ce qui concerne les changements de la vie personnelle.
Les aînés (65 ans et plus) connaissent le moins grand nombre de changements. Ils les considèrent comme négatifs, mais ceux-ci n’ont pas grande incidence sur d’autres aspects de la vie, comme les finances ou la santé physique. Le recours aux professionnels du réseau social s’accentue à ce stade de la vie. La famille et les amis proches sont aussi des ressources importantes.
Leslie-Anne Keown est chercheuse en sciences sociales à la revue Tendances sociales canadiennes.