Tendances en matière de violence familiale et de violence entre partenaires intimes au Canada, affaires déclarées par la police, 2023
Diffusion : 2024-10-24
En 2023, les taux d'affaires de violence familiale (+3 %) et de violence entre partenaires intimes (+1 %) déclarées par la police ont augmenté. Cette année-là, 139 020 victimes de violence familiale et 123 319 victimes de violence entre partenaires intimes de 12 ans et plus ont été signalées à la police, ce qui correspond à un taux de 350 victimes de violence familiale et 354 victimes de violence entre partenaires intimes pour 100 000 personnes.
Aujourd'hui, le Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités de Statistique Canada diffuse une série de tableaux de données téléchargeables, lesquels présentent le nombre de victimes de violence familiale et de violence entre partenaires intimes dans les affaires déclarées par la police, ainsi que leurs caractéristiques (voir la note aux lecteurs). Le présent communiqué expose des tendances générales concernant ces types de violence et ne tient compte que des affaires portées à l'attention de la police. Des recherches antérieures ont démontré qu'il arrive souvent que les victimes de ces types de violence ne signalent pas leurs expériences aux autorités. C'est notamment le cas des victimes plus jeunes et plus âgées, c'est-à-dire les enfants, les jeunes et les personnes âgées, qui ne sont peut-être pas conscientes qu'elles font l'objet de victimisation, ne savent peut-être pas vers qui ou vers quelle ressource se tourner pour obtenir de l'aide, ne sont peut-être pas en mesure de signaler elles-mêmes la violence qu'elles subissent et dépendent peut-être de leur agresseur. Par conséquent, il est probable que les données présentées dans ce communiqué sont une sous-estimation de l'ampleur réelle de cet enjeu.
Dans le présent communiqué, la violence familiale et la violence entre partenaires intimes comprennent les voies de fait, les agressions sexuelles, le harcèlement, les menaces et d'autres formes de violence qui atteignent le seuil du comportement criminel. La violence familiale désigne la violence commise par un conjoint, un parent, un enfant, un frère ou une sœur, ou un membre de la famille élargie, tandis que la violence entre partenaires intimes désigne la violence commise par un conjoint marié, un conjoint de fait, un partenaire amoureux ou un autre partenaire intime, actuel ou ancien. Les victimes de violence familiale et les victimes de violence entre partenaires intimes ne sont pas des groupes mutuellement exclusifs. Par exemple, les victimes de violence commise par un conjoint ou un conjoint de fait, actuel ou ancien, sont comprises dans chaque groupe.
Bien que les femmes et les filles continuent d'être surreprésentées parmi les victimes, on observe une hausse plus marquée des affaires de violence familiale et de violence entre partenaires intimes chez les hommes et les garçons
De 2009 (première année pour laquelle des données comparables sont disponibles) à 2014, les taux d'affaires de violence familiale et de violence entre partenaires intimes déclarées par la police ont généralement diminué d'une année à l'autre. Cette tendance à la baisse a été suivie de plusieurs années de croissance graduelle, puis d'une stabilité relative de 2021 à 2022. Cependant, en 2023, les affaires de violence familiale ont augmenté de 3 % et celles de violence entre partenaires intimes, de 1 %.
De 2018 à 2023, les crimes violents déclarés par la police se sont accrus de 20 %. Au cours de la même période, les taux globaux d'affaires de violence familiale (+17 %) et de violence entre partenaires intimes (+13 %) ont également progressé. Des hausses ont été observées indépendamment du genre de la victime, mais les augmentations étaient plus prononcées chez les hommes et les garçons (+19 % pour les affaires de violence familiale; +20 % pour les affaires de violence entre partenaires intimes) que chez les femmes et les filles (+15 % pour les affaires de violence familiale; +12 % pour les affaires de violence entre partenaires intimes).
Bien que des hausses plus importantes ont été observées chez les hommes et les garçons depuis 2018, les femmes et les filles demeurent surreprésentées parmi les victimes de violence familiale et de violence entre partenaires intimes. En 2023, les femmes et les filles représentaient les deux tiers (68 %) des victimes de violence familiale, et près de 4 victimes de violence entre partenaires intimes sur 5 (78 %). Par ailleurs, le taux d'affaires de violence familiale chez les femmes et les filles (473 victimes pour 100 000 personnes) était deux fois plus élevé que le taux chez les hommes et les garçons (220), tandis que le taux d'affaires de violence entre partenaires intimes était près de quatre fois plus élevé chez les femmes et les filles (549 victimes pour 100 000 personnes) que chez les hommes et les garçons (155).
Les victimes de violence entre partenaires intimes pourraient ne pas déclarer leurs expériences aux autorités pour de multiples raisons, comme le sentiment qu'il s'agit d'une affaire privée ou personnelle ou un manque de confiance envers le système de justice pénale. Il convient de souligner que certaines recherches (lien en anglais seulement) ont montré que les hommes et les garçons qui font l'objet de violence entre partenaires intimes peuvent être plus réticents à signaler cette violence aux autorités en raison de la stigmatisation entourant les victimes de genre masculin.
La violence familiale envers les enfants et les jeunes atteint un sommet sans précédent
En 2023, 26 777 enfants et jeunes de 17 ans et moins ont été victimes de violence familiale dans des affaires déclarées par la police. De ce nombre, plus de 3 victimes sur 5 (62 %) étaient des filles. Le plus souvent, la violence familiale envers les enfants et les jeunes avait été perpétrée par un parent (60 %). Dans 16 % des affaires, la violence familiale avait été perpétrée par un frère ou une sœur et dans 24 % des affaires, elle avait été perpétrée par un autre membre de la famille. Même si les proportions variaient, les tendances étaient comparables pour les filles (55 % pour la violence familiale perpétrée par un parent, 17 % pour celle perpétrée par un frère ou une sœur et 28 % pour celle perpétrée par un autre membre de la famille) et les garçons (67 % pour la violence familiale perpétrée par un parent, 14 % pour celle perpétrée par un frère ou une sœur et 19 % pour celle perpétrée par un autre membre de la famille).
Le nombre d'affaires de violence envers les enfants et les jeunes — de nature familiale ou autre — déclarées par la police a considérablement augmenté au fil du temps. En 2023, le taux d'affaires de violence familiale envers les enfants et les jeunes a atteint 362 victimes pour 100 000 personnes (296 chez les enfants de 11 ans et moins; 485 chez les jeunes de 12 à 17 ans). Il s'agit du plus haut taux enregistré depuis que des données comparables sont devenues disponibles, en 2009. En 2023, le taux était près de deux fois plus élevé chez les filles (439) que chez les garçons (259).
Comparativement à 2018, le taux d'affaires de violence familiale envers les enfants et les jeunes s'est accru de 32 % en 2023 (+35 % chez les enfants; +25 % chez les jeunes), et la croissance a été plus prononcée chez les filles (+28 %) que chez les garçons (+24 %). L'augmentation globale est principalement attribuable aux voies de fait de niveau 1 (+36 %), aux agressions sexuelles de niveau 1 (+28 %), aux contacts sexuels (+23 %) et aux voies de fait de niveau 2 (voies de fait armées ou causant des lésions corporelles) (+34 %). De 2018 à 2023, le taux d'affaires de violence non familiale envers les enfants et les jeunes a quant à lui progressé de 42 %, passant de 575 à 819 victimes pour 100 000 personnes.
La violence entre partenaires intimes est plus répandue chez les femmes et les filles de 12 à 24 ans
Au chapitre du genre des victimes, le taux d'affaires de violence entre partenaires intimes déclarées par la police en 2023 était le plus élevé chez les femmes et les filles de 12 à 24 ans (752 pour 100 000 personnes). Il s'agit d'un taux qui est près de sept fois plus élevé que celui observé chez les hommes et les garçons de ce groupe d'âge (111). En ce qui concerne l'ensemble des adultes de 25 à 64 ans, le taux observé chez les femmes (688) était plus de trois fois supérieur à celui observé chez les hommes (210). Alors que la violence entre partenaires intimes a augmenté depuis 2018 chez les adultes de 25 à 64 ans (+22 %) et les personnes de 65 ans et plus (+36 %), elle a diminué chez les jeunes et les jeunes adultes de 12 à 24 ans (-3 %).
En 2023, une arme à feu était présente lors de la perpétration de l'infraction pour 1,2 % (1 038) des victimes de violence entre partenaires intimes, et 84 % de ces victimes étaient des femmes ou des filles. Ce pourcentage était plus élevé que celui observé en 2018, année au cours de laquelle une arme à feu était présente lors de la perpétration de l'infraction pour 1,0 % (762) des victimes de violence entre partenaires intimes, dont 87 % étaient des femmes et des filles.
La violence familiale envers les personnes âgées atteint également un sommet inégalé à ce jour
En 2023, 7 054 personnes âgées (personnes de 65 ans et plus) ont été victimes de violence familiale dans des affaires déclarées par la police. Parmi ces victimes, près de 6 personnes sur 10 (57 %) étaient des femmes. Le plus souvent, la violence familiale envers les personnes âgées était perpétrée par un enfant de la victime (35 %), par un conjoint (27 %), par un frère ou une sœur (11 %) ou par un autre membre de la famille (27 %). Alors que les femmes âgées étaient plus souvent agressées par un conjoint (31 %) que par un autre membre de la famille (25 %), le contraire a été observé chez les hommes âgés (21 % ont été agressés par un conjoint et 29 % l'ont été par un autre membre de la famille).
Le taux d'affaires de violence familiale envers les personnes âgées déclarées par la police a affiché une forte croissance au cours des dernières années. En 2023, il s'est élevé à 94 victimes pour 100 000 personnes, son plus haut niveau depuis que des données comparables sont devenues disponibles, en 2009. Le taux de ce type d'affaires était plus élevé chez les femmes (99 pour 100 000 personnes) que chez les hommes (87).
Comparativement à 2018, le taux s'est accru de 42 % en 2023, et la hausse a été plus prononcée chez les hommes (+46 %) que chez les femmes (+39 %). La hausse globale est principalement attribuable à l'augmentation des voies de fait de niveau 1 (+35 %), des voies de fait de niveau 2 (voies de fait armées ou causant des lésions corporelles) (+81 %) et des menaces (+31 %). De 2018 à 2023, le taux d'affaires de violence non familiale envers les personnes âgées a progressé de 28 % pour passer de 136 à 173 victimes pour 100 000 personnes.
Les régions du Nord affichent les plus hauts taux d'affaires de violence familiale et de violence entre partenaires intimes, suivies des régions rurales du Sud et des régions urbaines du Sud
À l'instar des autres types de crimes violents, en 2023, les taux d'affaires de violence familiale et de violence entre partenaires intimes déclarées par la police étaient les plus élevés dans les territoires. Parmi les provinces, la Saskatchewan (741 victimes de violence familiale et 710 victimes de violence entre partenaires intimes pour 100 000 personnes) et le Manitoba (588 victimes de violence familiale et 628 victimes de violence entre partenaires intimes pour 100 000 personnes) ont affiché les plus hauts taux. En revanche, l'Ontario (238 victimes de violence familiale et 269 victimes de violence entre partenaires intimes pour 100 000 personnes) a enregistré les plus faibles taux. Cet ordre observé entre les provinces correspond à celui enregistré en 2022 et en 2018.
En 2023, les taux d'affaires de violence familiale et de violence entre partenaires intimes variaient d'une région géographique à l'autre. Comme pour les autres formes de violence, la violence familiale était la plus répandue dans les régions du Nord du Canada (1 062 victimes pour 100 000 personnes), qui comprennent les régions du Nord de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba, de l'Ontario, du Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi que les territoires. Le taux observé dans les régions du Nord était plus de deux fois supérieur à celui observé dans les régions rurales du Sud (441), et près de quatre fois plus élevé que celui observé dans les régions urbaines du Sud (287). Les taux d'affaires de violence entre partenaires intimes suivent une tendance similaire, le taux le plus élevé ayant été observé dans les régions du Nord (1 073); venaient ensuite les régions rurales du Sud (393) et les régions urbaines du Sud (299).
Les taux étaient plus élevés en 2023 qu'en 2018, et ce, quelle que soit la région géographique. De 2018 à 2023, les affaires de violence familiale se sont accrues de 22 % et celles de violence entre partenaires intimes ont augmenté de 21 % dans les régions du Nord, alors que dans les régions rurales du Sud, le taux d'affaires de violence familiale a progressé de 20 % et celui des affaires de violence entre partenaires intimes a progressé de 17 %. Dans les régions urbaines du Sud, le taux d'affaires de violence familiale a augmenté de 16 % et celui des affaires de violence entre partenaires intimes s'est accru de 12 %. De 2018 à 2023, l'ensemble des crimes violents a progressé de 28 % dans les régions du Nord, de 25 % dans les régions rurales du Sud et de 19 % dans les régions urbaines du Sud.
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Note aux lecteurs
Depuis 1998, Statistique Canada diffuse une publication annuelle intitulée « La violence familiale au Canada : un profil statistique » dans le cadre de l'Initiative de lutte contre la violence familiale du gouvernement du Canada, qui vise à combattre la violence entre partenaires intimes et à la violence familiale. Cependant, depuis quelques années, les tableaux de données liés à cette publication sont diffusés sous forme d'une série de tableaux téléchargeables (tableaux 35-10-0199-01, 35-10-0200-01, 35-10-0201-01 et 35-10-0202-01). Ces tableaux permettent au Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités de Statistique Canada de publier des données annuelles sur les affaires de violence familiale et de violence entre partenaires intimes déclarées par la police dans un format plus actuel et convivial. Une série de tableaux sur les victimes de crimes violents déclarées par la police en général sont également publiés aujourd'hui, à savoir les tableaux 35-10-0049-01, 35-10-0050-01 et 35-10-0051-01. Il convient de noter que le présent communiqué se limite aux crimes violents, tandis que les tableaux de données téléchargeables comprennent également les délits de la route causant des lésions corporelles ou la mort. Par conséquent, les données des deux sources ne concorderont pas.
Les données qui figurent dans le présent communiqué proviennent de la base de données sur les tendances du Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC) fondé sur l'affaire qui, depuis 2009, comprend des données représentant 99 % de la population du Canada. Le Programme DUC permet de recueillir des renseignements détaillés sur les affaires criminelles qui ont été portées à l'attention des services de police canadiens. Ces renseignements comprennent les caractéristiques liées aux victimes, aux auteurs présumés et aux affaires. L'âge de la victime est calculé en fonction de la date de fin d'une affaire déclarée par la police. Il y a des victimes qui subissent de la violence au cours d'une certaine période, parfois pendant des années, et la police peut considérer qu'il s'agit d'une seule affaire continue. Il n'existe pas de renseignements sur le nombre et la date des différentes affaires pour ces victimes de violence continue. La variation en pourcentage est calculée à partir du taux. En raison de préoccupations liées à la qualité des données, l'analyse relative aux armes exclut la province de Québec sauf si l'arme la plus dangereuse sur les lieux de l'affaire était une arme à feu. Les données du Service de police de la Ville de Québec sont également exclues, peu importe l'arme la plus dangereuse sur les lieux de l'affaire.
En 2018, une nouvelle définition des affaires criminelles « fondées » est entrée en vigueur dans le cadre du Programme DUC, ce qui a eu une incidence sur la collecte des statistiques sur les crimes déclarés par la police (pour obtenir plus de renseignements, veuillez consulter la Révision de la classification des affaires criminelles fondées et non fondées dans le cadre du Programme de déclaration uniforme de la criminalité). À la suite de ce changement, le nombre d'affaires signalées à la police a augmenté, une proportion plus grande des affaires ont été classées par la police comme étant fondées, une plus faible proportion d'affaires ont été classées (résolues) par la police et, parmi les affaires classées, une plus grande proportion d'affaires ont donné lieu au dépôt ou à la recommandation d'accusations par la police.
La violence familiale désigne la violence commise par les conjoints et conjointes (mariés, séparés, divorcés et vivant en union libre, ainsi que les partenaires amoureux actuels et anciens qui vivaient ensemble au moment de l'affaire), les parents (biologiques et adoptifs, les beaux-parents et les parents de famille d'accueil), les enfants (biologiques et adoptés, les beaux-fils et belles-filles, ainsi que les enfants en famille d'accueil), les frères et sœurs (biologiques, les demi-frères et demi-sœurs, ainsi que les frères et sœurs par alliance, par adoption et de famille d'accueil) et les membres de la famille élargie (p. ex. les grands-parents, les oncles et tantes, les cousins et cousines, ainsi que les membres d'une belle-famille). La violence entre partenaires intimes désigne la violence commise par les conjoints et conjointes mariés, les conjoints et conjointes de fait, les partenaires amoureux et les autres partenaires intimes, actuels et anciens. Les victimes de violence familiale comprennent les personnes de 110 ans et moins, et les victimes de violence entre partenaires intimes, les personnes de 12 à 110 ans (les victimes de violence conjugale comprennent celles qui sont âgées de 15 ans et plus, et les victimes de violence entre partenaires amoureux comprennent celles âgées de 12 ans et plus). Les victimes de plus de 110 ans ont été exclues de l'analyse en raison de la possibilité que les affaires pour lesquelles l'âge de la victime était inconnu aient été classées incorrectement dans cette catégorie d'âge. Les victimes dont l'âge était inconnu ou pour lesquelles le lien de l'auteur présumé avec la victime était inconnu ont également été exclues de l'analyse.
Le Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités de Statistique Canada a publié plusieurs articles sur des sujets similaires, fondés sur des données autodéclarées, notamment les suivants : « Violence entre partenaires intimes au Canada, 2018 : un aperçu », « Profil des Canadiens ayant fait l'objet de victimisation durant l'enfance, 2018 », « La violence conjugale au Canada, 2019 », « La violence envers les personnes âgées et les perceptions de ces dernières à l'égard de la sécurité au Canada » et « Expériences de victimisation des femmes dans les collectivités éloignées du Canada ». Pour obtenir des renseignements plus généraux sur la criminalité, consultez le Carrefour de statistiques sur la criminalité et la justice.
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