La victimisation criminelle des Premières Nations, Métis et Inuits du Canada, 2018 à 2020
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Diffusion : 2022-07-19
Les Autochtones sont plus susceptibles d'avoir vécu de la violence au cours de leur vie
Les personnes des Premières Nations, les Métis et les Inuits sont surreprésentées parmi les victimes de violence au Canada. Des études précédentes suggèrent un lien entre cette violence et les politiques de colonisation passées et actuelles, y compris le système des pensionnats autochtones, la marginalisation et le racisme institutionnalisé. De ces politiques ont découlé la dislocation des structures communautaires et familiales, ainsi que les traumatismes intergénérationnels, ces deux facteurs étant liés à la victimisation avec violence chez les Autochtones.
Dans l'ensemble, environ 4 Autochtones sur 10 (41 %) ont subi une agression sexuelle ou physique de la part d'un adulte avant l'âge de 15 ans, et près des deux tiers (62 %) ont subi au moins une agression sexuelle ou physique après avoir atteint l'âge de 15 ans. En comparaison, ces proportions étaient de 25 % et 42 %, respectivement, parmi les non-Autochtones. Les Autochtones étaient également deux fois plus susceptibles que les non-Autochtones de déclarer avoir été victimes d'un crime violent au cours des 12 mois précédant l'enquête (8,4 % par rapport à 4,2 %). Pour la période allant de 2015 à 2020, le taux d'homicides ayant fait une victime autochtone (8,64 homicides pour 100 000 Autochtones) a été six fois supérieur au taux d'homicides ayant fait une victime non autochtone (1,39 pour 100 000 non-Autochtones).
Les résultats et de l'Enquête sociale générale (ESG) de 2019 sur la sécurité des Canadiens (victimisation), de l'Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP) de 2018 et de l'Enquête sur les homicides de 2020 sont diffusés aujourd'hui dans l'article de Juristat intitulé « La victimisation des Premières Nations, Métis et Inuits au Canada ». L'article porte sur les expériences des Autochtones en ce qui a trait à la victimisation avec violence autodéclarée, ainsi que les données déclarées par la police au sujet des homicides. L'article traite également des perceptions à l'égard du système de justice et du sentiment de sécurité. Cet article fait suite à un article précédent intitulé « La victimisation avec violence et les perceptions à l'égard de la sécurité : expériences des femmes des Premières Nations, métisses et inuites au Canada ».
Les Autochtones de 35 ans et plus sont davantage susceptibles d'avoir vécu de la violence sexuelle ou physique durant l'enfance, alors que les Autochtones plus jeunes sont moins susceptibles d'en avoir subi
Environ 4 Autochtones sur 10 (41 %, soit 42 % des Premières Nations, 39 % des Métis et 45 % des Inuits) de 15 ans et plus ont déclaré avoir vécu de la violence sexuelle ou physique de la part d'un adulte alors qu'ils étaient âgés de moins de 15 ans. En comparaison, 25 % des non-Autochtones ont déclaré avoir vécu de la violence durant l'enfance. Plus précisément, 36 % des Autochtones ont vécu de la violence physique et 16 % ont vécu de la violence sexuelle. Parmi les non-Autochtones, ces proportions étaient de 22 % et 6 %, respectivement.
Cette différence entre Autochtones et non-Autochtones s'observait principalement parmi les personnes plus âgées. Plus de la moitié (54 %) des Autochtones de 55 ans et plus et 45 % de ceux âgés de 35 à 54 ans ont déclaré avoir vécu de la violence durant l'enfance. Parmi les Autochtones de 15 à 34 ans, cette proportion descendait à 26 %, soit une proportion similaire à celle notée chez les non-Autochtones du même âge.
Les Autochtones étaient également surreprésentés parmi les personnes ayant déjà été sous la responsabilité des services de protection de l'enfance. Environ 1 Autochtone sur 10 (11 %, soit 15 % des Premières Nations, 7,3 % des Métis et 19 % des Inuits) a déclaré avoir déjà été sous la responsabilité de l'État avant l'âge de 15 ans, comparativement à 1,3 % des non-Autochtones. Plusieurs de ces personnes, et particulièrement les Autochtones, y ont subi de la violence physique ou sexuelle : plus du tiers (34 %) des personnes de 15 ans et plus ayant subi de la violence durant l'enfance alors qu'ils étaient sous la garde de l'État sont Autochtones.
Les Autochtones sont deux fois plus susceptibles que les non-Autochtones d'avoir été victimes d'un crime violent au cours des 12 mois précédant l'enquête
Près de 1 Autochtone sur 10 (8,4 %, soit 5,5 % des Premières Nations, 11,7 % des Métis et 11,5 % des Inuits) ont déclaré avoir été victimes d'au moins une agression sexuelle, un vol qualifié ou une agression physique au cours des 12 mois précédant l'ESG de 2019. Cette proportion est le double de celle observée chez les non-Autochtones (4,2 %).
Tant chez les Autochtones que chez les non-Autochtones, certains groupes de personnes affichaient des taux de victimisation plus élevés. C'était notamment le cas des jeunes adultes, des personnes ayant vécu de la violence durant l'enfance, des personnes ayant des antécédents d'itinérance, des personnes ayant vécu de la discrimination et des personnes LGBTQ2+. En tenant compte de ces facteurs, ainsi que d'autres facteurs socioéconomiques, le risque de victimisation chez les Autochtones était similaire à celui des non-Autochtones.
Les victimes autochtones étaient davantage susceptibles que les victimes non autochtones d'avoir signalé à la police l'agression la plus grave qu'ils avaient vécue au cours de l'année (39 % par rapport à 18 %). Ce taux de signalement plus élevé pourrait être en partie attribuable à la gravité plus élevée de certaines agressions, les victimes autochtones ayant été plus souvent blessées (36 % par rapport à 12 % des victimes non-autochtones) ou fait face à un agresseur armé (32 % par rapport à 13 %). Les victimes autochtones étaient par ailleurs plus susceptibles d'avoir vécu certaines répercussions en raison de l'agression, tels que des symptômes compatibles avec un trouble de stress post-traumatique ou le fait de s'être retiré d'activités sociales ou de demeurer à la maison.
En 10 ans, le taux de violence conjugale a diminué de moitié chez les femmes autochtones
Dans les provinces, les Autochtones ayant un conjoint ou ayant eu un conjoint au cours des cinq années précédant l'ESG de 2019 étaient environ deux fois plus susceptibles que les non-Autochtones d'avoir vécu de la violence conjugale durant cette période (6,9 % par rapport à 3,4 %). Plus précisément, 7,5 % des femmes autochtones et 6,2 % des hommes autochtones ont déclaré avoir vécu de la violence conjugale. Chez les femmes, cette proportion est environ la moitié de ce qu'elle était en 2009 (15 %).
Lorsqu'on tenait compte de l'ensemble des relations intimes (c.-à-d. les conjoints et les autres types de partenaires intimes), c'est environ 1 Autochtone sur 7 (14 %, soit 12 % des Premières Nations, 15 % des Métis et 22 % des Inuits) qui avaient vécu de la violence de la part d'un partenaire intime au cours des cinq années ayant précédé l'enquête.
Les Autochtones sont environ six fois plus susceptibles que les non-Autochtones d'être victimes d'homicides
De 2015 à 2020, le taux moyen d'homicides ayant fait une victime autochtone a été six fois supérieur au taux d'homicides ayant fait une victime non autochtone (8,64 victimes autochtones pour 100 000 Autochtones par rapport à 1,39 pour 100 000 non-Autochtones). Parmi les provinces, c'est en Saskatchewan (17,57 pour 100 000 Autochtones), suivie du Manitoba (14,46 pour 100 000 Autochtones) et de l'Alberta (13,24 pour 100 000 Autochtones) que les taux d'homicides ayant fait une victime autochtone étaient les plus élevés. Parmi les territoires, c'est au Yukon (20,43 pour 100 000 Autochtones) que ce taux était le plus élevé.
Durant cette période, la majorité des homicides ayant fait une victime autochtone ayant été résolus par la police avaient été commis par une personne connue de la victime (91 % des victimes autochtones par rapport à 81 % des victimes non autochtones). Notamment, 1 homicide sur 6 a été commis par un partenaire intime; une proportion plus élevée de femmes autochtones (42 %) que d'hommes autochtones (7,1 %) ont été tués par un partenaire intime.
Les personnes ayant été victimes de violence au cours de leur vie sont plus susceptibles de vivre d'autres enjeux sociaux ou de santé
Dans l'ensemble, près des deux tiers (62 %, soit 61 % des Premières Nations, 64 % des Métis et 51 % des Inuits) ont déclaré avoir vécu au moins une agression sexuelle ou physique au cours de leur vie. En comparaison, cette proportion était de 42 % parmi les non-Autochtones.
Tant chez les Autochtones que les non-Autochtones, les personnes ayant vécu une agression au cours de leur vie étaient plus susceptibles de déclarer vivre d'autres enjeux sociaux que les personnes n'ayant pas vécu d'agression. Par exemple, les Autochtones ayant vécu une agression étaient davantage susceptibles d'avoir déjà sérieusement considéré le suicide (41 % par rapport à 16 % des Autochtones n'ayant pas vécu d'agression), d'avoir un faible niveau de satisfaction par rapport à leur vie en général (24 % par rapport à 9 %) ou d'avoir déjà été sans domicile (37 % par rapport à 10 %).
Environ les trois-quarts des Autochtones se disent satisfaits de leur sécurité personnelle par rapport à la criminalité
Malgré des taux de victimisation plus élevés, les Autochtones (76 %, soit 73 % des Premières Nations, 78 % des Métis et 71 % des Inuits) se sont dit être généralement satisfaits ou très satisfaits de leur sécurité personnelle par rapport à la criminalité dans une proportion similaire aux non-Autochtones (78 %). Cette proportion était plus faible chez les femmes (69 % des femmes autochtones et 74 % des femmes non autochtones) que chez les hommes (82 % tant parmi les hommes autochtones que non autochtones).
Les Autochtones étaient cependant plus critiques vis-à-vis du système de justice pénale, ceux-ci étant plus susceptibles que les non-Autochtones de déclarer n'avoir aucune confiance à l'égard de leur service de police local (17 % par rapport à 10 %) ou à l'égard des tribunaux de juridiction criminelle (30 % par rapport à 20 %). De plus, parmi les personnes ayant eu au moins un contact avec la police au cours de l'année, les Autochtones étaient plus susceptibles que les non-Autochtones à indiquer que leur expérience avait été négative (18 % par rapport à 12 %). Les Autochtones représentaient par ailleurs 21 % des personnes ayant déclaré avoir vécu de la discrimination de la part de la police au cours des années précédentes.
Note aux lecteurs
Cet article de Juristat est fondé sur les résultats de l'Enquête sociale générale (ESG) de 2019 sur la sécurité des Canadiens (victimisation) et de l'Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP) de 2018. En outre, certaines constatations de l'Enquête sur les homicides y sont incluses. Une étude similaire portant spécifiquement sur La victimisation avec violence et les perceptions à l'égard de la sécurité : expériences des femmes des Premières Nations, métisses et inuites au Canada est également disponible.
L'ESG sur la victimisation vise essentiellement à mieux comprendre les enjeux liés à la sécurité des Canadiens, y compris les perceptions à l'égard de la criminalité et du système de justice, les expériences de violence entre partenaires intimes et le degré de sécurité ressenti par les personnes au sein de leur collectivité.
Dans l'ESG, la victimisation avec violence autodéclarée est définie comme suit :
Agression sexuelle : Activité sexuelle forcée, tentative d'activité sexuelle forcée, attouchements sexuels, agrippements, baisers ou caresses non désirés, ou relation sexuelle sans être en mesure d'y consentir.
Vol qualifié : Vol ou tentative de vol dans lequel l'auteur a une arme ou dans lequel il y a des actes de violence ou des menaces de violence contre la victime.
Agression physique : Attaque (victime frappée, giflée, agrippée, poussée, projetée au sol ou battue), menace de préjudice physique ou incident dans lequel une arme est présente.
En raison des changements apportés aux méthodes de collecte, il n'est pas recommandé de comparer les résultats de l'ESG de 2019 avec ceux des cycles précédents de l'enquête, sauf ceux portant sur la violence conjugale.
L'ESEPP a permis de recueillir des renseignements sur les expériences autodéclarées de victimisation avec violence vécues par les Canadiens depuis l'âge de 15 ans (« victimisation avec violence au cours de la vie »). Dans l'ESEPP, la victimisation avec violence comprend l'agression physique et l'agression sexuelle.
Tant pour l'ESG que l'ESEPP, la population cible était composée des personnes de 15 ans et plus vivant dans les provinces (y compris les réserves) et les territoires, à l'exception des personnes vivant en établissement à temps plein.
Dans l'ESG et l'ESEPP, les Autochtones comprennent les personnes qui ont déclaré être Premières Nations, Métis ou Inuits. Les répondants pouvaient indiquer appartenir à plus d'un groupe autochtone. Ceux-ci sont inclus dans chacun des groupes auxquels ils ont déclaré appartenir. Dans l'enquête sur les homicides, les Autochtones comprennent les victimes identifiées comme étant Premières Nations, Métis, Inuits ou appartenant à un groupe autochtone inconnu de la police. L'identité autochtone est déclarée par la police et déterminée à partir des renseignements trouvés sur la victime (comme une carte de statut) ou à partir de l'information fournie par la famille de la victime, des membres de la communauté ou d'autres sources.
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L'article de Juristat intitulé « La victimisation des Premières Nations, Métis et Inuits au Canada » () est maintenant accessible. 85-002-X
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