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Étude : Les femmes occupant un emploi rémunéré dans les professions de soins à autrui

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Diffusion : 2022-01-25

L'économie des soins à autrui désigne l'ensemble des activités liées à la prestation de soins à autrui, ce qui comprend les soins prodigués aux enfants, aux personnes âgées et aux personnes ayant une incapacité, ainsi que les soins de santé, l'éducation et les services personnels, sociaux et d'aide familiale. Il s'agit d'une composante fondamentale de toute société et d'un secteur de l'économie en pleine expansion. Le vieillissement de la population et les répercussions de la pandémie de COVID-19 ont mis à rude épreuve le système de soins de santé du Canada, et la demande en personnel de soins à autrui est plus élevée que jamais.

Malgré l'importance de ce secteur, les activités liées à l'économie des soins à autrui sont souvent sous-évaluées, sous-payées ou non rémunérées. Au Canada, les soins non rémunérés représentent une part significative des soins à autrui prodigués à l'échelle du pays, et bien que les hommes et les femmes aient tous deux augmenté leur charge de travail non rémunéré, les femmes continuent de faire la majeure partie de ce travail; elles consacrent plus de temps aux soins non rémunérés et aux tâches domestiques que leurs homologues masculins.

Bien que la majorité de la recherche portant sur les soins à autrui soit axée sur les activités non rémunérées des femmes, et sur la redistribution de ces activités entre les femmes et les hommes, la pandémie a mis en évidence l'importance de certaines professions rémunérées cruciales du secteur des soins à autrui, comme celles d'aides-infirmiers et aides-infirmières, d'aides-soignants et aides-soignantes ainsi que de préposés et préposées aux bénéficiaires, qui sont plus susceptibles d'être occupées par des femmes et personnes immigrantes, d'être peu rémunérées et d'être à temps partiel.

L'article intitulé « Les femmes occupant un emploi rémunéré dans les professions de soins à autrui » est la première étude brossant un portrait détaillé du personnel rémunéré du secteur des soins à autrui au Canada. L'étude permet également d'examiner l'incidence de la pandémie sur l'emploi du personnel œuvrant dans ce secteur.

La définition du travail dans le domaine des soins à autrui, utilisée dans le cadre de cette étude, est tirée du rapport de l'Organisation internationale du Travail (OIT) portant sur l'économie des soins. Selon l'OIT, le travail axé sur les soins à autrui est défini de façon générale comme étant constitué d'activités et de relations visant à répondre aux besoins physiques, psychologiques et émotionnels des adultes et des enfants, des jeunes et des personnes âgées et des personnes ayant une incapacité ou non. Les activités et les responsabilités du personnel des soins à autrui comprennent des activités de soins personnels directs, en face à face, comme l'enseignement, les soins, l'aide, le mentorat, les services de consultation, etc. Elles comprennent également les activités de soins indirects qui n'impliquent pas de soins personnels directs, comme le nettoyage, la cuisine et d'autres tâches d'entretien, et qui fournissent les conditions préalables à la prestation de soins personnels.

Mieux comprendre les travailleurs et les travailleuses des soins à autrui, tout comme les défis auxquels ils font face, peut s'avérer d'une grande importance à mesure que la population vieillit, ainsi que dans le contexte actuel, où de nombreux postes sont vacants dans ce secteur. Le maintien et le renouvellement de la main-d'œuvre dans l'économie des soins à autrui demeureront probablement des enjeux prioritaires au cours des prochaines années.

Les travailleurs et les travailleuses dans les professions des soins à autrui constituent près du cinquième de la population active occupée

Le personnel des soins à autrui est formé d'un large éventail de travailleurs et de travailleuses, dont l'éducation et les compétences diffèrent, tout comme le domaine d'activité et la rémunération. Il comprend des professions allant du personnel enseignant du secondaire, des psychologues, du personnel infirmier et des médecins au personnel des services de garde d'enfants et des préposés et préposées aux soins personnels. Par conséquent, certaines des conclusions générales formulées dans cette étude ne s'appliquent pas nécessairement à toutes les professions de soins à autrui.

En 2016, 3,2 millions de personnes occupaient un emploi rémunéré dans les professions des soins à autrui, soit près du cinquième (19 %) de la population active occupée totale au Canada.

Le personnel infirmier autorisé et le personnel infirmier psychiatrique autorisé (9 %), le personnel enseignant aux niveaux primaire et préscolaire (9 %), les aides-infirmiers et aides-infirmières, les aides-soignants et aides-soignantes, les préposés et préposées aux bénéficiaires (8 %) ainsi que les préposés et préposées à l'entretien ménager et au nettoyage — travaux légers (7 %) étaient les professions les plus courantes; elles représentent le tiers de tous les travailleurs et toutes les travailleuses du secteur des soins à autrui en 2016.

Les femmes représentent la majeure partie du personnel rémunéré du secteur des soins à autrui au Canada

En 2016, les femmes représentaient la majorité du personnel rémunéré dans les professions des soins à autrui au Canada, dont les trois quarts (75 %) de l'effectif. Par conséquent, la plupart des professions des soins à autrui étaient à prédominance féminine ou comptaient une forte proportion de femmes.

Les travailleurs et travailleuses des professions de soins à autrui étaient également plus scolarisés que ceux des autres professions. Près de la moitié (46 %) du personnel des soins à autrui détenait un certificat ou un diplôme universitaire — un baccalauréat ou un diplôme de niveau supérieur — comparativement au quart (25 %) des travailleurs et travailleuses des autres professions.

Toutefois, des différences existaient entre le niveau de scolarité des hommes et des femmes exerçant des professions de soins à autrui. Les femmes (29 %) étaient plus susceptibles que leurs homologues masculins (16 %) d'avoir un diplôme d'études collégiales comme plus haut niveau de scolarité, alors qu'une plus grande proportion d'hommes (51 %) que de femmes (44 %) détenaient un certificat ou un diplôme universitaire — un baccalauréat ou un diplôme de niveau supérieur. Ce résultat reflète, en partie, les différences d'exigences en matière de scolarité pour les professions de soins à autrui les plus courantes chez les hommes et les femmes. Par exemple, une plus grande proportion de femmes (22 %) que d'hommes (13 %) exerçaient une profession de soins à autrui exigeant un diplôme collégial ou un certificat d'apprenti, comme celles d'éducateur et d'éducatrices et d'aides-éducateurs et d'aides-éducatrices de la petite enfance ou d'infirmiers et d'infirmières auxiliaires autorisés.

Le salaire moyen des femmes exerçant une profession axée sur les soins à autrui est inférieur à celui de leurs homologues masculins

En effet, des disparités existent dans les types de postes occupés par les hommes et les femmes dans les professions de soins à autrui, ce qui rend compte des différences de profil de scolarité entre les genres.

Par exemple, les femmes occupant un emploi dans le domaine de la santé (29 %) étaient plus susceptibles que leurs homologues masculins (11 %) de faire partie du personnel professionnel en soins infirmiers, comme les professions d'infirmier et d'infirmière autorisés, d'infirmier et d'infirmière psychiatriques autorisés, de coordonnateurs et de coordonnatrice des soins infirmiers et de superviseur ou superviseure.

En revanche, les hommes (45 %) étaient plus susceptibles que les femmes (16 %) de faire partie du personnel professionnel des soins de santé (sauf les soins infirmiers), comme les professions d'omnipraticien et d'omnipraticienne, de médecin spécialiste et de dentiste.

Les différences en matière de profils de scolarité et de types de professions exercées par les femmes et les hommes se reflétaient également dans les écarts de revenu d'emploi entre les sexes. En 2015, le revenu d'emploi des femmes dans les professions de soins à autrui (59 300 $) était, en moyenne, inférieur à celui des hommes (73 400 $).

Le revenu d'emploi des hommes occupant un poste du secteur des soins à autrui, à temps plein toute l'année, était plus élevé que celui de leurs homologues féminins dans la grande majorité des professions. Toutefois, l'écart de revenu entre les hommes et les femmes était généralement plus grand pour le personnel professionnel des soins de santé (sauf les soins infirmiers) (-29 % pour les femmes), les dispensateurs et dispensatrices de soins et personnel de soutien en enseignement, en droit et en protection publique (-29 % pour les femmes), le personnel de supervision en services et personnel de services spécialisés (-29 % pour les femmes), et les professions du soutien des services et autres professions de services (-27 % pour les femmes).

Un écart de revenu de 11 % entre les sexes demeure, même après avoir pris en compte diverses caractéristiques comme l'âge, le niveau de scolarité et le type particulier de profession de soins à autrui. Cela signifie que la ségrégation professionnelle parmi les travailleurs et travailleuses des soins à autrui ne permet pas d'expliquer, à elle seule, l'écart salarial entre les genres dans ce secteur.

Par exemple, une partie de l'écart peut s'expliquer par le fait que les femmes demeurent sous-représentées dans les postes de direction et de plus haut niveau. Des facteurs, comme les préjugés liés au genre ou la discrimination en milieu de travail et dans les pratiques d'embauche, peuvent également jouer un rôle. Les inégalités en matière de soins non rémunérés prodigués à domicile peuvent aussi être un facteur important. Par exemple, certaines femmes peuvent choisir de refuser des promotions parce qu'elles assument davantage de responsabilités parentales et familiales.

Les immigrantes et les femmes appartenant à un groupe de minorité visible sont moins susceptibles que leurs homologues masculins d'exercer des professions de soins à autrui bien rémunérées

En 2016, les personnes immigrantes représentaient 24 % de l'ensemble des travailleurs canadiens. Bien qu'elles représentaient une proportion semblable du personnel des soins à autrui (25 %), elles étaient particulièrement surreprésentées parmi le personnel de soutien des services de santé (34 %), le personnel de supervision en services et le personnel de services spécialisés (34 %) ainsi que le personnel de soutien en service et autre personnel de service (32 %).

En revanche, les personnes immigrantes étaient sous-représentées dans les professions spécialisées de cadre intermédiaire (18 %) et au sein du personnel professionnel des services d'enseignement (18 %) ainsi que du droit, des services sociaux, communautaires et gouvernementaux (16 %).

Cependant, certaines différences notables existaient entre les sexes quant aux types de postes occupés en fonction du statut d'immigrant ou de l'appartenance à des groupes particuliers de population désignés comme minorités visibles.

Par exemple, une proportion plus élevée d'hommes immigrants que de femmes immigrantes occupaient des emplois bien rémunérés, comme des emplois professionnels en soins infirmiers (33 % par rapport à 22 %) et en soins de santé (sauf les soins infirmiers) (35 % par rapport à 24 %).

En revanche, les immigrantes étaient plus susceptibles que leurs homologues masculins de travailler comme gouvernantes principales et surveillantes des services de nettoyage (37 % par rapport à 30 %) et de faire partie du personnel de soutien en service et autre personnel de service (36 % par rapport à 29 %).

Les femmes appartenant à des groupes de population désignés comme minorités visibles étaient également moins susceptibles que leurs homologues masculins d'exercer des professions bien rémunérées dans le secteur des soins à autrui.

Les hommes philippins étaient, par exemple, deux fois plus susceptibles d'occuper un poste au sein du personnel professionnel en soins infirmiers (11 %) que les femmes philippines (5 %). En revanche, les femmes philippines (12 %) étaient plus susceptibles que les hommes philippins (9 %) d'occuper un emploi lié à la prestation de soins ou un emploi au sein du personnel de soutien en enseignement, en droit et en protection publique, comme un poste de gardienne d'enfants en milieu familial et d'aide familiale résidente, d'aide de maintien à domicile et de personnel assimilé.

En outre, les hommes étaient plus susceptibles que les femmes d'occuper des postes de professionnels des soins de santé (sauf les soins infirmiers), comme ceux d'omnipraticien et d'omnipraticienne et de médecin spécialiste, parmi les populations sud-asiatique (11 % par rapport à 7 %), chinoise (8 % par rapport à 6 %) et arabe (5 % par rapport à 2 %).

Les femmes et les hommes exerçant une profession de soins à autrui sont touchés différemment pendant la pandémie

La pandémie a eu d'importantes répercussions sur de nombreux Canadiens et Canadiennes occupant un emploi, dont le personnel des soins à autrui. De nombreuses écoles, garderies, cliniques de dentiste, cliniques de physiothérapie, magasins et entreprises vendant des biens ou des services non essentiels ont été fermés au début de la pandémie. Ces fermetures ont eu une incidence sur le marché du travail canadien. Toutefois, le personnel œuvrant au sein de professions non axées sur les soins à autrui a enregistré une diminution plus marquée de l'emploi que le personnel des soins à autrui, puisque bon nombre de travailleurs et travailleuses des soins à autrui ont continué de fournir des services essentiels.

Depuis le début de la pandémie, l'emploi évolue différemment pour les hommes et les femmes dans les professions de soins à autrui. Au début de la pandémie, les hommes et les femmes occupant des postes dans ce secteur ont tous deux connu des pertes d'emploi; toutefois, les femmes ont subi des pertes plus importantes que les hommes. L'emploi mensuel des femmes en 2020 est demeuré inférieur à celui des mois comparables en 2019, tout au long de l'année 2020, tandis que l'emploi des hommes s'est redressé plus rapidement et a même dépassé celui des mois comparables en 2019, au cours de la période d'août à décembre 2020. En 2021, le niveau d'emploi des femmes dans les professions de soins à autrui a continué de s'améliorer, contrairement à celui des hommes. Ainsi, en novembre 2021, le niveau d'emploi des hommes était semblable à celui observé avant le début de la pandémie (en février 2020), tandis que celui des femmes était 2 % plus élevé.

Les données du Recensement de 2021 brosseront bientôt un portrait plus à jour des travailleurs et travailleuses des soins à autrui au Canada. Elles permettront de mieux cerner la façon dont le personnel des soins à autrui a été touché pendant la pandémie.


  Note aux lecteurs

Sources des données

Cette étude s'appuie sur les données du Recensement de la population et de l'Enquête sur la population active. Les données utilisées dans cette étude étaient limitées à la population active de 15 ans et plus. La population active désigne les personnes de 15 ans et plus qui étaient des travailleurs rémunérés, des travailleurs autonomes ou des travailleurs familiaux non rémunérés.

Définitions

La présente étude est conforme à la définition du travail axé sur les soins à autrui du rapport de l'Organisation internationale du Travail (OIT), qui désigne, dans une acception large, l'ensemble des activités et des relations qu'implique la satisfaction des besoins physiques, psychologiques et affectifs des adultes et des enfants, des jeunes et des personnes âgées, des personnes fragilisées et des personnes valides. Comme le définit l'OIT, le travail de soins à autrui peut être rémunéré (salaire ou profit dans le cadre d'un emploi dans les activités de soins à autrui) ou non rémunéré (travail de soins à autrui non rémunéré, travail de soins bénévole ou travail de soins en formation non rémunéré).

La présente étude porte sur les personnes qui occupent un emploi dans le domaine des soins et, par conséquent, sur le travail de soins à autrui rémunéré.

Produits

L'article intitulé « Les femmes occupant un emploi rémunéré dans les professions de soins à autrui » est maintenant accessible dans Regards sur la société canadienne (Numéro au catalogue75-006-X).

L'infographie « Les travailleurs et travailleuses des soins à autrui au Canada » est maintenant accessible dans le cadre de la série Statistique Canada — Infographies de (Numéro au catalogue11-627-M).

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