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Les crimes haineux déclarés par la police, 2019

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Diffusion : 2021-03-29

La police a déclaré 1 946 crimes haineux au Canada en 2019, en hausse de 7 % par rapport à un an plus tôt. Mis à part un sommet unique de 2 073 crimes haineux atteint en 2017, les chiffres déclarés par la police sont les plus élevés observés depuis 2009.

Aujourd'hui, Statistique Canada a publié une analyse détaillée dans l'article de Juristat intitulé « Les crimes haineux déclarés par la police au Canada, 2019 », et dans l'infographie qui l'accompagne, intitulée « Infographie : Crimes haineux déclarés par la police au Canada, 2019 ».

Statistique Canada recueille des données sur le nombre et la nature des crimes haineux signalés à la police au cours d'une année donnée et surveille les tendances au fil du temps. Les statistiques de 2019 qui suivent ne reflètent pas les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur l'ensemble de la société, tant à l'échelle nationale qu'à l'échelle mondiale, puisque ces renseignements ne sont pas encore disponibles. Les données de 2019 sur les crimes haineux déclarés par la police constitueront toutefois un point de référence clé pour 2020 lorsqu'il s'agira de déterminer les changements possibles dans les tendances de la criminalité au Canada en raison de facteurs liés à la pandémie.

Les résultats d'une récente enquête par approche participative montrent que, depuis le début de la pandémie, la proportion de participants désignés comme minorités visibles qui ont perçu une augmentation des incidents de harcèlement ou des attaques fondés sur la race était trois fois plus élevée que la proportion affichée par le reste de la population (18% par rapport à 6%). Cette différence était la plus marquée chez les Chinois (30 %), les Coréens (27 %) et les Asiatiques du Sud-Est (19 %). De plus, certains services de police et médias, comme ceux de Vancouver (anglais seulement; PDF 1 787 Ko), d'Ottawa et de Toronto (anglais seulement; PDF 1 702 Ko), ont fait état d'une augmentation marquée des affaires de crimes haineux en 2020.

Les crimes haineux ciblent des parties intégrales et visibles de l'identité d'une personne et peuvent avoir une incidence disproportionnée sur l'ensemble de la communauté. Ils peuvent être perpétrés contre une personne ou un bien et cibler la race, la couleur, l'origine nationale ou ethnique, la religion, l'orientation sexuelle, l'identité ou l'expression de genre, la langue, le sexe, l'âge, l'incapacité mentale ou physique, ou d'autres facteurs semblables. De plus, le Code criminel du Canada considère quatre infractions précises comme de la propagande haineuse ou des crimes haineux : l'encouragement au génocide, l'incitation publique à la haine, la fomentation volontaire de la haine, et le méfait motivé par la haine à l'égard d'un bien utilisé par un groupe identifiable.

Le nombre de crimes motivés par la haine a augmenté par rapport à 2018 et demeure supérieur à la moyenne observée au cours des 10 années précédentes

Le nombre de crimes haineux déclarés par la police au Canada a augmenté de 7 % en 2019, passant de 1 817 affaires à 1 946. Depuis que des données comparables sont devenues disponibles en 2009, le nombre de crimes haineux a varié de 1 167 affaires en 2013 à 2 073 affaires en 2017. En moyenne, la police a déclaré 1 518 affaires de crimes haineux par année depuis 2009.

Graphique 1  Graphique 1: Nombre de crimes haineux déclarés par la police, Canada, 2009 à 2019
Nombre de crimes haineux déclarés par la police, Canada, 2009 à 2019

Comme pour d'autres crimes, les données autodéclarées fournissent un éclairage supplémentaire sur les crimes motivés par la haine. Selon les données de l'Enquête sociale générale de 2014 sur la sécurité des Canadiens (victimisation), les Canadiens ont déclaré avoir été victimes de plus de 330 000 incidents criminels qui, selon eux, étaient motivés par la haine au cours des 12 mois précédant l'enquête (5 % du total des incidents autodéclarés). Les deux tiers de ces incidents n'ont pas été signalés à la police, un taux semblable à celui observé dans le cas de la victimisation dans son ensemble.

Les crimes motivés par la haine représentent une faible proportion de tous les crimes déclarés par la police (environ 0,1 % de toutes les infractions autres que les délits de la route). Toutefois, les données des services de police sur les crimes haineux comprennent uniquement les affaires qui sont portées à leur attention et catégorisées comme des crimes haineux. Par conséquent, les fluctuations du nombre d'affaires déclarées peuvent traduire un changement réel du volume de crimes haineux, mais elles peuvent aussi être attribuables à des changements dans le signalement de ces crimes par le public, en raison d'efforts de sensibilisation communautaire de la part de la police ou d'une prise de conscience accrue après des événements très médiatisés.

La plupart des provinces et tous les territoires font état d'une augmentation des crimes haineux

En 2019, huit provinces et les trois territoires ont enregistré une hausse du nombre de crimes haineux déclarés par la police. Ce sont la Colombie-Britannique (+49 affaires), l'Ontario (+43 affaires) et le Québec (+23 affaires) qui ont le plus contribué à l'augmentation nationale. En revanche, l'Alberta a déclaré 38 affaires de moins, tandis que les chiffres de la Nouvelle-Écosse n'ont pas varié par rapport à l'année précédente.

Compte tenu de la taille de la population, les taux de crimes haineux étaient les plus élevés en Colombie-Britannique (6,1 affaires pour 100 000 habitants), en Ontario (5,9 affaires pour 100 000 habitants), au Québec (4,8 affaires pour 100 000 habitants) et en Alberta (4,7 affaires pour 100 000 habitants). Alors que la grande majorité (84 %) des crimes haineux ont été commis dans une région métropolitaine de recensement (RMR), les régions autres que des RMR (petites villes et régions rurales) représentaient les deux tiers (67 %) de l'augmentation des affaires de crimes haineux en 2019. Autrement dit, les régions à l'extérieur des RMR ont enregistré 86 affaires de plus en 2019, et les RMR, 43 affaires de plus.

Les crimes haineux déclarés par la police qui ciblaient la race ou l'origine ethnique et l'orientation sexuelle ont augmenté par rapport à l'année précédente et ont été à l'origine de la majeure partie de la hausse observée à l'échelle nationale. Les crimes haineux ciblant la religion ont diminué sous l'effet de la baisse du nombre d'affaires ciblant la population juive. Une augmentation du nombre d'affaires visant la population musulmane a été observée.

Graphique 2  Graphique 2: Nombre de crimes haineux déclarés par la police, selon la région, 2017 à 2019
Nombre de crimes haineux déclarés par la police, selon la région, 2017 à 2019

Augmentation des crimes haineux violents et sans violence en 2019

Les crimes haineux sans violence représentaient plus de la moitié (56 %) des crimes motivés par la haine en 2019, soit la même proportion qu'en 2018. Les crimes haineux violents (+8 %) et les crimes haineux sans violence (+6 %) ont augmenté en 2019, et ont contribué de façon presque égale à la croissance globale des crimes haineux.

L'augmentation des crimes haineux sans violence s'explique en grande partie par le plus grand nombre de méfaits (+7 %). La hausse du nombre de crimes haineux violents est attribuable au plus grand nombre d'affaires de voies de fait simples (+24 %) et de menaces (+12 %).

Comme c'est généralement le cas des crimes haineux déclarés par la police, les méfaits ainsi que les méfaits à l'égard de biens servant principalement au culte religieux ou utilisés principalement par un groupe identifiable étaient les infractions motivées par la haine les plus courantes, représentant près de la moitié (45 %) des affaires de crimes haineux.

Hausse du nombre de crimes motivés par la haine d'une race ou d'une origine ethnique déclarés par la police

Les membres de minorités visibles font généralement état de niveaux de discrimination plus élevés comparativement au reste de la population (20 % par rapport à 12 %) . Plus précisément, les personnes qui considèrent être des Arabes ou des Noirs étaient les plus susceptibles de déclarer avoir été victimes de discrimination, et 4 Canadiens noirs sur 5 qui avaient subi de la discrimination ont dit que c'était en raison de leur race ou de la couleur de leur peau.

En 2019, près de la moitié (46 %) des crimes haineux déclarés par la police ont été motivés par la haine d'une race ou d'une origine ethnique. La police a déclaré 876 crimes motivés par la haine d'une race ou d'une origine ethnique, ce qui représente une augmentation de 10 % par rapport à 2018, et 2 crimes de moins que le sommet sans précédent atteint en 2017. Cette hausse s'explique surtout par une augmentation de 40 crimes haineux ciblant les Noirs (+14 %) et de 35 crimes haineux visant les Arabes et les Asiatiques de l'Ouest (+38 %).

La police a déclaré 335 affaires de crimes haineux ciblant les Noirs, soit le nombre le plus élevé enregistré depuis 2009. Les crimes haineux visant la population noire représentaient 18 % de tous les crimes haineux au Canada, et cette population constituait le groupe le plus ciblé dans l'ensemble en 2019. L'Ontario (+29 affaires) et la Colombie-Britannique (+16 affaires) ont affiché les plus fortes hausses du nombre de crimes haineux visant la population noire, alors que l'Alberta (-19 affaires) a fait état de la plus forte baisse.

Le nombre de crimes haineux déclarés par la police qui ciblaient les Arabes et les Asiatiques de l'Ouest a augmenté pour passer de 93 à 128, après avoir diminué de 35 % un an plus tôt. Il s'agit du deuxième nombre en importance enregistré depuis 2009. Ces crimes représentaient 15 % des crimes motivés par la haine d'une race ou d'une origine ethnique et 7 % de tous les crimes haineux en 2019.

Alors que le nombre de crimes haineux ciblant une race ou une origine ethnique a augmenté en 2019, les données de la même année sur la victimisation semblent indiquer que les groupes de population désignés comme minorités visibles étaient beaucoup moins susceptibles de déclarer avoir une grande confiance en la police (35 %) que ne l'étaient les personnes n'appartenant pas à une minorité visible (44 %). Les perceptions à l'égard de la sécurité personnelle, les expériences vécues de victimisation ou de discrimination et la confiance en la police sont tous des facteurs qui peuvent influer sur la probabilité de signaler un crime à la police.

Les crimes haineux visant les Autochtones continuent de représenter une proportion relativement faible des crimes haineux déclarés par la police

Les affaires ciblant les Autochtones (Premières Nations, Métis et Inuits), dont le nombre a diminué pour passer de 39 affaires en 2018 à 30 affaires en 2019, ont continué de représenter une proportion relativement faible des crimes haineux déclarés par la police (2 %).

Les crimes haineux violents commis contre les Autochtones et déclarés par la police sont plus susceptibles que la plupart des autres crimes haineux de faire des victimes de genre féminin. De 2010 à 2019, 45 % des victimes de crimes haineux violents ciblant les Autochtones étaient des personnes de genre féminin, comparativement à 32 % de toutes les victimes de crimes haineux violents.

Selon les plus récentes données sur la victimisation, les Autochtones ayant subi de la violence non conjugale étaient moins susceptibles que leurs homologues non autochtones de signaler le crime à la police. De plus, les Autochtones étaient moins susceptibles de déclarer avoir une grande confiance en la police que les non-Autochtones. Selon des recherches précédentes, les Autochtones et la police entretiennent une relation de méfiance en raison d'un éventail de problèmes systémiques qui contribuent aux expériences de marginalisation sociale et institutionnelle, de discrimination, de violence et de traumatisme intergénérationnel. Il n'est donc pas clair quelle peut en être l'incidence sur le nombre de crimes haineux déclarés par la police.

Nombre record de crimes haineux ciblant l'orientation sexuelle

Selon les résultats de l'Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018, environ 1 million de Canadiens sont de minorité sexuelle — c'est-à-dire les personnes qui ont déclaré être gaies, lesbiennes ou bisexuelles ou avoir une orientation sexuelle autre que l'hétérosexualité. Comparativement aux Canadiens hétérosexuels, les Canadiens de minorité sexuelle étaient plus susceptibles de déclarer avoir été victimes de violence au cours de leur vie et étaient plus susceptibles d'avoir fait l'objet de comportements inappropriés en public et en ligne. En outre, les Canadiens de minorité sexuelle étaient moins susceptibles de signaler à la police les agressions physiques qu'ils ont subies.

La police a déclaré 263 crimes haineux ciblant l'orientation sexuelle en 2019, en hausse de 41 % par rapport à un an plus tôt. Il s'agit du plus grand nombre de crimes haineux visant l'orientation sexuelle enregistré depuis 2009. Près de 9 crimes sur 10 (88 %) ciblaient précisément la communauté gaie et lesbienne, tandis que la proportion restante visait des personnes bisexuelles (2 %), des personnes d'autres orientations sexuelles comme les personnes asexuelles, pansexuelles ou autres qu'hétérosexuelles (6 %), ou encore des personnes dont l'orientation sexuelle était inconnue (4 %).

Comme par les années précédentes, les crimes violents représentaient plus de la moitié (53 %) des crimes haineux ciblant l'orientation sexuelle. Par comparaison, un peu plus du quart (27 %) des crimes haineux visant la religion et un peu plus de la moitié (52 %) des crimes haineux ciblant la race ou l'origine ethnique étaient de nature violente.

Les crimes haineux ciblant la religion diminuent pour une deuxième année consécutive, sous l'effet de la baisse du nombre de crimes antisémites

En 2019, la police a déclaré 608 crimes haineux ciblant la religion, en baisse de 7 % par rapport à 2018. Bien qu'il s'agisse de la deuxième diminution consécutive d'une année à l'autre après un sommet de 842 atteint en 2017, le nombre de ces affaires était plus élevé qu'au cours des années antérieures à 2017. Les données sur la victimisation révèlent que les personnes pratiquant une religion non chrétienne étaient beaucoup plus susceptibles que les chrétiens de déclarer avoir fait l'objet de discrimination fondée sur la religion (11 % par rapport à 1 %).

Après avoir affiché une hausse de 63 % en 2017 et une augmentation de 3 % en 2018, le nombre d'affaires ciblant la population juive a diminué de 20 % en 2019 pour passer de 372 à 296 affaires. Ce recul est attribuable à des baisses relativement généralisées, dont une diminution du nombre d'affaires enregistrée en Alberta (-29), en Colombie-Britannique (-20), en Ontario (-19) et au Québec (-18). Alors que les mesures déclarées par les services de police révèlent une diminution des crimes haineux ciblant la population juive, un audit annuel mené par B'Nai Brith Canada (anglais seulement) a fait état d'un nombre record d'incidents antisémites pour la quatrième année consécutive.

En revanche, après avoir fait état d'une baisse marquée du nombre de crimes haineux ciblant la population musulmane en 2018, la police a déclaré 15 affaires de plus en 2019, ce qui porte le total à 181 (+9 %). L'augmentation du nombre de crimes haineux à l'endroit de la population musulmane déclarés par la police s'explique en grande partie par le plus grand nombre d'affaires déclarées au Québec (+15 affaires).

Les crimes violents visant les musulmans étaient plus susceptibles que les autres types de crimes haineux de cibler des personnes de genre féminin. De 2010 à 2019, près de la moitié (47 %) des victimes de crimes haineux violents ciblant les musulmans étaient des femmes, comparativement au tiers (32 %) de toutes les victimes de crimes haineux.




  Note aux lecteurs

Des données sur les crimes haineux déclarés par la police sont recueillies chaque année depuis 2006 et, depuis 2010, les services de police — qui desservent plus de 99 % de la population du Canada — déclarent aussi des données sur les motifs.

La police détermine si un crime a été motivé ou non par la haine et indique le type de motif en se fondant sur les renseignements recueillis pendant l'enquête ainsi que sur des lignes directrices nationales communes pour la classification des dossiers. Les fluctuations du nombre annuel d'affaires peuvent être attribuables à l'évolution des pratiques des services de police locaux, à leurs efforts de sensibilisation auprès de diverses communautés, ainsi qu'à la volonté des victimes de signaler les incidents à la police. Le nombre de crimes haineux indiqué dans la présente diffusion constitue vraisemblablement une sous-estimation du nombre réel de crimes motivés par la haine au Canada, puisque les crimes ne sont pas tous signalés à la police.

Tableaux de référence : 35-10-0066-01, 35-10-0067-01 et 35-10-0191-01.

Produits

Il est maintenant possible de consulter l'article de la publication Juristat (Numéro au catalogue85-002-X) « Les crimes haineux déclarés par la police au Canada, 2019 ». L'infographie intitulée « Infographie : Crimes haineux déclarés par la police au Canada, 2019 », qui fait partie de la série Statistique Canada — Infographies (Numéro au catalogue11-627-M), est maintenant accessible.

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