Pratiques linguistiques des enfants issus de familles francophones vivant dans un environnement linguistique minoritaire
Chapitre 2. Cadre méthodologique
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2.1 Source de données et population cible
Les analyses et les résultats présentés dans notre étude sont tirés des données de l’Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (EVMLO) réalisée par Statistique Canada en 2006. L’EVMLO est dite « postcensitaire » puisque les Canadiens ayant répondu au formulaire détaillé du recensement de 2006Note 1 ont été utilisés comme base de sondage. La population cible de l’EVMLO est celle des minorités de langue officielle, soit les personnes de langue anglaise au Québec et celles de langue française dans le reste du Canada. Plus exactement, les personnes de langue française à l’extérieur du Québec sont les personnes ayant indiqué au recensement :
- Avoir le français comme langue maternelle, seul ou avec une autre langue; ou
- Avoir une langue non officielle comme langue maternelle et qui, parmi les deux langues officielles, ne connaissent que le français; ou
- Avoir une langue non officielle comme langue maternelle, qui connaissent le français et l’anglais et qui parlent le français, seul ou avec une autre langue, le plus souvent à la maison; ou
- Avoir une langue non officielle comme langue maternelle, qui connaissent le français et l’anglais et qui parlent seulement une langue non officielle le plus souvent à la maison; ou
- Avoir l’anglais et une langue non officielle comme langue maternelle et qui, parmi les deux langues officielles, ne connaissent que le françaisNote 2.
Pour les besoins de notre étude, la population cible a été limitée aux personnes de langue française qui résident à l’extérieur du Québec et qui font partie de l’échantillon « Enfants » de l’EVMLO. Spécifiquement, l’échantillon retenu pour cette étude est composé de personnes âgées de moins de 18 ans appartenant ou non à la minorité de langue officielle dont au moins un parent fait partie de la minorité francophone, et résidant à l’extérieur de la province de Québec. Le tableau 2.1 présente les différentes tailles de l’échantillon « Enfants » retenu; initialement et après l’application des conditions.
Nombre de répondants (enfants) |
Nombres pondérés (enfants) |
|
---|---|---|
Échantillon initial sélectionné | 22 360 | Note --: L’échantillon initial ne compte pas de poids. |
Échantillon totalNote numéro 1 disponible | 15 550 | 686 700 |
Échantillon retenuNote numéro 2 pour notre étude | 9 705 | 314 470 |
-- L’échantillon initial ne compte pas de poids.
|
2.2 Pertinence du sujet
Le fichier « Enfants » de l’EVMLO, en raison de sa richesse et de la multitude de variables disponibles, permet de fournir une contribution novatrice au sujet. Deux aspects spécifiques de notre étude représentent des éléments nouveaux dans le domaine des études portant sur la transmission linguistique. Dans un premier temps, deux types de trajectoires linguistiques sont utilisées comme variables indépendantes dans les analyses. Ces trajectoires linguistiques ont été créées dans le but de disposer d’informations synthétiques prenant en compte les comportements linguistiques présents et passés des enfants. Dans un second temps, notre recherche porte sur l’étude des comportements linguistiques des enfants dans le cadre de leurs activités personnelles, parascolaires ou de loisir. Notre projet de recherche porte ainsi sur cinq variables de pratiques linguistiques de la transmission linguistique qui ont rarement été prises en compte par les études antérieures.
Trajectoires linguistiques comme variables explicatives
La première variable de trajectoire linguistique des enfants, celle avec leurs amis, est construite en mettant en commun trois variables disponibles dans l’EVMLO. Cette variable, qui comprend les variables de langues utilisées par les enfants avec leurs amis avant d’aller à l’école, à l’école primaire et au moment de l’enquête, prend en considération l’ensemble des langues utilisées par les enfants avec leurs amis dans le but d’en faire une variable synthétique. Le tableau 2.2 présente les fréquences et les proportions d’enfants pour chacune des variables qui composent la trajectoire linguistique avec les amis, ainsi que la nouvelle variable synthétique créée à partir de ces informations. Ce tableau permet d’observer que l’utilisation prédominante de l’anglais avec les amis est très répandue chez les enfants avant la fréquentation scolaire et au moment de l’enquête, alors que l’utilisation d’une autre langue que le français ou l’anglais avec les amis est moins répandue à chacun des trois moments. De plus, nous constatons que l’utilisation des deux langues officielles avec les amis est plus élevée dans la trajectoire synthétique par rapport aux trois variables qui la composent. Ceci s’explique par la façon dont les trajectoires linguistiques avec les amis sont construites. Par exemple, si des enfants utilisent principalement le français à l’un des trois moments sondés et l’anglais à un autre moment, nous avons convenu que ces enfants avaient une trajectoire bilingue où les deux langues officielles sont utilisées avec les amis. Enfin, le tableau de l’Annexe 1 fait ressortir le fait que le nombre de cas de « Ne s’applique pas » est élevé avant que les enfants fréquentent l’école et durant la fréquentation de l’école primaire, mais qu’il est nettement moins élevé au moment de l’enquête. Ces différences entre les proportions associées à la catégorie « Ne s’applique pas » s’expliquent par l’univers de chacune des questions posées aux parents au sujet de leurs enfants. Ainsi, alors que la question portant sur la langue utilisée avec les amis avant de fréquenter l’école a été posée aux enfants âgés de six ans ou plus, celle portant sur la langue utilisée avec les amis à l’école primaire a été posée aux enfants âgés de douze ans ou plus. Par ailleurs, la question de la langue utilisée actuellement par les enfants avec leurs amis a été posée à tous les enfants de l’enquête.
Langue avec les amis avant d'aller à l'école | Langue avec les amis à l'école primaire | Langue actuelleTableau 2-2 note 1 avec les amis | Trajectoire linguistique avec les amis | |
---|---|---|---|---|
fréquences | ||||
Français | 86 940 | 50 890 | 73 380 | 73 145 |
Anglais | 119 610 | 63 485 | 158 610 | 145 965 |
Bilingue | 8 175 | 7 610 | 61 045 | 73 955 |
Autre | 9 440 | 1 215 | 1 120 | 21 410 |
Ne s'applique pas | 90 305 | 191 270 | 20 320 | |
Total | 314 470 | 314 470 | 314 470 | 314 470 |
pourcentage | ||||
Français | 40,5 | 41,7 | 25,0 | 25,0 |
Anglais | 55,7 | 52,0 | 54,1 | 49,8 |
Bilingue | 3,8 | 6,2 | 20,8 | 25,2 |
Total | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
|
En ce qui a trait à la variable de trajectoire linguistique scolaire des enfants, celle-ci est construite au moyen de quatre variables linguistiques disponibles dans l’EVMLO, tout en prenant en considération le changement possible de type d’école entre la maternelle et le moment de l’enquête. La nouvelle variable synthétique prend en compte les langues utilisées par les enfants dans leur cheminement scolaire, comme le montrent la figure 2.1 et le tableau 2.3, pour en tirer une trajectoire linguistique scolaire synthétique.
Description de la figure 2.1
Ce schéma illustre les étapes de création de la trajectoire linguistique scolaire à partir de cinq variables scolaires de l’enquête et de la succession des différents niveaux scolaires au cours du temps. Quatre variables permettent de déterminer le cheminement linguistique scolaire des enfants, soient la langue utilisée à la garderie, celle utilisée à la prématernelle, celle utilisée à la maternelle et celle utilisée au moment de l’enquête. La trajectoire linguistique scolaire de la plupart des enfants est ainsi bâtie à partir de ces quatre variables. Dans les cas où la même langue était rapportée à la maternelle et au moment de la scolarité actuelle des enfants, le type d’école fréquentée a été examiné. Si un changement de type d’école, entraînant un changement de la langue de scolarisation, est constaté dans l’intervalle de temps entre la maternelle et le moment de l’enquête, la trajectoire linguistique scolaire des enfants se voit alors modifiée afin de refléter le cheminement scolaire et linguistique réel des enfants.
Source : Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (2006).La figure 2.1 présente les quatre moments dans le cheminement scolaire des enfants à propos desquels une question sur la langue utilisée à l’école a été posée dans l’EVMLO. Ces quatre variables, qui permettent de déterminer le cheminement linguistique scolaire des enfants, sont la langue utilisée à la garderie, celle utilisée à la prématernelle, celle utilisée à la maternelle et celle utilisée au moment de l’enquête. Ces variables sont identifiées dans les cases noires (lignes pleines) de cette figure. La trajectoire linguistique scolaire de la plupart des enfants est ainsi bâtie à partir de ces quatre variables. Dans les cas où la même langue était rapportée à la maternelle et au moment de la scolarité actuelle des enfants, le type d’école fréquentéeNote 3 a été examiné (case fuchsia en pointillé à la figure 2.1). Si un changement de type d’école, entraînant un changement de la langue de scolarisation, est constaté dans l’intervalle de temps entre la maternelle et le moment de l’enquête, la trajectoire linguistique scolaire des enfants se voit alors modifiée afin de refléter le cheminement scolaire et linguistique réel des enfants.
Le tableau 2.3 présente les fréquences et proportions d’enfants pour chacune des quatre variables linguistiques qui composent la trajectoire linguistique scolaire, ainsi que pour la variable synthétique de la trajectoire linguistique scolaire des enfants. Nous y constatons que l’utilisation prédominante du français est très similaire à celle de l’anglais chez les enfants lorsqu’ils fréquentent la garderie, alors que la différence entre les deux se chiffre à moins de mille enfants. Par la suite, l’utilisation du français augmente de pair avec la scolarisation et plus rapidement que l’utilisation prédominante de l’anglais.
Langue de la garderie | Langue de la prématernelle | Langue de la maternelle | Langue de la scolarité actuelle | Trajectoire linguistique scolaire | |
---|---|---|---|---|---|
fréquences | |||||
Français | 72 315 | 90 335 | 134 635 | 151 755 | 143 735 |
Anglais | 73 115 | 49 470 | 73 625 | 102 675 | 87 125 |
Bilingue | 11 905 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 3 145 | 28 370 |
Autre | 3 955 | 4 965 | 5 500 | 56 895 | 55 240 |
Ne s'applique pas | 153 180 | 169 700 | 100 710 | ||
Total | 314 470 | 314 470 | 314 470 | 314 470 | 314 470 |
pourcentage | |||||
Français | 46,0 | 64,6 | 64,6 | 58,9 | 55,4 |
Anglais | 46,5 | 35,4 | 35,4 | 40,0 | 33,6 |
Bilingue | 7,6 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 1,2 | 10,9 |
Total | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
... n'ayant pas lieu de figurer Source : Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (2006). |
Comme c’était le cas au tableau 2.2 de la trajectoire linguistique avec les amis, l’utilisation des deux langues officielles par les enfants est plus élevée dans le cas de la variable synthétique de la trajectoire comparativement aux quatre variables qui la composent. Ceci s’explique encore une fois par la façon dont les trajectoires linguistiques scolaires sont construites. Ainsi, si des enfants utilisent principalement le français à l’un ou plusieurs des quatre moments sondés et l’anglais à d’autres moments, une trajectoire linguistique scolaire bilingue où les deux langues officielles sont utilisées a été attribuée à ces enfants.
Le tableau de l’Annexe 2 révèle que les proportions associées à la catégorie « Ne s’applique pas » sont élevées chez les enfants au début de leur trajectoire scolaire, notamment à la garderie, à la prématernelle et à la maternelle. Ceci s’explique par le nombre important d’enfants qui n’ont pas fréquenté l’école à ces niveaux ainsi que par l’univers des répondants à ces questions. En comparaison, la catégorie « Ne s’applique pas » est de moindre importance dans la variable synthétique qui rend compte de la trajectoire linguistique scolaire complète des enfants. Le tableau de l’Annexe 2 illustre également le fait que peu d’enfants sont scolarisés dans une autre langue que le français ou l’anglais.
Description du graphique 2.1
Le titre du graphique est « Graphique 2.1 Distribution des trajectoires linguistiques
».
Ceci est un graphe à barres empilées.
Ceci est un graphique à barres horizontales, donc les catégories sont sur l’axe vertical et les valeurs sont sur l’axe horizontal.
Il y a au total 2 catégories sur l’axe vertical. L’axe horizontal débute à 0 et se termine à 100 avec des mesures à tous les 25 points.
Il y a 3 séries dans ce graphique.
L’axe horizontal s’intitule « pourcentage ».
L’axe vertical s’intitule « Trajectoires linguistiques ».
Le titre de la série 1 est « Français ».
La valeur minimale est 25 et ceci correspond à « Avec les amis ».
La valeur maximale est 55,4 et ceci correspond à « Scolaire ».
Le titre de la série 2 est « Anglais ».
La valeur minimale est 33,6 et ceci correspond à « Scolaire ».
La valeur maximale est 49,8 et ceci correspond à « Avec les amis ».
Le titre de la série 3 est « Les deux langues ».
La valeur minimale est 10,9 et ceci correspond à « Scolaire ».
La valeur maximale est 25,2 et ceci correspond à « Avec les amis ».
Français | Anglais | Les deux langues | |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
Avec les amis | 25,0 | 49,8 | 25,2 |
Scolaire | 55,4 | 33,6 | 10,9 |
Source : Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (2006). |
Le graphique 2.1 permet de constater que la distribution des enfants à l’intérieur des différentes trajectoires linguistiques varie considérablement. Ainsi, alors que la trajectoire francophone s’impose pour la scolarisation des enfants avec une proportion de 55,4 %, c’est la trajectoire anglophone qui est la plus répandue avec les amis avec une proportion de 49,8 %. Ce graphique montre également que les trajectoires francophones et bilingues sont presque aussi répandue l’une que l’autre chez les enfants dans leurs relations avec leurs amis (25,0 % pour la trajectoire francophone avec les amis et 25,2 % pour la trajectoire bilingue). Par opposition, les enfants ont beaucoup plus souvent une trajectoire anglophone que bilingue pendant leur scolarisation (33,6 % pour la trajectoire scolaire anglophone comparativement à 10,9 % pour la trajectoire bilingue). Finalement, les tableaux des Annexes 1 et 2 montrent sans surprise que la proportion d’enfants n’ayant pas de trajectoire linguistique scolaire est beaucoup plus élevée que la proportion d’enfants n’ayant pas de trajectoire linguistique avec les amis (17,6 % pour la trajectoire linguistique scolaire versus 6,8 % pour la trajectoire linguistique avec les amis). Cette différence s’explique par l’âge des enfants sélectionnés : peu d’enfants âgés de zéro à quatre ans ont amorcé leur scolarisation alors qu’une partie plus importante d’entre eux ont des amis.
Alors que le graphique 2.1 montre les différences entre les trajectoires, le tableau 2.4 montre qu’il existe de forts liens entre les trajectoires linguistiques scolaires et avec les amis. Ainsi, 97,4 % des enfants ayant une trajectoire francophone avec leurs amis ont aussi une trajectoire scolaire francophone, alors que près de 95 % des enfants ayant une trajectoire scolaire anglophone ont également une trajectoire anglophone avec leurs amis. Ces liens n’ont toutefois pas la même intensité dans tous les cas de trajectoires linguistiques des enfants. Par exemple, parmi l’ensemble des enfants ayant une trajectoire scolaire francophone un peu plus de 40 % ont une trajectoire francophone avec leurs amis, alors que parmi ceux qui ont une trajectoire anglophone avec leurs amis, 64,1 % ont aussi une trajectoire scolaire anglophone. Le tableau 2.4 montre également une certaine bilinguisation des comportements linguistiques des enfants. Nous y constatons ainsi que près de 40 % des enfants qui ont une trajectoire scolaire francophone ont une trajectoire bilingue avec leurs amis.
Trajectoire linguistique avec les amis | ||||
---|---|---|---|---|
Francophone | Anglophone | Bilingue | Total | |
fréquences | ||||
Trajectoire linguistique scolaire | ||||
Francophone | 58 970 | 28 115 | 55 910 | 142 995 |
Anglophone | 265 | 81 720 | 4 360 | 86 345 |
Bilingue | 1 305 | 17 595 | 9 445 | 28 345 |
Total | 60 540 | 127 430 | 69 715 | 257 685 |
pourcentage | ||||
Trajectoire linguistique scolaire | ||||
Francophone | 41,2 | 19,7 | 39,1 | 100,0 |
Anglophone | 0,3 | 94,6 | 5,0 | 100,0 |
Bilingue | 4,6 | 62,1 | 33,3 | 100,0 |
Total | 25,0 | 49,8 | 25,2 | 100,0 |
Francophone | 97,4 | 22,1 | 80,2 | 55,5 |
Anglophone | 0,4 | 64,1 | 6,3 | 33,5 |
Bilingue | 2,2 | 13,8 | 13,5 | 11,0 |
Total | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
Source : Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (2006). |
Enfin, nous constatons au tableau 2.4 que les enfants affichant une trajectoire linguistique bilingue pour l’une des dimensions, soit scolaire ou avec les amis, n’ont pas forcément une trajectoire bilingue pour l’autre dimension. Ainsi, chez les enfants ayant une trajectoire scolaire bilingue, le tiers d’entre eux ont une trajectoire bilingue avec leurs amis et plus de trois enfants sur cinq (62,1 %) ont une trajectoire anglophone avec leurs amis. À l’opposé, moins de 15 % des enfants ayant une trajectoire bilingue avec leurs amis ont également une trajectoire bilingue à l’école et quatre enfants sur cinq parmi eux (80,2 %) ont une trajectoire scolaire francophone.
Utilisation des variables de pratiques linguistiques
Le second aspect clé de notre étude est l’utilisation de variables de pratiques linguistiques pour apprécier la transmission linguistique plutôt que les variables linguistiques traditionnellesNote 4 généralement utilisées. Notre étude porte ainsi sur cinq variables de comportements linguistiques des enfants dans leurs activités personnelles, parascolaires ou de loisir. Ces cinq variables de pratiques linguistiques sont :
- la langue utilisée lors de l’écoute de la télévision,
- la langue utilisée lors de la navigation sur Internet,
- la langue utilisée dans la pratique d’activités sportives organisées,
- la langue utilisée dans la pratique d’activités non sportives organisées,
- la langue utilisée pour la lecture.
Les quatre premières variables de comportement linguistique des enfantsNote 5 sont obtenues directement du fichier « Enfants » de l’EVMLO. En ce qui a trait à la langue utilisée par les enfants en lecture, celle-ci constitue une synthèse de trois variables disponibles dans le fichier. Dans un premier temps, la variable de la langue de la lecture des enfants s’appuie sur la variable de la langue actuelle de la lecture où l’univers est composé de tous les enfants pour lesquels les parents ont affirmé qu’ils, les enfants, lisaient quelques fois par mois ou plus souvent. Pour les enfants qui n’étaient pas inclus dans l’univers ou dont les parents n’avaient pas fourni de réponse à cette première question, deux autres variables indiquant si les enfants se font faire la lecture ou raconter des histoires par un membre du ménage ou encore s’ils se sont déjà fait faire la lecture ou raconter des histoires dans le passé par un membre du ménage ont été considérées.
Le tableau 2.5 révèle que les pratiques linguistiques des enfants sont variées. Nous y constatons notamment que l’utilisation unique du français lors de la lecture chez les enfants est nettement plus répandue que lors des autres activités. D’ailleurs, la proportion d’utilisation unique de l’anglais lors de la lecture est moindre que celles des autres pratiques linguistiques des enfants. Nous observons également que l’utilisation unique de l’anglais est la plus élevée dans la pratique d’activités sportives et non sportives organisées alors que leurs proportions d’utilisation dépassent 50 %. L’utilisation prédominante de l’anglais dépasse en outre largement l’utilisation du français dans quatre activités sur cinq; seule l’utilisation prédominante de l’anglais en lecture est inférieure à 50 %. Enfin, trois variables de pratiques linguistiques présentent un nombre important d’enfants qui se retrouvent dans la catégorie « Ne s’applique pas ». Ces cas de non-réponses et d’exclusions des univers des questions concernées sont essentiellement des enfants qui ne pratiquent pas ces trois types d’activités, soit la navigation sur Internet et la pratique d’activités sportives et non sportives organisées.
Pratiques linguistiques des enfants | |||||
---|---|---|---|---|---|
Lecture | Activités sportives | Activités non sportives | Internet | Télévision | |
fréquences | |||||
Seulement français | 58 090 | 12 475 | 9 310 | 12 230 | 23 355 |
Plus français qu’anglais | 42 730 | 25 955 | 27 795 | 10 875 | 12 185 |
Anglais et français à égalité | 59 640 | 25 290 | 17 815 | 32 590 | 40 595 |
Plus anglais que français | 55 710 | 27 120 | 19 020 | 49 660 | 93 655 |
Seulement anglais | 92 885 | 120 590 | 88 475 | 92 390 | 126 540 |
Ne s’applique pas | 5 415 | 103 040 | 152 060 | 116 725 | 18 145 |
Total | 314 470 | 314 470 | 314 470 | 314 470 | 314 470 |
pourcentage | |||||
Seulement français | 18,8 | 5,9 | 5,7 | 6,2 | 7,9 |
Plus français qu’anglais | 13,8 | 12,3 | 17,1 | 5,5 | 4,1 |
Anglais et français à égalité | 19,3 | 12,0 | 11,0 | 16,5 | 13,7 |
Plus anglais que français | 18,0 | 12,8 | 11,7 | 25,1 | 31,6 |
Seulement anglais | 30,1 | 57,0 | 54,5 | 46,7 | 42,7 |
Total | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
Source : Enquête sur la vitalité des minorités de langue officielle (2006). |
2.3 Présentation des variables indépendantes
La littérature portant sur la transmission linguistique traite de plusieurs variables pouvant influencer ou déterminer les pratiques linguistiques des enfants. Dans notre étude, de nombreuses variables indépendantes, inspirées des variables de la transmission linguistique mentionnées dans la littérature, ont été intégrées aux analyses pour cerner les pratiques linguistiques des enfants dans le cadre de leurs activités personnelles, parascolaires ou de loisir. Ainsi, alors que les cinq variables de pratiques linguistiques présentées dans la section précédente sont à l’étude dans les analyses descriptives, onze variables indépendantes sont introduites. Ces variables indépendantes peuvent être regroupées en quatre ensembles : les variables individuelles, scolaires, familiales et contextuelles. Elles sont présentées au tableau suivant.
Variables individuelles | Fréquences | Pourcentage |
---|---|---|
ÂgeTableau 2.6 - Note 1 | ||
0 à 4 ans | 70 445 | 22,4 |
5 à 11 ans | 120 090 | 38,2 |
12 à 17 ans | 123 935 | 39,4 |
Langue maternelleTableau 2.6 - Note 2 | ||
Français | 134 835 | 46,0 |
Anglais | 125 780 | 43,0 |
Les deux langues à égalité | 32 235 | 11,0 |
Langue parlée à la maisonTableau 2.6 - Note 3 | ||
Français | 111 880 | 37,3 |
Anglais | 160 545 | 53,5 |
Les deux langues à égalité | 27 625 | 9,2 |
Trajectoire linguistique avec les amisTableau 2.6 - Note 4 | ||
Français | 73 145 | 25,0 |
Anglais | 145 965 | 49,8 |
Les deux langues | 73 955 | 25,2 |
Variable scolaire | ||
Trajectoire linguistique scolaireTableau 2.6 - Note 5 | ||
Français | 143 735 | 55,4 |
Anglais | 87 125 | 33,6 |
Les deux langues | 28 370 | 10,9 |
Variables familiales | ||
Composition linguistique du coupleTableau 2.6 - Note 6 | ||
Couple endogame, français | 103 540 | 33,2 |
Couple exogame, Père francophone | 69 480 | 22,3 |
Couple exogame, Mère francophone | 93 265 | 29,9 |
Couple non francophone | 45 540 | 14,6 |
Éducation de la mèreTableau 2.6 - Note 7 | ||
Éducation primaire | 23 945 | 7,7 |
Éducation secondaire | 77 915 | 25,1 |
Éducation postsecondaire | 105 915 | 34,1 |
Éducation universitaire | 102 450 | 33,0 |
Éducation du pèreTableau 2.6 - Note 8 | ||
Éducation primaire | 43 590 | 14,3 |
Éducation secondaire | 72 670 | 23,9 |
Éducation postsecondaire | 89 380 | 29,4 |
Éducation universitaire | 98 420 | 32,4 |
Variables contextuelles | ||
RégionTableau 2.6 - Note 9 | ||
Atlantique | 12 345 | 3,9 |
Nouveau-Brunswick | 49 205 | 15,6 |
Ontario, est et nord | 74 595 | 23,7 |
Ontario, sud | 106 050 | 33,7 |
Ouest et territoires | 72 275 | 23,0 |
Indice de concentration des minoritésTableau 2.6 - Note 10 | ||
Concentration faible | 145 615 | 46,3 |
Concentration moyenne | 79 280 | 25,2 |
Concentration forte | 89 575 | 28,5 |
PLOP des enfants de la DRTableau 2.6 - Note 11 | ||
0,00 % à 1,99 % | 110 680 | 35,2 |
2,00 % à 4,99 % | 56 975 | 18,1 |
5,00 % à 24,99 % | 81 105 | 25,8 |
25,00 % et plus | 65 710 | 20,9 |
|
La première catégorie de variables indépendantes présentée au tableau 2.6Note 6 regroupe les variables individuelles. Ce groupe est composé de quatre variables, dont l’âge de l’enfant et les caractéristiques linguistiques de ce dernier. Près de la moitié des enfants à l’étude présente une trajectoire anglophone avec leurs amis, alors que les enfants utilisent le français ou les deux langues officielles dans leurs relations avec leurs amis dans des proportions similaires. En ce qui a trait aux comportements linguistiques des enfants, la variable « Langue parlée à la maison » est fortement corrélée à la variable « Langue maternelle ». Un peu plus de la moitié des enfants de l’échantillon parlent l’anglais le plus souvent à la maison, alors que plus du tiers parlent le français le plus souvent. En comparaison, un peu moins de la moitié des enfants ont le français comme langue maternelle et 43,0 % ont l’anglais comme langue maternelle.
Une seule variable scolaire constitue le second groupe de variables indépendantes, soit la « Trajectoire linguistique scolaire » des enfants. D’autres variables telles que le niveauNote 7 et le typeNote 8 d’école fréquentée par les enfants ont été considérées dans les analyses, mais ne sont pas incluses dans notre étude car elles s’avèrent fortement corrélées à d’autres variables. Le niveau de l’école fréquentée est ainsi corrélé à l’âge de l’enfant et le type d’école fréquentée est corrélé à la trajectoire linguistique scolaire de l’enfant. Grosso modo, 55 % des enfants de l’étude utilisent le français à l’école, comparativement à environ le tiers des enfants qui y utilisent l’anglais. Par ailleurs, le tableau de l’Annexe 3 permet de constater que près d’un enfant sur cinq (17,6 %) se retrouve dans la catégorie « Ne s’applique pas », ce qui s’explique principalement par le fait que ces enfants sont trop jeunes pour fréquenter l’école et donc à qui les questions de fréquentation scolaire n’ont pas été posées.
La troisième catégorie de variables indépendantes rassemble les variables familiales. La variable « Composition linguistique du couple » formé par les parents biologiques des enfants fournit de l’information sur la langue maternelle des parents ainsi que sur le statut linguistique endogame ou exogame de la famille. Cette variable a été choisie dans les analyses car elle rend compte des origines linguistiques de chacun des parents et parce qu’elle revêt une importance considérable dans les études portant sur la transmission linguistique. Un peu plus de la moitié des enfants à l’étude sont issus de parents formant un couple exogameNote 9, alors que le tiers d’entre eux sont issus de parents formant un couple endogame francophoneNote 10. Les deux dernières variables de ce groupe sont le plus haut niveau d’éducation atteint par les parents. Ces deux variables montrent que plus de 60 % des parents ont atteint un niveau d’éducation postsecondaire ou universitaire. Nous y constatons également que, globalement, les mères ont atteint de plus hauts niveaux d’éducation que les pères.
Finalement, les variables contextuelles forment le quatrième et dernier groupe de variables indépendantes. Cette catégorie de variables comprend trois variables qui permettent de situer les enfants dans leur environnement et leur milieu de vie : la « Région » dans laquelle ils habitent, l’« Indice de concentration de la minorité francophone » dans la subdivision de recensement (SDR) de résidence et la « Proportion d’utilisation du français comme première langue officielle parlée (PLOP) par les enfants » de la division de recensement (DR) de résidence. Près des trois quarts des enfants de l’étude résident dans deux provinces, soit en Ontario (57,4 % des enfants, dont près du quart de tous les enfants de l’étude (23,7 %) qui réside dans l’est et le nord) et au Nouveau-Brunswick (15,6 % des enfants)Note 11. Par ailleurs, moins de 30 % des enfants demeurent dans une SDR où la concentration des minorités linguistiques est forte, c’est-à-dire une SDR où le nombre de francophones est élevé par rapport à la population totale. De plus, le cinquième des enfants de notre étude habitent une DR où la proportion d’enfantsNote 12 ayant le français comme PLOP est supérieure à 25 %. En contrepartie, environ la moitié des enfants habitent une SDR où la concentration de la minorité francophone est faible (46,3 %) ou une DR où la proportion d’enfants ayant le français comme PLOP est inférieure à 5 % (53,3 %). L’inclusion de ces variables dans les modèles descriptifs permet de rendre compte de la composition linguistique du milieu de résidence et de son influence sur les pratiques linguistiques des enfants.
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