Section 3 : Les conséquences de la violence envers les femmes
par Hope Hutchins et Maire Sinha
- Sécurité, santé et bien-être perçus
- Conséquences psychologiques de la victimisation avec violence
- Conséquences physiques de la violence envers les femmes
- Répercussions sur la société de la violence envers les femmes
- Résumé
- Tableaux de données détaillés
- Références
- Notes
La violence faite aux femmes peut avoir une multitude de conséquences dévastatrices sur leur santé et leur bien-être à court et à long terme. Les conséquences physiques et psychologiques immédiates qui affectent la femme victime de violence peuvent s'accompagner d'une détérioration de sa qualité de vie dans son ensemble et ce, tout au long de sa vie, ce qui peut aussi avoir une incidence sur sa participation et son engagement dans différents aspects de la vie et de la société (Johnson, Ollus et Nevala, 2008). Ces répercussions, conjuguées au geste violent en soi, peuvent avoir un effet d'entraînement sur la société dans son ensemble (Organisation mondiale de la Santé, 2011). Par exemple, les employeurs pourraient constater une perte de productivité et de production de la part de leurs employés, alors que les réseaux de soutien informel des femmes, comme les membres de la famille et les amis, pourraient devoir modifier leurs activités quotidiennes pour venir en aide aux victimes (Reeves et O'Leary-Kelly, 2007; AuCoin et Beauchamp, 2007). Cela s'ajoute aux coûts sociaux plus généraux qui sont liés à la prestation et au maintien des soins de santé, des services sociaux et des services en matière de justice aux victimes de crime violent, de même qu'aux coûts associés aux interventions du système de justice pénale pour répondre aux besoins des auteurs présumés (Johnson et Dawson, 2011).
À l'aide des données de l'Enquête sociale générale (ESG) de 2009 sur la victimisation, la présente section porte sur quatre dimensions importantes des effets de la violence envers les femmes : la sécurité, la santé et le bien-être perçus; les conséquences psychologiques; les conséquences physiques; et les répercussions sur la société. On y présente les effets de la violence conjugale et non conjugale autodéclaréeNote 1. De plus, un encadré portant sur les coûts économiques de la violence conjugale présente les résultats d'une étude menée par le ministère de la Justice Canada.
Sécurité, santé et bien-être perçusNote 2
Les femmes sont généralement plus portées que les hommes à craindre la criminalité
Les effets des crimes violents sur les femmes en général peuvent avoir une vaste portée. Une exposition indirecte à un crime violent peut rappeler aux autres femmes de la collectivité le risque possible de victimisation qu'elles courent, ce qui augmente les niveaux généraux de crainte (Johnson et Dawson, 2011). En 2009, l'ESG comportait une question sur le sentiment de sécurité personnelle des Canadiens à l'égard de la criminalité.
Dans l'ensemble, les femmes ont déclaré des degrés élevés de satisfaction relativement à leur sécurité personnelle par rapport à la criminalité, mais ces niveaux étaient beaucoup plus faibles que ceux des hommes (91 % par rapport à 94 %). Les femmes étaient également moins susceptibles que les hommes de se sentir en sécurité dans différentes situations, par exemple lorsqu'elles marchent seules dans leur quartier une fois la nuit tombée (85 % par rapport à 95 %), lorsqu'elles sont seules à la maison en soirée (76 % par rapport à 90 %) et lorsqu'elles attendent ou utilisent les transports en commun seules une fois la nuit tombée (42 % par rapport à 73 %) (graphique 3.1).
Graphique 3.1
Sentiments de sécurité autodéclarés, selon le sexe, 2009
† catégorie de référence
* différence significative par rapport à la catégorie de référence (p < 0,05)
1. Exclut les personnes ayant déclaré qu'elles ne marchent pas ou qu'elles ne marchent jamais seules dans leur quartier une fois la nuit tombée.
2. Exclut les personnes vivant dans les villes et les collectivités qui n'ont pas accès aux transports en commun et celles n'utilisant jamais les transports en commun une fois la nuit tombée.
Note : Exclut les données des Territoires du Nord-Ouest, du Yukon et du Nunavut.
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2009.
Les femmes victimes de violence aux mains d'une personne autre que leur conjoint sont moins susceptibles que les autres femmes de se sentir en sécurité
Le sentiment de sécurité par rapport à la criminalité peut être influencé par les expériences de victimisation. Selon les données sur la victimisation, les conséquences de la victimisation sur les niveaux de crainte des femmes dépendent, de façon générale, du lien de la victime avec l'agresseur. Ainsi, les femmes qui ont été victimes de violence aux mains de leur conjoint au cours des 12 mois précédents ne présentaient généralement pas de plus hauts niveaux de crainte de la criminalité que les femmes qui n'avaient pas subi de violence durant cette période. En revanche, les femmes victimisées par une personne autre que leur conjoint craignaient davantage la criminalité. Ce constat n'est pas surprenant puisque la crainte de la criminalité est souvent liée à la menace de violence commise par un étranger, et non à la menace provenant de membres de la famille (Scott, 2003).
Plus particulièrement, les femmes victimes de violence conjugale étaient tout aussi susceptibles que les femmes non victimes de violence de se sentir satisfaites de leur sécurité personnelle (89 % et 91 %) (tableau 3.1). En outre, elles n'affichaient pas de taux plus élevés de crainte de marcher seules une fois la nuit tombée ou d'utiliser les transports en commun, par rapport aux femmes non victimes de violence. Cependant, les victimes de violence conjugale présentaient des niveaux de crainte plus élevés lorsqu'elles se trouvaient seules à la maison. Plus du tiers (35 %) des femmes victimes de violence conjugale se sentaient inquiètes lorsqu'elles étaient seules à la maison en soirée ou pendant la nuit, comparativement à 23 % des femmes n'ayant pas été victimes de violence durant les 12 mois précédents.
Lorsqu'on examine l'ensemble des activités, on constate que les femmes victimes de violence aux mains d'une personne autre que leur conjoint étaient beaucoup plus craintives que les femmes non victimes de violence au cours des 12 mois précédents (tableau 3.1). Par exemple, près des trois quarts (72 %) des femmes victimes de violence aux mains d'une personne autre que leur conjoint se disaient inquiètes lorsqu'elles attendaient ou utilisaient les transports en commun une fois la nuit tombée, soit une proportion plus élevée que celle des femmes qui ont déclaré n'avoir vécu aucun type de violence (56 %)Note 3. De plus, alors que 25 % des femmes victimisées à l'extérieur d'une relation conjugale ne se sentaient pas en sécurité lorsqu'elles marchaient seules dans leur quartier une fois la nuit tombée, cette constatation valait pour 14 % des femmes non victimes de violence au cours des 12 mois précédents.
Les victimes de sexe féminin sont plus susceptibles d'avoir peur que les victimes de sexe masculin
De façon générale, les femmes victimes de violence conjugale et non conjugale étaient beaucoup moins susceptibles que les hommes victimes de déclarer se sentir en sécurité (tableau 3.1). Comme pour les femmes, les expériences de violence conjugale influaient peu sur la perception de la sécurité pour les hommes, puisque les hommes victimes de violence conjugale étaient tout aussi susceptibles que ceux non victimes de violence de se sentir à l'abri de la criminalité. Contrairement aux femmes victimes de violence conjugale, les hommes victimes de ce type de violence n'étaient pas plus susceptibles que les hommes non victimes de violence d'avoir peur d'être seuls à la maison une fois la nuit tombée. Reflétant les tendances chez les femmes, les hommes victimes de violence non conjugale se sentaient toujours moins en sécurité que les autres hommes.
Les femmes victimes de violence conjugale sont proportionnellement plus nombreuses que les autres femmes à évaluer leur santé physique de façon négative
La victimisation avec violence peut influer sur la perception générale de la santé d'une femme, qui peut se refléter sur son état de santé général (Turcotte, 2011). Selon les données sur la victimisation, toutefois, les victimes n'étaient pas moins susceptibles que les autres d'évaluer leur santé de façon positive. En 2009, 54 % des femmes victimes de violence conjugale au cours de l'année précédente ont déclaré être en très bonne ou en excellente santé; cette proportion n'était pas statistiquement différente de celles notées pour les femmes victimes de violence aux mains d'une personne autre que leur conjoint (58 %) et pour les femmes non victimes de violence (62 %) (tableau 3.2).
Le classement de l'état de santé physique n'était pas beaucoup plus faible chez les femmes victimes de violence conjugale au cours des 12 mois précédents, mais l'on constate une différence dans les taux de la santé physique lorsqu'on examine les données sur les femmes victimes de violence conjugale sur une période de cinq ansNote 4. Plus particulièrement, les femmes qui ont indiqué avoir été victimes de violence conjugale pendant une plus longue période étaient moins susceptibles que les autres femmes (y compris les victimes de violence non conjugale et les non-victimes) de déclarer avoir une très bonne ou une excellente santé (55 % par rapport à 62 %) et plus susceptibles de dire que leur état de santé était passable ou mauvais (17 % par rapport à 13 %).
Les expériences de violence conjugale et non conjugale n'étaient pas liées à une moins bonne perception de l'état de santé physique chez les hommes. Ainsi, les hommes victimes n'évaluaient pas différemment leur santé physique par rapport aux hommes non victimes.
L'autoévaluation de la santé mentale est plus faible chez les victimes de violence
Les femmes ayant déclaré avoir été victimes de violence percevaient constamment leur santé mentale comme plus faible, quel que soit leur lien avec l'agresseur. En effet, on observe les taux les plus faibles d'évaluation positive de la santé mentale, notamment les déclarations de santé mentale étant très bonne ou excellente, chez les femmes victimes de violence conjugale (52 %) (tableau 3.2); venaient ensuite les femmes victimes de violence non conjugale (65 %) et les femmes non victimes de violence au cours des 12 mois précédents (73 %). Contrairement aux femmes victimes de violence, l'autoévaluation de la santé mentale chez les hommes ne variait pas selon qu'ils avaient été victimes de violence ou non.
Des niveaux élevés de stress quotidien étaient beaucoup plus courants chez les victimes de violence. Encore une fois, les femmes victimes de violence conjugale étaient les plus susceptibles de déclarer que la plupart de leurs journées étaient assez stressantes ou extrêmement stressantes (53 %) (tableau 3.2). Cette proportion était beaucoup plus élevée que celle des femmes victimes de violence non conjugale (41 %) et plus de deux fois supérieure à celle des femmes non victimes de violence (23 %) au cours des 12 mois précédents. Les hommes étaient généralement moins susceptibles que les femmes de déclarer vivre des niveaux élevés de stress quotidien, mais ils étaient aussi plus susceptibles d'indiquer des niveaux élevés de stress s'ils avaient été victimes de violence.
La satisfaction à l'égard de la vie est moins élevée chez les victimes
La satisfaction à l'égard de la vie est une évaluation personnelle et subjective du bien-être général. Selon les résultats de l'ESG de 2009, la satisfaction des femmes était liée à leurs expériences de victimisation. Comme dans le cas de la santé mentale et du stress, les femmes ayant déclaré les plus faibles niveaux de satisfaction à l'égard de la vie étaient celles qui avaient été victimes de violence au cours de l'année précédente. En 2009, 76 % des femmes victimes de violence conjugale et 85 % des femmes victimes de violence non conjugale ont déclaré être satisfaites de leur vie, comparativement à 92 % des femmes ayant déclaré n'avoir vécu aucun type de violence (tableau 3.2). Tant pour les victimes de violence conjugale que pour les victimes de violence non conjugale, les proportions de femmes et d'hommes victimes ayant déclaré être satisfaits de la vie étaient semblables.
Conséquences psychologiques de la victimisation avec violence
Les femmes victimes de violence conjugale sont plus susceptibles d'avoir peur et d'être déprimées que les hommes victimes
Les expériences en tant que victime de violence peuvent susciter toutes sortes de conséquences psychologiques. Dans l'ensemble, les femmes victimes étaient beaucoup plus susceptibles que les hommes de déclarer souffrir de troubles émotionnels à la suite d'une victimisation. En 2009, environ 9 femmes victimes de violence conjugale sur 10 (89 %) ont déclaré que la violence avait eu des conséquences psychologiques sur elles; c'était le cas d'environ 7 hommes victimes de violence conjugale sur 10 (66 %).
La conséquence la plus courante de la violence conjugale chez les femmes était un sentiment de bouleversement, de confusion ou de frustration (38 %), suivi de près de la colère (35 %) (graphique 3.2). Bien que ces types de réactions aient également été le plus souvent déclarés par les victimes masculines, les victimes féminines étaient beaucoup plus susceptibles d'indiquer ces réactions à la violence et d'autres conséquences. Par exemple, les femmes étaient sept fois plus susceptibles que les hommes d'être craintives (27 % par rapport à 4 %E), trois fois plus susceptibles de souffrir de dépression ou d'anxiété (23 % par rapport à 7 %E) et deux fois plus susceptibles d'être en colère (35 % par rapport à 18 %). À l'inverse, les hommes ont plus souvent déclaré que la victimisation avait peu d'effet sur eux (30 % par rapport à 9 %E chez les femmes).
Graphique 3.2
Conséquences psychologiques de la violence conjugale, selon le sexe de la victime, Canada, 2009
E à utiliser avec prudence
F trop peu fiable pour être publié
† catégorie de référence
* différence significative par rapport à la catégorie de référence (p < 0,05)
Note : Désigne la violence conjugale au cours des cinq années précédentes. Exclut les données des Territoires du Nord-Ouest, du Yukon et du Nunavut.
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2009.
Les conséquences de la violence non conjugale s'apparentent à celles des victimes de violence conjugale. En effet, le tiers (34 %) des femmes ressentaient de la colère, 28 % étaient bouleversées, confuses ou frustrées, et 27 % ont exprimé de la crainte. Là encore, les types de réactions psychologiques diffèrent selon le sexe; il convient toutefois de noter que les femmes et les hommes étaient presque aussi susceptibles de ressentir de la colère au sujet de l'incident de violence non conjugale (34 % et 31 %).
Les conséquences psychologiques sont beaucoup plus lourdes dans le cas des formes de violence plus graves
Une plus grande proportion de femmes ayant subi une forme de violence conjugale plus grave, comme celles qui ont été battues, ont déclaré souffrir d'un trouble émotionnel (95 %) par rapport aux femmes ayant été victimes d'une forme moins grave de violence, comme celles qui ont été poussées ou giflées, ou qui ont reçu des coups de pied (85 %). Dans l'ensemble, les femmes qui ont subi des blessures corporelles étaient plus susceptibles de mentionner des conséquences psychologiques. Selon les données sur la victimisation, 95 % des femmes victimes de violence conjugale ayant subi des blessures corporelles ont déclaré des conséquences psychologiques par suite de la victimisation, comparativement à 84 % des femmes victimes de violence conjugale n'ayant pas subi de telles blessures.
Comme dans le cas de la violence conjugale, les incidents de violence non conjugale ayant entraîné des blessures corporelles étaient plus susceptibles que ceux n'ayant pas donné lieu à des blessures de provoquer des conséquences psychologiques. En particulier, une plus forte proportion de femmes victimes ayant subi des blessures étaient affectées sur le plan émotif, comparativement aux femmes victimes n'ayant pas subi de blessures (96 % par rapport à 87 % des incidents).
Les conséquences psychologiques sont plus courantes chez les femmes victimes de vol qualifié
Ce ne sont pas toutes les formes de violence non conjugale qui entraînent des conséquences psychologiques. Chez les femmes, les victimes de vol qualifié étaient les plus touchées par leur victimisation sur le plan psychologique, car presque l'ensemble des affaires de vol qualifié ont provoqué chez les victimes de sexe féminin des conséquences psychologiques. Par comparaison, 87 % des affaires de voies de fait et 87 % des affaires d'agression sexuelle ont entraîné des conséquences psychologiques. On n'a observé aucune différence dans les conséquences psychologiques selon le type de victimisation chez les hommes victimes de violence non conjugale.
La prise d'antidépresseurs est plus élevée chez les victimes
Les femmes ont recours à différentes stratégies pour faire face aux expériences de violence. La majorité d'entre elles se tournent vers des sources informelles de soutien, telles que des membres de la famille ou des amis (voir la section 4). Cependant, des études ont également montré que l'automédication est l'une des méthodes utilisées par certaines femmes pour faire face à leur victimisation (Johnson et Dawson, 2011). Ce comportement peut également être un indicateur du degré de la portée psychologique de la violence (Johnson, Ollus et Nevala, 2008).
Les données de l'ESG de 2009 révèlent que la prise de médicaments contre la dépression, l'anxiété et les troubles du sommeil était beaucoup plus élevée chez les femmes victimes de violence au cours des 12 mois précédents. En effet, plus du quart des victimes de violence conjugale (27 %) et des victimes de violence non conjugale (26 %) ont déclaré prendre des médicaments pour composer avec la dépression, pour les calmer ou pour les aider à dormir. Ces proportions étaient beaucoup plus élevées que celle observée chez les femmes qui n'ont pas été victimes de violence (18 %). Elles étaient aussi considérablement supérieures à celle notée chez les hommes victimes qui prenaient des médicaments (14 %).
Contrairement aux femmes, la prise de médicaments chez les hommes ne variait pas beaucoup selon qu'ils étaient victimes ou non de violence (14 % par rapport à 12 %). Dans le cadre de l'ESG, on a interrogé les victimes de violence sur leur consommation d'alcool et de drogues pour faire face aux incidents avec violence; toutefois, les dénombrements d'échantillons étaient trop faibles pour produire des résultats statistiquement fiables.
Conséquences physiques de la violence envers les femmes
Quatre femmes victimes de violence conjugale sur dix ont subi des blessures corporelles
Quatre femmes sur dix (42 %) qui ont été victimes de violence de la part de leur conjoint au cours des cinq années précédentes ont déclaré avoir subi des blessures corporelles (graphique 3.3). Il s'agit de plus du double de la proportion de victimes de sexe masculin (18 %). Les types de blessures les plus souvent déclarés par les femmes ayant subi des lésions corporelles étaient des ecchymoses (95 %), suivies des coupures, des égratignures et des brûlures (30 %). Parmi les blessures moins souvent déclarées figuraient les fêlures et les fractures (9 %E) ainsi que les lésions internes et les fausses-couches (9 %E ensemble).
Graphique 3.3
Conséquences de la violence conjugale sur les victimes, selon le sexe de la victime, Canada, 2009
E à utiliser avec prudence
F trop peu fiable pour être publié
† catégorie de référence
* différence significative par rapport à la catégorie de référence (p < 0,05)
1. Comprend seulement les personnes qui ont été blessées.
Note : La violence conjugale désigne la violence entre conjoints commise au cours des cinq années précédentes. Exclut les données des Territoires du Nord-Ouest, du Yukon et du Nunavut.
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2009.
Parfois, les victimes de violence conjugale ont été blessées si gravement qu'elles ont dû recevoir des soins médicaux. Selon les données de l'ESG de 2009, 18 %E des femmes blessées ont eu besoin de soins médicaux, et 13 %E ont été soignées dans un hôpital ou un centre de soins de santé (graphique 3.3). Dans certains cas, les blessures infligées aux femmes ont empêché ces dernières de vaquer à leurs activités quotidiennes; en effet, 40 % des femmes blessées ont déclaré qu'elles avaient dû prendre congé de leurs activités quotidiennes. L'interruption des activités quotidiennes ne s'est pas limitée aux victimes blessées. Environ 1 femme non blessée sur 5 (17 %) a également dû prendre congé de ses activités quotidiennes par suite de la violence conjugale.
Dans l'ensemble, les femmes victimes de violence conjugale étaient trois fois plus susceptibles que leurs homologues masculins d'interrompre leurs activités quotidiennes en raison de l'incident (27 % par rapport à 9 %E) (graphique 3.3). Elles étaient également beaucoup plus susceptibles que les victimes de sexe masculin d'affirmer avoir craint pour leur vie (33 % par rapport à 5 %E).
Pour ce qui est des incidents à l'extérieur d'une relation conjugale, la différence entre les sexes avait tendance à être moins prononcée. En 2009, 17 % des actes de violence non conjugale ont causé des blessures corporelles aux femmes, soit une proportion qui ne diffère pas significativement de celle observée chez les hommes (18 %). Parmi les incidents à l'endroit des femmes qui ont entraîné des blessures corporelles, 21 %E ont nécessité des soins médicaux; ce pourcentage était semblable à celui enregistré pour les incidents envers les hommes victimes (16 %E). Toutefois, comme dans le cas de la violence conjugale, les femmes victimes de violence non conjugale étaient beaucoup plus susceptibles que les hommes victimes d'affirmer trouver difficile ou impossible de mener leurs activités quotidiennes (40 % par rapport à 17 %).
Insérer l'encadré 3.1
Encadré 3.1
Conséquences de la victimisation avec violence sur les femmes autochtones
Bien que les femmes autochtones aient présenté une fréquence plus élevée de victimisation avec violence autodéclarée (voir la section 1), elles ont déclaré, à certains égards, des conséquences psychologiques similaires à celles des femmes non autochtones. Chez les victimes de violence conjugale, des proportions semblables de femmes autochtones et de femmes non autochtones ont déclaré avoir eu des conséquences psychologiques à leur victimisation (90 % et 89 %), et ce, malgré le fait que les conséquences physiques de la violence conjugale aient été plus élevées chez les femmes autochtones.
Plus précisément, les femmes autochtones victimes de violence aux mains de leur conjoint, au cours des cinq années précédentes, étaient proportionnellement beaucoup plus nombreuses que les femmes non autochtones à déclarer avoir subi des blessures corporelles (59 % par rapport à 41 %). Elles étaient également plus susceptibles d'indiquer qu'elles craignaient pour leur vie (52 %E par rapport à 31 %), mais elles étaient aussi susceptibles que les femmes victimes non autochtones de prendre congé de leurs activités quotidiennes (33 %E et 27 %).
En ce qui a trait à la violence non conjugale, les femmes autochtones étaient plus susceptibles que les femmes non autochtones de subir des conséquences psychologiques. Plus particulièrement, des conséquences psychologiques ont été déclarées par les victimes dans 96 % des incidents de violence non conjugale à l'endroit des femmes autochtones, comparativement à 88 % des incidents impliquant les femmes non autochtones. Les conséquences physiques de la violence non conjugale étaient semblables entre les femmes autochtones et non autochtones.
Fin de l'encadré 3.1
Insérer l'encadré 3.2
Encadré 3.2
Conséquences physiques de la violence perpétrée contre les femmes et déclarée par la police, 2011
Outre les données sur la victimisation, il est possible de mesurer les conséquences physiques de la violence envers les femmes à l'aide des données policières qui sont recueillies au moyen du Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l'affaire. Ces données sont basées sur les crimes qui ont été signalés à la police et dont celle-ci a établi le bien-fondé. Selon les données policières de 2011, 4 victimes féminines sur 10 (41 %) ont subi des blessures corporelles par suite de la violence déclarée par la police; cette proportion était semblable à celle des victimes masculines ayant subi des blessures (46 %). Pour ce qui est de certains crimes violents, les femmes étaient proportionnellement plus nombreuses que les hommes à subir des blessures, notamment dans les cas de violence sexuelle (25 % par rapport à 15 %) et d'infractions liées à l'entrave à la liberté, comme la séquestration et l'enlèvement (55 % par rapport à 45 %). Les hommes, en revanche, étaient plus susceptibles que les femmes d'être blessés dans le cas d'infractions de tentative de meurtre (85 % par rapport à 80 %) et de vol qualifié (37 % par rapport à 26 %). De façon générale, les blessures subies par les femmes et les hommes étaient mineures.
Les femmes victimes de violence aux mains de leur partenaire intime sont plus souvent blessées
La probabilité de subir des blessures variait selon le lien de l'auteur présumé avec la femme. Comme c'était le cas pour les hommes victimes, les femmes victimes de violence déclarée par la police étaient plus susceptibles de subir des blessures corporelles lorsque l'auteur présumé était un conjoint (49 %) ou un partenaire amoureux (53 %) que lorsqu'il était un membre de la famille autre que le conjoint, un ami, une connaissance ou un étranger (33 %). C'était le cas indépendamment du type d'infraction (graphique de l'encadré).
Graphique de l'encadré 3.2
Femmes victimes de violence déclarée par la police, selon la gravité des blessures, le lien de l'auteur présumé avec la victime et le type d'infraction, 2011
Description du graphique de l'encadré 3.2
Note : La catégorie « Autres crimes violents » comprend le rapt, l'enlèvement, la prise d'otages, l'incendie criminel et les autres crimes violents. En raison de l'arrondissement, la somme des pourcentages peut ne pas correspondre à 100.
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l'affaire.
Les blessures étaient le plus souvent causées par l'usage de la force physique
C'est le plus souvent par la force physique plutôt que par les armes que les femmes victimes de crimes violents déclarés par la police ont été menacées ou blessées. En 2011, 87 % d'entre elles ont été blessées par la force physique; elles ont été frappées ou ont reçu des coups de pied, par exemple. Une proportion de 3 % des femmes ont subi des blessures infligées au moyen d'un couteau ou d'un autre instrument tranchant, 2 %, au moyen d'un objet contondant et 9 %, à l'aide d'autres armes.
Fin de l'encadré 3.2
Répercussions sur la société de la violence envers les femmes
La violence faite aux femmes a un plus grand effet sur les services sociaux officiels que la victimisation avec violence faite aux hommes
Les membres de la famille et les amis de la victime, qui sont une source de soutien informel, peuvent être durement touchés, puisque leurs activités quotidiennes peuvent se trouver perturbées ou interrompues pour apporter du soutien à la victime (AuCoin et Beauchamp, 2007). En 2009, 76 % des femmes victimes de violence conjugale se sont confiées à des membres de leur famille, à des amis ou à des voisins. De même, dans 87 % des incidents de violence non conjugale faite aux femmes, les victimes ont dévoilé leur victimisation à ces personnes.
Les coûts sociaux supplémentaires découlent de l'aide aux victimes et à leur famille en ce qui a trait à la prestation et au maintien des services de soins de santé, de consultation, d'hébergement et d'autres types de soutien social. Selon les données sur la victimisation, la participation d'organismes de santé et de services sociaux était environ de deux à trois fois plus élevée dans les cas de violence faite aux femmes (conjugale et non conjugale) que dans les cas de violence faite aux hommes (graphique 3.4). (Cette question est approfondie plus en détail dans la section 4, qui porte sur les interventions en matière de violence envers les femmes.) Cela pourrait en partie témoigner des différences de la gravité des actes de violence à l'endroit des femmes et des hommes.
Graphique 3.4
Répercussions sur la société de la victimisation avec violence autodéclarée, selon le sexe de la victime et le type de victimisation avec violence, Canada, 2009
… n'ayant pas lieu de figurer
† catégorie de référence
* différence significative par rapport à la catégorie de référence (p < 0,05)
1. Comprend seulement les victimes de violence conjugale ayant plus d'un enfant. Exclut un petit nombre de cas où la victime a déclaré avoir subi de la violence aux mains de son conjoint actuel et d’un ex-conjoint.
Note : La violence conjugale désigne la violence entre conjoints commise au cours des cinq années précédentes. La violence non conjugale désigne la violence commise au cours des 12 mois précédents. Exclut les données des Territoires du Nord-Ouest, du Yukon et du Nunavut.
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2009.
Le système de justice pénale est également touché par la quantité d'actes criminels avec violence qui viennent à l'attention de la police. Le signalement de la violence conjugale faite aux femmes est passé de 36 % en 2004 à 30 % en 2009, mais la violence conjugale à l'endroit des femmes demeurait toujours plus probable que celle faite aux hommes d'être signalée à la police (30 % par rapport à 13 %). Le taux d'incidents de violence non conjugale commis contre les femmes et portés à l'attention de la police était à peu près égal à celui des hommes (28 % et 30 %).
Les enfants sont plus souvent témoins de la violence conjugale à l'endroit de leur mère
Les enfants, en particulier, peuvent être des témoins directs de la violence conjugale. Pour les enfants, surtout ceux qui sont très jeunes, cette exposition à la violence peut avoir des conséquences psychologiques, cognitives, sociales et comportementales à long terme, engageant, par conséquent, des coûts aux systèmes de services sociaux et de justice pénale pour des années à venir (Holt, Buckley et Whelan, 2008; Kitzmann et autres, 2003).
De plus, le fait d'être témoin de violence à l'endroit d'un parent, ce qui est considéré comme une forme de mauvais traitement en vertu des lois provinciales et territoriales relatives à la protection de l'enfance, peut provoquer l'intervention immédiate des systèmes provinciaux et territoriaux de protection de l'enfance et d'aide à l'enfance. Ces autorités sont tenues de faire enquête sur les cas éventuels d'exposition des enfants à la violence conjugale, d'offrir les services nécessaires et, le cas échéant, de retirer les enfants du ménage violentNote 5 (Trocmé et autres, 2010).
Dans le cadre de l'ESG de 2009, on a demandé aux victimes de violence conjugale si leurs enfants avaient entendu ou vu les incidents de violence contre ellesNote 6. Comme il est décrit dans la section 1, les enfants étaient plus souvent présents lors des incidents de violence conjugale à l'endroit de leur mère qu'à l'endroit de leur père (59 % par rapport à 43 %) (graphique 3.4). Cette violence dont les enfants ont été témoins avait tendance à être plus grave lorsqu'elle était commise envers les mères.
À l'image de la gravité accrue de la violence conjugale faite aux femmes, les incidents de violence conjugale à l'endroit des mères étaient liés à des taux plus élevés de victimes de violence conjugale communiquant avec les services sociaux officiels (56 % par rapport à 33 %E). De même, l'intervention policière était plus fréquente lorsque la victime de violence conjugale était la mère de l'enfant que lorsque c'était le père (48 % par rapport à 25 %E).
Insérer l'encadré 3.3
Encadré 3.3
Conséquences de la violence autodéclarée dans les territoires, 2009
Les expériences de violence non conjugale des femmes sont liées à des niveaux plus élevés de crainte
Les données sur la victimisation ont été recueillies à l'aide d'une méthode différente dans les territoiresNote 7. Ainsi, les conséquences de la violence autodéclarée dans les territoires font l'objet d'une analyse distincte de celle des provinces.
À l'instar des résultats obtenus pour les provinces, l'influence de la victimisation sur les niveaux de crainte dépendait du lien de l'auteur présumé avec la victime de sexe féminin. Plus précisément, il n'y avait pas de différence dans les degrés de satisfaction à l'égard de la sécurité personnelle entre les femmes victimes de violence aux mains de leur conjoint et celles n'ayant pas été victimes de violence au cours des 12 mois précédents. Ce constat diffère de celui observé chez les femmes victimes de violence aux mains d'une personne autre que leur conjoint; les femmes victimes de violence non conjugale étaient moins susceptibles de déclarer se sentir à l'abri de la criminalité que les femmes victimes de violence conjugale et les non-victimes (71 % par rapport à 95 % et à 92 %).
Les femmes vivant dans les territoires étaient généralement plus craintives à l'égard de la criminalité que les hommes, mais les femmes victimes de violence conjugale dans les territoires étaient plus susceptibles que les hommes victimes d'être satisfaites de leur sécurité personnelle (95 % par rapport à 65 %E). On observe le contraire dans le cas des victimes de violence non conjugale, où les femmes victimes étaient moins susceptibles que les hommes victimes d'être confiantes à l'égard de leur sécurité personnelle (71 % par rapport à 91 %).
Les femmes victimes de violence éprouvent un moins grand bien-être mental que les femmes non victimes de violence
De façon générale, les perceptions de la santé physique et mentale étaient moins bonnes chez les victimes de crimes violents qui vivaient dans les territoires. Les chiffres étaient trop peu élevés pour produire des estimations statistiquement fiables de la santé des victimes de violence conjugale selon le sexe. Toutefois, les victimes de violence conjugale étaient moins susceptibles, dans l'ensemble, de décrire leur santé physique ou mentale en termes positifs par rapport aux personnes n'ayant pas été victimes de violence.
La victimisation avec violence à l'extérieur des relations conjugales influe également sur l'évaluation que fait une personne de sa santé physique et mentale. En particulier, les femmes victimes de violence aux mains d'une personne autre que leur conjoint étaient environ deux fois moins susceptibles (31 %E) que les femmes non victimes de violence (61 %) de se déclarer en bonne santé physique. De plus, 44 %E des femmes victimes de violence aux mains d'une personne autre que leur conjoint ont décrit leur santé mentale comme étant très bonne ou excellente, comparativement à 66 % des femmes n'ayant pas été victimes de violence au cours des 12 mois précédents. Les hommes victimes de violence non conjugale percevaient aussi clairement de façon plus négative leur santé mentale, mais ce n'était pas le cas de leur santé physique.
Les femmes victimes de violence dans les territoires étaient également moins susceptibles que les femmes non victimes de violence de se déclarer satisfaites de leur vie. Cela demeurait vrai indépendamment du fait qu'une femme ait été victime de violence aux mains d'un conjoint ou d'un autre type d'agresseur. Les hommes victimes de violence étaient aussi moins susceptibles que les non-victimes de se déclarer satisfaits de leur vie.
Les femmes victimes de violence conjugale sont plus susceptibles que les hommes victimes de subir des conséquences psychologiques
Comme c'était le cas dans les provinces, les femmes victimes de violence conjugale qui vivaient dans les territoires étaient plus susceptibles que leurs homologues de sexe masculin de subir des conséquences psychologiques à la suite de leur victimisation (95 % par rapport à 65 %E). Les conséquences psychologiques les plus souvent exprimées par les femmes victimes de violence conjugale dans les territoires étaient les sentiments de bouleversement, de confusion ou de frustration (33 %E), de colère (32 %E) et de peine ou de déception (25 %E).
La gravité de la violence conjugale n'était pas liée aux troubles émotionnels chez les femmes victimes de violence dans les territoires. Les femmes ayant été victimes des formes de violence conjugale les plus graves étaient tout aussi susceptibles que celles ayant subi des gestes de violence conjugale moins graves de subir des conséquences psychologiques. Dans le même ordre d'idées, il n'y avait pas de différence dans les conséquences psychologiques entre les femmes victimes de violence conjugale ayant subi des blessures corporelles et celles n'en ayant pas subi. Les chiffres de la violence non conjugale étaient trop peu élevés pour produire des estimations fiables des conséquences psychologiques selon les blessures.
La moitié des femmes victimes de violence conjugale dans les territoires ont subi des blessures corporelles
Dans les territoires, la crainte pour sa vie constituait une réalité prédominante pour les femmes victimes de violence conjugale, puisqu'environ la moitié (51 %E) d'entre elles croyaient que leur vie était en danger. De plus, environ la moitié (49 %E) des femmes victimes de violence conjugale ont subi des blessures corporelles, soit une proportion semblable à celle des victimes de sexe masculin. Une intervention médicale a été nécessaire dans environ 41 %E des cas où les femmes ont été blessées, et une hospitalisation, dans 38 %E des cas.
Certaines femmes victimes de violence conjugale vivant dans les territoires n'ont pu vaquer à leurs activités quotidiennes. En 2009, plus du tiers (37 %E) des femmes victimes de violence conjugale ont déclaré avoir pris congé de leurs activités quotidiennes.
Contrairement aux cas de violence conjugale, la plupart des incidents de violence non conjugale à l'endroit des femmes n'ont pas entraîné de blessures corporelles. Dans près des deux tiers (65 %) des cas de violence non conjugale faite aux femmes, ces dernières n'ont pas subi de blessures; cette proportion est semblable à celle notée chez les victimes de sexe masculin (63 %).
Les femmes victimes de violence conjugale ont plus souvent recours aux réseaux de soutien informel que les hommes victimes
Comme c'était le cas dans les provinces, les coûts sociaux de la victimisation avec violence dans les territoires comprennent le fardeau qui repose sur les réseaux de soutien informel de la personne, de même que la prestation et le maintien des services sociaux et de justice pénale. Les données sur la victimisation révèlent que 84 % des femmes victimes de violence conjugale dans les territoires ont parlé de l'incident à des membres de leur famille, à des amis ou à des voisins, soit une proportion beaucoup plus élevée que celle observée pour leurs homologues de sexe masculin (50 %E). La même tendance selon le sexe n'était pas claire dans le cas de la violence non conjugale. Dans 70 % des incidents de violence non conjugale faite aux femmes, les victimes se sont confiées à des membres de leur famille, à des amis ou à des voisins, comparativement à 81 % des incidents dont les victimes étaient des hommes.
Dans les territoires, il n'y avait pas de différences importantes entre les victimes de violence conjugale de sexe féminin ou de sexe masculin en ce qui a trait au signalement ou non de la victimisation à la police (58 % par rapport à 44 %E). Bien que la publication de l'analyse de la violence non conjugale selon le sexe ne soit pas possible en raison des chiffres peu élevés, 32 %E des incidents, qu'ils aient été commis contre des femmes ou des hommes, sont venus à l'attention de la police en 2009.
Fin de l'encadré 3.3
Insérer l'encadré 3.4
Encadré 3.4
Coûts économiques de la violence envers les femmes
Les coûts financiers et économiques de la violence à l'endroit des femmes se font sentir dans tous les secteurs de la société canadienne. Outre les coûts engagés par les services sociaux et les services de justice pénale pour répondre aux besoins de la victime et du contrevenant, un fardeau financier peut peser sur les employés et les employeurs en raison de la diminution de la productivité et de la perte de revenus (Day, McKenna et Bowlus, 2005; gouvernement du Manitoba, s.d.). Cela s'ajoute aux coûts directs assumés par la victime et sa famille, qui doivent souvent composer avec une perte de revenus ainsi qu'avec des dépenses directes liées aux soins de santé physique et mentale (Day, McKenna et Bowlus, 2005).
L'estimation du coût global de la violence faite aux femmes est une tâche importante, mais fort complexe. L'établissement des coûts à inclure, l'accessibilité des données, les différences de mesures entre les sources de données ainsi que les hypothèses méthodologiques à privilégier ne sont que quelques difficultés auxquelles sont confrontés les chercheurs lorsqu'ils tentent d'estimer les coûts de la violence faite aux femmes (Zhang et autres, 2013). Malgré cela, un certain nombre d'études ont traité des coûts économiques de la violence pour les victimes et la société canadienne (Wells, Boodt et Emery, 2012; Varcoe et autres, 2011). Cependant, ces études ne peuvent servir à établir des comparaisons directes, car les méthodes diffèrent et aucune d'entre elles n'est tout à fait complète.
Plus récemment, le ministère de la Justice Canada (Zhang et autres, 2013) a mené une étude sur l'estimation des répercussions économiques de la violence conjugale au pays. Dans l'ensemble, on estime que le coût de la violence conjugale à l'endroit des femmes et des hommes s'établissait à 7,4 milliards de dollars en 2009. Environ les trois quarts (74 %) de ces coûts correspondaient aux coûts intangibles pour les victimes (p. ex. les souffrances et les douleurs) et les membres de leur famille (p. ex. la perte d'affection). L'étude souligne que ce coût de la violence conjugale est probablement une sous-estimation puisque les données n'étaient pas disponibles dans certaines régions.
Les coûts de la violence conjugale faite aux femmes étaient généralement plus élevés que ceux de la violence conjugale faite aux hommes, et ce, pour toutes les catégories sauf les hospitalisations de courte durée. Le coût total de la violence conjugale faite aux femmes a été estimé à 4,8 milliards de dollars.
Dans la présente étude, les répercussions économiques de la violence conjugale ont été classées en trois catégories : les victimes directes (principales), les tiers (p. ex. les enfants et les employeurs) et le système de justice (civile et pénale). L'étude montre que les coûts se rapportant à la victime sont les plus élevés, s'établissant à 6,0 milliards de dollars. Ces coûts sont associés aux dépenses en services de consultation en santé mentale, à la perte de productivité au travail ou à l'école, à la réparation ou au remplacement de biens endommagés, aux frais juridiques du divorce ou de la séparation, et aux coûts intangibles, comme les souffrances et les douleurs.
Les coûts assumés par les tiers figurent au deuxième rang, s'élevant à 889,9 millions de dollars. Ils comprennent les coûts que représentent, pour les enfants de la victime, les jours d'absence à l'école, la perte de revenus futurs et la perte d'affection et de plaisir. Cette catégorie comprend également la baisse de rendement que subissent les employeurs en raison d'employés en retard, distraits et moins productifs, ainsi que les coûts liés à la prestation de services sociaux pour les victimes, comme les maisons d'hébergement et les services d'écoute téléphonique.
La proportion restante des coûts, qui s'élèvent à 545,2 millions de dollars, revient au système de justice. Ils comprennent les coûts associés aux services de police, aux cours de justice, aux poursuites, à l'aide juridique et aux services correctionnels, de même que les coûts liés à la justice civile, y compris les ordonnances de protection civile, le divorce et la séparation, et les systèmes de protection de l'enfance.
Fin de l'encadré 3.4
Résumé
On a examiné, dans la présente section, certaines des conséquences directes et indirectes de la violence faite aux femmes. Non seulement les victimes souffrent-elles sur les plans psychologique et physique, mais leur sentiment de sécurité et la perception de leur bien-être sont souvent touchés par leur expérience de victimisation. Si les femmes victimes de violence aux mains de leur conjoint n'affichaient pas toujours des niveaux plus élevés de crainte que les autres femmes, les femmes victimes de violence aux mains d'un étranger, d'un ami, d'une connaissance ou d'un membre de la famille autre qu'un conjoint étaient moins susceptibles que les femmes non victimes de violence de se sentir à l'abri de la criminalité. Les femmes victimes de violence, tant celles victimes de violence aux mains de leur conjoint que celles victimisées par un autre agresseur, étaient moins susceptibles de qualifier leur santé mentale de façon positive, et elles étaient plus susceptibles de subir un niveau élevé de stress et de prendre des médicaments contre la dépression, l'anxiété ou les troubles du sommeil.
La violence envers les femmes entraîne également toute une gamme de conséquences négatives qui n'affectent pas seulement la victime. En effet, les membres de la famille et les amis peuvent être touchés directement ou indirectement par la violence, en particulier les enfants qui sont plus souvent témoins de violence conjugale à l'endroit de leur mère que de leur père. De plus, les coûts sociaux de la violence faite aux femmes peuvent provenir de la prestation et du maintien des services de soutien sociaux et de justice pénale. En général, le recours à ces services est plus fréquent dans les cas de violence à l'endroit des femmes que dans le cas des hommes victimes. Cela porte à croire que les coûts économiques liés à la prestation de ces services ainsi que les implications financières de la violence aux victimes et à leur famille sont importants.
Tableaux de données détaillés
Références
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Notes
- Dans la section portant sur la sécurité, la santé et le bien-être perçus, la violence conjugale comprend l'autodéclaration de la victimisation aux mains du conjoint actuel ou d'un ex-conjoint au cours des 12 mois précédents. Sauf indication contraire, dans les autres sections, la violence conjugale désigne la victimisation aux mains d'un conjoint durant les cinq années précédentes. La violence non conjugale désigne la victimisation commise au cours des 12 mois précédents.
- Puisque la victimisation et les mesures de sécurité, de santé et de satisfaction à l'égard de la vie ont été saisies au même moment, il est impossible de déterminer si le bien-être de la personne a précédé ou suivi la victimisation avec violence.
- Exclut les personnes vivant dans les villes et les communautés qui n'ont pas accès aux transports en commun et celles n'utilisant jamais les transports en commun une fois la nuit tombée.
- Il est impossible d'utiliser une période de référence semblable pour les cas de violence non conjugale, puisque les Canadiens ne doivent déclarer que leur expérience de violence non conjugale subie au cours des 12 mois précédents.
- Des études antérieures ont montré que, dans la plupart des provinces et des territoires canadiens, le retrait des enfants exposés à la violence familiale dépend souvent de la présence d'autres formes de mauvais traitement que le fait qu'ils soient témoins de la violence (Black et autres, 2008).
- Comprend les victimes de violence conjugale ayant plus d'un enfant.
- Contrairement à l'analyse de l'Enquête sociale générale pour les provinces, on utilise une valeur p plus élevée de p < 0,1 dans le cas de différences statistiquement significatives pour les territoires, compte tenu de la faible taille des échantillons.
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