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Résultats

Aucune donnée représentative sur la tension artérielle (TA) chez les enfants et les adolescents canadiens n’a été recueillie à l’échelle nationale depuis l’Enquête santé Canada de 19781. Les résultats de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) de 2007‑2009, menée par Statistique Canada en partenariat avec Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada, permettent de combler cette lacune dans les données2-5. L’ECMS est l’enquête directe sur les mesures de la santé la plus exhaustive jamais menée au Canada. Outre une entrevue détaillée sur la santé, l’enquête comprend une mesure directe d’indicateurs et de facteurs de risque de maladies chroniques et de maladies infectieuses, ainsi que d’indicateurs de l’exposition aux contaminants environnementaux, de l’état nutritionnel de même que de l’activité et de la condition physiques2-5.

La TA élevée est l’une des principales causes de décès et d’incapacité dans le monde6, celle-ci étant à l’origine de 7,6 millions de décès prématurés et de 92 millions d’années de vie corrigées de l’incapacité par année. Chez les adolescents, l’hypertension est associée à l’augmentation de la masse ventriculaire gauche, à la dysfonction diastolique7, à la présence de stries lipidiques et de plaques d’athérome dans les artères coronaires et l’aorte8 et à l’épaississement des parois artérielles9. Il y a un lien entre les niveaux de TA dans l’enfance et les niveaux à l’adolescence10,11, indiquant qu’une TA élevée à un jeune âge est un facteur de risque d’hypertension à l’âge adulte. Ce lien augmente avec l’indice de masse corporelle (IMC), de sorte qu’il est le plus fort chez les jeunes qui font de l’embonpoint et qui sont obèses12,13.

L’information démographique touchant les niveaux de TA chez les enfants et les adolescents peut être utile du point de vue clinique et de la santé publique pour orienter la planification de la prévention, aider à établir des normes et faire le suivi des tendances au fil du temps. Toutefois, le Québec est la seule province canadienne qui dispose de mesures relativement récentes sur les jeunes : en 1999, entre 12 % et 23 % des jeunes de 9, 13 et 16 ans avaient une TA élevée ou à la limite supérieure de la tension normale14. Une étude effectuée en 2004 des niveaux de TA chez les jeunes Américains a révélé que de 1988‑1994 à 1999‑2000, la tension artérielle systolique (TAS) moyenne avait augmenté de 1,4 mmHg et la tension artérielle diastolique (TAD) moyenne, de 3,3 mmHg15. Un examen à plus long terme des tendances chez les jeunes Américains de 1963 à 2002 a également montré une légère augmentation de la prévalence de la TA élevée au cours des dix dernières années16. Toutefois, ces résultats ne sont pas constants. Par exemple, une étude menée auprès d’adolescents russes de 15 ans entre 1995 et 2004 a révélé une diminution marquée de la TAD chez les garçons et une diminution marquée de la TAS chez les garçons ainsi que chez les filles17. En outre, il est difficile de comparer les résultats d’études antérieures en raison des différentes méthodes d’enquête et des différents appareils de mesure utilisés.

Fondée sur les données de l’ECMS, cette étude présente les répartitions de la TA et les estimations de TA élevée pour un échantillon représentatif d’enfants et d’adolescents au Canada âgés de 6 à 19 ans.

Méthodes

Source des données

Les données sont tirées du cycle 1 de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS), dans le cadre de laquelle des renseignements ont été recueillis dans 15 emplacements de mars 2007 à la fin de février 2009. L’ECMS portait sur la population de 6 à 79 ans vivant dans des ménages privés. Les habitants des réserves indiennes ou des terres de la Couronne, les personnes vivant en établissement, les habitants de certaines régions éloignées et les membres à temps plein des Forces armées canadiennes régulières étaient exclus. Environ 96,3 % des Canadiens étaient représentés18.

L’approbation déontologique de la tenue de l’enquête a été obtenue du Comité d’éthique de la recherche de Santé Canada. Le consentement éclairé par écrit a été obtenu des participants de 14 ans et plus. Pour les enfants plus jeunes, outre le consentement écrit de l’enfant, on a obtenu celui d’un parent ou d’un tuteur légal. La participation était volontaire; les participants pouvaient se soustraire à n’importe quelle partie de l’enquête à tout moment.

Parmi les ménages sélectionnés pour participer à l’ECMS, le taux de réponse a été de 69,6 %, ce qui signifie que dans 69,6 % des ménages sélectionnés, le sexe et la date de naissance de tous les membres du ménage ont été fournis par un membre du ménage. Dans chacun des ménages, un ou deux membres ont été sélectionnés pour participer à l’enquête; 88,5 % des 6 à 19 ans sélectionnés ont répondu au questionnaire des ménages, et 86,9 % des membres des ménages ayant répondu au questionnaire ont participé à la composante subséquente dans un centre d’examen. Le taux de réponse final pour les 6 à 19 ans, après correction pour tenir compte de la stratégie d’échantillonnage, était de 53,5 %. Le présent article est fondé sur 2 079 participants de 6 à 19 ans qui se sont rendus aux centres d’examen (après élimination de huit participants, pour lesquels les données sur la TA étaient manquantes) (tableau A en annexe).

Tableau A Tailles des échantillons pour certaines caractéristiques, selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 6 à 19 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau A
Tailles des échantillons pour certaines caractéristiques, selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 6 à 19 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

Mesures

Au domicile du participant, un intervieweur a administré un questionnaire englobant les caractéristiques sociodémographiques, les antécédents médicaux, l’état de santé actuel et le mode de vie (tableau 1). Dans la composante des problèmes de santé chroniques du questionnaire, on a demandé aux participants de 12 ans et plus s’ils avaient une TA élevée (diagnostiquée par un professionnel de la santé et d’une durée réelle ou potentielle de six mois ou plus) et s’ils avaient pris des « médicaments pour l’hypertension » au cours du dernier mois.

Tableau 1 Certaines caractéristiques de l’échantillon (pondéré), selon le groupe d’âge et le sexe, population à domicile de 6 à 19 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau 1
Certaines caractéristiques de l’échantillon (pondéré), selon le groupe d’âge et le sexe, population à domicile de 6 à 19 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

Un jour à six semaines après l’entrevue à domicile, le participant à l’enquête s’est rendu dans un centre d’examen mobile pour y passer une série de mesures physiques, y compris l’anthropométrie, la tension artérielle, la fréquence cardiaque, la spirométrie, la condition physique, la santé buccodentaire et le prélèvement d’échantillons biologiques4. L’IMC a été calculé en divisant le poids exprimé en kilogrammes par le carré de la taille exprimée en mètres (kg/m2) et les participants ont été classés dans les catégories embonpoint, obésité ou ni l’un ni l’autre19,20. La TA a été mesurée après la collecte d’un échantillon d’urine, mais avant le prélèvement de sang et les tests de condition physique4.

La TA et la fréquence cardiaque ont été mesurées au moyen d’un appareil BpTRUMC BPM‑300 (BpTRUMC Medical Devices Ltd., Coquitlam [Colombie‑Britannique]). L’appareil BpTRUMC, un moniteur électronique automatisé, gonfle et dégonfle automatiquement le brassard autour du bras et s’appuie sur la technique oscillométrique pour calculer la TAS et la TAD. L’appareil a été soumis à des protocoles de validation internationaux pour en assurer l’exactitude21,22 .

Parmi les avantages de l’utilisation d’un appareil automatisé figure le fait qu’il permet de mesurer la TA en l’absence d’une autre personne, éliminant ainsi les erreurs d’observation comme les biais liés aux chiffres, la préférence pour les zéros et les taux de déflation incorrecte, et qu’il réduit « l’hypertension de consultation (effet blouse blanche) » (une augmentation de la TA associée à la présence d’un professionnel de la santé et aux procédures de mesure)23. Pour plus de détails sur les procédures et le protocole utilisés, y compris la formation du personnel, l’étalonnage de l’équipement et l’assurance et le contrôle de la qualité, voir « Mesure de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque au repos dans l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé, cycle 1 »24 .

Définitions

Les mesures de la TAS et de la TAD ont été établies par la moyenne du premier ensemble de mesures valides de la TA (cinq dernières des six mesures prises à une minute d’intervalle)24. Pour les personnes de 6 à 17 ans, selon l’âge et le sexe, la taille du participant ainsi que sa TAS et sa TAD moyennes ont été converties en valeurs z qui ont été utilisées ensuite pour calculer les percentiles individuels de TA conformément aux équations figurant à l’annexe B du quatrième rapport du National High Blood Pressure Education Program Working Group on High Blood Pressure in Children and Adolescents (NHBPEP4)25. Une fois ces percentiles calculés, les enfants et les jeunes dans ce groupe d’âge ont été classés en catégories de TA. En outre, les participants qui ont déclaré avoir pris des médicaments pour une TA élevée au cours du dernier mois ont été classés dans la catégorie TA « élevée », sans égard à leur percentile de TA (moins de dix participants). Le septième rapport du Joint National Committee on Prevention, Detection, Evaluation and Treatment of High Blood Pressure (JNC7) a été utilisé pour classer les jeunes de 18 ou 19 ans26. La classification du NHBPEP4 est parallèle à celle du JNC7.

Dans le cas des participants de 6 à 17 ans, on entendait par TA normale un percentile de TAS ou de TAD calculé inférieur au 90e percentile. Dans le cas des participants de 18 ou 19 ans, on entendait une TAS moyenne mesurée inférieure à 120 mmHg et une TAD moyenne mesurée inférieure à 80 mmHg. Cela correspond à la catégorie « normale » proposée par le NHBPEP4 et le JNC7.

Dans le cas des participants de 6 à 17 ans, on entendait par TA limite un percentile de TAS ou de TAD calculé supérieur ou égal au 90e percentile, mais inférieur au 95e percentile, ou une TAS/TAD mesurée supérieure à 120/80 mmHg, même si elle était inférieure au 90e percentile. Dans le cas des participants de 18 ou 19 ans, on entendait une TAS moyenne mesurée de 120 à 139 mmHg et une TAD moyenne mesurée de 80 à 89 mmHg; ou une TAS de 120 à 139 mmHg et une TAD inférieure à 80 mmHg; ou une TAS inférieure à 120 mmHg et une TAD de 80 à 89 mmHg. Cela correspond à la catégorie « pré‑hypertension » proposée par le NHBPEP4 et le JNC7.

Dans le cas des participants de 6 à 17 ans, TA élevée signifiait un percentile de TAS ou de TAD calculé supérieur ou égal au 95e percentile, ou la déclaration du participant à l’effet qu’il avait pris des médicaments pour la TA au cours du dernier mois. Dans le cas des participants de 18 ou 19 ans, on entendait par TA élevée une TAS/TAD moyenne mesurée égale ou supérieure à 140/90 mmHg, ou la déclaration du participant à l’effet qu’il avait pris des médicaments pour la TA au cours du dernier mois. Cela correspond à la catégorie « hypertension de stade 1 ou stade 2 » proposée par le NHBPEP4 et le JNC7.

Techniques d’analyse

Les données pondérées ont été analysées séparément selon le sexe et l’âge. Des estimations des proportions, des moyennes, des erreurs-types et des percentiles ont été produites. Les erreurs types, les coefficients de variation et les intervalles de confiance (IC) de 95 % ont été estimés en utilisant des poids bootstrap pour tenir compte du plan de sondage complexe de l’ECMS27,28. Les différences dans la TAS et la TAD entre les sexes ont été évaluées au moyen de tests t. Les analyses ont été effectuées au moyen du logiciel SUDAAN.

Résultats

La TAS moyenne (erreur-type) a augmenté avec l’âge, passant de 91(1) mmHg chez les garçons de 6 et 7 ans à 104(1) mmHg chez ceux de 18 et 19 ans; chez les filles, elle est passée de 92(1) à 99(1) mmHg entre les mêmes groupes d’âge (tableau 2). La TAS moyenne était comparable chez les garçons et les filles de 6 et 7 ans jusqu’à 10 et 11 ans, ainsi qu’à 14 et 15 ans. Toutefois, chez les jeunes de 12 et 13 ans et chez ceux de 16 à 19 ans, la TAS moyenne était plus élevée chez les garçons (p < 0,01). La TAS médiane était très proche de la moyenne dans toutes les catégories d’âge et de sexe.

Tableau 2 Répartition en percentiles des valeurs (mmHg) de tension artérielle systolique mesurée, selon le sexe et le groupe d’âge de deux ans, population à domicile de 6 à 19 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau 2
Répartition en percentiles des valeurs (mmHg) de tension artérielle systolique mesurée, selon le sexe et le groupe d’âge de deux ans, population à domicile de 6 à 19 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

La taille de l’échantillon était trop petite pour permettre de calculer les valeurs percentiles par année d’âge ou les valeurs du 95e percentile pour la plupart des tranches d’âge de deux ans. Pour les 6 à 11 ans, le 95e percentile (IC de 95 %) pour la TAS était de 105 (102 à 107) mmHg chez les garçons et de 106 (104 à 108) mmHg chez les filles. Pour les 12 à 19 ans, le 95e percentile pour la TAS était de 116 (113 à 119) mmHg chez les garçons et de 111 (108 à 114) mmHg chez les filles.

La TAD moyenne a également augmenté avec l’âge, mais moins que la TAS (tableau 3). De 6 et 7 ans à 18 et 19 ans, la TAD moyenne est passée de 59(1) à 65(1) mmHg chez les garçons et de 60(1) à 64(1) chez les filles. La TAD moyenne était comparable chez les garçons et chez les filles. La TAD médiane était très proche de la moyenne dans tous les groupes d’âge et de sexe.

Tableau 3 Répartition en percentiles des valeurs (mmHg) de tension artérielle diastolique mesurée, selon le sexe et le groupe d’âge de deux ans, population à domicile de 6 à 19 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau 3
Répartition en percentiles des valeurs (mmHg) de tension artérielle diastolique mesurée, selon le sexe et le groupe d’âge de deux ans, population à domicile de 6 à 19 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

En 2007‑2009, peu d’enfants et d’adolescents au Canada avaient une TA limite ou élevée; les taux étaient de 3,7 % (2,3 % à 6,0 %) chez les 6 à 11 ans et de 2,2 % (1.2 % à 4,0 %) chez les 12 à 19 ans (tableau 4).

Tableau 4 Répartition en pourcentage de la situation en matière de tension artérielle mesurée, selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 6 à 19 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau 4
Répartition en pourcentage de la situation en matière de tension artérielle mesurée, selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 6 à 19 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

La TAS moyenne était plus élevée chez les enfants et les adolescents qui faisaient de l’embonpoint ou qui étaient obèses (tableau 5). Les différences de TAS entre les catégories d’IMC étaient statistiquement significatives chez les garçons de 12 à 19 ans, chez les filles de 6 à 11 ans et dans les deux groupes d’âge lorsque les deux sexes ont été combinés. Les différences de TAD selon la catégorie d’IMC étaient moins apparentes, et statistiquement significatives seulement chez les garçons obèses de 12 à 19 ans.

Tableau 5 Valeurs moyennes mesurées de tension artérielle systolique (mmHg) et diastolique (mmHg), selon le groupe d’âge, le sexe et la catégorie d’indice de masse corporelle (IMC), population à domicile de 6 à 19 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau 5
Valeurs moyennes mesurées de tension artérielle systolique (mmHg) et diastolique (mmHg), selon le groupe d’âge, le sexe et la catégorie d’indice de masse corporelle (IMC), population à domicile de 6 à 19 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

Discussion

Le résultat principal de la présente analyse est la prévalence globale remarquablement faible de la TA limite ou élevée chez les enfants et les adolescents au Canada.

Toutefois, conformément aux résultats d’autres études14,15, la TAS moyenne était sensiblement plus élevée chez les garçons de 12 à 19 ans et chez les filles de 6 à 11 ans qui faisaient de l’embonpoint ou qui étaient obèses. On croit que l’excès de poids influe sur la TA en augmentant l’activité du système nerveux sympathique, qui est associée à la TAS. L’association entre le poids et la TAD était beaucoup moins prononcée.

Les niveaux généralement faibles de TA d’après les données de l’ECMS semblent incompatibles avec l’augmentation de la prévalence de l’obésité dans l’enfance et l’adolescence au Canada29,30. En outre, malgré une tendance au surpoids observée chez les jeunes dans d’autres pays, les niveaux de TA n’ont pas affiché de hausses cohérentes31. Ainsi, les augmentations de la TA au niveau de la population ne sont pas nécessairement la conséquence d’une augmentation de poids. D’autres travaux de recherche sont nécessaires pour expliquer ce paradoxe apparent.

Pour chaque catégorie d’âge et de sexe, la TAS moyenne des enfants et des adolescents au Canada était d’environ 10 mmHg inférieure à celle indiquée par les plus récentes données de la United States National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES)32. Les seules données récentes sur la TA portant sur un grand échantillon représentatif de jeunes au Canada ont été recueillies en 1999 dans le cadre de l’Enquête sociale et de santé auprès des enfants et des adolescents québécois (ESSEAQ) auprès de participants de 9, 13 et 16 ans14. Comparativement aux résultats de l’ESSEAQ, la TAS moyenne à ces âges dans l’ECMS était de 9, 16 et 20 mmHg inférieure chez les garçons et de 8, 17 et 16 mmHg inférieure chez les filles.

Les valeurs de l’ECMS pour la TAD étaient généralement supérieures aux résultats de la NHANES, soit en moyenne de 5 mmHg plus élevées chez les garçons et de 2 mmHg plus élevées chez les filles. Comparativement à l’ESSEAQ, les valeurs de l’ECMS étaient de 8, 7 et 7 mmHg supérieures chez les garçons de 9, 13 et 16 ans, respectivement, et de 9, 5 et 7 mmHg supérieures chez les filles des mêmes âges14 .

Les disparités entre les niveaux de TA dans les trois enquêtes peuvent tenir en partie aux différences entre les procédures et les instruments de mesure utilisés. Dans l’ECMS, on a utilisé l’appareil BpTRUMC, dans l’ESSEAQ, le DINAMAP (Critikon Co., Fl.) et dans la NHANES, des sphygmomanomètres au mercure. Ce dernier est reconnu depuis des années comme l’appareil de référence pour la mesure de la TA, mais il est de moins en moins utilisé pour les enfants parce que les instruments contenant du mercure sont en voie de disparition des environnements pédiatriques et que les méthodes d’auscultation sont sujettes à divers biais (préférences en matière de chiffres, arrondissement, hypertension de consultation [effet blouse blanche, etc.]). Les différences marquées entre l’ECMS et l’ESSEAQ peuvent être attribuables à des différences systématiques opposées entre la TA mesurée au moyen de manomètres au mercure et des appareils DINAMAP et BpTRUMC. Il a été signalé que le DINAMAP surestime la TAS d’environ 10 mmHg et sous‑estime légèrement la TAD, tandis que le BpTRUMC pourrait sous‑estimer légèrement la TAD (de 2,1 mmHg), comparativement au manomètre au mercure33. Dans la plupart des cas de TA limite ou élevée chez les participants à l’ECMS, il s’agissait d’une élévation de la tension diastolique plutôt que de la tension systolique, tandis que sur le plan clinique, la plupart des cas déclarés d’hypertension pédiatrique sont le résultat d’une augmentation de la TAS dont on croit qu’elle reflète, du moins en partie, l’hyperactivité du système nerveux sympathique. Contre‑intuitivement, les enfants de 6 à 11 ans étaient légèrement plus susceptibles d’avoir une TA limite ou élevée que les adolescents de 12 à 19 ans.

Les procédures de l’ECMS ont peut‑être également contribué à réduire la TAS moyenne. La mesure de la TAS dans une pièce calme et en l’absence de personnel a peut‑être favorisé la détente maximale du sujet, ce qui a eu pour effet de réduire l’activation sympathique et de faire baisser la TAS. En revanche, dans le cadre de l’ESSEAQ, les mesures ont été prises en milieu scolaire, habituellement dans une pièce où d’autres mesures liées à l’enquête étaient prises en même temps et en la présence d’un membre du personnel qui notait les lectures de la TA14,34 .

Limites

Le taux global de réponse à l’ECMS était légèrement supérieur à 50 %. Même si les poids de sondage ont été corrigés pour tenir compte des caractéristiques sociodémographiques de la population canadienne, il n’était pas possible de tenir compte des nombreux facteurs pouvant être associés aux niveaux de TA. Si les niveaux de TA des non‑participants différaient systématiquement de ceux des participants, il y aurait un biais de sélection. En outre, le nombre d’emplacements de collecte a été limité à 15 en raison des contraintes logistiques et de coût associées à l’utilisation de centres d’examen mobile18. On ne sait pas si cette stratégie d’échantillonnage a eu une incidence sur les résultats.

Conclusion

Un petit pourcentage de Canadiens de 6 à 19 ans ont une TA limite ou élevée. D’autres travaux de recherche sont nécessaires pour nous permettre de mieux comprendre les niveaux de TA et leurs facteurs déterminants, afin de maintenir des niveaux de tension artérielle sains tout au long de la vie.

Financement

Gilles Paradis est titulaire d’une chaire de recherche en santé publique appliquée des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Arnaud Chiolero est titulaire d’une bourse de doctorat des IRSC. Ian Janssen a reçu des bourses de nouveau chercheur de l’IRSC et du ministère de la Recherche et de l’Innovation de l’Ontario.

Remerciements

Nous tenons à remercier Liane Fransblow et Nathalie Theoret de leurs contributions.