Regards sur la société canadienne
Victimisation par intimidation chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genre au Canada

par Elena Prokopenko et Darcy Hango

Date de diffusion : le 18 octobre 2022

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Note de reconnaissance

Cette étude a été financée par Femmes et Égalité des genres Canada.

Aperçu de l’étude

L’intimidation — y compris le fait d’être la cible de moqueries ou d’insultes ou d’être exclu — peut avoir une foule de conséquences sur la santé et le bien-être des jeunes à court et à long terme. En plus des répercussions physiques et émotionnelles immédiates de l’intimidation, celle-ci peut nuire à la qualité de vie générale des jeunes tout au long de leur vie, ce qui aura une incidence sur leur participation et leur engagement par rapport à divers aspects de la vie et de la société. Au Canada, les personnes de la diversité sexuelle et de genre qui, dans la présente étude, sont les personnes transgenres, non binaires ou qui déclarent une attirance sexuelle pour des personnes du même genre, sont plus souvent la cible d’intimidation.

Fondée sur les résultats de l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes (2019), la présente étude permet de mieux comprendre l’ampleur et la gravité des expériences autodéclarées d’intimidation chez les jeunes (de 15 à 17 ans) de la diversité sexuelle et de genre. Dix formes d’intimidation y sont examinées, allant du fait de se faire moquer de soi à la destruction d’un de ses biens, ainsi que d’autres mesures sur la cyberintimidation, comme le fait d’avoir de l’information blessante à propos de soi affichée sur Internet. L’étude porte aussi sur le lien entre l’intimidation, la diversité sexuelle et de genre, et d’autres caractéristiques sociodémographiques, ainsi que le lien entre l’intimidation, la santé et le bien-être général des jeunes de la diversité sexuelle et de genre.

  • Dans l’ensemble, 7 jeunes sur 10 de 15 à 17 ans ont déclaré avoir subi une forme d’intimidation au cours de l’année précédente. Les jeunes de la diversité sexuelle et de genre (de 15 à 17 ans) étaient les plus à risque, 77 % ayant subi l’un ou l’autre des 10 comportements d’intimidation mesurés au moyen de l’enquête. Ce pourcentage est comparable à 69 % des jeunes cisgenresNote  qui sont attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent.
  • À l’exception de deux des dix formes d’intimidation mesurées au moyen de l’enquête, les jeunes de la diversité sexuelle et de genre étaient plus susceptibles d’être victimes d’intimidation que les jeunes cisgenres attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent. Les différences étaient particulièrement marquées pour trois formes d’intimidation : (1) se faire moquer de soi, injurier ou insulter par d’autres, (2) être exclu d’activités, et (3) faire l’objet de rumeurs propagées par d’autres.
  • La proportion de jeunes de la diversité sexuelle et de genre qui ont déclaré avoir subi de six à dix des dix comportements d’intimidation mesurés (16 %) était beaucoup plus élevée que celle enregistrée chez les autres jeunes (10 %).
  • Une proportion plus élevée d’incidents d’intimidation se sont produits de façon hebdomadaire ou quotidienne chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genre, comparativement à leurs homologues cisgenres qui ont déclaré être attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent (10 % par rapport à 6 %).
  • La fréquence la plus élevée de résultats négatifs en matière de santé mentale a été observée chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genre qui ont été intimidés, et ce même après avoir tenu compte d’une gamme de facteurs sociodémographiques. Par exemple, ces jeunes étaient les plus susceptibles de déclarer avoir envisagé de s’enlever la vie au cours de l’année précédente (27 %). Ce pourcentage représentait près du double de la probabilité enregistrée chez leurs homologues n’ayant pas été intimidés (16 %), ainsi que chez les jeunes cisgenres attirés uniquement par des personnes d’un genre différent ayant été intimidés (13 %). De plus, les jeunes cisgenres qui étaient attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent et qui n’avaient pas été intimidés étaient les moins susceptibles d’avoir envisagé de s’enlever la vie (environ 1 sur 20 ou 5 %).
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Introduction

Plusieurs études sur la victimisation ont révélé que les personnes de la diversité sexuelle et de genre sont plus susceptibles de vivre des expériences de victimisation, tant en ligne qu’en personneNote  . Par exemple, les résultats de l’Enquête sociale générale de 2014 sur la sécurité des Canadiens ont montré que les jeunes personnes lesbiennes, gaies et bisexuelles (de 18 à 29 ans) étaient environ deux fois plus susceptibles que les jeunes personnes hétérosexuelles d’avoir été cyberintimidées et cyberharcelées au cours des cinq années précédentesNote  . Une recherche canadienne plus récente s’appuyant sur les résultats de l’Enquête sur la sécurité individuelle au sein de la population étudiante postsecondaire a révélé que chez les personnes (de 18 à 24 ans, ou de 17 à 24 ans au Québec) qui fréquentent un établissement d’enseignement postsecondaire, les personnes LGBTQ2+ étaient deux fois plus susceptibles que leurs pairs hétérosexuels cisgenres d’avoir subi de la discrimination fondée sur l’identité de genre ou l’orientation sexuelleNote .

À l’échelle internationale, les données confirment aussi que le risque de harcèlement est plus élevé chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genre. Une étude nationale menée aux États-Unis parmi la population étudiante indique que la grande majorité (87 %) des individus de la diversité sexuelle et de genre ont subi une forme de harcèlement ou d’agression en raison de leurs caractéristiques personnelles au cours de l’année précédente. Les formes les plus courantes de harcèlement étaient le harcèlement verbal, le harcèlement sexuel et le harcèlement électronique (p. ex. par message texte, médias sociaux)Note  .

Les répercussions de la victimisation, y compris les gestes d’intimidation — dont le fait d’être la cible de moqueries, d’insultes ou d’exclusion — peuvent être particulièrement prononcées chez les jeunes de la diversité sexuelleNote  Note  et de genreNote  Note  . Par exemple, une étude a révélé que les jeunes de la diversité sexuelle et de genre qui ont été intimidés présentaient des taux supérieurs d’idées suicidaires et de tentatives de suicide que leurs homologues cisgenres hétérosexuelsNote  . De plus, des données longitudinales américaines ont permis de conclure que l’expression de la diversité de genre pendant l’enfance était associée à plus de symptômes de dépression plus tard à l’adolescence, et que la victimisation par intimidation représentait environ le tiers de l’effetNote  Note  .

Au-delà de ces répercussions, l’intimidation peut nuire à la qualité de vie générale des jeunes tout au long de leur vie, ce qui aura une incidence sur leur participation et leur engagement par rapport à divers aspects de la vie et de la société. Par exemple, le rendement scolaire et, ensuite, les possibilités de carrière et la sécurité financière peuvent être compromis. Selon une étude menée aux États-Unis, il y aurait un lien entre une faible moyenne pondérée cumulative, de faibles aspirations scolaires et la victimisation chez la population étudiante de la diversité sexuelle et de genreNote  .

En effet, l’intimidation peut exacerber des niveaux déjà élevés de mauvaise santé mentale, d’idées suicidaires et de consommation de substances chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genreNote  . Dans le Rapport de l’administratrice en chef de la santé publique sur l’état de la santé publique au Canada de 2019, on soulève et souligne l’importance d’examiner l’intersectionnalité entre la santé, la discrimination et la diversité sexuelleNote  . On trouve une explication pour les niveaux généralement plus élevés de problèmes de santé physique et mentale chez les personnes de la diversité sexuelle et de genre dans la théorie du stress minoritaireNote  . Cette théorie suppose que le stress causé par la dissimulation, les stéréotypes négatifs intériorisés et l’hypervigilance liée à un préjudice éventuel (c.-à-d. s’attendre à subir de la discrimination) est associé négativement à la santé mentale et physiqueNote  .

Le présent article traite des expériences d’intimidation au cours de l’année précédente (en 2018) chez les jeunes du secondaire (de 15 à 17 ans) qui déclarent une attirance pour des personnes du même genre et chez les jeunes transgenres et non binaires, quelle que soit leur attirance sexuelle. On peut ainsi comparer les expériences d’intimidation au cours de l’année précédente à celles des jeunes cisgenres attirés exclusivement par des personnes d’un genre différentNote  .

Cet article a pour but de rendre compte des expériences d’intimidation des jeunes de la diversité sexuelle et de genre et de les comparer avec celles de leurs homologues cisgenres attirés uniquement par des personnes d’un genre différent, et ce dans le but de mieux comprendre le lien entre l’attirance sexuelle et l’identité de genre, l’intimidation, et la santé et le bien-être. Dans la présente étude, l’expression « jeunes de la diversité sexuelle et de genre » est utilisée pour désigner les jeunes personnes transgenres, celles qui n’ont pas déclaré leur genre comme étant exclusivement masculin ou féminin (jeunes non binaires) et celles qui sont attirées par des personnes du même genre.

La diversité sexuelle et de genre chez les jeunes est liée à une probabilité accrue d’avoir subi de l’intimidation au cours de l’année précédente

Dans la présente étude, on définit l’orientation sexuelle au moyen d’une mesure de l’attirance sexuelle, recueillie à l’aide de l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes (ECSEJ). Cette mesure peut être utilisée pour illustrer la situation des jeunes de la diversité sexuelle qui pourraient ne pas avoir été sexuellement intimes avec quelqu'un, ou être moins susceptibles que leurs aînés de s’identifier à une identité sexuelle donnéeNote  . Selon  cette mesure et au moyen de renseignements sur le sexe à la naissance et le genre de la personne sondée, la proportion de la population de jeunes de 15 à 17 ans qui ont déclaré avoir au moins une certaine attirance pour des personnes du même genre est d’environ 18 % (près de 188 000 jeunes), alors que 82 % des jeunes ont déclaré être attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent (tableau 1).

Les personnes qui ont répondu à l’ECSEJ ont été questionnées à propos des expériences d’intimidation qu’elles ont vécu au cours de l’année précédente. Plus précisément, 10 formes différentes d’intimidation ont été évaluées, et ce en fonction de mesures allant du fait d’être la cible de moqueries à la destruction d’un de ses biens, ainsi que d’autres mesures portant sur la cyberintimidation, comme le fait d’avoir de l’information blessante à propos de soi affichée sur Internet (voir l’encadré Sources de données, méthodes et définitions). Près des trois quarts (70 %) des jeunes de 15 à 17 ans ont déclaré avoir subi une de ces 10 formes d’intimidation à diverses fréquences. Cependant, une plus grande proportion de jeunes transgenres ou non binaires ou qui éprouvent au moins une certaine attirance pour des personnes du même genre (comparativement aux jeunes cisgenres attiré uniquement par des personnes d’un genre différent) ont déclaré de telles expériences, c’est-à-dire 77 % par rapport à 69 %Note  . Ces résultats correspondent à ceux de recherches antérieures menées au Canada et aux États-UnisNote  .


Tableau 1
Proportion de jeunes de 15 à 17 ans intimidés au cours de l’année précédente, selon l’attirance sexuelle et l’identité de genre, 2019
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Proportion de jeunes de 15 à 17 ans intimidés au cours de l’année précédente. Les données sont présentées selon Attirance sexuelle et identité de genre (titres de rangée) et Total des jeunes de 15 à 17 ans et Jeunes de 15 à 17 ans intimidés au cours de l’année précédente(figurant comme en-tête de colonne).
Attirance sexuelle et identité de genre Total des jeunes de 15 à 17 ans Jeunes de 15 à 17 ans intimidés au cours de l’année précédente
chiffres pondérés pourcentage pourcentage
Jeunes de la diversité sexuelle et de genreTableau 1 Note  187 667 17,8 76,9Note *
Jeunes cisgenres attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent (réf.) 867 977 82,2 69
Total des jeunes de 15 à 17 ans 1 055 644 100 70,4

Faire l’objet de moqueries et se faire injurier sont les formes d’intimidation les plus courantes, quelles que soient l’attirance sexuelle ou l’identité de genre

Les formes d’intimidation n’entraînent pas toutes les mêmes répercussions, ne sont pas toutes le fait des mêmes auteurs et ne se produisent pas toutes aux mêmes endroits. La cyberintimidation, par exemple, peut avoir des répercussions sur les jeunes à la maison lorsqu’ils accèdent à leurs comptes de médias sociaux, tandis que l’intimidation physique est plus susceptible de se produire loin de la maison. La première forme d’intimidation est susceptible d’entraîner des répercussions négatives sur la santé émotionnelle et mentale, tandis que la deuxième peut entraîner des répercussions tant sur la santé physique que mentale. Le fait de connaître la prévalence de certaines formes particulières d’intimidation peut aider à cibler des domaines possibles de prévention et d’intervention.


Tableau 2
Prévalence de l’intimidation subie par les jeunes de 15 à 17 ans au cours de l’année précédente, selon la forme précise d’intimidation, l’attirance sexuelle et l’identité de genre, 2019
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Prévalence de l’intimidation subie par les jeunes de 15 à 17 ans au cours de l’année précédente. Les données sont présentées selon Formes d’intimidation (titres de rangée) et Total des jeunes de 15 à 17 ans, Attirance sexuelle et identité de genre, Jeunes de la diversité sexuelle et de genre et Jeunes cisgenres attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent (réf.) , calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Formes d’intimidation Total des jeunes de 15 à 17 ans Attirance sexuelle et identité de genre
Jeunes de la diversité sexuelle et de genreTableau 2 Note  Jeunes cisgenres attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent (réf.)
pourcentage
À fait l'objet de moqueries, s’est fait injurier ou insulter par d’autres 58,7 66,8Note * 56,9
Rumeurs propagées par d’autres 35,2 42,5Note * 33,6
Exclu(e) d’activités 32,4 40,0Note * 30,8
D'autres ont essayé de lui faire faire des choses contre son gré 18,7 23,2Note * 17,8
Menacé(e) ou insulté(e) en ligne ou par messages textes 18,6 22,1 17,8
D'autres l'ont poussé(e), bousculé(e) ou fait trébucher, ou lui ont craché dessus 17,2 19,2 16,8
Menacé(e) de blessures par d’autres 16,9 21,0Note * 16,1
Exclu(e) d’une communauté en ligne 13,4 17,4Note * 12,6
Information blessante affichée sur Internet 9,9 15,4Note * 8,7
Bien détruit par d’autres 9,7 12,9Note * 9,0

La forme d’intimidation la plus souvent déclarée pour tous les jeunes de 15 à 17 ans est le fait d’être l’objet de moqueries ou d’être insulté par d’autres (59 %) (voir le tableau 2). Il s’agit de la forme la plus courante, quelles que soient l’attirance sexuelle ou l’identité de genre (67 % pour les jeunes de la diversité sexuelle et de genre, et 57 % pour les jeunes cisgenres attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent). Les autres formes d’intimidation les plus fréquemment déclarées, quelles que soient l’attirance sexuelle ou l’identité de genre, étaient les rumeurs propagées et le fait d’être exclu d’activités.

En revanche, les formes d’intimidation les moins souvent déclarées sont le fait d’être exclu d’une communauté en ligne, d’avoir de l’information blessante à propos de soi affichée sur Internet et d’avoir un bien détruit par d’autres. Pour huit des dix formes, une proportion beaucoup plus importante de jeunes transgenres ou non binaires ou qui éprouvent au moins une certaine attirance pour des personnes du même genre ont déclaré avoir subi de l’intimidation, comparativement aux jeunes cisgenres attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent. Les exceptions concernent les formes d’intimidation suivantes : la personne a été menacée ou insultée en ligne ou par messages textes, et d’autres l’ont poussée, bousculée ou fait trébucher, ou lui ont craché dessus.

Les jeunes de la diversité sexuelle et de genre étaient beaucoup plus susceptibles de déclarer avoir subi de six à dix formes différentes d’intimidation

Dans la plupart des cas, le fait de subir différentes formes ou différents types d’intimidation peut avoir des répercussions plus dommageables sur les jeunes que de subir une seule forme d’intimidation. L’accumulation de stress et les problèmes de santé émotionnelle liés à l’intimidation sont susceptibles d’être exacerbés si une personne est intimidée de multiples façonsNote  . Les résultats présentés dans le tableau 3 montrent que les jeunes de la diversité sexuelle et de genre étaient beaucoup plus susceptibles de déclarer une ou plusieurs formes d’intimidation.


Tableau 3
Nombre de formes d’intimidation subies par les jeunes de 15 à 17 ans au cours de l’année précédente, selon l’attirance sexuelle et l’identité de genre, 2019
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre de formes d’intimidation subies par les jeunes de 15 à 17 ans au cours de l’année précédente. Les données sont présentées selon Nombre de formes d’intimidation (titres de rangée) et Total des jeunes de 15 à 17 ans, Attirance sexuelle et identité de genre, Jeunes de la diversité sexuelle et de genre et Jeunes cisgenres attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent (réf.), calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Nombre de formes d’intimidation Total des jeunes de 15 à 17 ans Attirance sexuelle et identité de genre
Jeunes de la diversité sexuelle et de genreTableau 3 Note  Jeunes cisgenres attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent (réf.)
pourcentage
Aucune 29,6 23,1Note * 31,0
Une ou deux 33,5 32,5 33,8
Trois à cinq 26,0 28,9 25,3
Six à dix 11,0 15,6Note * 10,0

Parallèlement, les jeunes de la diversité sexuelle et de genre étaient beaucoup plus susceptibles de déclarer avoir subi de six à dix formes différentes d’intimidation au cours des 12 mois précédents (16 %), c’est-à-dire un peu plus d’une fois et demie le pourcentage de jeunes cisgenres ayant déclaré une attirance exclusive pour des personnes d’un genre différent (10 %).

Les jeunes de la diversité sexuelle et de genre étaient près de deux fois plus susceptibles de déclarer subir de multiples formes d’intimidation sur une base hebdomadaire ou quotidienne

À l’instar des multiples formes d’intimidation, le fait de subir des épisodes fréquents et répétés d’intimidation est généralement plus dommageable que les incidents occasionnels. Une étude a révélé que le fait d’avoir vécu de l’intimidation fréquente entre l’âge de 8 et 10 ans augmentait le risque d’automutilation à 12 ansNote  . Dans le présent contexte, les personnes qui ont répondu à l’ECSEJ ont été questionnées sur la fréquence à laquelle elles ont subi les 10 formes d’intimidation au cours de l’année précédente. Aux fins de la présente étude, on définit l’intimidation fréquente comme se produisant au moins une fois par semaine (c.-à-d. toutes les semaines ou tous les jours)Note  .


Tableau 4
Nombre de formes d’intimidation subies par les jeunes de 15 à 17 ans, hebdomadairement ou quotidiennement au cours de l’année précédente, selon l’attirance sexuelle et l’identité de genre, 2019
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre de formes d’intimidation subies par les jeunes de 15 à 17 ans. Les données sont présentées selon Nombre de formes d’intimidation subies hebdomadairement ou quotidiennement au cours de l’année précédente (titres de rangée) et Total des jeunes de 15 à 17 ans, Attirance sexuelle et identité de genre, Jeunes de la diversité sexuelle et de genre et Jeunes cisgenres attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent (réf.), calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Nombre de formes d’intimidation subies hebdomadairement ou quotidiennement au cours de l’année précédente Total des jeunes de 15 à 17 ans Attirance sexuelle et identité de genre
Jeunes de la diversité sexuelle et de genreTableau 4 Note  Jeunes cisgenres attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent (réf.)
pourcentage
Aucune 84,4 80,5Note * 85,3
Une 9,3 9,8 9,2
Deux ou plus 6,3 9,7Note * 5,6

Le tableau 4 montre que les jeunes de la diversité sexuelle et de genre étaient beaucoup plus susceptibles que les jeunes cisgenres attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent de subir fréquemment de multiples formes d’intimidation. Plus particulièrement, 10 % des jeunes transgenres ou non binaires ou qui éprouvent une attirance pour des personnes du même genre ont subi deux ou plusieurs incidents d’intimidation toutes les semaines ou tous les jours, comparativement à 6 % des jeunes cisgenres attirés uniquement par des personnes d’un genre différent. Cependant, aucune différence n’a été observée entre les groupes lorsqu’une seule forme d’intimidation était subie.

Lien entre l’intimidation, l’attirance pour un genre et la santé mentale, les idées suicidaires et l’absentéisme scolaire

L’intimidation peut entraîner des répercussions sur le bien-être général. Le stress lié au fait d’être intimidé entraîne souvent une détérioration des résultats en matière de santé physique et mentale chez les victimesNote  . Dans certains cas, l’intimidation peut même augmenter le risque d’avoir des idées suicidaires et de consommer des substances de façon abusiveNote  . Ces résultats sont souvent interreliés. Par exemple, il existe un lien fort entre une mauvaise santé mentale et les idées suicidairesNote  . Dans cet article, trois indicateurs potentiels de bien-être sont examinés : la santé mentale, les idées suicidaires et l’absentéisme scolaire (s’absenter de l’école sans permission) (voir la section « Sources de données, méthodes et définitions »). Pour chacun des trois indicateurs, des régressions logistiques ont été estimées pour étudier le lien indépendant entre l’attirance sexuelle, l’identité de genre et l’intimidation par rapport au bien-être, et ce en tenant compte d’une gamme de facteurs sociodémographiques, ainsi que d’autres caractéristiquesNote  . Les estimations dérivées sont présentées dans le tableau 5.


Tableau 5
Lien entre l’attirance sexuelle, l'identité de genre, l’intimidation et certains indicateurs de bien-être chez les jeunes de 15 à 17 ansTableau 5 Note  Tableau 5 Note 1, 2019
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Lien entre l’attirance sexuelle. Les données sont présentées selon Attirance sexuelle, identité de genre et intimidation (titres de rangée) et Mauvaise santé mentale autodéclarée, A envisagé de s’enlever la vie au cours de l’année précédente et S'est absenté de l’école sans permission 3 fois ou plus au cours de l’année précédente , calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Attirance sexuelle, identité de genre et intimidationTableau 5 Note 2 Mauvaise santé mentale autodéclarée A envisagé de s’enlever la vie au cours de l’année précédente S'est absenté de l’école sans permission 3 fois ou plus au cours de l’année précédente
pourcentage
Tous les jeunes de 15 à 17 ans 16,1 13,2 14,7
Attiré(e)s par un genre différent, pas intimidé(e)s 5,6Note ** 4,7Note ** 9,1Note **
Attiré(e)s par un genre différent, intimidé(e)s 15,9Note ** 12,6Note ** 16,0Note *
Attiré(e)s par le même genre, pas intimidé(e)sTableau 5 Note  15,9Note ** 15,6Note ** 9,5Note **
Attiré(e)s par le même genre, intimidé(e)s (réf.)Tableau 5 Note  32,7 26,7 20,3

Après la prise en compte de facteurs sociodémographiques et socioéconomiques, la probabilité d’avoir une mauvaise santé mentale était beaucoup plus élevée chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genre qui avaient été intimidés au cours de l’année précédente, 33 % de ces jeunes qualifiant leur propre santé mentale de mauvaise. Ce pourcentage était deux fois plus élevé que la probabilité observée chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genre qui n’avaient pas été intimidés (16 %) et chez les jeunes intimidés qui étaient cisgenres et attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent (16 %).

En outre, les jeunes victimes d’intimidation présentaient un risque plus élevé de déclarer des idées suicidaires récentes, même si, là encore, ce phénomène était plus fréquent chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genre. En 2019, les jeunes victimes d’intimidation qui étaient attirés par des personnes du même genre ou qui étaient transgenres ou non binaires étaient deux fois plus susceptibles d’avoir envisagé de s’enlever la vie au cours de l’année précédente que les autres jeunes victimes d’intimidation (probabilités respectives de 27 % et de 13 %, après la prise en compte d’autres facteurs). Les jeunes cisgenres qui n’étaient pas victimes d’intimidation et qui étaient attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent étaient les moins susceptibles d’avoir eu des pensées suicidaires au cours de l’année précédente (5 %).

Il est probable qu’en raison d’une moins bonne santé mentale ou du désir d’éviter les actes d’intimidation, ou même des deux, les jeunes victimes d’intimidation étaient les plus susceptibles de faire l’école buissonnière. Après la prise en compte de facteurs sociodémographiques et socioéconomiques, la probabilité de s’être absenté de l’école trois fois ou plus au cours de l’année précédente était de 20 % chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genre victimes d’intimidation et de 16 % chez leurs homologues cisgenres victimes d’intimidation et attirés uniquement par des personnes d’un genre différent. En comparaison, la probabilité est de 10 % chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genre n’ayant pas été victimes d’intimidation et de 9 % chez les jeunes cisgenres attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent et n’ayant pas été victimes d’intimidation.

Conclusion

La victimisation par intimidation chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genre est en règle générale plus courante que chez la population hétérosexuelle et cisgenre au Canada. Dans la présente étude, une mesure de l’attirance sexuelle a été utilisée pour d’identifier la population de la diversité sexuelle et de genre qui présente un risque accru de subir de l’intimidation. Les jeunes de 15 à 17 ans qui étaient attirés par des personnes du même genre ainsi que les jeunes transgenres et non binaires ont été comparés avec les adolescentes et les adolescents cisgenres qui étaient attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent. La présente étude a montré que les jeunes transgenres ou non binaires et les jeunes qui avaient au moins une certaine attirance pour des personnes du même genre étaient beaucoup plus susceptibles d’avoir subi une forme d’intimidation au cours de l’année précédente (77 %) que les jeunes cisgenres attirés uniquement par des personnes d’un genre différent (69 %). Cette différence s’est maintenue même après avoir tenu compte d’une vaste gamme de facteurs sociodémographiques.

Les jeunes de la diversité sexuelle et de genre étaient plus susceptibles d’être victimes de presque l’ensemble des 10 formes d’intimidation mesurées au moyen de cette enquête. Les différences entre les jeunes de la diversité sexuelle et de genre et les jeunes cisgenres attirés uniquement par des personnes d’un genre différent étaient plus particulièrement prononcées pour trois formes d’intimidation : (1) être l’objet de moqueries, être injurié ou insulté par d’autres, (2) être exclu(e) d’activités, et (3) faire l’objet de rumeurs propagées par d’autres.

Les jeunes attirés par des personnes du même genre et les jeunes transgenres et non binaires avaient aussi subi un plus grand nombre de ces 10 formes d’intimidation que leurs homologues cisgenres attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent. Parallèlement, les jeunes de la diversité sexuelle et de genre étaient plus nombreux à subir de l’intimidation fréquente (c’est-à-dire sur une base hebdomadaire ou quotidienne) que les jeunes ayant déclaré être cisgenres et être attirés uniquement par des personnes d’un genre différent.

L’intimidation est souvent associée à des résultats négatifs en matière de santé physique et de bien-être. De nombreuses recherches ont traité de ces enjeux à l’aide d’un cadre théorique similaire à celui de la théorie du stress minoritaire, selon laquelle le stress chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genre associé au fait de cacher son orientation sexuelle ou identité de genre, ou à des actes de violence et d’intimidation pourrait se manifester par une mauvaise santé mentale, des idées suicidaires et de l’absentéisme scolaire. À l’instar des travaux antérieurs, la présente étude a révélé que le fait d’être victime d’intimidation et de déclarer une attirance pour des personnes du même genre ou d’être transgenre ou non binaire était lié à une moins bonne santé mentale, y compris à un risque accru d’idées suicidaires. Les résultats laissent aussi entendre que l’intimidation pourrait entraîner des répercussions sur la fréquentation scolaire. Les jeunes de la diversité sexuelle et de genre qui ont été intimidés au cours de l’année précédente étaient plus susceptibles de s’absenter fréquemment de l’école sans permission.

Pour la première fois au Canada, les données de l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes sont disponibles pour étudier l’intimidation chez les jeunes de la diversité sexuelle et de genre, et ce à partir d’un échantillon représentatif à l’échelle nationale. Ensemble, les résultats de cet article mettent en évidence certains enjeux chez une population adolescente rarement étudiée et qui est vulnérable à la victimisation. Les conclusions de cette étude améliorent notre compréhension des expériences d’intimidation vécues par les jeunes de la diversité sexuelle et de genre et de la relation qui s’ensuit avec les indicateurs de bien-être, et peuvent ainsi contribuer à orienter les politiques en matière de santé publique et d’éducation, de même que les politiques axées sur les jeunes. De plus, comme la population canadienne de la diversité sexuelle et de genre est en moyenne plus jeuneNote  , il est nécessaire de poursuivre la recherche axée sur les jeunes pour guider les programmes et les politiques à propos des enjeux auxquels cette population doit faire face.

Elena Prokopenko est analyste à la Diversité et Statistique socioculturelle, et Darcy Hango est chercheur principal au Centre de renseignements et d’innovation en données sociales.



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Sources de données, méthodes et définitions

Données

L’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes (ECSEJ) aborde des enjeux qui ont une incidence sur la santé physique et mentale des enfants et des jeunes, comme l’activité physique, l’utilisation d’appareils électroniques, le temps passé à l’école et les activités parascolaires. Les renseignements tirés de l’enquête servent à élaborer des programmes et des politiques qui aideront à améliorer la vie des enfants et des jeunes au Canada. L’ECSEJ de 2019 porte sur la population âgée de 1 à 17 ans au 31 janvier 2019 vivant dans les dix provinces et les trois territoires. Sont exclus du champ de l’enquête les enfants et les jeunes vivant dans des réserves des Premières Nations et d’autres établissements autochtones dans les provinces, les enfants et les jeunes vivant dans des foyers d’accueil et la population en établissement. Les données ont été recueillies du 11 février 2019 au 2 août 2019, directement auprès des personnes ayant répondues à l’enquête qui ont eu la possibilité de remplir le questionnaire en ligne. Les personnes qui n’avaient pas répondu au questionnaire au plus tard le 31 mars 2019 ont été contactées par une personne responsable de l’interview afin de le faire par téléphone.

La population d’intérêt pour l’étude actuelle est constituée des jeunes de 15 à 17 ans, car les questions sur les préférences en matière d’attirance sexuelle ont été posées uniquement aux jeunes de ces âges.

Mesures

Attirance sexuelle

On a questionné les jeunes de 15 à 17 ans sur leur attirance sexuelle en leur posant la question suivante : Les gens sont différents quant à leur attirance sexuelle pour les autres personnes. Qu’est-ce qui décrit le mieux tes sentiments? Dirais-tu que tu es : (1) Attiré seulement par les hommes, (2) Attiré surtout par les hommes, (3) Attiré autant par les femmes que par les hommes, (4) Attiré surtout par les femmes, (5) Attiré seulement par les femmes, (6) Pas certain.

Cette mesure est ensuite combinée au genre autodéclaré pour créer un indicateur de l’attirance sexuelle. Initialement, une variable de quatre catégories a été créée : (1) au moins une certaine attirance pour des personnes du même genre combinait l’ensemble des jeunes ayant déclaré être « seulement » ou « surtout » attirés par des personnes du même genre, (2) attirance égale pour des hommes et des femmes comprend les jeunes ayant déclaré avoir une attirance égale pour des femmes et des hommes, (3) attirance exclusivement pour des personnes d’un genre différent comprend les jeunes hommes ayant déclaré avoir seulement une attirance sexuelle pour les femmes, et les jeunes femmes ayant déclaré avoir seulement une attirance sexuelle pour les hommes, (4) pas certain sont les jeunes ayant déclaré être incertains à propos de leur attirance sexuelle. Les jeunes qui ont dit avoir au moins une certaine attirance pour des personnes du même genre ou une attirance égale pour des femmes et des hommes, et les jeunes transgenres ou non-binaires ont été regroupés et comparés avec les adolescentes et les adolescents cisgenres ayant déclaré être attirés exclusivement par des personnes d’un genre différent. Aux fins des analyses, les personnes qui ont déclaré être incertaines à propos de la cible de leur attirance sexuelle (4 % de l’ensemble des jeunes de 15 à 17 ans) ont été retirées, car il était difficile de déterminer avec certitude dans quel groupe les placer. De plus, elles représentent un groupe très important en soi (voir la note de bas de page 21 pour de plus amples renseignements).

Intimidation

L’ECSEJ comprend 10 éléments au sujet des expériences d’intimidation. La question particulière est la suivante : Il arrive que certaines personnes tourmentent, blessent ou contrarient intentionnellement d’autres personnes. Au cours des 12 derniers mois, à quelle fréquence as-tu vécu les situations suivantes?

  • Quelqu’un s’est moqué de toi, t’a injurié ou t’a insulté
  • Quelqu’un a fait circuler des rumeurs à ton sujet
  • Quelqu’un a menacé de te faire du mal
  • Quelqu’un t’a poussé, bousculé, fait trébucher ou craché dessus
  • Quelqu’un a essayé de te faire faire des choses contre ton gré
  • Quelqu’un t’a exclu par exprès d’activités
  • Quelqu’un a détruit par exprès tes biens
  • Quelqu’un a affiché de l’information blessante à ton sujet sur Internet
  • Quelqu’un t’a menacé ou insulté par courriel, par messagerie instantanée, par message texte ou dans un jeu en ligne
  • Quelqu’un t’a par exprès exclu d’une communauté en ligne

Pour chaque expérience, les personnes ayant répondue à l’enquête ont indiqué à quelle fréquence cet incident s’est produit en utilisant une échelle de Likert. Les catégories de réponse pour chaque type d’incident sont : 1 : Jamais; 2 : Quelques fois par année; 3 : Tous les mois; 4 : Toutes les semaines; 5 : Tous les jours.

Dans cette étude, les dix éléments ci-dessus sont utilisés dans trois versions différentes : (1) une version dichotomique combine toute fréquence d’intimidation (quelques fois par année ou plus) comparativement à jamais intimidé; (2) le nombre de types ou de formes d’intimidation est combiné en quatre catégories distinctes — aucune, une ou deux, trois à cinq, et six à dix; (3) la fréquence de l’intimidation pour l’ensemble des dix éléments est combinée pour former une mesure d’intimidation fréquente, par exemple, toutes les semaines ou tous les jours pour aucune des dix formes, pour une d’entre elles, ou pour deux ou plusieurs d’entre elles.

Dans cet article, trois résultats potentiels associés à l’intimidation et aux populations de la diversité sexuelle et de genre sont examinés : (1) la santé mentale, (2) les idées suicidaires, (3) l’absentéisme scolaire (s’absenter de l’école sans permission). La première mesure posait la question suivante aux personnes ayant participé à l’enquête : « En général, comment est ta santé mentale?» Les catégories de réponses sont les suivantes : excellente, très bonne, bonne, passable, mauvaise. La mesure de résultat est dichotomique; les personnes qui répondent « passable » ou « mauvaise » sont dans une catégorie, et celles qui répondent « excellente », « très bonne » et « bonne » sont dans l’autre catégorie. Les idées suicidaires sont mesurées à l’aide de la question suivante : « Au cours des 12 derniers mois, t’est-il arrivé de songer sérieusement à te suicider ou à t’enlever la vie?» L’absentéisme scolaire est mesuré à l’aide de la question suivante : « Au cours des 12 derniers mois, combien de fois as-tu manqué un jour d’école sans permission »? Les réponses étaient les suivantes : jamais, 1 ou 2 fois, 3 ou 4 fois, 5 fois ou plus. Aux fins de la présente étude, les réponses ont été regroupées en deux catégories : 3 fois ou plus, et 1 à 2 fois ou moins.

Renseignements additionnels

Articles connexes

Sources de données

Références bibliographiques

  1. Documents consultés
  2. Comment citer le présent article

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