Les régimes de pension d’employeur et le patrimoine des familles canadiennes

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par Derek Messacar et René Morissette

[Communiqué dans Le Quotidien] [Article intégral en PDF]

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Début de l'encadré

Aperçu de l'étude

La présente étude a pour but de comparer le patrimoine des unités familiales couvertes par des régimes de pension d’employeur à celui des autres unités familiales. Elle porte sur les familles et les personnes seules qui ne possédaient pas de capitaux propres importants dans une entreprise, et dont le soutien économique principal était une personne salariée âgée de 30 à 54 ans. L’article examine aussi la question de savoir si les différences de patrimoine observées entre les familles possédant des avoirs dans un régime de pension agréé (RPA) et les autres familles persistent lorsque certaines différences sociodémographiques entre les deux populations sont prises en compte.

  • En excluant les avoirs de retraite, la valeur nette médiane des unités familiales ayant des avoirs dans un RPA s’élevait à 210 600 $ en 2012, comparativement à 64 000 $ parmi les unités familiales sans avoirs dans un RPA.
  • Les unités familiales ayant des avoirs dans un RPA étaient plus susceptibles que les autres de posséder des caractéristiques propices à l’accumulation d’un patrimoine, comme un plus haut revenu, un plus haut niveau de scolarité et une plus longue durée d’emploi, entre autres caractéristiques.
  • En 2012, les familles ayant des avoirs dans un RPA étaient plus susceptibles que les familles n’en ayant pas de détenir d’autres types d’avoirs, y compris des biens immobiliers (82 % comparativement à 56 %), des placements ou des REER/CRI (79 % comparativement à 55 %), ou des véhicules (91 % comparativement à 76 %).
  • Après avoir tenu compte des différences relatives à des facteurs tels que le revenu et d'autres caractéristiques, les familles ayant des avoirs dans un RPA demeuraient plus susceptibles que les familles n’en ayant pas de posséder des placements ou des REER/CRI (un écart de 8 points de pourcentage au lieu de 24).
  • En 2012, les différences sur le plan du revenu et d’autres caractéristiques observables expliquaient environ les quatre dixièmes de la différence de valeur nette médiane et la moitié de la différence de valeur nette moyenne entre les deux types de familles.

Fin de l'encadré

Début du texte

Introduction

Pour la plupart des Canadiens, l’accumulation d’un patrimoine privé durant les années d’activité est essentielle au maintien d’un niveau de vie confortable à la retraite. Pour bon nombre d’entre eux, les régimes de pension agréés (RPA) parrainés par les employeurs ont été un élément important de ce processus. Néanmoins, l’évolution de la conjoncture économique au cours des dernières décennies a incité certains employeurs à ne plus offrir de régime de pensionNote 1.

Une question importante à cet égard est celle de savoir si les familles qui ne sont pas couvertes par des RPA accumulent autant de patrimoine que leurs homologues qui participent à ce genre de régime. Il se pourrait que les participants à un RPA bénéficient directement de l’accumulation des cotisations de l’employeur au régime de pension et, par conséquent, arrivent à amasser un patrimoine privé plus important que les nonparticipants. Les règles d’immobilisation des cotisations aux RPA ― le fait que l’argent investi dans ces régimes ne peut habituellement pas être retiré avant la retraite ― pourrait aussi faciliter l’épargne dans la mesure où elle constitue un mécanisme d’engagement par rapport à l’épargne. En revanche, les non-participants pourraient compenser l’absence d’épargne en milieu de travail en accumulant plus de patrimoine que les participants à un RPA dans d’autres comptes de retraite, dans des actions ou des obligations, ou des biens immobiliers, de sorte que les deux groupes auraient des revenus de remplacement comparables à la retraite, indépendamment de leur accès à un régime de pension. Des études antérieures visant à déterminer dans quelle mesure les régimes de pension d’employeur accroissent l‘avoir net ou incitent les travailleurs à réduire leur épargne dans d’autres comptes d’actifs ont produit des résultats contradictoires. Selon certaines études, les régimes de pension d’employeur accroissent l’épargne privéeNote 2, tandis que selon d’autres, ces régimes donnent simplement lieu à une redistribution des avoirs à travers les comptes d’actifsNote 3.

Afin d’apporter de nouveaux éléments de réponse à cette question, la présente étude compare le patrimoine des familles qui sont couvertes (ou ont été couvertes) par des régimes de pension d’employeur à celui des autres familles. Au moyen de données tirées des vagues de 1999 et de 2012 de l’Enquête sur la sécurité financière (ESF), l’étude se concentre sur les familles et les personnes seules ne possédant pas de capitaux propres importants dans une entreprise (moins de 1 000 $) et dont le soutien économique principal est une personne salariée âgée de 30 à 54 ans (voir Sources de données, méthodes et définitions). Au sein de cette population, l’étude examine les sources des différences de patrimoine entre les unités familiales ayant des avoirs dans un RPA ― celles dans lesquelles au moins une personne déclare être couramment, ou avoir été dans le passé, un participant à un RPA ― et celles ne possédant pas d’avoirs dans un RPANote 4. Puisque la majorité des familles et des personnes seules ayant des avoirs dans un RPA sont couvertes par des régimes de pension à prestations déterminées (RPD), le patrimoine des participants à un RPD est également comparé à celui des non-participants à un RPANote 5. Tout au long de l’article, les valeurs du patrimoine et du revenu sont exprimées en dollars de 2012 en utilisant l’Indice d’ensemble des prix à la consommation comme déflateur.

Le patrimoine des familles ayant des avoirs dans un RPA et celles qui n'en ont pas

Que leurs avoirs de retraite soient inclus ou non, les unités familiales ayant des avoirs dans un RPA disposaient de plus de patrimoine que celles sans avoirs dans un RPA (graphique 1). En excluant les avoirs de retraite, la valeur nette médiane des unités familiales ayant des avoirs dans un RPA s’établissait à 210 600 $ en 2012, soit plus de trois fois la valeur nette médiane de 64 000 $ des autres unités familiales. Les différences de patrimoine entre les deux groupes étaient significativement plus élevées quand les avoirs de retraite étaient inclus. En 2012, la valeur nette médiane des familles ayant des avoirs dans un RPA augmentait alors pour atteindre environ 350 000 $. Même si pareille constatation s’imposait également en 1999, les différences de patrimoine entre les deux groupes étaient plus prononcées en 2012.

Graphique 1 Valeur nette médiane, familles avec et sans avoirs dans un RPA, 1999 et 2012

Description du graphique 1

Les différences de patrimoine entre les deux types de familles persistaient quand celles ayant des avoirs dans un RPA étaient classées selon le genre de couverture du soutien économique principal, c’est-à-dire un régime à prestations déterminées (RPD), un régime à cotisations déterminées ou un autre type de régime, ou l’absence de couverture du soutien économique principal par un régime de pension au moment de la collecte des données de l’enquête (tableau 1)Note 6.. Par exemple, la valeur médiane du patrimoine des unités familiales dont le soutien économique principal était couvert par un régime à prestations déterminées en 2012 se chiffrait à 381 200 $, ou environ 100 000 $ de plus que la valeur médiane des familles dont le soutien économique principal était couvert par un régime à cotisations déterminées ou un autre type de régime. De tous les participants à un RPD, ceux ayant un emploi dans les secteurs des administrations publiques, des services d’enseignement, et des soins de santé et de l’assistance sociale affichaient la valeur nette médiane la plus élevée (473 400 $)Note 7.

Tableau 1
Valeur nette médiane, familles avec et sans avoirs dans un RPA, 1999 et 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau 1 Valeur nette médiane Valeur nette médiane, Proportion d’unités familiales, 1999 et 2012(figurant comme en-tête de colonne).
  Valeur nette médiane Proportion d’unités familiales
1999 2012 1999 2012
dollars de 2012 pourcentage
Unités familiales sans avoirs dans un RPA 55 413 64 000 39,1 38,7
Unités familiales avec avoirs dans un RPA 208 225 353 140 60,9 61,3
Soutien économique principal couvert par  
Un régime à prestations déterminées 221 718 381 160 44,8 38,3
Un régime à prestations déterminées hors des secteurs des administrations publiques, des services d’enseignement, et des soins de santé et de l’assistance sociale 212 215 292 989 26,0 17,9
Un régime à prestations déterminées dans les secteurs des administrations publiques, des services d’enseignement, et des soins de santé et de l’assistance sociale 236 665 473 394 18,8 20,4
Un régime à cotisations déterminées ou d’un autre type 184 313 288 244 6,9 12,3
Aucun RPANote 1 159 790 341 082 9,2 10,7

Prise en compte des différences de caractéristiques entre les familles ayant des avoirs dans un RPA et celles qui n'en ont pas

Au sens comptable, les familles ayant des avoirs dans un RPA pourraient posséder un plus grand patrimoine que les familles n’en ayant pas pour deux raisons. Elles pourraient manifester une plus grande propension à détenir certains avoirs, et quand elles détiennent un certain type d’avoir en particulier, la valeur des actifs possédés est peut-être plus grande. Ces différences pourraient à leur tour être attribuables, du moins en partie, à des différences sur le plan des caractéristiques propices à l’accumulation d’un patrimoine, comme le niveau de scolarité, la structure familiale, le revenu et la durée de l’emploiNote 8.

Cette question peut être examinée en comparant les caractéristiques des deux groupes d’unités familiales. En premier lieu, les soutiens économiques principaux des familles ayant des avoirs dans un RPA étaient un peu plus âgés que ceux des autres familles (tableau 2). En outre, ceux appartenant à des familles ayant des avoirs dans un RPA avaient un plus haut niveau de scolarité, étaient plus susceptibles d’être nés au Canada et de vivre en couple, étaient proportionnellement plus nombreux à être syndiqués ou employés dans les secteurs des administrations publiques, des services d’enseignement, et des soins de santé et de l’assistance sociale, et occupaient leur emploi depuis plus longtemps que leurs homologues dans les familles sans avoirs dans un RPA.

Tableau 2
Statistiques descriptives, familles avec et sans avoirs dans un RPA, 1999 et 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau 2 Statistiques descriptives 1999, 2012, Unités familiales avec avoirs dans un RPA, Non, Oui et Oui RPD(figurant comme en-tête de colonne).
  1999 2012
Unités familiales avec avoirs dans un RPA
Non Oui Oui RPD Non Oui Oui RPD
âge
Âge moyen du soutien économique principal 40,2 41,8 42,2 41,1 42,8 42,6
  pourcentage
Pourcentage des soutiens économiques principaux qui  
Ont un diplôme d’études secondaires ou moins 40,9 27,1 26,6 38,4 24,2 20,6
Ont un baccalauréat ou plus 16,4 26,6 27,8 25,3 36,7 39,4
Sont nés au Canada 71,8 82,4 83,3 69,6 81,0 83,7
Sont syndiqués 14,6 55,6 67,3 11,5 48,6 65,6
Ont une durée d’emploi de 10 ans ou plus 21,3 51,0 59,7 19,0 41,7 43,6
Sont employés dans les secteurs des administrations publiques, des services d’enseignement, et des soins de santé et de l’assistance sociale 10,2 34,2 42,0 13,0 36,9 53,2
Vivent en couple 55,7 72,8 70,7 53,4 69,1 66,3
    dollars de 2012
Revenu familial après impôt  
Moyen 48 946 74 513 73 536 60 092 91 064 88 880
Médian 43 031 69 297 68 624 51 644 82 579 81 866
  nombre
Taille moyenne de la famille 2,8 3,1 3,0 2,6 3,1 3,0
  dollars
Valeur nette médiane 55 413 208 225 221 718 64 000 353 140 381 160
  nombre
Taille de l’échantillon 2 048 3 370 2 437 1 228 2 346 1 478

Ainsi, plus du tiers des soutiens économiques principaux des familles ayant des avoirs dans un RPA étaient titulaires d’un baccalauréat ou plus en 2012. La proportion correspondante pour leurs homologues dans les autres familles était de 25 %. Environ 40 % des soutiens économiques principaux vivant dans les familles ayant des avoirs dans un RPA travaillaient pour leur employeur depuis au moins 10 ans en 2012, soit deux fois la proportion observée chez les autres soutiens économiques principaux. Les familles ayant des avoirs dans un RPA affichaient aussi de plus hauts niveaux de revenu et étaient donc mieux placées pour accumuler un patrimoine au moyen de l’épargne que les familles non couvertes par un RPA. En somme, les familles ayant des avoirs dans un RPA différaient des autres familles à plusieurs égards, ce qui pourrait avoir une incidence sur leur épargne annuelle et, donc, leur capacité à accumuler un patrimoine. Ces résultats seront pris en compte plus bas dans les analyses multivariées.

Les familles ayant des avoirs dans un RPA et celles n’en ayant pas différaient également en ce qui concerne leur propension à détenir divers types d’avoirs. Tant en 1999 qu’en 2012, les familles participant à un RPA étaient significativement plus susceptibles (l’écart étant d’au moins 25 points de pourcentage) de détenir des régimes enregistrés d’épargne-retraite ou des comptes de retraite immobilisés (REER/CRI) ou un avoir dans une résidence principale (tableau 3). Les familles ayant des avoirs dans un RPA étaient aussi proportionnellement plus nombreuses à détenir également d’autres types d’avoirs, quoique la différence fût relativement faible dans le cas des avoirs détenus par la vaste majorité des familles (p. ex., dépôts).

Tableau 3
Pourcentage d’unités familiales détenant des avoirs ou des dettes, familles avec et sans avoirs dans un RPA, 1999 et 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau 3 Pourcentage d’unités familiales détenant des avoirs ou des dettes 1999, 2012, Unités familiales avec avoirs dans un RPA, Non, Oui et Oui RPD(figurant comme en-tête de colonne).
  1999 2012
Unités familiales avec avoirs dans un RPA
Non Oui Oui RPD Non Oui Oui RPD
pourcentage
Avoirs  
Dépôts 84,5 91,0 91,0 92,1 92,7 92,2
Placements 20,2 41,3 42,4 16,2 28,8 28,1
REER/CRI 55,7 81,1 81,9 50,7 75,3 73,7
Placements ou REER/CRI 58,8 85,0 86,0 55,3 78,7 77,9
Résidence principale 50,8 76,9 77,7 50,5 79,0 78,6
Autres biens immobiliers 12,3 17,0 17,2 14,3 19,6 20,1
Résidence principale ou autres biens immobiliers 55,4 79,5 80,6 56,0 82,0 82,2
Véhicules 77,4 90,9 90,4 76,2 91,2 90,1
Avoirs dans un RPA Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 100,0 100,0 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 100,0 100,0
Autres avoirs 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Dettes  
Hypothèque sur la résidence principale 38,6 57,2 57,0 39,5 60,7 60,9
Autres dettes 71,0 77,9 77,5 73,7 80,9 82,6

Par exemple, 82 % des familles ayant des avoirs dans un RPA possédaient une résidence principale ou d’autres biens immobiliers en 2012, comparativement à 56 % des autres familles. Les familles ayant des avoirs dans un RPA étaient également plus susceptibles de détenir des placements ou des REER/CRI (79 % comparativement à 55 % pour les familles sans avoirs dans un RPA) et des véhicules (91 % comparativement à 76 %). Du côté des dettes, les familles ayant des avoirs dans un RPA étaient également plus susceptibles d’avoir une dette hypothécaire (61 % comparativement à 40 %) ou d’autres dettes (81 % comparativement à 74 %).

Les différences de valeur moyenne des avoirs selon la participation à un RPA peuvent également être examinées pour chaque catégorie d’avoirs. Dans ce cas, l’analyse est axée sur les unités familiales qui ont acquis des formes particulières d’avoirs, puisque celles qui ne détiennent pas la catégorie correspondante d’avoirs sont exclues des calculs.

Les résultats sans l’ajout de variables de contrôle indiquent que, pour chaque catégorie d’avoirs, le montant moyen détenu par les familles couvertes par un RPA était plus élevé que celui des familles sans RPA, tant en 1999 qu’en 2012 (tableau 4).

Tableau 4
Différences entre les familles avec des avoirs dans un RPA et celles sans avoirs dans un RPA dans la valeur moyenne des avoirs, 1999 et 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau 4 Différences entre les familles avec des avoirs dans un RPA et celles sans avoirs dans un RPA dans la valeur moyenne des avoirs 1999, 2012, Variables de contrôle, Pas de variables de contrôle, Revenu familial et Revenu familial et autres(figurant comme en-tête de colonne).
  1999 2012
Variables de contrôle
Pas de variables de contrôle Revenu familial Revenu familial et autres Pas de variables de contrôle Revenu familial Revenu familial et autres
dollars
Différences entre les unités familiales avec avoirs dans un RPA et celles sans avoirs dans un RPA  
Dépôts 3 398 - 653Note * -1 703Note * 6 225 545Note * - 661Note *
Placements ou REER/CRI 11 317Note * -5 439Note * -13 127Note * 32 268 -3 007Note * 1 295Note *
Valeur nette des biens immobiliers 26 814 1 275Note * 2 974Note * 29 646Note * -24 142Note * -4 709Note *
Véhicules 6 567 2 373 1 528 7 483 2 168 2 336
Autres actifs 10 645 2 769 1 134Note * 17 784 4 881 4 311Note *
Différences entre les unités familiales dont le soutien économique principal est couvert par un RPD et celles sans avoirs dans un RPA  
Dépôts 3 602 -88Note * -1 755Note * 6 475 1 354Note * 1 149Note *
Placements ou REER/CRI 9 140Note * -3 441Note * -14 578Note * 19 423 -9 513Note * 922Note *
Valeur nette des biens immobiliers 26 526 3 944Note * 6 110Note * 13 455Note * -33 183 -15 624Note *
Véhicules 6 714 2 709 1 851 7 167 2 246 2 660
Autres actifs 10 848 3 833Note * 2 218Note * 17 147 5 168 7 563

Ainsi, les familles ayant des avoirs dans un RPA qui détenaient des placements financiers (p. ex., actions et obligations) ou des REER possédaient, en moyenne, environ 32 000 $ de plus de ce genre d’avoirs que les autres familles en 2012. Les familles avec des RPA propriétaires d’une résidence principale ou d’autres biens immobiliers possédaient, en moyenne, autour de 27 000 $ de plus en avoirs nets sur des biens immobiliers que les familles sans RPA en 1999, et environ 30 000 $ de plus en 2012.

En résumé, les familles avec des RPA avaient tendance à être proportionnellement plus nombreuses que les autres familles à détenir des avoirs définis au sens large, et, quand elles détenaient ce genre d’avoirs, les montants moyens qu’elles possédaient étaient supérieurs à ceux détenus par leurs homologues sans RPA dans chaque catégorie d’avoirs (graphique 2)Note 9. La même conclusion s’appliquait aux familles couvertes par des régimes à prestations déterminées.

Graphique 2 Valeur moyenne des avoirs, familles avec et sans avoirs dans un RPA, 2012

Description du graphique 2

La prochaine étape consiste à déterminer dans quelle mesure ces différences de patrimoine s’expliquent par des différences sur le plan des caractéristiques observables des familles. Cela peut se faire en procédant à des analyses multivariées avec ajout de variables de contrôle pour un certain nombre de facteurs, dont le revenu familial après impôt, la taille de la famille, l’état matrimonial et la région de résidence, ainsi que l’âge, le sexe, le niveau de scolarité, le statut d’immigrant, le statut syndical, le secteur d’emploi et la durée d’occupation de l’emploi du soutien économique principalNote 10.

Même s’il faut s’attendre à ce que les différences de revenu entre les familles ayant des avoirs dans un RPA et celles n’en ayant pas soient le déterminant le plus important de la différence de patrimoine, d’autres facteurs pourraient aussi contribuer à l’explication des différences de comportement d’épargne entre les deux types de familles. Ainsi, certaines personnes pourraient être plus susceptibles d’être membres d’un syndicat en raison d’une préférence pour des avantages non salariaux, y compris une pension. En outre, la prise en compte simultanée de la rémunération, du niveau de scolarité et de la durée d’occupation de l’emploi fournit une mesure indirecte mais appropriée du revenu permanent, un concept qui traduit mieux la capacité des familles à épargner que le revenu courantNote 11.

En l’absence de variables de contrôle pour tenir compte de ces différences, les familles couvertes par un RPA étaient au moins 25 points de pourcentage plus susceptibles que celles ne l’étant pas de détenir des REER/CRI ou de posséder une résidence principale en 1999 ainsi qu’en 2012. Cependant, cet écart était moindre après avoir tenu compte des différences entre les deux groupes en ce qui concerne le revenu familial et d’autres variables explicatives (tableau 5). En particulier, lorsque des variables de contrôle ont été ajoutées pour le revenu familial et d’autres caractéristiques, les unités familiales ayant des avoirs dans un RPA étaient environ 10 points de pourcentage plus susceptibles de posséder une résidence principale que leurs homologues n’ayant pas d’avoirs dans un RPA en 2012 (au lieu de 29 points de pourcentage). Des tendances semblables ont également été observées pour d’autres catégories d’avoirs et de dettes.

Tableau 5
Différences entre les familles avec avoirs dans un RPA et celles sans avoirs dans un RPA dans la propension à détenir certains types d'actifs ou de dettes, en points de pourcentage, 1999 et 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau 5 Différences entre les familles avec avoirs dans un RPA et celles sans avoirs dans un RPA dans la propension à détenir certains types d'actifs ou de dettes 1999, 2012, Variables de contrôle, Pas de variables de contrôle, Revenu familial et Revenu familial et autres(figurant comme en-tête de colonne).
  1999 2012
Variables de contrôle
Pas de variables de contrôle Revenu familial Revenu familial et autres Pas de variables de contrôle Revenu familial Revenu familial et autres
points de pourcentage
Différences entre les unités familiales avec avoirs dans un RPA et celles sans avoirs dans un RPA  
Avoirs  
Dépôts 6,5 4,4 3,8 0,6Note * -0,5Note * -1,5Note *
Placements 21,1 12,7 9,4 12,6 5,8 3,9Note *
REER/CRI 25,4 11,0 6,6 24,5 10,5 8,5
Placements ou REER/CRI 26,2 1,7 7,6 23,5 10,5 7,9
Résidence principale 26,0 10,2 6,0 28,5 10,6 9,6
Autres biens immobiliers 4,7 1,5Note * -0,4Note * 5,3 -1,3Note * -0,3Note *
Résidence principale/autres biens immobiliers 24,2 9,1 5,2 26,0 9,8 7,8
Véhicules 13,5 4,9 3,7 15,0 6,3 7,6
Dettes  
Hypothèque sur la résidence principale 18,6 7,0 5,9 21,2 8,5 9,6
Autres dettes 6,9 3,8 3,8 7,2 4,9 4,7
Différences entre les unités familiales dont le soutien économique principal est couvert par un RPD et celles sans avoirs dans un RPA  
Avoirs  
Dépôts 6,5 4,3 3,6 0,1Note * -1,3 -3,7Note *
Placements 22,2 14,1 11,6 11,9 6,0 3,4Note *
REER/CRI 26,2 12,0 7,0 23,0 9,3 7,1
Placements ou REER/CRI 27,2 14,0 8,4 22,7 10,2 6,7
Résidence principale 26,9 11,1 5,2 28,1 10,3 10,8
Autres biens immobiliers 5,0 2,1Note * -0,4Note * 5,8 2,2Note * 2,5Note *
Résidence principale/autres biens immobiliers 25,2 10,4 5,1 26,2 10,2 10,0
Véhicules 12,9 4,1 2,4Note * 13,9 4,6Note * 7,5
Dettes  
Hypothèque sur la résidence principale 18,5 7,0 5,2 21,4 8,4 10,7
Autres dettes 6,5 3,5Note * 3,3Note * 9,0 7,2 8,7

Fait intéressant, la variable de contrôle du revenu, à elle seule, a presque le même effet que l’ensemble des variables de contrôle, ce qui implique que les différences de revenu familial sont un déterminant important des différences de patrimoine entre les deux groupes. Cela n’est pas étonnant, puisque le revenu d’emploi représente une ressource de base pour accumuler un patrimoine privé.

Cependant, l’ajout de variables de contrôle pour les caractéristiques observables n’explique pas complètement les différences de propension à détenir des placements ou des REER/CRI, ou à posséder un avoir dans une résidence principale. Après la prise en compte du revenu et des autres caractéristiques observables, les familles ayant des avoirs dans un RPA demeuraient environ huit points de pourcentage plus susceptibles (à la fois en 1999 et en 2012) de détenir des placements ou des REER/CRI que les familles n’ayant pas d’avoirs dans un RPA (voir les troisième et sixième colonnes du tableau 5). Donc, des différences significatives de répartition du portefeuille d’avoirs persistent entre les deux types de familles même après avoir tenu compte de l’effet du revenu et d’autres caractéristiques. Cela donne à penser que les familles ayant des avoirs dans un RPA et celles n’en ayant pas ont des comportements d’épargne intrinsèquement différents, ou finissent par détenir un portefeuille d’avoirs dont la répartition est différente à cause de l’effet des régimes de pension d’employeur.

Par contre, les différences entre les montants moyens détenus dans des types particuliers d’avoirs (chez ceux détenant ces types d’avoirs) s’expliquaient principalement par des différences de revenu. Ainsi, en 2012, les familles ayant des avoirs dans un RPA détenaient, en moyenne, 32 000 $ d’avoirs de plus sous forme de placements ou de REER/CRI que leurs homologues n’ayant pas d’avoirs dans un RPA; toutefois, cette différence devenait négative et n’était plus statistiquement significative après que l’on ait tenu compte des différences de revenu (voir les quatrième et cinquième colonnes du tableau 4). Les différences de valeur nette des biens immobiliers observées entre les deux groupes en 2012 sont également devenues négatives après que l’on ait tenu compte des différences de revenu. Des résultats semblables ont été obtenus en comparant les participants à un régime à prestations déterminées aux non-participants à un RPA.

Globalement, les résultats des tableaux 3 à 5 montrent que les différences relatives au revenu familial et à d’autres caractéristiques propices à l’accumulation d’un patrimoine observées entre les familles ayant des avoirs dans un RPA et celles n’en ayant pas expliquaient une plus grande part des différences de valeur moyenne observées pour des types particuliers d’avoirs (conditionnellement à la possession de ces avoirs) que des différences de propension à détenir des avoirs particuliers. Cette constatation soulève la question de savoir dans quelle mesure les différences relatives au revenu familial et à d’autres caractéristiques expliquent les différences observées entre les deux groupes sur le plan de la valeur médiane et de la valeur moyenne du patrimoine. Le patrimoine (ou valeur nette) est défini comme étant la valeur globale des avoirs, moins le montant total des dettes détenues par les membres de la famille.

Évaluation du rôle possible du parrainage par l'employeur

La participation à un RPA peut aider directement les familles à surmonter les coûts et les défis associés à la planification de la retraite, mais il est concevable que les travailleurs ayant de plus grandes prédispositions à l’épargne se joignent à une entreprise en fonction de l’accès à un régime de pension ou que les entreprises choisissent d’offrir des régimes de pension en fonction de la demande de leurs travailleursNote 12. Bien qu’il soit impossible d’observer de telles demandes de la part des travailleurs ou une disposition plus ou moins grande à l’épargne à partir des données utilisées dans la présente étude, il est possible de calculer pour les deux groupes des estimations de la valeur médiane et de la valeur moyenne du patrimoine qui font abstraction des différences sur le plan des caractéristiques familiales (comme le revenu).

Une expérience idéale en vue d’évaluer l’effet possible du parrainage de l’employeur sur la formation du patrimoine consisterait à répartir aléatoirement les unités familiales selon l’accès à un RPA afin d’évaluer l’effet de ce dernier sur la valeur nette. Faute d’une telle expérience, l’approche utilisée ici consiste à se demander quelle serait la valeur médiane et la valeur moyenne du patrimoine des unités familiales n’ayant pas d’avoirs dans un RPA si leur revenu et leurs autres caractéristiques étaient identiques à celles ayant des avoirs dans un RPA.

Afin de répondre à cette question, une méthode de décomposition fondée sur une procédure de repondération est appliquée aux unités familiales n’ayant pas d’avoirs dans un RPA (tableau 6)Note 13. Les deux premières colonnes du tableau 6 reproduisent les chiffres de la valeur nette médiane (ou patrimoine) présentés au tableau 1 (en plus de fournir les chiffres de la valeur nette moyenne). Le tableau 6 indique, par exemple, que la valeur nette moyenne des unités familiales ayant des avoirs dans un RPA s’établissait à environ 536 000 $ en 2012, comparativement à 191 000 $ pour les familles sans avoirs dans un RPA.

Tableau 6
Valeur réelle et ajustée de la valeur nette, familles avec et sans avoirs dans un RPA, 1999 et 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau 6 Valeur réelle et ajustée de la valeur nette. Les données sont présentées selon L’unité familiale a des avoirs dans un RPA (titres de rangée) et Données réelles, Données repondérées, Proportion de la différence expliquée, Non et Oui, calculées selon dollars de 2012 et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
L’unité familiale a des avoirs dans un RPA Données réelles Données repondérées Proportion de la différence expliquée
Non Oui Non
dollars de 2012 pourcentage
1999  
Valeur nette médiane 55 413 208 225 131 263 49,6
Valeur nette moyenne 122 097 300 416 222 078 56,1
2012  
Valeur nette médiane 64 000 353 140 177 500 39,3
Valeur nette moyenne 190 926 535 564 358 885 48,7

La troisième colonne du tableau 6 contient les estimations de la valeur nette médiane et de la valeur nette moyenne que les familles non couvertes par un RPA posséderaient si leurs caractéristiques étaient les mêmes que celles des familles couvertes par un RPA. D’après ce scénario hypothétique, la valeur nette moyenne estimée des unités familiales sans RPA serait d’environ 359 000 $. Cette constatation signifie qu’environ la moitié de la différence dans la valeur moyenne du patrimoine entre les deux groupes peut être expliquée par des différences relatives au revenu et à d’autres caractéristiquesNote 14. Il semble donc que le parrainage par l’employeur demeure associé à une plus grande accumulation du patrimoine, mais que l’effet ne soit pas aussi grand que ne le laissent entendre les comparaisons non-ajustées du patrimoine. La part expliquée était moindre dans le cas de la valeur médiane du patrimoine — environ quatre dixièmes de la différence de valeur nette médiane entre les deux groupes peuvent être attribuées à des différences relatives au revenu et à d’autres caractéristiques. Ces résultats vont de pair avec une recherche canadienne récenteNote 15 ayant trouvé que les cotisations à un RPA augmentent l'épargne totale dans une proportion d'environ 0,50 $ pour un dollar, mais qu'il subsiste un certain effet d'éviction entre les RPA et les REER.

En outre, des différences significatives de patrimoine persistaient entre les familles des participants à un RPD et des familles sans RPA, même après avoir tenu compte de l’effet des différences de revenu familial et des différences concernant d’autres caractéristiques (tableau 7). Donc, le patrimoine des familles couvertes par un RPA et des familles couvertes par un RPD demeurait significativement plus élevé que celui des familles sans RPA, même dans le cas des familles dont les caractéristiques observées étaient équivalentes.

Tableau 7
Valeur réelle et ajustée de la valeur nette, familles couvertes par un RPD et familles sans avoirs dans un RPA, 1999 et 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau 7 Valeur réelle et ajustée de la valeur nette. Les données sont présentées selon L’unité familiale a des avoirs dans un RPA (titres de rangée) et Données réelles, Données repondérées, Proportion de la différence expliquée, Non et Oui, a des RPD, calculées selon dollars de 2012 et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
L’unité familiale a des avoirs dans un RPA Données réelles Données repondérées Proportion de la différence expliquée
Non Oui, RPD Non
dollars de 2012 pourcentage
1999  
Valeur nette médiane 55 413 221 718 144 101 53,3
Valeur nette moyenne 122 097 310 073 235 372 60,3
2012  
Valeur nette médiane 64 000 381 160 165 100 31,9
Valeur nette moyenne 190 926 559 237 295 522 28,4

Un autre moyen d’étudier l’effet du revenu et d’autres caractéristiques sur l’accumulation d’un patrimoine consiste à examiner la fonction de densité du patrimoine, qui indique dans quelle mesure les familles sont concentrées le long de la distribution du patrimoine. Les familles sans RPA, par exemple, présentaient un degré relativement important de concentration autour de 30 000 $; les familles ayant des avoirs dans un RPA, par contre, étaient réparties plus uniformément à travers la distribution, avec un certain degré de concentration autour de 190 000 $ (graphique 3). Si, toutefois, les familles sans avoirs dans un RPA possédaient les mêmes caractéristiques socioéconomiques que celles ayant des avoirs dans un RPA, la fonction de densité des premières se rapprocherait de celle des secondes, sans toutefois éliminer entièrement l’écart entre les deux types de familles. Cela corrobore le fait que les différences socioéconomiques expliquent une grande partie, mais pas la totalité, des différences de patrimoine entre les familles ayant des avoirs dans un RPA et celles n’en ayant pas.

Graphique 3 Fonction de densité de probabilité de la valeur nette, familles avec et sans avoirs dans un RPA, 2012

Description du graphique 3

Conclusion

Le présent article a examiné le rôle possible des régimes de pension parrainés par l’employeur dans le processus d’accumulation du patrimoine des Canadiens en âge de travailler et ne possédant pas de capitaux propres importants dans une entreprise. L’analyse a d’abord montré que les unités familiales ayant des avoirs dans un RPA avaient un patrimoine significativement plus élevé que les autres, à la fois en 1999 et en 2012, même en excluant les avoirs de retraite des calculs. La propension à détenir des avoirs était également plus élevée parmi les familles ayant un RPA pour chacune des catégories d’actifs, incluant les REER/CRI.

Un examen plus approfondi a montré que ce comportement était attribuable en partie à des différences concernant certains facteurs observables, particulièrement le revenu familial. Cependant, même après avoir tenu compte de l’effet de plusieurs facteurs observables, les familles ayant des avoirs dans un RPA possédaient toujours un patrimoine plus élevé que leurs homologues sans RPA. Ainsi, une partie importante des familles ayant des avoirs dans un RPA ont un patrimoine plus élevé que celles sans RPA pour des raisons que les données utilisées ne permettent pas d’expliquer. Reste à savoir si ce résultat reflète l’effet causal des régimes de pension d’employeur sur l’accumulation du patrimoine, ou des différences intrinsèques en matière de comportement d’épargne entre ceux qui participent à un RPA et ceux qui ne participent pas. Néanmoins, ce résultat apporte un éclairage sur la façon dont les changements de disponibilité des régimes de pension d’employeur, tant au Canada qu’à l’étranger, peuvent influencer l’accumulation d'un patrimoine privé.

Derek Messacar est un chercheur et René Morissette est directeur adjoint à la Division de l’analyse sociale et de la modélisation de Statistique Canada.


Notes

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