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Plus de 5% des Canadiens ruraux sont des immigrants
Les immigrants constituent une proportion plus forte de la population des régions rurales et petites villes en Colombie-Britannique que dans les autres provinces
Les immigrants des pays non traditionnels constituaient une plus forte proportion de la population dans les zones rurales de certaines provinces
Profils de mobilité des immigrants ruraux
Principales destinations rurales des immigrants de longue date en 2006
Principales destinations rurales des nouveaux immigrants
Conclusions

Plus de 5% des Canadiens ruraux sont des immigrants

Lors du Recensement de la population de 2006, on a dénombré 6 186 950 immigrants au Canada, ce qui représente 19,8 % de la population totale, soit près d'une personne sur cinq. Il s'agit de la plus forte proportion au Canada depuis 75 ans (Statistique Canada, 2007c).

En 2006, 312 555 immigrants (c.-à-d. tous les immigrants, indépendamment du moment où ils sont arrivés au Canada) résidaient dans les régions rurales et petites villes (RRPV) (encadré 1) et représentaient 5,3 % de la population totale des RRPV (figure 1). (Les données utilisées pour actualiser l'information dans Beshiri (2004) figurent à l'encadré 3.) La proportion d'immigrants de la population dans les AR ou des villes plus petites était légèrement plus forte (7,5 %). Cependant, dans les RMR ou les grandes villes, les immigrants représentaient environ un quart de la population totale. La plupart des immigrants ont choisi de vivre dans les grandes villes (RMR) plutôt que dans les petites villes (AR) ou dans les RRPV.

La plupart des immigrants des régions rurales sont des immigrants de longue date arrivés avant 1986 (3,7 % de la population totale) tandis que ceux qui sont arrivés plus tard représentent une proportion bien plus faible (1,6 % de la population totale). Ceci contraste avec les RMR, dans lesquelles il y a moins d'immigrants de longue date que d'immigrants qui sont arrivés plus tard (11 % comparativement à 15 %). Dans l'ensemble, chaque quatrième personne d'une RMR est un immigrant, comparativement à environ une sur dix-neuf dans les RRPV.

Il est intéressant de constater que, comparativement aux RRPV, les petites villes ou AR comptent un nombre semblable d'immigrants et présentent un profil semblable du nombre total d'immigrants pour chaque période d'arrivée. Dans les AR et les RRPV, la plupart des immigrants sont arrivés au moins 20 ans avant le Recensement de 2006 (c.-à-d. avant 1986).

Dans les régions rurales et petites villes du Canada, les immigrants constituent une proportion plus forte de la population dans les ZIM forte que dans les zones plus rurales.

Figure 1 Dans les régions rurales et petites villes du Canada, la population était constituée à plus de 5 % d'immigrants, 2006

Figure 1
Dans les régions rurales et petites villes du Canada, la population était constituée à plus de 5 % d'immigrants, 2006

  

Les immigrants constituent une proportion plus forte de la population des régions rurales et petites villes en Colombie-Britannique que dans les autres provinces

Dans l'ensemble des provinces, les immigrants représentent une proportion plus forte de la population dans les RRPV de la Colombie-Britannique, de l'Ontario, du Manitoba et de l'Alberta que dans celles des autres provinces (tableau 2). En outre, ces provinces affichaient la plus forte proportion de nouveaux immigrants dans leur RRPV. Par contraste, les immigrants constituaient une proportion plus faible de la population des RRPV à Terre-Neuve-et-Labrador, au Québec et en Saskatchewan.

Au Manitoba, les immigrants constituaient une proportion relativement élevée de la population dans les ZIM modérée et les ZIM faible. En Nouvelle-Écosse, elle était quelque peu plus élevée dans les ZIM modérée et au Nouveau-Brunswick, elle était quelque peu plus élevée dans les ZIM nulle que dans les autres ZIM.

En 2006, 31 075 nouveaux immigrants (ceux qui sont arrivés entre 2001 et 2006) résidaient dans les RRPV du Canada et représentaient seulement 0,5 % de tous les habitants des RRPV. Par comparaison, la population des grands centres urbains du Canada était constituée à 4,3 % de nouveaux immigrants. En règle générale, le nombre de nouveaux immigrants exprimé en proportion de la population totale des RRPV est le plus important au Manitoba (1,7 %), suivi par la Colombie-Britannique (0,9 %) et l'Alberta (0,8 %). Il était plus faible dans les autres provinces et le plus faible à Terre-Neuve-et-Labrador (0,1 %). Les nouveaux immigrants représentaient une proportion relativement plus élevée de la population des ZIM modérée (1,9 %) et des ZIM faible (1,8 %) du Manitoba, soit plus de trois fois la moyenne canadienne.

En Colombie-Britannique et en Ontario, la proportion relativement élevée d'immigrants dans les RRPV est due, en partie, au fait que ces provinces comptent de grandes RMR (Vancouver et Toronto) et des centres urbains de taille moyenne plus nombreux. Ces centres urbains exercent une forte influence sur les régions qui les entourent, attirant un grand nombre d'immigrants vers les RRPV avoisinantes. Le Manitoba a dynamiquement fait campagne, au moyen du Programme des candidats des provinces, pour attirer les immigrants dans ces RRPV. Mené tant au niveau communautaire que provincial, ce programme semble avoir réussi (Travail et Immigration Manitoba, 2007). Entre-temps, l'économie provinciale florissante de l'Alberta a attiré de nombreux immigrants dans cette province.

La situation est différente dans les provinces de l'Atlantique, en Saskatchewan et au Québec. La population des RRPV des provinces de l'Atlantique et de la Saskatchewan diminue ou est stable, ce qui donne à penser que ces provinces ont du mal à attirer et à retenir non seulement des immigrants, mais également des personnes nées au Canada. Le Québec enregistre une des proportions les plus faibles d'immigrants dans ses RRPV.

Tableau 2 La Colombie-Britannique est la province ayant enregistré le plus fort pourcentage d'immigrants dans sa population des régions rurales et petites villes, 2006

Tableau 2
La Colombie-Britannique est la province ayant enregistré le plus fort pourcentage d'immigrants dans sa population des régions rurales et petites villes, 2006

  

Les immigrants des pays non traditionnels constituaient une plus forte proportion de la population dans les zones rurales de certaines provinces

En 2006, les immigrants nés en Asie du Sud-Est et de l'Est1 représentaient 4,6 % de la population totale du Canada. Les immigrants nés en Europe de l'Est et du Sud constituaient 3,9 % de la population, et ceux nés en Europe de l'Ouest et du Nord, 3,4 % supplémentaires2. Lorsque l'on prend en compte tous les nouveaux immigrants nés en Asie (y compris ceux nés au Moyen-Orient), ils représentaient la plus forte proportion (58 %) des nouveaux immigrants au Canada3.

À l'étendue du Canada, les immigrants dans chaque zone rurale comprennent principalement ceux nés dans des régions qui ont été une source traditionnelle d'immigrants, en l'occurrence les régions de l'Europe de l'Ouest et du Nord (1 % à 4 % de la population totale des zones rurales) suivies par les immigrants nés aux États-Unis (environ 1 %) (tableau 3). Les immigrants de l'Europe de l'Est et du Sud se classaient troisième dans la plupart des zones rurales, mais arrivaient en deuxième place dans les ZIM forte.

La répartition constatée dans les zones rurales au niveau du Canada se répète dans la plupart des provinces, sauf dans les provinces de l'Atlantique, où la proportion d'immigrants d'Asie est égale ou supérieure à la proportion de ceux de l'Europe de l'Est et du Sud (données non présentées). Dans les régions rurales du Manitoba, les immigrants nés en Amérique centrale et du Sud se classaient deuxième, après ceux de l'Europe de l'Ouest et du Nord, avec 8 340 personnes en 2006. Ce groupe dominait dans les zones plus rurales (ZIM modérée, ZIM faible et ZIM nulle) de cette province. Environ un tiers des immigrants résidant dans les ZIM modérée et les ZIM nulle sont arrivés comme nouveaux immigrants.

Les immigrants d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud se classaient également deuxième dans les ZIM faible en Alberta, où leur nombre s'établissait à environ 3 360. Environ un tiers de ces immigrants sont arrivés comme nouveaux immigrants pendant la période de 2001 à 2006.

Tableau 3 Au plan national, les sources traditionnelles d'immigrants dominent dans les zones rurales, 2006

Tableau 3
Au plan national, les sources traditionnelles d'immigrants dominent dans les zones rurales, 2006

Les Asiatiques du Sud-Est et de l'Est constituaient la plus forte proportion d'immigrants de la population totale dans les RMR (7,3 %, soit 1 547 830 habitants). Dans les RRPV du Canada, ils se classent cinquièmes avec 15 635 personnes et représentent 0,3 % de la population totale des RRPV. Cependant, ce groupe d'immigrants domine davantage dans certaines provinces de l'Ouest et dans les territoires. En Alberta, les 2 560 immigrants d'Asie du Sud-Est et de l'Est représentaient 0,4 % de la population des RRPV, tandis qu'en Colombie-Britannique, leur nombre s'élevait à 4 780 et représentait 0,9 % de la population des RRPV.

De même, les immigrants nés en Asie de l'Ouest et au Moyen-Orient, qui représentaient 0,2 % de la population globale des RRPV du Canada, étaient représentés plus fortement dans les RRPV de l'Ouest : Manitoba (0,3 % ou 1 190 habitants), Alberta (0,4 % ou 2 620 habitants) et Colombie-Britannique (0,4 % ou 2 030 habitants). Ce n'est qu'au Manitoba que ce groupe représente une variation de la population significative, car 53 % des immigrants d'Asie de l'Ouest et du Moyen-Orient y sont arrivés comme nouveaux immigrants de 2001 à 2006.

En 2006, les 7 255 immigrants nés en Afrique représentaient 0,1 % des résidents des RRPV du Canada. Seule l'Océanie a contribué une proportion plus faible. Les immigrants nés en Afrique étaient un peu plus présents dans les zones rurales de quelques rares provinces et territoires. On comptait 1 610 immigrants nés en Afrique dans les RRPV de l'Ontario, 1 555 dans celles du Québec et 1 425 dans celles de l'Alberta. Comme la population des RRPV de l'Alberta est plus faible, la proportion représentée par les immigrants nés en Afrique s'établit à environ 0,2 % dans toutes les zones rurales, ce qui est supérieur à la moyenne canadienne. Plus d'un tiers de ceux-ci (525 personnes) sont arrivés dans les régions rurales de l'Alberta entre 2001 et 2006. Dans les régions rurales de Colombie-Britannique, on dénombrait 1 290 immigrants africains représentant 0,2 % de la population des ZIM forte et 0,3 % de la population des ZIM faible, ce qui est plus élevé que la moyenne dans ces zones à l'étendue du Canada.

Ainsi, bien qu'il y ait relativement plus d'immigrants nés en Europe du Nord et de l'Ouest et aux États-Unis à l'échelon national dans les RRPV, ceci occulte une certaine activité d'immigration rurale dans les provinces, particulièrement dans l'Ouest canadien. On trouve une population d'immigrants de longue date d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud principalement au Manitoba et accessoirement en Alberta, tandis qu'une proportion plus élevée que la moyenne de la population des RRPV de Colombie-Britannique est constituée d'immigrants nés en Asie du Sud-Est et de l'Est. En outre, les immigrants africains commencent à s'établir dans les régions rurales.

  

Profils de mobilité des immigrants ruraux

La mobilité interprovinciale des Canadiens est dynamique et peut changer d'une période à une autre, avec une variabilité considérable (Statistique Canada, 2008). En outre, la migration de personnes vers les RRPV et hors de celles-ci a fluctué au cours des quelques dernières décennies (Rothwell, 2000; Rothwell et coll., 2000; Clemenson et Pitblado, 2007).

Dans le cadre de notre étude, nous prenons en compte le taux de migration vers les RRPV de chaque province et hors celles-ci pendant la période de 2001 à 2006. Nous comparons les taux de migration de tous les résidents canadiens par rapport au taux de migration des immigrants récents4. Il nous intéresse plus particulièrement de savoir si les RRPV ont été en mesure de retenir leurs immigrants récents (les immigrants qui sont arrivés entre 1996 et 2000) lors de la période suivante (de 2001 à 2006). La capacité de retenir la population est souvent un signe de succès de la collectivité rurale.

Dans chaque province, les immigrants récents étaient plus susceptibles de migrer vers des RRPV (figure 2), mais ils étaient également plus susceptibles d'en émigrer (figure 3), comparativement à tous les résidents de RRPV.

Le plus fort taux d'immigration interne de tous les résidents dans les RRPV a été constaté en Colombie-Britannique (16 %). Le taux d'immigration interne d'immigrants récents dans les RRPV a atteint son plus haut niveau (par rapport au nombre d'immigrants récents résidant dans ces RRPV en 2001) au Québec et en Ontario, avec 25 %. Dans chaque province, le taux d'immigration interne d'immigrants récents dans les RRPV était plus élevé que le taux d'immigration interne de tous les résidents canadiens.

Parallèlement, les immigrants récents sont plus susceptibles de migrer hors des RRPV que ce n'est le cas pour la population globale des RRPV. Lors de la période de 2001 à 2006, chaque province a perdu 19 % et plus des immigrants récents qui résidaient dans des RRPV. Lorsque l'on tient compte de tous les résidents des RRPV, l'émigration interne était plus faible – atteignant un sommet de 16 % dans les RRPV de la Colombie-Britannique.

Par conséquent, un immigrant récent est plus susceptible de migrer vers une RRPV et d'en émigrer qu'un résident moyen de RRPV. Cependant, ces flux migratoires impliquent souvent un petit nombre de personnes, habituellement moins de 1 000 personnes s'il s'agit d'immigrants récents (tableau 4). Si on l'exprime en termes de gain ou de perte nets d'immigrants récents dans les RRPV, aucune province n'a enregistré de variation nette de plus de 400 personnes dans les RRPV. Cependant, deux observations importantes s'imposent :

  1. Les RRPV de l'Ontario ont attiré un plus grand nombre d'immigrants récents lors de la période de 2001 à 2006 comparativement au nombre qui a quitté les RRPV;
  2. Les RRPV du Manitoba ont perdu, sur une base nette, environ 300 immigrants récents de plus qu'elles n'en ont gagnés par suite de la migration lors de la période de 2001 à 2006. Ceci s'inscrit dans le contexte du Programme des candidats des provinces qui a attiré des immigrants au Manitoba rural (comme nous l'avons relevé plus tôt).

La capacité des RRPV de retenir les immigrants récents est semblable à la capacité des RRPV de conserver leur population dans l'ensemble. Lorsque nous examinons la migration interne de tous les résidents canadiens, quatre provinces (le Québec, l'Ontario, l'Alberta et la Colombie-Britannique) ont été capables d'attirer plus de migrants vers leurs RRPV qu'elles n'en ont perdus pendant la période de 2001 à 2006 (tableau 4). Mais comme nous l'avons également relevé plus tôt, seule l'Ontario a été en mesure d'attirer plus d'immigrants récents vers ses RRPV en tant que migrants internes, qu'elle n'en a perdus.

Dans la plupart des provinces, les régions rurales de même que les régions urbaines ont enregistré une émigration interne nette d'immigrants récents. Ils étaient cependant attirés vers les régions urbaines de deux provinces : l'Alberta et, dans une moindre mesure, l'Ontario (données non présentées). En outre, ils étaient également attirés vers les RRPV de l'Ontario (comme nous l'avons relevé ci-dessus).

Figure 2 Comparativement à tous les résidents canadiens, les immigrants récents étaient plus susceptibles de migrer vers une région rurale et petites villes au cours de la période de 2001 à 2006

Figure 2
Comparativement à tous les résidents canadiens, les immigrants récents étaient plus susceptibles de migrer vers une région rurale et petites villes au cours de la période de 2001 à 2006

Figure 3 Comparativement à tous les résidents canadiens, les immigrants récents étaient plus susceptibles de migrer hors d'une région rurale et petites villes au cours de la période de 2001 à 2006

Figure 3
Comparativement à tous les résidents canadiens, les immigrants récents étaient plus susceptibles de migrer hors d'une région rurale et petites villes au cours de la période de 2001 à 2006

Tableau 4 Migration vers les régions rurales et petites villes et hors de celles-ci de 2001 à 2006

Tableau 4
Migration vers les régions rurales et petites villes et hors de celles-ci de 2001 à 2006

  

Principales destinations rurales des immigrants de longue date en 2006

À la section précédente, nous nous sommes concentrés sur les profils de mobilité des immigrants récents, comparativement à ceux de tous les résidents canadiens. Dans le cas présent, nous reportons notre attention sur l'endroit où les immigrants résident au Canada.

À l'échelon régional, les tendances de l'immigration (définies selon les divisions de recensement) (encadré 1) permettent de dégager quelques détails géographiques plus fins des répercussions de l'immigration au Canada. Dans les tableaux 5 et 6, nous montrons les principales divisions de recensement essentiellement rurales de chaque province et territoire en fonction de la proportion de la population totale que représentent les immigrants de longue date et les nouveaux immigrants respectivement. En outre, nous indiquons le classement national de chaque division de recensement.

Les régions essentiellement rurales affichant la plus forte proportion d'immigrants de longue date (ceux qui sont arrivés au Canada avant 1986) se trouvaient en Colombie-Britannique (tableau 5). Dans ce cas, les trois divisions de recensement essentiellement rurales classées en premier avaient une population dont 12 % étaient constitués d'immigrants de longue date5. Ces trois régions se classaient parmi les dix premières de toutes les divisions de recensement du Canada. Les trois divisions de recensement sont toutes des destinations de retraite populaires. La proportion d'immigrants de longue date était comparable à celle des plus grandes villes de la province, Vancouver (14 %) et Victoria (13 %). À cet égard, la proportion d'immigrants de longue date dans ces régions était également comparable à celle de Montréal (12 %), mais était bien inférieure à celle de Toronto, dont la population affichait la plus forte proportion d'immigrants de longue date (18 %).

La population des régions essentiellement rurales de l'Ontario affichait également une proportion relativement élevée d'immigrants de longue date (bien qu'aucune ne dépassait 10 %). Les divisions de recensement essentiellement rurales de l'Ontario comptant la plus forte proportion d'immigrants de longue date étaient toutes situées dans le centre de l'Ontario, à distance de navettage de la région métropolitaine de Toronto. Les immigrants de longue date suivent peut-être le même parcours que les personnes nées au Canada et migrent hors des grands centres urbains vers des régions qui sont plus abordables.

Les principales divisions de recensement essentiellement rurales du Manitoba et de l'Alberta présentent des proportions semblables d'immigrants de longue date (allant de 5,0 % à 7,4 %). Dans le sud du Manitoba, la Division de recensement 1 (la région de Lac du Bonnet) semble attirer les immigrants de longue date et les inciter à prendre leur retraite dans leur chalet d'été. La Division de recensement 3 (la région de Winkler) a réussi à créer, au cours des dernières décennies, des emplois qui ont réussi à attirer des immigrants mennonites qui se sont joints à sa collectivité mennonite.

En Alberta, on a constaté la présence de proportions importantes d'immigrants établis dans la division de recensement essentiellement rurale dans laquelle sont situées Canmore et Banff, celle dans laquelle se trouvent Lethbridge et Brooks et celle qui abrite Cardston et Pincher Creek. Canmore et Banff représenteraient un lieu de retraite populaire pour les immigrants de longue date.

Les régions essentiellement rurales du Québec tendaient à enregistrer une proportion relativement faible d'immigrants de longue date, ces derniers ne dépassant pas 4 % d'une quelconque population rurale régionale. Les trois principales régions essentiellement rurales du Québec, pour ce qui est de la proportion d'immigrants de longue date de la population, se trouvent à une heure de voiture de Montréal dans des aires d'agrément rurales — les stations de ski au nord de Montréal et les terres agricoles vallonnées, les montagnes et les vallées des Cantons de l'Est.

Tableau 5 Immigrants de longue date dans les divisions de recensement essentiellement rurales, Canada, 2006

Tableau 5
Immigrants de longue date dans les divisions de recensement essentiellement rurales, Canada, 2006

Les divisions de recensement essentiellement rurales des provinces de l'Atlantique, du Québec et de la Saskatchewan tendaient à enregistrer une proportion plus faible d'immigrants de longue date que les autres régions. Les divisions de recensement de Terre-Neuve-et-Labrador présentaient des proportions particulièrement faibles, les immigrants de longue date ne constituant pas plus de 1 % de la population totale dans les divisions de recensement.

Malgré des proportions relativement faibles, certaines divisions de recensement essentiellement rurales des provinces de l'Atlantique affichaient une proportion plus forte d'immigrants de longue date que certaines des régions urbaines avoisinantes. Par exemple, 4,4 % de la population de la région rurale d'Annapolis de la Nouvelle-Écosse était constituée d'immigrants de longue date. Il s'agissait d'une proportion plus élevée que celle de la ville de Halifax (3,8 %). De même, au Nouveau-Brunswick, 4,4 % de la population de la division de recensement essentiellement rurale du comté de Charlotte (qui comprend la ville de St. Stephen) est constituée d'immigrants de longue date, ce qui est plus élevé que la proportion des villes de Fredericton (3,5 %) et Saint John (2,4 %)6.

  

Principales destinations rurales des nouveaux immigrants

Il n'est pas étonnant que les nouveaux immigrants (qui sont arrivés au Canada entre 2001 et 2006) aient constitué une proportion plus faible de la population des régions essentiellement rurales que ne l'ont fait les immigrants de longue date. Ceci est dû, d'une part, au fait qu'une majorité des immigrants se dirigent vers les centres métropolitains, et d'autre part au fait que notre dénombrement des nouveaux immigrants porte sur une période plus brève (cinq ans). Comme c'était le cas pour les immigrants de longue date, la population des régions essentiellement rurales des provinces de l'Atlantique, du Québec et de la Saskatchewan comportait une proportion plus faible des nouveaux immigrants que ce n'était le cas dans d'autres parties du pays (tableau 6). Il n'y avait que deux divisions de recensement essentiellement rurales dans toutes ces provinces dans lesquelles le nombre de nouveaux immigrants était supérieur à 1 % de la population totale.

À l'extrémité opposée, deux des régions essentiellement rurales du Manitoba (Division de recensement 3, la région de Winkler; et la Division de recensement 2, la région de Steinbach) comportaient la proportion la plus forte de nouveaux immigrants que l'on a constaté dans toutes les régions essentiellement rurales du pays. En outre, ces deux régions étaient classées 6e et 11e parmi toutes les divisions de recensement du Canada pour ce qui est de la proportion de nouveaux immigrants de la population totale. Ces deux régions présentent une masse critique de personnes d'origine ethnique mennonite. Avec l'aide du Programme des candidats des provinces, les régions de Winkler et Steinbach favorisent l'immigration internationale de mennonites depuis de nombreuses années7, et cette activité a contribué à la forte proportion de nouveaux immigrants que l'on constate dans ces divisions de recensement essentiellement rurales.

La division de recensement essentiellement rurale qui se classe troisième par ordre d'importance au Manitoba pour ce qui est de la proportion de nouveaux immigrants de la population est la Division de recensement 7 (la région de Brandon). Silvius (2005a, 2005b) et le Travail et Immigration Manitoba (2007) ont illustré que ce classement élevé est dû, en partie, au recrutement dynamique de travailleurs immigrants par une usine de transformation des aliments de Brandon, ainsi qu'en concomitance avec le Programme des candidats des provinces.

À l'instar de la répartition que nous avons constatée pour les immigrants de longue date, la population des régions rurales de Colombie-Britannique comporte également une proportion relativement élevée de nouveaux immigrants. La division de recensement essentiellement rurale du district régional Fraser Valley (qui comprend la RMR d'Abbotsford et l'AR de Chilliwack) comptait non seulement une proportion relativement élevée de nouveaux immigrants (2,7 %), mais enregistrait également le nombre absolu le plus élevé (6 860) de nouveaux immigrants de toutes les divisions de recensement essentiellement rurales du Canada.

Tableau 6 Nouveaux immigrants dans les divisions de recensement essentiellement rurales, Canada, 2006

Tableau 6
Nouveaux immigrants dans les divisions de recensement essentiellement rurales, Canada, 2006

En Colombie-Britannique, les divisions de recensement ayant enregistré une proportion relativement élevée de nouveaux immigrants dans leur population sont différentes des divisions de recensement comptant des immigrants de longue date (comme nous en avons discuté précédemment). Les nouveaux immigrants semblent être attirés par des emplois dans les endroits touristiques de Whistler et dans les secteurs agricoles de Kelowna et de la basse vallée du Fraser. Les immigrants de longue date sont plus nombreux dans les régions côtières (c.-à-d. Nanaimo et Sunshine Coast) et dans l'intérieur montagneux (c.-à-d. Penticton). En règle générale, il semble que les nouveaux immigrants se dirigent vers des emplois, tandis que les immigrants de longue date se trouvent dans des collectivités de retraite.

La région essentiellement rurale de l'Ontario présentant le plus grand nombre absolu de nouveaux immigrants était le comté de Simcoe, qui est situé au nord de Toronto et comprend les villes de Barrie et Orillia. Dans ce cas, il semble que bon nombre de nouveaux immigrants emboîtent le pas aux personnes nées au Canada et contribuent à faire de Barrie la ville connaissant la croissance la plus rapide du Canada en 20068. Le nombre de nouveaux immigrants qui y ont résidé était de 3 414. Malgré ce nombre relativement élevé, ils ne constituaient que 0,8 % de la population totale et, par conséquent, cette division de recensement ne figure pas dans le tableau 6.

En Alberta, on a relevé des proportions relativement fortes de nouveaux immigrants dans certaines des mêmes divisions de recensement essentiellement rurales qui présentent des proportions élevées d'immigrants de longue date — Lethbridge et Brooks, et Canmore et Banff. S'y ajoute la division de recensement riche en pétrole où est situé Fort McMurrray, dans laquelle la population est constituée à 3,7 % de nouveaux immigrants. Il s'agit de la troisième division de recensement essentiellement rurale par ordre d'importance du Canada et elle compte une proportion plus forte de nouveaux immigrants que la ville d'Edmonton (3,0 %). Malgré ce classement élevé, cette région compte une proportion plus faible de nouveaux immigrants que Calgary (5,1 %).

Au Québec, les nouveaux immigrants constituent une proportion relativement élevée de la population des régions essentiellement rurales des Pays-d'en-Haut (nord de Montréal), de l'Île-d'Orléans (à côté de Québec) et des Basques (qui comprend Trois Pistoles) sur la rive sud du Saint-Laurent, à environ 250 kilomètres au nord de Québec. Bien que le nombre absolu de nouveaux immigrants était d'environ 300 dans les Pays-d'en-Haut, il était plus faible (moins de 75) dans les deux autres régions rurales. La population totale de ces deux autres régions rurales est très faible. Par conséquent, un nombre relativement faible de nouveaux immigrants exerce d'importantes répercussions sur ces populations régionales.

  

Conclusions

De nombreuses collectivités rurales se tournent vers l'immigration comme moyen de stimuler leurs collectivités. Bon nombre de collectivités et de régions rurales affichent déjà une forte présence d'immigrants. Soucieux de décrire le phénomène de l'immigration dans les régions rurales, nous établissons dans ce bulletin des profils d'immigrants ruraux selon cinq thèmes : le nombre d'immigrants exprimé en pourcentage de la population totale; la période d'arrivée des immigrants; la région de naissance; la migration des nouveaux immigrants; et le classement des régions rurales selon le nombre d'immigrants exprimé en pourcentage de la population totale dans chaque région rurale.

La plupart des immigrants se dirigent vers les trois provinces dans lesquelles se trouvent les plus grandes villes du Canada (Ontario, Québec et Colombie-Britannique). La Colombie-Britannique et l'Ontario comptent également la plus forte proportion d'immigrants dans leurs régions rurales. Les zones rurales du Québec sont différentes en ce qu'elles comptent une proportion relativement faible d'immigrants. L'économie active de l'Alberta et un programme dynamique d'immigration gouvernemental au Manitoba ont contribué à ce que ces provinces aient des proportions plus élevées d'immigrants dans leurs régions rurales. Le Manitoba rural en particulier enregistre la plus forte proportion de nouveaux immigrants dans sa population totale.

L'Europe du Nord et de l'Ouest, les États-Unis et l'Europe de l'Est et du Sud sont les régions de naissance dominantes des immigrants vivant dans les régions rurales. Cependant, on trouve certaines régions rurales dans lesquelles de plus fortes proportions d'immigrants proviennent de sources non traditionnelles, particulièrement dans l'Ouest canadien.

La capacité de retenir la population, particulièrement de nouveaux arrivants, est une mesure du succès de la collectivité. Pour la plupart des provinces, il est difficile de retenir la population rurale en général, et c'est bien plus encore le cas pour les immigrants récents qui sont relativement plus susceptibles de migrer. Les RRPV de la plupart des provinces ont enregistré une émigration interne nette des immigrants récents pendant la période de 2001 à 2006. Seules les RRPV de l'Ontario ont affiché une migration nette positive d'immigrants récents. Il est digne de mention que les RRPV du Manitoba ont réussi à recruter de nouveaux immigrants, mais qu'elles ont également perdu plus d'immigrants à cause de la migration qu'elles n'en ont gagnés pendant la période de 2001 à 2006.

La proportion d'immigrants par rapport à la population totale des régions rurales indique que dans de nombreuses provinces, les immigrants exercent un effet considérable — dans certaines régions rurales de la Colombie-Britannique, la population est composée à plus de 12 % d'immigrants de longue date. À Winkler (Manitoba), les nouveaux immigrants représentent 5 % de la population régionale. Dans certaines régions rurales de l'Atlantique, la proportion de nouveaux immigrants est plus élevée que celle que l'on trouve dans les centres urbains voisins.

Pourquoi certaines régions rurales déclarent-elles des proportions élevées de nouveaux immigrants? Les emplois en sont la principale raison, ce qui n'est guère étonnant. Les divisions de recensement essentiellement rurales de l'Alberta et du Manitoba attirent les nouveaux immigrants principalement à cause des besoins de main-d'œuvre des usines de transformation des aliments de Brooks, en Alberta, et de Brandon, au Manitoba. La vallée du Fraser en Colombie-Britannique est une autre région essentiellement rurale qui est une destination pour les nouveaux immigrants; dans ce cas, cet attrait est dû, en partie, aux pénuries de main-d'œuvre agricole locale.

Certaines collectivités rurales ont attiré des immigrants afin qu'ils contribuent à répondre à leurs besoins économiques. Cependant, cette possibilité de développement crée des difficultés pour la collectivité, les pouvoirs publics et les organisations commerciales qui doivent fournir des ressources pour une infrastructure sociale accrue (conditions de travail sûres, logement, éducation, soins médicaux, services sociaux) et intervenir comme médiateur dans les conflits culturels/ethniques. Dans le cadre de cette étude, nous avons constaté que les immigrants de longue date arrivés avant 1986, qui seraient relativement plus âgés en 2006 comparativement à tous les résidents canadiens, vivent désormais dans des régions de grand agrément et de retraite. La même chose se produit pour les personnes nées au Canada, mais les immigrants de longue date qui prennent leur retraite ont peut-être des besoins culturels particuliers. Certaines collectivités rurales peuvent être en mesure de cibler ces personnes et de faire la promotion de leurs collectivités comme destination de retraite « culturelle » unique. En outre, les collectivités rurales peuvent planifier et favoriser dynamiquement le recrutement de jeunes nouveaux immigrants. De tels efforts stratégiques aideraient les immigrants et garantiraient qu'ils puissent faire de leur nouvelle collectivité rurale leur domicile pour une longue période.

Notes

  1. Le regroupement de pays en régions suit le regroupement établi dans Statistique Canada (2007a). Par exemple, l'Europe de l'Ouest comprend la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Suisse; l'Asie centrale de l'Ouest et le Moyen-Orient comprennent l'Afghanistan, Israël, le Liban et la Turquie; l'Asie de l'Est comprend la Chine, le Japon et la Corée; l'Asie du Sud-Est comprend l'Indonésie, les Philippines et le Vietnam; l'Asie du Sud comprend l'Inde et le Pakistan; et l'Océanie comprend l'Australie.
  2. Exprimé en proportion de tous les immigrants vivant au  Canada en 2006, le nombre d'immigrants d'Asie du Sud-Est et de l'Est représentait la proportion la plus forte (23 %) d'immigrants, suivi par ceux de l'Europe de l'Est et du Sud (20 %) et l'Europe de l'Ouest et du Nord (17 %).
  3. Pour plus de renseignements, voir Statistique Canada (2007c).
  4. Dans notre étude, nous calculons la migration vers une province ou un territoire donné et hors de ceux-ci à partir des données déclarées dans le Recensement de la population de 2006, lors duquel on a demandé aux personnes de déclarer l'endroit où elles résidaient en 2001, soit cinq ans plus tôt. Ainsi, le dénominateur de notre calcul est la population totale du Recensement de la population de 2006 qui a déclaré un lieu de résidence en 2001. Le calcul des taux de migration interne (c.-à-d. la migration à l'intérieur du Canada) s'applique aux personnes qui résidaient au Canada en 2001 et en 2006 et, par conséquent, uniquement aux personnes âgées de cinq ans et plus en 2006. Dans cette section, nous ne tenons pas compte de la migration internationale. Au lieu de cela, nous examinons la migration interne au Canada de 2001 à 2006 des immigrants récents (qui sont arrivés entre 1996 et 2000), comparativement au taux de migration interne de tous les résidents canadiens. Dans cette section, nous nous concentrons sur le taux de migration vers les RRPV de chaque province et hors de celles-ci.
  5. Il convient de noter que les immigrants de longue date (c.-à-d. ceux qui sont arrivés avant 1986) seraient nés avant 1986. En moyenne, ils étaient plus âgés de 20 ans que le Canadien moyen en 2006.
  6. Voir Bruce (2007) pour plus de renseignements sur l'immigration dans les provinces Maritimes du Canada.
  7. Voir Travail et Immigration Manitoba (2007) et Silvius (2005a, 2005b) pour plus de renseignements.
  8. Voir Statistique Canada (2007b) et Statistique Canada (2008, p. 96) pour un complément d'information sur la ville de Barrie.