Les nouveautés en matière de comptes économiques canadiens
Accès de la population canadienne aux points de vente au détail réglementés de boissons alcoolisées et de cannabis

Les ménages canadiens achètent une part importante de biens et services dans des points de vente au détail du secteur privé qui sont en grande partie non réglementés. Certains règlements s’appliquent à tous les points de vente au détail, comme les dispositions législatives sur le salaire minimum, les exigences en matière de santé et de sécurité, les règlements de zonage et les restrictions liées au magasinage des Fêtes. Toutefois, pour l’essentiel, les détaillants sont libres de vendre les produits de leur choix, d’acquérir des produits auprès des grossistes de leur choix, de demander les prix qu’ils jugent appropriés, de présenter les produits comme ils l’entendent, etc. Il s’agit de la norme dans l’économie de marché libre du Canada.

Il existe une importante exception à cet énoncé général en ce qui a trait aux détaillants de substances réglementées, comme les boissons alcoolisées et, après le 17 octobre 2018, les produits du cannabis. Les magasins qui vendent de tels produits sont plus lourdement réglementés par les autorités provinciales et territoriales. Dans certains secteurs de compétence, seuls les points de vente détenus et contrôlés par le gouvernement ont le droit de vendre ces produits. Cependant, dans d’autres secteurs de compétence, même si l’on permet aux vendeurs du secteur privé d’exploiter leur entreprise, leurs emplacements et leurs activités sont réglementés plus étroitement que ceux des autres types de détaillants.

Comme de tels produits sont très réglementés, des marchés illicites correspondants pourraient émerger pour contourner les règlements. Les gouvernements cherchent à façonner les environnements réglementaires afin de minimiser la taille de ces marchés illicites; une façon de le faire est de faciliter le plus possible l’accès aux produits réglementés.

Statistique Canada a effectué certains calculs afin de déterminer l’accessibilité aux produits réglementés (boissons alcoolisées et cannabis) des ménages canadiens dans les points de vente physiques. L’emplacement de chaque ménage canadien est déterminé au moyen des bases de données géographiques de l’organisme, et la distance à partir de cet emplacement jusqu’au point de vente au détail légal le plus proche est calculée^Note . Les moyennes de ces distances sont ensuite calculées afin de déterminer dans quelle mesure ces produits sont généralement accessibles à la population. Il convient de noter que ces calculs ne tiennent pas compte des détaillants en ligne ou illégaux.

Magasins de vins et spiritueux

Tableau 1 et tableau 2 montrent les résultats pour les magasins de vins et spiritueux^Note . Il en existe actuellement 2 895 au Canada, et la distance moyenne pondérée en fonction de la population entre les Canadiens et le magasin de vins et spiritueux le plus proche est de cinq kilomètres (tableau 5). Comme il est possible de le constater dans le tableau 2, 90 % des Canadiens d’un bout à l’autre du pays vivent à moins de dix kilomètres d’un magasin de vins et spiritueux et 82 %, à moins de cinq kilomètres. Naturellement, les provinces et les territoires ayant une faible densité de population ont une moins bonne accessibilité à ces magasins, le Nunavut étant le cas le plus éclatant, alors que seulement 22 % des résidents vivent à moins de dix kilomètres d’un magasin de vins et spiritueux. Les provinces où les magasins de vins et spiritueux sont les plus accessibles sont l’Ontario (95 %), la Colombie-Britannique (95 %), l’Alberta (91 %) et le Québec (89 %). À Terre-Neuve-et-Labrador, 62 % des résidents ont accès à un magasin de vins et spiritueux à moins de dix kilomètres; dans les Territoires du Nord-Ouest, la proportion est de 70 %. Dans les autres provinces et territoires, de 70 % à 80 % de la population vit à moins de dix kilomètres du magasin de vins et spiritueux le plus proche.

Il convient également de mentionner que, en Alberta, une province qui compte 874 détaillants autorisés à vendre des boissons alcoolisées (tableau 5), 64 % de la population (tableau 2) vit à moins d’un kilomètre d’un magasin de vins et spiritueux. Ce pourcentage est sensiblement supérieur à celui de toute autre province et il reflète partiellement le fait que, en Alberta, les détaillants du secteur privé peuvent obtenir un permis de vente des boissons alcoolisées. En Colombie-Britannique, le pourcentage est de 41 % et, dans les autres provinces et territoires, il est inférieur à 30 %.

Boutiques de cannabis

Tableau 3 et tableau 4 montrent des renseignements semblables à ceux des deux premiers tableaux, mais ils portent sur les points de vente de cannabis physiques plutôt que sur les magasins de vins et spiritueux. Dans ce cas, les statistiques sont quelque peu conjecturales, car aucun point de vente de cannabis ne peut être exploité légalement avant le 17 octobre 2018. Actuellement, les provinces et les territoires procèdent chacun à la mise en œuvre de règlements qui leur sont propres. Certaines provinces et certains territoires prévoient d’ouvrir des points de vente au détail détenus et exploités par le gouvernement, tandis que d’autres provinces et territoires permettent aux détaillants privés de présenter des demandes de permis de vente de produits du cannabis. En Ontario, il n’y aura aucun point de vente de cannabis légal jusqu’à ce que les détaillants privés soient autorisés à exploiter leur entreprise le 1^er avril 2019. Les achats en ligne seront cependant permis à compter du 17 octobre 2018. En outre, il ne devrait pas y avoir de boutique de cannabis dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut au cours du quatrième trimestre. Cette analyse ne tient pas compte des ventes légales en ligne ou des ventes illégales de produits du cannabis.

Dans l’ensemble, même si le nombre de points de vente au détail de cannabis qui seront ouverts le 17 octobre 2018 et leur emplacement exact demeurent incertains à l’heure actuelle, beaucoup de renseignements sont néanmoins accessibles. Statistique Canada a collecté tous les faits et renseignements accessibles au public sur les emplacements possibles des boutiques dans chacune des provinces. Dans certains secteurs de compétence, le nombre de points de vente qui seront ouverts en octobre et leur emplacement sont déjà déterminés. En revanche, dans d’autres secteurs de compétence, moins de renseignements détaillés sont accessibles; Statistique Canada a donc fait ses propres imputations en fonction des faits accessibles. Selon les estimations, 288 points de vente au détail de cannabis seront ouverts au quatrième trimestre (tableau 5).

En outre, le tableau 3 et le tableau 4 montrent l’accessibilité prévue des produits du cannabis au quatrième trimestre, après leur légalisation le 17 octobre 2018. Dans l’ensemble du pays, 35 % de la population devrait avoir accès aux points de vente de cannabis à moins de dix kilomètres de leur résidence et 25 %, à moins de cinq kilomètres. Au premier rang des provinces et des territoires se trouve la Colombie-Britannique, dont 73 % de la population devrait avoir accès aux points de vente de cannabis à moins de dix kilomètres. Les proportions des trois provinces des Prairies, du Yukon et de Terre-Neuve-et-Labrador sont de 60 % à 70 %. Quant aux trois provinces des Maritimes, la proportion devrait se situer entre 55 % et 60 %. Au Québec, seulement 40 % de la population devrait avoir accès aux points de vente de cannabis à moins de dix kilomètres de leur résidence, alors que, en Ontario, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, la proportion devrait s’établir à 0 % au quatrième trimestre. Tous les taux d’accès provinciaux et territoriaux aux points de vente de cannabis devraient augmenter fortement en 2019 et 2020, à mesure que d’autres points de vente au détail ouvriront.

Conclusion

Les Canadiens ont un accès remarquable aux magasins de vins et spiritueux d’un bout à l’autre du pays, 90 % d’entre eux vivant à moins de dix kilomètres d’un magasin. Sans surprise, leur accès aux boutiques de cannabis immédiatement après la légalisation le 17 octobre 2018 est susceptible d’être beaucoup plus restreint. En effet, seulement 35 % de la population vivra à moins de dix kilomètres d’une boutique de cannabis. Toutefois, il s’agit uniquement d’une estimation provisoire fondée sur des renseignements incomplets au sujet du nombre de boutiques qui devraient être ouvertes et de leurs emplacements. Il ne fait nul doute que l’accessibilité au cannabis augmentera considérablement en 2019 et 2020.