Chapitre 3.3 : Améliorer la manière de mener les enquêtes

Contexte

Le mandat d'un institut national de la statistique (INS) est de fournir des renseignements statistiques de qualité et des analyses sur l'économie et la société du pays. Même si l'utilisation des données administratives est une option largement reconnue comme rentable pour obtenir des renseignements de qualité tout en allégeant le fardeau de réponse (voir le chapitre 3.5 : Acquisition, utilisation et gestion des données administratives), les INS doivent tout de même mener un nombre important d'enquêtes pour fournir des renseignements qui ne peuvent pas être trouvés dans les dossiers administratifs.

Au cours des dernières décennies, les INS ont fait face à des défis considérables, tels que les pressions budgétaires, les taux de réponse en déclin, l'accroissement des coûts de collecte et l'évolution des technologies : il s'agit de facteurs qu'un organisme statistique doit prendre en compte pour assurer une amélioration continue et une modernisation de la manière dont les enquêtes sont menées.

Dans le contexte de l'amélioration et de la modernisation de l'Architecture opérationnelle du Bureau (voir le chapitre 3.1 : Architecture opérationnelle du Bureau) et des technologies de l'information (voir le chapitre 3.2 : Modernisation des technologies de l'information et des services informatiques), les INS doivent également envisager des stratégies et des outils et mettre en œuvre ceux qui contribueront à améliorer la manière dont les enquêtes sont menées.

Comme sa structure organisationnelle en témoigne, Statistique Canada mène des enquêtes fournissant deux types de résultats :

  1. Les statistiques économiques, qui sont le résultat des enquêtes-entreprises, dont les répondants sont les entreprises. La majorité de ces enquêtes sont à caractère obligatoire (voir le chapitre 4.5 : Relations avec les répondants aux enquêtes).
  2. Les statistiques sociales découlant d'enquêtes sociales qui, pour la plupart, ne sont pas à caractère obligatoire et visent les ménages. Actuellement, seuls le recensement et l'Enquête sur la population active sont des enquêtes à caractère obligatoire.

Il est essentiel de mentionner que les INS, lorsqu'ils envisagent d'améliorer la manière dont les enquêtes sont menées, doivent adopter une approche visionnaire. Cela signifie qu'ils doivent améliorer et renforcer l'intégralité de l'infrastructure statistique : ils doivent éviter de « simplement réagir » à des besoins précis en matière de données et donc d'affecter des fonds pour mener des enquêtes uniquement afin de répondre à ces besoins au moyen d'une approche à court terme; au contraire, les INS devraient tirer parti de chaque nouvelle enquête pour investir continuellement dans leur infrastructure statistique et les consolider afin qu'elle réponde mieux à l'ensemble des besoins en matière de données. Ce faisant, les organismes statistiques seraient en mesure de mener n'importe quelle enquête économique ou sociale efficacement, et ces enquêtes seraient de bonne qualité.

Les enquêtes-entreprises et les enquêtes sociales partagent les mêmes objectifs, soit de produire des données de qualité tout en maintenant le fardeau de réponse au minimum, en utilisant des outils qui leur sont communs et en assurant une intégration et une harmonisation à chaque étape du processus statistique. Cependant, les différences de besoins en ce qui concerne l'échantillonnage, la collecte, le traitement, l'estimation et la diffusion entraînent l'élaboration d'ensembles d'outils différents répondant à des besoins habituellement associés aux enquêtes sociales ou aux enquêtes-entreprises, selon le cas.

Le présent chapitre vise à fournir des observations sur les stratégies et les outils de modernisation utilisés pour améliorer la manière dont sont menées les enquêtes (aussi bien celles auprès des entreprises que celles auprès des ménages).

Stratégies, mécanismes et outils

1. Stratégie et outils pour les enquêtes-entreprises

Au cours des dernières décennies, les INS ont fait face à une demande croissante de statistiques des entreprises meilleures et plus détaillées ainsi qu'à la nécessité de rendre la production plus efficace, d'améliorer les statistiques existantes et de créer de nouvelles statistiques.

Pour gagner en efficacité et accroître la capacité de réponse, plusieurs INS ont opté pour la création de registres statistiques des entreprises servant d'épine dorsale à la production de statistiques d'entreprise. Ces initiatives ont pour avantage possible l'intégration de ces registres dans d'autres statistiques, en les combinant avec des renseignements provenant d'autres registres administratifs ou statistiques. Utiliser un registre statistique des entreprises comme cadre d'enquête unique pour toutes les enquêtes-entreprises représente aussi une occasion de simplifier le processus de production statistiqueNote de fin de page 1.

De fait, certaines organisations ont également adopté des programmes de statistiques d'entreprise intégrés, ce qui leur a permis d'être plus efficaces et cohérentes dans la manière dont elles recueillent et traitent les statistiques d'entreprise. La section qui suit portera sur l'expérience acquise par Statistique Canada lors de la migration de ses enquêtes de statistiques économiques vers un programme intégré de la statistique des entreprises.

1.1 Stratégie d'ensemble des enquêtes-entreprises — Programme intégré de la statistique des entreprises

En 2010, Statistique Canada a lancé l'initiative de l'Architecture opérationnelle du Bureau (AOB). Pour en savoir plus, voir le chapitre 3.1 : Architecture opérationnelle du Bureau.

Ces travaux ont donné lieu à de nombreuses recommandations, dont l'élaboration et l'utilisation obligatoire de services intégrés partagés et génériques pour recueillir, traiter, conserver et diffuser les renseignements statistiques. Les travaux ont également mené à un important projet de transformation des enquêtes sur la statistique économique, le Programme intégré de la statistique des entreprises (PISE).

Le PISE sert de cadre normalisé à la majorité des enquêtes économiques menées à Statistique Canada. La base de sondage commune de ces enquêtes repose sur le Registre des entreprises (RE) de Statistique Canada. Les questionnaires s'appuient sur des concepts et des contenus harmonisés, et les enquêtes partagent des méthodologies d'échantillonnage, de collecte et de traitement communes, qui sont fondées sur les métadonnées (le modèle fondé sur les métadonnées est expliqué à la section 1.1.3 du présent chapitre). De plus, des outils communs sont en place pour recueillir, contrôler, corriger et analyser les données.

Le PISE fut une entreprise ambitieuse, mais l'élaboration de ce nouveau programme s'est faite dans la continuité des efforts pour concevoir une approche des enquêtes-entreprises harmonisée, qui est apparue à la fin des années 1990 au même moment que le Programme unifié des statistiques sur les entreprises (PUSE). Ce dernier portait au départ sur sept enquêtes pilotes et a été graduellement élargi de manière à inclure 60 enquêtes-entreprises annuelles dans les secteurs de l'agriculture, de la fabrication, du commerce et des services. Toutefois, au fil du temps, d'importantes quantités de ressources d'entretien des systèmes sont devenues nécessaires, et le modèle du PUSE n'a pas pu s'adapter facilement aux nouvelles exigences. Pour cette raison, l'infrastructure des systèmes du PUSE est devenue désuète. Dès lors, le moment était opportun pour repenser le modèle et mettre en œuvre les principes de l'AOB.

Dans le cadre du PISE, l'infrastructure des enquêtes-entreprises a été entièrement remaniée, et des méthodologies et processus novateurs ont été instaurés afin de continuer d'améliorer le modèle du PUSE. Bon nombre de ces innovations corrigent des faiblesses de longue date du PUSE, notamment la mise en œuvre d'un système suffisamment souple pour s'adapter aux nouvelles exigences. D'ici 2019, la majorité des enquêtes économiques de Statistique Canada seront intégrées dans le modèle du PISE.Note de fin de page 2

1.1.1 Objectifs

Six objectifs principaux ont été établis au cours de la conception du modèle du PISE :

  • améliorer la qualité des données en appliquant des méthodes et des processus normalisés, en mettant en œuvre du contenu harmonisé et en favorisant l'analyse de cohérence;
  • alléger le fardeau de réponse;
  • moderniser l'infrastructure de traitement des données en créant des systèmes et des outils de TI communs (voir le chapitre 3.2 : Modernisation des technologies de l'information et des services informatiques);
  • intégrer la majorité des enquêtes économiques dans le nouveau modèle;
  • simplifier et normaliser les processus de manière à raccourcir les courbes d'apprentissage et à raccourcir les délais;
  • réduire les coûts récurrents liés aux aspects opérationnels des enquêtes afin de réaliser des économies.
1.1.2 Principes directeurs

Les caractéristiques communes des enquêtes du PISE qui favorisent l'efficacité opérationnelle à chaque étape du processus d'enquête comprennent :

  • l'utilisation pleine et entière du RE;
  • le recours au questionnaire électronique (QE) comme principal mode de collecte;
  • une approche de la conception des questionnaires, de l'échantillonnage, du contrôle et de l'imputation et des processus de répartition et d'estimation fondée sur les métadonnées;
  • la mise en œuvre d'estimations continues et d'une gestion active de la collecte s'appuyant sur des indicateurs de la qualité;
  • l'utilisation accrue de données administratives pour alléger le fardeau de réponse.

Les enquêtes du PISE font appel à ces caractéristiques communes, mais il existe de nombreuses variantes qui répondent aux exigences propres à chaque enquête. Par exemple, le modèle est conçu de manière souple pour permettre de traiter des enquêtes de fréquence variable, notamment des enquêtes mensuelles, trimestrielles et annuelles, ainsi que des enquêtes portant sur différents sujets, comme des enquêtes qui touchent l'ensemble de l'économie, des enquêtes axées sur l'industrie et des enquêtes fondées sur les activités.

1.1.3 Stratégie et outils pour les enquêtes-entreprises
1.1.3.1 Utilisation pleine et entière du Registre des entreprises

Statistique Canada utilise le Registre des entreprises (RE) comme base de sondage commune de toutes ses enquêtes-entreprises. Le RE est une base de données mise à jour par l'entremise de plusieurs sources, notamment des fichiers de données administratives, des rétroactions au sujet des enquêtes-entreprises de Statistique Canada de même que des activités d'établissement de profils, lesquelles comprennent des contacts directs avec les entreprises pour obtenir des renseignements sur leurs activités et des résultats de recherche sur Internet. L'utilisation du RE permet d'assurer la qualité, tout en fournissant un outil intégré capable de mesurer les chevauchements et en allégeant le plus possible le fardeau de réponse. Au fil des années, une série d'améliorations ont été apportées à l'élaboration du RE.

Il y a plus de 25 ans, le RE ne comportait que les entreprises ayant des employés et, par conséquent, qu'un sous-ensemble de l'économie canadienne. À l'époque, les données sur les comptes d'employeurs constituaient la seule source de données administratives disponible et fiable permettant de faire le bilan des entreprises du registre et de les tenir à jour. À la fin des années 1980, les dossiers fiscaux ont été ajoutés au registre, mais sans qu'il y ait une intégration des deux sources. À la fin des années 1990, l'Agence du revenu du Canada a instauré les numéros d'entreprise (NE) pour faciliter l'administration de ses différents programmes, ce qui a augmenté grandement le potentiel d'utilisation des données administratives.

Les NE ont permis à Statistique Canada d'établir des liens entre un grand nombre de sources de données administratives et d'accéder ainsi à des renseignements qui ont grandement enrichi la base de sondage du RE utilisée pour le programme d'enquêtes économiques. Pendant les 10 dernières années, les données administratives sont devenues un élément essentiel du RE canadien.

Le rôle du RE est de fournir aux statisticiens qui produisent et analysent les statistiques économiques une base de sondage de qualité supérieure en matière de couverture et d'éléments de données. En plus de recevoir des mises à jour à partir des dossiers administratifs, le RE est relié aux outils de collecte de sorte qu'il est mis à jour quotidiennement à partir des renseignements obtenus par les intervieweurs sur le terrain.

Le RE intègre certains des concepts fondamentaux du Système de comptabilité nationale du Canada et fournit l'infrastructure nécessaire pour conserver, consulter, entretenir et extraire les données de la base de sondage. Le RE a également la capacité d'enregistrer les coordonnées (noms, adresses et numéros de téléphone) ainsi que les identifiants des questionnaires de l'enquête. Le RE peut aussi générer une liste précise de personnes à contacter, ce qui constitue une exigence du processus de collecte des données d'enquête. Il assure un suivi du fardeau de réponse imposé à chacune des entreprises par Statistique Canada et fournit des renseignements pertinents pour gérer efficacement les problèmes de réponse. Enfin, il fournit des renseignements statistiques sur la composition de la population des entreprises au Canada en ce qui concerne la structure organisationnelle, l'activité industrielle ainsi que la taille et la région géographique.

Au Canada, le RE contient environ 6 millions d'entreprises actives, dont 99 % sont des unités uniques. Environ 35 000 entreprises ont plus d'une entité d'exploitation (entreprises complexes). Elles représentent plus de 45 % de l'économie canadienne. Des organisations de différents types sont reconnues comme des entreprises, notamment les sociétés, les travailleurs autonomes, les entités gouvernementales, les organisations sans but lucratif, les partenariats et les fonds fiduciaires.

En plus d'être utilisé comme base d'échantillonnage des enquêtes, le RE sert également à :

  • explorer les structures d'entreprise;
  • analyser les populations de structures d'entreprise;
  • mettre à jour les renseignements d'entreprise et d'exploitation;
  • gérer, surveiller et contrôler le fardeau de réponse;
  • communiquer avec les entreprises (en appui à la collecte de données);
  • mener des études longitudinales;
  • diffuser les données du produit Nombre d'entreprises canadiennes.

En ce qui concerne la maintenance de structures d'entreprise simples, le fichier d'enregistrement du NE fournit des données administratives (des données fiscales) au RE, lequel se met à jour automatiquement. Dans le cas des entreprises complexes, les interviews en personne et au téléphone ainsi que les analyses de la cohérence sont utilisées pour effectuer une tenue à jour complète des profils. La nature intégrée du PISE permet également des mises à jour automatiques du RE à l'aide d'un processus harmonisé de mise à jour consécutive aux enquêtes applicable à toutes les enquêtes-entreprises.

Quant au fardeau de réponse, un module de contrôle des fardeaux de réponse excessifs a été implanté dans le système du RE en décembre 2014. Les objectifs de ce module sont d'alléger les fardeaux de réponse excessifs pour les petites et moyennes entreprises ainsi que de calculer le fardeau de réponse cumulatif possible pour toutes les entreprises actives du système du RE. Ce calcul couvre une période de trois ans. Selon la catégorie de taille de l'entreprise et le nombre total d'heures nécessaires pour remplir les questionnaires, Statistique Canada détermine si l'entreprise a dépassé la limite de son fardeau de réponse. Si l'entreprise est surchargée par rapport à sa catégorie de taille, elle sera exclue de toutes les enquêtes pendant une année civile.

1.1.3.2 Recours au questionnaire électronique comme principal mode de collecte

Pour gagner en efficacité, mais aussi pour répondre au souhait des entreprises d'interagir par voie électronique avec le gouvernement du Canada, le questionnaire électronique (QE) est maintenant l'option privilégiée pour recueillir les données des enquêtes-entreprises. En 2015, 46 % des enquêtes-entreprises ont adopté le QE et se sont soumises à une certaine forme de suivi par courriel, par télécopieur ou au moyen d'interviews téléphoniques assistées par ordinateur.

De plus, Statistique Canada a entrepris la conception et la mise en œuvre d'une initiative, le Système intégré de collecte et des opérations (SICO), qui comporte le Portail de collecte des données auprès des entreprises en appui aux programmes d'enquêtes-entreprises. L'objectif de cette initiative est de déployer un environnement de systèmes de collecte intégré afin d'atteindre le niveau de flexibilité ciblé entre les modes et les sites et d'exploiter pleinement Internet pour les questionnaires électroniques. Pour en savoir plus sur le SICO, veuillez consulter le chapitre 3.4 : Planification et gestion de la collecte.

1.1.3.3 Approche de la conception des questionnaires, de l'échantillonnage, du contrôle et de l'imputation et des processus de répartition et d'estimation fondée sur les métadonnées

Depuis longtemps, Statistique Canada utilise des référentiels de métadonnées ministériels afin de gérer ses publications, ses services et ses fonds de données statistiques. Toutefois, relativement peu de programmes d'enquête comportent des métadonnées assez bien élaborées pour gérer les opérations d'enquête. Le PUSE a effectivement utilisé un système de métadonnées qui comprenait des règles de vérification ainsi que des numéros et des descriptions de cellules. Pour le PISE, ce cadre de métadonnées a été élargi afin d'englober tous les aspects du traitement des enquêtes. On augmente ainsi l'efficacité, la robustesse et la capacité de réaction pendant le traitement des programmes du PISE.

Dans le modèle du PISE, les métadonnées sont stockées dans des tableaux faciles à modifier qui servent à alimenter les systèmes. Cela constitue un changement par rapport au modèle du PUSE, dans lequel les métadonnées font souvent partie du code des systèmes. Les programmes-systèmes du PISE accèdent simplement à l'information à partir des tableaux de métadonnées afin d'orienter leur exécution.

L'un des principaux avantages du système fondé sur les métadonnées du PISE est que l'on peut réagir aux changements qui s'imposent à mesure que les besoins du programme évoluent en modifiant les métadonnées plutôt qu'en réécrivant le code système. Cela permet à l'équipe affectée au traitement d'exercer un meilleur contrôle et aux utilisateurs d'avoir une plus grande marge de manœuvre.

Selon les lignes directrices en matière de gestion des métadonnées, ces dernières doivent être actives, créées pour une raison valable et utilisées dans des procédés en aval. Bien que le principe « aucune donnée sans métadonnées » soit souvent appliqué à la production de données finales sous forme de métadonnées descriptives, il s'applique aussi au traitement, particulièrement dans le PISE. Lorsque l'on crée une variable, on lui attribue une étiquette contenant des éléments descriptifs, comme un nom et une origine. Cependant, les métadonnées indiqueront aussi comment faire la validation, la vérification et l'imputation et permettront de suivre l'évolution de la variable aux diverses étapes de traitement.

Les utilisateurs disposent d'un point d'entrée unique dans le PISE puisque les métadonnées seront intégrées dans toutes les étapes du traitement et que leur gestion ainsi que les processus qu'elles dirigent formeront naturellement les composantes du même portail homogène. Cette intégration permet au système de vérifier instantanément la satisfaction des conditions de fonctionnement. À titre d'exemple, si un utilisateur choisit d'exécuter un processus, l'interface peut l'inciter à entrer les métadonnées nécessaires et à vérifier que d'autres préalables sont présents. Les intrants peuvent ensuite être validés automatiquement et, après cette étape, le système peut s'interrompre pour donner un avertissement ou permettre à l'utilisateur de passer aux étapes suivantes. Selon la méthodologie des interfaces de métadonnées, l'utilisateur n'a pas à s'occuper de nombreuses applications et n'a pas besoin de connaître l'ordre des diverses étapes nécessaires pour exécuter le traitement.

L'objectif d'efficience d'un système fondé sur les métadonnées consiste à réduire au minimum la reprise du travail et à faciliter la réutilisation, mais une meilleure qualité et une plus grande cohérence sont des résultats tout aussi importants. L'intégration des métadonnées dans les opérations de traitement facilite les vérifications automatiques de cohérence. Les règles d'intégrité des données sont appliquées dans la base de données du système pour assurer la qualité des intrants. En outre, les métadonnées génèrent de précieux renseignements sur la gestion qui aident à surveiller les progrès, ce qui améliore la qualité générale du traitement des enquêtes.

La construction d'une infrastructure fondée sur les métadonnées intégrée facilite également la mise en œuvre d'un cadre conceptuel harmonisé. Pour le PISE, cela a commencé par l'intégration des unités statistiques, des populations, des concepts, des variables, des classifications et des ensembles de questions. Toutes les enquêtes du PISE doivent maintenant appliquer des normes statistiques, dont :

  • le Système de classification des industries de l'Amérique du Nord afin de classer la population cible par industrie;
  • le Système de classification des produits de l'Amérique du Nord afin de classer et de recueillir des données sur les intrants et les extrants des entreprises;
  • le Plan comptable (PC), qui constitue la taxonomie de référence servant à organiser l'information financière sur les entreprises (p. ex., les revenus, les dépenses, l'actif et le passif).

Plusieurs variables financières se retrouvent couramment dans de nombreuses enquêtes économiques. En harmonisant les définitions de ces variables et en appliquant des normes de manière systématique, on a conçu du contenu commun et on l'a instauré dans tous les programmes.

Le modèle de contenu du PISE repose sur une série de modules génériques englobant des variables communes qui sont appliqués aux enquêtes sans que l'on doive apporter de modifications d'une enquête à l'autre. Cette façon de faire joue un rôle capital dans l'établissement d'une cohérence dans l'ensemble des programmes et la réduction des efforts nécessaires pour concevoir, tester et mettre en œuvre le contenu des enquêtes.

Essentiellement, les modules normalisés constituent une série de questions d'enquêtes-entreprises utilisées pour recueillir des renseignements afin de répondre aux besoins des intervenants. Il existe des modules normalisés pour les données sur l'état des résultats (revenus et dépenses), les données relatives aux ventes selon le type de client, les données relatives aux ventes selon l'emplacement du client et les intrants sur les achats de service.

L'objectif d'utiliser les données fiscales de manière optimale a orienté l'élaboration du contenu des questionnaires. Tout spécialement, les variables sur les revenus et dépenses du PISE ont été mises en concordance directe avec les données présentes dans les dossiers fiscaux. Ce lien direct élimine la nécessité de recueillir de l'information financière auprès des petites et moyennes entreprises, puisqu'il est facile d'avoir accès aux données sur ces dernières à partir de sources administratives.

L'un des principaux problèmes qu'il a fallu régler pour élaborer le contenu des données financières consistait à veiller à ce que les besoins conceptuels du Système de comptabilité nationale du Canada soient comblés grâce à l'utilisation des données administratives. Le PC fait le pont entre ces deux ensembles de concepts. Afin d'élaborer le modèle de contenu du PISE, on a examiné et révisé le PC pour vérifier que ses variables, qui sont directement liées aux concepts fiscaux, satisfont les besoins en information des comptables nationaux.

Pour accroître la souplesse et répondre aux exigences précises des enquêtes, les spécialistes du domaine peuvent adapter certains des modules qui apparaissent dans leur questionnaire du PISE. Par exemple, les produits apparaissant dans les questionnaires sur la fabrication sont différents de ceux qui se trouvent dans les questionnaires sur les industries des services. Il se peut également que certains modules normalisés ne soient pas nécessaires parce qu'ils ne s'appliquent pas à l'industrie. Pendant l'élaboration des questionnaires d'enquête du PISE, le personnel doit simplement choisir les modules de contenu normalisés pertinents et se concentrer sur l'élaboration du contenu propre à l'industrie, au besoin. Cela réduit grandement le temps nécessaire pour élaborer, mettre en œuvre et tester de nouveaux questionnaires tout en améliorant la qualité et la cohérence des données recueillies.

1.1.3.4 Mise en œuvre d'estimations en continu et d'une gestion active de la collecte s'appuyant sur des indicateurs de la qualité

Une autre fonction qui a été ajoutée au PISE est la capacité d'utiliser les données historiques et les données partiellement recueillies pour produire des estimations clés (appelée « estimations en continu ») et des indicateurs de la qualité pendant que la collecte est en cours. Ces indicateurs de la qualité sont ensuite comparés aux objectifs de qualité déjà établis afin de déterminer si davantage d'efforts sont nécessaires ou si, au contraire, la collecte active peut être interrompue. Si la collecte doit se poursuivre, les résultats par poste sont calculés afin d'évaluer l'incidence d'une unité sur l'indicateur de la qualité de chaque estimation clé. Ces résultats sont ensuite regroupés dans chaque unité pour créer une valeur globale des unités. Ces résultats permettent de prendre des décisions sur les activités de suivi qui doivent être menéesNote de fin de page 3.

1.1.3.5 Utilisation accrue des données administratives pour alléger le fardeau de réponse

À Statistique Canada, la longue tradition d'utilisation des données administratives dans les statistiques d'entreprise a contribué à réduire le fardeau de réponse. En fait, dans le cadre du modèle d'enquêtes-entreprises du PUSE, les données fiscales ont déjà été utilisées pour remplacer directement un sous-échantillon d'unités échantillonnées et pour imputer les enregistrements de non-réponse.

Au fil du temps, l'imputation des données fiscales s'est améliorée grâce à l'utilisation de données administratives, et la qualité des renseignements provenant des enquêtes s'est également améliorée. Cela a mené à un recours encore plus fréquent aux données fiscales comme sources principales de renseignements. Pendant la transition vers le modèle du PISE, les méthodes ont été adaptées afin que l'on puisse profiter pleinement de la disponibilité des données fiscales, ce qui a réduit par le fait même le fardeau de réponse supplémentaire imposé à l'ensemble des programmes d'enquête.

Statistique Canada vise à réduire le temps que les entreprises passent à répondre aux enquêtes, soit en réduisant le nombre d'enquêtes et de questions d'enquête, en limitant la durée pendant laquelle une entreprise peut faire partie d'un échantillon, ou encore en utilisant des méthodes de collecte de données plus efficaces. L'organisme s'efforce également d'améliorer les relations avec les répondants en choisissant ses outils de communications. Pour en savoir plus sur les initiatives entreprises par l'organisme pour mieux gérer le fardeau de réponse, dont la création d'un ombudsman pour les entreprises, veuillez consulter le chapitre 4.5 : Relations avec les répondants aux enquêtes.

2. Enquêtes-ménages

Statistique Canada possédaient auparavant deux infrastructures distinctes, l'une pour les enquêtes sociales et l'autre pour le recensement. Conformément aux principes de l'AOB, l'accent a été mis sur la création d'infrastructures pouvant être utilisées dans ces deux environnements. Cela a été entrepris particulièrement dans le cas des infrastructures utilisées pour la création de bases d'échantillonnage et pour la collecte. En accord avec les principes de l'AOB, l'exploration de nouvelles synergies se poursuit pour les autres éléments du Modèle générique du processus de production statistique.

Au fil des années, tandis qu'était mené, tous les cinq ans, le Recensement de la population (voir l'encadré 3.3.1 — Tirer profit du Programme du recensement pour propulser l'innovation), Statistique Canada a élaboré plusieurs enquêtes sociales afin de mesurer les caractéristiques de certains membres du ménage ou de tous ses membres. Ces caractéristiques comprennent habituellement un sous-ensemble de variables, telles que la santé, la scolarité, le revenu, les dépenses, le statut d'emploi et l'utilisation de différents types de services. Étant donné que ces variables étaient d'usage courant dans les années 1940, plusieurs tendances majeures observées dans les enquêtes-ménages ont été mises en évidence. Plusieurs de ces tendances sont étroitement liées aux avancées technologiques, tant dans les organismes statistiques que dans la société, et se sont intensifiées depuis que l'utilisation des ordinateurs personnels s'est répandue au début des années 1980Note de fin de page 4.

Au cours des dernières décennies, les enquêtes-ménages se sont déroulées dans un environnement peu clément : taux de réponse en déclin, tout particulièrement dans le cas des enquêtes-ménages qui ne sont pas à caractère obligatoire; accroissement considérable de l'utilisation des téléphones intelligents, ce qui fait en sorte que les répondants sont plus difficiles à contacter; augmentation des coûts de collecte; utilisation de technologies en évolution (p. ex., les appareils de filtrage des appels téléphoniques).

2.1 Stratégie des enquêtes-ménages — Principes directeurs

Au Canada, les piliers du processus de modernisation des enquêtes-ménages sont les suivants :

  • la pleine utilisation d'un service de base de sondage pour les enquêtes auprès des ménages;
  • l'implantation de questionnaires électroniques et l'utilisation d'un système de collecte multimodal (le SICO);
  • une gestion de la collecte active s'appuyant sur les paradonnées;
  • l'élaboration, l'utilisation et l'entretien d'outils communs pour harmoniser les processus opérationnels utilisés dans toutes les statistiques sociales;
  • l'utilisation accrue de données administratives pour alléger le fardeau de réponse.

2.2 Stratégies et outils

2.2.1 Pleine utilisation d'un service de base de sondage pour les enquêtes auprès des ménages

Idéalement, les organismes statistiques auraient accès à une base de données fondée sur la personne et à jour comportant les lieux géographiques, les coordonnées et les renseignements sociodémographiques de base qui permettent de produire des statistiques sociales et de mener des enquêtes-ménages. Malheureusement, dans la plupart des pays, cela n'est pas réaliste, et les organismes statistiques utilisent une base aréolaire comme base d'échantillonnage pour leurs enquêtes-ménages qui ciblent la population entière.

Au Canada, la superficie du pays et la nécessité de réduire les frais de déplacement associés aux interviews en personne ont suscité le besoin d'une base aréolaire fiable pour tirer parti de l'échantillonnage à plusieurs degrés. L'utilisation croissante des téléphones cellulaires et le fait que les numéros de téléphone cellulaire ont été exclus des méthodologies de composition aléatoire canadiennes ont clairement indiqué que les enquêtes téléphoniques ne seraient efficaces qu'à condition d'avoir des registres téléphoniques plus complets. En parallèle, un registre des adresses (RA) a été créé en 1986, à l'origine pour vérifier la couverture subséquente au listage pour les activités de recensement de 1991. Au fil des années, plusieurs dossiers administratifs ont été ajoutés au RA, et son utilisation et sa couverture se sont énormément améliorées.

Par souci de rationalisation des investissements consacrés à l'élaboration et à l'entretien des différentes bases de sondage pour les enquêtes-ménages, Statistique Canada a décidé, conformément aux principes de l'AOB, de créer un service de base de sondage pour les enquêtes auprès des ménages chargé de ce qui suit :

  • tenir à jour une série de trois dossiers pouvant être utilisés par les programmes du recensement et de la statistique sociale pour divers processus d'enquête (bases de sondage, coordonnées, méthodes d'imputation);
  • fournir du soutien aux gestionnaires des enquêtes-ménages et du Recensement de la population pour utiliser ces dossiers dans leurs activités.

Le premier élément tenu à jour par le service de base de sondage pour les enquêtes auprès des ménages est le Fichier de l'univers des logements (FUL). Il lie le RA (une base de données des adresses résidentielles au Canada) à la Base nationale de données géographiques, qui fournit des renseignements géocodés permettant de distinguer les îlots. Étant donné que le RA est mis à jour tous les trimestres à partir de renseignements provenant de douzaines de fichiers administratifs, le FUL est une base de sondage fiable pour les enquêtes-ménages fondées sur les données géographiques et les adresses ainsi que pour les opérations de collecte qui nécessitent des activités d'envoi par la poste, comme le Recensement de la population.

Le deuxième élément est le fichier de numéros de téléphone résidentiels (FTR). Ce fichier comprend une liste de numéros de téléphone et certains renseignements connexes (noms et adresses des personnes). Il est construit à partir de plusieurs sources (Info-direct, dossiers de facturation des compagnies de téléphone, dossiers fiscaux, données du recensement), et est mis à jour tous les trimestres. Le FTR peut générer une liste de cinq numéros de téléphone par logement. Il peut être utilisé comme base de sondage pour les enquêtes téléphoniques. Étant donné que 88 % du FTR peut être relié au FUL, il peut aussi constituer une source de coordonnées pour les enquêtes fondées sur les adresses.

Le dernier élément tenu à jour par le service de base de sondage pour les enquêtes auprès des ménages est le fichier des indicateurs socioéconomiques (FSE). Ce fichier contient des renseignements sociodémographiques auxiliaires relatifs aux ménages et aux personnes. Pour ce qui est des logements, il fournit des renseignements sur la composition des ménages et les niveaux de revenu. Dans le cas des personnes, il comprend les caractéristiques de chaque personne du ménage (âge, sexe, langue et revenu).

Une fois que le FSE a été constitué, il est tenu à jour annuellement à l'aide du recensement quinquennal de la population et des fichiers T1 annuels sur les familles de l'Agence du revenu du Canada. Le FSE peut être utilisé à l'étape du plan pour l'échantillonnage en grappes, la stratification ainsi que l'affectation ou la simulation des échantillons, à l'étape de la collecte pour le plan de collecte adaptative et à l'étape de l'estimation pour faciliter l'ajustement et l'imputation des non-réponses.

La création du service de base de sondage pour les enquêtes auprès des ménages est la première étape de l'élaboration de bases de sondage intégrées pour les enquêtes-ménages. Il reste plusieurs obstacles à surmonter pour parvenir à établir un couplage parfait de ces trois éléments, mais la création du service de base de sondage pour les enquêtes auprès des ménages facilitera la recherche dans ce domaine. Statistique Canada compte également utiliser ce service pour mieux coordonner les échantillons de sondage pour les enquêtes-ménages et ainsi alléger le fardeau de réponse.

2.2.2 Mise en œuvre des questionnaires électroniques et utilisation d'un système de collecte multimodal (le Système intégré de collecte et des opérations)

En ce qui concerne la collecte de données, la stratégie d'amélioration des enquêtes-ménages de Statistique Canada passe par deux objectifs. Le premier est de simplifier toutes les activités de collecte en les rassemblant sous un seul Système intégré de collecte et des opérations (SICO) multimodal. Ce système remplacerait les huit plateformes de collecte dont se sert l'organisme pour les différents modes de collecte utilisés pour le recensement et les enquêtes-ménages. Pour en savoir plus sur le SICO, veuillez consulter le chapitre 3.4 : Planification et gestion de la collecte.

Le deuxième objectif est d'offrir à tous les répondants des enquêtes-ménages le choix de fournir leurs renseignements par autodéclaration tout d'abord au moyen d'un QE. En cas d'absence de réponse au QE, le suivi serait alors mené en utilisant des modes de collecte plus coûteux, comme les interviews téléphoniques ou en personne. En effet, dans le cadre de l'initiative multimodale du SICO, il est prévu que toutes les enquêtes auront recours à la même application pour le QE autodéclaré et pour les interviews par téléphone et en personne. Permettre aux répondants de fournir leurs renseignements par Internet, sans l'assistance d'un intervieweur, pourrait réduire considérablement les coûts de collecte, mais cela n'est pas sans risque du point de vue de la qualité. Pour atteindre cet objectif, Statistique Canada mène d'importantes recherches pour évaluer les répercussions sur la qualité des données de l'instauration des QE et de la collecte de données multimodale (p. ex., des recherches pour permettre la compréhension des concepts sans l'aide de l'intervieweur et connaître les biais d'échantillonnage possibles, les effets du mode d'enquête et l'incidence sur les taux de réponse et les coûts) et ainsi trouver des moyens d'atténuer ces répercussions.

2.2.3 Gestion de la collecte active s'appuyant sur les paradonnées

Les collectes de données pour le recensement et les enquêtes-ménages se sont améliorées grâce à l'utilisation des paradonnées pour orienter les décisions et les stratégies en matière de gestion des collectes de données. Pour en savoir plus sur la gestion de la collecte active, veuillez consulter le chapitre 3.4 : Planification et gestion de la collecte de données.

2.2.4 Élaboration, utilisation et entretien d'outils communs pour harmoniser les processus opérationnels utilisés dans toutes les statistiques sociales

Dans le contexte des statistiques sociales, l'initiative de Statistique Canada appelée le Projet des outils communs contribue aux efforts de l'organisme en vue de rationaliser les processus opérationnels. L'objectif de ce sous-projet de l'AOB est d'élaborer, d'utiliser et d'entretenir des outils et des systèmes généralisés pour harmoniser les processus opérationnels utilisés dans toutes les enquêtes sociales (à commencer par les programmes du secteur de la statistique sociale, de la santé et du travail) et, éventuellement, dans certains fichiers de données administratives. Les principaux éléments de cet outil sont l'Environnement des métadonnées des enquêtes sociales (EMES) et l'Environnement pour le traitement des enquêtes sociales (ETES).

L'EMES fournit un environnement pour créer, gérer, élaborer et diffuser l'information qui décrit les données recueillies au moyen d'enquêtes. Dans cet environnement, toutes les métadonnées sont conservées dans un lieu central, ce qui permet à chaque outil d'avoir accès à toutes les métadonnées communes pendant tout le cycle de vie de l'enquête. L'EMES comprend également trois outils communs :

  • L'Outil de développement du questionnaire (ODQ) qui permet au personnel spécialisé d'élaborer et de diffuser les questionnaires en temps opportun, et ce, en utilisant une méthode normalisée. De plus, puisque l'ODQ est le point d'entrée du registre de métadonnées, il peut générer les spécifications de collecte nécessaires à l'application de collecte de programme et télécharger les questionnaires dans la base de métadonnées intégrée.
  • L'Outil pour les spécifications et le traitement (OST) facilite la création et la gestion des métadonnées liées aux variables de l'EMES.
  • L'Outil pour le dictionnaire de données (ODD) qui permet au personnel spécialisé de documenter les variables à diffuser.

L'ETES consiste en un ensemble de processus généralisés conçus pour les activités associées au cycle de vie de l'enquête. Le principe sous-jacent de l'ETES est que, même si chaque enquête nécessite des étapes et des applications de traitement différentes, en raison de ses exigences uniques en matière de traitement, il demeure possible de créer un modèle de traitement à l'aide d'un enchaînement d'étapes à caractère général au moment de la mise en place du traitement d'une enquête quelconque. Un environnement de traitement commun à toutes les enquêtes-ménages facilitera l'élaboration et l'utilisation d'un ensemble de base de systèmes généralisés, ce qui réduira les coûts d'entretien.

2.2.5 Utilisation accrue de données administratives pour alléger le fardeau de réponse

Au Canada, l'utilisation de données administratives, qui n'ont pas été créées à des fins statistiques, a contribué à la production des statistiques sociales et en a augmenté la quantité produite. Les données administratives sont désormais utilisées pour améliorer les bases de sondage des enquêtes-ménages, comme sources de renseignements supplémentaires pour les bases déjà existantes et comme substituts de contenus d'enquête afin d'alléger le fardeau de réponse. On fait également appel aux données administratives pour améliorer la qualité des produits statistiques. Ces données sont utilisées seules ou combinées avec des fichiers d'enquête ou d'autres fichiers de données administratives. Par exemple, l'Agence du revenu du Canada tient à jour le fichier de la Prestation fiscale canadienne pour enfants, qui est utilisé par les enquêtes axées sur des échantillons d'enfants (en fait, de parents). Des ensembles de questions sur le revenu sont graduellement remplacés par des renseignements fiscaux personnels obtenus de l'Agence du revenu du Canada, dans le cadre du Recensement de la population du Canada et de plusieurs enquêtes-ménages. Une base de données sur les immigrants regroupant des renseignements provenant de différentes sources a été créée pour mieux mesurer les caractéristiques des immigrants au Canada.

Les fondations de la stratégie d'amélioration des enquêtes-ménages reposent sur la recherche continue d'occasions d'accroître l'utilisation de données administratives ou d'autres données afin d'améliorer la qualité des produits de la statistique sociale (p. ex., en réduisant les erreurs liées ou non à l'échantillonnage) et d'augmenter leur pertinence (p. ex., en produisant des estimations plus détaillées ou fréquentes). On cherche également ainsi à combler les lacunes en matière de données, à réduire les coûts de production statistique et à alléger le fardeau de réponse (voir le chapitre 3.5 : Acquisition, utilisation et gestion des données administratives et autres). Des stratégies sont en cours d'élaboration pour faciliter le couplage d'enregistrements entre les différentes sources.

Facteurs clés de réussite

Un facteur clé de réussite dans l'amélioration des enquêtes-entreprises et des enquêtes-ménages est la consolidation de tous les services de base de sondage qui relèvent de la Division des registres statistiques et de la géographie. Cette division est responsable de la collecte, de la compilation, de l'entretien et de la diffusion des bases de sondage des entreprises, des logements et des régions géographiques qui sont nécessaires aux enquêtes, aux recensements et aux activités d'intégration des données de Statistique Canada. Le rôle de ces bases est d'appuyer l'utilisation du RE dans le cadre du PISE et d'offrir le service de base de sondage pour les enquêtes auprès des ménages.

Il peut également être profitable d'investir dans l'exactitude et la pertinence d'un registre des entreprises et dans les bases de sondage des enquêtes-ménages ainsi que dans l'efficacité de leur processus d'entretien. L'expérience de Statistique Canada montre que le fait de détenir des données administratives fiables (p. ex., des données fiscales), d'automatiser autant que possible les mises à jour, de normaliser les procédures et les concepts et d'utiliser des normes admises (en ce qui concerne la géographie et la classification) peut améliorer considérablement la qualité des bases de sondage pour les enquêtes auprès des entreprises et des ménages et, par conséquent, les produits statistiques.

La gestion d'une stratégie de transformation à grande échelle nécessaire pour améliorer les enquêtes auprès des entreprises et des ménages, comme le PISE, le SICO et le service de base de sondage pour les enquêtes auprès des ménages, profite grandement de la gouvernance de l'AOB (voir le chapitre 3.1 : Architecture opérationnelle du Bureau) et du Cadre de gestion de projets (voir le chapitre 2.4). La combinaison d'une gouvernance solide, d'une transparence dans la prise de décision et de la participation des partenaires dans l'élaboration de solutions communes a été une approche efficace. Des communications fréquentes à tous les niveaux et par de nombreux moyens ont tenu les intervenants bien informés et les ont encouragés à continuer de participer au projet. De plus, l'adoption d'une approche fondée sur les métadonnées contribue considérablement à la réalisation d'économies, tout en améliorant la cohérence des statistiques économiques.

Enfin, la modernisation de la production des statistiques économiques et sociales doit s'appuyer sur des recherches rigoureuses afin de garantir l'efficacité et le bien-fondé scientifique des nouvelles méthodes. Il est essentiel d'innover et de mener des expériences pour mettre à l'essai les nouvelles idées et améliorer les pratiques. La recherche devrait donc être une fonction établie et soutenue au sein de l'organisme.

À Statistique Canada, des investissements annuels dans la recherche en méthodologie sont réalisés afin de mettre au point des techniques nouvelles et novatrices dans le domaine de la méthodologie statistique, de les promouvoir et les surveiller et d'en faciliter l'adoption, en appui aux programmes statistiques de Statistique Canada. La Division de la coopération internationale et des méthodes statistiques institutionnelles (DCIMSI) est responsable de la recherche en méthodologie et apporte un leadership, des conseils et des orientations techniques aux autres employés de la Direction de la méthodologie. De plus, le personnel de la DCIMSI participe, conjointement avec les autres divisions de méthodologie, à des projets de recherche portant sur des sujets précis, par exemple les méthodes d'estimation, les méthodes d'imputation et les méthodes d'estimation sur petits domaines, les techniques de couplage d'enregistrements, l'utilisation des données administratives et la mesure des erreurs non liées à l'échantillonnage, qui sont parrainés par le Comité de la recherche et du développement de la méthodologie.

En outre, le Comité consultatif des méthodes statistiques conseille le statisticien en chef sur des questions liées à l'utilisation de méthodes statistiques efficaces dans les programmes de l'organisme ainsi que pour ses recherches et son programme de développement dans le domaine des méthodes statistiques. Les activités du Comité consistent notamment à :

  • examiner les priorités de Statistique Canada en matière de recherches méthodologiques et faire des commentaires sur celles-ci;
  • examiner les méthodes utilisées dans des programmes précis (p. ex., le plan de sondage, la mesure de la couverture utilisée pour le recensement, l'estimation des flux bruts, les techniques d'estimation sur petits domaines) et faire des commentaires sur celles-ci;
  • examiner les méthodes génériques largement utilisées dans les programmes de l'organisme (p. ex., les méthodes de désaisonnalisation, les méthodes de contrôle et d'imputation, les méthodes d'assurance de la qualité) et faire des commentaires sur celles-ci;
  • suggérer des fonctions et des programmes de l'organisme qui pourraient tirer profit de l'application de méthodes statistiques novatrices;
  • faire des commentaires sur l'affectation des ressources par l'organisme pour apporter un soutien méthodologique à ses programmes et ses méthodes de recherche;
  • suggérer des moyens permettant à Statistique Canada de s'assurer que se perpétue son leadership dans l'élaboration des méthodes statistiques;
  • fournir des conseils sur le programme d'assurance de la qualité de l'organisme et les mesures qui en découlent.

Cette capacité de recherche et son organe administratif garantissent que l'organisme statistique demeurera à l'avant-garde de la profession.

Défis

L'expérience de Statistique Canada montre que, en vue d'assurer la réussite de l'intégration au sein d'un grand nombre de programmes et de processus, il convient de considérer les éléments suivants qui pourraient réduire les risques d'embûches :

  • il faut assurer une mobilisation continue auprès des fournisseurs de données administratives afin de préserver l'exactitude et la pertinence des bases de sondage des enquêtes statistiques;
  • les projets de grande envergure ayant des incidences importantes sur l'organisme devraient recevoir une adhésion et un soutien continus des membres de la direction et devraient profiter d'une gouvernance forte et efficace;
  • les secteurs spécialisés devraient être en mesure de négocier et de s'adapter; les solutions génériques ayant des limitations, et les préoccupations devraient être abordées en fonction des priorités de l'organisme;
  • le personnel devrait recevoir la formation nécessaire pour utiliser les nouveaux outils au début du processus.

L'adoption d'une approche modulaire (c.-à-d. la construction par étapes du programme d'enquête intégré) est également fortement recommandée pour faciliter la gestion d'un projet.

Le défi le plus important est d'atteindre un équilibre entre la production d'infrastructures et la production d'outils communs pour les enquêtes tout en planifiant l'utilisation des données administratives et en cherchant des manières de l'améliorer.

Perspectives d'avenir

À des fins d'efficacité, les INS devront envisager, de façon de plus en plus stratégique, l'utilisation de données administratives. Cette utilisation devrait être systématique pour, tout d'abord, vérifier s'il existe des données administratives ou si de telles données peuvent être combinées avec l'ensemble des données existantes. Ensuite, si ce n'est pas le cas, il est possible d'envisager un nouveau projet d'enquête. Pour en savoir plus sur les stratégies relatives à l'acquisition, l'utilisation et la gestion des données administratives, veuillez consulter le chapitre 3.5.

Encadré 3.3.1 : Tirer profit du Programme du recensement pour propulser l'innovation

Les fondations des nombreuses transformations qui devront être opérées dans les enquêtes-ménages reposeront sur les modèles utilisés dans le Recensement de la population. Statistique Canada a utilisé une méthode de collecte multimodale pour le recensement depuis 2006, soit depuis qu'Internet est devenu pour la première fois un moyen de répondre au recensement. Les méthodes de collecte ont ensuite été adaptées au Recensement de 2011, lors de l'instauration d'une méthode de collecte par vagues pour stimuler les taux de réponse par Internet tout en réduisant les risques de non-réponses. La méthode de collecte par vagues favorise l'obtention d'un ensemble de premiers contacts et de rappels plus rentable : elle utilise des lettres invitant les répondants à participer au recensement de préférence par Internet. Les suivis par téléphone et en personne sont entrepris à des étapes ultérieures de la collecte et ciblent les non-répondants des premières vagues. L'approche utilisée pour le Recensement de 2011 a généré un haut niveau de réponses par Internet (54 %) et d'autodéclarations (85 %). Une approche similaire pourrait être adaptée à la plupart des enquêtes-ménages à mesure qu'elles évoluent vers des outils d'échantillonnage et de collecte institutionnels.

Le Programme du recensement a également été novateur par son élaboration et son utilisation de processus automatisés. Il a établi le Registre des adresses comme base de sondage et a été un pionnier dans l'utilisation de sources administratives, plutôt que du listage des adresses direct, pour tenir à jour cette base de sondage. À partir de maintenant, le programme mettra l'accent sur les problèmes de manque et d'excès de couverture des adresses dans la base de sondage.

Différents outils ont également été conçus, tout d'abord pour le recensement, en appui à sa méthode de collecte multimodale et pour soutenir les employés sur le terrain dans la gestion de leur charge de travail. Mentionnons, parmi ces outils, le Système de contrôle principal, qui sert à assurer le suivi en temps quasi réel du statut de chacun des logements dans la base de sondage, et le Système de la gestion sur le terrain de 2011, qui est devenu en 2016 le Portail de gestion de la collecte du SICO. Les fonctionnalités de ces systèmes constitueront le fondement de ce qui est nécessaire pour amener les enquêtes-ménages à adopter de nouvelles méthodes de collecte.

Le Programme du recensement élargit ainsi son utilisation des données administratives afin d'alléger le fardeau du répondant et de réduire les coûts, mais également pour améliorer la qualité. En 2016, les questions liées au revenu ont été remplacées par des données administratives fournies par l'Agence du revenu du Canada.  À partir de maintenant, le Programme du recensement mène un travail sur la création d'un registre de la population virtuel visant à élargir encore davantage l'utilisation des sources de données administratives afin de parvenir un jour à remplacer le dénombrement. En outre, ce registre sera utilisé directement comme base de sondage pour certaines enquêtes-ménages ou en guise de complément de la Base de sondage pour les enquêtes auprès des ménages qui est employée actuellement. Un travail est aussi en cours pour examiner comment les données de base d'enquête peuvent être utilisées dans le cadre de méthodologies de collecte adaptative.

Le processus d'innovation du Programme du recensement vise à rendre le programme plus efficace et à alléger le fardeau du répondant tout en maintenant un haut niveau de qualité des données.

Notes de fin de page :

Note de fin de page 1

Commission Economique des Nations Unies pour l'Europe, 2015.

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Note de fin de page 2

Statistique Canada, 2015a.

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Note de fin de page 3

Turmelle et Coll., 2014.

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Note de fin de page 4

Gambino et Nascimento, 2009.

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Bibliographie

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Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (2015). Guidelines on Statistical Business Registers, Task Force on Guidelines on Statistical Business Registers. Consulté le 11 mars 2016 et récupéré de http://www.unece.org:8080/index.php?id=40574&L=0.

G. Gambino, Jack et Luis do Nascimento Silva, Pedro (2009).Sample Surveys: Design, Methods and Applications, Vol. 29a. Consulté le 11 mars 2016 et récupéré de http://www.sciencedirect.com/science/handbooks/01697161/29/part/PA.

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Statistique Canada (2015a). Aperçu du Programme intégré de la statistique des entreprises, Statistique Canada. Consulté le 11 mars 2016 et récupéré de http://www.statcan.gc.ca/pub/68-515-x/68-515-x2015001-fra.htm.

Statistique Canada (2015b). Efforts de réduction du fardeau de réponse, Statistique Canada. Consulté le 11 mars 2016 et récupéré de http://www.statcan.gc.ca/fra/apercu/erfr.

St-Louis, Gaetan (2008). The Evolution of Administrative Data Use for the Canadian Business Register (BR), Statistique Canada.

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