Un coup d'œil sur l'agriculture canadienne
Les peuples autochtones et l’agriculture en 2016 : un portrait
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par Nicolas Gauthier et Julia White
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Les peuples autochtones ont une histoire agricole qui remonte à plusieurs siècles, bien avant l’arrivée des Européens sur les terres qui comprennent aujourd’hui le Canada. Cependant, très peu de données et d’analyses sur les Autochtones et l’agriculture ont été publiées. Le présent article représente la première tentative de Statistique Canada pour combler cette lacune.
L’un des produits clés du Recensement de l’agriculture de 2016 est la Base de données du couplage agriculture–population, une riche source de renseignements sur les caractéristiques socioéconomiques de la population agricole, laquelle est définie comme toutes les personnes qui vivent dans un ménage agricole. En couplant les données sur les exploitations agricoles du Recensement de l’agriculture aux données sur les particuliers du Recensement de la population, on voit émerger un portrait de la relation entre peuples agricoles et agriculture.
Il importe de souligner que l’histoire autochtone a été marquée par des politiques gouvernementales qui ont eu une incidence sur l’accès des Autochtones aux terres agricoles, aux outils et aux marchés.Note Il convient donc d’envisager les statistiques récentes à la lumière de cette histoire.
Forte croissance du nombre d’Autochtones dans la population agricole
En 2016, parmi les 592 975 personnes faisant partie de la population agricole, 15 765 personnes (2,7 %) s’identifiaient comme Autochtones. Par comparaison, la population autochtone représentait 4,9 % de la population totale du Canada.
Les Métis (10 960) étaient le groupe le plus important parmi les Autochtones vivant dans des ménages agricoles en 2016 et représentaient 69,5 % du total (voir tableau 1). En outre, 4 135 membres des Premières Nations et 115 Inuits faisaient partie de la population agricole.
Catégories d’identité autochtone | Population agricole | Population totale | Population agricole | Population totale |
---|---|---|---|---|
nombre | pourcentageTableau 1 Note 1 | |||
Population autochtone totale | 15 765 | 1 673 785 | 100,0 | 100,0 |
Premières Nations | 4 135 | 977 230 | 26,2 | 58,4 |
Métis | 10 960 | 587 545 | 69,5 | 35,1 |
Inuit | 115 | 65 025 | 0,7 | 3,9 |
Identités autochtones multiples | 300 | 21 310 | 1,9 | 1,3 |
Identité autochtone non incluse ailleurs | 255 | 22 670 | 1,6 | 1,4 |
|
À l’échelle nationale, le nombre d’Autochtones dans la population agricole en 2016 était en hausse de 21,4 % par rapport à 1996, la première année où des données comparables ont été recueillies. Durant la même période, la population agricole totale a diminué de 39,3 %.
Plusieurs facteurs pourraient avoir contribué à l’augmentation du nombre d’Autochtones dans la population agricole. L’un d’entre eux vient probablement du fait que les Autochtones ont été plus nombreux à opter pour une carrière agricole.
Il est possible que deux autres facteurs soient également intervenus. Le premier est une croissance naturelle relativement élevée de la population autochtone. Le deuxième est la tendance à la hausse du nombre de personnes qui s’identifient comme Autochtones dans le Recensement de la population.Note
Le nombre d’exploitants agricoles autochtones est à la hausse
En 2016, les exploitants agricoles autochtones représentaient 5 160 (1,9 %) des 270 720 exploitants agricoles au Canada. Le nombre d’exploitants agricoles autochtones a augmenté de 53,7 % entre 1996 et 2016. Par contre, le nombre total d’exploitants agricoles a diminué de 30,1 % durant la même période.
C’est l’Alberta qui comptait le plus grand nombre (965) des 3 940 exploitants agricoles qui s’identifiaient comme Métis. Suivaient la Saskatchewan (820) et le Manitoba (650) (voir graphique 1 et carte 1). Les Métis représentaient plus de la moitié des exploitants agricoles autochtones dans l’ensemble des régions (graphique 1).
Parmi l’ensemble des exploitants agricoles, 1 060 ont déclaré appartenir aux Premières Nations en 2016. La Colombie-Britannique était la province qui comptait le plus grand nombre (285) d’exploitants agricoles des Premières Nations, suivie de l’Ontario (215) et de l’Alberta (150) (voir graphique 1 et carte 1).
Tableau de données du graphique 1
Province | Métis | Premières Nations |
---|---|---|
nombre d’exploitants agricoles | ||
Alberta | 965 | 150 |
Saskatchewan | 820 | 140 |
Colombie-Britannique | 495 | 285 |
Manitoba | 650 | 65 |
Ontario | 495 | 215 |
Québec | 335 | 135 |
Provinces de l’Atlantique | 180 | 70 |
Source : Statistique Canada, données du couplage agriculture–population de 2016. |
Carte 1
Description de la carte 1
Cette carte illustre la répartition des exploitants agricoles métis et des Premières Nations selon la province au Canada en 2016.
Légende
Un point bleu représente 5 exploitants agricoles métis. Un point rouge représente 5 exploitants agricoles des Premières Nations. Les points sont disposés de façon aléatoire dans la partie agricole des provinces. L’écoumène agricole est représentée avec un fond jaune, alors que le reste du territoire est représenté avec un fond blanc.
Un trait gris foncé mince délimite les provinces et les territoires.
Tableau des données
Province | Nombre de points bleus | Nombre de points rouges |
---|---|---|
Provinces atlantiques | 35 | 14 |
Québec | 67 | 27 |
Ontario | 99 | 43 |
Manitoba | 131 | 13 |
Saskatchewan | 164 | 28 |
Alberta | 193 | 30 |
Colombie-Britannique | 100 | 57 |
Source
Statistique Canada, données du couplage agriculture–population, 2016.
Carte créée par Télédétection et analyse géospatiale, Division de l'agriculture, Statistique Canada, 2019.
Beaucoup d’exploitants agricoles métis élèvent des bovins de boucherie
Les exploitants agricoles métis avaient en moyenne 52,3 ans en 2016, et étaient donc plus jeunes que leurs homologues non autochtones, dont l’âge moyen était de 55,0 ans. Les femmes représentaient 33,3 % des exploitants agricoles métis, contre 28,6 % des exploitants agricoles non autochtones.
À l’échelle du Canada, 76,0 % des exploitants autochtones métis ont déclaré l’anglais comme langue maternelle, et 22,1 % ont déclaré le français. Dans toutes les régions, les exploitants agricoles métis étaient plus susceptibles que les exploitants non autochtones d’avoir le français comme langue maternelle.
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Faits principaux
L’exploitant agricole métis en 2016 :
- Âge moyen : 52,3 ans
- Revenu total moyen : 59 126 $
- État matrimonial :
- Marié (73,7 %)
- En union de fait (9,6 %)
- Jamais marié « ne vivant pas en union libre » (8,2 %)
- Taille moyenne du ménage : 2,9 personnes.
- Plus haut niveau de scolarité atteint :
- Secondaire (28,2 %)
- Collège (23,2 %)
- École de métiers (18,5 %)
- Sans diplôme (17,4 %)
- Université (12,7 %)
- Les trois principaux domaines d’études :
- Affaires (13,7 %)
- Technologies mécaniques et de réparation (12,5 %)
- Professions de la santé (11,0 %)
- Emploi hors de l’exploitation : 56,1 %
- Les trois types d’exploitation les plus courants:
- Bovins de boucherie (24,2 %)
- Autres cultures (23,2 %)
- Plantes oléagineuses et céréales (18,3 %)
- Exploitation agricole rurale : 92,3 %
De plus amples détails sur les exploitants agricoles sont disponibles dans les données du couplage agriculture–population de 2016.
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Des Métis participaient à la gestion de 3 510 exploitations agricoles au Canada en 2016. L’élevage de bovins de boucherie était le type le plus courant (24,2 %) d’exploitation agricole gérée par des Métis (graphique 2). Par ailleurs, 23,2 % des exploitants métis s’adonnaient principalement à d’« autres cultures agricoles » (voir encadré).
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Autres cultures agricoles : Ce groupe comprend les établissements qui ne figurent dans aucun autre groupe et dont l’activité principale est la culture d’autres produits agricoles comme le foin, les betteraves à sucre, le ginseng, le tabac, les herbes et épices, le chanvre et le houblon. Les cultures agricoles mixtes et la récolte de l’eau d’érable sont comprises dans cette catégorie.
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Les exploitations agricoles gérées par des Métis avaient une superficie médiane de 210 acres, contre 225 acres pour les exploitations agricoles gérées par des exploitants non autochtones. Le revenu brut médian des exploitations agricoles métisses s’élevait à 26 528 $, soit 38,4 % du revenu brut médian des exploitations agricoles non autochtones (69 000 $).
Ces écarts étaient en partie attribuables à la sous-représentation des exploitants agricoles métis dans les secteurs à revenu élevé, tels que l’exploitation laitière. Un autre facteur est la plus grande susceptibilité des exploitants agricoles métis (56,1 %) d’avoir un emploi hors de leur exploitation, par rapport aux exploitants non autochtones (44,3 %). Les exploitants agricoles qui ont aussi un emploi hors de leur exploitation ont tendance à tirer un revenu moins élevé de leur exploitation.
Tableau de données du graphique 2
Type d’exploitation agricole | Exploitations agricoles gérées par des exploitants métis |
Exploitations agricoles gérées par des exploitants des Premières Nations |
Exploitations agricoles gérées par des exploitants non autochtones |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
Plantes oléagineuses et céréales | 18,3 | 15,4 | 33,2 |
Bovins de boucherie | 24,2 | 20,8 | 18,5 |
Autres cultures | 23,2 | 22,7 | 16,6 |
Autre production animale | 17,8 | 16,4 | 10,0 |
Bovins laitiers et production laitière | 1,1 | 2,1 | 5,6 |
Fruits et noix | 5,4 | 5,6 | 4,1 |
Note : Le type d’exploitation agricole est fondé sur la principale source de revenus agricoles. Source : Statistique Canada, données du couplage agriculture–population de 2016. |
Les exploitants agricoles des Premières Nations sont plus susceptibles d’être des femmes
Les femmes constituaient 36,8 % des exploitants agricoles des Premières Nations, et 28,6 % des exploitants agricoles non autochtones.
Parmi les exploitants agricoles des Premières Nations, 79,4 % ont déclaré l’anglais comme langue maternelle, 14,5 % ont déclaré le français et 4,2 % ont déclaré une langue autochtone. En outre, 2,0 % des exploitants des Premières Nations ont déclaré avoir plus d’une première langue.
Parmi les 960 exploitations agricoles gérées par des membres des Premières Nations, les « autres cultures agricoles » (22,7 %) étaient le type d’agriculture le plus courant (graphique 2), suivies de la production de bovins de boucherie (21,1 %).
Les exploitations agricoles gérées par des membres des Premières Nations avaient une superficie médiane de 151 acres, ou environ les deux tiers de la superficie médiane des exploitations gérées par des non-Autochtones. Le revenu brut médian des exploitations agricoles des Premières Nations était de 18 000 $, ce qui représente le quart du revenu des exploitations non autochtones.
Ces écarts s’expliquent en partie par la concentration d’exploitants agricoles des Premières Nations en Colombie-Britannique, où l’on trouve beaucoup d’exploitations agricoles de taille modeste ayant des cultures spécialisées, par exemple les petits fruits. Il convient aussi de noter que les exploitants des Premières Nations étaient plus susceptibles d’être exploitants « à temps partiel ». En 2016, 60,8 % des exploitants agricoles des Premières Nations avaient un emploi ou une entreprise en dehors de leur exploitation agricole.
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Faits principaux
L’exploitant agricole des Premières Nations en 2016 :
- Âge moyen : 52,3 ans
- Revenu total moyen : 45 111 $
- État matrimonial :
- Marié (61,7 %)
- En union de fait (17,4 %)
- Jamais marié « ne vivant pas en union libre » (11,6 %)
- Taille moyenne du ménage : 2,9 personnes
- Plus haut niveau de scolarité atteint :
- Secondaire (28,7 %)
- Collège (20,8 %)
- Sans diplôme (20,1 %)
- École de métiers (14,2 %)
- Université (16,2 %)
- Les trois principaux domaines d’études :
- Affaires (14,4 %)
- Technologies mécaniques et de réparation (9,8 %)
- Professions de la santé (9,6 %)
- Emploi hors de l’exploitation : 60,8 %
- Indien inscrit ou des traités : 50,9 %
- Les deux langues maternelles autochtones les plus parlées :
- Pied-noir (1,2 %)
- Ojibwé (0,8 %)
- Les trois types d’exploitation les plus courants :
- Autres cultures (22,7 %)
- Bovins de boucherie (20,8 %)
- Plantes oléagineuses et céréales (16,4 %)
- Exploitation agricole rurale : 87,3 %
De plus amples détails sur les exploitants agricoles sont disponibles dans les données du couplage agriculture–population de 2016.
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Conclusion
En 2016, les Autochtones étaient l’un des rares groupes démographiques en croissance de la population agricole. Leur présence dans ce secteur économique a augmenté considérablement alors même que la population agricole totale était en baisse. Comparativement aux exploitants agricoles non autochtones, les exploitants autochtones étaient plus susceptibles d’être des femmes, et plus susceptibles d’exercer en outre un emploi rémunéré en dehors de leur exploitation. D’autres recherches sur les peuples autochtones et l’agriculture s’imposent, en particulier en ce qui concerne l’accès des Autochtones aux terres agricoles.
Note aux lecteurs
Dans le présent article, la population autochtone est définie à partir du concept d’identité autochtone.
Veuillez consulter le Dictionnaire, Recensement de la population, 2016 pour obtenir plus de renseignements sur les variables du recensement.
Dans le cadre du Recensement de 2016, le dénombrement n’a pas été autorisé, a été interrompu avant d’être mené à terme ou a été jugé inadéquat dans 14 réserves indiennes ou établissements indiens. On dit que ces régions géographiques sont « partiellement dénombrées ».
Les données sur les exploitations visées par le recensement situées dans ces réserves et établissements partiellement dénombrés ne sont pas accessibles. L’incidence des données manquantes est très limitée dans le cas des régions géographiques de niveaux supérieurs (Canada, provinces et régions agricoles de recensement), mais plus élevée pour les régions plus petites (divisions de recensement et subdivisions de recensement unifiées) où se situent les réserves et établissements en question.
Une liste des noms et des emplacements des 14 réserves indiennes et établissements indiens partiellement dénombrés figure sur le site Web de StatCan.
Les données sur les exploitations agricoles situées au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut ne sont pas incluses dans les totaux nationaux, en raison de contraintes de confidentialité et parce que leurs définitions d’une exploitation agricole sont différentes. Les logements collectifs ne le sont pas.
Termes
Autre production animale : Ce groupe comprend les établissements qui ne figurent dans aucun autre groupe et dont l’activité principale est l’élevage d’animaux comme les abeilles, les chevaux et autres équidés, les lapins et autres animaux à fourrure, les lamas ou les chevreuils. Est également comprise dans ce groupe la fabrication de produits d’origine animale, comme le miel et d’autres produits d’apiculture De plus, les établissements dont l’activité principale est l’élevage mixte d’animaux sont compris dans ce groupe lorsqu’aucun type d’animal ne prédomine.
Exploitant agricole : Personne responsable des décisions de gestion d’une exploitation agricole.
Exploitation agricole : Exploitation qui produit des produits agricoles destinés à la vente.
Exploitation agricole gérée par des membres des Premières Nations : Exploitation agricole dont au moins un exploitant s’identifie comme membre des Premières Nations.
Exploitation agricole gérée par des Métis : Exploitation agricole dont au moins un exploitant s’identifie comme Métis.
Exploitation agricole gérée par des non-Autochtones : Exploitation agricole dont tous les exploitants s’identifient comme non autochtones.
Ménage agricole : Ménage qui comprend au moins un exploitant agricole.
La population agricole : La population agricole désigne les exploitants agricoles et les membres de leur ménage.
Type d’exploitation agricole : La classification des types d’exploitations agricoles est une procédure qui permet de grouper les fermes de recensement selon leur principal produit. La classification est faite selon l’estimation des recettes potentielles des stocks de cultures et du cheptel déclarés dans le questionnaire du recensement et selon le produit ou le groupe de produits qui constitue la majorité des recettes estimées. Ainsi, une ferme de recensement dont les porcs pourraient représenter 60 % de ses revenus totaux, les bovins de boucherie, 20 %, et le blé, 20 %, serait classée comme une ferme porcine. Les types d’exploitations agricoles mentionnés dans ce document sont établis selon le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN) de 2012.
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