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La diaspora canadienne : estimation du nombre de citoyens canadiens qui résident à l’étranger
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Remerciements
Le calcul d’estimations du nombre de citoyens canadiens qui résident à l’étranger est un exercice très complexe. Les auteurs souhaitent donc remercier plusieurs personnes qui ont contribué de manière importante à ce projet.
Tout d’abord, nous remercions chaleureusement Daphné Allard Gervais, qui a débuté les travaux sur la diaspora canadienne lors de son passage au Centre de démographie de Statistique Canada. Nous remercions aussi Iuliia Bilan, qui a contribué à développer les paramètres de fécondité grâce à son travail sur la fécondité des hommes pour l’obtention de son grade de maîtrise en démographie à l’Université de Montréal.
Nous désirons également remercier Mélanie Meunier, Martin St-Pierre, Anna Mao, Stacey Hallman et Nicole Montsion qui ont travaillé sur les enjeux relatifs à l’acquisition et à la transmission de la citoyenneté canadienne pour les hypothèses d’émigration et de fécondité ainsi que sur l’acquisition de sources de données.
Les versions préliminaires de cette étude ont bénéficié des judicieux commentaires de Patrice Dion, Hubert Denis et Laurent Martel.
Nous souhaitons finalement remercier Carol D’Aoust pour tout le travail de mise en page du document et l’équipe de traduction de Statistique Canada pour la traduction de cette étude du français vers l’anglais.
Faits saillants
- Selon le scénario « effectifs moyens » élaboré dans cette étude, 4 038 700 citoyens canadiens résideraient à l’étranger en 2016. Cet effectif pourrait se chiffrer entre 2 953 500 et 5 549 800 personnes selon les scénarios « effectifs faibles » et « effectifs élevés », qui se distinguent du scénario moyen essentiellement par des hypothèses différentes pour l’émigration et la transmission de la citoyenneté aux enfants nés à l’étranger.
- Environ la moitié des citoyens canadiens qui résident à l’étranger seraient des citoyens par filiation, c’est-à-dire qu’ils sont nés à l’étranger de parents citoyens de qui ils ont obtenu la citoyenneté. Les citoyens de naissance nés en sol canadien formeraient environ le tiers de la diaspora tandis que les citoyens naturalisés représenteraient environ 15 % de la diaspora.
- La structure par âge de la diaspora serait un peu plus vieille que celle de la population canadienne, principalement en raison de la transmission incomplète de la citoyenneté aux personnes nées à l’étranger de parents canadiens et l’apport de l’émigration à la diaspora.
- La diaspora serait composée d’un nombre assez similaire d’hommes et de femmes.
Liste des acronymes
ACE = Allocation canadienne pour enfants.
ACS = American Community Survey.
AMC = Affaires Mondiales Canada.
CVD = Contre-vérification des dossiers.
EDDEU = Enquête auprès des diplômés de 1995 qui ont déménagé aux États-Unis.
EFP = Erreur en fin de période.
ENM = Enquête nationale auprès des ménages.
FAPC = Fondation Asie Pacifique du Canada.
IRCC = Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.
ISF = Indice synthétique de fécondité.
PAF = Programme d’allocations familiales.
PED = Programme des estimations démographiques.
PFE = Programme de prestation fiscale pour enfants.
OCDE = Organisation de coopération et de développement économiques.
ONU = Organisation des Nations Unies.
RNP = Résidents non permanents.
Introduction
Les développements technologiques et des moyens de transport, la mondialisation ainsi que différentes crises internationales contribuent à l’accroissement de la migration internationale à travers le monde. De plus, dans l’avenir, les changements climatiques pourraient aussi engendrer une pression à la hausse sur les migrations. Le Canada n'échappe pas à toutes ces tendances.
Bien que le Canada soit souvent perçu comme un pays d’immigration, des milliers de Canadiens quittent aussi chaque année le pays pour aller s’établir à l’étranger. Au fil du temps, le cumul de ces émigrants fait en sorte qu’un nombre important de Canadiens résident à l’étranger.
La présence de Canadiens à travers le monde soulève différents enjeux. Ainsi, si ces Canadiens sont des ponts qui favorisent les échanges entre le Canada et le reste du monde, le gouvernement canadien continue d’avoir certaines responsabilités envers ses ressortissants et doit leur offrir certains services.
Depuis trois décennies, les enjeux relatifs à la diaspora canadienneNote ont surtout gravité autour du départ de travailleurs hautement qualifiésNote . Ainsi, plusieurs études ont montré que les émigrants affichent des caractéristiques différentes de celles de la population canadienne. Ils sont notamment plus jeunes, gagnent des revenus plus élevés, sont plus scolarisés et travaillent souvent dans des domaines exigeant un niveau de compétences élevé (Dion et Vézina, 2010; Finnie, 2006; Zhao et coll., 2000). Le départ de personnes présentant ces caractéristiques soulève des préoccupations relatives à la perte d’un potentiel économique important et à la rétention de la main-d’œuvre hautement qualifiée pour le pays d’origine (Dumont et Lemaître, 2006).
Les citoyens canadiens qui habitent à l’étranger possèdent plusieurs droits (Chant, 2006). Ils peuvent notamment revenir s’établir en permanence au Canada s’ils le désirent. Le gouvernement canadien est aussi tenu d’aider ses ressortissants à l’étranger. Les coûts associés à ces services, et à certains moments le droit à ces services eux-mêmes, soulèvent parfois des questions. Entre 1993 et 2003, le nombre de dossiers traités par les services consulaires a augmenté en moyenne de 7,5 % par année (Fondation Asie Pacifique du Canada, 2011).
L’assistance du gouvernement canadien aux ressortissants comprend également la possibilité d’être évacué en situation d’urgence et d’être transféré au Canada pour servir une sentence en prison. À titre d’exemple, en 2006, l’évacuation de 15 000 citoyens canadiens en raison du conflit armé au Liban aurait coûté 94 millions de dollars au gouvernement canadien (Chant, 2006). Bien qu’elles soient plutôt rares, des évacuations de cette ampleur font souvent les manchettes et remettent de l’avant les enjeux associés aux bénéfices et aux coûts de l’aide du gouvernement aux citoyens canadiens qui résident à l’étranger. Ces responsabilités ont d’ailleurs été rappelées durant la pandémie de la COVID-19 suite aux restrictions sévères aux frontières partout dans le monde et aux appels du gouvernement aux Canadiens à l’étranger pour rentrer au pays.
Parallèlement à ces enjeux, les dynamiques migratoires internationales de la population canadienne se complexifient. Des phénomènes émergents comme la hausse de la migration internationale des étudiants, la montée du transnationalisme et la diversification des pays de destination des émigrants canadiens redessinent graduellement le portrait de la diaspora canadienne. Les projections démographiques suggèrent que ces tendances pourraient se poursuivre au cours des prochaines décennies (Sirag et Dion, 2020).
Un nombre croissant de pays élaborent des stratégies pour préserver des liens avec leurs ressortissants et, dans certains cas, favoriser leur retour dans leur pays d’origine (Agunias et Newland, 2012; OCDE, 2015), notamment dans un contexte de rareté de la main-d’œuvre. Cet intérêt accru envers les diasporas s’accompagne d’un besoin grandissant de disposer de statistiques précises sur cette population (University of Oxford, 2008).
Malgré l’importance croissante de ces enjeux, peu d’études ont cherché à estimer la taille et les caractéristiques de la diaspora canadienne. Les nombreux défis associés à la mesure précise de l’émigration et les différences conceptuelles importantes dans les données internationales font en sorte que les rares sources présentement disponibles proposent des nombres très différents.
L’objectif de cette étude est de proposer une estimation du nombre de citoyens canadiens qui résident à l’étranger afin de contribuer à combler cette lacune statistique. Cette estimation est calculée à partir d’une méthode démographique complexe qui consiste à intégrer des données d’un grand nombre de sources sur plusieurs décennies afin d’estimer la contribution des différents événements démographiques qui influent sur la taille de cette population.
La section suivante présente une revue des sources de données présentement disponibles qui rendent compte de la taille de l’effectif de la diaspora canadienne. Par la suite, les concepts pertinents et une vue d’ensemble de la méthodologie développée dans cette étude sont introduits. Les sections qui suivent détaillent la façon dont chaque événement démographique qui influe sur la taille de l’effectif de la diaspora, comme l’émigration et la mortalité, est considéré. Les deux dernières sections présentent respectivement les résultats de l’exercice, et une série d’analyses de cohérence et de sensibilité menées pour tester les principales hypothèses du modèle démographique.
1. Mise en contexte
Malgré l’importance des enjeux associés à la diaspora canadienne, peu de sources de données rendent compte de la taille et des caractéristiques de cette population. En conséquence, un nombre relativement restreint d’études ont abordé ce sujet. Cette section présente les données disponibles ainsi que leurs avantages et leurs limites.
De manière générale, il existe deux grandes approches pour mesurer la taille de cette population (CEE-ONU, 2011). La première approche, dite « approche du pays d’origine », consiste à examiner des sources de données canadiennes pour estimer le nombre de Canadiens qui émigrent du pays. Cette approche a l’avantage d’utiliser des concepts canadiens, mais tend à être limitée par les enjeux relatifs à la mesure de l’émigration. En effet, comme il n’est pas obligatoire de rapporter son départ du Canada, peu de sources de données canadiennes proposent une mesure précise du phénomène (Bérard-Chagnon, 2018). L’autre approche, appelée « approche du pays de destination », consiste à examiner les données des pays où les Canadiens se sont établis. Cette approche peut proposer une couverture élevée des Canadiens qui résident à l’étranger, mais est limitée par l’utilisation des concepts et des données d’autres pays et par l’effort requis pour interroger les bases de données de ces pays. Si ces deux approches ont des forces et des limites, elles fournissent des renseignements précieux et complémentaires sur la diaspora canadienne.
Les deux principales sources présentement disponibles pour prendre la mesure de la taille de l’effectif de la diaspora canadienne sont les statistiques des Nations Unies (ONU) et de la Fondation Asie Pacifique du Canada (FAPC). Ces sources proposent les chiffres les plus plausibles relativement aux concepts qu’elles visent à mesurer. Trois autres sources canadiennes, les données sur l’émission de passeports, le Registre international des électeurs et le système d’Inscription des Canadiens à l’étranger, possèdent aussi des chiffres sur les Canadiens qui résident à l’étranger. Toutefois, les nombres qu’elles proposent sont nettement plus faibles que ceux de l’ONU et de la FAPC. La Banque mondiale et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) proposent également des mesures de la taille de l’effectif de la diaspora canadienne, mais leurs approches sont globalement assez similaires à celle de l’ONU.
1.1. Méthode des Nations Unies
La Division de statistique de l’ONU publie des statistiques sur les stocks de migrants internationaux. Ces données sont publiées régulièrement depuis 1960. Cette étude s’appuie sur les données de la version 2017Note . Ces données sont tirées des recensements, des registres de population et d’enquêtes des pays du monde (ONU, 2017). L’ONU définit un migrant comme étant une personne qui ne réside pas dans son pays de naissance. Ces données sont diffusées sous la forme de tableaux et sont déclinées soit par pays d’origine et de destination soit par grand groupe d’âge et sexe.
L’avantage majeur de cette base de données est son exhaustivité. En utilisant les données de chaque pays (approche du pays de destination), elle rend compte de la population née au Canada qui réside partout dans le monde. Cette approche permet aussi d’identifier les pays où un plus grand nombre de personnes nées au Canada résident. Un autre atout important de cette base est sa mise à jour régulière, qui permet d’observer des tendances sur plusieurs années.
La principale lacune de ces données réside en la seule utilisation du pays de naissance pour caractériser les migrantsNote . Elle ne tient donc pas compte des deux autres groupes de citoyens canadiens : 1) les citoyens par naturalisation et 2) les citoyens par filiation (descendants des citoyens canadiens qui sont nés à l’étranger). Cette limite est spécialement importante pour les pays où résident un nombre important de citoyens canadiens par naturalisation ou par filiation, comme Hong Kong ou les États-Unis. Par exemple, selon les données sur le renouvellement des passeports du Consulat général du Canada à Hong Kong, environ 250 000 citoyens canadiens résideraient à Hong Kong (DeVoretz et Battisti, 2009) comparativement à moins de 15 000 selon l’ONU. Le fossé entre ces deux effectifs est le fait des citoyens canadiens par naturalisation puisque moins de 20 % des citoyens canadiens qui vivent à Hong Kong seraient nés au Canada (Zhang et DeGolyer, 2011). Conséquemment, les chiffres de l’ONU représentent une borne inférieure de la taille possible de l’effectif de citoyens canadiens qui résident à l’étranger.
Outre les enjeux relatifs à la définition d’un migrant, la qualité des données de la base de données de l’ONU est naturellement tributaire de celle des données de chaque pays. Or, la qualité, la disponibilité et l’actualité des données varient d’un pays à l’autre. Les migrants internationaux tendent à être spécialement difficiles à dénombrer et ce, même lorsqu’il s’agit de pays développés pouvant compter des effectifs appréciables de Canadiens, comme les États-Unis (Jensen et coll., 2015). De plus, ces estimations sont souvent tributaires des recensements menés dans les pays de destination et de la fréquence à laquelle ces recensements sont tenus. L’ONU utilise des techniques d’interpolation et d’extrapolation pour couvrir les périodes pour lesquelles les données de certains pays sont manquantes, ce qui ajoute un degré d’incertitude à ces statistiques.
Le tableau suivant montre l’évolution de la population née au Canada qui réside à l’étranger de 1990 à 2017 pour certains pays de destination en utilisant les données de l’ONU.
Pays | 1990 | 1995 | 2000 | 2005 | 2010 | 2015 | 2017 |
---|---|---|---|---|---|---|---|
nombre | |||||||
Total | 997 144 | 1 067 801 | 1 146 883 | 1 187 046 | 1 268 970 | 1 313 217 | 1 359 585 |
États-Unis | 744 830 | 793 278 | 841 612 | 842 344 | 868 967 | 864 806 | 893 491 |
Royaume-Uni | 63 555 | 66 277 | 70 115 | 70 642 | 76 921 | 87 086 | 91 545 |
Australie | 27 452 | 27 916 | 30 240 | 36 270 | 44 540 | 54 034 | 56 651 |
France | 16 520 | 17 054 | 17 588 | 22 661 | 23 794 | 26 180 | 26 128 |
Italie | 10 188 | 8 234 | 6 280 | 15 908 | 25 536 | 25 540 | 25 989 |
Reste du monde | 134 599 | 155 042 | 181 048 | 199 221 | 229 212 | 255 571 | 265 781 |
Note : Les cinq pays présentés ici sont ceux où l’effectif de Canadiens était le plus important en 2017. Source : ONU (2017). |
Selon l’ONU, environ 1,3 million personnes nées au Canada résidaient à l’étranger en 2017. Ce nombre représente une hausse de près de 36 % par rapport à l’effectif estimé en 1990. Les États-Unis constituent de loin le principal pays de destination des émigrants canadiens. Cependant, les pays de destination des émigrants canadiens tendent à se diversifier. En 2017, les deux tiers de la population née au Canada qui résidait à l’étranger aux États-Unis comparativement à presque 75 % en 1990.
L’ONU produit aussi des tableaux selon le pays de citoyennetéNote . Toutefois, les renseignements sur plusieurs pays, dont les États-Unis, sont manquants. De plus, les données de certains pays où plusieurs citoyens canadiens résident ne sont pas très actuelles (1999 pour l’Australie et 2009 pour la France). Selon ces données, un peu moins de 300 000 citoyens canadiens vivent à l’étranger. Ce chiffre n’est pas du tout vraisemblable.
1.2. Méthode de la Fondation Asie Pacifique du Canada
La FAPC a beaucoup étudié les enjeux relatifs à la diaspora canadienne dans la première décennie des années 2000. Selon leurs calculs, l’effectif de la diaspora canadienne était d’environ 2,7 millions personnes en 2001 (Zhang, 2006).
La FAPC définit la diaspora comme étant les citoyens canadiens (de naissance ou par naturalisation) qui vivent à l’étranger depuis un an ou plus. La FAPC a exploité une méthode résiduelleNote basée sur les recensements de 1941 à 2001 pour approximer l’effectif de citoyens canadiens qui émigrent du Canada. Par la suite, ils ont appliqué des taux de mortalité à cet effectif en supposant que la mortalité des émigrants est la même que celle de la population canadienne.
Les travaux de la FAPC constituent un point de départ intéressant pour prendre la mesure de l’effectif de la diaspora canadienne. Cette estimation est également indépendante de celle de l’ONU.
Elle comporte toutefois certaines lacunes. La limite principale est que leur méthode exclut les citoyens par filiation s’ils n’ont jamais vécu au Canada. De plus, la méthode de la FAPC ne tient compte que des migrations ayant eu lieu au cours des 60 dernières années, ce qui pourrait s’avérer insuffisamment long pour capter l’ensemble des émigrants qui étaient encore en vie en 2001. À titre d’exemple, un émigrant né en 1925 et qui émigre en 1936 aurait 76 ans en 2001. Cette personne pourrait encore être en vie tout en n’étant pas considérée par la FAPC puisque la méthode ne débute qu’en 1941.
Il est incertain si les chiffres de la FAPC sont plus susceptibles de surestimer ou de sous-estimer la population qu’ils ciblent, car les forces et les limites de la méthode peuvent favoriser à la fois une sous-estimation et une surestimation.
DeVoretz (2009), également de la FAPC, a évalué les calculs de Zhang (2006). Il estime la taille de l’effectif de la diaspora canadienne à 2,8 millions personnes en 2006. Il en conclut que les estimations de Zhang sont plausibles. Cependant, une lacune majeure de son évaluation est l’utilisation de méthodes similaires à celles de Zhang de sorte que la cohérence entre les deux études peut être en partie artificielle.
À notre connaissance, la FAPC n’a pas calculé d’estimations plus récentes.
1.3. Données sur l’émission de passeports
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) est notamment responsable des services de passeport. Les passeports émis à l’étranger sont une indication du nombre de citoyens canadiens qui résident à l’extérieur du pays dans la mesure où ceux-ci peuvent éventuellement obtenir ou renouveler leur passeport canadien. Des données publiques rendent compte que 962 792 passeports et autres documents de voyage ont été émis entre avril 2015 et mars 2019 par le Bureau du gouvernement du Canada délivrant des passeports à l’étranger et par la poste vers les États-UnisNote .
Un avantage intéressant de ces données comparativement aux autres sources est qu’elles peuvent rendre compte des citoyens par filiation. Toutefois, ces données affichent deux limites notables. Tout d’abord, certains citoyens qui résident à l’étranger pourraient ne pas avoir de passeport canadien valide, notamment s’ils ont un passeport d’une autre nationalité, ou n’ont pas l’intention de venir visiter ou vivre au Canada. Ensuite, les passeports peuvent être valides pour une durée maximale de 10 ans. Le tableau disponible ne couvre que quatre ans de sorte qu’il omet plusieurs renouvellements de passeport. Inversement, un tableau qui couvrirait une période plus longue pourrait compter plusieurs renouvellements pour une même personne.
1.4. Service d’Inscription des Canadiens à l’étranger
Les citoyens canadiens en voyage ou qui résident à l’étranger peuvent s’inscrire au service d’Inscription des Canadiens à l’étranger sur le site d’Affaires Mondiales Canada (AMC)Note . Ce service gratuit et optionnel permet aux personnes inscrites de recevoir des communications du gouvernement en cas d’urgence, comme une catastrophe naturelle ou des troubles civils.
Une extraction spécifiquement faite pour Statistique Canada rapporte que 235 686 citoyens canadiens ont déclaré à l’AMC être à l’étranger au 29 octobre 2019. Les cinq pays avec le plus de citoyens canadiens selon ces données sont le Paraguay (14 051), les États-Unis (11 013), la Chine (8 582), le Liban (8 402) et le Royaume-Uni (7 681). Ces pays reflètent à la fois les pays où il y aurait un effectif plus élevé de Canadiens et ceux où les risques de connaître une situation d’urgence sont plus élevés. La présence du Paraguay parmi les cinq pays les plus fréquents dans le registre émane du fait que certaines communautés mennonites alternent entre ce pays et le Canada et que leurs membres sont nombreux à s’inscrire au registre.
Cette base de données possède deux limites majeures aux fins du présent exercice. Premièrement, comme l’inscription est facultative, il est attendu que plusieurs personnes à l’étranger ne s’inscrivent pas, ce qui entraîne une sous-estimation très importante du nombre réel de Canadiens à l’étranger. Deuxièmement, comme ce service est aussi destiné aux voyageurs et que l’émigration est un phénomène beaucoup plus rare que les voyages à l’étranger, cette base de données contient très majoritairement des voyageurs absents temporairement et dont le lieu habituel de résidence demeure au Canada.
Ces nombres ne sauraient représenter une estimation plausible de la diaspora et reflètent la nature facultative de l’inscription à ce registre.
1.5. Registre international des électeurs
Le Registre international des électeurs est une base de données gérée par Élections Canada qui contient des électeurs canadiens vivant à l’extérieur du pays qui ont demandé de voter par bulletin spécialNote . Les deux critères pour s’inscrire au registre sont 1) être un citoyen canadien âgé de 18 ans ou plus le jour de l’élection et 2) avoir déjà habité au Canada.
Une extraction récente (en 2019) faite pour Statistique Canada signale que 83 774 personnes sont présentes sur le registre. Les cinq pays avec le plus de citoyens canadiens selon ces données sont les États-Unis (28 993), le Canada (14 695), le Royaume-Uni (8 459), l’Australie (3 288) et Hong Kong (3 090). Ces pays reflètent les principaux pays de résidence des citoyens canadiens qui résident à l’étranger. Les personnes du registre dont le pays de résidence est le Canada sont majoritairement des employés d’AMC qui sont stationnés temporairement à l’étranger. Notons qu’avant janvier 2019, seules les personnes qui étaient à l’étranger depuis moins de cinq ans étaient éligibles à voter lors d’une élection fédérale.
À l’instar du service d’Inscription des Canadiens à l’étranger, les nombres du Registre international des électeurs ne représentent pas une estimation plausible de la diaspora en raison de la nature facultative de l’inscription à ce registre.
1.6. Banque mondiale et Organisation de coopération et de développement économiques
La Banque mondiale et l’OCDE tiennent aussi des bases de données sur les stocks de migrants internationaux par pays d’origine et de destination. Dans les deux cas, ils utilisent une approche globalement similaire à celle de l’ONU en colligeant l’information des recensements et des registres de population à travers le monde ainsi qu’en calculant des ajustements lorsque les données ne sont pas disponibles. Ces données tendent donc à afficher des forces et des lacunes qui ressemblent à celles de l’ONU.
Le Global Bilateral Migration Database de la Banque mondialeNote propose des estimations de la diaspora canadienne qui sont globalement proches de celles de l’ONU. Cette base suggère que l’effectif était de de 1 143 607 personnes en 1990 et de 1 255 438 personnes en 2000, ce qui représente des écarts de respectivement 15 % et 9 % aux chiffres de l’ONU. L’actualité des données par pays d’origine et de destination de la Banque mondiale est une limite importante; les données les plus récentes datent de 2000.
La Base de données sur les migrations internationales de l’OCDENote contient uniquement des renseignements sur les pays de l’OCDE. En conséquence, elle propose un effectif de personnes nées au Canada et qui résident à l’étranger qui est inférieur à celui de l’ONU et de la Banque mondiale. L’OCDE rapporte qu’en 2017, l’effectif de la diaspora canadienne dans les autres pays de l’OCDE était de 1 041 866 personnes comparativement à 1 313 215 personnes selon l’ONU. Certaines données de l’OCDE renseignent aussi sur le pays de citoyenneté. Selon ces données, en 2017, 531 291 citoyens canadiens résidaient dans les autres pays de l’OCDE, un nombre qui est beaucoup trop faible pour être plausible. Les données de l’OCDE examinent quelques caractéristiques socioéconomiques des migrants, dont le niveau de scolarité. La disponibilité de ces caractéristiques enrichit l’examen de la diaspora canadienne, mais est peu pertinente pour en estimer la taille.
1.7. Résumé des sources disponibles
Le tableau suivant compare les principales caractéristiques de toutes les sources de données qui viennent d’être présentées.
Caractéristiques | Nations Unies (stocks de migrants internationaux) | Nations Unies(pays de citoyenneté) | Fondation Asie Pacifique du Canada | Données sur l’émission de passeports | Registre international des électeurs | Service d’Inscription des Canadiens à l’étranger | Banque mondiale | Organisation de coopération et de développement économiques(pays de naissance) | Organisation de coopération et de développement économiques (pays de citoyenneté) |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Approche générale | Pays de destination | Pays de destination | Pays d’origine | Pays d’origine | Pays d’origine | Pays d’origine | Pays de destination | Pays de destination | Pays de destination |
Sources de données | Recensements, registres de population et enquêtes | Recensements, registres de population et enquêtes | Recensements et tables de mortalité | Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada | Élections Canada | Affaires Mondiales Canada | Recensements, registres de population et enquêtes | Recensements, registres de population et enquêtes | Recensements, registres de population et enquêtes |
Concept de migrant | Pays de naissance | Pays de citoyenneté | Pays de citoyenneté | Pays de citoyenneté | Pays de citoyenneté | Pays de citoyenneté | Pays de naissance | Pays de naissance | Pays de citoyenneté |
Univers | Tous les pays du monde | Uniquement les pays disposant de données sur la citoyenneté | Émigrants de 1941 à 2001 vivants en 2001 | Citoyens qui demandent ou renouvellent leur passeport depuis l’étranger | Citoyens à l’étranger qui s’inscrivent au registre | Citoyens à l’étranger qui s’inscrivent au registre | Tous les pays du monde | Uniquement les pays de l’OCDE | Uniquement les pays de l’OCDE disposant de données sur la citoyenneté |
Date de référence la plus récente | 2020 | 2017 | 2006 | 2019 | Variable | Variable | 2000 | 2017 | 2017 |
Nombre de citoyens canadiens à l’étranger | 1 350 000 (2017) | 300 000 | 2 733 000 (2001) et 2 781 000 (2006) |
962 700 | 83 800 | 236 000 | 1 250 000 | 1 000 000 | 500 000 |
2. Méthodologie d’estimation du nombre de citoyens canadiens qui résident à l’étranger
Cette section présente la méthode développée dans cette étude pour estimer la taille de l’effectif de la diaspora canadienne. Elle se divise en quatre parties : la définition de la diaspora adoptée dans cette étude, la description de la stratégie d’estimation de la taille de l’effectif de la diaspora, la description de l’approche utilisée pour évaluer l’incertitude inhérente à l’exercice et la présentation des hypothèses des trois scénarios développés pour répondre à cette incertitude.
2.1 Définition de la diaspora canadienne de cette étude
À notre connaissance, il n’existe pas de définition officielle de la diaspora. La littérature sur le sujet propose différentes définitions qui varient selon les objectifs spécifiques de chaque étude. Dans ce projet, la diaspora canadienne est définie comme l’effectif de citoyens canadiens dont le lieu habituel de résidence n’est pas au Canada. En conséquence, les concepts de citoyenneté canadienne et de lieu habituel de résidence sont centraux pour établir ce critère.
Cette définition a été choisie pour trois principales raisons. Premièrement, comme mentionné en introduction, la citoyenneté canadienne représente une relation importante et mesurable qui est entretenue par les membres de la diaspora avec le Canada. Deuxièmement, le fait de ne plus considérer le Canada comme son lieu habituel de résidence constitue un signal fort du fait qu’une personne ne vit plus au Canada. Troisièmement, cette définition peut être appliquée en pratique puisque plusieurs bases de données canadiennes, notamment les recensements, renseignent sur le statut de citoyenneté et le lieu habituel de résidence.
2.1.1 Citoyenneté canadienne
Les articles 3 et 4 de la Loi sur la citoyenneté du Canada définissent le concept de citoyenneté canadienne. En vertu de cette loi, une personne peut devenir citoyenne canadienne des façons suivantesNote :
- être née au Canada, sauf si les parents sont des diplomates étrangers accrédités (droit du sol);
- obtenir la citoyenneté grâce au processus de naturalisation (résident permanent qui obtient la citoyenneté);
- être née à l’étranger d’un parent qui était citoyen canadien au moment de sa naissance (droit du sang pour la première génération née à l’étranger);
- être née à l’étranger entre le 1er janvier 1947 et 16 avril 2009 d’un parent qui est citoyen canadien qui est aussi né à l’étranger d’un parent citoyen canadien (droit du sang pour la deuxième génération née à l’étranger);
- avoir été adoptée à l’étranger par un parent qui est citoyen canadien après le 1er janvier 1947.
Plusieurs modifications ont été apportées à la Loi sur la citoyenneté au fil du temps. Deux changements relatifs aux personnes nées à l’étranger de parents canadiens retiennent spécialement l’attention dans le contexte de cette étude. Tout d’abord, de 1947 à 2009, la citoyenneté canadienne pouvait être transmise jusqu’à la deuxième génération d’enfants nés ou adoptés à l’étranger. Depuis 2009, seule la première génération née ou adoptée à l’étranger peut demander la citoyenneté canadienne en vertu du droit du sang. Ensuite, de 1947 à 1977, les enfants nés à l’étranger ne pouvaient acquérir la citoyenneté que si leur naissance était enregistrée dans un délai de deux ans. De 1977 à 2009, les enfants de la deuxième génération ou des générations subséquentes nés à l’étranger devaient demander la citoyenneté avant l’âge de 28 ans. Cette règle a été annulée en 2009. La section sur les hypothèses de fécondité décrit comment ces changements ont été considérés dans cette étude.
2.1.2 Lieu habituel de résidence
Les recensements canadiens définissent le lieu habituel de résidence comme le logement où la personne vit habituellementNote . Le recensement précise cette définition pour certaines situations résidentielles plus complexes. Ainsi, le lieu habituel de résidence des personnes qui ont une résidence au Canada et une résidence à l’étranger est celui au Canada. Les employés du gouvernement canadien, y compris le personnel des Forces armées canadiennes, qui résident à l’extérieur du pays sont inclus dans le recensement à leur dernière adresse permanente ou à celle qu’ils ont fournie pour les élections.
Un corollaire notable de l’utilisation de cette définition est que les Canadiens qui font un déplacement qui ne correspond pas à un changement de lieu habituel de résidence, comme un voyage ou un pèlerinage, ne sont pas inclus dans la diaspora canadienne.
2.2 Méthodologie d’estimation
En utilisant la définition de diaspora canadienne qui vient d’être introduite, il est possible de diviser l’effectif de citoyens canadiens qui résident à l’étranger en trois groupes : 1) les citoyens de naissance en sol canadien, 2) les citoyens naturalisés et 3) les citoyens par filiation (citoyens de naissance nés à l’étranger). Cette distinction est importante pour trois raisons. Premièrement, les enjeux de mesure du nombre de citoyens canadiens qui résident à l’étranger diffèrent d’un groupe à l’autre. Deuxièmement, certaines sources, comme les données de l’ONU ou de la FAPC, ne proposent pas une mesure pour ces trois groupes. Cette situation doit être considérée lors des comparaisons à ces sources. Troisièmement, distinguer l’effectif en trois groupes permet de mieux connaître les processus par lesquels la taille de la diaspora s’accroît dans le temps.
Ce document propose des estimations du nombre de citoyens canadiens qui habitent à l’étranger calculées au moyen d’une adaptation de la méthode des composantes (Statistique Canada, 2016). Au lieu d’utiliser les données d’un recensement ou d’une autre source similaire comme point de départ, la présente approche débute avec un effectif nul en 1921. Ensuite, l’effectif de la diaspora est construit en isolant et en modélisant tous les événements démographiques qui influent sur sa taille. Cinq événements doivent être modélisés : l’émigration, la fécondité (et la transmission de la citoyenneté aux enfants nés à l’étranger), la mortalité, l’émigration de retour et la perte de la citoyenneté canadienne. Les personnes qui vivent ces événements sont graduellement ajoutées ou soustraites de la diaspora canadienne de 1921 à 2016 afin de proposer une estimation de la taille de l’effectif de la diaspora en 2016. La période allant de 1921 à 2016 est supposée suffisamment longue pour couvrir tous les citoyens canadiens qui habitent à l’étranger en 2016. Cette variation de la méthode des composantes est similaire aux techniques souvent utilisées pour estimer la couverture des recensements, notamment aux États-Unis (Robinson, 2010).
Le graphique 1 présente un schéma qui illustre les événements démographiques qui doivent être considérés pour calculer cet effectif et l’aspect itératif de l’exercice.
Tableau de données du graphique 1
Pour calculer le nombre de citoyens canadiens à l’étranger au temps t, il faut prendre celui des citoyens qui résident à l’étranger au temps t-1 et ajouter les citoyens qui peuvent entrer dans la diaspora canadienne. Ceci peut survenir de deux façons (case verte) : ils peuvent émigrer du Canada ou être nés (ou adoptés) à l’étranger de parents canadiens de qui ils ont reçu la citoyenneté. Inversement, il faut enlever les membres de la diaspora qui décèdent, retournent vivre au Canada ou perdent leur citoyenneté canadienne (case orange).
Les citoyens canadiens peuvent entrer dans la diaspora canadienne de deux façons (case verte): ils peuvent émigrer du Canada ou ils peuvent être nés (ou adoptés) à l’étranger de parents canadiens de qui ils ont reçu la citoyenneté. Inversement, les membres de la diaspora peuvent la quitter en décédant, en retournant vivre au Canada ou en perdant leur citoyenneté canadienneNote (case orange).
Les deux principaux avantages de cette méthode sont qu’elle propose un cadre conceptuel rigoureux de tous les facteurs qui influent sur la taille de l’effectif de la diaspora et qu’elle permet d’établir différents scénarios et études de sensibilité en faisant varier les hypothèses postulées pour chaque composante.
Elle comporte toutefois des limites notables. Elle requiert l’analyse de multiples sources de données, dont la qualité et la cohérence ne sont pas toujours optimales, ainsi que le développement de différents modèles pour estimer chaque composante séparément sur une période de presqu’un siècle. De plus, cette approche est majoritairement basée sur des données canadiennes, lesquelles ne contiennent généralement pas de renseignement sur le pays de résidence des membres de la diaspora. Une autre limite est qu’un petit nombre de citoyens canadiens très âgés qui vivent à l’étranger ne sont pas couverts par la période de 1921 à 2016 s’ils ont émigré avant 1921 ou s’ils sont nés de parents qui ont émigré avant cette date.
2.3 Prise en compte de l’incertitude
Comme tout exercice statistique, l’estimation du nombre de citoyens canadiens qui résident à l’étranger comporte un certain niveau d’incertitude. L’incertitude est d’autant plus grande que la méthode développée ici est une approche indirecte qui s’appuie sur l’intégration de plusieurs sources de données sur une période de près d’un siècle.
L’approche utilisée dans cette étude pour rendre compte de l’incertitude s’inspire des bonnes pratiques proposées par les Nations Unies dans le chapitre 4 du document Recommendations on Communicating Population Projections (ONU, 2018). Plusieurs des pratiques suggérées dans ce document s’avèrent très pertinentes pour communiquer l’incertitude inhérente au présent exercice. Les pratiques suivantes ont été adoptées dans cette étude :
- Les principales forces et limites des sources de données et des techniques utilisées sont décrites explicitement;
- Les principales hypothèses sous-jacentes à l’estimation de chaque phénomène démographique sont exposées explicitement;
- Dans la mesure du possible, différentes hypothèses (faibles, moyennes et fortes) ont été développées pour les événements démographiques considérés comme les plus incertains. Ceci permet de construire différents scénarios (et donc d’obtenir des fourchettes au lieu d’un seul chiffre) et de mener des analyses de sensibilité;
- Plusieurs experts de Statistique Canada ont été consultés à différents moments au cours du développement du projet;
- Les résultats obtenus sont confrontés à ceux d’autres sources tout en considérant les limites de ces sources afin d’en évaluer la cohérence.
2.4 Hypothèses et sélection des scénarios
Trois scénarios, tous jugés plausibles, ont été développés dans le cadre de cette étude afin de rendre compte de l’incertitude inhérente à l’exercice. Le tableau suivant offre un sommaire des hypothèses postulées pour l’élaboration de chaque scénario.
Composantes | Scénarios | ||
---|---|---|---|
Effectifs faibles |
Effectifs moyens |
Effectifs élevés |
|
Émigration | Émigration faible | Émigration moyenne | Émigration forte |
Fécondité | Fécondité faible | Fécondité moyenne | Fécondité forte |
Mortalité | Mortalité moyenne | Mortalité moyenne | Mortalité moyenne |
Émigration de retour | Émigration de retour moyenne | Émigration de retour moyenne | Émigration de retour moyenne |
Perte de la citoyenneté | Aucune perte de la citoyenneté | Aucune perte de la citoyenneté | Aucune perte de la citoyenneté |
Les trois scénarios élaborés dans cette étude se distinguent par les hypothèses relatives à l’émigration et la fécondité. Ces deux composantes de l’accroissement démographique sont considérées comme étant les plus incertaines. Les hypothèses relatives à chaque événement démographique sont détaillées dans les sections suivantes.
3. Émigration
Chaque année, plusieurs milliers de citoyens canadiens quittent le Canada pour aller s’établir à l’étranger. L’émigration est un des principaux contributeurs à l’effectif de la diaspora canadienne.
L’émigration est un événement démographique difficile à mesurer avec précision, car il n’est pas obligatoire pour un citoyen canadien de rapporter officiellement son départ du Canada. En conséquence, peu de sources de données rendent directement compte de ce phénomène (Bérard-Chagnon, 2018). Les études portant sur ce thème doivent s’appuyer sur des sources de données limitées ou des méthodes indirectes. Une conséquence de cette situation est que les effectifs d’émigrants proposés peuvent varier de manière importante selon l’approche utilisée.
Trois hypothèses relatives à l’émigration ont été élaborées. Elles sont obtenues en deux étapes. Tout d’abord, des estimations du nombre d’émigrants sont calculées en s’appuyant sur une étude de Statistique Canada (George, 1976) et sur les estimations du Programme des estimations démographiques (PED). Ensuite, des taux de citoyenneté canadienne sont calculés au moyen de différentes sources et appliqués aux nombres d’émigrants. Les hypothèses d’émigration sont divisées en deux périodes : 1921-1970 et 1971-2016, en raison des différences dans la disponibilité et les méthodes de collecte des données. Les trois hypothèses d’émigration sont résumées dans le tableau suivant.
Étapes | Périodes | Émigration faible | Émigration moyenne | Émigration forte |
---|---|---|---|---|
Estimations du nombre d’émigrants | 1921-1970 | George (1976) | ||
1971-2016 | Estimations de l’émigration et 33 % de l’erreur en fin de période | Estimations de l’émigration et 67 % de l’erreur en fin de période | Estimations de l’émigration et 100 % de l’erreur en fin de période | |
Taux de citoyenneté des émigrants | 1921-1970 | Méthode résiduelle | ||
1971-2016 | Contre-vérification des dossiers et couplage entre les données fiscales T1 et de l’Enquête nationale auprès des ménages | |||
Estimations du nombre d’émigrants citoyens | 4 274 100 | 4 464 000 | 4 653 900 | |
Note : L’erreur en fin de période est la différence entre les estimations postcensitaires de la population et les comptes du recensement, rajusté pour sa couverture incomplète. |
L’hypothèse d’émigration moyenne propose une estimation de 4 464 000 émigrants citoyens canadiens de 1921 à 2016. Les hypothèses faible et forte fluctuent d’environ 4 % des estimations de l’hypothèse moyenne.
Le reste de cette section décrit les données et les méthodes utilisées pour le calcul des trois hypothèses.
3.1 Estimations du nombre d’émigrants
3.1.1 Estimations de l’émigration pour la période 1921-1970
Comme les données publiées du PED ne remontent pas jusqu’en 1921, les estimations de la période 1921 à 1970 proviennent d’une étude de Statistique Canada (George, 1976). Ces estimations ont été calculées au moyen de méthodes résiduelles. Elles réfèrent à une émigration nette, c’est-à-dire à la différence entre les nombres d’émigrants et d’émigrants de retour. Ces statistiques sont, à notre connaissance, les seules estimations publiées de l’émigration canadienne pour cette période. Il est difficile d’évaluer la précision de ces données.
3.1.2 Estimations de l’émigration pour la période 1971-2016
Aux fins de la production des estimations de la population canadienne, le PED de Statistique Canada produit des estimations de l’émigration. Depuis 1991, les estimations de l’émigration sont divisées en deux catégories : l’émigration permanente et l’émigration temporaireNote .
L’émigration permanente représente le nombre de citoyens canadiens et de résidents permanents qui ont quitté le Canada pour s’établir en permanence dans un autre pays. Les données publiées remontent jusqu’en 1971-1972. Jusqu’en 1981, les estimations intercensitaires de l’émigration étaient calculées au moyen de méthodes résiduelles (Statistique Canada, 2003). De 1981 à 1993, les données du Programme d’allocations familiales (PAF) étaient utilisées pour prendre la mesure de l’émigration. Différents ajustements étaient appliqués à ces données, par exemple pour tenir compte de leur couverture partielle. Depuis 1993, l’émigration permanente est estimée au moyen des données du Programme de prestation fiscale pour enfants (PFE), maintenant nommé Allocation canadienne pour enfants (ACE), et des données d’immigration du United States Department of JusticeNote .
Depuis 1991, le PED calcule aussi des estimations de l’émigration temporaire. Ce phénomène représente des citoyens canadiens et des résidents permanents qui quittent le Canada pour séjourner temporairement dans un autre pays sans maintenir un lieu habituel de résidence au Canada. Les départs temporaires sont tirés de la Contre-vérification des dossiers (CVD), l’enquête qui estime le sous-dénombrement des recensements. Les retours temporaires sont dérivés des données censitaires et des estimations de l’émigration de retour du PED. L’émigration temporaire est diffusée sous la forme d’un solde.
Il est admis que les estimations du PED sous-estiment un peu le nombre annuel d’émigrants (Bérard-Chagnon, 2018; Statistique Canada, 2003). Pour cette raison, une correction est apportée aux estimations du PED dans cette étude. Lorsqu’un nouveau recensement est disponible et qu’il est rajusté pour sa couverture incomplèteNote , les estimations démographiques sont confrontées à ces nouvelles données. L’écart entre les deux séries est appelé « erreur en fin de période » (EFP). Il est admis que l’émigration est l’un des principaux contributeurs à l’erreur en fin de période nationale (Statistique Canada, 2020).. Dans le cadre de cette étude, l’EFP est ajoutée aux estimations de l’émigration du PED pour tenir compte de leur sous-estimation. Cette erreur est négative pour certaines années d’âge. Ceci peut causer des incohérences dans la structure par âge et sexe de la diaspora. Pour corriger cette situation, la structure selon l’âge et le sexe des émigrants permanents du PED est appliquée à l’EFP.
Les trois hypothèses d’émigration se distinguent par la proportion de l’EFP qui est ajoutée aux estimations du PED. L’hypothèse d’émigration faible ajoute une correction en prenant 33 % de la valeur totale de l’EFP tandis que les hypothèses d’émigration moyenne et d’émigration forte se fondent respectivement sur une correction de 67 % et 100 % de l’EFP. Ces choix reposent sur l’état de la connaissance en matière d’émigration, à savoir que les données du PED sous-estiment le nombre d’émigrants. Dans ce contexte, opter pour des hypothèses qui ajustent les nombres d’émigrants du PED à la hausse apparaît comme un choix raisonnable.
Le graphique qui suit présente les estimations de George (1976) et du PED utilisées dans l’élaboration des trois hypothèses d’émigration.
Tableau de données du graphique 2
Année | PED + correction 33 % | PED + correction 67 % | PED + correction 100 % |
---|---|---|---|
nombre | |||
1921 | 97 000 | 97 000 | 97 000 |
1922 | 97 000 | 97 000 | 97 000 |
1923 | 97 000 | 97 000 | 97 000 |
1924 | 97 000 | 97 000 | 97 000 |
1925 | 97 000 | 97 000 | 97 000 |
1926 | 97 000 | 97 000 | 97 000 |
1927 | 97 000 | 97 000 | 97 000 |
1928 | 97 000 | 97 000 | 97 000 |
1929 | 97 000 | 97 000 | 97 000 |
1930 | 97 000 | 97 000 | 97 000 |
1931 | 24 100 | 24 100 | 24 100 |
1932 | 24 100 | 24 100 | 24 100 |
1933 | 24 100 | 24 100 | 24 100 |
1934 | 24 100 | 24 100 | 24 100 |
1935 | 24 100 | 24 100 | 24 100 |
1936 | 24 100 | 24 100 | 24 100 |
1937 | 24 100 | 24 100 | 24 100 |
1938 | 24 100 | 24 100 | 24 100 |
1939 | 24 100 | 24 100 | 24 100 |
1940 | 24 100 | 24 100 | 24 100 |
1941 | 37 900 | 37 900 | 37 900 |
1942 | 37 900 | 37 900 | 37 900 |
1943 | 37 900 | 37 900 | 37 900 |
1944 | 37 900 | 37 900 | 37 900 |
1945 | 37 900 | 37 900 | 37 900 |
1946 | 37 900 | 37 900 | 37 900 |
1947 | 37 900 | 37 900 | 37 900 |
1948 | 37 900 | 37 900 | 37 900 |
1949 | 37 900 | 37 900 | 37 900 |
1950 | 37 900 | 37 900 | 37 900 |
1951 | 46 300 | 46 300 | 46 300 |
1952 | 46 300 | 46 300 | 46 300 |
1953 | 46 300 | 46 300 | 46 300 |
1954 | 46 300 | 46 300 | 46 300 |
1955 | 46 300 | 46 300 | 46 300 |
1956 | 46 300 | 46 300 | 46 300 |
1957 | 46 300 | 46 300 | 46 300 |
1958 | 46 300 | 46 300 | 46 300 |
1959 | 46 300 | 46 300 | 46 300 |
1960 | 46 300 | 46 300 | 46 300 |
1961 | 70 700 | 70 700 | 70 700 |
1962 | 70 700 | 70 700 | 70 700 |
1963 | 70 700 | 70 700 | 70 700 |
1964 | 70 700 | 70 700 | 70 700 |
1965 | 70 700 | 70 700 | 70 700 |
1966 | 70 700 | 70 700 | 70 700 |
1967 | 70 700 | 70 700 | 70 700 |
1968 | 70 700 | 70 700 | 70 700 |
1969 | 70 700 | 70 700 | 70 700 |
1970 | 70 700 | 70 700 | 70 700 |
1971 | 75 617 | 85 199 | 94 782 |
1972 | 73 407 | 82 963 | 92 520 |
1973 | 93 058 | 102 615 | 112 172 |
1974 | 87 579 | 97 136 | 106 694 |
1975 | 76 058 | 85 402 | 94 746 |
1976 | 64 454 | 71 100 | 77 747 |
1977 | 69 966 | 76 612 | 83 257 |
1978 | 69 004 | 75 649 | 82 295 |
1979 | 56 543 | 63 208 | 69 872 |
1980 | 51 552 | 58 242 | 64 931 |
1981 | 61 992 | 69 199 | 76 405 |
1982 | 66 431 | 73 637 | 80 842 |
1983 | 64 996 | 72 223 | 79 449 |
1984 | 62 408 | 69 615 | 76 821 |
1985 | 57 317 | 64 038 | 70 760 |
1986 | 48 595 | 49 484 | 50 372 |
1987 | 41 869 | 42 760 | 43 651 |
1988 | 41 283 | 42 172 | 43 060 |
1989 | 40 649 | 41 538 | 42 427 |
1990 | 45 110 | 46 527 | 47 945 |
1991 | 73 435 | 81 496 | 89 557 |
1992 | 71 777 | 79 817 | 87 857 |
1993 | 77 241 | 85 279 | 93 318 |
1994 | 79 854 | 87 895 | 95 935 |
1995 | 75 583 | 83 025 | 90 467 |
1996 | 81 705 | 85 031 | 88 357 |
1997 | 80 705 | 84 031 | 87 357 |
1998 | 76 901 | 80 226 | 83 552 |
1999 | 76 989 | 80 325 | 83 661 |
2000 | 76 503 | 79 676 | 82 850 |
2001 | 79 847 | 81 986 | 84 126 |
2002 | 83 588 | 85 728 | 87 867 |
2003 | 87 889 | 90 033 | 92 178 |
2004 | 87 332 | 89 472 | 91 612 |
2005 | 92 058 | 95 147 | 98 235 |
2006 | 94 698 | 104 361 | 114 024 |
2007 | 94 373 | 104 063 | 113 753 |
2008 | 89 723 | 99 386 | 109 049 |
2009 | 86 234 | 95 897 | 105 561 |
2010 | 89 321 | 98 653 | 107 986 |
2011 | 99 423 | 106 789 | 114 156 |
2012 | 96 142 | 103 489 | 110 835 |
2013 | 97 736 | 105 082 | 112 428 |
2014 | 99 847 | 107 192 | 114 537 |
2015 | 100 877 | 107 197 | 113 517 |
L’émigration n’est pas un phénomène nouveau. La décennie 1920 a notamment été marquée par une forte émigration vers les États-Unis (Lavoie, 1981). Par la suite, la crise économique a contribué à une baisse importante du nombre d’émigrants. Le nombre d’émigrants est ensuite reparti à la hausse durant les décennies suivantes et a généralement continué d’augmenter jusqu’en 2016.
3.2 Taux de citoyenneté des émigrants
Les estimations de l’émigration utilisées dans cette étude amalgament des citoyens (de naissance ou par naturalisation) et des résidents permanents. Un ajustement a été appliqué pour considérer uniquement l’émigration des citoyens canadiens ainsi que pour diviser les citoyens en citoyens de naissance et citoyens par naturalisation. L’ajustement pour la citoyenneté est calculé de deux façons selon la période considérée. L’ajustement pour la période 1921-1970 est basé sur la méthode résiduelle tandis que celui pour la période 1971-2016 vient d’un modèle basé sur la CVD, les recensements et un couplage entre l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) et les données fiscales T1.
3.2.1 Taux de citoyenneté pour la période 1921-1970
Les taux de citoyenneté pour la période 1921-1970 sont obtenus au moyen de la méthode résiduelle. Ils sont estimés en utilisant et en maintenant constants les taux de citoyenneté de la période 1971-1981.
La méthode résiduelle est une technique largement éprouvée en démographieNote . Dans le présent contexte, la méthode résiduelle consiste à isoler l’émigration dans l’équation démographique. Pour se faire, l’effectif de chaque cohorte démographique est comparé à deux moments dans le temps au moyen des recensements. Un résidu est calculé en soustrayant, pour chaque cohorte, toutes les autres composantes de l’accroissement démographique, comme les naissances et les décès. Ce résidu peut être interprété comme étant l’émigration survenue entre ces deux momentsNote . La méthode résiduelle permet de ventiler l’effectif d’émigrants selon le statut de citoyenneté en ajoutant cette caractéristique aux cohortes modélisées par cette méthode.
Le résidu obtenu par cette méthode représente non seulement l’émigration, mais aussi le cumul des erreurs des autres composantes de la méthode. Du fait que l’émigration est généralement un phénomène assez rare, la part des erreurs dans le résidu obtenu n’est pas négligeable (Jensen, 2013). L’introduction de la citoyenneté dans la méthode résiduelle ajoute un élément d’incertitude car les résidents permanents qui acquièrent la citoyenneté entre 1971 et 1981 ne sont pas dans la même cohorte au début et à la fin de la période.
Toutefois, cette approche est supposée raisonnable en l’absence d’autres données. De plus, comme la double citoyenneté n’a été permise qu’à partir de 1977 au Canada, il est supposé que les schèmes d’acquisition de la citoyenneté par naturalisation ont peu évolué entre 1921 et 1970 et que cette approche est plus appropriée que celle utilisée pour la période 1971-2016.
3.2.2 Taux de citoyenneté pour la période 1971-2016
Pour la période 1971-2016, les données de la CVD, des recensements, de l’ENM et des déclarations fiscales T1 ont été utilisées pour identifier les citoyens parmi l’effectif total d’émigrants. La CVD est l’enquête qui sert à estimer le sous-dénombrement des recensements. L’ENM est l’enquête à réponse volontaire qui a remplacé le questionnaire détaillé du Recensement de 2011. Les déclarations fiscales T1 sont les déclarations de revenus remplies annuellement par les particuliers canadiens.
Les taux de citoyenneté de naissance et par naturalisation sont obtenus au moyen les éléments suivants :
Où:
TAUX_EMI_CIT_MOD = taux de citoyenneté modélisé des émigrants (excluant les résidents non permanents) pour la période t à t+1;
TAUX_CIT_POP = taux de citoyenneté de la population canadienne tirés du recensement de l’année c, lequel précède l’année t ou de l’ENM pour 2011 (excluant les résidents non permanents);
TAUX_EMI_CIT = taux de citoyenneté des émigrants (excluant les résidents non permanents) estimé par la CVD et le couplage pour la période 2011-2016.
Des taux de citoyenneté des émigrants ont été calculés pour 2011 et 2016 au moyen de la CVD, de l’ENM et des déclarations fiscales T1 afin de tenir compte du fait que les caractéristiques des émigrants diffèrent de celles de l’ensemble de la population canadienne. Le calcul de ces taux est décrit dans la section suivante. Les taux de citoyenneté des émigrants de 2011 et 2016 ont été appliqués à la population canadienne de chaque recensement depuis 1971, ventilés selon le statut de citoyenneté. Ceci permet d’obtenir des taux de citoyenneté des émigrants qui varient dans le temps en prenant en compte l’évolution de la répartition de la population par statut de citoyenneté. Les taux obtenus ont été ensuite appliqués aux estimations annuelles de l’émigration du PED.
L’hypothèse centrale de cette méthode est que les relations entre le statut de citoyenneté des émigrants et celui de la population canadienne demeurent constantes dans le temps. Autrement dit, l’écart entre les citoyens naturalisés, les citoyens de naissance et les résidents permanents quant à la propension à émigrer est fixe dans le temps.
3.2.1.1 Taux de citoyenneté des émigrants de 2011 et 2016
Le calcul des taux de citoyenneté des émigrants de 2011 à 2016 repose sur l’intégration de deux sources de données.
Premièrement, les données de la CVD de 2016 rendent compte du statut de citoyenneté des personnes de l’échantillon qui ont été classées comme émigrantes. Les principaux avantages d’utiliser la CVD sont que le concept d’émigration de cette enquête se rapproche de celui du PED et de la définition du lieu habituel de résidence et que les bases de sondage de l’enquête couvrent très bien l’univers du recensement. Cependant, l’utilisation de la CVD est limitée par le nombre relativement petit d’émigrants dans l’échantillon (environ 500) ainsi que par les effets de la non-réponse et des réponses par procuration pour les émigrants.
Deuxièmement, un couplage réalisé entre l’ENM et les données fiscales T1 de 2011 permet aussi d’examiner le statut de citoyenneté des émigrants. Les renseignements sur la citoyenneté sont tirés de l’ENM tandis que les émigrants sont identifiés grâce aux dates de départ inscrites par les déclarants dans leurs déclarations fiscales. Cette approche permet d’avoir une base de données avec plus de 2 000 émigrants, un effectif plus nombreux que celui de la CVD. Les principales lacunes de cette approche sont que le concept fiscal d’émigration diffère de celui du PED et que le couplage n’est pas totalement représentatif de l’univers du recensement, car plusieurs personnes ne sont pas appariées ou n’apparaissent pas dans les données fiscales ou dans l’ENM. C’est notamment le cas des immigrants récents, qui sont à la fois spécialement susceptibles d’être omis au recensement et d’émigrer (Finnie, 2006; Bérard-Chagnon et coll., 2019). Il est supposé que ces limites n’entachent pas la répartition des émigrants selon le statut de citoyenneté.
Dans les deux sources, les résidents non permanents (RNP) ont été identifiés et enlevés des calculs. Le tableau suivant rend compte des répartitions des émigrants selon le statut de citoyenneté des deux sources.
Statuts de citoyenneté canadienne des émigrants | Contre-vérification des dossiers | Couplage entre l’Enquête nationale auprès des ménages et les données fiscales | Moyenne |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
Citoyens | 62 | 82 | 72 |
Citoyens de naissance | 42 | 48 | 45 |
Citoyens par naturalisation | 20 | 34 | 27 |
Non citoyens (résidents permanents) | 38 | 18 | 28 |
Total | 100 | 100 | 100 |
Note : Les résidents non permanents ont été enlevés des calculs. Sources : Contre-vérification des dossiers (2016), Enquête nationale auprès des ménages (2011) et déclarations fiscales T1 (2011). |
Les résultats de ce tableau montrent qu’entre 62 % et 82 % des émigrants de la CVD et du couplage sont citoyens canadiens. Ces proportions sont nettement inférieures à celle de l’ensemble de la population canadienne (94 % en 2016 après avoir exclu les RNP). De plus, de 42 % à 48 % des émigrants citoyens sont des citoyens de naissance.
Du fait des limites des deux sources, la moyenne des deux approches a été utilisée pour modéliser le nombre de citoyens parmi les émigrants sous l’hypothèse que la moyenne permet de concilier les forces et les lacunes des deux sources dans le contexte où il est difficile de déterminer quelle source est la plus plausible.
Le graphique suivant montre les taux de citoyenneté de naissance et par naturalisation qui sont appliqués aux effectifs d’émigrants.
Tableau de données du graphique 3
Année | Citoyens de naissance | Citoyens par naturalisation | Résidents permanents |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
1921 | 58 | 11 | 31 |
1922 | 58 | 11 | 31 |
1923 | 58 | 11 | 31 |
1924 | 58 | 11 | 31 |
1925 | 58 | 11 | 31 |
1926 | 58 | 11 | 31 |
1927 | 58 | 11 | 31 |
1928 | 58 | 11 | 31 |
1929 | 58 | 11 | 31 |
1930 | 58 | 11 | 31 |
1931 | 58 | 11 | 31 |
1932 | 58 | 11 | 31 |
1933 | 58 | 11 | 31 |
1934 | 58 | 11 | 31 |
1935 | 58 | 11 | 31 |
1936 | 58 | 11 | 31 |
1937 | 58 | 11 | 31 |
1938 | 58 | 11 | 31 |
1939 | 58 | 11 | 31 |
1940 | 58 | 11 | 31 |
1941 | 58 | 11 | 31 |
1942 | 58 | 11 | 31 |
1943 | 58 | 11 | 31 |
1944 | 58 | 11 | 31 |
1945 | 58 | 11 | 31 |
1946 | 58 | 11 | 31 |
1947 | 58 | 11 | 31 |
1948 | 58 | 11 | 31 |
1949 | 58 | 11 | 31 |
1950 | 58 | 11 | 31 |
1951 | 58 | 11 | 31 |
1952 | 58 | 11 | 31 |
1953 | 58 | 11 | 31 |
1954 | 58 | 11 | 31 |
1955 | 58 | 11 | 31 |
1956 | 58 | 11 | 31 |
1957 | 58 | 11 | 31 |
1958 | 58 | 11 | 31 |
1959 | 58 | 11 | 31 |
1960 | 58 | 11 | 31 |
1961 | 58 | 11 | 31 |
1962 | 58 | 11 | 31 |
1963 | 58 | 11 | 31 |
1964 | 58 | 11 | 31 |
1965 | 58 | 11 | 31 |
1966 | 58 | 11 | 31 |
1967 | 58 | 11 | 31 |
1968 | 58 | 11 | 31 |
1969 | 58 | 11 | 31 |
1970 | 58 | 11 | 31 |
1971 | 45 | 23 | 32 |
1972 | 45 | 23 | 32 |
1973 | 45 | 23 | 32 |
1974 | 45 | 23 | 32 |
1975 | 45 | 23 | 32 |
1976 | 45 | 22 | 32 |
1977 | 45 | 22 | 32 |
1978 | 45 | 22 | 32 |
1979 | 45 | 22 | 32 |
1980 | 45 | 22 | 32 |
1981 | 46 | 24 | 30 |
1982 | 46 | 24 | 30 |
1983 | 46 | 24 | 30 |
1984 | 46 | 24 | 30 |
1985 | 46 | 24 | 30 |
1986 | 46 | 24 | 30 |
1987 | 46 | 24 | 30 |
1988 | 46 | 24 | 30 |
1989 | 46 | 24 | 30 |
1990 | 46 | 24 | 29 |
1991 | 47 | 21 | 32 |
1992 | 47 | 21 | 32 |
1993 | 47 | 22 | 32 |
1994 | 47 | 22 | 32 |
1995 | 47 | 21 | 32 |
1996 | 47 | 23 | 30 |
1997 | 47 | 23 | 30 |
1998 | 47 | 23 | 30 |
1999 | 47 | 23 | 30 |
2000 | 47 | 23 | 30 |
2001 | 47 | 22 | 31 |
2002 | 47 | 22 | 31 |
2003 | 47 | 22 | 31 |
2004 | 47 | 22 | 31 |
2005 | 47 | 22 | 31 |
2006 | 47 | 24 | 29 |
2007 | 47 | 24 | 29 |
2008 | 47 | 25 | 29 |
2009 | 46 | 25 | 29 |
2010 | 46 | 25 | 29 |
2011 | 46 | 27 | 27 |
2012 | 46 | 27 | 27 |
2013 | 46 | 27 | 27 |
2014 | 46 | 27 | 27 |
2015 | 46 | 27 | 27 |
Selon le modèle développé dans cette étude montrent que la majorité des émigrants sont des citoyens de naissance. Avant 1971, près de 60 % des émigrants étaient des citoyens de naissance tandis qu’un émigrant sur dix était un citoyen par naturalisation. Comme le Canada n’acceptait pas la double citoyenneté à l’époque, il est raisonnable de supposer que les immigrants qui obtenaient la citoyenneté canadienne étaient beaucoup plus susceptibles de demeurer au Canada que ceux qui préféraient garder la citoyenneté d’un autre pays.
À partir de 1971, les résultats de cette étude proposent une proportion de citoyens de naissance qui oscille entre 40 % et 50 %. Il s’agit d’une proportion plus basse que pour la période 1921-1970. Ces résultats indiquent aussi que les citoyens par naturalisation pourraient composer entre 20 % et 30 % des émigrants, ce qui apparait tout à fait plausible compte tenu de l’augmentation importante de l’immigration dans les années 1980. Enfin, notons que les résidents permanents pourraient constituer environ 30 % des émigrants pour toute la période examinée.
4. Fécondité
Selon l’article 3 de la Loi sur la citoyenneté, un enfant peut devenir citoyen canadien s’il est né ou adopté à l’étranger et que l’un de ses deux parents est citoyen canadien au moment de sa naissance ou de son adoption.
Cette section présente la façon dont le nombre de naissances à l’étranger est estimé aux fins du présent exercice. Le graphique suivant schématise le processus développé dans cette étude.
Tableau de données du graphique 4
Le nombre d’enfants nés de citoyens canadiens à l’étranger a été estimé en trois étapes. Premièrement, les taux de fécondité ont été appliqués annuellement à l’effectif de femmes de la diaspora (case noire). Deuxièmement, un ajustement a été réalisé pour tenir compte des naissances d’un père canadien avec une mère qui n’est pas canadienne (case bleue). Cette étape est nécessaire puisque les taux de fécondité utilisés à dans la case noire ne tiennent pas compte de cette situation. Troisièmement, des taux de transmission de la citoyenneté canadienne ont été appliqués aux naissances venant d’être estimées (case jaune). Même si elles ont droit à la citoyenneté canadienne, certaines personnes n’en font jamais la demande de sorte que ce ne sont pas toutes les naissances à l’étranger de parents qui sont citoyens canadiens qui entrent dans la diaspora canadienne telle que définie dans cette étude. Finalement, la somme des naissances obtenues des cases noire et bleue, à laquelle ont été appliqués les taux de transmission de la citoyenneté, donnent le nombre d’enfants nés de citoyens canadiens à l’étranger dans la diaspora canadienne (case orange).
Le nombre d’enfants nés de citoyens canadiens à l’étranger a été estimé en trois étapes. Premièrement, des taux de fécondité ont été appliqués annuellement à l’effectif de femmes de la diaspora. Deuxièmement, un ajustement a été réalisé pour tenir compte des naissances d’un père canadien avec une mère qui n’est pas canadienne. Cette étape est nécessaire puisque les taux de fécondité utilisés à l’étape 1 ne tiennent pas compte de cette situation. Troisièmement, des taux de transmission de la citoyenneté canadienne ont été appliqués aux naissances venant d’être estimées. Même si elles ont droit à la citoyenneté canadienne, certaines personnes n’en font jamais la demande de sorte que ce ne sont pas toutes les naissances à l’étranger de parents qui sont citoyens canadiens qui entrent dans la diaspora canadienne telle que définie dans cette étude. Rappelons que les deux principales autres sources qui proposent des estimations de la taille de la diaspora canadienne, notamment la FAPC et l’ONU, ne tiennent pas compte de cette partie de la diaspora.
Les taux de fécondité et l’ajustement pour la fécondité des hommes sont les mêmes pour les trois hypothèses de fécondité. Elles se distinguent par l’utilisation de différents taux de transmission de la citoyenneté canadienne :
- Fécondité faible : taux de transmission de la citoyenneté du Royaume-Uni;
- Fécondité moyenne : taux de transmission de la citoyenneté des États-Unis;
- Fécondité forte : taux de transmission de la citoyenneté de l’Australie.
Le reste de cette section décrit les méthodes utilisées pour obtenir ces hypothèses.
Comme il a été mentionné précédemment, depuis 2009, seule la première génération d’enfants nés à l’étranger peut devenir citoyens par filiation. Comme l’année de référence des estimations de cette étude est 2016, cette situation touche uniquement les enfants nés de 2009 à 2016. Il est supposé que l’effet de ce changement est négligeable.
4.1 Taux de fécondité
Les taux de fécondité par âge du Canada de 1921 à 2016 ont été appliqués chaque année aux femmes de la diaspora.
Cette approche s’appuie sur l’hypothèse que les comportements en matière de fécondité des femmes de la diaspora sont les mêmes que celles qui résident au Canada. La littérature suggère que les immigrantes tendent à adopter les comportements en matière de fécondité des femmes du pays de destination (Bélanger et Gilbert, 2006). Toutefois, comme les émigrants canadiens s’établissent majoritairement dans des pays où la fécondité est similaire à celle du Canada, cette hypothèse apparaît plausible.
Il est aussi supposé que le nombre d’adoptions est négligeable aux fins du calcul du nombre de citoyens canadiens qui résident à l’étranger.
Le graphique suivant illustre les indices synthétiques de fécondité (ISF) du Canada qui sont exploités dans cette étude.
Tableau de données du graphique 5
Année | Nombre d'enfants par femme |
---|---|
1921 | 3,53 |
1922 | 3,40 |
1923 | 3,23 |
1924 | 3,22 |
1925 | 3,13 |
1926 | 3,35 |
1927 | 3,32 |
1928 | 3,29 |
1929 | 3,22 |
1930 | 3,28 |
1931 | 3,19 |
1932 | 3,08 |
1933 | 2,86 |
1934 | 2,80 |
1935 | 2,75 |
1936 | 2,69 |
1937 | 2,64 |
1938 | 2,70 |
1939 | 2,65 |
1940 | 2,76 |
1941 | 2,82 |
1942 | 2,95 |
1943 | 3,03 |
1944 | 3,00 |
1945 | 3,00 |
1946 | 3,36 |
1947 | 3,58 |
1948 | 3,42 |
1949 | 3,44 |
1950 | 3,43 |
1951 | 3,48 |
1952 | 3,62 |
1953 | 3,70 |
1954 | 3,81 |
1955 | 3,82 |
1956 | 3,84 |
1957 | 3,93 |
1958 | 3,89 |
1959 | 3,94 |
1960 | 3,91 |
1961 | 3,85 |
1962 | 3,77 |
1963 | 3,68 |
1964 | 3,51 |
1965 | 3,15 |
1966 | 2,82 |
1967 | 2,60 |
1968 | 2,45 |
1969 | 2,40 |
1970 | 2,31 |
1971 | 2,14 |
1972 | 1,96 |
1973 | 1,88 |
1974 | 1,83 |
1975 | 1,83 |
1976 | 1,78 |
1977 | 1,75 |
1978 | 1,70 |
1979 | 1,70 |
1980 | 1,68 |
1981 | 1,65 |
1982 | 1,64 |
1983 | 1,62 |
1984 | 1,62 |
1985 | 1,61 |
1986 | 1,59 |
1987 | 1,58 |
1988 | 1,60 |
1989 | 1,66 |
1990 | 1,72 |
1991 | 1,71 |
1992 | 1,71 |
1993 | 1,68 |
1994 | 1,69 |
1995 | 1,67 |
1996 | 1,63 |
1997 | 1,57 |
1998 | 1,56 |
1999 | 1,54 |
2000 | 1,51 |
2001 | 1,53 |
2002 | 1,51 |
2003 | 1,54 |
2004 | 1,55 |
2005 | 1,57 |
2006 | 1,61 |
2007 | 1,66 |
2008 | 1,68 |
2009 | 1,68 |
2010 | 1,64 |
2011 | 1,62 |
2012 | 1,61 |
2013 | 1,59 |
2014 | 1,58 |
2015 | 1,56 |
La fécondité surpassait 2,5 enfants par femme dans les décennies 1920 et 1930. Ensuite, la fécondité a grimpé à presque 4,0 enfants par femme pendant le baby-boom, soit de 1946 à 1965. Par la suite, la fécondité a baissé pour s’établir entre 1,5 et 1,7 enfant par femme à partir du début des années 1980.
4.2 Ajustement pour la fécondité des hommes
L’application de taux de fécondité aux femmes faisant partie de la diaspora ne couvre pas la totalité des naissances à l’étranger de parents qui sont citoyens canadiens. En effet, trois scénarios sont possibles relativement à la citoyenneté des parents d’un enfant né à l’étranger. Le tableau suivant présente ces trois possibilités.
Cas | Statut de citoyenneté canadienne de la mère | Statut de citoyenneté canadienne du père |
---|---|---|
1 | Canadienne | Canadien |
2 | Canadienne | Non canadien |
3 | Non canadienne | Canadien |
L’application de taux de fécondité aux femmes de la diaspora permet de considérer les naissances de mères canadiennes (cas 1 et 2), mais pas celles où seul le père est citoyen canadien (cas 3). Un ajustement est nécessaire pour tenir compte de cette situation.
Cet ajustement a été calculé au moyen des données de l’American Community Survey (ACS) (Bilan, 2020). L’ACS est l’enquête annuelle qui a remplacé le questionnaire détaillé du recensement américain après l’an 2000. Elle renseigne notamment sur le pays de naissance et la fécondité des répondants. Rappelons que l’ACS est sujette aux limites usuelles des enquêtes par échantillon, comme la variabilité échantillonnale. Les données du fichier public de l’ACS regroupant les données annuelles de 2013 à 2017 ont été utilisées ici. Bien que le fichier public soit un échantillon de l’ACS, l’utilisation des données regroupées permet d’ajouter de la robustesse aux résultats.
Le pays de naissance des femmes qui ont donné naissance à un enfant au cours de l’année qui a précédé l’enquête a été identifié. Ensuite, le pays de naissance du conjoint de la mère a été ajouté lorsque celui-ci est connu. Le tableau suivant montre la distribution du pays de naissance des deux parents.
Point de vue | Pays de naissance de la mère | Pays de naissance du père | 2013-2017 |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
De la mère | Canada | Canada | 13,3 |
Étranger | 76,1 | ||
Inconnu | 10,5 | ||
Total | 100,0 | ||
Du père | Canada | Canada | 16,9 |
Étranger | 83,1 | ||
Total | 100,0 | ||
Source : Bilan (2020). |
Le principal constat qui émerge de l’examen de ces données est que les personnes nées au Canada et qui habitent aux États-Unis ont souvent des enfants avec des partenaires qui ne sont pas nés au Canada. C’est environ le cas pour les trois-quarts des femmes et pour plus de 80 % des hommes. Ce résultat est plausible, car les jeunes adultes et les personnes célibataires sont spécialement susceptibles d’émigrer (Finnie, 2006). Une fois rendues dans le pays de destination, ces personnes peuvent rencontrer un(e) conjoint(e) qui n’est pas né(e) au Canada. Le corollaire du résultat de ce tableau est que l’application d’ISF à la population féminine de la diaspora sous-estime de manière importante le nombre de naissances de parents canadiens.
Le calcul de l’ajustement est réalisé en trois étapes. Premièrement, le ratio entre les taux de fécondité des hommes nés au Canada qui ont eu un enfant avec une femme née à l’étranger (situation 3) et ceux des femmes nées au Canada (peu importe le pays de naissance du père, situations 1 et 2) a été calculé au moyen des données pondérées de l’ACS pondéré de 2013-2017. Deuxièmement, ce ratio a été appliqué aux taux de fécondité annuels afin de dériver l’ajustement de fécondité des hommes. Troisièmement, cet ajustement a été appliqué à la population masculine de la diaspora pour obtenir un nombre de naissances de pères canadiens avec une mère non canadienne. Cette approche s’appuie sur l’hypothèse que les ratios des taux de fécondité sont constants dans le temps.
Le graphique suivant montre les ratios entre les taux de fécondité des hommes nés au Canada qui ont eu un enfant avec une femme née à l’étranger et ceux des femmes nées au Canada (peu importe le pays de naissance du père) tirés de l’ACS. Ces données sont calculées lors de la première étape de l’ajustement.
Tableau de données du graphique 6
Âge | Ratio |
---|---|
25 | 0,07 |
26 | 0,41 |
27 | 0,04 |
28 | 0,67 |
29 | 0,39 |
30 | 0,43 |
31 | 0,42 |
32 | 0,71 |
33 | 0,81 |
34 | 0,77 |
35 | 0,93 |
36 | 1,21 |
37 | 1,07 |
38 | 0,79 |
39 | 0,83 |
40 | 0,97 |
41 | 0,57 |
42 | 1,27 |
43 | 3,92 |
44 | 2,08 |
Les ratios sont généralement largement inférieurs à un. Cette situation, qui est attendue, signifie que les taux de fécondité des hommes nés au Canada qui ont eu un enfant avec une femme née à l’étranger sont inférieurs à ceux des femmes nées au Canada (peu importe le pays de naissance du père). Cependant, à partir de la mi-trentaine, les ratios se rapprochent et surpassent parfois l’unité. Ce résultat provient à la fois du fait que les pères tendent à être plus âgés que les mères et que la fécondité décline à partir du milieu de la trentaine (Provencher et coll., 2018).
Le graphique suivant compare l’ajustement calculé pour tenir compte de la fécondité des hommes avec des femmes qui ne sont pas canadiennes à l’ISF du Canada.
Tableau de données du graphique 7
Année | Indices synthétiques de fécondité | Ajustements pour la fécondité des hommes avec des femmes non canadiennes |
---|---|---|
nombre d'enfants par femme | ||
1921 | 3,53 | 1,80 |
1922 | 3,40 | 1,77 |
1923 | 3,23 | 1,71 |
1924 | 3,22 | 1,69 |
1925 | 3,13 | 1,64 |
1926 | 3,35 | 1,85 |
1927 | 3,32 | 1,82 |
1928 | 3,29 | 1,81 |
1929 | 3,22 | 1,73 |
1930 | 3,28 | 1,77 |
1931 | 3,19 | 1,71 |
1932 | 3,08 | 1,67 |
1933 | 2,86 | 1,56 |
1934 | 2,80 | 1,53 |
1935 | 2,75 | 1,49 |
1936 | 2,69 | 1,46 |
1937 | 2,64 | 1,41 |
1938 | 2,70 | 1,42 |
1939 | 2,65 | 1,38 |
1940 | 2,76 | 1,40 |
1941 | 2,82 | 1,39 |
1942 | 2,95 | 1,45 |
1943 | 3,03 | 1,50 |
1944 | 3,00 | 1,51 |
1945 | 3,00 | 1,51 |
1946 | 3,36 | 1,63 |
1947 | 3,58 | 1,68 |
1948 | 3,42 | 1,60 |
1949 | 3,44 | 1,59 |
1950 | 3,43 | 1,58 |
1951 | 3,48 | 1,58 |
1952 | 3,62 | 1,63 |
1953 | 3,70 | 1,65 |
1954 | 3,81 | 1,70 |
1955 | 3,82 | 1,69 |
1956 | 3,84 | 1,69 |
1957 | 3,93 | 1,70 |
1958 | 3,89 | 1,66 |
1959 | 3,94 | 1,67 |
1960 | 3,91 | 1,64 |
1961 | 3,85 | 1,61 |
1962 | 3,77 | 1,57 |
1963 | 3,68 | 1,54 |
1964 | 3,51 | 1,48 |
1965 | 3,15 | 1,32 |
1966 | 2,82 | 1,16 |
1967 | 2,60 | 1,04 |
1968 | 2,45 | 0,96 |
1969 | 2,40 | 0,94 |
1970 | 2,31 | 0,89 |
1971 | 2,14 | 0,80 |
1972 | 1,96 | 0,73 |
1973 | 1,88 | 0,67 |
1974 | 1,83 | 0,65 |
1975 | 1,83 | 0,64 |
1976 | 1,78 | 0,63 |
1977 | 1,75 | 0,62 |
1978 | 1,70 | 0,60 |
1979 | 1,70 | 0,61 |
1980 | 1,68 | 0,60 |
1981 | 1,65 | 0,60 |
1982 | 1,64 | 0,60 |
1983 | 1,62 | 0,60 |
1984 | 1,62 | 0,61 |
1985 | 1,61 | 0,62 |
1986 | 1,59 | 0,62 |
1987 | 1,58 | 0,62 |
1988 | 1,60 | 0,64 |
1989 | 1,66 | 0,66 |
1990 | 1,72 | 0,69 |
1991 | 1,71 | 0,69 |
1992 | 1,71 | 0,70 |
1993 | 1,68 | 0,70 |
1994 | 1,69 | 0,71 |
1995 | 1,67 | 0,71 |
1996 | 1,63 | 0,71 |
1997 | 1,57 | 0,69 |
1998 | 1,56 | 0,69 |
1999 | 1,54 | 0,70 |
2000 | 1,51 | 0,69 |
2001 | 1,53 | 0,72 |
2002 | 1,51 | 0,72 |
2003 | 1,54 | 0,75 |
2004 | 1,55 | 0,77 |
2005 | 1,57 | 0,78 |
2006 | 1,61 | 0,82 |
2007 | 1,66 | 0,85 |
2008 | 1,68 | 0,86 |
2009 | 1,68 | 0,87 |
2010 | 1,64 | 0,86 |
2011 | 1,62 | 0,86 |
2012 | 1,61 | 0,87 |
2013 | 1,59 | 0,87 |
2014 | 1,58 | 0,88 |
2015 | 1,56 | 0,89 |
L’ajustement suit relativement bien la courbe de l’ISF. Son ampleur apparaît raisonnable considérant les résultats qui viennent d’être présentés.
4.3 Taux de transmission de la citoyenneté canadienne
Bien que les personnes nées ou adoptées à l’étranger de parents citoyens aient droit à la citoyenneté canadienne, elles n’ont pas forcément fait les démarches pour l’obtenir. Certaines personnes peuvent ne pas voir l’intérêt de faire ce processus ou ne pas être au courant de ce droit.
À notre connaissance, les données des pays où émigrent la majorité des Canadiens ne renseignent pas sur la transmission de la citoyenneté canadienne. En conséquence, les données des recensements canadiens ont été utilisées pour calculer des taux de transmission de la citoyenneté pour les ressortissants de quelques paysNote . Les pays sélectionnés sont le Royaume-Uni (hypothèse de fécondité faible), les États-Unis (hypothèse de fécondité moyenne) et l’Australie (hypothèse de fécondité forte). Ces pays ont été choisis pour trois principales raisons : 1) ils ont un système relatif à la citoyenneté qui ressemble à celui du Canada, 2) ils acceptent la double citoyenneté et 3) un nombre relativement grand de Canadiens y résident selon les statistiques de l’ONU.
La transmission est définie ici comme étant le fait qu’une personne née au Canada soit citoyenne du pays de naissance d’un de ses parents. À titre d’exemple, la citoyenneté est transmise si une personne née au Canada de parents nés en Australie possède la citoyenneté australienne. L’hypothèse centrale de cette approche est que les comportements en matière de transmission de la citoyenneté des ressortissants de ces pays qui résident au Canada sont similaires à ceux des citoyens canadiens qui vivent à l’étranger. C’est une hypothèse avec un plus haut degré d’incertitude qui est faite en l’absence de données directes sur ce phénomène.
Selon le Recensement de 2016, les taux généraux de transmission de la citoyenneté sont respectivement de 13,2 % pour le Royaume-Uni, 23,0 % pour les États-Unis et 41,4 % pour l’Australie.
Les taux de transmission sont appliqués en deux étapes. Premièrement, les taux ont été calculés par cohorte à partir du Recensement de 2016. Deuxièmement, le Recensement de 2016 ne renseigne pas sur le moment de l’acquisition de la citoyenneté du pays de naissance des parents. Les taux de transmission par cohorte de la première étape ont été appliqués uniformément chaque année de 0 à 35 ans. Après cet âge, il est supposé que les personnes n’acquièrent pas la citoyenneté du pays de naissance de leurs parents. Cette hypothèse est postulée après avoir examiné les schèmes de citoyenneté des enfants de parents américains au moyen de cohortes fictives des recensements de 2001 à 2016, lesquels n’augmentent plus beaucoup après l’âge de 35 ans. Le graphique suivant présente les taux de transmission de la citoyenneté par cohorte.
Tableau de données du graphique 8
Année de naissance | Royaume-Uni | États-Unis | Australie |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
1921 | 6,0 | 4,7 | 0,0 |
1922 | 6,9 | 8,8 | 0,0 |
1923 | 6,6 | 8,0 | 0,0 |
1924 | 6,5 | 6,6 | 15,6 |
1925 | 5,5 | 7,6 | 19,1 |
1926 | 6,3 | 6,3 | 7,7 |
1927 | 7,2 | 6,9 | 9,9 |
1928 | 7,0 | 6,9 | 12,1 |
1929 | 7,7 | 8,0 | 10,2 |
1930 | 6,9 | 7,2 | 23,6 |
1931 | 6,8 | 8,0 | 31,7 |
1932 | 7,5 | 8,8 | 15,2 |
1933 | 8,6 | 7,5 | 30,0 |
1934 | 8,9 | 9,1 | 35,1 |
1935 | 9,2 | 9,4 | 40,1 |
1936 | 10,3 | 8,2 | 48,4 |
1937 | 10,4 | 11,1 | 35,8 |
1938 | 11,2 | 12,0 | 36,1 |
1939 | 12,1 | 11,7 | 35,1 |
1940 | 12,3 | 14,5 | 49,5 |
1941 | 13,3 | 15,3 | 44,3 |
1942 | 13,1 | 17,2 | 23,5 |
1943 | 14,5 | 17,7 | 34,4 |
1944 | 15,5 | 19,4 | 40,2 |
1945 | 14,9 | 19,4 | 47,3 |
1946 | 12,7 | 19,9 | 46,6 |
1947 | 11,5 | 22,7 | 41,0 |
1948 | 11,9 | 22,1 | 36,8 |
1949 | 12,7 | 21,5 | 29,1 |
1950 | 11,5 | 21,9 | 39,5 |
1951 | 11,3 | 21,3 | 32,0 |
1952 | 12,5 | 23,8 | 32,3 |
1953 | 12,7 | 23,3 | 36,5 |
1954 | 12,4 | 22,6 | 40,7 |
1955 | 12,5 | 26,5 | 42,3 |
1956 | 12,9 | 24,8 | 30,9 |
1957 | 12,3 | 25,8 | 37,2 |
1958 | 11,6 | 25,8 | 38,9 |
1959 | 12,1 | 26,8 | 34,6 |
1960 | 12,7 | 27,6 | 37,8 |
1961 | 13,6 | 29,9 | 41,4 |
1962 | 14,6 | 30,9 | 49,5 |
1963 | 15,0 | 31,0 | 40,2 |
1964 | 15,7 | 32,2 | 31,1 |
1965 | 16,1 | 32,9 | 43,1 |
1966 | 17,0 | 38,4 | 40,1 |
1967 | 17,3 | 37,1 | 44,0 |
1968 | 16,6 | 38,6 | 44,0 |
1969 | 16,8 | 38,4 | 38,0 |
1970 | 16,2 | 37,9 | 38,7 |
1971 | 17,0 | 36,1 | 50,9 |
1972 | 17,7 | 33,9 | 46,4 |
1973 | 17,7 | 37,3 | 50,6 |
1974 | 15,6 | 36,6 | 48,7 |
1975 | 16,1 | 30,8 | 57,7 |
1976 | 16,0 | 34,8 | 48,2 |
1977 | 14,9 | 32,3 | 48,3 |
1978 | 16,6 | 32,9 | 58,4 |
1979 | 16,6 | 32,8 | 55,0 |
1980 | 16,8 | 31,5 | 55,1 |
1981 | 16,5 | 33,9 | 60,8 |
1982 | 16,1 | 31,8 | 65,4 |
1983 | 16,0 | 34,0 | 67,0 |
1984 | 16,5 | 30,5 | 71,7 |
1985 | 15,7 | 29,4 | 67,2 |
1986 | 18,1 | 31,9 | 61,8 |
1987 | 17,0 | 30,8 | 64,9 |
1988 | 17,0 | 28,6 | 64,3 |
1989 | 15,8 | 27,1 | 58,8 |
1990 | 14,3 | 25,4 | 66,5 |
1991 | 14,3 | 24,5 | 50,5 |
1992 | 13,8 | 24,3 | 44,1 |
1993 | 13,2 | 21,2 | 47,6 |
1994 | 12,2 | 20,3 | 37,1 |
1995 | 12,4 | 22,3 | 34,7 |
1996 | 11,9 | 21,3 | 30,2 |
1997 | 13,5 | 17,7 | 26,3 |
1998 | 13,3 | 17,3 | 29,3 |
1999 | 13,9 | 18,1 | 22,5 |
2000 | 13,4 | 18,0 | 27,4 |
2001 | 14,2 | 19,3 | 29,2 |
2002 | 13,5 | 16,8 | 25,2 |
2003 | 13,6 | 17,3 | 23,2 |
2004 | 15,0 | 18,3 | 28,5 |
2005 | 13,4 | 18,4 | 27,3 |
2006 | 13,4 | 18,4 | 25,3 |
2007 | 13,7 | 18,6 | 30,5 |
2008 | 11,6 | 18,7 | 28,0 |
2009 | 11,9 | 17,7 | 29,3 |
2010 | 11,8 | 18,1 | 27,3 |
2011 | 12,1 | 17,3 | 24,6 |
2012 | 9,3 | 15,9 | 20,1 |
2013 | 9,2 | 17,2 | 22,9 |
2014 | 8,1 | 12,8 | 18,9 |
2015 | 7,2 | 11,6 | 13,8 |
2016 | 3,9 | 9,6 | 4,6 |
La transmission de la citoyenneté selon l’année de naissance n’est pas uniforme pour les pays retenus pour les hypothèses de transmission de la citoyenneté. Les taux se situent presque toujours entre 10 % et 20 % pour chaque cohorte du Royaume-Uni. Les taux américains culminent à près de 40 % pour les générations nées dans les années 1960. Finalement, les taux de l’Australie sont non seulement les plus élevés, mais aussi les plus volatiles. Ces taux atteignent leur apogée à plus de 60 % chez les cohortes nées dans les années 1980.
5. Mortalité
La mortalité est l’un des trois événements démographiques qui réduit la taille de l’effectif de la diaspora canadienne.
Une seule hypothèse a été élaborée pour la mortalité. Les tables de mortalité canadiennes calculées par Statistique Canada ont été appliquées à l’effectif de la diaspora pour estimer le nombre de décès. Comme elles ne sont pas disponibles annuellement pour toute la période allant de 1921 à 2016, les tables de 1931 ont été utilisées de 1921 à 1940. Par la suite, la dernière table disponible a été utilisée jusqu’à la table suivante. À titre d’exemple, la table de 1950-1952 est utilisée pour la période allant de 1950 à 1954. À partir de 1981, les tables de mortalité canadiennes sont annuellesNote .
L’utilisation de ces tables s’appuie sur l’hypothèse que les citoyens canadiens à l’étranger vivent respectivement les mêmes risques de mortalité que ceux de la population canadienne. L’utilisation des tables de mortalité canadiennes peut être vue comme optimiste du fait que l’espérance de vie du Canada est parmi les plus élevées au monde. Toutefois, les émigrants canadiens résident majoritairement dans des pays où l’espérance de vie est relativement similaire à celle du Canada et possèdent des caractéristiques associées à la longévité, comme un niveau de scolarisation plus élevé (Canon, 2017). Ceci suggère que l’hypothèse de mortalité est plausible.
La littérature signale que les immigrants vivent plus longtemps que la population du pays de destination. Ce phénomène, souvent appelé « effet de l’immigrant en bonne santé», peut avoir un impact sur la mortalité des citoyens canadiens à l’étranger. Cet effet s’estompe graduellement après l’établissement de sorte que l’espérance de vie des immigrants converge vers celle de la population du pays de destination (Ng, 2011). En conséquence, cet effet est supposé être négligeable ici.
Le graphique suivant montre l’espérance de vie calculée à partir des tables de mortalité utilisées dans cette étude.
Tableau de données du graphique 9
Année | Hommes | Femmes |
---|---|---|
en années | ||
1921 | 60,0 | 62,1 |
1922 | 60,0 | 62,1 |
1923 | 60,0 | 62,1 |
1924 | 60,0 | 62,1 |
1925 | 60,0 | 62,1 |
1926 | 60,0 | 62,1 |
1927 | 60,0 | 62,1 |
1928 | 60,0 | 62,1 |
1929 | 60,0 | 62,1 |
1930 | 60,0 | 62,1 |
1931 | 60,0 | 62,1 |
1932 | 60,0 | 62,1 |
1933 | 60,0 | 62,1 |
1934 | 60,0 | 62,1 |
1935 | 60,0 | 62,1 |
1936 | 60,0 | 62,1 |
1937 | 60,0 | 62,1 |
1938 | 60,0 | 62,1 |
1939 | 60,0 | 62,1 |
1940 | 60,0 | 62,1 |
1941 | 63,0 | 66,3 |
1942 | 63,0 | 66,3 |
1943 | 63,0 | 66,3 |
1944 | 63,0 | 66,3 |
1945 | 64,7 | 68,0 |
1946 | 64,7 | 68,0 |
1947 | 64,7 | 68,0 |
1948 | 64,7 | 68,0 |
1949 | 64,7 | 68,0 |
1950 | 66,3 | 70,8 |
1951 | 66,3 | 70,8 |
1952 | 66,3 | 70,8 |
1953 | 66,3 | 70,8 |
1954 | 66,3 | 70,8 |
1955 | 67,6 | 72,9 |
1956 | 67,6 | 72,9 |
1957 | 67,6 | 72,9 |
1958 | 67,6 | 72,9 |
1959 | 67,6 | 72,9 |
1960 | 68,4 | 74,2 |
1961 | 68,4 | 74,2 |
1962 | 68,4 | 74,2 |
1963 | 68,4 | 74,2 |
1964 | 68,4 | 74,2 |
1965 | 68,8 | 75,2 |
1966 | 68,8 | 75,2 |
1967 | 68,8 | 75,2 |
1968 | 68,8 | 75,2 |
1969 | 68,8 | 75,2 |
1970 | 69,3 | 76,4 |
1971 | 69,3 | 76,4 |
1972 | 69,3 | 76,4 |
1973 | 69,3 | 76,4 |
1974 | 69,3 | 76,4 |
1975 | 70,2 | 77,5 |
1976 | 70,2 | 77,5 |
1977 | 70,2 | 77,5 |
1978 | 70,2 | 77,5 |
1979 | 70,2 | 77,5 |
1980 | 72,0 | 79,1 |
1981 | 72,3 | 79,4 |
1982 | 72,7 | 79,6 |
1983 | 72,9 | 79,7 |
1984 | 73,1 | 79,8 |
1985 | 73,3 | 80,0 |
1986 | 73,5 | 80,1 |
1987 | 73,7 | 80,3 |
1988 | 73,9 | 80,5 |
1989 | 74,3 | 80,7 |
1990 | 74,5 | 80,9 |
1991 | 74,7 | 80,9 |
1992 | 74,8 | 81,0 |
1993 | 74,9 | 80,9 |
1994 | 75,1 | 81,0 |
1995 | 75,4 | 81,1 |
1996 | 75,7 | 81,3 |
1997 | 76,0 | 81,4 |
1998 | 76,3 | 81,6 |
1999 | 76,6 | 81,8 |
2000 | 76,9 | 81,9 |
2001 | 77,1 | 82,0 |
2002 | 77,4 | 82,2 |
2003 | 77,6 | 82,3 |
2004 | 77,9 | 82,6 |
2005 | 78,1 | 82,7 |
2006 | 78,3 | 82,9 |
2007 | 78,5 | 83,0 |
2008 | 78,8 | 83,3 |
2009 | 79,1 | 83,5 |
2010 | 79,4 | 83,7 |
2011 | 79,6 | 83,8 |
2012 | 79,7 | 83,9 |
2013 | 79,8 | 83,9 |
2014 | 79,9 | 84,0 |
2015 | 79,9 | 84,0 |
Deux résultats retiennent l’attention aux fins de cette étude. L’espérance de vie de la population canadienne s’est considérablement allongée au cours du 20e siècle. Les femmes affichent systématiquement un niveau d’espérance de vie supérieur à celui des hommes.
6. Émigration de retour
L’émigration n’est pas nécessairement un phénomène définitif. Plusieurs émigrants reviennent éventuellement vivre au Canada. Les données de l’Enquête auprès des diplômés de 1995 qui ont déménagé aux États-Unis (EDDEU) signalent que plus de 40 % des répondants qui étaient encore aux États-Unis en 1999 avaient l’intention de retourner vivre au Canada (Frank et Bélair, 1999). L’émigration de retour contribue à réduire le nombre de citoyens canadiens qui vivent à l’étranger. Conceptuellement, l’émigration de retour inclut également les citoyens par filiation qui viennent s’établir au Canada.
Une seule hypothèse d’émigration de retour a été développée. À l’instar des hypothèses relatives à l’émigration, l’hypothèse d’émigration de retour est obtenue en deux étapes. Tout d’abord, des estimations du nombre d’émigrants de retour ont été calculées en s’appuyant sur les estimations du PED. Ensuite, des taux de citoyenneté canadienne ont été calculés à partir des recensements et appliqués aux estimations du nombre d’émigrants de retour. Cette hypothèse donne un total de 1 080 500 émigrants de retour qui sont citoyens canadiens pour la période à l’étude.
6.1 Estimations du nombre d’émigrants de retour
6.1.1 Estimations de l’émigration de retour pour la période 1921-1970
Rappelons que les estimations de l’émigration de 1921 à 1970 proviennent de la méthode résiduelle calculée par George (1976). Ces données réfèrent à une émigration nette, c’est-à-dire qu’elles tiennent déjà compte implicitement de l’émigration de retour. Pour cette raison, l’émigration de retour est considérée nulle pour la période 1921-1970.
6.1.2 Estimations de l’émigration de retour pour la période 1971-2016
Comme c’est le cas pour l’émigration, le PED produit des estimations de l’émigration de retour aux fins du calcul des estimations de la population canadienne. Le PED définit un émigrant de retour comme un citoyen canadien ou un résident permanent qui avait précédemment émigré et qui revient s’établir au Canada. L’émigration de retour inclut aussi les citoyens par filiation.
Les données du PED sur les émigrants de retour sont disponibles depuis 1971. Comme pour l’émigration, les estimations de l’émigration de retour étaient calculées au moyen du PAF jusqu’en 1993 (Statistique Canada, 2003). Différents ajustements étaient appliqués à ces données, par exemple pour tenir compte de leur couverture incomplète. Depuis 1993, l’émigration de retour est estimée au moyen des données du PFE, maintenant appelé ACE, avec des ajustements similaires à ceux pour le PAF (Statistique Canada, 2016).
Le graphique suivant présente les estimations du nombre d’émigrants de retour du PED utilisées dans cette étude.
Tableau de données du graphique 10
Année | Nombre d’émigrants de retour |
---|---|
1971 | 39 457 |
1972 | 36 117 |
1973 | 36 747 |
1974 | 37 519 |
1975 | 36 399 |
1976 | 32 750 |
1977 | 31 884 |
1978 | 31 501 |
1979 | 29 358 |
1980 | 27 044 |
1981 | 25 676 |
1982 | 28 105 |
1983 | 26 020 |
1984 | 27 068 |
1985 | 25 801 |
1986 | 16 701 |
1987 | 14 293 |
1988 | 14 087 |
1989 | 13 926 |
1990 | 15 208 |
1991 | 15 899 |
1992 | 15 279 |
1993 | 16 358 |
1994 | 18 388 |
1995 | 19 035 |
1996 | 18 956 |
1997 | 18 671 |
1998 | 17 491 |
1999 | 17 680 |
2000 | 17 910 |
2001 | 25 727 |
2002 | 29 257 |
2003 | 30 441 |
2004 | 31 620 |
2005 | 34 711 |
2006 | 39 235 |
2007 | 33 576 |
2008 | 32 069 |
2009 | 34 496 |
2010 | 37 126 |
2011 | 37 170 |
2012 | 36 994 |
2013 | 36 889 |
2014 | 38 458 |
2015 | 39 660 |
Les estimations du PED proposent un effectif de 1,2 millions émigrants de retour entre 1971 et 2016. Ces données montrent une baisse graduelle de l’émigration de retour dans les années 1970 et 1980 suivie d’une stagnation dans les années 1990. À partir des années 2000, l’émigration de retour augmente pour atteindre les niveaux observés au début des années 1970.
6.2 Taux de citoyenneté des émigrants de retour
Les estimations de l’émigration de retour utilisées dans cette étude amalgament des citoyens et des résidents permanents. Un ajustement est calculé à partir des recensements pour considérer uniquement l’émigration de retour des citoyens canadiens. Cet ajustement s’appuie sur les renseignements sur la citoyenneté pour les personnes qui étaient à l’étranger cinq ans auparavant et qui n’étaient pas immigrantes récentes ou RNP.
Le graphique suivant montre l’évolution des taux de citoyenneté des émigrants de retour selon les recensements.
Tableau de données du graphique 11
Année | Citoyens de naissance | Citoyens par natualisation | Résidents permanents |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
1971 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1972 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1973 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1974 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1975 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1976 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1977 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1978 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1979 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1980 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1981 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1982 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1983 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1984 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1985 | 68,3 | 17,4 | 14,4 |
1986 | 66,6 | 20,0 | 13,4 |
1987 | 66,6 | 20,0 | 13,4 |
1988 | 66,6 | 20,0 | 13,4 |
1989 | 66,6 | 20,0 | 13,4 |
1990 | 66,6 | 20,0 | 13,4 |
1991 | 66,1 | 22,1 | 11,8 |
1992 | 66,1 | 22,1 | 11,8 |
1993 | 66,1 | 22,1 | 11,8 |
1994 | 66,1 | 22,1 | 11,8 |
1995 | 66,1 | 22,1 | 11,8 |
1996 | 68,0 | 21,9 | 10,2 |
1997 | 67,9 | 21,9 | 10,2 |
1998 | 67,9 | 21,9 | 10,2 |
1999 | 68,0 | 21,9 | 10,2 |
2000 | 68,0 | 21,9 | 10,2 |
2001 | 59,3 | 28,1 | 12,6 |
2002 | 59,3 | 28,1 | 12,6 |
2003 | 59,3 | 28,1 | 12,6 |
2004 | 59,3 | 28,1 | 12,6 |
2005 | 59,3 | 28,1 | 12,6 |
2006 | 63,3 | 27,7 | 9,0 |
2007 | 63,3 | 27,7 | 9,0 |
2008 | 63,3 | 27,7 | 9,0 |
2009 | 63,3 | 27,7 | 9,0 |
2010 | 63,3 | 27,7 | 9,0 |
2011 | 54,4 | 31,7 | 14,0 |
2012 | 54,4 | 31,7 | 14,0 |
2013 | 54,4 | 31,7 | 14,0 |
2014 | 54,4 | 31,7 | 14,0 |
2015 | 54,4 | 31,7 | 14,0 |
De 1971 à 2015, la majorité des émigrants de retour étaient des citoyens de naissance. Toutefois, cette proportion a diminué d’environ 15 points de pourcentage au cours de la période examinée. Inversement, la proportion de citoyens naturalisés parmi les émigrants de retour a augmenté de 1971 à 2015, passant d’un peu moins de 20 % à plus de 30 %. Finalement, de 10 % à 15 % des émigrants de retour étaient des résidents permanents.
7. Perte de la citoyenneté canadienne
La perte de la citoyenneté est un autre phénomène qui réduit la taille de l’effectif de la diaspora. Selon la Loi sur la citoyenneté, un citoyen canadien peut perdre sa citoyenneté de deux façons : par révocation ou par répudiation. Une personne vivant à l’étranger au moment de la perte de sa citoyenneté ne fait plus partie de la diaspora canadienne.
7.1 Révocation de la citoyenneté
La Loi sur la citoyenneté permet la révocation de la citoyenneté si celle-ci a été acquise de manière frauduleuse ou si un citoyen qui possède la double citoyenneté a été condamné pour haute trahison ou a servi contre le Canada dans un conflit armé.
La révocation de la citoyenneté est un phénomène très rare. En effet, quelques centaines de citoyens ont vu leur citoyenneté être révoquée depuis l’instauration de la citoyenneté canadienneNote . En conséquence, l’effet de la perte de la citoyenneté canadienne sur la taille de l’effectif de citoyens canadiens à l’étranger est supposé négligeable.
7.2 Répudiation de la citoyenneté
La loi permet aussi à un citoyen canadien qui possède une nationalité étrangère de répudier sa citoyenneté canadienne. La loi prévoit aussi des procédures pour réintégrer le statut de citoyen canadien sous certaines conditions.
À l’instar de la révocation, la répudiation de la citoyenneté est un phénomène peu fréquent. Au tournant des années 2010, environ 200 personnes ont répudié leur citoyenneté chaque annéeNote . Il est donc supposé que ce phénomène a également un effet négligeable sur la taille de l’effectif de citoyens canadiens à l’étranger.
8. Résultats
Les sections précédentes ont présenté la façon dont les hypothèses relatives à chaque événement démographique sont modélisées. Cette section présente les résultats au moyen de trois scénarios afin de refléter l’incertitude inhérente à l’exercice.
Le tableau suivant présente les estimations du nombre de citoyens canadiens qui résident à l’étranger des trois scénarios selon le mode d’acquisition de la citoyenneté.
Scénarios | Citoyens de naissance nés au Canada |
Citoyens par naturalisation | Citoyens par filiation | Total | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | nombre | pourcentage | |
Effectifs faibles | 1 233 400 | 41,8 | 565 000 | 19,1 | 1 155 100 | 39,1 | 2 953 500 | 100,0 |
Effectifs moyens | 1 346 400 | 33,3 | 621 200 | 15,4 | 2 071 100 | 51,3 | 4 038 700 | 100,0 |
Effectifs élevés | 1 459 400 | 26,3 | 677 500 | 12,2 | 3 412 900 | 61,5 | 5 549 800 | 100,0 |
Selon le scénario « effectifs moyens », 4 038 700 citoyens canadiens résideraient à l’étranger en 2016. Cet effectif pourrait se situer entre 2 953 500 à 5 549 800 personnes selon les scénarios « effectifs faibles » et « effectifs élevés ». Ceci signifie que la diaspora canadienne pourrait représenter 11,2 % (8,2 % à 15,4 %) de la population qui habite au CanadaNote . Ces proportions deviennent 12,6 % (9,2 % à 17,3 %) en comparant au nombre de citoyens canadiens qui résidaient au Canada en 2016 selon le recensement.
Les trois scénarios suggèrent que les citoyens par filiation pourraient représenter une part importante de la diaspora canadienne. En effet, ce groupe de citoyens pourrait représenter la moitié de l’effectif total de la diaspora (51,3 % [39,1 %, 61,5 %]). Selon les données de l’ACS de 2014-2018, 2,7 millions personnes aux États-Unis ont déclaré une origine canadienne, canadienne-française ou acadienne comparativement à 950 000 personnes qui ont inscrit être nées au Canada. Bien que l’origine ethnique n’implique pas nécessairement être citoyen ou avoir le droit à la citoyenneté, les résultats de l’ACS suggèrent qu’il est tout à fait plausible que les citoyens par filiation constituent une partie appréciable de la diaspora.
Le deuxième groupe le plus nombreux est les citoyens de naissance, lequel pourrait représenter le tiers de la diaspora (33,3 % [26,3 %, 41,8 %]). Finalement, les citoyens naturalisés formeraient 15,4 % de la diaspora (12,2 %, 19,1 %). La fourchette plus grande pour les citoyens par filiation rappelle le degré d’incertitude plus élevé pour cette sous-population.
Le graphique suivant montre la répartition selon l’âge de la diaspora selon les trois scénarios.
Tableau de données du graphique 12
Âge | Effectifs faibles | Effectifs moyens | Effectifs élevés |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
0 | 0,0 | 0,0 | 0,0 |
1 | 0,3 | 0,4 | 0,3 |
2 | 0,3 | 0,3 | 0,4 |
3 | 0,4 | 0,5 | 0,5 |
4 | 0,5 | 0,6 | 0,6 |
5 | 0,7 | 0,7 | 0,7 |
6 | 0,7 | 0,8 | 0,8 |
7 | 0,8 | 0,8 | 0,9 |
8 | 0,8 | 0,8 | 0,9 |
9 | 0,9 | 0,9 | 1,0 |
10 | 0,9 | 0,8 | 0,8 |
11 | 0,8 | 0,8 | 0,8 |
12 | 0,9 | 0,8 | 0,8 |
13 | 0,8 | 0,7 | 0,7 |
14 | 0,8 | 0,7 | 0,7 |
15 | 0,8 | 0,8 | 0,8 |
16 | 0,7 | 0,7 | 0,7 |
17 | 0,7 | 0,7 | 0,6 |
18 | 0,7 | 0,7 | 0,8 |
19 | 0,7 | 0,7 | 0,7 |
20 | 0,6 | 0,8 | 0,8 |
21 | 0,7 | 0,9 | 1,0 |
22 | 0,7 | 0,8 | 1,1 |
23 | 0,8 | 0,9 | 1,4 |
24 | 0,9 | 1,0 | 1,3 |
25 | 0,9 | 1,1 | 1,5 |
26 | 1,0 | 1,1 | 1,9 |
27 | 1,0 | 1,2 | 1,6 |
28 | 1,1 | 1,2 | 1,8 |
29 | 1,1 | 1,3 | 1,8 |
30 | 1,2 | 1,3 | 1,7 |
31 | 1,1 | 1,3 | 1,8 |
32 | 1,2 | 1,4 | 2,0 |
33 | 1,2 | 1,5 | 1,8 |
34 | 1,3 | 1,4 | 1,8 |
35 | 1,3 | 1,5 | 1,7 |
36 | 1,4 | 1,5 | 1,6 |
37 | 1,3 | 1,5 | 1,6 |
38 | 1,4 | 1,5 | 1,6 |
39 | 1,3 | 1,5 | 1,4 |
40 | 1,4 | 1,5 | 1,4 |
41 | 1,4 | 1,5 | 1,6 |
42 | 1,4 | 1,6 | 1,4 |
43 | 1,5 | 1,6 | 1,5 |
44 | 1,5 | 1,6 | 1,4 |
45 | 1,5 | 1,7 | 1,5 |
46 | 1,6 | 1,8 | 1,4 |
47 | 1,7 | 1,8 | 1,4 |
48 | 1,7 | 1,9 | 1,5 |
49 | 1,8 | 1,9 | 1,6 |
50 | 1,8 | 1,9 | 1,5 |
51 | 1,8 | 1,9 | 1,6 |
52 | 1,8 | 1,9 | 1,4 |
53 | 1,8 | 1,9 | 1,6 |
54 | 1,7 | 1,8 | 1,8 |
55 | 1,7 | 1,8 | 1,6 |
56 | 1,6 | 1,7 | 1,5 |
57 | 1,6 | 1,6 | 1,4 |
58 | 1,5 | 1,5 | 1,4 |
59 | 1,5 | 1,5 | 1,4 |
60 | 1,5 | 1,5 | 1,2 |
61 | 1,5 | 1,5 | 1,4 |
62 | 1,4 | 1,4 | 1,3 |
63 | 1,4 | 1,3 | 1,2 |
64 | 1,4 | 1,3 | 1,1 |
65 | 1,4 | 1,3 | 1,1 |
66 | 1,4 | 1,2 | 1,2 |
67 | 1,4 | 1,2 | 1,0 |
68 | 1,4 | 1,2 | 1,1 |
69 | 1,3 | 1,2 | 1,1 |
70 | 1,3 | 1,1 | 1,1 |
71 | 1,3 | 1,0 | 1,0 |
72 | 1,2 | 1,0 | 0,9 |
73 | 1,2 | 0,9 | 0,8 |
74 | 1,1 | 0,9 | 0,7 |
75 | 1,1 | 0,8 | 0,8 |
76 | 1,0 | 0,8 | 0,8 |
77 | 1,0 | 0,7 | 0,7 |
78 | 0,9 | 0,7 | 0,7 |
79 | 0,9 | 0,7 | 0,6 |
80 | 0,8 | 0,6 | 0,6 |
81 | 0,8 | 0,6 | 0,6 |
82 | 0,7 | 0,6 | 0,5 |
83 | 0,7 | 0,5 | 0,5 |
84 | 0,7 | 0,5 | 0,4 |
85 | 0,6 | 0,5 | 0,5 |
86 | 0,6 | 0,4 | 0,4 |
87 | 0,5 | 0,4 | 0,3 |
88 | 0,5 | 0,4 | 0,3 |
89 | 0,5 | 0,3 | 0,3 |
90 | 0,4 | 0,3 | 0,2 |
91 | 0,4 | 0,3 | 0,2 |
92 | 0,3 | 0,2 | 0,2 |
93 | 0,3 | 0,2 | 0,1 |
94 | 0,2 | 0,2 | 0,1 |
95+ | 0,6 | 0,4 | 0,3 |
Selon le scénario moyen, près de 70 % des effectifs de la diaspora seraient âgés de 15 à 64 ans. Les personnes âgées de 45 à 54 ans constitueraient le groupe le plus nombreux; soit presque 20 % de l’ensemble de la diaspora. Notons que le scénario fort propose une structure par âge un peu différente. Dans ce scénario, la population âgée de 25 à 34 ans représenterait presque 18 % de la diaspora comparativement à 12,7 % selon le scénario moyen. Cet écart provient principalement de la transmission de la citoyenneté canadienne aux enfants nés à l’étranger, laquelle est modélisée au moyen des comportements des Australiens qui résident au Canada dans le scénario fort.
La population composant la diaspora serait plus âgée que celle vivant au Canada dans les trois scénarios. L’âge moyen des trois scénarios, estimé respectivement à 48,4 ans, 46,2 ans et 44,0 ans pour les scénarios faible, moyen et élevé, est supérieur à celui de la population canadienne (40,8 ans). De plus, les enfants âgés de 0 à 14 représentaient moins de 10 % de la diaspora selon ces trois scénarios comparativement à 16,3 % de la population canadienne en 2016.
Deux des facteurs qui peuvent expliquer ce résultat retiennent l’attention. Premièrement, l’application des taux de citoyenneté aux naissances à l’étranger fait en sorte que seulement une partie des naissances est ajoutée à la diaspora. Deuxièmement, la diaspora est alimentée chaque année par un afflux d’émigrants, lesquels sont souvent âgés dans la vingtaine et la trentaine au moment de leur émigration.
Selon les trois scénarios, la diaspora serait composée environ du même nombre d’hommes et de femmes. En effet, le rapport de masculinité de la diaspora serait entre de 49,4 % (scénario moyen) et 52,0 % (scénario fort)Note . Cette cohérence élevée est surtout l’effet de deux facteurs reliés à la méthode développée dans cette étude. Tout d’abord, dans les trois scénarios, le nombre de naissances est ventilé selon le sexe en fonction du rapport de masculinité à la naissance traditionnellement observé en démographie (105 garçons pour 100 filles). Ensuite, les estimations du nombre d’émigrants des trois scénarios sont fondées sur la même distribution selon le sexe (celle du PED); seul le nombre d’émigrants varient d’un scénario à l’autre.
Cette répartition correspond à celle de la population canadienne de 2016.
9. Analyses de cohérence et de sensibilité
Cette section présente les résultats de plusieurs analyses de cohérence et de sensibilité. Ces analyses visent deux objectifs. Tout d’abord, elles comparent les résultats obtenus à ceux d’autres sources pour en évaluer la cohérence. Ensuite, elles examinent la sensibilité des estimations calculées en faisant varier certaines hypothèses.
9.1 Analyses de cohérence
Comme il a été mentionné précédemment, d’autres sources proposent des estimations de la taille de la diaspora canadienne. Cette section confronte les résultats du modèle de cette étude aux données de l’ONU, de l’ACS et de la FAPC afin d’en évaluer la cohérence.
Il convient de rappeler que les chiffres de l’ONU et des États-Unis portent uniquement sur les personnes nées au Canada qui résident à l’étranger tandis que ceux de la FAPC comprennent à la fois les citoyens canadiens et les immigrants reçus.
9.1.1 Comparaison aux estimations des Nations Unies
Comme mentionné précédemment, une limite reconnue de la méthode de l’ONU est que les données internationales utilisées sont entachées par un certain sous-dénombrement. Pour corriger cette limite et accroître la comparabilité des résultats, les estimations de l’ONU ont été gonflées de 2 % (série ajustée). Ce chiffre est obtenu en faisant la moyenne des estimations du sous-dénombrement net des recensements de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des États-Unis de 1990 à 2016 tirées de Bérard-Chagnon et Parent (2021). Ces quatre pays couvrent plus des trois quarts de la population née au Canada qui réside à l’étranger selon l’ONU.
Trois scénarios spéciaux ont été élaborés pour cette comparaison afin de se rapprocher des concepts de l’ONU. Ils sont basés sur les trois scénarios de cette étude à deux différences près. Tout d’abord, des taux de citoyenneté de naissance ont été appliqués aux émigrants et aux émigrants de retour au lieu de taux de citoyenneté (incluant les citoyens par naturalisation). Ensuite, le nombre de naissances de citoyens canadiens à l’étranger a été mis à zéro. Notons que ces scénarios spéciaux ne correspondent pas exactement à celui de la population née au Canada. Toutefois, la différence entre le nombre de citoyens de naissance et la population née au Canada est jugée négligeable aux fins de cet exerciceNote .
Le tableau qui suit présente les résultats de cette comparaison.
Scénario | Nombre | Écart relatif (pourcentage) par rapport à l’estimation ajustée de l’ONU |
---|---|---|
Nations Unies | ||
Publié | 1 359 585 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Ajusté | 1 386 777 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Population née au Canada |
||
Effectifs faibles | 1 233 400 | -11,1 |
Effectifs moyens | 1 346 400 | -2,9 |
Effectifs élevés | 1 459 400 | 5,2 |
... n'ayant pas lieu de figurer Note : Les données des Nations Unies réfèrent à la population née au Canada qui réside à l’étranger. Source : Nations Unies (2017). |
Ces résultats suggèrent un degré de cohérence relativement élevé entre les estimations calculées dans cette étude et les statistiques de l’ONU pour la population née au Canada qui réside à l’étranger. Selon le scénario moyen, un peu plus de 1,3 millions personnes nées au Canada résidaient à l’étranger en 2016. Cette estimation est inférieure aux chiffres ajustés de l’ONU de 2,9 %. Les scénarios faible et fort proposent respectivement une estimation inférieure de -11,1 % et supérieure de 5,2 % aux statistiques de l’ONU. Ces écarts sont jugés raisonnables considérant le degré d’incertitude de l’exercice et montrent que la méthode développée dans cet exercice est crédible.
9.1.2 Comparaison aux données de l’American Community Survey
La confrontation aux données de l’ACS enrichit la comparaison qui vient d’être faite en ajoutant les dimensions de l’âge et du sexe. Comme les deux tiers des personnes nées au Canada qui résident à l’étranger habitent aux États-Unis, la structure par âge et sexe des Canadiens qui vivent dans ce pays peut être considérée comme étant assez représentative de celle de l’ensemble de la diaspora canadienne née au Canada. L’ACS est présentée dans la section sur la fécondité. Les scénarios élaborés pour la comparaison aux statistiques de l’ONU sont utilisés ici.
Le graphique et le tableau qui suivent montrent les résultats des comparaisons aux données par âge et sexe de l’ACS.
Tableau de données du graphique 13
Âge | American Community Survey | Population née au Canada | ||
---|---|---|---|---|
Effectifs faibles | Effectifs moyens | Effectifs élevés | ||
pourcentage | ||||
0 | 0,1 | 0,1 | 0,1 | 0,1 |
1 | 0,2 | 0,1 | 0,1 | 0,1 |
2 | 0,2 | 0,1 | 0,1 | 0,1 |
3 | 0,3 | 0,1 | 0,1 | 0,1 |
4 | 0,2 | 0,2 | 0,2 | 0,2 |
5 | 0,3 | 0,2 | 0,2 | 0,2 |
6 | 0,3 | 0,2 | 0,2 | 0,2 |
7 | 0,3 | 0,3 | 0,3 | 0,3 |
8 | 0,4 | 0,3 | 0,3 | 0,3 |
9 | 0,4 | 0,3 | 0,3 | 0,3 |
10 | 0,4 | 0,3 | 0,3 | 0,3 |
11 | 0,4 | 0,3 | 0,3 | 0,3 |
12 | 0,4 | 0,3 | 0,3 | 0,3 |
13 | 0,4 | 0,3 | 0,3 | 0,3 |
14 | 0,5 | 0,3 | 0,3 | 0,3 |
15 | 0,5 | 0,3 | 0,3 | 0,3 |
16 | 0,5 | 0,2 | 0,2 | 0,3 |
17 | 0,6 | 0,2 | 0,2 | 0,2 |
18 | 0,7 | 0,2 | 0,2 | 0,2 |
19 | 0,9 | 0,2 | 0,2 | 0,2 |
20 | 0,9 | 0,2 | 0,2 | 0,2 |
21 | 0,8 | 0,3 | 0,3 | 0,3 |
22 | 1,0 | 0,3 | 0,3 | 0,3 |
23 | 1,0 | 0,3 | 0,3 | 0,4 |
24 | 0,9 | 0,4 | 0,4 | 0,4 |
25 | 1,2 | 0,4 | 0,4 | 0,4 |
26 | 1,1 | 0,4 | 0,5 | 0,5 |
27 | 1,0 | 0,5 | 0,5 | 0,5 |
28 | 1,1 | 0,5 | 0,6 | 0,6 |
29 | 1,1 | 0,6 | 0,6 | 0,7 |
30 | 1,2 | 0,7 | 0,7 | 0,7 |
31 | 1,2 | 0,8 | 0,8 | 0,8 |
32 | 1,2 | 0,9 | 0,9 | 0,9 |
33 | 1,3 | 0,9 | 1,0 | 1,0 |
34 | 1,3 | 1,0 | 1,1 | 1,1 |
35 | 1,3 | 1,1 | 1,1 | 1,2 |
36 | 1,3 | 1,1 | 1,2 | 1,2 |
37 | 1,4 | 1,2 | 1,2 | 1,2 |
38 | 1,3 | 1,2 | 1,2 | 1,3 |
39 | 1,5 | 1,2 | 1,2 | 1,3 |
40 | 1,5 | 1,2 | 1,3 | 1,3 |
41 | 1,5 | 1,2 | 1,3 | 1,3 |
42 | 1,5 | 1,3 | 1,3 | 1,4 |
43 | 1,5 | 1,3 | 1,4 | 1,4 |
44 | 1,6 | 1,4 | 1,4 | 1,5 |
45 | 1,7 | 1,4 | 1,5 | 1,5 |
46 | 1,5 | 1,5 | 1,6 | 1,6 |
47 | 1,5 | 1,6 | 1,7 | 1,7 |
48 | 1,6 | 1,7 | 1,8 | 1,8 |
49 | 1,5 | 1,8 | 1,9 | 1,9 |
50 | 1,7 | 1,9 | 1,9 | 1,9 |
51 | 1,6 | 2,0 | 2,0 | 2,0 |
52 | 1,8 | 2,0 | 2,0 | 2,0 |
53 | 1,8 | 2,0 | 2,0 | 2,0 |
54 | 1,8 | 2,0 | 2,0 | 2,0 |
55 | 1,8 | 2,0 | 2,0 | 2,0 |
56 | 1,8 | 1,9 | 1,9 | 1,9 |
57 | 1,8 | 1,9 | 1,9 | 1,9 |
58 | 2,0 | 1,8 | 1,8 | 1,8 |
59 | 1,8 | 1,8 | 1,8 | 1,8 |
60 | 1,8 | 1,7 | 1,7 | 1,8 |
61 | 1,7 | 1,7 | 1,7 | 1,7 |
62 | 1,7 | 1,7 | 1,7 | 1,7 |
63 | 1,8 | 1,7 | 1,7 | 1,7 |
64 | 1,7 | 1,7 | 1,7 | 1,7 |
65 | 1,7 | 1,7 | 1,7 | 1,7 |
66 | 1,6 | 1,7 | 1,7 | 1,7 |
67 | 1,7 | 1,7 | 1,7 | 1,8 |
68 | 1,6 | 1,8 | 1,8 | 1,8 |
69 | 1,5 | 1,8 | 1,8 | 1,8 |
70 | 1,5 | 1,8 | 1,7 | 1,7 |
71 | 1,4 | 1,7 | 1,7 | 1,7 |
72 | 1,3 | 1,7 | 1,7 | 1,7 |
73 | 1,2 | 1,7 | 1,7 | 1,6 |
74 | 1,2 | 1,7 | 1,6 | 1,6 |
75 | 1,1 | 1,6 | 1,6 | 1,5 |
76 | 1,0 | 1,6 | 1,5 | 1,5 |
77 | 0,9 | 1,5 | 1,5 | 1,4 |
78 | 0,9 | 1,5 | 1,4 | 1,4 |
79 | 0,8 | 1,4 | 1,3 | 1,3 |
80 | 0,9 | 1,3 | 1,3 | 1,2 |
81 | 0,7 | 1,3 | 1,2 | 1,2 |
82 | 0,7 | 1,2 | 1,2 | 1,1 |
83 | 0,7 | 1,1 | 1,1 | 1,0 |
84 | 0,6 | 1,1 | 1,0 | 1,0 |
85 | 0,5 | 1,0 | 0,9 | 0,9 |
86 | 0,6 | 0,9 | 0,9 | 0,8 |
87 | 0,5 | 0,9 | 0,8 | 0,8 |
88 | 0,5 | 0,8 | 0,8 | 0,7 |
89 | 0,4 | 0,8 | 0,7 | 0,7 |
90 | 0,3 | 0,7 | 0,7 | 0,6 |
91 | 0,1 | 0,6 | 0,6 | 0,5 |
92 | 0,1 | 0,5 | 0,5 | 0,5 |
93 | 0,2 | 0,5 | 0,4 | 0,4 |
94 | 0,9 | 0,4 | 0,4 | 0,3 |
95+ | 0,0 | 1,1 | 1,0 | 0,9 |
Dans l’ensemble, les structures selon l’âge des scénarios de cette étude correspondent relativement bien à celle de l’ACSNote . Dans tous les cas, les effectifs les plus nombreux se situent entre 50 et 64 ans. Toutefois, certains écarts sont présents chez les adultes dans la vingtaine et chez la population âgée de 70 ans ou plus. Les trois scénarios calculés ici proposent une proportion plus faible de personnes âgées dans la vingtaine combinée à une proportion plus élevée de personnes âgées de 70 ans ou plus par rapport aux données de l’ACS.
Si ces différences peuvent refléter les limites des méthodes utilisées dans cette étude, il est également possible qu’elles émanent en partie des dynamiques d’émigration spécifiques aux États-Unis. À titre d’exemple, de nombreux jeunes Canadiens vont étudier dans les universités américaines de sorte que la structure par âge des Canadiens qui résident aux États-Unis pourrait être un peu plus jeune que celle de l’ensemble des personnes nées au Canada qui résident à l’étrangerNote .
Scénario | Hommes | Femmes | Total |
---|---|---|---|
pourcentage | |||
American Community Survey | 46,5 | 53,5 | 100,0 |
Population née au Canada |
|||
Effectifs faibles | 50,2 | 49,8 | 100,0 |
Effectifs moyens | 50,2 | 49,8 | 100,0 |
Effectifs élevés | 50,3 | 49,7 | 100,0 |
Note : Les données de l’American Community Survey réfèrent à la population née au Canada qui réside aux États-Unis. Source : American Community Survey 2014-2018 5-Year Estimates. |
Les répartitions selon le sexe des scénarios présentés ici sont cohérentes à celle de l’ACS. Selon les données de l’ACS, les hommes constituent 46,5 % de la population née au Canada qui réside aux États-Unis. Les scénarios développés dans cette étude suggèrent que les hommes forment entre 50,0 % et 51,0 % des citoyens de naissance qui vivent à l’étranger, soit quelques points de pourcentage de plus que l’ACS.
9.1.3 Comparaison aux estimations de la Fondation Asie Pacifique du Canada
La troisième source comparative est la FAPC. Leurs travaux arrivent à une estimation de 2 733 000 Canadiens qui résident à l’étranger en 2001 (Zhang, 2006). Trois scénarios spéciaux ont été conçus pour accroître leur comparabilité aux chiffres de la FAPC. Ces scénarios, appelés «émigration seulement », sont des variations des trois scénarios de cette étude à trois différences près. Tout d’abord, ils comprennent l’ensemble des émigrants et des émigrants de retour peu importe leur statut de citoyenneté. Ensuite, le nombre de naissances de citoyens canadiens à l’étranger a été mis à zéro. Enfin, le calcul itératif de la diaspora s’échelonne de 1941 à 2001 au lieu de 1921 à 2016.
Le tableau qui suit compare les résultats de ces scénarios à ceux de la FAPC.
Scénario | Émigration nette | Décès | Diaspora canadienne | |||
---|---|---|---|---|---|---|
Nombre | Écart à la FAPC (pourcentage) | Nombre | Écart à la FAPC (pourcentage) | Nombre | Écart à la FAPC (pourcentage) | |
FAPC (Zhang, 2006) | 3 390 000 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 658 000 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 2 732 000 | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Émigration seulement | ||||||
Effectifs faibles | 2 846 300 | -16,0 | 537 600 | -18,3 | 2 308 700 | -15,5 |
Effectifs moyens | 3 023 800 | -10,8 | 548 500 | -16,6 | 2 475 300 | -9,4 |
Effectifs élevés | 3 201 300 | -5,6 | 559 500 | -15,0 | 2 641 900 | -3,3 |
... n'ayant pas lieu de figurer Notes : L’émigration nette est la différence entre l’émigration et l’émigration de retour. Pour ces scénarios, la diaspora est obtenue en soustrayant les décès de l’émigration nette. Source : Zhang (2006). |
Les estimations du nombre de citoyens canadiens qui résident à l’étranger de la FAPC sont plus élevées que celles des trois scénarios présentés ici. L’écart va de 3,3 % (effectifs élevés) à plus de 15 % (effectifs faibles).
Ces différences proviennent à la fois des nombres plus élevés de la FAPC pour l’émigration nette et, dans une moindre mesure, pour les décès. De 1941 à 2001, l’émigration nette estimée par la FAPC surpasse celles de tous les scénarios d’au moins 5 % tandis que le nombre de décès est plus élevé que ceux des scénarios de 15 % ou plus. Ces résultats suggèrent que les estimations de la FAPC seraient plus élevées que ce qui est attendu pour estimer le nombre de personnes qui ont émigré du Canada et qui étaient encore vivantes en 2001.
9.2 Analyses de sensibilité
Cette section présente les résultats d’analyses de sensibilité menées pour montrer l’effet sur les estimations de l’utilisation de différentes hypothèses.
9.2.1 Émigration résiduelle
Comme il a été mentionné dans la section sur les hypothèses d’émigration, la méthode résiduelle permet de calculer des estimations de l’émigration pour la période 1971-2016. Un scénario spécial, nommé « méthode résiduelle » a été calculé afin d’être confronté aux scénarios de cette étude. Ce scénario diffère de ceux de cette étude par l’utilisation de la méthode résiduelle pour calculer les estimations de l’émigration et les recensements pour obtenir les estimations de l’émigration de retour de 1971 à 2016.
Le tableau suivant compare les résultats des scénarios de cette étude à celui élaboré à partir de la méthode résiduelle.
Scénario | Émigrants | Émigrants de retour | Émigration nette | Accroissement naturel | Total |
---|---|---|---|---|---|
nombre | |||||
Méthode résiduelle | 4 881 200 | 1 598 600 | 3 282 600 | 576 500 | 3 859 100 |
Effectifs faibles | 4 274 100 | 1 080 500 | 3 193 600 | -240 200 | 2 953 500 |
Effectifs moyens | 4 464 000 | 1 080 500 | 3 383 500 | 655 300 | 4 038 700 |
Effectifs élevés | 4 653 900 | 1 080 500 | 3 573 400 | 1 976 300 | 5 549 800 |
Notes : L’émigration nette est obtenue en soustrayant l’émigration de retour de l’émigration. L’émigration et l’émigration de retour des quatre scénarios de ce tableau sont les mêmes pour la période 1921-1970. L'accroissement naturel réfère à la différence entre le nombre de naissances et de décès. |
La méthode résiduelle donne des estimations rapprochées de celles des scénarios de cette étude. L’utilisation de la méthode résiduelle se solde par un effectif de la diaspora de 3,8 millions personnes. Cette estimation est inférieure à celle du scénario moyen de 4,4 % et se situe à l’intérieur de la fourchette donnée par les scénarios faible et fort.
Les résultats de la méthode résiduelle pour l’émigration nette sont rapprochés de ceux des trois autres scénarios. Rappelons que comme les quatre scénarios se basent sur les mêmes estimations de l’émigration nette pour 1921 à 1970, les écarts observés ici sont uniquement le fait des différences pour la période 1971-2016. Bien que les estimations du nombre d’émigrants de la méthode résiduelle soient plus élevées que celles des trois scénarios de cette étude, cette situation est compensée par l’émigration de retour, qui est aussi plus élevée à partir de la méthode résiduelle. Comme la méthode résiduelle est indépendante des hypothèses d’émigration à partir de 1971, cette analyse de sensibilité suggère donc que les hypothèses d’émigration sont plausibles.
Notons que l’utilisation de la méthode résiduelle dans les scénarios spéciaux pour les comparaisons aux estimations de la FAPC donne une diaspora de 2 191 500 personnes. Ce résultat est également plus faible que celui de la FAPC et suggère que la méthode de la FAPC pourrait surestimer la taille de l’effectif de la diaspora.
9.2.2 Comportements de fécondité et de mortalité des États-Unis
Les scénarios de cette étude s’appuient sur l’hypothèse que les comportements en matière de fécondité et de mortalité de la population de la diaspora sont similaires à ceux de la population canadienne. Un scénario a été développé pour tester la sensibilité de cette hypothèse. Ce scénario, nommé ici le « scénario États-Unis », se fonde sur le scénario moyen à la différence qu’il utilise les comportements de fécondité et de mortalité de la population américaine au lieu de ceux de la population canadienne. Rappelons que les États-Unis sont le principal pays de destination des émigrants canadiens. De plus, la fécondité et la mortalité des États-Unis sont plus élevées que celles observées au Canada.
Les taux de fécondité par âge des États-Unis sont obtenus de la Human Fertility Database. Ces taux sont disponibles de 1933 à 2016. Les taux de 1933 ont été maintenus constants pour la période allant de 1921 à 1932. Les tables de mortalité des États-Unis proviennent du Human Mortality Database. Comme elles débutent en 1933, il est supposé que le niveau de mortalité de 1921 à 1932 correspond à celui de 1933.
Le tableau suivant compare le scénario basé sur les données américaines au scénario moyen.
Scénario | Émigrants | Émigrants de retour | Accroissement naturel | Total |
---|---|---|---|---|
nombre | ||||
Effectifs moyens | 4 464 000 | 1 080 500 | 655 300 | 4 038 700 |
États-Unis | 4 464 000 | 1 080 500 | 148 100 | 3 531 600 |
L’utilisation des données américaines en remplacement des données canadiennes pour la fécondité et la mortalité se solde par un effectif plus faible (3 531 600 personnes) que celui du scénario moyen. Il s’agit d’un écart d’environ 500 000 personnes (‑12,6 %) par rapport aux estimations du scénario moyen. Ce résultat suggère que l’effet de l’utilisation des données américaines est plus important pour la mortalité que pour la fécondité. Malgré cet écart, les structures selon l’âge des deux scénarios sont très proches. Bien que les différences ne soient pas négligeables, ces résultats suggèrent que l’utilisation des données canadiennes pour les hypothèses de fécondité et de mortalité apparaît plausible.
9.2.3 Taux de transmission de la citoyenneté
Comme il est mentionné dans la section sur les hypothèses de fécondité, plusieurs personnes nées ou adoptées à l’étranger de parents citoyens et qui ont droit à la citoyenneté n’ont pas nécessairement fait les démarches pour l’obtenir. Faute de sources internationales qui renseignent bien sur les citoyens canadiens par filiation, la présente étude utilise des taux de transmission calculés à partir du Recensement de 2016. Cette hypothèse affiche un niveau d’incertitude plus élevé. C’est pourquoi trois hypothèses de fécondité ont été développées dans cette étude; chacune étant basée sur un taux de transmission différent. Rappelons que les ISF et l’ajustement pour la fécondité des hommes demeurent les mêmes dans les trois hypothèses. Deux scénarios spéciaux ont été conçus pour évaluer l’effet des trois hypothèses de fécondité sur les estimations du nombre de citoyens canadiens qui résident à l’étranger. Ces deux scénarios se basent sur le scénario moyen à la différence qu’ils utilisent respectivement les hypothèses de fécondité faible et de fécondité forte.
Les résultats de cette comparaison se trouvent dans le tableau suivant.
Scénario | Émigrants | Émigrants de retour | Accroissement naturel | Total |
---|---|---|---|---|
nombre | ||||
Effectifs moyens | 4 464 000 | 1 080 500 | 655 300 | 4 038 700 |
Effectifs moyens (fécondité faible) | 4 464 000 | 1 080 500 | -247 900 | 3 135 600 |
Effectifs moyens (fécondité forte) | 4 464 000 | 1 080 500 | 1 961 500 | 5 345 000 |
L’utilisation des différentes hypothèses de fécondité a un effet important sur les estimations de la taille de l’effectif de la diaspora. Le scénario moyen combiné à l’hypothèse de fécondité faible donne une estimation inférieure à celle du scénario moyen de 22,4 % tandis que l’utilisation de l’hypothèse forte donne une estimation supérieure de 32,3 %. Ainsi, l’incertitude relative à la transmission de la citoyenneté est plus grande. Ce résultat est attendu considérant l’absence de sources pour mesurer directement ce phénomène. Il s’agit certainement d’une limite importante dans l’estimation de la diaspora canadienne.
9.2.4 Diaspora potentielle
Même si elles ont droit à la citoyenneté canadienne, certaines personnes n’en font jamais la demande de sorte que ce ne sont pas toutes les naissances à l’étranger de parents qui sont citoyens canadiens qui entrent dans la diaspora canadienne. Un scénario a été élaboré pour proposer une estimation de la taille de l’effectif de la diaspora si toutes les personnes nées à l’étranger qui ont droit à la citoyenneté canadienne sont citoyennes. Il représente en quelque sorte l’effectif potentiel maximal de la diaspora canadienne. Ce scénario a été construit à partir du scénario « effectifs élevés » à la différence que toutes les naissances à l’étranger de citoyens canadiens sont incluses dans la diaspora.
Le tableau suivant montre les résultats de la comparaison.
Scénario | Émigrants | Émigrants de retour | Accroissement naturel | Total |
---|---|---|---|---|
nombre | ||||
Effectifs moyens | 4 464 000 | 1 080 500 | 655 300 | 4 038 700 |
Diaspora potentielle | 4 653 900 | 1 080 500 | 7 394 700 | 10 968 200 |
Selon le scénario « diaspora potentielle », l’effectif de la diaspora pourrait presqu’atteindre 11 millions personnes si toutes les personnes qui naissent à l’étranger d’un ou deux parents citoyens canadiens avaient aussi la citoyenneté canadienne. Cet effectif surpasse celui du scénario moyen de près de 7 millions personnes. Cet écart vient très majoritairement des naissances à l’étranger. Presque 9 millions personnes du scénario « diaspora potentielle », représentant 80 % de la diaspora, seraient des citoyens par filiation et des citoyens par filiation potentiels. Ces résultats suggèrent qu’il existe un bassin important de citoyens par filiation potentiels à l’étranger.
Conclusion
Le fait que des centaines de milliers de citoyens canadiens résident à l’étranger soulève différents enjeux, notamment en matière de services à leur offrir, de retours potentiels au Canada, et de liens avec des communautés ou personnes éloignées. Or, la taille et les caractéristiques de cette population demeurent largement méconnues, faute de données permettant de l’étudier directement.
Cette étude visait à proposer une estimation du nombre de citoyens canadiens qui habitent à l’étranger. Pour ce faire, des méthodes démographiques élaborées ont été utilisées dans le but d’estimer chaque événement démographique qui influe sur la taille de l’effectif de la diaspora canadienne sur une période de 95 ans. Ces techniques s’appuient sur plusieurs sources de données canadiennes et internationales. Par la suite, trois scénarios ont été développés afin de fournir une fourchette plausible du nombre de citoyens canadiens qui résideraient à l’étranger en 2016. Finalement, plusieurs analyses ont été menées afin d’évaluer la cohérence du modèle avec les résultats d’autres sources et sa sensibilité à différentes hypothèses.
Selon le scénario « effectifs moyens » élaboré dans cette étude, 4 038 700 citoyens canadiens résideraient à l’étranger en 2016. Cet effectif pourrait se chiffrer entre 2 953 500 et 5 549 800 personnes selon les scénarios « effectifs faibles » et « effectifs élevés ». La diaspora représenterait un peu plus de 10 % du nombre de citoyens canadiens qui habitaient au Canada en 2016.
Selon le scénario « diaspora potentielle », l’effectif de la diaspora pourrait s’élever à un peu plus de 10 millions personnes si toutes les personnes nées à l’étranger d’un ou de deux parents canadiens étaient automatiquement considérées comme citoyennes. Ce résultat suggère qu’il existe un bassin important de citoyens par filiation potentiels à l’étranger.
Environ la moitié des citoyens canadiens qui résident à l’étranger seraient des citoyens par filiation, c’est-à-dire qu’ils sont nés à l’étranger de parents citoyens de qui ils ont obtenu la citoyenneté. Les citoyens de naissance nés en sol canadien formeraient environ le tiers de la diaspora tandis que les citoyens naturalisés représenteraient environ 15 % de la diaspora.
La structure par âge de la diaspora serait un peu plus vieille que celle de la population canadienne, principalement en raison de la transmission partielle de la citoyenneté aux citoyens par filiation et l’apport de l’émigration à la diaspora. La diaspora serait composée d’un nombre assez similaire d’hommes et de femmes.
Ces résultats doivent être interprétés avec une certaine prudence, car ils comportent une part appréciable d’incertitude. Il s’agit de la première fois que Statistique Canada propose des estimations de la taille de l’effectif de cette population. Ces estimations s’appuient sur un niveau élevé de modélisation en raison de l’absence de données mesurant directement cette population particulière. L’étendue de la fourchette formée des scénarios faible, moyen et fort rappelle d’ailleurs ce niveau d’incertitude.
Des analyses de cohérence ont été réalisées en confrontant les résultats de cette étude à ceux d’autres sources.
Les estimations calculées dans cette étude affichent généralement un haut niveau de cohérence aux estimations d’autres sources. Les estimations sont très cohérentes aux statistiques de l’ONU pour la population née au Canada qui réside à l’étranger. Ceci suggère que la méthode utilisée dans cet exercice donne des résultats plausibles.
De plus, la structure par âge et sexe des estimations de la diaspora correspond bien à celle de l’ACS pour la population née au Canada qui réside aux États-Unis.
Cependant, les estimations de cette étude sont moins élevées que celles de l’APFC et ce, même en utilisant la méthode résiduelle sur la même période que celle utilisée par l’APFC. Comme la méthode résiduelle de cette étude est cohérente aux hypothèses d’émigration, il est possible que les estimations de l’APFC surestiment le nombre de personnes qui ont émigré du Canada et qui étaient encore vivantes en 2001.
Des analyses de sensibilité ont aussi été menées pour tester l’effet de certaines hypothèses sur les estimations. Dans cet exercice, les deux événements démographiques qui affichent le plus haut niveau d’incertitude sont l’émigration des citoyens canadiens et les naissances de citoyens à l’étranger (surtout la transmission de la citoyenneté).
L’émigration a toujours été difficile à mesurer avec précision et ce, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde. Néanmoins, les hypothèses relatives à l’émigration s’arriment relativement bien aux statistiques internationales comme celles de l’ONU et de l’ACS ainsi qu’aux résultats de la méthode résiduelle pour l’émigration nette. Conséquemment, les hypothèses d’émigration retenues pour cette étude semblent plausibles.
Les naissances de citoyens canadiens à l’étranger sont la principale source d’incertitude du présent exercice. L’utilisation des taux de fécondité du Canada apparaît comme une hypothèse plausible. L’utilisation des données américaines en remplacement des données canadiennes pour les hypothèses de fécondité et de mortalité résultent en des estimations plus petites bien que l’ordre de grandeur demeure le même. L’ajustement pour la fécondité masculine est aussi relativement plausible malgré son effet important sur le nombre de naissances.
La principale zone d’ombre des hypothèses de fécondité est la transmission de la citoyenneté aux enfants nés à l’étranger. Du fait de l’absence de données sur la transmission de la citoyenneté dans les principaux pays de destination des émigrants canadiens, les taux de transmission notés dans le Recensement de 2016 ont été utilisés pour les ressortissants de certains pays. C’est une approche indirecte qui se base sur des hypothèses sujettes à une grande incertitude. Les analyses de sensibilité suggèrent que l’effet de cette approche sur le nombre de citoyens par filiation est important. Une avenue de recherche potentielle pour raffiner la précision des estimations du nombre de citoyens par filiation est d’acquérir les données sur la citoyenneté par filiation auprès d’IRCC. Ces données pourraient possiblement remplacer les trois hypothèses de fécondité développées ici.
La présente étude ne renseigne pas sur le pays de résidence des membres de la diaspora canadienne. Toutefois, bien que pertinente, cette information est surtout disponible que dans des sources de données internationales, lesquelles excluent les citoyens par naturalisation et par filiation. Des données comme celles sur l’émission de passeports ou du service d’Inscription des Canadiens à l’étranger ont un certain potentiel pour calculer une estimation du nombre de citoyens canadiens qui résident à l’étranger par pays de résidence. À ce sujet, la FAPC (2011) a tenté de décliner la diaspora canadienne selon le pays de résidence en intégrant plusieurs sources, mais l’exercice comporte plusieurs limites.
En terminant, malgré les limites des méthodes utilisées dans ce document, le présent exercice démontre comment des méthodes démographiques innovantes qui intègrent plusieurs sources de données peuvent être utilisées pour estimer la taille de l’effectif et les caractéristiques démographiques de base d’une population d’intérêt qui est très difficile à mesurer.
Tableaux de l’annexe
Groupe d'âge | Total | Citoyens de naissance nés au Canada et citoyens par naturalisation | Citoyens par filiation | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Total | Hommes | Femmes | Total | Hommes | Femmes | Total | Hommes | Femmes | |
nombre | |||||||||
0 à 4 ans | 44 134 | 20 895 | 23 239 | 5 336 | 2 732 | 2 604 | 38 798 | 18 163 | 20 635 |
5 à 9 ans | 112 837 | 59 899 | 52 938 | 30 253 | 16 822 | 13 431 | 82 584 | 43 077 | 39 507 |
10 à 14 ans | 122 547 | 67 160 | 55 387 | 35 343 | 21 170 | 14 173 | 87 204 | 45 990 | 41 214 |
15 à 19 ans | 106 817 | 53 636 | 53 181 | 20 870 | 10 846 | 10 024 | 85 947 | 42 790 | 43 157 |
20 à 24 ans | 111 364 | 61 204 | 50 160 | 24 269 | 13 493 | 10 776 | 87 095 | 47 711 | 39 384 |
25 à 29 ans | 150 342 | 81 845 | 68 497 | 46 697 | 24 996 | 21 701 | 103 645 | 56 849 | 46 796 |
30 à 34 ans | 176 131 | 94 822 | 81 309 | 78 370 | 39 353 | 39 017 | 97 761 | 55 469 | 42 292 |
35 à 39 ans | 196 436 | 103 279 | 93 157 | 109 324 | 54 746 | 54 578 | 87 112 | 48 533 | 38 579 |
40 à 44 ans | 208 680 | 110 893 | 97 787 | 129 440 | 65 840 | 63 600 | 79 240 | 45 053 | 34 187 |
45 à 49 ans | 244 497 | 128 249 | 116 248 | 161 799 | 83 013 | 78 786 | 82 698 | 45 236 | 37 462 |
50 à 54 ans | 262 730 | 138 390 | 124 340 | 171 832 | 90 606 | 81 226 | 90 898 | 47 784 | 43 114 |
55 à 59 ans | 231 322 | 121 748 | 109 574 | 160 937 | 85 054 | 75 883 | 70 385 | 36 694 | 33 691 |
60 à 64 ans | 213 890 | 106 507 | 107 383 | 156 712 | 76 295 | 80 417 | 57 178 | 30 212 | 26 966 |
65 à 69 ans | 201 659 | 96 571 | 105 088 | 165 852 | 77 786 | 88 066 | 35 807 | 18 785 | 17 022 |
70 à 74 ans | 177 984 | 85 460 | 92 524 | 150 997 | 71 465 | 79 532 | 26 987 | 13 995 | 12 992 |
75 à 79 ans | 141 570 | 67 533 | 74 037 | 125 123 | 58 840 | 66 283 | 16 447 | 8 693 | 7 754 |
80 à 84 ans | 109 063 | 52 446 | 56 617 | 96 616 | 45 959 | 50 657 | 12 447 | 6 487 | 5 960 |
85 à 89 ans | 79 518 | 38 422 | 41 096 | 70 287 | 33 626 | 36 661 | 9 231 | 4 796 | 4 435 |
90 à 94 ans | 45 510 | 21 663 | 23 847 | 42 020 | 19 815 | 22 205 | 3 490 | 1 848 | 1 642 |
95 ans ou plus | 16 469 | 7 513 | 8 956 | 16 323 | 7 448 | 8 875 | 146 | 65 | 81 |
Groupe d'âge | Total | Citoyens de naissance nés au Canada et citoyens par naturalisation | Citoyens par filiation | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Total | Hommes | Femmes | Total | Hommes | Femmes | Total | Hommes | Femmes | |
nombre | |||||||||
0 à 4 ans | 73 402 | 35 008 | 38 394 | 5 869 | 3 002 | 2 867 | 67 533 | 32 006 | 35 527 |
5 à 9 ans | 158 983 | 82 872 | 76 111 | 33 479 | 18 566 | 14 913 | 125 504 | 64 306 | 61 198 |
10 à 14 ans | 155 652 | 82 021 | 73 631 | 39 975 | 23 841 | 16 134 | 115 677 | 58 180 | 57 497 |
15 à 19 ans | 139 999 | 70 911 | 69 088 | 23 933 | 12 397 | 11 536 | 116 066 | 58 514 | 57 552 |
20 à 24 ans | 179 896 | 92 001 | 87 895 | 27 639 | 15 231 | 12 408 | 152 257 | 76 770 | 75 487 |
25 à 29 ans | 235 493 | 117 961 | 117 532 | 53 456 | 28 348 | 25 108 | 182 037 | 89 613 | 92 424 |
30 à 34 ans | 278 023 | 136 562 | 141 461 | 89 125 | 44 564 | 44 561 | 188 898 | 91 998 | 96 900 |
35 à 39 ans | 299 949 | 148 847 | 151 102 | 123 294 | 61 729 | 61 565 | 176 655 | 87 118 | 89 537 |
40 à 44 ans | 311 753 | 156 103 | 155 650 | 145 393 | 73 914 | 71 479 | 166 360 | 82 189 | 84 171 |
45 à 49 ans | 364 998 | 184 669 | 180 329 | 179 897 | 92 188 | 87 709 | 185 101 | 92 481 | 92 620 |
50 à 54 ans | 378 775 | 192 134 | 186 641 | 188 522 | 99 225 | 89 297 | 190 253 | 92 909 | 97 344 |
55 à 59 ans | 327 567 | 160 867 | 166 700 | 176 052 | 92 818 | 83 234 | 151 515 | 68 049 | 83 466 |
60 à 64 ans | 280 570 | 131 365 | 149 205 | 172 495 | 83 840 | 88 655 | 108 075 | 47 525 | 60 550 |
65 à 69 ans | 247 807 | 115 244 | 132 563 | 181 892 | 85 537 | 96 355 | 65 915 | 29 707 | 36 208 |
70 à 74 ans | 198 277 | 93 937 | 104 340 | 162 523 | 77 501 | 85 022 | 35 754 | 16 436 | 19 318 |
75 à 79 ans | 149 699 | 70 897 | 78 802 | 131 826 | 62 307 | 69 519 | 17 873 | 8 590 | 9 283 |
80 à 84 ans | 112 362 | 53 910 | 58 452 | 100 367 | 47 912 | 52 455 | 11 995 | 5 998 | 5 997 |
85 à 89 ans | 81 935 | 39 396 | 42 539 | 72 341 | 34 671 | 37 670 | 9 594 | 4 725 | 4 869 |
90 à 94 ans | 46 916 | 22 243 | 24 673 | 42 954 | 20 251 | 22 703 | 3 962 | 1 992 | 1 970 |
95 ans ou plus | 16 644 | 7 578 | 9 066 | 16 568 | 7 554 | 9 014 | 76 | 24 | 52 |
Groupe d'âge | Total | Citoyens de naissance nés au Canada et citoyens par naturalisation | Citoyens par filiation | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Total | Hommes | Femmes | Total | Hommes | Femmes | Total | Hommes | Femmes | |
nombre | |||||||||
0 à 4 ans | 98 387 | 43 290 | 55 097 | 6 408 | 3 275 | 3 133 | 91 979 | 40 015 | 51 964 |
5 à 9 ans | 236 324 | 121 295 | 115 029 | 36 713 | 20 314 | 16 399 | 199 611 | 100 981 | 98 630 |
10 à 14 ans | 214 306 | 112 388 | 101 918 | 44 604 | 26 511 | 18 093 | 169 702 | 85 877 | 83 825 |
15 à 19 ans | 203 182 | 108 549 | 94 633 | 26 996 | 13 951 | 13 045 | 176 186 | 94 598 | 81 588 |
20 à 24 ans | 306 221 | 163 970 | 142 251 | 31 015 | 16 962 | 14 053 | 275 206 | 147 008 | 128 198 |
25 à 29 ans | 472 681 | 259 395 | 213 286 | 60 203 | 31 686 | 28 517 | 412 478 | 227 709 | 184 769 |
30 à 34 ans | 504 540 | 271 433 | 233 107 | 99 877 | 49 769 | 50 108 | 404 663 | 221 664 | 182 999 |
35 à 39 ans | 436 710 | 237 115 | 199 595 | 137 291 | 68 725 | 68 566 | 299 419 | 168 390 | 131 029 |
40 à 44 ans | 404 582 | 219 966 | 184 616 | 161 338 | 81 991 | 79 347 | 243 244 | 137 975 | 105 269 |
45 à 49 ans | 409 496 | 218 724 | 190 772 | 197 988 | 101 363 | 96 625 | 211 508 | 117 361 | 94 147 |
50 à 54 ans | 443 135 | 235 139 | 207 996 | 205 209 | 107 851 | 97 358 | 237 926 | 127 288 | 110 638 |
55 à 59 ans | 404 738 | 217 491 | 187 247 | 191 193 | 100 592 | 90 601 | 213 545 | 116 899 | 96 646 |
60 à 64 ans | 353 159 | 166 173 | 186 986 | 188 292 | 91 376 | 96 916 | 164 867 | 74 797 | 90 070 |
65 à 69 ans | 305 715 | 143 389 | 162 326 | 197 924 | 93 264 | 104 660 | 107 791 | 50 125 | 57 666 |
70 à 74 ans | 248 864 | 120 536 | 128 328 | 174 030 | 83 545 | 90 485 | 74 834 | 36 991 | 37 843 |
75 à 79 ans | 193 345 | 91 377 | 101 968 | 138 568 | 65 793 | 72 775 | 54 777 | 25 584 | 29 193 |
80 à 84 ans | 149 768 | 68 715 | 81 053 | 104 090 | 49 846 | 54 244 | 45 678 | 18 869 | 26 809 |
85 à 89 ans | 98 659 | 49 001 | 49 658 | 74 417 | 35 730 | 38 687 | 24 242 | 13 271 | 10 971 |
90 à 94 ans | 49 085 | 22 847 | 26 238 | 43 885 | 20 682 | 23 203 | 5 200 | 2 165 | 3 035 |
95 ans ou plus | 16 903 | 7 704 | 9 199 | 16 859 | 7 681 | 9 178 | 44 | 23 | 21 |
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