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Projections démographiques pour le Canada (2013 à 2063), les provinces et les territoires (2013 à 2038) : rapport technique sur la méthodologie et les hypothèses
- 91-620-X
- Page principale
- Introduction
- Chapitre 1 : Le modèle de projection par cohorte et composante de Statistique Canada
- Chapitre 2 : Enquête d’opinion sur les tendances démographiques futures
- Chapitre 3 : Projection de la fécondité
- Chapitre 4 : Projection de la mortalité
- Chapitre 5 : Projection de l’immigration internationale
- Chapitre 6 : Projection de l’émigration
- Chapitre 7 : Projection des résidents non permanents
- Chapitre 8 : Projection de la migration interne
- Remerciements
- Renseignements supplémentaires
- Version PDF
Chapitre 5 : Projection de l’immigration internationale
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Par Nora Bohnert et Patrice Dion
- Introduction
- Tendances de l’immigration
- Politique d’immigration
- Opinion publique et discours dans les médias au sujet de l’immigration
- Résultats de l'enquête
- Méthodologie
- Hypothèses
- Références
- Notes
Introduction
L’immigration contribue de plus en plus à façonner le portrait de la population du Canada. Depuis le milieu des années 1990, la croissance de la population canadienne a été davantage tributaire de l’accroissement migratoire que de l’accroissement naturel (l’excédent de naissances par rapport aux décès). L’immigration contribue également à l’évolution de la population en raison de ses effets indirects sur le nombre de naissances enregistrées dans la population. Compte tenu des tendances actuelles de faible fécondité et de vieillissement de la population au Canada, cette situation devrait perdurer dans les décennies à venir.
Comparativement à d’autres composantes du changement démographique, comme les naissances et les décès, la projection de l’immigration est jugée particulièrement difficile (Wilson et Rees 2005). À court terme, l’immigration est souvent instable, puisqu’elle est influencée par des mouvements imprévisibles liés aux cycles économiques, aux processus décisionnels politiques et aux événements géopolitiques (Howe et Jackson 2004). Les processus de migration sont très complexes et mettent en cause les interactions de facteurs économiques, culturels, historiques et politiques entre pays (Bijak 2006). De plus, aucune théorie sur la migration ne prodigue de modèles pouvant prédire de façon satisfaisante les mouvements à venir. Au lieu de cela, différentes théories cherchent à expliquer différents aspects du processus (Massey et coll. 1994). Ces théories ne sont pas faciles à appliquer en pratique, en partie à cause de l’absence de données convenables au sujet des facteurs explicatifs, ainsi que de la nécessité de prédire également ces facteurs, ce qui rendrait la procédure indûment complexe.
Tendances de l’immigration
Comme le montre la figure 5.1, le nombre annuel d’immigrants au Canada a considérablement fluctué au cours du dernier siècle. Depuis le début des années 1990, les niveaux d’immigration ont toutefois été plus constants, s’étant établis en moyenne à environ 235 000 par année. Beaujot et Raza (2013) désignent la période de 1989 à nos jours comme une période de « forte immigration soutenue » au Canada; contrairement au passé, les niveaux d’immigration des dernières années ne se sont pas repliés en réponse aux périodes de chômage élevé et de ralentissement économique. À l’instar des tendances du nombre annuel d’immigrants, le taux d’immigration est resté relativement stable au cours des deux dernières décennies, s’établissant entre sept et huit immigrants pour mille habitants (résidents)Note 1.
À l’opposé, la composition de l’immigration pour ce qui est de la catégorie d’admission a beaucoup évolué au cours des dernières années. Comme le montre la figure 5.2, la proportion d’immigrants admis en vertu de visas économiques s’est accrue, représentant environ les deux tiers (66,6 %) de l’ensemble des immigrants en 2010, comparativement à 27,1 % en 1983. Par la suite, la proportion d’immigrants de la catégorie de la famille a fléchi, tandis que la proportion d’immigrants admis en vertu de visas humanitaires est demeurée plutôt stable. Fait notable, la tendance à la hausse de l’immigration économique a perduré même pendant la récession récente de la fin des années 2000.
La répartition régionale des immigrants au Canada a également changé ces dernières années. La tendance la plus frappante a été le repli de la proportion d’immigrants dont la province d’accueil est l’Ontario, d’environ 6 sur 10 (59,3 %) en 2001 à 4 sur 10 (40,0 %) en 2011 (figure 5.3). Au cours de la même période, la proportion d’immigrants choisissant de s’établir en Alberta, au Manitoba ou en Saskatchewan a considérablement augmenté, en particulier pendant la période de 2009 à 2011.
À l’inverse, la proportion d’immigrants au Canada qui s’établissent dans l’une des provinces de l’Atlantique ou dans les territoires est demeurée relativement faible au fil du temps. Parmi ces provinces et territoires, la Nouvelle-Écosse a généralement accueilli la plus forte proportion d’immigrants; par exemple, la province a accueilli un peu moins de 1 % des immigrants au Canada en 2012. La répartition selon l’âge des immigrants au Canada a également évolué au fil du temps, en raison notamment des fluctuations de la catégorie prédominante d’immigration. Comme le montre la figure 5.4, les immigrants économiques ont tendance à être plus fortement concentrés dans les principaux groupes d’âge actifs (les personnes du début de la vingtaine à la fin de la quarantaine). En partie en raison du fait que les immigrants économiques sont devenus plus nombreux au cours des dernières années, l’âge des immigrants a généralement augmenté au cours des dernières décennies (figure 5.5).
Politique d’immigration
Certains amendements très récents de la politique canadienne de l’immigration suggèrent que l’immigration pourrait devenir davantage ciblée dans l’avenirNote 2. Les modifications apportées au Programme fédéral des travailleurs qualifiés, qui sont entrées en vigueur en mai 2013, comprenaient un système de points d’appréciation révisé qui fait de la compétence linguistique et de la jeunesseNote 3 les facteurs de sélection les plus importants, ainsi que l’attribution de points supplémentaires pour l’expérience de travail au Canada. De plus, les demandeurs ayant des qualifications pour occuper des professions particulières et ceux ayant déjà des offres d’emploi ou de résidence de provinces ou territoires particuliers seront considérés en prioritéNote 4.
Malgré l’introduction de ces diverses révisions du programme en 2013, la fourchette d’admissions prévues de Citoyenneté et Immigration Canada en 2014 est demeurée inchangée par rapport à celle qui a été établie chaque année depuis 2007. Traditionnellement, le nombre observé d’immigrants se situait dans les limites de la fourchette d’admissions prévues au cours d’une année donnée, ou proche de ces limites (figure 5.6), ce qui porte à croire que, du moins à court terme, les niveaux d’immigration resteront à proximité des niveaux observés récemment.
Opinion publique et discours dans les médias au sujet de l’immigration
Bien qu’il n’existe pas de liens précis ou directs, l’opinion publique sur l’immigration est surveillée par le ministère de la Citoyenneté et de l'ImmigrationNote 5 et par conséquent, les tendances à cet égard pourraient avoir une incidence sur la politique d’immigration.
Comparativement à la plupart des autres pays, le soutien à l’immigration et au multiculturalisme au sein du public canadien est très fort; néanmoins, Soroka et Robertson (2010) ont constaté qu’il demeure « conditionnel » aux idées, que les lois et les normes ne devraient pas être modifiées de manière à s’adapter aux minorités. Les auteurs ont également constaté qu’une importante minorité de Canadiens estiment que les immigrants devraient « s’intégrer à la société canadienne ». Au cours des dernières années, les sujets tels que le nombre d’admissions, l’intégration des nouveaux arrivants et le multiculturalisme ont fait l’objet de discussions dans les médias et le milieu universitaire et de débats publics à l’étendue du pays, comme l’ont constaté Banting et Kymlicka (2010), Reitz (2005) et Bélanger (2013), entre autresNote 6. En général, le portrait de l’immigration canadienne brossé par les médias s’est incliné vers une rhétorique négative, le « danger » et la « crainte de l’immigration » figurant parmi les thèmes les plus fréquents du discours (Bauder 2008).
En revanche, un discours en faveur d’une hausse de l’immigration au Canada est également très présent. La disponibilité d’une main-d’œuvre relativement peu coûteuse est un souhait qui perdure chez de nombreux employeurs. Un discours prévalant dans les médias soutient que le vieillissement de la population du Canada entraînera bientôt une « crise » de pénurie de main-d’œuvre qui aura de lourdes conséquences sur les régimes publiques de pensions et d’impôts. Une augmentation de l’immigration a été proposée comme solution possible à ces problèmes grandissants, en particulier en association à l’introduction de politiques et de programmes qui amélioreraient les résultats des immigrantsNote 7.
Néanmoins, de nouvelles données probantes suggèrent que a) il n’y a pas de pénurie généralisée de main-d’œuvre au Canada; au lieu de cela, la pénurie se limite à certaines régions et industries (Kustec 2012; McQuillan 2013) et b) l’augmentation des niveaux d’immigration ne règle pas les problèmes préoccupants au sujet du vieillissement de la population (Caron Malenfant et coll. 2011). La diversité dans le discours public sur l’immigration fait ressortir la complexité du contexte et des enjeux entourant ce sujet.
Résultats de l'enquête
Les résultats de l’Enquête d’opinion sur les tendances démographiques futures montrent que les experts canadiens en démographie anticipent à court terme des niveaux d’immigration demeurant généralement dans la fourchette observée au cours des deux dernières décennies, suivie d’une légère hausse à plus long terme.
En ce qui concerne le nombre d’immigrants, à court terme, les répondants à l’enquête ont fourni une fourchette très restreinte d’estimations du niveau le plus probable en 2018, la médiane et la réponse la plus fréquente se situant à 250 000 (figure 5.7); ce chiffre est très proche du nombre d’admissions le plus récemment observé de 248 700 en 2011. À plus long terme, les répondants ont estimé que la situation la plus probable serait une augmentation du nombre d’immigrants par rapport aux niveaux actuels, la réponse médiane pour 2038 se situant à 295 000 immigrants.
Pour ce qui est du taux d’immigration, toujours à court terme, les répondants à l’enquête semblaient anticiper peu de changements par rapport au dernier taux observé de 7,2 immigrants pour mille Canadiens : la réponse médiane pour le taux d’immigration le plus probable en 2018 était de 7,4 immigrants pour mille (figure 5.8). Fait notable, les répondants s’attendaient généralement à une hausse non seulement du nombre d’immigrants, mais aussi du taux d’immigration à plus long terme, un scénario ayant des effets beaucoup plus marqués sur la population, puisque le nombre d’admissions connexe est touché par la croissance de la population canadienne. La réponse médiane pour le taux d’immigration le plus probable en 2038 était de 8,2 immigrants pour mille, un taux qui a été observé récemment en 2010. Dans l’ensemble, les estimations des répondants pour 2038 indiquaient une fourchette considérable, ce qui peut s’expliquer par le fait que les niveaux d’immigration ont été très instables dans l’histoire du Canada.
Pour appuyer leurs estimations, les répondants à l’enquête ont mentionné des tendances et des facteurs qui peuvent tour à tour suggérer une hausse ou une baisse du niveau d’immigration au Canada dans l’avenir. Les tendances telles que la mondialisation, les besoins croissants en main-d’œuvre et la facilité grandissante des communications et des déplacements ont été mentionnées par les répondants pour soutenir une immigration accrue au Canada dans l’avenir. Un autre facteur évoqué est le fait que, comme le propose la théorie de Massey et coll. (1994), les courants migratoires établis ont tendance à se perpétuer dans le temps à mesure que les immigrants qui sont déjà arrivés au Canada cherchent à emmener leur famille et que diverses industries et institutions deviennent dépendantes de la migration soutenue. À l’inverse, plusieurs répondants ont mentionné que la croissance des économies asiatiques et africaines pourrait atténuer les facteurs d’incitation à venir au Canada, ainsi que l’idée qu’il y aurait une capacité socioculturelle limitée d’absorber un plus grand nombre d’immigrants au Canada. En outre, certains répondants estimaient que l’idée d’une pénurie de main-d’œuvre au Canada, qui doit être résolue par une augmentation de l’immigration, pourrait être exagérée.
Méthodologie
Les hypothèses d’immigration faible, moyenne et forte sont fondées sur une analyse des tendances à court et à long terme de l’immigration au Canada, sur les estimations et les opinions fournies par les répondants à l’Enquête d’opinion sur les tendances démographiques futures, ainsi que sur les faits nouveaux en matière de politiques canadiennes sur l’immigration. Conformément à l’approche « ascendante hybride » utilisée dans les projections, une hypothèse à l’échelon du Canada est d’abord établie, après quoi des hypothèses spécifiques en sont dérivées à l’échelon des provinces et des territoires. Les nouveaux immigrants s’ajoutent à la population canadienne pendant la projection au moyen des taux d’immigration particuliers des provinces et des territoires. Étant donné que la taille de la population change pendant la projection (et qu’elle n’est pas connue au moment de l’élaboration des hypothèses), un taux fixe suppose un nombre variable de nouvelles admissions, mais une contribution stable au taux de croissance des provinces et territoires (dans la mesure où le taux reste inchangé).
Les taux d’immigration annuels moyens pour la période de 2007-2008 à 2011-2012 dans chaque province et territoire ont été utilisés comme point de départ pour l’élaboration des hypothèses d’immigration. Ces taux sont augmentés ou diminués, selon l’hypothèse, afin de correspondre au taux initial d’immigration désiré au niveau national. Les taux des 10 premières années de projection sont ensuite interpolés linéairement, adoptant les changements prévus à l’échelon du Canada pendant cette période. Les taux augmentent ou diminuent pour atteindre l’objectif souhaité en 2022-2023 et pour demeurent stables par la suite. Selon cette approche, le taux d’immigration national n’est pas prédéterminé, mais découle plutôt des divers taux d’immigration des provinces et territoires.
Bien que cette approche des taux provinciaux ait été adoptée pour la projection, une autre approche judicieuse consisterait à utiliser des taux nationaux en s’appuyant sur un modèle de distribution constante dans les provinces et territoires. On pourrait croire qu’une telle approche serait conceptuellement préférable à l’approche des taux provinciaux pour réellement tenir compte du processus de planification de l’immigration. Toutefois, l’utilisation des taux d’immigration nationaux avec des répartitions provinciales fixes engendre des taux d’immigration qui évoluent de façon mécanique dans chaque province et territoire, au fil des variations de la croissance de la population à l’échelon national (peu importe ce qui arrive en ce qui concerne le changement démographique pour la province ou le territoire en particulier). Étant donné que la direction et la vigueur de ce mécanisme ne sont pas explicitement indiquées dans les hypothèses d’immigration (elles ne sont pas définies au moment de l’élaboration de l’hypothèse), l’utilisation d’un taux d’immigration national s’avère un peu moins transparente au niveau des provinces et des territoires. En revanche, puisqu’elle a trait au nombre d’admissions par rapport à la taille de la population de chaque province et territoire, l’utilisation de taux d’immigration provinciaux/territoriaux particuliers fait en sorte que la contribution de l’immigration à la croissance d’une province ou d’un territoire en particulier demeure inchangée proportionnellement à toutes les autres composantes de la croissance (naissances, décès, migration interprovinciale, etc.).
Au bout du compte, il est difficile d’évaluer quelle solution suivra le mieux le parcours futur des tendances de l’immigration. Liée aux tendances économiques et à des événements politiques parfois sans précédent, et influencée par les changements, les fermetures ou les ajouts de divers programmes d’immigration et leur importance variable dans des provinces et territoires particuliers, la répartition géographique des immigrants au Canada a beaucoup changé par le passé. Compte tenu de sa nature imprévisible, le choix et l’utilisation d’une période de référence passée pour déterminer la répartition des immigrants au Canada parmi les provinces et territoires pendant la durée de la projection ne sont pas des tâches simples pour une projection à long terme. Étant donné que la méthode basée sur les taux nationaux est, d’une certaine façon, moins compatible à l’approche «ascendante hybride» privilégiée dans ces projections, la méthode basée sur les taux provinciaux a été sélectionnée pour cette présente édition de projections.
Ajustement des taux d’immigration
Comme expliqué plus haut, les taux d’immigration provinciaux et territoriaux sont utilisés pour la projection. Le calcul de ces taux s’effectue à partir du nombre annuel d’immigrants selon l’âge, le sexe et la province/territoire, les paramètres provenant du Programme des estimations démographiques (PED) de Statistique Canada. Ces estimations étaient elles-mêmes basées sur de l’information des fichiers du Système de soutien des opérations des bureaux locaux (SSOBL) de Citoyenneté et Immigration Canada (CIC). Une importante limitation de ces fichiers est que les niveaux d’immigration provinciaux et territoriaux reflètent la destination prévue des immigrants à l’arrivée, au lieu de la province ou le territoire où l’immigrant s’installe réellement. Cela implique qu’un immigrant qui migre peu après son arrivée (ou qui s’établit tout simplement à une autre destination à l’arrivée au Canada) peut voir son lieu de résidence être enregistré au mauvais endroit. Si cette migration est saisie dans la composante de la migration interprovinciale, il n’y a pas de problème. Cependant, d’autres sources de données suggèrent que certaines de ces migrations ne sont pas enregistrées, et que l’utilisation du lieu de destination prévu comme proxy du lieu de résidence produit un portrait inexact de la répartition géographique des immigrants. Dans les estimations intercensitaires du PED, ces écarts peuvent être corrigés par le biais de la composante de l’écart résiduel. Toutefois, comme cette composante n’est pas projetée, il est préférable de procéder à des ajustements dans les données utilisées pour la projection du lieu de résidence des nouveaux immigrantsNote 8.
Afin de réduire ces incohérences, des facteurs d’ajustement ont été calculés à l’aide de la Base de données longitudinales sur les immigrants (BDIM), laquelle contient des données appariées sur l’immigration provenant des fichiers SSOBL de CIC et les dossiers fiscauxNote 9, Note 10. À l’aide de la BDIM, il est possible de mesurer le degré de correspondance entre la destination prévue avant l’arrivée au Canada et la province/territoire reportée la première année (de référence) au Canada dans les dossiers fiscaux. Ainsi, pour une province ou un territoire en particulier et une année donnée, le facteur d’ajustement consiste en le nombre d’immigrants ayant déclaré vivre dans cette province ou ce territoire divisé par le nombre de ceux qui avaient l’intention de s’y installer. Un facteur d’ajustement inférieur à un signifie que la province ou le territoire enregistre plus de pertes que de gains, le contraire étant vrai pour un facteur dépassant un. Ces facteurs d’ajustement ont été calculés pour les groupes d’âge suivants, 0 à 19 ans, 20 à 24 ans, 25 à 34 ans, 35 à 44 ans, 45 à 54 ans, 55 à 64 ans et 65 ans et plus, et représentent des moyennes calculées pour les immigrants qui sont arrivés entre 2006 et 2011Note 11.
La figure 5.9 montre les changements dans les hypothèses du taux d’immigration résultant des ajustements basés sur la BDIM. Ces changements sont substantiels pour l’Île-du-Prince-Édouard. Ailleurs, les ajustements sont beaucoup plus subtils, tendant à faire croître les taux en Alberta, en Colombie-Britannique, au Yukon et au Nunavut et à les faire diminuer dans les autres provinces.
Hypothèses
Trois hypothèses distinctes d’immigration, faible, moyenne et forte, ont été élaborées sur la base d’une analyse des tendances passées et des résultats de l’Enquête d’opinion sur les tendances démographiques futures. Comme le montre la figure 5.6, la fourchette cible d’immigration de Citoyenneté et Immigration Canada est demeurée inchangée au cours des huit dernières années (2007 à 2014), et le nombre observé d’immigrants est généralement tombé dans les limites ou très près de la fourchette d’immigration prévue. Le plan des niveaux d’immigration pour 2014 contient non seulement des valeurs minimum et maximum, mais aussi une valeur cible intermédiaireNote 12. Ces cibles numériques, une fois converties en taux en fonction de la population canadienne de 2013-2014Note 13, ont été utilisées pour la première année de projection (2013-2014), générant des taux de 6,8 immigrants pour mille habitants pour l’hypothèse faible, 7,4 pour l’hypothèse moyenne et 7,5 pour l’hypothèse forte. De 2014-2015 à 2022-2023, les taux sont interpolés linéairement pour atteindre les taux annuels cibles d’immigration à long terme (détaillés plus bas) et maintenus constants pour le reste de la projection (tableau 5.1 et figure 5.10).
D’après l’hypothèse faible, le taux d’immigration du Canada se replie peu à peu pendant la période de projection, passant de 6,8 immigrants pour mille en 2013-2014 à 5,0 en 2022-2023, après quoi il demeure fixe. Fait à remarquer, le niveau de 5,0 immigrants pour mille est un peu plus bas que les valeurs médianes obtenues dans l’Enquête d’opinion sur les tendances démographiques futures. En fait, les consultations d’experts, y compris les membres du Comité consultatif de la statistique et des études démographiques, ainsi que le désir de proposer une plus grande fourchette d’incertitude, ont fortement motivé ce choix. D’après l’hypothèse faible, les admissions d’immigrants continueraient de devenir plus ciblées (et donc un peu plus restreintes) en conséquence des révisions apportées récemment à la politique d’immigration. Cette hypothèse représente également la situation hypothétique où, pour différentes raisons, les facteurs attirant les immigrants au Canada ou les incitant à quitter leur pays s’atténueraient quelque peu dans l’avenir. Enfin, la présence dans l’opinion publique de discours critiques à l’égard de l’immigration ainsi que les débats publics sur l’intégration des immigrants suggère qu’un fléchissement des niveaux d’immigration devrait également être envisagé comme une possibilité dans l’avenir.
D’après l’hypothèse moyenne, le taux d’immigration passe de 7,4 immigrants pour mille en 2013-2014 à 7,5 en 2022-2023 et pour les années suivantes. Un taux d’immigration de 7,5 immigrants pour mille équivaut au taux moyen des 10 dernières années de données observées, en plus de constituer la réponse moyenne fournie par les répondants à l’enquête au sujet du taux d’immigration le plus probable en 2018. Cette hypothèse est soutenue par la période récente de stabilité relative du taux d’immigration, la plus longue observée dans l’histoire du Canada. Bien que Citoyenneté et Immigration Canada ait apporté de nombreuses modifications au programme d’immigration en 2013, il n’a pas modifié le niveau d’immigration cible, ce qui porte à croire que le taux d’immigration pourrait continuer de fluctuer autour de 7,0 à 8,0 immigrants pour mille au cours des prochaines années.
D’après l’hypothèse forte, les taux d’immigration augmentent graduellement de 2013-2014 à 2022-2023, passant de 7,5 à 9,0 immigrants pour mille, puis demeurent à ce niveau par la suite. Beaucoup de facteurs suggèrent que les niveaux d’immigration du Canada pourraient augmenter par rapport aux niveaux actuels. Selon ce scénario, la mondialisation soutenue, les intérêts des employeurs envers une main-d’œuvre relativement abordable et la facilité grandissante des déplacements et des communications pourraient entraîner un plus haut niveau d’immigration au Canada au fil du temps. De plus, les recherches sur l’opinion publique suggèrent que le soutien des Canadiens à l’égard de l’immigration et du multiculturalisme est, en grande partie et selon les normes internationales, relativement robuste. Enfin, l’hypothèse forte correspond aux opinions générales des répondants à l’Enquête d’opinion sur les tendances démographiques futures qui, pour la plupart, prévoyaient une augmentation des taux d’immigration au fil du temps.
Le tableau 5.2 montre les hypothèses au sujet de la répartition selon l’âge et le sexe des immigrants, maintenue constante pendant la durée de la projection, et identique pour les hypothèses d’immigration faible, moyenne et forte. Les hypothèses de la répartition selon l’âge et le sexe sont calculées en fonction de la répartition moyenne selon l’âge et le sexe des immigrants observée dans chaque province et territoire au cours de la période de 2007-2008 à 2011-2012 après ajustement pour le lieu de résidence d’après les données de la BDIM.
Comme le montre le tableau 5.2, la répartition par âge des immigrants varie considérablement selon la région du Canada. Par exemple, le Manitoba et la Saskatchewan affichent les plus fortes proportions d’immigrants âgés de 0 à 14 ans (28 % pour les deux sexes) alors que Terre-Neuve-et-Labrador, la Colombie-Britannique, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest ont les plus faibles proportions (moins de 20 %).
De plus, les tendances récentes montrent des distinctions entre les régions dans la répartition des immigrants selon le sexe : le Québec, l’Ontario, l’Alberta, la Colombie-Britannique et les territoires reçoivent un peu plus d’immigrantes que d’immigrants de sexe masculin, tandis que c’est l’inverse pour les provinces de l’Atlantique, le Québec, le Manitoba et la Saskatchewan.
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