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Projections de la population et des ménages autochtones au Canada, 2011 à 2036
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Analyse des résultats - population
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- Population d’identité autochtone dans son ensemble
- Indiens inscrits
- Indiens non inscrits
- Métis
- Inuits
- Notes
Cette partie du rapport présente les résultats concernant la population d’identité autochtone dans son ensemble puis, de manière distincte, chacune des populations autochtones étudiées, soit les Indiens inscrits, les Indiens non inscrits, les Métis et les Inuits (voir la section « Concepts »). Chaque section présente l’accroissement démographique, la structure d’âge et la distribution géographique projetés de ces groupes d’ici 2036 selon les divers scénarios retenus.
Population d’identité autochtone dans son ensemble
La population d’identité autochtone au Canada connaît, depuis plusieurs décennies, une croissance démographique soutenue qui surpasse celle de la population non autochtone, et rien, du moins à court terme, ne laisse présager un revirement de cet état de fait. Cette forte croissance des populations autochtones constitue un phénomène assez récent dans l’histoire et contraste avec l’évolution démographique plutôt défavorable des derniers siècles (voir l’encadré 3).
Encadré 3 – Historique de la démographie autochtone
Les populations autochtones vivant à l’intérieur des frontières actuelles du Canada ont, au fil des siècles, connu des régimes démographiques fort différents de celui qui marque la période actuelle. Ainsi, l’accroissement rapide des populations autochtones observé au cours des dernières décennies relève d’un contexte historique particulier qui est distinct de celui des périodes passées.
La période précolombienne
Il est difficile, voire impossible, d’établir avec certitude quels étaient les effectifs des populations autochtones vivant dans l’actuel Canada à la veille du contact avec les Européens. Dans la littérature (Maynard et Kerr 2007; Romaniuc 2003 et Charbonneau 1984), on reconnaît que plusieurs nations prospéraient un peu partout au Canada et que les effectifs pouvaient varier en fonction des ressources disponibles (populations plus denses sur les côtes de la Colombie-Britannique et dans la région des Grands Lacs et la Vallée du St-Laurent et de moins en moins dense au fur et à mesure que l’on se déplaçait vers le septentrion – les régions subarctiques et arctiques accueillant des populations clairsemées). Les démographes qui se sont intéressés à cette période estiment que ces populations devaient vivre un régime de population précairement stationnaire – le niveau de fécondité étant tout juste suffisant pour pallier à la forte mortalité causée par les nombreuses guerres et les conditions de vie difficiles (Romaniuc 2003). Charbonneau (1984) a estimé, de manière purement théorique et avec moultes mises en garde, que la population autochtone dans l’actuel Canada, tout juste avant la colonisation européenne, pouvait avoisiner les 300 000 personnes.
La période de dépopulation
Bien que nous ne connaissions pas avec certitude les effectifs des populations autochtones au moment du contact avec les Européens, nous savons que ce contact a été dramatique pour les populations indigènes du Canada et cela durant une période d’environ trois siècles, soit du début du 17e siècle jusqu’à la fin du 19e. Ce long déclin a débuté principalement dans l’Est du Canada, où les Premières Nations, notamment les Béothuks, les Hurons, les Cris et les Mi’kmaq, sont entrées en contact avec les Européens (Charbonneau 1984). Le déclin démographique observé dans l’Est s’est ensuite déplacé lentement vers l’Ouest du pays. Ce sont les guerres, la désorganisation sociale suite aux changements sociaux (par exemple, l’introduction des armes, de l’alcool, la disparition du gibier suite à une chasse excessive – comme le bison dans l’Ouest canadien – et les changements dans les modes de vie), mais aussi et principalement les maladies qu’ont apportées avec eux les colonisateurs, telles que la variole et la rougeole, qui ont décimé une grande partie de ces populations en un laps de temps assez court. On estime que les effectifs des populations autochtones au Canada ont atteint un creux historique au début du 20e siècle avec une population estimée à un peu plus de 100 000 personnes (Guimond et al. 2009).
Période de stabilisation et croissance rapide
Alors qu’à la période précédente, il était difficile d’obtenir des estimations un tant soit peu précises de la taille des populations autochtones, l’administration des premiers recensements modernes à la fin du 19e siècle, dans lesquels on demandait aux personnes recensées leur origine ethnique, a permis de pallier, quoique de manière imparfaite, à cette lacune. Depuis 1871, les recensements de la population canadienne ont dénombré sur une base continue la population autochtone à l’aide d’une question sur l’origine ethnique.
Guimond et al. (2009) nous mettent en garde sur le fait que la détermination de l’origine autochtone (ou ascendance autochtone) a beaucoup varié d’un recensement à l’autre, et qu’il convient dans ce contexte d’être prudent lorsque l’on analyse la croissance démographique de cette population. Tout au plus, pouvons-nous constater que la population d’ascendance autochtone semble demeurer stable puis croître lentement entre 1871 et 1951, puis se met à croître à un rythme soutenu par la suite, particulièrement entre 1951 et 2011, où elle serait passée de 166 000 à 1 836 000 personnes. Une baisse de la mortalité, le maintien d’une fécondité supérieure ainsi qu’une plus grande reconnaissance des gens vis-à-vis de leur ascendance autochtone peuvent expliquer cette croissance rapide.
L’ajout de questions sur le statut d’Indien inscrit dans le Recensement de 1991 et sur l’identification à un groupe autochtone dans celui de 1996 a aussi permis de confirmer cet accroissement plus rapide des populations autochtones au cours de la période la plus récente.
En 2011, la population d’identité autochtone était estimée à environ 1 502 000 personnes, soit un nombre supérieur de 45 % à ce qu’il était 10 ans plus tôt. Sur une base annuelle, l’accroissement de cette population a été de 3,8 % au cours de cette période, soit bien davantage qu’au sein du reste de la population (+1,0 %). Ce taux de croissance rapide peut être expliqué en partie par la forte fécondité des populations autochtones, en particulier chez les Indiens inscrits et les Inuits. Cependant, une part importante de la croissance de la population autochtone est due à une propension grandissante à déclarer une identité autochtone, ou en d’autres termes à la mobilité ethnique intragénérationnelle des Autochtones.
Les présentes projections montrent que, à l’instar de ce qui a été observé dans le passé récent, les populations autochtones continueraient à croître à un rythme soutenu au cours du prochain quart de siècle. Selon les scénarios de projection retenus, la population autochtone compterait en 2036 entre 1 965 000 (scénario d'aucune mobilité ethnique) et 2 633 000 personnes (scénario de fécondité constante), pour un accroissement total durant la période se situant entre 463 000 et 1 131 000 personnes (figure 2). La population autochtone croîtrait plus rapidement (entre +1,1 % et +2,3 % par année en moyenne) que la population dans son ensemble (+0,9 %)Note 30 et ce, selon tous les scénarios, si bien que la proportion de personnes autochtones atteindrait entre 4,6 % et 6,1 % de la population totale en 2036, comparativement à 4,4 % en 2011.
Il convient de souligner que les principales sources de l’accroissement des populations autochtones seraient forts différentes de celles de la population non autochtone. Alors que l’accroissement des populations autochtones reposerait principalement sur l’accroissement naturel et la mobilité ethnique, ce serait plutôt, dans une large mesure, l’accroissement migratoire international (environ les trois quarts de l’accroissement projeté) qui soutiendrait la croissance de la population non autochtone au cours de la période projetée.
Ces résultats relatifs à la population autochtone masquent le caractère spécifique des populations qui la composent. Il est en effet important de se rappeler que la population autochtone ne constitue pas un groupe homogène, mais plutôt un ensemble diversifié de populations ayant chacune leurs particularités.
En 2011, environ la moitié des Autochtones (768 000 personnes) étaient des personnes qui se sont identifiés aux Indiens inscrits. La population des Métis comptaient 437 000 personnes, celle des Indiens non inscrits 223 000 personnes et celle des Inuits 63 000 personnes. Finalement, 12 000 personnes se sont identifiées à plus d’un groupe autochtone ou bien ont déclaré être membres d’une Première Nation/bande indienne sans avoir le statut d’Indien inscrit ni s’être identifiées à un groupe autochtone.
À l’instar de la population autochtone dans son ensemble, tous les groupes d’identité autochtone considérés continueraient de croître au cours des prochaines années. Selon tous les scénarios élaborés, les Indiens inscrits demeureraient le principal groupe d’identité autochtone, comptant entre 1 088 000 et 1 196 000 personnes en 2036, alors qu’entre 245 000 et 489 000 personnes seraient des Indiens non inscrits. Les Métis compteraient, pour leur part, entre 531 000 et 835 000 personnes, tandis que la population inuite atteindrait entre 86 000 et 95 000 personnes en fin de projection (tableau 8).
Le taux de croissance de la population varierait aussi considérablement d’un groupe à l’autre. Au cours de cette période de 25 ans, la population des Indiens inscrits augmenterait d’entre 43 % et 56 % alors que celle des Indiens non inscrits pourrait croître d’entre 10 % et 120 %. Pour les Métis, cet accroissement varierait entre 22 % et 91 % alors qu’il se situerait plutôt entre 36 % et 51 % pour les Inuits. Les sources de l’accroissement démographique seraient, par contre, très différentes d’un groupe à l’autre. Celles-ci seront discutées plus en détails dans les sections qui traitent de chacun des groupes particuliers.
Structure par âge
La plus forte fécondité de la population autochtone observée au cours des dernières décennies a contribué, de concert avec sa plus forte mortalité, à la relative « jeunesse » de sa structure par âge en comparaison de la population non autochtone. Malgré cette fécondité et cette mortalité élevées, on observe, depuis plusieurs années, un lent vieillissement de la population autochtone, celui-ci tirant notamment sa source d’un allongement séculaire de l’espérance de vie.
Selon les scénarios de projection proposés, la population autochtone continuerait à vieillir au cours des prochaines années (figure 3). Ainsi, l’âge médian des Autochtones, de 27,7 ans en 2011, atteindrait entre 34,7 et 36,6 ans en 2036 selon le scénario considéré. Une fécondité demeurant constante ou un arrêt de la mobilité intragénérationnelle après 2011 sont des facteurs qui contribueraient à ralentir la hausse de l’âge médian. La fécondité future des populations autochtones, la hausse projetée de leur espérance de vie, mais aussi la mobilité ethnique intragénérationnelle, qui ajoute à la population autochtone des personnes légèrement plus âgées en moyenne, sont tous des facteurs susceptibles de contribuer à ce vieillissement.
En comparaison, l’âge médian de la population non autochtone augmenterait moins rapidement entre 2011 et 2036, passant de 40,5 ans en 2011 à 44,5 ans en 2036. La population autochtone demeurerait toutefois plus jeune que cette dernière à l’horizon de la période projetée, avec un âge médian entre 8 et 10 ans inférieur (voir le tableau A1 dans l’annexe qui présente des indicateurs de structure par âge). Cela se reflèterait notamment dans une surreprésentation des Autochtones au sein des groupes d’âge les plus jeunes. Ainsi, la population autochtone représenterait entre 6,0 % et 8,6 % de la population âgée de moins de 15 ans au Canada en 2036 alors qu’elle ne représenterait, rappelons-le, qu’entre 4,6 % et 6,1 % de la population totale en fin de projection.
Répartition géographique
La distribution géographique des populations autochtones diffère à bien des égards de celle des populations non autochtones, et reflète tantôt des modes de vie ancestraux basés sur la disponibilité des ressources, tantôt l’histoire mouvementée de la rencontre avec les colons européens et plus tard, l’instauration de lois favorisant l’établissement à certains endroits particuliers.
En 2011, on notait, par exemple, que les Autochtones étaient proportionnellement plus nombreux à habiter dans les provinces des Prairies (40,4 %) et en Colombie-Britannique (16,1 %) que les non-Autochtones (respectivement 16,7 % et 13,0 %). En 2036, ce portrait serait fort peu différent selon les scénarios présentés. Par exemple, selon le scénario de référence, 39,5 % de la population autochtone habiterait dans les Prairies et 16,6 % en Colombie-Britannique, contre respectivement 18,4 % et 13,2 % pour la population non autochtone.
Selon tous les scénarios retenus, la population autochtone continuerait à croître dans tous les provinces et territoires au cours des 25 prochaines années, sauf à Terre-Neuve-et-Labrador si la mobilité ethnique devait cesser après 2011. Cette croissance serait cependant très différente d’une province ou d’un territoire à l’autre, comme le montre le tableau 9, et dépendrait particulièrement des niveaux de la mobilité ethnique et des schèmes de migration interne.
Dans toutes les provinces, le scénario ayant pour hypothèse un arrêt de la mobilité ethnique intragénérationnelle dès 2011 aurait pour conséquence de ralentir passablement la croissance démographique. Dans les territoires, l’impact de cette composante sur la croissance serait limité puisqu’on la suppose nulle dans tous les scénarios.
En comparaison au scénario de référence, le scénario ayant pour hypothèse une migration interne nulle aurait un impact négatif sur la croissance de la population autochtone de l’Alberta et de la Colombie-Britannique, mais serait plus favorable à l’accroissement des populations autochtones des autres provinces et plus particulièrement des provinces de l’Atlantique.
En 2011, parmi les provinces, ce sont le Manitoba (16,7 %) et la Saskatchewan (15,6 %) qui présentaient les plus importantes proportions de personnes autochtones au sein de leur population. Ce serait encore le cas en 2036. Ces proportions atteindraient alors entre 17,6 % et 21,3 % au Manitoba et entre 18,5 % et 22,7 % en Saskatchewan en 2036. Chez les jeunes de moins de 15 ans de ces deux provinces, elles pourraient se situer entre 21,1 % et 28,7 % puis entre 23,0 % et 35,5 %, respectivement. Par ailleurs, les Autochtones devraient continuer à représenter une forte proportion de la population des territoires, représentant entre 21,7 % et 24,6 % de la population du Yukon, entre 51,0 % et 56,2 % de la population des Territoires du Nord-Ouest et entre 88,5 % et 89,9 % de la population du Nunavut.
Les Autochtones se distinguent également des non-Autochtones en ce qu’ils sont proportionnellement moins nombreux à résider dans les régions métropolitaines de recensement (RMR) (37,3 % contre 70,6 % en 2011). En 2036, la proportion d’Autochtones y résidant augmenterait légèrement pour atteindre entre 38,6 % (scénario sans mobilité ethnique) et 42,4 % (scénario de référence) (tableau 10). Ces écarts observés en 2036 s’expliquent principalement par les hypothèses de mobilité ethnique intragénérationnelle, cette composante étant généralement plus favorable à la croissance de la population autochtone dans les RMR qu’à l’extérieur de celles-ci.
C’est dans les RMR du nord de l’Ontario, du Manitoba et de la Saskatchewan ainsi que dans les régions hors RMR de ces deux dernières provinces, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique que l’on retrouverait les plus importantes proportions d’Autochtones au sein de la population. Plus de détails sur la population autochtone projetée par région sont disponibles dans les tableaux A2 de l’annexe.
Enfin, il convient de mentionner que certaines aires géographiques sont étroitement associées à certaines populations autochtones en particulier. C’est le cas des réserves indiennes, où résident un grand nombre d’Indiens inscrits, et les régions de l’Inuit Nunangat, dans lesquelles vit la majorité de la population des Inuits. Les résultats touchant les réserves indiennes sont présentés dans la section traitant des Indiens inscrits alors que ceux relatifs à l’Inuit Nunangat sont couverts dans la section dédiée aux Inuits.
Indiens inscrits
La population indienne inscrite comprend, dans les présentes projections, les personnes qui s’auto-identifient comme Indiens inscrits dans l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011. Bien qu’elle soit traitée comme étant une population homogène dans cette section, celle-ci est, en fait, très diversifiée dans la mesure où elle est composée de personnes appartenant à diverses bandes indiennes qui se distinguent parfois substantiellement les unes des autres tant au plan culturel que linguistique.
La dynamique démographique des Indiens inscrits est également particulière, dans la mesure où elle est liée non seulement aux composantes démographiques habituelles (fécondité, mortalité, etc.), mais aussi à des règles de transmission du statut d’Indien inscrit qui sont définies dans la Loi sur les Indiens (voir la section « Concepts »). Les règles actuelles font que, dans certains cas, certaines personnes ne peuvent pas transmettre leur statut à leurs enfants, affectant de manière non négligeable l’évolution démographique de ce groupe.
Par ailleurs, deux évènements survenus en 2011, soit l’adoption de la Loi sur l’équité entre les sexes relativement à l’inscription au Registre des Indiens (loi C-3) et l’accord reconnaissant la Première Nation Qalipu Mi’kmaq (voir l’encadré 2), sont susceptibles d’avoir un impact important sur la croissance de cette population puisqu’ils ont permis et permettront dans les prochaines années à plusieurs personnes de s’inscrire au Registre des Indiens. Afin de donner un ordre de grandeur de l’impact que peut avoir ce type d’événement sur la taille de cette population au fil du temps, rappelons que les modifications de 1985 à la Loi sur les Indiens (loi C-31) ont permis à 114 700 personnes supplémentaires de s’inscrire au Registre des Indiens entre 1985 et 1999 (Clatworthy 2001).
On estime que le Canada comptait 768 000 personnes s’identifiant comme Indiens inscrits en 2011. Ces personnes représentaient un peu plus de la moitié des Autochtones au Canada. Entre 2001 et 2011, la population des Indiens inscrits a crû au rythme annuel moyen de 2,4 %, soit plus rapidement que la population canadienne dans son ensemble (+1,0 %).
Dans tous les scénarios retenus, la croissance de la population s’identifiant comme Indiens inscrits continuerait à être plus rapide que celle de la population canadienne au cours de la période allant de 2011 à 2036. Ainsi, selon les résultats du scénario de référence, la population des Indiens inscrits au Canada augmenterait de 335 000 personnes de 2011 à 2036, passant de 768 000 à 1 103 000 personnes, ce qui correspond à un taux de croissance annuel moyen de 1,5 % au cours de la période (figure 4). En comparaison, l’accroissement annuel moyen serait d’environ 0,8 % au sein de la population non autochtone. Si les écarts de fécondité avec la population non autochtone devaient se maintenir dans le futur, cette population augmenterait de 93 000 personnes supplémentaires, lui permettant d’atteindre 1 196 000 personnes en 2036. L’hypothèse d’un arrêt de la mobilité ethnique intragénérationnelle n’aurait qu’un impact marginal sur cette population.
Il est à noter que l’accroissement de la population s’identifiant comme Indiens inscrits ne serait pas linéaire au cours des 25 prochaines années. Cet accroissement serait beaucoup plus important de 2011 à 2016, en raison de l’admission de la plupart des personnes ayant obtenu en 2011 le droit de s’inscrire au Registre des Indiens en vertu de la loi C-3 et de la reconnaissance de la Première Nation Qalipu Mi’kmaq (voir la section « Hypothèses et scénarios de projection »). Comme l’hypothèse est faite que la vaste majorité de ces inscriptions proviendrait de la population indienne non inscrite, cette dernière verrait son accroissement largement réduit au cours de cette même période (voir la section « Hypothèses et scénarios de projection »).
Structure par âge
La population indienne inscrite se caractérise par une forte fécondité et une espérance de vie inférieure à celle de la population non autochtone. Elle est, pour ces raisons, bien plus jeune que cette dernière.
En 2011, la population des Indiens inscrits dans son ensemble présentait un âge médian de 26,3 ans. Dans les réserves indiennes, l’âge médian de cette population était de près de deux ans inférieur, à 24,5 ans. Seuls les Inuits présentaient une population plus jeune que celle des Indiens inscrits vivant dans les réserves, avec un âge médian de 23,1 ans.
Au cours des 25 prochaines années, la population indienne inscrite vieillirait, mais le rythme de ce vieillissement serait tributaire des niveaux futurs de sa fécondité (figure 5). Ainsi, l’âge médian des Indiens inscrits augmenterait et atteindrait entre 32,7 ans dans le scénario de fécondité constante et 35,8 ans dans le scénario de référence en 2036. Dans les réserves indiennes, l’âge médian de la population indienne inscrite augmenterait aussi et atteindrait entre 30,4 et 34,4 ans à l’horizon de la projection pour ces mêmes deux scénarios. Ce vieillissement s’expliquerait par l’inscription, particulièrement entre 2011 et 2016, d’un grand nombre de personnes en vertu de la loi C-3 et de la reconnaissance de la Première Nation Qalipu Mi’kmaq, en moyenne plus âgées que la population actuelle d’Indiens inscrits, et par l’allongement de l’espérance de vie.
Près de trois Indiens inscrits sur dix (29,2 %) étaient âgés de moins de 15 ans en 2011. Cette proportion diminuerait au cours des prochaines années, davantage si la fécondité des Indiens inscrits convergeait complètement vers celle de la population non autochtone (19,5 % en 2036) que si les écarts de fécondité étaient maintenus constants durant toute la période projetée (24,7 % en 2036). Par ailleurs, la proportion d’Indiens inscrits âgés de 65 ans et plus pourrait presque tripler d’ici 2036, passant de 5,7 % en 2011 à une proportion qui se situerait entre 14,2 % et 15,5 % selon le scénario de projection.
Répartition géographique
À l’instar de la population autochtone dans son ensemble, les Indiens inscrits se concentrent particulièrement dans les provinces situées à l’ouest du Québec. En 2011, l’Ontario était la province qui comptait le plus grand nombre d’Indiens inscrits (167 000 personnes), devant la Colombie-Britannique (126 000 personnes), l’Alberta (116 000 personnes), le Manitoba (116 000 personnes) puis la Saskatchewan (103 000 personnes) (tableau 11). Ces cinq provinces seraient toujours en tête de liste en 2036 et compteraient plus de 82 % de l’ensemble de la population indienne inscrite au Canada. Dans les autres provinces et territoires, la population indienne inscrite croîtrait aussi selon tous les scénarios développés.
Comme cela était observé en 2011, en 2036, la population indienne inscrite serait toujours fortement surreprésentée en Saskatchewan (entre 11,4 % et 14,8 % de la population totale de la province), au Manitoba (entre 9,6 % et 11,7 %), dans les Territoires du Nord-Ouest (entre 31,0 % et 31,6 %) et au Yukon (entre 16,5 % et 18,2 %), comparativement à la moyenne canadienne (entre 2,5 % et 2,8 %).
La distribution géographique des Indiens inscrits est aussi intimement liée à la Loi sur les Indiens. C’est que dans cette loi, le gouvernement fédéral a concédé à des bandes indiennes ou Premières Nations la gestion de certaines portions du territoire qui sont mieux connues sous le nom de réserves indiennes. Historiquement les Indiens inscrits ont toujours été les principaux résidents de ces réserves indiennes puisque la Loi sur les Indiens prévoit certaines dispositions visant spécifiquement cette population.
En 2011, près d’un Indien inscrit sur deux (48 %) habitait dans une réserve indienne. Cette proportion demeurerait pratiquement inchangée d’ici 2036 selon tous les scénarios retenus, à l’exception du scénario de migration interne nulle. Sans l’apport de la migration interne, les nombreuses inscriptions appelées à survenir après 2011 en vertu des lois C-3, C-31 et de la reconnaissance de la Première Nation Qalipu Mi’kmaq, lesquelles devraient se produire majoritairement à l’extérieur des réserves, tendraient à réduire le pourcentage que représentent les Indiens inscrits vivant dans les réserves. Selon ce scénario, cette proportion diminuerait à 46 %, montrant de ce fait l’importance de la migration interne dans l’accroissement de la population vivant dans les réserves. La population des Indiens inscrits résidant dans une réserve enregistrerait tout de même une croissance substantielle (+1,2 % en moyenne par année) dans le scénario de migration interne nulle, sous l’effet principalement de sa forte fécondité.
Bien que la population indienne inscrite résidant dans les réserves indiennes soit appelée à s’accroître dans toutes les provinces selon tous les scénarios de projection, c’est en Saskatchewan qu’elle augmenterait le plus rapidement, avec un taux de croissance annuel moyen qui pourrait atteindre entre 1,8 % et 2,5 %, en moyenne, de 2011 à 2036 (figure 6).
Indiens non inscrits
La population indienne non inscrite comprend les personnes qui s’identifient seulement au groupe des Premières Nations en réponse à la question 18 de l’ENM mais qui n’ont pas déclaré de statut d’Indien inscrit en réponse à la question 20.
Le devenir démographique de cette population présente cette particularité d’être intimement lié à celui de la population indienne inscrite. D’une part, une partie de la croissance de la population des Indiens non inscrits provient des enfants d’Indiens inscrits qui ne peuvent pas transmettre leur statut (de catégorie 6(2) en union mixte avec une personne non inscrite; voir la section « Concepts »). D’autre part, la population des Indiens non inscrits alimente à son tour la population indienne inscrite puisqu’un bon nombre d’individus (présumé être principalement des Indiens non inscrits) ont obtenu le droit de s’inscrire en vertu de la Loi sur l’équité entre les sexes relativement à l’inscription au Registre des Indiens (loi C-3) et de la reconnaissance de la Première Nation Qalipu Mi’kmaq, ce qui exercera une pression à la baisse sur l’accroissement démographique des Indiens non inscrits.
Par ailleurs, au cours des dernières années, les Indiens non inscrits ont vu leur population croître rapidement, notamment sous l’impulsion de la mobilité ethnique intragénérationnelle. Entre 2001 et 2011, cette population a ainsi plus que doublé, passant de 109 000 à 223 000 personnes, et ce malgré une fécondité peu élevée en comparaison des autres groupes.
La population des Indiens non inscrits est une population qui pourrait subir d'importants changements de 2011 à 2036 si, comme le supposent les présentes projections, une part importante de celle-ci devait s’inscrire au Registre des Indiens au cours de la période projetée. Ces inscriptions auraient spécialement lieu au cours des premières années de la période de projection en raison de l’adoption de la loi C-3 et de la reconnaissance de la Première Nation Qalipu Mi’kmaq, limitant ainsi l’accroissement de la population des Indiens non inscrits en début de projection.
Selon le scénario retenu, la population des Indiens non inscrits pourrait être celle qui, parmi tous les groupes d’identité autochtone, verrait sa population croître soit au rythme le plus lent, soit au rythme le plus rapide. Ainsi, la population des Indiens non inscrits, de 223 000 en 2011, pourrait croître légèrement pour atteindre 245 000 personnes en 2036 si la mobilité ethnique intragénérationnelle devait cesser, ou bien continuer à croître rapidement et atteindre entre 478 000 et 489 000 personnes dans les scénarios où la mobilité ethnique se poursuit au rythme des 15 dernières années (figure 4).
Structure par âge
Sujette à une dynamique démographique complexe, la population des Indiens non inscrits est celle qui est appelée à vieillir le moins rapidement au cours de la période projetée en comparaison aux autres groupes d’identité autochtone (figure 7). Le fait qu’une portion importante des Indiens non inscrits s’inscrirait au Registre des Indiens au cours de la période contribuerait à réduire l’accroissement du nombre d’adultes projetés, et donc de l’âge médian. En outre, les Indiens non inscrits continueraient à bénéficier d’un apport constant par le biais des naissances, à la fois de femmes elles-mêmes indiennes non inscrites et de femmes inscrites de catégorie 6(2) en union mixte, dont les enfants sont souvent des Indiens non inscrits, ce qui contribuerait à garder la population jeune dans son ensemble.
L’âge médian de cette population, de 27,1 ans en 2011, augmenterait dans tous les scénarios où la mobilité ethnique intragénérationnelle est maintenue constante pour atteindre, en 2036, entre 32,1 ans (scénario de fécondité constante) et 33,0 ans (scénario de référence). Elle pourrait cependant voir son âge médian décliner légèrement, à 26,8 ans en 2036, si la mobilité ethnique intragénérationnelle cessait dès 2011. L’afflux de personnes généralement plus âgées par voie de mobilité ethnique intragénérationnelle permet d’expliquer ces écarts.
Par ailleurs, la proportion de personnes âgées de moins de 15 ans au sein de cette population, à 28,7 % en 2011, s’établirait à un niveau pouvant se situer entre 21,1 % (scénario de référence) et 28,6 % (scénario sans mobilité ethnique) en 2036. À l’autre bout du spectre, la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus, qui était de 6,2 % en 2011, augmenterait dans tous les cas pour atteindre entre 12,0 % (scénario sans mobilité ethnique) et 14,2 % (scénario de référence) en 2036, des suites principalement de l’allongement projeté de l’espérance de vie.
Répartition géographique
En 2011, c’est en Ontario que l’on comptait le plus grand nombre d’Indiens non inscrits (79 000 personnes), devant la Colombie-Britannique (44 000 personnes) et le Québec (31 000 personnes). C’est à Terre-Neuve-et-Labrador (2,2 %), en Nouvelle-Écosse (1,0 %) et en Colombie-Britannique (1,0 %) que l’on enregistrait les proportions d’Indiens non inscrits les plus élevées parmi la population des provinces. Cela contraste avec le portrait de la population autochtone en général, plus fortement représentée dans les provinces des Prairies.
Selon tous les scénarios qui supposent un maintien des niveaux de mobilité ethnique récents durant toute la période de projection, le nombre d’Indiens non inscrits devrait s’accroître dans tous les provinces et territoires d’ici 2036. Selon le scénario de référence, l’Ontario (175 000 personnes), la Colombie-Britannique (92 000 personnes) et le Québec (68 000 personnes) continueraient de présenter les plus importantes populations indiennes non inscrites d’ici 2036 (tableau 12).
La situation serait différente dans l’hypothèse d’une mobilité ethnique intragénérationnelle nulle durant toute la période projetée. Dans ce cas, la population indienne non inscrite diminuerait dans plusieurs provinces de l’Atlantique, et plus particulièrement dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador où un grand nombre d’Indiens non inscrits s’inscriraient au Registre des Indiens en raison de la reconnaissance de la Première Nation Qalipu Mi‘kmaq. Par ailleurs, en l’absence de mobilité ethnique intragénérationnelle, la population indienne non inscrite de l’Alberta (33 000 personnes) surpasserait celle du Québec (26 000 personnes), en raison principalement des apports migratoires internes plus favorables à cette province.
En 2011, les Indiens non inscrits constituaient le groupe d’identité autochtone comptant la plus forte proportion de personnes vivant dans l’une des 33 régions métropolitaines de recensement avec 53,7 %. Cette proportion augmenterait légèrement dans tous les scénarios de projection et pourrait atteindre entre 54,7 % et 56,5 % en 2036, sauf dans le cas où la migration interne cesserait dès 2011. Dans ce dernier cas, cette proportion diminuerait à 52,0 %.
Enfin, il est à noter qu’une très faible proportion de la population indienne non inscrite résiderait dans une réserve indienne en 2036 (entre 2,1 % et 4,6 %), comme cela était le cas en 2011 (2,9 %). En ce sens, la population indienne non inscrite se distingue grandement de la population indienne inscrite, cette dernière comptant une forte proportion de personnes (48,0 %) résidant dans les réserves indiennes en 2011.
Métis
Dans le cadre de cette analyse, la population des Métis correspond à la population qui s’identifie seulement au groupe autochtone des Métis en réponse à la question 18 de l’ENM, mais qui ne s’identifie pas comme Indien inscrit en réponse à la question 20. On lit sur le site web d’Affaires autochtones et Développement du Nord Canada (AADNC) que : « du point de vue historique, le terme Métis s’appliquait, dans les Prairies, aux enfants nés de femmes cries et de commerçants de fourrures français; dans le Nord, ce terme faisait référence aux enfants nés de femmes dénées et de commerçants anglais ou écossais. Aujourd'hui, le mot Métis est largement utilisé pour désigner les gens qui ont à la fois des ancêtres européens et des ancêtres des Premières Nations. Ces personnes se considèrent elles-mêmes comme Métis, se distinguant ainsi des membres des Premières Nations, des Inuit et des non-Autochtones. De nombreux Canadiens ont des ancêtres autochtones et des ancêtres non autochtones, mais tous ne se désignent pas comme Métis. Il convient de signaler que les organisations métisses au Canada ont établi leurs propres critères pour déterminer qui a droit au titre de MétisNote 31. »
En 2011, la population des Métis était de 437 000 personnes, soit 165 000 personnes de plus qu’au début du millénaire (2001). Les Métis ont vu leur population croître à un rythme annuel moyen (+4,8 %) plus élevé que la population autochtone dans son ensemble (+3,8 %) au cours de cette période. Cette croissance rapide a surtout eu pour origine la mobilité ethnique intragénérationnelle.
Tous les scénarios de projection présentés dans le cadre du présent exercice montrent que la population des Métis continuerait à croître, mais à un rythme inférieur à celui observé au cours de la dernière décennie (tableau 8). Les taux de croissance annuels moyens projetés diffèrent grandement selon l’hypothèse de mobilité ethnique, entre 0,8 % et 2,6 %, pour une population qui atteindrait entre 531 000 et 835 000 personnes en 2036 (figure 8). L’augmentation de la population des Métis serait donc quatre fois plus importante si, plutôt que de cesser après 2011, la mobilité ethnique intragénérationnelle se maintenait aux niveaux récemment observés. Pour illustrer l’importance de ce phénomène, entre 2011 et 2036, selon le scénario de référence, 290 000 personnes seraient devenues des Métis suite à un changement de déclaration d’identité alors que l’accroissement naturel (la différence entre le nombre de naissances et de décès) ne serait que de 116 000 personnes.
En l’absence de mobilité ethnique intragénérationnelle, la population des Métis ne croîtrait pas plus rapidement que la population non autochtone, ce qui s’explique principalement par le fait que cette dernière bénéficie de l’apport de l’immigration et, secondairement, par le fait que la fécondité des Métis n’est pas beaucoup plus élevée que celle de la population non autochtone. Ce faible écart de fécondité signifie du même coup que la population des Métis ne serait que très peu affectée par une convergence de sa fécondité vers celle de la population non autochtone.
Structure par âge
De façon générale, la population des Métis est plus âgée que celle des autres groupes d’identité autochtone considérés dans ce rapport (figure 9), un résultat auquel la mobilité ethnique intragénérationnelle n’est pas étrangère, les migrants ethniques vers le groupe des Métis, principalement des non-Autochtones, étaient généralement plus âgés que la population qui les accueillait, ce qui a eu pour effet d’accélérer son vieillissement. On note, par contre, au cours des dernières années, que l’effet de la mobilité ethnique sur le vieillissement de cette population est de plus en plus faible voire nul.
En 2011, la population des Métis présentait un âge médian de 31,1 ans, soit de près de 10 ans inférieur à celui de la population non autochtone, mais de près de 5 ans plus élevé que celui des Indiens inscrits (26,3 ans) et de 8 ans plus élevé que celui de la population inuite (23,1 ans).
Selon les scénarios proposés, l’âge médian de la population des Métis augmenterait plus rapidement (hausse de 9 ans) que celui de la population non autochtone (hausse de 4 ans) d’ici 2036. Il s’élèverait à environ 40 ans en 2036 selon tous les scénarios considérés et la population des Métis demeurerait la plus âgée parmi toutes les populations autochtones.
Ce vieillissement de la population des Métis se traduirait également, selon tous les scénarios, par une diminution de la proportion des jeunes Métis de moins de 15 ans (passant de 22,8 % en 2011 à une proportion qui varierait entre 16,8 % et 18,2 % en 2036) et par une augmentation de la proportion de Métis âgés de 65 ans et plus (à 6,5 % en 2011, cette proportion pourrait presque tripler pour s’établir entre 18,8 % et 19,7 % en 2036).
Les résultats montrent que ni la mobilité ethnique intragénérationnelle (le profil par âge des personnes modifiant leur identité étant très similaire à celui de la population d’accueil), ni une convergence de la fécondité des Métis (celle-ci étant très similaire à celle des non-Autochtones) n’auraient pour conséquence d’accélérer le vieillissement de cette population. Dans tous les cas, la population des Métis demeurerait plus jeune que la population non autochtone.
Répartition géographique
Tel que mentionné précédemment, les Métis ont des liens historiques avec les provinces des Prairies et le Nord. Il n’est donc pas surprenant qu’aujourd’hui encore, on retrouve une forte proportion de Métis dans ces régions, surtout dans les Prairies.
En 2011, près de sept Métis sur dix habitaient en effet à l’ouest de l’Ontario. Cette proportion diminuerait légèrement, à 63 %, selon le scénario de référence, principalement du fait que la population des Métis de l’Ontario augmenterait plus rapidement que celle située plus à l’ouest (tableau 13).
Si la mobilité ethnique devait se maintenir, la proportion de Métis dans la population augmenterait dans toutes les provinces d’ici 2036. Ce ne serait toutefois pas le cas dans l’hypothèse d’une mobilité ethnique intragénérationnelle nulle. Dans ce cas, la population des Métis croîtrait moins rapidement que le reste de la population dans une majorité de provinces. C’est au Manitoba (entre 6,0 % et 7,7 %), en Saskatchewan (entre 5,2 % et 6,1 %) et aux Territoires du Nord-Ouest (entre 6,4 % et 6,7 %) que les Métis représenteraient les plus importantes proportions de la population en 2036, comme c’était le cas en 2011.
En 2011, les Métis étaient davantage concentrés dans les RMR (47,8 %) que la population autochtone dans son ensemble (37,3 %). La proportion qui y réside augmenterait de façon similaire peu importe le scénario de fécondité ou de migration interne (atteignant entre 51,8 % et 52,2 % en 2036). Elle se maintiendrait aux alentours de 49 % dans le cas d’un arrêt complet de la mobilité ethnique intragénérationnelle dès 2011.
Le Canada comptait cinq RMR où résidaient plus de 10 000 Métis en 2011, toutes situées dans les provinces de l’Ouest, soit Winnipeg, Edmonton, Vancouver, Calgary et Saskatoon. D’autres RMR pourraient avoir franchi ce seuil en 2036 selon le scénario de référence, soit Toronto, Montréal, la partie ontarienne d’Ottawa-Gatineau, Regina, Grand Sudbury et Victoria. Ce résultat dépend fortement de la poursuite ou non de la mobilité ethnique intragénérationnelle, car seules Toronto, Regina et Montréal s’ajouteraient aux RMR atteignant ce seuil sans l’apport de cette composante.
Inuits
La population inuite, qui comprend les personnes qui s’identifient seulement au groupe des Inuits à la question 18 de l’ENM mais qui ne s’identifient pas aux Indiens inscrits à la question 20, se distingue largement des autres populations autochtones au Canada. Du point de vue démographique, il s’agit d’une population particulièrement jeune qui se singularise par une fécondité plus élevée et une espérance de vie plus faible que celles des autres groupes d’identité autochtone.
De plus, elle n’a pas semblé bénéficier de manière probante et soutenue de la mobilité ethnique intragénérationnelle au cours des dernières décennies, contrairement aux Métis et aux Indiens non inscrits. S’il est vrai que la hausse de leur population entre 2006 et 2011 a excédé ce que l’accroissement naturel peut vraisemblablement expliquer, les présentes projections ne tiennent pas compte de cet accroissement excédentaire en raison de son caractère exceptionnel et du fait que celui-ci soit susceptible d’être lié aux changements apportés à l’ENM de 2011 par rapport au Recensement de 2006 (voir la section « Hypothèses et scénarios de projection »)Note 32.
Entre 2001 et 2011, la population des Inuits s’est accrue, passant de 46 000 à 63 000 personnes. Selon les trois scénarios de projections considérés (c’est-à-dire les scénarios de référence, de convergence modérée de la fécondité et de fécondité constante) la population inuite poursuivrait sa croissance au cours des 25 prochaines années (figure 10). Elle atteindrait entre 86 000 (scénario de référence) et 95 000 (scénario de fécondité constante) personnes en 2036. Le taux de croissance annuel moyen de cette population serait toutefois inférieur à celui observé entre 2001 et 2011 (+3,1 %) et se situerait entre 1,2 % selon le scénario de référence et 1,7 % selon le scénario de fécondité constante (Tableau 8).
Dans tous les cas, la population inuite croîtrait plus rapidement que la population non autochtone en raison de sa forte fécondité. Par ailleurs, la population inuite croîtrait plus rapidement que les populations des Indiens non inscrits et des Métis si la mobilité ethnique intragénérationnelle cessait dès 2011, mais moins rapidement dans le cas contraire.
Structure par âge
Selon tous les scénarios de projection, la population inuite vieillirait tout au long de la période projetée, mais demeurerait tout de même une population relativement jeune (figure 11). L’âge médian de cette population, qui était de 23,1 ans en 2011, augmenterait de 9,2 ans dans l’hypothèse d’une convergence complète de la fécondité vers celle des non-Autochtones, mais seulement de 5,7 ans dans l’hypothèse d’un maintien d’une fécondité au niveau observé récemment. Ainsi, la vitesse du vieillissement de la population inuite serait intimement liée au niveau futur de sa fécondité.
Le vieillissement graduel de la population inuite se reflèterait aussi par une proportion moindre de jeunes de moins de 15 ans et une proportion accrue de personnes âgées de 65 ans et plus selon tous les scénarios. Alors qu’un Inuit sur trois était âgé de moins de 15 ans en 2011, cette proportion serait appelée à diminuer d’ici 2036 pour atteindre un niveau se situant entre 21,2 % (scénario de référence) et 27,7 % (scénario de fécondité constante). À l’opposé, la proportion d’Inuits âgés de 65 ans et plus ferait plus que doubler, passant de 4,0 % en 2011 à une proportion qui s’établirait entre 9,5 % et 10,5 % en 2036.
Répartition géographique
Historiquement, les Inuits ont toujours été les principaux habitants des régions arctiques canadiennes et en ce sens ils se distinguent du reste de la population tant autochtone que non autochtone. En 2011, 83,1 % des personnes qui habitaient dans l’une des quatre régions de l’Inuit Nunangat (ce qui inclut le Nunavut, le Nunavik – situé au nord du Québec –, la région inuvialuite des Territoires du Nord-Ouest et le Nunatsiavut – situé au nord du Labrador) étaient des Inuits. En 2036, le portrait serait fort peu différent puisque cette proportion varierait entre 85,4 % et 86,8 % selon les scénarios développés dans le cadre des présentes projections.
En 2011, 46 000 Inuits habitaient dans l’une des quatre régions de l’Inuit Nunangat. En 2036, la population des Inuits vivant dans l’Inuit Nunangat atteindrait entre 64 000 personnes selon le scénario de référence et 72 000 personnes selon le scénario de fécondité constante. Comme cela était observé en 2011, c’est le Nunavut qui serait la région de l’Inuit Nunangat qui compterait le plus d’Inuits en 2036 avec une population qui atteindrait entre 38 000 et 43 000 personnes (figure 12). La population inuite connaîtrait également une hausse dans chacune des trois autres régions de l’Inuit Nunangat selon tous les scénarios retenus.
Notes
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