Rapport sur l'état de la population du Canada
Fécondité : aperçu, 2012 à 2016

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Introduction

Cet article propose une analyse de l’évolution récente de la fécondité au Canada, en mettant l’accent sur les années 2012 à 2016, avec une perspective historique par moment.

Parmi les indicateurs analysés, on note le nombre annuel et journalier de naissances, l’indice synthétique de fécondité, les taux de fécondité par âge, l’âge moyen à la maternité, y compris par rang des naissances, la descendance finale des générations ainsi que les naissances multiples. L’article comprend aussi des résultats et une brève analyse pour les provinces et les territoires.

Nombre de naissances

On a dénombré 381 869 naissances au Canada en 2012, 380 323 en 2013, 384 100 en 2014, 382 392 en 2015 et 383 102 en 2016. Ces chiffres s’inscrivent dans une période de lente croissance des naissances, suivant une croissance rapide entre 2003 et 2008. La hausse des naissances à partir de 2009, quoique moins remarquable, était attribuable à une augmentation du nombre de femmes ayant atteint les âges les plus féconds, puisque l’indice synthétique de fécondité a légèrement diminué entre 2009 et 2016 (voir la section Indice synthétique de fécondité).

La croissance annuelle du nombre de naissances dans les cinq dernières années a évolué en dents de scie comparativement à la période 2002-2003 à 2008-2009 où elle est demeurée positive et plus forte (2,1 % en moyenne). En effet, entre 2011 et 2012 ainsi qu’entre 2013 et 2014, le nombre de naissances a augmenté d’environ 1,0 % dans l’ensemble du Canada, tandis qu’il a diminué de 0,4 % de 2012 à 2013 ainsi que de 2014 à 2015. Il n’y a eu qu’une faible hausse de 0,2 % entre 2015 et 2016. Depuis 2001, le nombre total de naissances a diminué à quatre reprises seulement, soit en 2001-2002 et en 2009-2010, et plus récemment en 2012-2013 et en 2014-2015. Par opposition, la croissance de la population des femmes âgées de 25 à 34 ans est demeurée positive depuis 2003-2004.

Variation entre les provinces et territoires

Entre 2012 et 2016, le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique ont enregistré 71,3 % des naissances en moyenne pendant la période. Cependant, la croissance (ou décroissance) annuelle du nombre de naissances dans ces trois mêmes provinces les plus populeuses était souvent sous celle du Canada. Par opposition, le nombre de naissances a généralement cru d’une année à l’autre dans les provinces des Prairies. Qui plus est, c’est également dans ces provinces qu’étaient fréquemment enregistrées les plus fortes croissances annuelles dans le nombre de naissances. Les provinces de l’Atlantique et les territoires présentant des nombres plus petits de naissances, les fluctuations annuelles entraînent une plus grande variation des croissances annuelles.

En se concentrant sur les deux dernières années, soit entre 2015 et 2016, la croissance annuelle des naissances était positive dans la majorité des provinces et territoires, au-dessus de la croissance canadienne (0,2 %). Les plus fortes croissances ont eu lieu au Nunavut (5,0 %), suivi de l’Île-du-Prince-Édouard (4,0 %) et de la Colombie-Britannique (2,2 %). Trois provinces et un territoire ont enregistré une décroissance du nombre de naissances : il s’agit des Territoires du Nord-Ouest (-6,0 %), de l’Alberta (-1,8 %), du Québec (-0,9 %) et de Terre-Neuve-et-Labrador (-0,7 %).

Nombre de naissances selon le moment de la semaine et de l’année

Du point de vue trimestriel, qui correspond étroitement aux quatre saisons, on observe une saisonnalité dans les naissances au cours d’une année. Ainsi, davantage d’enfants naissent pendant les mois d’été, soit de juillet à septembre. À l’opposé, moins de naissances surviennent au cours de l’hiver, soit de janvier à mars^{Note 2}. Il semble qu’un nombre important de couples planifie la conception de leur enfant afin qu’il vienne au monde pendant l’été^{Note 3}.

Au Canada, l’évolution journalière des naissances^{Note 4} au cours d’une année suit une tendance semblable à celle récemment observée en Angleterre et au Pays de Galles^{Note 5}, en Nouvelle-Zélande^{Note 6} et aux États-Unis^{Note 7}. Entre 2001 et 2016, la moyenne des naissances par jour au Canada montrait un nombre de naissances à son plus bas les 25, 26 et 24 décembre respectivement, suivi de près par le 1^er janvier. D’autres moments dans l’année présentaient des creux marqués quant au nombre quotidien de naissances : il s’agit du 1^er juillet, du 2 août, du 13 octobre, du 31 octobre et du 11 novembre. Ces dates correspondent à des jours fériés ou des fêtes célébrées dans une majorité de provinces et territoires, soient le Jour de l’An (1^er janvier), la Fête du Canada (1^er juillet), la fête fériée provinciale (premier lundi du mois d’août, généralement entre le 1^er et le 7 août), l’Action de grâce (deuxième lundi du mois d’octobre, généralement entre le 8 et le 14 octobre), l’Halloween (31 octobre), le Jour du Souvenir (11 novembre) et Noël (25 décembre). Plus récemment (de 2012 à 2016), la journée de Noël marquait presque systématiquement le jour de l’année enregistrant le plus faible nombre de naissances. Il est possible qu’une diminution des ressources en milieu hospitalier pendant les journées fériées explique ces baisses de naissances étant donné qu’un certain nombre d’accouchements sont planifiés.

Au contraire, le mois de septembre était celui où il y avait le plus grand nombre de naissances au cours de la période 2001-2016. Particulièrement, le 24 septembre était en moyenne la journée de l’année ayant le plus grand nombre de naissances. Les 16 et 20 septembre arrivaient en deuxième et troisième position en regard de la journée de naissance la plus populaire de l’année. Ces trois dates surviennent à environ 38 à 39 semaines après Noël, et 37 à 38 semaines après le Jour de l’An. Les dernières années à l’étude (2012 à 2016) montraient un pic des naissances souvent en septembre, en juin et en juillet.

Des différences sont également observées lorsque les naissances sont analysées selon les jours de la semaine. Au cours des 16 dernières années, on a dénombré plus de naissances pendant la semaine (plus particulièrement du mardi au vendredi) que pendant la fin de semaine (samedi et dimanche). En moyenne, on comptait 1 088 naissances par jour du mardi au vendredi et 975 naissances le lundi. En comparaison, on comptait 858 naissances par jour en moyenne le samedi et 792 naissances en moyenne le dimanche. Puisqu’un certain nombre de naissances sont programmées à l’avance comme les césariennes planifiées ou les accouchements déclenchés pour des raisons médicales (comme une précédente césarienne, la pré-éclampsie, l’hypertension, le diabète, une grossesse multiple, le dépassement de la 41^e semaine gestationnelle), ces naissances ont plus de chances de se produire entre le lundi et le vendredi étant donné que les hôpitaux ont davantage de ressources humaines et techniques pendant la semaine^{Note 8 Note 9 Note 10 Note 11}.

Indice synthétique de fécondité

L’indice synthétique de fécondité renvoie au nombre d’enfants qu’une femme aurait au cours de sa vie reproductive si elle connaissait, à chaque âge, les taux de fécondité observés au cours d’une année civile donnée. L’indice synthétique de fécondité a pour avantage d’être facile à calculer et de ne pas être affecté par les variations dans la taille ou la structure par âge de la population, ce qui permet d’établir des comparaisons annuelles, provinciales/territoriales et internationales.

Le seuil de remplacement des générations est de 2,1 enfants par femme, soit le niveau de fécondité requis pour renouveler la population en l’absence la migration, et compte tenu des conditions de mortalité entre 0 et 15 ans, âge où débute habituellement la période de fécondité. En 1972, l’indice synthétique de fécondité du Canada est passé sous le seuil de remplacement des générations pour la première fois, avec 1,97 enfant par femme.

Malgré une tendance générale à la hausse du nombre annuel de naissances depuis 2012, l’indice synthétique de fécondité diminue depuis 2009. Ce paradoxe apparent relève du fait que l’indice synthétique de fécondité se fonde sur une compilation des expériences de plusieurs générations de femmes différentes en matière de fécondité au cours d’une année donnée, et la traite comme si elle représentait une seule génération. L’indice synthétique de fécondité est affecté par les changements dans le calendrier de la fécondité (âge moyen à la maternité) des générations réelles de femmes. Parmi celles-ci, plusieurs reportent la maternité à plus tard. En ce qui concerne le nombre de naissances, il est touché non seulement par les niveaux de la fécondité, mais aussi par la taille et la croissance de la population réelle de femmes aux âges les plus féconds.

En 2012, l’indice synthétique de fécondité au Canada était de 1,62 enfant par femme, soit un indice semblable à celui de 2011. En 2013, l’indice synthétique de fécondité a diminué à 1,59 enfant par femme puis a poursuivi sa baisse pour s’établir à 1,54 en 2016. Le niveau de 2016 s’approche de l’indice synthétique de fécondité le plus faible observé dans l’histoire canadienne (1,51 enfant par femme en 2000 et 2002).

L’indice synthétique de fécondité de plusieurs autres pays industrialisés est aussi inférieur au seuil de remplacement. Selon les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour 2014 ou des données accessibles pour l’année la plus récente disponible, on observe les indices synthétiques de fécondité les plus faibles en Corée du Sud (1,21 enfant par femme), au Portugal (1,23 enfant par femme), en Pologne (1,29 enfant par femme) et en Grèce (1,30 enfant par femme)^{Note 12}. Le Japon affichait quant à lui un indice synthétique de fécondité de 1,45 enfant par femme en 2015^{Note 13}. Plus près du Canada, l’indice synthétique de fécondité aux États-Unis était de 1,82 enfant par femme en 2016^{Note 14}.

L’indice synthétique de fécondité le plus récent observé à l’échelle du monde était de 2,5 enfants par femme en 2017^{Note 15}. Cet indice global cache de grandes disparités selon les continents étudiés, l’Afrique montrant l’indice le plus élevé avec 4,6 enfants par femme, par opposition à l’Europe qui affichait l’indice synthétique de fécondité le plus faible avec 1,6 enfant par femme. Il existe un certain nombre de pays où l’indice synthétique de fécondité dépasse six enfants par femme, surtout dans les pays d’Afrique : le Niger (7,3 enfants par femme), le Tchad et la Somalie (6,4 enfants par femme), la République démocratique du Congo (6,3 enfants par femme), et l’Angola (6,2 enfants par femme).

Variation entre les provinces et territoires

Depuis sa création en 1999, le Nunavut affichait toujours l’indice synthétique de fécondité le plus élevé au Canada avec une moyenne de 2,93 enfants par femme entre 2006 et 2016. L’indice synthétique de fécondité s’établissait à 2,85 enfants par femme en 2012 et 2,99 enfants par femme en 2016. De tous les territoires et de toutes les provinces, le Nunavut est le seul à surpasser le seuil de remplacement des générations depuis sa fondation. Le Nunavut est majoritairement composé d’Inuits, dont la fécondité est relativement élevée^{Note 16}. Dans le même ordre d’idées, les Territoires du Nord-Ouest (1,94 enfant par femme en 2012 et 1,79 en 2016) et le Yukon (1,69 enfant par femme en 2012 et 1,62 en 2016) ont souvent un indice synthétique de fécondité supérieur à celui du Canada. Cela s’explique en partie par le fait que ces territoires comptent également une importante population autochtone.

À l’échelle provinciale, l’indice synthétique de fécondité était supérieur au niveau canadien dans les provinces des Prairies : la Saskatchewan (2,00 enfants par femme en 2012 et 1,93 en 2016), le Manitoba (1,93 enfant par femme en 2012 et 1,85 en 2016) et l’Alberta (1,77 enfant par femme en 2012 et 1,69 en 2016). À l’instar des territoires, ces provinces ont des populations plus jeunes. Comme pour les territoires, la proportion de la population s’identifiant comme étant autochtone est comparativement supérieure en Saskatchewan et au Manitoba, ce qui contribue au fait que le niveau de fécondité est plus élevé dans ces provinces. À l’opposé, l’indice synthétique de fécondité dans les provinces de l’Atlantique, où la population est la plus âgée au Canada^{Note 17}, était inférieur à celui du Canada, plus particulièrement à Terre-Neuve-et-Labrador (1,37 enfant par femme en 2012 et 1,42 en 2016). Il était également inférieur en Colombie-Britannique (1,43 enfant par femme en 2012 et 1,40 en 2016) et en Ontario (1,55 enfant par femme en 2012 et 1,46 en 2016).

Taux de fécondité selon l’âge

La baisse générale de l’indice synthétique de fécondité au Canada au cours des quatre dernières décennies est imputable à des baisses relativement régulières des taux de fécondité selon l’âge dans tous les groupes d’âge inférieurs à 30 ans. À l’opposé, les taux de fécondité des personnes âgées de 30 ans et plus ont, en règle générale au cours de cette période, augmenté.

Le taux de fécondité des femmes âgées de 15 à 19 ans diminue de façon constante depuis qu’il a atteint un sommet en 1959 (59,9 naissances pour 1 000 femmes). À l’opposé, le taux de fécondité des femmes âgées de 40 à 44 ans augmente depuis 1986, ayant atteint son niveau le plus bas avec 3,0 naissances pour 1 000 femmes en 1985. Les taux de fécondité des femmes plus âgées (de 40 à 44 ans) et celui des femmes au début de leur vie reproductive (15 à 19 ans) ont convergé dans la dernière décennie, si bien qu’ils étaient similaires en 2013 avec 10,7 naissances pour 1 000 femmes âgées de 40 à 44 ans et 11,0 naissances pour 1 000 femmes âgées de 15 à 19 ans. Depuis, l’écart a augmenté de sorte que le taux de fécondité des femmes âgées de 40 à 44 ans a dépassé celui des femmes de 15 à 19 ans à compter de 2014, une première dans l’histoire de la fécondité canadienne. Le taux de fécondité s’établissait à 11,5 et 8,4 naissances pour 1 000 femmes respectivement en 2016.

Depuis 2005, le taux de fécondité des femmes âgées de 30 à 34 ans surpasse celui des femmes âgées de 25 à 29 ans. L’écart entre ces deux groupes d’âge a continué d’augmenter au cours de la période de 2012 à 2016, surtout en raison de la diminution des taux de fécondité chez les femmes âgées de 25 à 29 ans puisque les taux chez les femmes âgées de 30 à 34 ans se sont stabilisés depuis 2007. Le taux de fécondité des femmes au début de la trentaine était de 107,3 naissances pour 1 000 femmes en 2012 et de 107,6 en 2016, tandis que celui des femmes âgées de 25 à 29 ans était de 95,7 naissances pour 1 000 femmes en 2012 et de 87,6 en 2016.

Pour la première fois en 2010, le taux de fécondité des femmes âgées de 35 à 39 ans (51,7 naissances pour 1 000 femmes) était supérieur à celui des femmes âgées de 20 à 24 ans (48,3 naissances pour 1 000 femmes). En 2016, cet écart s’était accru, les taux de fécondité de ces deux groupes d’âge étant de 56,0 et 37,6 naissances pour 1 000 femmes respectivement.

Variation entre les provinces et territoires

Des variations importantes ont été observées dans le taux de fécondité selon l’âge à l’échelle provinciale et territoriale.

En Ontario, où on observe le plus grand nombre de naissances, le taux de fécondité des femmes âgées de 30 à 34 ans dépasse celui des femmes âgées de 25 à 29 ans depuis 2001. Ce ne fut le cas au Québec qu’à partir de 2013. Le plus récent taux de fécondité des femmes dans la trentaine en Ontario est, en fait, très proche de celui des femmes au Québec, même si la hausse observée au cours des dernières années a été plus modeste chez les Ontariennes. Par contre, la différence des taux de fécondité des femmes dans la vingtaine entre les deux provinces est beaucoup plus importante.

Le taux de fécondité des Ontariennes âgées de 25 à 29 ans était de 85,9 naissances pour 1 000 femmes en 2012 et de 76,5 en 2016, tandis que celui des Québécoises était considérablement plus élevé, soit 111,7 naissances pour 1 000 femmes en 2012 et de 100,9 en 2016. Le taux de fécondité était aussi légèrement plus élevé chez les femmes au début de la vingtaine au Québec (43,8 naissances pour 1 000 femmes en 2012 et 38,7 en 2016), par rapport à celles de l’Ontario (35,8 naissances pour 1 000 femmes en 2012 et 29,7 en 2016). Quant à la Colombie-Britannique, la province affichait des variations des taux de fécondité similaires à l’Ontario dans les 40 dernières années. En plus d’avoir moins de naissances dans l’ensemble, les taux de fécondité par groupe d’âge en Colombie-Britannique étaient généralement inférieurs à ceux de l’Ontario.

Dans l’ensemble, une grande partie de la différence touchant les niveaux de fécondité entre les provinces et les territoires entre 2012 et 2016 est attribuable à la fécondité des femmes dans la vingtaine. À l’échelle du Canada, la Colombie-Britannique a affiché, entre 2012 et 2016, le taux de fécondité le plus bas chez les femmes dans la vingtaine, suivi de près par l’Ontario, et ces taux diminuent depuis le début des années 1990 dans les deux provinces. À la fin des années 2000, l’Alberta a aussi enregistré une baisse du taux de fécondité des femmes dans la vingtaine, ce qui a entraîné une baisse de l’indice synthétique de fécondité de la province (qui est passé de 1,90 enfant par femme en 2008 à 1,77 en 2012 et à 1,69 en 2016). Au cours des 43 dernières années, l’indice synthétique de fécondité le plus bas observé en Alberta était de 1,66 enfant par femme en 2000, tout de même au-dessus de celui du Canada. Enfin, entre 2012 et 2016, le Manitoba et la Saskatchewan affichaient des taux de fécondité parmi les plus élevés chez les moins de 35 ans, avec le Nunavut (moins de 30 ans) et les Territoires du Nord-Ouest (moins de 25 ans).

Âge des mères à la maternité et rang des naissances

Au Canada, l’âge moyen des mères^{Note 18} au moment de la naissance a augmenté de manière plutôt constante depuis les 40 dernières années, des générations successives de femmes ayant retardé le moment de la maternité pour, notamment, poursuivre des études ou occuper un emploi sur le marché du travail. L’accès facile à des moyens efficaces de contraception, une diversification de la vie conjugale et des changements de valeurs ont également contribué à retarder l’entrée dans la parentalité^{Note 19}. Depuis 2010, l’âge moyen à la maternité dépasse 30 ans; il a atteint 30,3 ans en 2012, pour ensuite s’établir à 30,8 ans en 2016. En comparaison, il était de 29,0 ans en 2001. Qui plus est, les pères sont généralement plus âgés que les mères; par exemple, l’âge moyen des pères à la naissance était de 33,2 ans en 2012 et de 33,7 ans en 2016.

De façon similaire, l’âge moyen des mères à la première naissance (rang 1) augmente depuis la fin des années 1960, ayant atteint 28,7 ans dans l’ensemble du Canada en 2012 et 29,2 ans en 2016, comparativement à 27,3 ans en 2001. Quant à l’âge moyen des pères à la première naissance (rang 1), il était de 31,6 ans en 2012 et de 32,2 ans en 2016.

Variation entre les provinces et territoires

Entre 2012 et 2016, l’âge moyen à la maternité a continué d’augmenter dans toutes les provinces, la moitié étant déjà ou ayant passé au-dessus de la barre des 30 ans au cours de cette période : il s’agit de la Colombie-Britannique (31,0 ans en 2012 et 31,6 en 2016), de l’Ontario (30,9 ans en 2012 et 31,3 en 2016), du Québec (30,2 ans en 2012 et 30,6 en 2016), de l’Alberta (29,8 ans en 2012 et 30,4 en 2016) et de l’Île-du-Prince-Édouard (29,5 ans en 2012 et 30,0 en 2016). En fait, la Colombie-Britannique et l’Ontario ont franchi le cap des 30 ans d’âge moyen des mères à la naissance dès 2004. Le Yukon est le seul territoire à avoir rejoint le rang des provinces avec un âge moyen à la maternité au-delà de 30 ans (30,1 ans en 2012 et 30,9 en 2016). L’âge moyen à la maternité le plus bas a été observé au Nunavut (26,1 ans en 2012 et 26,4 en 2016), suivi du Nouveau-Brunswick (28,5 ans en 2012 et 29,1 en 2016), de la Saskatchewan (28,6 ans en 2012 et 29,1 en 2016), des Territoires du Nord-Ouest (28,8 ans en 2012 et 29,5 en 2016) et de Terre-Neuve-et-Labrador (29,1 ans en 2012 et 29,5 en 2016).

Des variations de l’âge moyen des mères à la première naissance sont également observées parmi les provinces et les territoires. L’âge moyen des mères à la première naissance le plus élevé a été observé en Colombie-Britannique (29,6 ans en 2012 et 30,3 en 2016), suivie de l’Ontario (29,3 ans en 2012 et 29,8 en 2016). L’âge moyen des mères le plus faible au moment de la première naissance a été observé au Nunavut (22,6 ans en 2012 et 22,4 en 2016).

Descendance finale des générations récentes

Même si l’indice synthétique de fécondité est un indicateur communément utilisé pour analyser les tendances de la fécondité, puisqu’il est facile à calculer et qu’il peut résumer la situation pour une année civile donnée, la descendance finale est un meilleur indicateur pour comprendre les changements dans le comportement de différentes générations de femmes à l’égard de la fécondité. La descendance finale est un indicateur longitudinal qui renvoie aux réelles expériences de fécondité des générations de femmes une fois qu’elles ont complété leur vie reproductive. Le désavantage de cet indicateur est qu’il faut justement attendre la fin de la vie reproductive d’une génération de femmes afin d’obtenir toutes les données nécessaires à son calcul pour une génération donnée.

On peut calculer la descendance finale des femmes nées jusqu’en 1967, car elles étaient alors âgées de 49 ans ou plus en 2016. Il est également possible d’estimer la descendance finale de la génération née en 1975, qui était alors âgée de 41 ans en 2016, puisque cette génération est en fin de vie reproductive et que les taux de fécondité après 41 ans sont assez faibles. De même, les taux de fécondité de la génération née en 1980, femmes âgées de 36 ans en 2016, ont également commencé à baisser, puisque cette génération a passé l’âge où la fécondité est à son maximum. Les descendances finales estimées pour ces deux générations comportent toutefois un degré plus élevé d’incertitude, car une plus grande partie de leur descendance finale repose sur une extrapolation des tendances récentes liées à la fécondité après 30 ans.

Le profil par âge de la fécondité des générations plus récentes de femmes a changé comparativement à celui des générations de femmes d’avant : le sommet de la courbe est moins élevé qu’auparavant, et apparaît plus tard au sein de la vie reproductive qu’avant. Cela illustre à la fois une baisse de la fécondité et un âge plus élevé à la maternité.

La première génération du baby-boom, soit les femmes nées en 1946, est souvent utilisée comme groupe de référence, du fait qu’il s’agit de la dernière génération de femmes à avoir atteint le seuil de remplacement des générations. Au sein de cette génération née en 1946, le taux de fécondité maximal avait été atteint à 24 ans, soit 163,8 naissances pour 1 000 femmes. À l’opposé, pour la génération née en 1980, ce niveau maximal a été atteint à un âge plus avancé, soit 29 ans, à environ 119,0 naissances pour 1 000 femmes. Malgré des taux de fécondité plus élevés dans la trentaine chez les jeunes générations, leur fécondité générale reste inférieure à celle des générations plus anciennes, car elles ne peuvent ainsi compenser le retard accumulé en raison de taux de fécondité moins élevés dans la vingtaine.

La descendance finale de la génération de femmes nées en 1967 au Canada était de 1,79 enfant par femme. Cette descendance finale est semblable à celles des générations nées au milieu des années 1950, mais est clairement plus faible que le niveau maximal de 3,40 enfants par femme atteint par la génération de femmes nées en 1930, soit les mères des générations du baby-boom.

Tendances relatives à l’infécondité

Selon les données de l’Enquête sociale générale sur la famille, l’infécondité biologique est demeurée stable entre 1990 et 2011. Le pourcentage de femmes âgées de 50 ans et plus qui n’ont jamais donné naissance à un enfant était de 14,1 % en 1990, comparativement à 15,3 % en 2011. Les femmes qui n’ont pas eu d’enfants biologiques peuvent créer une famille autrement, notamment au moyen de l’adoption, de la maternité de substitution, voire en vivant au sein d’une famille reconstituée.

Selon une compilation spéciale des données de l’Enquête sociale générale sur la famille de 2011^{Note 20}, plusieurs caractéristiques peuvent expliquer la décision de ne pas vouloir d’enfants chez les adultes âgées de 20 à 39 ans. Ainsi, l’intention de ne jamais avoir d’enfants était plus élevée chez les individus célibataires comparativement à ceux étant mariés ou en union libre. La proportion était également plus grande chez les hommes, chez ceux n’ayant pas d’affiliation religieuse, ainsi que chez ceux nés au Canada. Parmi les Canadiens âgés de 20 à 39 ans n’ayant pas l’intention d’avoir des enfants^{Note 21}, une majorité ont mentionné qu’ils ont pris cette décision par choix personnel. Des raisons financières, le fait de ne pas avoir de conjoint ou partenaire, et des raisons liées au travail ou la santé figurent parmi les autres réponses supportant leur intention de ne pas avoir d’enfants.

Les grossesses multiples

La grande majorité des naissances en 2016 étaient des accouchements simples (96,9 %), mais dans environ 12 000 cas, les femmes ont donné naissance soit à des jumeaux (3,0 % de toutes les naissances), soit à des triplés ou plus (0,1 % de toutes les naissances)^{Note 22}. Ces proportions sont demeurées stables depuis 2006, mais ont augmenté par rapport aux proportions observées en 1991. Cette augmentation peut être observée dans tous les groupes d’âge des mères. Par exemple, chez les femmes âgées de 25 à 29 ans, 2,7 % des accouchements en 2016 étaient multiples, en hausse par rapport au 2,1 % observés en 1991. Les différences sont d’autant plus grandes que les groupes d’âge augmentent, signifiant que les grossesses multiples ont davantage augmenté chez les femmes plus âgées. Ainsi, 4,0 % des femmes de 35 à 39 ans ayant accouché en 2016 avaient eu des jumeaux ou plus, contre 2,4 % en 1991. Ces proportions s’établissaient à 5,0 % et 2,0 % respectivement chez les femmes âgées de 40 à 44 ans, et à 15,9 % et 2,9 % chez les femmes âgées de 45 ans et plus.

Le report de la maternité à un âge plus avancé est manifeste non seulement dans les variations de la répartition selon l’âge des mères ayant accouché d’un seul enfant, mais également de celles ayant eu des accouchements multiples. La part des accouchements multiples attribuable à des femmes âgées de 29 ans et moins a diminué, mais augmenté chez celles âgées de 30 ans et plus. Par exemple, en 2016, chez les femmes qui ont accouché de jumeaux, la proportion de femmes âgées de 35 à 39 ans était de 23,1 %, tandis que 25 ans plus tôt, ce chiffre était de 9,8 %. Parmi les femmes ayant donné naissance à des jumeaux, la proportion de celles étant âgées de 40 à 44 ans est passée de 1,0 % à 5,6 %. En revanche, chez les femmes qui ont eu des accouchements gémellaires, la proportion de celles étant à la fin de la vingtaine a chuté de 38,0 % en 1991 à 24,4 % en 2016. La tendance pour les triplés ou davantage était semblable. Un certain nombre de facteurs pourraient contribuer à cette augmentation des accouchements multiples chez les femmes de 30 ans et plus, notamment le report de la maternité à un âge plus avancé de même que le recours plus fréquent aux traitements de fertilité qui augmentent globalement la probabilité de grossesse multiple.

Annexe