Série thématique sur l'ethnicité, la langue et l'immigration
Les immigrants récents et les résidents non permanents omis au Recensement de 2011

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par Julien Bérard-Chagnon, Stacey Hallman et Geneviève Caron

Date de diffusion : le 22 mai 2019

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Début du texte

Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier plusieurs employés de Statistique Canada pour leur contribution à la réalisation de ce projet. Nous tenons tout d’abord à remercier Mélanie Meunier et David Binet, de la Division de la démographie (DÉM), et Martin St-Pierre, de la Division des méthodes d'enquêtes sociales (DMES), pour leur aide précieuse dans la manipulation des données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) et de la Contre-vérification des dossiers (CVD). Les premières versions de ce document ont aussi bénéficié des commentaires d’Éric Caron Malenfant, Tristan Cayn, Martin Turcotte, Kathryn Spence et Scott McLeish de la Division de la statistique sociale et autochtone (DSSEA) ainsi que de Dave Dolson (DMES).

Début de l’encadré

Faits saillants

  • Les immigrants récents, c’est-à-dire qui se sont établis au pays au cours des cinq années précédant le recensement, et les résidents non permanents (RNP) étaient beaucoup plus susceptibles d’être omis au Recensement de 2011 que le reste de la population.
    • Les taux d’omission de ces deux groupes, respectivement estimés à 17,8 % et 43,2 %, étaient considérablement plus élevés que celui de l’ensemble de la population (8,3 %).
  • Plusieurs caractéristiques des immigrants récents étaient associées au fait d’être omis au Recensement de 2011.
    • Près de 20 % des immigrants récents originaires d’Asie ou d’Océanie et plus de 30 % de ceux dont la langue maternelle était le pendjabi étaient omis.
    • Plus du tiers des immigrants récents qui se sont établis en 2011 et environ le quart de ceux qui se sont établis en 2010 étaient omis.
    • Environ 12 % des immigrants récents admis dans les catégories des réfugiés étaient omis.
    • La connaissance des langues officielles, l’âge, et l’état matrimonial étaient aussi corrélés au fait d’être omis au Recensement de 2011.
  • Certaines caractéristiques des RNP étaient aussi liées au fait d’être omis au Recensement de 2011.
    • Presque la moitié des RNP qui n’étaient pas en couple étaient omis.
    • Plus de 50 % des RNP ayant obtenu le droit de demeurer temporairement au Canada au plus 6 mois avant le recensement étaient omis.
    • L’âge et le fait de détenir un permis de résidence temporaire pour la première fois étaient aussi relativement corrélés au fait d’être omis au Recensement de 2011.
Fin de l’encadré

Introduction

La migration internationale joue un rôle de plus en plus important dans les dynamiques démographiques du Canada. En effet, depuis 1995-1996, la migration internationale a toujours constitué le principal facteur de l’accroissement démographique (Statistique Canada, 2016a : 16). Si les tendances démographiques récentes se poursuivent, la migration internationale pourrait devenir le moteur de la quasi-totalité de l’accroissement démographique du pays au cours des prochaines décennies (Statistique Canada, 2015a : 10).

Les deux principaux groupes qui forment la migration internationale sont les immigrants et les résidents non permanents (RNP). Un immigrant est une personne qui a reçu l’autorisation de vivre au Canada en permanence par les autorités de l’immigration. Un RNP est une personne qui a légalement obtenu le droit de vivre au Canada temporairement, en vertu d'un permis de résident temporaire comme un permis de travail (Statistique Canada, 2016b).

Ces deux groupes démographiques sont en croissance au pays. En 2011, les immigrants constituaient 20 % de la population canadienne et pourraient représenter plus du quart de la population canadienne en 2036 (Statistique Canada, 2017a). D’un autre côté, l’effectif de RNP a plus que triplé entre 1997 et 2014, passant de 234 400 personnes à 770 600 personnes (Martel et D’Aoust, 2016).

Parallèlement à cet accroissement démographique robuste, ces deux populations font face à plusieurs enjeux socioéconomiques d’importance. Ainsi, les immigrants, en particulier les immigrants récents, sont notamment plus susceptibles d’être en situation de surqualification professionnelle (Uppal et LaRochelle-Côté, 2014), de moins bien performer aux tests de compétence en littératie et en numératie (Statistique Canada, 2013) et de vivre dans une situation de faible revenu (Picot et Hou, 2014). La forte hausse des permis de résidence temporaire observée au cours des dernières années soulève aussi certains enjeux relativement aux besoins réels en matière de main-d’œuvre temporaire pour soutenir l’économie canadienne (McQuillan, 2013). Le gouvernement canadien reconnaît plusieurs de ces barrières et élabore différentes politiques visant à favoriser l’intégration des immigrants à la société canadienne et l’entrée de résidents temporaires (Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, 2016).

Plusieurs des enjeux propres aux migrations internationales sont étudiés au moyen des données des recensements. Or, si les recensements visent une couverture exhaustive de la population, certains groupes sont moins susceptibles d’être dénombrés. Cette situation, appelée sous-dénombrement, est non seulement en hausse au cours des dernières décennies, mais aussi spécialement importante chez les immigrants récentsNote 1 et les RNP (Statistique Canada 2010, Statistique Canada 2015b). Le sous-dénombrement relativement plus élevé observé pour ces groupes influe sur la qualité des données censitaires en les rendant moins représentatives de la population et en diminuant potentiellement la portée des études menées à partir de ces données.

Malgré la part grandissante des immigrants et des RNP dans la population canadienne, l’importance des enjeux socioéconomiques auxquels ces deux groupes sont confrontés et leur niveau de sous-dénombrement dans les recensements, les mécanismes spécifiques associés au fait d’être omis dans les recensements demeurent largement méconnus. Ce document vise donc à examiner les caractéristiques associées au fait d’être omis pour les immigrants récents et les RNP dans le Recensement de 2011 au moyen des données de la Contre-vérification des dossiers (CVD).

La prochaine section présente les enjeux liés au sous-dénombrement des recensements. Les données utilisées sont introduites dans la deuxième section. Les deux dernières sections présentent respectivement les taux d’omission de 2011 pour les immigrants récents et les RNP selon différentes caractéristiques disponibles dans la CVD et dans les données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).

1. Enjeux relatifs à la couverture des recensements

Les recensements constituent la pierre angulaire de la mesure démographique d’un pays. Contrairement aux enquêtes, les recensements visent un dénombrement exhaustif de la population et de ses principales caractéristiques démographiques, économiques et sociales (Bryan, 2004). Cependant, en pratique, malgré des efforts considérables, les recensements ne parviennent pas à dénombrer la totalité de la population. Comme l’indique la Commission économique pour l'Europe des Nations unies (CEE-ONU) : « ceux qui conçoivent et administrent le recensement ne doivent pas perdre de vue qu’il est impossible de parvenir à une couverture complète et une exactitude parfaite des données de recensement quel que soit l’effort déployé. » (CEE-ONU, 2015 : §366).

La CEE-ONU identifie deux principaux types d’erreurs qui peuvent survenir durant la tenue d’un recensement. De manière générale, les erreurs de contenu sont dues à des déclarations inexactes ou des enregistrements incorrects tandis que les erreurs de couverture résultent d’omissions ou double comptes lors du dénombrement.

Les erreurs de couverture sont celles qui nous intéressent pour cette étude. Comme il vient d’être mentionné, elles peuvent être à leur tour divisées en deux catégories. Le sous-dénombrement représente l’exclusion de personnes qui auraient dû être dénombrées. Le surdénombrement représente l’inclusion de personnes à plusieurs reprises ou l’inclusion de personnes qui n’auraient pas dû être dénombrées (Statistique Canada, 2015b). Ces erreurs de couverture peuvent survenir pour différentes raisons telles que des refus de répondre au recensement, des individus qui sont dénombrés au mauvais endroit, des désastres naturels qui affectent les opérations de collecte ou des erreurs de collecte sur le terrain.

Le sous-dénombrement est généralement plus important que le surdénombrement de sorte qu’il est un enjeu prédominant pour la plupart des agences statistiques et des utilisateurs des données. En effet, si une frange de la population est sous-dénombrée, les chiffres censitaires sont alors moins représentatifs de cette population. Cette situation peut diminuer la pertinence des données censitaires et influer sur les résultats obtenus et les politiques élaborées au moyen de ces données.

1.1. Sous-dénombrement dans les recensements canadiens

En raison des conséquences potentielles des erreurs de couverture, la CEE-ONU (2015 : §373) recommande de : «procéder à des évaluations de l’exhaustivité et de l’exactitude des données [des recensements] et les publier dans la mesure du possible avec les résultats initiaux du recensement, en y ajoutant un exposé détaillé des méthodes utilisées. Des résultats supplémentaires peuvent être diffusés ultérieurement. »

Plusieurs pays évaluent donc la couverture de leurs recensements au moyen de différentes opérations statistiques. À titre d’exemples, le U.S. Census Bureau (États-Unis) a recours à une Demographic Analysis (DA) et à une étude de Census Coverage Measurement (CCM) (U.S. Census Bureau, 2014) pour évaluer la couverture des recensements américains tandis que l’Office for National Statistics (ONS) du Royaume-Uni mène un Census Coverage Survey (Office for National Statistics, 2012).

Au Canada, Statistique Canada évalue la couverture des recensements canadiens au moyen d’études de couverture depuis 1961 (Dolson, 2010). Les résultats des études de couverture sont publiés sur le site Internet de Statistique Canada environ 28 mois après chaque recensement et le rapport technique est publié quelques mois plus tard. Le rapport technique renseigne sur les méthodes utilisées pour estimer la couverture ainsi que sur le niveau des erreurs de couverture.

Les enjeux relatifs au sous-dénombrement des recensements ont notamment retenu l’attention dans les années 1980. En effet, certains travaux réalisés à cette époque ont mis en lumière les effets possibles des erreurs de couverture des recensements sur différents indicateurs démographiques (Malo, 1981; Bourbeau et Robitaille, 1980) et sur les estimations démographiquesNote 2 aux fins de l’application de certaines lois basées sur l’effectif de population (Fellegi, 1980; Keyfitz, 1989). Ces études ont amené Statistique Canada à réfléchir à la possibilité d’ajuster les données censitaires pour leur couverture aux fins du calcul des estimations démographiques. La série d’estimations démographiques basées sur le Recensement de 1991 a été la première série rajustée pour le sous-dénombrement net en combinant les données des études de couverture à des modèles statistiques (Dick, 1995). Le Recensement de 1991 est par ailleurs le premier recensement à inclure les RNP dans son univers.

Plus récemment, les résultats des études de couverture sont aussi utilisés pour évaluer la qualité des estimations démographiques (Morissette et Bérard-Chagnon, 2014), pour calculer des projections démographiques et pour améliorer les opérations de collecte chez les groupes plus difficiles à rejoindre.

1.1.1. Ampleur du sous-dénombrement

Si la couverture des recensements canadiens est très élevée, le sous-dénombrement n’est toutefois pas négligeable. Le graphique suivant rend compte de l’évolution des erreurs de couverture depuis le Recensement de 1971Note 3.

Graphique 1

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Année (titres de rangée) et Sous-dénombrement, Surdénombrement et Sous-dénombrement net, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Année Sous-dénombrement Surdénombrement Sous-dénombrement net
pourcentage
1971 1,9 Note ..: indisponible pour une période de référence précise Note ..: indisponible pour une période de référence précise
1976 2,0 Note ..: indisponible pour une période de référence précise Note ..: indisponible pour une période de référence précise
1981 2,0 Note ..: indisponible pour une période de référence précise Note ..: indisponible pour une période de référence précise
1986 3,2 Note ..: indisponible pour une période de référence précise Note ..: indisponible pour une période de référence précise
1991 3,4 0,6 2,9
1996 3,2 0,7 2,4
2001 4,0 1,0 3,0
2006 4,3 1,6 2,7
2011 4,1 1,9 2,2

En 2011, le sous-dénombrement était estimé à 4,1 %, soit un niveau deux fois plus élevé que celui estimé en 1981. Cependant, en raison de la hausse parallèle du surdénombrement, le sous-dénombrement netNote 4, estimé à 2,2 % en 2011, est demeuré relativement constant dans le temps, soit entre 2 % et 3 %.

Les rapports techniques sur la couverture des recensements présentent des résultats descriptifs pour certaines caractéristiques démographiques de baseNote 5. Le sous-dénombrement des recensements est notamment plus élevé chez les jeunes adultes (où il surpassait 10 % chez les hommes âgés de 25 à 34 ans en 2011), les hommes, les personnes qui ne sont pas en couple et les personnes dont la langue maternelle n’est pas une langue officielle.

1.1.2. Sous-dénombrement des immigrants récents et des résidents non permanents

Si certaines caractéristiques de base liées au sous-dénombrement sont relativement bien connues, les mécanismes qui expliquent ce phénomène sont généralement moins bien compris. C’est spécialement le cas pour les immigrants récents et les RNP. Or, plusieurs signaux témoignent du fait que ces deux groupes seraient plus susceptibles d’être omis dans les recensements canadiens.

Une comparaison des effectifs d’immigrants récents dénombrés dans l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM)Note 6 aux nombres provenant des données d’IRCC fait état d’écarts importants dans les effectifs obtenus de ces deux sources. L’ENM a recensé environ 1 162 900 immigrants admis entre le 1er janvier 2006 et le 10 mai 2011 tandis que les données d’IRCC révèlent que plus de 1 345 500 permis de résidence permanente ont été accordés au cours de cette périodeNote 7, soit un écart d’environ 15 %. Si certains immigrants récents peuvent être décédés ou avoir quitté le Canada (un phénomène non négligeable), ces deux phénomènes démographiques peuvent difficilement expliquer la totalité de l’écart observé entre les deux sources.

Le sous-dénombrement des RNP serait encore plus important que celui des immigrants récents. L’ENM a dénombré 356 385 RNP tandis que le Programme des estimations démographiques (PED) estimait cet effectif au 1er mai 2011 à un peu plus de 615 700 personnes en exploitant les données des permis de résidence temporaireNote 8.

Comme il est montré plus loin dans cette étude, les résultats de la CVD font écho à ceux-ci pour ces deux groupes démographiques alors qu’ils montrent des taux d’omission considérablement plus élevés que ceux de l’ensemble de la population.

Cette situation ne serait pas unique au Canada. Certaines études internationales ont aussi mis en exergue le sous-dénombrement plus important des immigrants. Le sous-dénombrement net des recensements australiens de 2006 et de 2011 était plus important que celui de l’ensemble de la population pour plusieurs groupes d’immigrants, spécialement pour ceux nés en Chine et en Inde (Australian Bureau of Statistics, 2007, 2012)Note 9.

Aux États-Unis, les immigrants seraient aussi plus susceptibles de ne pas répondre à l’American Community Survey (ACS)Note 10 (Jensen et coll., 2015). Cette situation prévaudrait spécialement pour les immigrants non documentés et les immigrants récents (Gonzalez-Barrera, 2017). Les immigrants récents seraient aussi particulièrement susceptibles d’être omis à l’intérieur d’un ménage dénombré (Fein et West, 1988).

L’intégration à un nouveau pays est un processus graduel et multidimensionnel qui peut s’échelonner sur plusieurs années. Pour cette raison, plusieurs facteurs peuvent contribuer au sous-dénombrement relativement plus élevé des immigrants récents et des RNP.

Les mécanismes associés au fait de répondre au recensement montrent certaines analogies à ceux liés au fait de répondre à des enquêtes. Donc, les caractéristiques associées à la non-réponse dans les enquêtes pourraient aussi être liées au sous-dénombrement dans les recensements. À ce sujet, certaines études signalent que les immigrants sont moins susceptibles de répondre à des enquêtes sociales et des panels que le reste de la population (Ahlmark et coll., 2014; Swain et Dolson, 1998; Bérard-Chagnon, 2007). L’analyse des données du New Immigrant Survey (NIS), une enquête longitudinale américaine qui suivait plusieurs cohortes d’immigrants, a par ailleurs révélé que parmi les immigrants, ceux qui affichent un niveau de scolarité plus bas, qui sont des hommes, qui sont locataires de leur logement, qui ont moins d’enfants dans le ménage et qui proviennent du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord ou de l’Asie de l’Est seraient moins susceptibles de répondre à l’enquête (Massey et coll., 2017). Au Canada, l’équipe de l’Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (ELIC) a notamment utilisé l’information sur l’âge, le sexe, le pays de naissance et la catégorie d’immigration dans l’étape de poststratification des poids de l’enquête. Cette stratégie indique la présence de liens entre ces caractéristiques et la non-réponse à cette enquête (Statistique Canada, 2003)Note 11.

Les barrières linguistiques rencontrées par plusieurs immigrants récemment établis au Canada pourraient aussi contribuer au sous-dénombrement plus élevé de ce groupe. Les données d’IRCC signalent qu’annuellement, de 24,8 % à 33,1 % des immigrants qui se sont établis entre 2006 et 2011 ne connaissaient pas le français ou l’anglais à l’établissement (Citoyenneté et Immigration Canada, 2012). Si plusieurs immigrants apprennent une langue officielle peu après leur établissement, leur niveau de maîtrise des langues officielles pourrait n’être que modéré. À ce sujet, les données du Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) font état du fait que plusieurs immigrants récents éprouveraient des difficultés importantes à parler en français ou en anglais. En effet, plus du tiers des immigrants établis entre 2002 et 2012 auraient au mieux une maîtrise autodéclarée passable de la langue dans laquelle ils ont passé les tests de compétence de l’enquêteNote 12. De ce fait, il pourrait être possible que les immigrants dont la langue maternelle n’est pas une langue officielle présentent des niveaux de sous-dénombrement plus élevés que le reste de la population.

Étant nouvellement arrivés au pays, les immigrants récents et les RNP pourraient également être moins au courant de la tradition canadienne des recensements, de l’obligation de remplir le questionnaire et de l’importance des résultats. En ce sens, participer au recensement pourrait être vu comme un marqueur de participation sociale au Canada. Certaines études signalent d’ailleurs que les immigrants récents font face à certains obstacles en matière d’intégration sociale. Ils seraient notamment moins susceptibles de voter (Uppal et LaRochelle-Côté, 2012) et de faire du bénévolat (Thomas, 2012).

En plus des facteurs susmentionnés, les immigrants récents sont dans une situation de transition qui pourrait contribuer à hausser leur propension à être omis au recensement. Le processus d’installation des immigrants peut s’effectuer sur plusieurs années, par exemple pour trouver un emploi stable ou un endroit où s’établir durablement. Les immigrants récents sont d’ailleurs beaucoup plus mobiles que le reste de la population, surtout dans les premiers mois suivant leur établissement au pays (Houle, 2007; Dion, 2010). La migration interprovinciale est généralement associée à des niveaux de sous-dénombrement plus élevés (Burgess, 1988). Cette hypermobilité des immigrants récents pourrait alors augmenter le risque que plusieurs d’entre eux soient omis, car ils pourraient maintenir des liens résidentiels avec plus d’un endroit en même temps ou encore, avec aucun logement en particulier.

Du côté des RNP, certaines limites des règles de résidence relativement à l’inclusion des RNP dans l’univers du recensement s’ajoutent aux enjeux qui viennent d’être mis de l’avant. Comme en rend compte la figure suivante, les personnes qui demandent le statut de réfugié, qui ont un permis de travail ou d’études ainsi que leur famille doivent être incluses dans le recensement (règle 2). Cependant, si elles sont temporairement au Canada, seules les personnes qui n’ont pas de résidence principale ailleurs doivent être dénombrées (règle 3). Du fait de la nature temporaire de leur permis, plusieurs RNP pourraient considérer avoir une résidence principale dans un autre pays, surtout si leur permis de résidence temporaire au Canada est de courte durée ou a été obtenu peu avant le jour du recensement. En conséquence, certains RNP pourraient penser ne pas faire partie de l’univers du recensement et de ce fait, de ne pas devoir remplir le questionnaire. Par ailleurs, il pourrait être possible que certains RNP ne comprennent pas totalement les règles de résidence, notamment les passages qui portent sur les différents types de permis, ou bien ne lisent pas du tout les règles.

Figure 1

Description de la figure 1

Cette figure présente la section du formulaire 2A du Recensement de 2011 qui porte sur les règles de résidence. Il y a trois règles qui décrivent la population qui doit être dénombrée dans un logement. Ces règles sont :

  • Toutes les personnes qui ont leur résidence principale à cette adresse le 10 mai 2011, y compris les nouveau-nés, les colocataires et les personnes temporairement absentes;
  • Les citoyens canadiens, les résidents permanents (immigrants reçus), les personnes qui demandent le statut de réfugié (demandeurs d’asile), les personnes d’un autre pays ayant un permis de travail ou d’études et les membres de leur famille qui habitent ici avec elles;
  • Les personnes qui demeurent temporairement à cette adresse le 10 mai 2011 et qui n’ont pas de résidence principale ailleurs.

Source : Statistique Canada, Recensement, 2011.

2. Données

Cette étude repose sur les données de la CVD de 2011 et les données d’IRCC. Cette section présente les deux sources de données et les caractéristiques examinées dans cette analyse.

2.1 DDD

La CVD est l’enquête qui mesure le nombre de personnes omises par les recensements canadiens depuis 1961. L’échantillon de la CVD de 2011 a été tiré des six bases de sondage suivantes :

Ces bases permettent d’obtenir un échantillon non seulement indépendant du Recensement de 2011 mais qui reproduit aussi presque entièrement l’univers du recensementNote 13.

La CVD classe ensuite les personnes de l’échantillon selon qu’elles étaient dénombrées, omises ou hors cibleNote 14. Ceci est tout d’abord réalisé en jumelant l’échantillon à la base de données des réponses du recensementNote 15. L’enquête vise ensuite à dépister et interviewer les personnes échantillonnées qui n’ont pas pu être appariées afin de recueillir les renseignements permettant la détermination de leur statut. Des couplages sont aussi réalisés avec d’autres sources, comme les statistiques sur les décès de l’état civil ou les données fiscales, pour appuyer le dépistage.

La figure suivante résume les grandes étapes de l’élaboration de la CVD de 2011Note 16.

Figure 2

Description de la figure 2

Cette figure présente le schéma du fonctionnement de la CVD de 2011. L’échantillon de la CVD est tiré de six bases de sondage : le Recensement de 2006, la CVD de 2006, les naissances survenues entre 2006 et 2011, les immigrants admis entre 2006 et 2011, les RNP dont le permis est valide au jour du recensement et les fichiers d’assurance-santé (territoires seulement). Par la suite, au moyen de couplages d’enregistrements et de collecte, les personnes échantillonnées sont classées comme étant dénombrées, omises ou hors cible.

Source : Statistique Canada, Contre-vérification des dossiers, 2011

Le tableau suivant rend compte de la taille de l’échantillon de chacune des bases de la CVD de 2011.


Tableau 1
Taille de l’échantillon et classification selon la base de sondage, 2011
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taille de l’échantillon et classification selon la base de sondage. Les données sont présentées selon Bases de sondage (titres de rangée) et Taille de l’échantillon, Classification (non pondérée), Personnes dénombrées, Personnes omises, Personnes hors cible et Non-répondants, calculées selon nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Bases de sondage Taille de l’échantillon Classification (non pondérée)
Personnes dénombrées Personnes omises Personnes hors cible Non-répondants
nombre
Recensement de 2006 54 772 47 854 3 152 2 343 1 423
Personnes omises de 2006 5 431 3 787 737 452 455
Naissances 3 619 3 223 226 55 115
Immigrants 2 548 1 900 332 110 206
Résidents non permanents 1 470 670 298 82 420
Fichiers d’assurance-santé 76 711 74 889 901 591 330

Aux fins de cette étude, les bases des immigrants et des résidents non permanents ont été utilisées. Les immigrants récents sont donc définis comme ceux qui ont obtenu un permis de résidence permanente entre le 16 mai 2006 et le 10 mai 2011. Ces dates correspondent au jour des recensements de 2006 et 2011. En plus des avantages opérationnels liés à l’utilisation exclusive de la base des immigrants, cette définition d’immigrants récents est aussi souvent utilisée dans la littérature (Vézina et Houle, 2017; Hudon, 2015).

Les bases des immigrants et des RNP comptent respectivement 2 548 répondants et 1 470 répondants. De plus, parmi ces deux échantillons, 2 232 immigrants et 968 RNP ont été classés comme étant dénombrés ou omis. Il s’agit d’effectifs suffisants pour mener des analyses descriptives et certaines analyses multidimensionnelles. Notons que le nombre de non-répondants de la base des RNP est relativement élevé. Si la pondération a été ajustée afin de tenir compte de la non-réponse, il faut tout de même en tenir compte dans l’interprétation des résultats.

Par ailleurs, il est important de noter que les bases des immigrants et des RNP ne sont pas totalement représentatives de l’effectif d’immigrants qui se sont établis entre 2006 et 2011 et de celui de RNP dont le permis était valide au jour du recensement. En effet, certains immigrants pouvaient résider au Canada en 2006 en tant que RNP et donc, être déjà couverts par les bases du Recensement de 2006 et des personnes omises de 2006. Du même coup, des RNP pouvaient avoir un permis valide au jour du recensement de 2011 et au jour du recensement de 2006 et être aussi couverts par ces deux mêmes bases. Afin d’éviter d’échantillonner ces personnes plus d’une fois, l’équipe des études de couverture les a identifiées et enlevées des bases des immigrants et des RNPNote 17. Cette situation prévalait pour un peu plus de 120 000 immigrants et environ 50 000 RNP en 2011.

La pondération bootstrap développée par l’équipe des études de couverture a été utilisée afin que les estimations de la variance puissent tenir compte du plan d’échantillonnage complexe de l’enquête.

2.1.1. Composantes du sous-dénombrement

Un aspect capital de l’utilisation de la CVD pour cette étude est que le concept de personne omise tel que mesuré par la CVD n’est pas identique au concept de sous-dénombrement. Une personne est omise selon la CVD si elle fait partie de la population cible du recensement et n’a pas été dénombrée. Or, la CVD ne peut pas déterminer le statut de trois sous-populations qui sont pourtant incluses dans le recensement.

Le premier groupe consiste en les personnes imputées par l’Étude de classification des logements (ÉCL). Cette enquête vise à estimer le nombre de logements non répondants qui étaient occupés au jour du recensement. Suite à cette enquête, les données du recensement sont corrigées pour les logements non répondants et pour les logements occupés classés par erreur comme inoccupés au moyen de l’imputation des ménages au complet (IMC). Les personnes ajoutées par cette opération statistique sont omises puisqu’elles n’ont pas rempli le recensement, mais ne sont pas sous-dénombrées du fait de la correction apportée par l’IMC.

Le deuxième groupe est constitué des dénombrements tardifs, lesquels ne peuvent pas être inclus dans la CVD pour des raisons opérationnelles.

Le dernier groupe est formé des dénombrements qui étaient jugés trop incomplets pour être utilisés par la CVD afin de déterminer si une personne était dénombrée ou non. En effet, la CVD a besoin des renseignements de base des personnes échantillonnées, comme la date de naissance, pour les retracer au moyen de couplages ou de la collecte sur le terrain.

Le sous-dénombrement est obtenu en soustrayant ces trois groupes de la population omise.

Le tableau suivant rend compte des effectifs pour chacune des composantes du sous-dénombrement pour 2011.


Tableau 2
Composantes de l’estimation de l’erreur de sous-dénombrement, 2011
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Composantes de l’estimation de l’erreur de sous-dénombrement. Les données sont présentées selon Éléments (titres de rangée) et Composantes du sous-dénombrement et Nombre(figurant comme en-tête de colonne).
Éléments Composantes du sous-dénombrement Nombre
(1) Personnes omises 2 828 228
(2) = (3) + (4) + (5) Population du recensement qui ne peut pas être identifiée comme dénombrée dans la CVD Tableau 2 Note 1 1 436 257
(3)   Personnes imputées par l’Étude de classification des logements Tableau 2 Note 1 780 737
(4)   Dénombrements tardifs Tableau 2 Note 1 95 757
(5)   Dénombrements incomplets selon la CVD Tableau 2 Note 1 559 763
(6) = (1) – (4) – (5) Sous-dénombrement de la collecte 2 172 708
(7) = (1) – (2) Sous-dénombrement 1 391 971

Le nombre total de personnes omises représente environ le double de l’effectif du sous-dénombrement. La différence entre les deux groupes provient principalement des imputations de l’ÉCL et des dénombrements incomplets.

Cette étude examine la population omise par le recensement et non le sous-dénombrement du fait qu’elle se base sur la CVD et parce qu’il est impossible de déterminer le statut d’immigrant ou de RNP pour plusieurs individus des trois groupes susmentionnés. À titre d’exemple, le fait que certains dénombrements soient incomplets limite grandement la possibilité d’utiliser des couplages d’enregistrements aux données d’IRCC pour identifier les immigrants et les RNP. Les résultats présentés ici constituent en quelque sorte une borne supérieure relativement au sous-dénombrement des immigrants récents et des RNP.

Les taux de personnes omises ont été calculés en rapportant l’effectif des personnes omises à la somme de cet effectif et de l’effectif des personnes dénombrées estimé par la CVD. Les personnes classées hors cible sont exclues de l’analyse puisqu’elles ne faisaient plus partie de l’univers du recensement au jour du recensement.

2.1.2. Taux d’omission par base de sondage

L’examen des taux d’omission des différentes bases de sondage signale que les immigrants récents et les RNP seraient plus susceptibles d’être omis au Recensement de 2011 que le reste de la population. Le graphique suivant rend compte de cette situation.

Graphique 2

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2 Pourcentage et Intervalle de confiance de 95 % (figurant comme en-tête de colonne).
Pourcentage Intervalle de confiance de 95 %
Inférieur Supérieur
Fichiers d'assurance-santé 18,2 15,2 21,2
Résidents non permanents 43,2 39,1 47,3
Immigrants 17,9 16,1 19,7
Naissances 7,1 6,1 8,1
Personnes omises de 2006 21,0 19,2 22,8
Recensement de 2006 6,3 6,0 6,6
Total 8,3 8,0 8,6

Le taux d’omission global du Recensement de 2011 était d’un peu plus de 8 %Note 18. Cependant, les répondants de certaines bases montraient des taux d’omission beaucoup plus élevés. La base des RNP affichait de loin le taux le plus prononcé, lequel surpassait 40 %. Les bases des personnes omises et des immigrants suivent ensuite; les taux de personnes omises de ces bases oscillant autour de 20 %. Une conséquence des taux d’omission plus élevés de ces bases est que 13,6 % des personnes omises provenaient des bases des immigrants et des RNP alors que ces deux bases ne représentaient que 3,6 % de la population de la CVD. Ces résultats correspondent à ce qui a été observé au moyen des données de la CVD de 2006 (Statistique Canada, 2010).

2.2 Données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada

IRCCNote 19 est le ministère responsable de délivrer les permis de résidence permanente et temporaire en vertu de la Loi sur le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration. IRCC fait parvenir chaque mois des fichiers à Statistique Canada, essentiellement aux fins du calcul des estimations démographiques. Comme il a été mentionné précédemment, ces données sont directement utilisées pour créer les bases des immigrants et des RNP de la CVD. Les données d’IRCC contiennent un certain nombre de renseignements pertinents aux fins de cette étude.

2.3 Caractéristiques examinées

Les données de la CVD ne contiennent qu’un nombre limité de caractéristiques démographiques. En conséquence, la majorité des caractéristiques étudiées ici proviennent des données d’IRCC. Les caractéristiques examinées dans le cadre de cette étude se basent en large part sur celles identifiées dans la littérature. Notons que certaines caractéristiques ne sont disponibles que pour l’un ou l’autre des deux groupes à l’étude.

La liste ci-dessous présente les caractéristiques examinées dans le cadre de cette étude.

Début de l’encadré

Caractéristiques examinées dans le cadre de l’étude

Immigrants récents

  • Catégorie d’immigrant
  • Sexe
  • Âge au jour du recensement
  • Niveau de scolarité à l’établissement
  • Année d’établissement
  • Région de naissance
  • Province de résidence au jour du recensementNote 1
  • Statut de RNP avant l’établissement
  • État matrimonial de fait au jour du recensementNote 1
  • Langue maternelle à l’établissement
  • Connaissance des langues officielles à l’établissement
  • Migration interprovinciale depuis l’établissement

Résidents non permanents

  • Type de permis de résidence temporaire
  • Durée de séjour au pays
  • Sexe
  • Âge au jour du recensement
  • Région de naissance
  • Province de résidence du permis le plus récent
  • Détenteur de plusieurs permis de résidence temporaire
  • Premier permis détenu
  • Langue maternelle au jour du recensementNote 1
  • État matrimonial de fait au jour du recensementNote 1
Note 1

Caractéristiques obtenues de la CVD pour les personnes omises et du recensement pour les personnes dénombrées.

Retour à la référence de note 1 referrer

Fin de l’encadré

Quelques caractéristiques ont été dérivées indirectement.

Le statut de RNP avant l’établissement représente le fait que l’immigrant a déjà détenu un ou plusieurs permis de résidence temporaire avant de s’établir au pays comme immigrant.

La migration interprovinciale des immigrants est obtenue indirectement en comparant la province de résidence d’intention des données d’IRCC à celle de résidence en 2011. Cette approche comporte deux limites. Premièrement, la province d’intention ne reflèterait pas toujours la province d’établissement effective (Bonikowska et coll., 2015). Un peu moins de 10 % des immigrants admis entre 2011 et 2015 qui avaient rempli une déclaration fiscale l’année de leur établissement n’avaient pas la même province de résidence dans les deux sources (Bérard-Chagnon, 2018). Si ce phénomène peut être la conséquence de la mobilité interprovinciale élevée des immigrants récents, il peut aussi résulter d’une différence conceptuelle entre la province d’intention et la province d’établissement effective. Cette situation pourrait contribuer à surestimer un peu la migration interprovinciale en introduisant une « fausse » migration entre la province d’intention et la province d’établissement. Deuxièmement, la période pendant laquelle les immigrants peuvent migrer dépend de l’année d’établissement au pays. Ainsi, les immigrants arrivés en 2006 ont davantage de temps pour changer de province que ceux arrivés quelques mois avant le recensement.

La durée de séjour représente la durée pour laquelle le RNP a un permis temporaire au jour du recensement sans interruption continue de 30 jours, peu importe le type de permis. Cette période correspond à la période utilisée par le PED aux fins du calcul des estimations du solde des RNP.

Un peu plus du quart des RNP de l’échantillon de la CVD possèdent plus d’un permis valide au jour du recensement. Dans ces situations, si ces permis ne sont pas du même type, le type de permis est obtenu en suivant la hiérarchie du PED : demandeur du statut de réfugié, permis de travail, permis d’études ou ministériel.

Les caractéristiques disponibles dans les fichiers d’IRCC correspondent aux caractéristiques au moment de la délivrance du permis. Il est possible que certaines d’entre elles puissent avoir changé entre ce moment et le jour du recensement. Pour cette raison, les résultats obtenus pour des caractéristiques qui peuvent changer rapidement dans le temps, comme la connaissance des langues officielles, doivent être interprétés avec une certaine prudence.

La langue maternelle colligée par la CVD amalgame les langues non officielles en une seule catégorie. Compte tenu des origines très variées des immigrants, cette situation constitue une limite importante pour l’analyse. Pour cette raison, l’information des données d’IRCC a été utilisée pour les immigrants même si elle est aussi disponible dans la CVD. Cependant, pour les RNP, la langue maternelle tirée de la CVD et du recensement a été utilisée du fait que cette information n’est pas disponible dans les fichiers d’IRCC présentement fournis à Statistique Canada.

Finalement, certaines caractéristiques ont été codées différemment pour l’analyse des immigrants et des RNP en raison des répartitions parfois très différentes entre les deux groupes et du nombre d’observations disponibles dans les deux bases.

3. Les immigrants récents omis par le Recensement de 2011

Cette section présente les résultats de l’évaluation des taux d’omission des immigrants récents pour différentes caractéristiques. Il débute par une présentation des taux d’omission pour les caractéristiques examinées dans l’étude. Ensuite, les résultats de modèles de régression construits pour isoler l’effet de chaque facteur sont présentés.

3.1. Taux d’omission par caractéristique

Le tableau suivant rend compte des taux d’omission des immigrants récents selon leurs caractéristiques.


Tableau 3
Distribution des immigrants de la base des immigrants de la CVD et taux d’omission, Canada, 2011
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Distribution des immigrants de la base des immigrants de la CVD et taux d’omission. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Distribution et Taux d’omission, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Caractéristiques Distribution Taux d’omission
pourcentage
CVD de 2011 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 8,3
Base des immigrants 100 17,8
Province de résidenceTableau 3 Note 1
Atlantique 1,9 12,6
Québec 18,6 12,5
Ontario (réf.) 43,2 19,4
Prairies 19,1 18,1
Colombie-Britannique 17,2 20,0
Groupe d’âge au jour du recensement
0 à 9 ans 11,2 14,6
10 à 19 ans 14,2 14,1
20 à 29 ans 18,7 21,0
30 à 39 ans (réf.) 27,0 19,4
40 à 49 ans 16,0 16,2
50 ans ou plus 12,9 18,9
Sexe
Homme 48,0 19,0
Femme (réf.) 52,0 16,7
Région de naissance
Europe (réf.) 16,0 11,8
Afrique 13,7 17,2
Asie ou Océanie 56,4 20 2 Note ***
Amérique du Nord, Centrale ou du Sud 13,9 15,8
État matrimonial de fait au jour du recensement
Célibataire, veuf, séparé ou divorcé 42,9 18,7
Marié ou union libre (réf.) 57,1 16,9
Langue maternelle à l’établissement
Anglais ou français (réf.) 13,0 14,8
Arabe 9,8 22,7
Mandarin 9,4 18,0
Tagalog 9,1 15,0
Pendjabi 7,2 31 1 Note **
Espagnol 6,4 12,2
Autres langues 45,4 16,9
Connaissance des langues officielles à l’établissement
Oui (réf.) 69,0 19,2
Non 31,0 14,9
Niveau de scolarité à l’établissement
Secondaire ou moins 53,3 16,4
Études postsecondaires 14,3 19,8
Études universitaires de premier cycle 22,1 18,5
Études universitaires des cycles supérieurs (réf.) 10,4 21,0
Migration interprovinciale
Non (réf.) 90,2 17,4
Oui 9,8 22,2
Année d’établissement
2006 (réf.) 12,0 11,4
2007 17,7 15,6
2008 19,2 14,6
2009 20,3 13,8
2010 23,5 23 4 Note **
2011 7,4 35 6 Note ***
Catégorie d’immigrant
Économique (réf.) 57,3 19,7
Regroupement familial 28,3 17,0
Réfugiés 14,5 12 3 Note **
Statut de résident non permanent avant l’établissement
N’a jamais été RNP (réf.) 85,2 18,6
A déjà été RNP 14,8 13,6

Certaines caractéristiques des immigrants récents sont statistiquement associées au fait d’être omis.

La région d’origine et la langue maternelle sont étroitement liées au fait d’être omis au Recensement de 2011. Près de 20 % des immigrants nés en Asie ou en Océanie étaient omis au Recensement de 2011, soit une proportion plus élevée sur le plan statistique que celle des immigrants nés en Europe (11,8 %). Ce résultat émane en large part des immigrants nés en Inde (28,2 %). Du même coup, les immigrants dont la langue maternelle est le pendjabi, une langue parlée en Inde et au Pakistan, étaient beaucoup plus susceptibles d’être omis (31,1 %) que ceux dont la langue maternelle était une langue officielle. Ce résultat n’est pas unique au Canada. Les personnes nées en Asie tendaient également à être plus susceptibles d’être omises que le reste de la population dans les recensements australiens de 2006 et de 2011 (Australian Bureau of Statistics, 2007; 2012). Deux facteurs pourraient expliquer ce résultat. Tout d’abord, la maîtrise des langues officielles du Canada pourrait constituer un obstacle particulièrement important pour ces immigrants. Les données du PEICA suggèrent qu’environ 40 % des immigrants établis entre 2002 et 2012 et dont la langue maternelle est le pendjabi pourraient avoir une maîtrise autodéclarée de la langue d’entrevue au mieux passable. Cette situation était le cas pour un peu moins de 30 % des autres immigrantsNote 20. Bien que les questionnaires du recensement soient traduits dans plusieurs langues, les répondants doivent en faire la demande, ce qui pourrait être plus difficile pour les personnes de langue maternelle tierce dont la maîtrise d’une langue officielle est plus faible. De plus, outre les compétences linguistiques, des facteurs culturels pourraient également expliquer la propension plus élevée à être omis pour ces groupes d’immigrants. L’intégration sociale au Canada des sikhs, des bouddhistes et des hindous, des groupes généralement associés au pendjabi, serait plus lente que celle d’autres groupes d’immigrants (Reitz et coll., 2009). Cette étude a examiné différents marqueurs d’intégration sociale comme le sentiment d’appartenance au Canada, le fait de rapporter son identité comme canadienne et le fait d’avoir voté aux dernières élections fédérales au moyen des données de l’Enquête sur la diversité ethnique (EDE). Un des faits saillants de l’analyse est que : « Les musulmans, les sikhs, les bouddhistes et les hindous sont plus lents à s’intégrer socialement [au Canada], principalement car ils sont des groupes de minorités visiblesNote 21. »

La propension à être omis au Recensement de 2011 suit un gradient clair en fonction de l’année d’établissement. Les immigrants qui se sont établis en 2011, soit au plus quelques mois avant le jour du recensement, présentaient un taux d’omission de 35,6 %. Cette proportion est deux fois plus élevée que celle de l’ensemble de la base des immigrants (17,8 %) et quatre fois plus élevée que celle de l’ensemble de l’échantillon de la CVD (8,3 %). Les immigrants qui se sont établis au pays en 2010 affichaient un taux d’omission de 23,4 %. À l’autre bout du spectre, 11,4 % des immigrants qui se sont établis en 2006 étaient omis. Cette proportion se rapproche de celle de l’ensemble de la population. Les immigrants qui se sont établis peu avant le recensement sont généralement moins avancés dans leur processus d’établissement au Canada. Les taux d’omission plus élevés de ces immigrants pourraient être le reflet de cette situation.

Analyser simultanément l’année d’établissement et le fait d’avoir été RNP auparavant jette un nouvel éclairage sur les relations entre l’année d’établissement et le fait d’être omis. De manière générale, les immigrants qui avaient déjà été RNP avant d’obtenir leur permis de résidence permanente tendaient à être un peu moins susceptibles d’être omis que ceux qui n’ont jamais eu de permis de RNPNote 22. Cependant, en considérant aussi l’année d’établissement, les immigrants qui se sont établis en 2008 ou en 2009 et qui avaient été des résidents temporaires auparavant affichaient un taux d’omission de 6,9 % comparativement à 15,4 % pour ceux qui n’avaient jamais été RNP. Bien que les différences ne soient statistiquement significatives que pour deux années, elles tendent à appuyer l’hypothèse évoquée dans le paragraphe précédent.

Fait intéressant, les réfugiés (12,3 %) étaient moins susceptibles d’être omis au Recensement de 2011 que les immigrants issus des catégories économiques (19,7 %). Pourtant, ces immigrants tendent à avoir des caractéristiques différentes de ceux des autres catégories, lesquels sont sélectionnés selon des critères susceptibles de favoriser leur intégration au pays tels que le niveau de scolarité, la connaissance des langues officielles ou la présence de proches au Canada. Deux raisons pourraient expliquer la propension plus faible des réfugiés à être omis. Premièrement, les réfugiés qui ont fait une demande d’asile tendent à être plus souvent en contact avec le gouvernement canadien que les immigrants des autres catégories. Ces contacts se poursuivent généralement après l’obtention de la résidence permanente puisqu’IRCC met en œuvre plusieurs programmes pour aider les réfugiés à s’intégrer à la société canadienne. Certains réfugiés sont aussi parrainés par des particuliers ou des organismes qui peuvent également les aider à s’installer au Canada. Deuxièmement, les réfugiés sont accueillis au Canada comme immigrants en raison d’une crainte fondée de retourner dans leur pays d’origine. Cette situation pourrait favoriser le développement d’un sentiment d’appartenance au Canada différent de celui d’autres groupes d’immigrants. Ce sentiment envers le Canada pourrait contribuer à réduire leur propension à être omis.

Certaines dynamiques associées au fait d’être omis au Recensement de 2011 pour les immigrants récents diffèrent de celles de l’ensemble de la populationNote 23. C’est notamment le cas pour l’âge où les taux d’omission des immigrants oscillaient relativement peu d’un groupe d’âge à l’autre. Ils passaient de 14,1 % chez les immigrants de 10 à 19 ans à 21,0 % chez ceux âgés de 20 à 29 ans. Cependant, pour la population générale, les taux d’omission des adultes dans la vingtaine étaient beaucoup plus élevés que ceux des autres groupes d’âge. En effet, ils surpassaient 15 % chez les individus âgés de 25 à 29 ans, soit près du double du taux d’omission de l’ensemble de la population. Les jeunes adultes sont à une période du cycle de vie qui s’accompagne de plusieurs transitions telles que le départ du foyer parental et l’insertion sur le marché du travail. Ces situations pourraient favoriser le fait de ne pas être dénombré au recensement pour la population en général. Cependant, puisque les immigrants récents sont très souvent dans une période transition, et ce, peu importe leur âge, il est possible que cette caractéristique exerce moins d’influence sur les taux d’omission pour cette sous-population.

3.2. Analyse multidimensionnelle

Le tableau suivant présente les résultats de modèles de régression logistique qui examinent les relations entre les différentes caractéristiques des immigrants récents et le fait d’être omis au Recensement de 2011. Les rapports de cotes des modèles unidimensionnels n’incluent que la caractéristique étudiée tandis que les rapports de cotes du modèle multidimensionnel tiennent compte des autres facteurs.


Tableau 4
Rapports de cotes du fait d’être omis pour la base des immigrants, 2011
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Rapports de cotes du fait d’être omis pour la base des immigrants. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Modèles unidimensionnels et Modèle multidimensionnel, calculées selon rapports de cotes, pourcentage et nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Caractéristiques Modèles unidimensionnels Modèle multidimensionnel
rapports de cotes
Province de résidenceTableau 4 Note 1
Atlantique 0,60 0 55 Note *
Québec 0 60 Note ** 0 49 Note **
Ontario (réf.) 1,00 1,00
Prairies 0,92 0,96
Colombie-Britannique 1,04 1,10
Groupe d’âge au jour du recensement
0 à 9 ans 0,71 0 43 Note **
10 à 19 ans 0,68 0 43 Note ***
20 à 29 ans 1,10 0,93
30 à 39 ans (réf.) 1,00 1,00
40 à 49 ans 0,80 0,78
50 ans ou plus 0,97 0,98
Sexe
Homme 1,17 1,16
Femme (réf.) 1,00 1,00
Région de naissance
Europe (réf.) 1,00 1,00
Afrique 1,55 1,33
Asie ou Océanie 1 90 Note *** 1 69 Note **
Amérique du Nord, Centrale ou du Sud 1,40 2 04 Note *
État matrimonial de fait au jour du recensement
Célibataire, veuf, séparé ou divorcé 1,11 1 93 Note ***
Marié ou union libre (réf.) 1,00 1,00
Langue maternelle à l’établissement
Anglais ou français (réf.) 1,00 1,00
Arabe 1 69 Note * 2 32 Note **
Mandarin 1,26 1,33
Tagalog 1,01 0,69
Pendjabi 2 58 Note *** 2 37 Note **
Espagnol 0,79 0,71
Autres langues 1,16 1,30
Connaissance des langues officielles à l’établissement
Oui (réf.) 1,00 1,00
Non 0 74 Note ** 0 67 Note **
Niveau de scolarité à l’établissement
Secondaire ou moins 0,74 0,99
Études postsecondaires 0,93 1,29
Études universitaires de premier cycle 0,85 0,97
Études universitaires des cycles supérieurs (réf.) 1,00 1,00
Migration interprovinciale
Non (réf.) 1,00 1,00
Oui 1,36 1,33
Année d’établissement
2006 (réf.) 1,00 1,00
2007 1,44 1,51
2008 1,33 1,33
2009 1,24 1,36
2010 2 37 Note *** 2 74 Note ***
2011 4 31 Note *** 5 38 Note ***
Catégorie d’immigrant
Économique (réf.) 1,00 1,00
Regroupement familial 0,84 0,79
Réfugiés 0 57 Note ** 0 59 Note **
Statut de résident non permanent avant l’établissement
N’a jamais été RNP (réf.) 1,00 1,00
A déjà été RNP 0 69 Note * 0 56 Note **
pourcentage
R-carré (Cox et Snell) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 7.4%
nombre
Nombre d’observations (non pondéré) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 2 232

Dans l’ensemble, les résultats du modèle multidimensionnel tendent à refléter ceux de l’analyse descriptive.

En tenant compte de l’effet des autres facteurs, notamment la connaissance des langues officielles à l’établissement, les immigrants récents dont la langue maternelle est le pendjabi et ceux dont le pays de naissance est en Asie ou en Océanie étaient toujours plus susceptibles d’être omis dans le Recensement de 2011. De plus, en tenant compte de l’effet des autres facteurs, les immigrants récents de langue maternelle arabe étaient aussi plus susceptibles d’être omis. Un peu moins du quart de ces immigrants étaient omis en 2011. Ces résultats tendent à renforcer l’hypothèse selon laquelle ces groupes pourraient faire face à des obstacles particuliers qui pourraient expliquer leurs taux d’omission plus élevés.

Les immigrants arrivés en 2010 ou en 2011 étaient toujours beaucoup plus susceptibles d’être omis que ceux arrivés en 2006. De plus, en tenant compte des autres facteurs, les immigrants qui n’étaient pas RNP avant de s’établir au pays comme immigrants étaient aussi plus susceptibles d’être omis. Ces résultats appuient l’hypothèse selon laquelle la durée de la présence au pays, comme résident temporaire ou permanent, est un corrélat important du fait d’être omis au Recensement de 2011.

Les réfugiés demeuraient moins susceptibles d’être omis que les immigrants des catégories économiques. Le contexte dans lequel les réfugiés ont été admis au Canada, leur sentiment d’appartenance au pays et les contacts qu’entretiennent ces immigrants avec le gouvernement canadien et différents organismes pourraient potentiellement diminuer la propension des réfugiés à être omis au recensement.

L’analyse multidimensionnelle révèle aussi que la connaissance des langues officielles est corrélée au fait d’être omis chez les immigrants récents. Cependant, la direction de la relation est particulièrement intéressante. En tenant compte des autres caractéristiques, les immigrants qui ne connaissaient ni le français ni l’anglais à l’établissement étaient moins susceptibles d’être omis que ceux qui connaissaient l’anglais, le français ou les deux langues officiellesNote 24.

Différents éléments pourraient expliquer ce résultat. Tout d’abord, du fait de l’importance capitale de l’apprentissage d’une langue officielle pour s’intégrer au Canada, les immigrants récents sont très nombreux à suivre des formations linguistiques organisées par IRCC ou par différents organismes privés, publics ou communautairesNote 25. Selon les données de l’ELIC , 45 % des immigrants ont mentionné avoir suivi de la formation linguistique en anglais et 10 % en français dans leurs quatre premières années au pays (Grondin, 2007). Les immigrants qui suivent ces formations pourraient être plus exposés aux informations concernant la vie au Canada comme l’obligation de remplir le recensement ou plus enclins à collaborer avec le gouvernement fédéral.

Ensuite, en partie grâce à la formation linguistique, les immigrants récents apprennent généralement rapidement une des deux langues officielles. En conséquence, la connaissance des langues officielles à l’établissement déclarée dans les données d’IRCC pourrait ne pas être totalement représentative du niveau de connaissance au jour du recensement, en particulier pour les immigrants qui affirmaient ne pas connaître le français et l’anglais à l’arrivée. Les données de l’ELIC ont montré que six mois après leur établissement, soit lors du cycle 1, 58 % des immigrants parlaient bien ou très bien l’anglais. Cette proportion a grimpé à près de 70 % à partir du deuxième cycle de l’ELIC , soit deux ans après leur établissement (Grondin, 2007). Des données du Refugee Resettlement Project rendent aussi compte de l’apprentissage rapide des langues officielles par les immigrants quelques années après leur établissement. Selon ces données, qui portent sur des réfugiés d’Asie du Sud-Est, 16,3 % des réfugiés de l’enquête ne parlaient pas anglais au premier passage de l’enquête, soit au plus deux ans après leur arrivée. Cette proportion a chuté à 8,4 % environ quatre ans après leur établissement (Hou et Beiser, 2006).

Le concept de connaissance des langues officielles des données d’IRCC ainsi que sa mesure diffèrent de ceux des renseignements des recensements. Non seulement l’information d’IRCC porte sur la connaissance des langues officielles à l’établissement, mais les immigrants de certaines catégories économiques doivent aussi passer des tests de compétences linguistiques par un organisme approuvé par IRCC afin de démontrer leur maîtrise des langues officiellesNote 26. D’un autre côté, les renseignements des recensements sont une évaluation autodéclarée de la connaissance des langues officielles et sont souvent obtenus par procurationNote 27. Or, la perception de la connaissance des langues officielles de la part des immigrants récents sur une échelle dichotomique comme celle du recensement pourrait ne pas totalement refléter la complexité du processus d’apprentissage d’une langue. Comme il a été mentionné précédemment, les données du PEICA ont montré que plusieurs immigrants récents rapportent un niveau de maîtrise partiel des langues officielles. Il pourrait être possible que certains immigrants considèrent être capables de soutenir une conversation dans une langue officielle pour le recensement, mais n’aient pas obtenu un score suffisant dans les évaluations linguistiques demandées par IRCCNote 28.

Il est aussi possible certains facteurs méthodologiques puissent expliquer ce résultat. À titre d’exemple,  les immigrants récents qui ne connaissaient ni l’anglais ni le français à l’établissement pourraient avoir certaines caractéristiques différentes de celles des autres immigrants qui ne peuvent pas être mesurées au moyen des données utilisées dans cette étude. Cette situation, souvent appelée biais d’omission, peut avoir comme conséquence que certaines associations statistiques n’aillent pas dans la direction attendue (Schuit et coll., 2013).

Notons qu’une situation similaire a été observée dans le NIS (Massey et coll., 2017). Les données de cette enquête américaine ont révélé qu’en tenant compte de plusieurs autres facteurs, la probabilité de répondre à la seconde vague de l’enquête était plus faible chez les immigrants qui affirmaient très bien comprendre l’anglais que chez ceux qui ne le comprenaient pas du tout. L’étude ne fournit toutefois pas d’explication à cette situation.

Si les résultats témoignent de dynamiques différentes pour les immigrants récents, les résultats selon l’âge, l’état matrimonial et la province de résidence étaient aussi le reflet des mécanismes observés pour l’ensemble de la population.

Les résultats du modèle de régression rendent compte de liens entre la probabilité d’être omis et l’âge qui étaient moins perceptibles lors de l’analyse descriptive. Les immigrants récents âgés de 19 ans ou moins étaient moins susceptibles d’être omis que ceux âgés de 30 à 39 ans. Ces résultats tendent à correspondre aux dynamiques observées pour l’ensemble de la population, où les jeunes adultes montraient des taux d’omission généralement très supérieurs à ceux des autres groupes d’âge.

Du même coup, les immigrants qui n’étaient pas en couple au jour du recensement étaient plus susceptibles d’être omis que ceux qui étaient en couple. Ces résultats correspondaient aussi à ce qui est observé relativement au sous-dénombrement dans les recensements canadiens (Statistique Canada, 2015b).

Enfin, l’analyse de régression témoigne aussi du fait que les immigrants qui résidaient au Québec étaient moins susceptibles d’être omis que ceux qui résidaient en Ontario. Le Québec affiche généralement des taux d’omission plus faibles que ceux de la moyenne nationale, ce qui se reflèterait aussi chez les immigrants récents.

4. Les résidents non permanents omis par le Recensement de 2011

Cette section présente les résultats de l’évaluation des taux d’omission des RNP pour différentes caractéristiques. À l’instar de la section précédente, elle débute par une présentation des taux d’omission pour les caractéristiques examinées dans cette étude. Par la suite, les résultats de modèles de régression construits pour isoler l’effet de chaque facteur sont présentés. Du fait de la taille de l’échantillon plus petite, les commentaires de cette section portent non seulement sur les résultats statistiquement significatifs au niveau de confiance de 95 % mais aussi sur ceux significatifs au niveau de 90 %.

4.1. Taux d’omission par caractéristique

Le tableau suivant rend compte des taux d’omission des RNP selon leurs caractéristiques.


Tableau 5
Distribution des RNP de la base des RNP de la CVD et taux d’omission, Canada, 2011
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Distribution des RNP de la base des RNP de la CVD et taux d’omission. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Distribution et Taux d’omission, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Caractéristiques Distribution Taux d’omission
pourcentage
CVD de 2011 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 8,3
Base des RNP 100 43,2
Province de résidenceTableau 5 Note 1
Atlantique 3,7 48,2
Québec 17,9 36,4
Ontario (réf.) 40,0 45,0
Prairies 17,7 40,6
Colombie-Britannique 20,6 47,0
Groupe d’âge
Moins de 20 ans 15,9 46,7
20 à 24 ans 24,1 49 4 Note *
25 à 29 ans 20,1 48,8
30 à 34 ans (réf.) 13,0 31,4
35 ans ou plus 27,0 37,1
Sexe
Homme 49,3 44,6
Femme (réf.) 50,7 41,9
Région de naissance
Europe 21,8 46,4
Afrique 9,6 40,7
Asie ou Océanie 48,7 43,9
États-Unis (réf.) 6,3 48,5
Amérique Centrale ou du Sud 13,7 34,8
État matrimonial de fait au jour du recensement
Célibataire, veuf, séparé ou divorcé 69,0 47 3 Note **
Marié ou union libre (réf.) 31,0 32,7
Langue maternelle au jour du recensementTableau 5 Note 2
Anglais (réf.) 21,7 47,0
Français 9,2 37,0
Langue non officielle 69,1 42,8
Premier permis de RNP
Non (réf.) 63,7 41,7
Oui 36,3 46,0
Détenteur de plusieurs permis
Non (réf.) 71,0 45,0
Oui 29,0 39,1
Durée de séjour au Canada
0 à 6 mois 22,4 53 1 Note *
6 à 12 mois 20,1 50,4
12 à 24 mois 24,4 38,0
24 mois ou plus (réf.) 33,0 36,4
Type de permis
Demandeur du statut de réfugié 20,5 31 5 Note *
Travail (réf.) 52,4 46,2
Études ou ministérielTableau 5 Note 3 27,2 46,5

Si les RNP affichaient un taux d’omission global de plus de 40 % en 2011, les taux fluctuent parfois de manière appréciable en fonction de leurs caractéristiques.

Comme pour l’ensemble de la population, l’âge et l’état matrimonial étaient corrélés au fait d’être omis. Près de la moitié des RNP âgés de 20 à 24 ans étaient omis au Recensement de 2011 comparativement à un peu moins du tiers des RNP âgés de 30 à 34 ans. Aussi, les RNP qui n’étaient pas en couple affichaient un taux d’omission de presque 50 %, soit presque 15 points de pourcentage de plus que les RNP qui étaient en couple.

La propension à être omis suivait un gradient très clair en fonction de la durée de séjour au pays. Plus de la moitié des RNP qui ont obtenu le droit de s’établir temporairement au pays moins de 6 mois avant le jour du recensement étaient omis. D’un autre côté, 36,4 % des RNP qui avaient obtenu le droit de vivre temporairement au pays 2 ans ou plus avant le jour du recensement étaient omis. En raison des règles de résidence mentionnées précédemment, les RNP dont le séjour a débuté peu avant le recensement pourraient être plus susceptibles de considérer que leur résidence principale se trouvait à l’extérieur du pays et de ce fait, ne pas répondre au recensement. Inversement, les RNP dont le permis de séjour est valide depuis au moins 2 ans pourraient davantage considérer que leur lieu habituel de résidence se trouvait au pays. Les RNP qui ont obtenu leur permis peu avant le recensement pourraient aussi être dans une période de transition suite à leur arrivée très récente au pays, ce qui pourrait augmenter le risque d’être omis.

Le type de permis est également lié à la propension à être omis. Les demandeurs du statut de réfugié étaient moins susceptibles d’être omis (31,5 %) que les RNP qui détenaient un permis de travail (46,2 %). Ce résultat pourrait potentiellement s’expliquer de trois façons. Premièrement, les demandeurs du statut de réfugié présentent un profil très différent de celui des autres RNP. Ils étaient notamment plus âgés et plus susceptibles d’avoir le droit de résider au Canada sur une base temporaire depuis longtemps, deux caractéristiques qui défavoriseraient la propension à être omis. Deuxièmement, les demandeurs du statut de réfugié doivent communiquer régulièrement avec le gouvernement canadien pour que leur demande d’asile soit traitée. Pour cette raison, ils pourraient être plus enclins à collaborer avec le gouvernement à d’autres fins, comme pour répondre au recensement. Troisièmement, les demandeurs du statut de réfugié proviennent souvent de pays où leur situation était difficile, de sorte qu’ils pourraient être moins susceptibles à considérer maintenir un lieu habituel de résidence dans leur pays d’origine. Enfin, notons que les résultats observés pour les demandeurs du statut de réfugié et les immigrants de la catégorie des réfugiés sont cohérents par rapport à ceux des autres groupes de RNP et d’immigrants. Ce résultat était attendu du fait que la majorité des demandeurs du statut de réfugié qui obtiennent un permis de résidence permanente l’obtiennent dans la catégorie des réfugiés.

4.2. Analyse multidimensionnelle

Le tableau suivant présente les résultats de modèles de régression logistique qui examinent les relations entre les caractéristiques des RNP et le fait d’être omis au Recensement de 2011. Les rapports de cotes des modèles unidimensionnels n’incluent que la caractéristique étudiée tandis que les rapports de cotes du modèle multidimensionnel tiennent compte des autres facteurs.


Tableau 6
Rapports de cotes du fait d’être omis pour la base des RNP, 2011
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Rapports de cotes du fait d’être omis pour la base des RNP. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Modèles unidimensionnels et Modèle multidimensionnel, calculées selon rapports de cotes, pourcentage et nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Caractéristiques Modèles unidimensionnels Modèle multidimensionnel
rapports de cotes
Province de résidenceTableau 6 Note 1
Atlantique 1,14 0,92
Québec 0,70 0,80
Ontario (réf.) 1,00 1,00
Prairies 0,84 0,72
Colombie-Britannique 1,09 0,91
Groupe d’âge
Moins de 20 ans 1 91 Note * 1,77
20 à 24 ans 2 14 Note ** 1 95 Note *
25 à 29 ans 2 08 Note ** 1 88 Note *
30 à 34 ans (réf.) 1,00 1,00
35 ans ou plus 1,30 1,35
Sexe
Homme 1,12 1,06
Femme (réf.) 1,00 1,00
Région de naissance
Europe 0,92 0,69
Afrique 0,73 0,86
Asie ou Océanie 0,83 0,77
États-Unis (réf.) 1,00 1,00
Amérique Centrale ou du Sud 0,57 0,63
État matrimonial de fait au jour du recensement
Célibataire, veuf, séparé ou divorcé 1 85 Note ** 1 64 Note *
Marié ou union libre (réf.) 1,00 1,00
Langue maternelle au jour du recensementTableau 6 Note 2
Anglais (réf.) 1,00 1,00
Français 0,66 0,77
Langue non officielle 0,84 0,98
Premier permis de RNP
Non (réf.) 1,00 1,00
Oui 1,19 0 60 Note *
Détenteur de plusieurs permis
Non (réf.) 1,00 1,00
Oui 0,78 0,84
Durée de séjour au Canada
0 à 6 mois 1 98 Note *** 2 24 Note **
6 à 12 mois 1 78 Note * 2 09 Note *
12 à 24 mois 1,07 1,11
24 mois ou plus (réf.) 1,00 1,00
Type de permis
Demandeur du statut de réfugié 0 54 Note * 0,53
Travail (réf.) 1,00 1,00
Études ou ministérielTableau 6 Note 3 1,01 0,77
pourcentage
R-carré (Cox et Snell) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 7.0%
nombre
Nombre d’observations (non pondéré) Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 937

Dans l’ensemble, comme en témoignent les rapports de cotes obtenus au moyen des modèles de régression, les facteurs associés au fait d’être omis au Recensement de 2011 demeurent sensiblement similaires à ceux de l’étape descriptive lorsque l’effet des autres facteurs est pris en compte.

En tenant compte des autres facteurs, les répondants âgés de 20 à 24 ans et de 25 à 29 ans présentaient toujours une propension à être omis significativement supérieure sur le plan statistique à celle de ceux âgés de 30 à 34 ans. Il en était de même pour les RNP qui n’étaient pas en couple.

Les liens entre la durée de séjour au pays et les taux d’omission observés à l’étape descriptive demeurent statistiquement significatifs même en tenant compte des autres caractéristiques. Ainsi, les RNP qui avaient obtenu le droit de séjourner temporairement au Canada moins d’un an avant le Recensement de 2011 étaient plus susceptibles d’être omis que ceux qui avaient obtenu ce droit au moins deux ans avant le jour du recensement. Ce résultat renforce l’hypothèse selon laquelle les RNP qui avaient le droit de résider temporairement au Canada depuis moins longtemps seraient plus susceptibles de considérer que leur résidence principale se situe à l’étranger et donc, de ne pas répondre au formulaire censitaire.

Le fait de tenir compte de plusieurs caractéristiques permet aussi de mettre en lumière de nouvelles associations entre certaines caractéristiques et le fait d’être omis au Recensement de 2011.

Les RNP dont le permis de résidence temporaire était leur premier permis étaient moins susceptibles d’être omis que ceux qui ont déjà obtenu d’autres permis dans le passé. Ce résultat diffère de celui observé à l’étape descriptive. À cette étape, 46,0 % des RNP qui détenaient un premier permis étaient omis comparativement à 41,7 % de ceux qui avaient déjà eu d’autres permis dans le passé, une différence qui n’était toutefois pas significative sur le plan statistique. Les RNP qui détenaient leur premier permis se distinguent notamment des autres RNP par le fait qu’ils étaient plus susceptibles d’avoir obtenu le droit de résider au pays sur une base temporaire peu de temps avant la tenue du recensement. En tenant compte des autres facteurs, l’association entre le fait de détenir un premier permis et le fait d’être omis au Recensement de 2011 devient relativement perceptible. Cependant, il est difficile de fournir un élément d’explication pour cette associationNote 29.

Finalement, en tenant compte de l’effet des différents facteurs, les demandeurs du statut de réfugié ne présentaient plus un risque d’omission statistiquement supérieur à celui des RNP qui détiennent un permis de travail. Le fait de tenir compte des caractéristiques spécifiques des RNP de cette catégorie, telles que l’âge et la durée de séjour au pays, pourrait donc expliquer en large part les taux d’omission plus faibles observés pour les demandeurs du statut de réfugié.

Conclusion

Les immigrants récents et les RNP constituent des segments de plus en plus importants de la population canadienne. Bien que les recensements visent une couverture exhaustive de la population, ces deux groupes sont moins susceptibles d’être dénombrés. Cette analyse visait à étudier les facteurs associés au fait d’être omis par le Recensement de 2011 pour les immigrants récents et les RNP au moyen des données de la CVD.

En 2011, selon la CVD, un peu moins de 20 % des immigrants récents et plus de 40 % des RNP ont été omis comparativement à 8,3 % pour l’ensemble de la population. Si les taux d’omission ne représentent pas directement le sous-dénombrement mais plutôt un des éléments du sous-dénombrement, ces résultats sont tout de même un signal clair que ces deux populations pourraient avoir été moins bien couvertes que le reste de la population lors du Recensement de 2011.

Un certain nombre de caractéristiques des immigrants récents et des RNP étaient associées au fait d’être omis.

La présente étude a tout d’abord mis en exergue les liens étroits entre l’année d’établissement et la propension des immigrants récents à être omis. En effet, plus du tiers des immigrants établis en 2011 et près du quart de ceux établis en 2010 étaient omis au Recensement de 2011. Les immigrants qui détenaient un permis de résidence temporaire avant d’être admis comme immigrants étaient aussi un peu moins susceptibles d’être omis en tenant compte de l’effet des autres caractéristiques.

Environ 30 % des immigrants récents dont la langue maternelle était le pendjabi étaient omis au Recensement de 2011. L’analyse multidimensionnelle a aussi mis en lumière la propension plus élevée des immigrants dont la langue maternelle était l’arabe à être omis. Ces résultats pourraient émaner de facteurs culturels spécifiques aux immigrants provenant de certains pays, notamment en matière d’intégration sociale au Canada.

Le contexte dans lequel les immigrants sont admis au pays pourrait aussi influer sur la propension à être omis au recensement. Si un cinquième des immigrants étaient omis en 2011, cette proportion baissait à 12,3 % pour les réfugiés. Ces immigrants fuient des situations très difficiles dans leur pays et tendent à être plus régulièrement en contact avec le gouvernement canadien de sorte qu’ils pourraient donc collaborer plus favorablement avec le gouvernement.

L’analyse multidimensionnelle a permis d’identifier des corrélats supplémentaires de la propension à être omis pour les immigrants récents. Les immigrants qui étaient en couple, qui résidaient au Québec et qui étaient âgés de moins de 20 ans étaient moins susceptibles d’être omis. Ces résultats rappellent ceux qui ont été observés pour l’ensemble de la population canadienne.

La connaissance des langues officielles est un marqueur d’intégration très important à un nouveau pays. Or, les immigrants récents qui affirmaient ne pas parler français ou anglais à l’établissement seraient moins susceptibles d’être omis. Ce résultat pourrait s’expliquer par la participation à des formations linguistiques, qui pourrait exposer ces immigrants à la question du recensement, l’apprentissage d’une langue officielle peu après l’établissement et des différences dans les concepts et la mesure des concepts entre les données censitaires et celles d’IRCC. Il serait très pertinent d’examiner les données de la CVD de 2016 lorsqu’elles seront disponibles afin de vérifier si elles rendent également compte de cette situation.

Du côté des RNP, la durée du permis était liée au fait d’être omis au Recensement de 2011. Effectivement, plus de la moitié de ceux qui avaient obtenu leur permis de résidence temporaire au plus 6 mois avant le recensement étaient omis en 2011. Du fait de leur arrivée très récente au pays, ces RNP pourraient considérer que leur résidence habituelle se situait encore dans leur pays d’origine et donc, ne pas considérer faire partie de l’univers du recensement. À l’opposé, 36,4 % des RNP qui détenaient un permis temporaire depuis au moins 2 ans avant le jour du recensement étaient omis.

Les taux d’omission des RNP surpassaient 45 % pour les RNP qui n’étaient pas en couple. Les RNP âgés dans la vingtaine étaient également plus susceptibles d’être omis. Comme pour les immigrants, ces résultats tendent à refléter ceux de la population en général.

En tenant compte de l’effet des autres facteurs, les RNP qui détenaient un permis temporaire pour la première fois étaient moins susceptibles d’être omis que ceux qui avaient déjà détenu d’autres permis. Ce résultat est difficile à interpréter et pourrait être examiné une seconde fois lorsque les données de la CVD de 2016 seront disponibles. Notons que l’échantillon de la base des RNP a été augmenté en 2016 de sorte que des analyses plus fines pourront être menées pour cette sous-population lorsque les données seront disponibles.

Les demandeurs du statut de réfugié tendaient à être moins omis que les autres RNP. Cependant, l’analyse multidimensionnelle a révélé qu’une partie importante de cette différence pourrait provenir des caractéristiques spécifiques des demandeurs du statut de réfugié, notamment leur durée de séjour au pays.

Les résultats de cette étude ont un certain nombre d’implications analytiques et méthodologiques.

Ils signalent tout d’abord que les données censitaires portant sur les immigrants récents et les RNP comportent certaines lacunes en matière de couverture. Les utilisateurs devraient donc considérer cette situation dans l’interprétation des données. Ainsi, les effectifs des groupes où les taux d’omission sont plus élevés, comme les immigrants arrivés très récemment, pourraient être sous-estimés dans les recensements. Cette situation pourrait aussi causer certains biais pour l’analyse des données, en particulier lorsque ces analyses touchent des groupes précis de la population.

Les résultats de cette étude signalent aussi que la période d’arrivée au pays serait un corrélat majeur du fait d’être omis tant pour les immigrants récents que pour les RNP. Ce résultat réaffirme que l’intégration sociale à un nouveau pays, dans laquelle il pourrait être possible d’inclure la participation au recensement, est un processus graduel et que ces deux groupes démographiques font face à plusieurs défis à ce sujet.

Les enjeux de couverture sont spécialement importants pour les RNP. Certains résultats de cette étude, notamment pour la durée de séjour au Canada, appuient l’hypothèse selon laquelle les taux d’omission plus élevés chez les RNP pourraient être en partie le fait des règles de résidence du recensement. Ces règles pourraient être plus difficiles à appliquer pour cette sous-population. Cette zone d’ombre pourrait être explorée davantage afin de clarifier la définition de l’univers du recensement pour les prochains recensements, par exemple en modifiant les règles de résidence ou la façon de les présenter aux répondants.

De plus, il pourrait être pertinent dans une prochaine étude d’examiner la relation entre la propension à être omis et la date de fin du permis chez les RNP dans une prochaine étude. Il est possible que les RNP dont le permis se termine peu après le recensement et qui n’ont pas l’intention d’obtenir un autre permis se sentent moins concernés par le recensement et de ce fait, soient plus susceptibles d’être omis.

Les erreurs de couverture des recensements se divisent en deux parties : le sous-dénombrement et le surdénombrement. Cette étude examinait les taux d’omission, qui constituent le principal élément du sous-dénombrement. Elle ne permet donc pas d’obtenir un compte censitaire rajusté pour les immigrants récents et les RNP. À ce sujet, Castonguay (2005) a proposé un ajustement des données linguistiques pour le sous-dénombrement net. Cette étude a suggéré que l’effet des erreurs de couverture sur la composition linguistique du Québec pourrait être appréciable. En outre, l’étude de Castonguay signale que les erreurs de couverture pourraient aussi avoir un certain effet sur les autres caractéristiques mesurées par les recensements, comme le niveau de scolarisation. Un examen des mécanismes associés au surdénombrement et aux autres éléments du sous-dénombrement pour ces deux groupes serait aussi un exercice pertinent pour rendre compte des deux types d’erreurs de couverture.

Plusieurs agences statistiques, dont Statistique Canada, examinent de plus en plus le potentiel des données administratives pour appuyer ou remplacer certaines opérations liées aux recensements (Statistique Canada, 2017b). Les immigrants récents et les RNP constituent sans doute deux des franges démographiques les plus susceptibles d’être omises dans les recensements canadiens pour lesquelles des données administratives relativement complètes sont disponibles. L’aspect légal des permis de résidence permanente et temporaire fait en sorte qu’ils couvrent très bien ces deux populations. Cependant, les permis d’IRCC possèdent aussi des limites importantes pour mesurer la population. Ainsi, les données sur les permis de résidence temporaire renseignent notamment sur les permis délivrés et non sur le nombre de titulaires, lesquels peuvent arriver au Canada après l’obtention du permis ou quitter avant la fin du permis. D’un autre côté, les permis de résidence permanente renseignent sur la province de destination attendue de l’immigrant et non sur celle où il s’est établi dans les faits. Par ailleurs, pour le moment, ces données ne contiennent pas le lieu de résidence spécifique du détenteur du permis. Dans ce contexte, il convient donc de se demander comment ces données administratives pourraient appuyer les opérations du recensement pour ces deux segments de la population.

Finalement, les recensements sont régulièrement utilisés pour obtenir des renseignements sur la migration internationale qui sont comparables d’un pays à l’autre (Nations Unies, 2017 : §84). Or, le fait que les immigrants récents et que les RNP soient plus souvent omis que le reste de la population réaffirme l’importance des défis de mesure associés à la migration internationale. Dans un contexte où ces dynamiques pourraient gagner en importance et en complexité, une mesure précise de l’immigration récente et de l’immigration temporaire devient de plus en plus cruciale pour éclairer le débat public, élaborer des politiques appropriées et établir des comparaisons internationales.

Annexes

Univers de la population du Recensement de 2011

L'univers de la population (la population cible) du Recensement de 2011 comprenait les groupes suivants (Statistique Canada, 2015b) :

Aux fins du recensement, ces trois derniers groupes de personnes sont des « résidents non permanents ». Ils sont inclus depuis 1991.

Taux d’omission au Recensement de 2011


Tableau A.1
Taux d’omission pour quelques caractéristiques démographiques, 2011
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux d’omission pour quelques caractéristiques démographiques. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Taux d’omission et Erreur-type, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Caractéristiques Taux d’omission Erreur-type
pourcentage
Provinces 8,3 0,1
Province de résidence
Terre-Neuve-et-Labrador 7,1 0,5
Île-du-Prince-Édouard 7,1 0,6
Nouvelle-Écosse 7,7 0,5
Nouveau-Brunswick 6,6 0,4
Québec 6,5 0,3
Ontario 8,4 0,3
Manitoba 8,2 0,4
Saskatchewan 10,4 0,5
Alberta 9,7 0,4
Colombie-Britannique 10,1 0,4
Groupe d’âge
0-4 ans 7,4 0,5
5-9 ans 6,6 0,6
10-14 ans 6,6 0,6
15-19 ans 9,0 0,6
20-24 ans 14,3 0,6
25-29 ans 15 0,7
30-34 ans 11,8 0,6
35-39 ans 9,5 0,7
40-44 ans 8,0 0,6
45-49 ans 7,6 0,6
50-54 ans 6,3 0,6
55-59 ans 5,4 0,6
60-64 ans 5,0 0,5
65-69 ans 6,7 1,0
70-74 ans 4,4 0,7
75-79 ans 4,0 0,6
80-84 ans 6,7 1,1
85 ans ou plus 9,2 1,3
Sexe
Homme 9,4 0,2
Femme 7,2 0,2

Connaissance des langues officielles

Les tableaux suivants rendent compte des différences dans la connaissance des langues officielles entre les données de la CVD et du Recensement de 2011.

Graphique A.1

Tableau de données du graphique A.1 
Tableau de données du graphique A.1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique A.1. Les données sont présentées selon (titres de rangée) et Données d'IRCC (immigrants dénombrés), Données d'IRCC (immigrants omis), Recensement de 2011, Pourcentage et Intervalle de confiance de 95 %(figurant comme en-tête de colonne).
Données d'IRCC (immigrants dénombrés) Données d'IRCC (immigrants omis) Recensement de 2011
Pourcentage Intervalle de confiance de 95 % Pourcentage Intervalle de confiance de 95 % Pourcentage Intervalle de confiance de 95 %
Inférieur Supérieur Inférieur Supérieur Inférieur Supérieur
Anglais 52,1 49,8 54,4 58,1 52,1 64,1 68,6 66,5 70,7
Français 6,1 4,8 7,4 3,4 0,6 6,2 7,4 6,1 8,7
Français et anglais 9,7 8,2 11,2 12,6 8,1 17,1 12,9 11,2 14,6
Ni français ni anglais 32,1 29,9 34,3 25,9 21 30,8 11,2 9,7 12,7

Graphique A.2

Tableau de données du graphique A.2 
Tableau de données du graphique A.2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique A.2 Anglais, Français, Français et anglais et Ni français ni anglais, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Anglais Français Français et anglais Ni français ni anglais
pourcentage
Anglais 90,3 0,4 4,5 4,9
Français 2,1 54,6 43,3 0,0
Français et anglais 17,4 13,1 66,5 3,0
Ni français ni anglais 61,5 8,0 4,4 26,1

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