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Les langues autochtones et certains facteurs de vitalité en 2011
Les langues autochtones et certains facteurs de vitalité en 2011
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par Stéphanie Langlois et Annie Turner
- Résumé
- Introduction
- Quelques résultats du Recensement de la population de 2011
- Quelques résultats de l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011
- Les plus récentes sources de données sur les langues autochtones à Statistique Canada
- Conclusion
- Remerciements
- Références
- Notes
Nota
Un article semblable a été rédigé pour le compte rendu du 17e Congrès de la Fondation des langues menacées (Foundation for endangered languages; FEL) et s’appuyait sur deux autres documents déjà publiés par Statistique Canada. Le 17e Congrès de la Fondation a eu lieu à l’Université Carleton à Ottawa en octobre 2013. Des changements mineurs et des modifications à la présentation ont été apportés à l’article par rapport à la version publiée dans le compte rendu. Le compte rendu du 17e Congrès n’est publié qu’en anglais. Toutefois, cette nouvelle version modifiée est offerte en français et en anglais.
Résumé
Plusieurs des quelque soixante langues autochtones au Canada sont considérées comme menacées à divers degrés pour leur survie à long terme. L’évaluation de la vitalité linguistique, voire du risque de disparition d’une langue, par la mesure de différents facteurs peut fournir des renseignements utiles pour aider à assurer la continuité d’une langue. Le présent document illustre comment le Recensement de la population de 2011 et l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011 peuvent être utilisés pour mesurer certains des facteurs qui nous renseignent sur la vitalité des langues autochtones. Par exemple, 213 490 personnes ont déclaré une langue maternelle autochtone dans le Recensement de la population de 2011. Les langues cries, l’inuktitut et l’ojibwé étaient les langues autochtones les plus fréquemment déclarées. Cependant, bien des langues autochtones ont été déclarées comme langue maternelle par moins de 500 personnes. D’après l’ENM de 2011, environ un Autochtone sur six peut soutenir une conversation dans une langue autochtone. En outre, plus de 52 000 Autochtones pouvaient soutenir une conversation dans une langue autochtone différente de leur langue maternelle, ce qui porte à croire que ces personnes avaient acquis une langue autochtone comme langue seconde. Une analyse plus approfondie de la vitalité des langues autochtones peut être effectuée au moyen de ces deux sources de données, ainsi que de l’Enquête auprès des peuples autochtones de 2012.
Introduction
Plus de 60 langues autochtones sont parlées au Canada à l’heure actuelle. Cependant, bon nombre de ces langues sont considérées comme menacées à divers degrés pour leur survie à long terme (Lewis et coll., 2013; UNESCO, 2010; Norris, 1998).
Les langues autochtones sont d’une grande importance pour l’identité de plusieurs Premières Nations, Inuits et Métis (Patrimoine canadien, 2005). De plus, la Commission royale sur les peuples autochtones (CRPA) de 1996 a conclu que la redynamisation des langues autochtones est essentielle à la santé globale des personnes et des collectivités (CRPA, 1996).
L’évaluation de la vitalité linguistique ou du risque de disparition d’une langue peut fournir des renseignements utiles pour aider à assurer la survie d’une langue. Un certain nombre d’indicateurs ont été proposés et utilisés pour mesurer la vitalité des langues. Par exemple, l’UNESCO (2003) et Ethnologue: Languages of the World (Lewis et coll., 2013) relèvent plusieurs facteurs pour évaluer la vitalité et le risque de disparition d’une langue. Voici quelques exemples de ces facteurs : transmission intergénérationnelle d’une langue, nombre absolu de locuteurs, stabilité et tendances de la taille de la population, fourchette d’âge des locuteurs, proportion de locuteurs par rapport à la population totale, utilisation de la langue dans différents domaines, attitudes des membres de la collectivité à l’égard de leur propre langue, tendances relatives à la résidence et à la migration des locuteurs et information sur l’utilisation de langues secondes.
Dans des documents portant plus précisément sur les langues autochtones au Canada, Norris (1998; 2007) a examiné plusieurs facteurs qui différencient les langues viables des langues menacées de disparition, notamment les suivants : taille de la population ayant une langue maternelle autochtone, indice de continuité, indice d’habileté ou d’acquisition d’une langue seconde, âge moyen de la population connaissant une langue autochtone et de la population ayant une langue autochtone comme langue maternelle ou langue parlée à la maison, et lieu de résidence.
Puisque la vitalité linguistique ne devrait pas être évaluée au moyen d’un seul facteur, l’UNESCO (2003) recommande l’utilisation d’un ensemble de facteurs pour évaluer la situation d’une langue.
En s’inspirant des résultats déjà diffusés dans le passéNote 1, le présent document illustre comment le Recensement de la population de 2011 et l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011 peuvent être utilisés pour mesurer certains de ces facteurs en vue de fournir des renseignements au sujet de la vitalité des langues autochtones au Canada. Seuls certains facteurs, comme la taille de la population de langue maternelle de diverses langues autochtones, et la proportion d’Autochtones qui ont déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone, sont présentés dans ce document. D’autres facteurs de vitalité pourraient également être mesurés au moyen de ces deux sources de données dans les recherches à venir.
Les comparaisons historiques sont utiles pour comprendre l’évolution de diverses langues autochtones au fil du temps pour ce qui est de la taille et de la composition de la population. Quelques comparaisons avec le Recensement de la population de 2006 sont fournies dans le document, mais les comparaisons portant sur une période donnée sont pour la plupart en dehors de la portée du document, puisqu’elles nécessiteraient une analyse plus détaillée tenant compte d’un certain nombre de facteurs complexes.
Quelques résultats du Recensement de la population de 2011Note 2
Plus de 60 langues autochtones déclarées en 2011
Le Recensement de la population de 2011 a permis de dénombrer plus de 60 langues autochtones regroupées en 12 familles linguistiques distinctes, ce qui démontre la diversité des langues autochtones au Canada.
Selon le Recensement de 2011, 213 490 personnes ont déclaré une langue maternelle autochtone et 213 350 personnes ont déclaré parler une langue autochtone le plus souvent (132 920) ou régulièrement à la maison (80 430)Note 3,Note 4.
Les langues cries, l'inuktitut et l'ojibwé sont les langues autochtones les plus fréquemment déclarées
Malgré la diversité des langues autochtones au Canada, trois d'entre elles (les langues cries, l'inuktitut et l'ojibwé) représentaient près des deux tiers de la population ayant pour langue maternelle une langue autochtone. Les dix langues autochtones les plus souvent déclarées représentaient près de 90 % de la population ayant pour langue maternelle une langue autochtone.
Les effectifs des différents groupes de langues maternelles autochtones varient d’une langue à l’autre (tableau 1). Les langues cries étaient de loin les plus souvent déclarées comme langue maternelle autochtone, plus de 83 000 personnes ayant déclaré qu’une des langues cries était leur langue maternelle en 2011. L’inuktitut (34 110) et l’ojibwé (19 275) se trouvaient au deuxième rang et au troisième rang des langues autochtones ayant les plus grands effectifs.
Le déné (11 860), l’innu/le montagnais (10 965) et l’oji-cri (10 180) étaient les autres langues autochtones ayant une population de langue maternelle de 10 000 personnes ou plus.
En 2011, au moins 25 langues autochtones ont été déclarées comme langue maternelle par moins de 500 personnes. Le nombre absolu de locuteurs est un des facteurs mentionnés par l’UNESCO pour évaluer la vitalité d’une langue, mais il est difficile de déterminer un seuil précis (UNESCO, 2003). Cependant, les langues parlées par un plus grand nombre de personnes ont plus tendance à survivre à long terme que les langues parlées par un bassin restreint de locuteurs (Norris, 1998).
Les dix langues autochtones les plus déclarées comme langue maternelle | Population |
---|---|
1. Langues criesNote 1 | 83 475 |
2. Inuktitut | 34 110 |
3. Ojibwé | 19 275 |
4. Déné | 11 860 |
5. Innu/montagnais | 10 965 |
6. Oji-cri | 10 180 |
7. Mi'kmaq | 8 030 |
8. Atikamekw | 5 915 |
9. Pied-noir | 3 250 |
10. Stoney | 3 155 |
Regroupement des langues autochtones selon trois tailles d’effectifs de la population de langue maternelle Langues autochtones ayant une population de langue maternelle entre 1 000 à moins de 3 000 personnes Tlicho (flanc-de-chien); algonquin; esclave, n.d.a.; porteur; dakota
Langues autochtones ayant une population de langue maternelle entre 500 à moins de 1 000 personnes Chilcotin, gitksan, shuswap (secwepemctsin), mitchif, inuvialuktun, naskapi, nisga'a, halkomelem, mohawk et esclave du Sud.
Langues autochtones ayant une population de langue maternelle de moins de 500 personnesNote 2 Kwakiutl (kwak'wala), malécite, thompson (ntlakapamux), inuinnaqtun, gwich'in, castor, okanagan, nootka (nuu-chah-nulth), lillooet, kaska (nahani), tsimshian, cayuga, esclave du Nord (lièvre), tutchone du Nord, oneida, straits, sarsi, haisla, tutchone du Sud, wetsuweten, tahltan, tlingit, kutenai, heiltsuk, haïda, sekani, squamish et tutchone, n.d.a.
Source : Statistique Canada, Recensement de la population, 2011. |
La majorité des personnes déclarant une langue maternelle autochtone parlent cette langue à la maison
Parmi la population ayant déclaré avoir une langue maternelle autochtone, 82,2 % des personnes ont également déclaré parler cette langue à la maison : 58,1 % parlaient cette langue le plus souvent alors que 24,1 % parlaient cette langue régulièrement en plus de celle qu'elles parlaient le plus souvent. Ces proportions diffèrent parmi les dix langues maternelles autochtones les plus fréquemment déclarées.
Par exemple, des quelque 6 000 personnes qui ont déclaré avoir comme langue maternelle l'atikamekw, 97,2 % parlaient cette langue à la maison (91,7 % le plus souvent et 5,5 % régulièrement). De même, environ 95 % des personnes dont les langues maternelles étaient l'innu/le montagnais ou l'inuktitut, et environ 90 % de celles dont les langues maternelles étaient l'oji-cri ou le déné, parlaient ces langues le plus souvent ou régulièrement à la maison (graphique 1).
Bien que certaines personnes ayant une langue autochtone comme langue maternelle n'aient pas déclaré parler cette langue le plus souvent à la maison, bon nombre d'entre elles parlaient tout de même cette langue régulièrement à la maison. Par exemple, 28,9 % des personnes dont la langue maternelle était le pied-noir ont déclaré parler cette langue le plus souvent à la maison, tandis que 35,2 % ont déclaré parler cette langue régulièrement, en plus de celle qu'elles parlaient le plus souvent.
Parmi les quelque 50 autres langues autochtones, la plupart étaient parlées à la maison par 30 % à 60 % des personnes qui les ont déclarées comme langues maternelles. Elles étaient en général parlées régulièrement à la maison en plus de la langue principale (comme l'anglais ou le français). Toutefois, certaines exceptions sont dignes de mention. Par exemple, 90,2 % des personnes ayant déclaré le naskapi et 54,8 % des personnes ayant déclaré le tlicho (flanc-de-chien) comme langue maternelle les parlaient le plus souvent à la maison.
L'utilisation des langues autochtones à la maison diffère selon le lieu de résidence
En 2011, la proportion de personnes ayant une langue maternelle autochtone qui parlaient leur langue à la maison différait selon le lieu de résidence. Plus particulièrement, les personnes étaient plus susceptibles de parler leur langue maternelle autochtone à la maison lorsqu'elles vivaient dans une subdivision de recensement (SDR)Note 5 ayant une proportion élevée de la population dont la langue maternelle était une langue autochtone.
Dans les SDR ayant des proportions élevées de personnes ayant déclaré avoir une langue maternelle autochtone, la plupart (96,8 %) des personnes ayant une langue maternelle autochtone parlaient cette langue à la maison (86,5 % le plus souvent et 10,3 % régulièrement) (graphique 2).
À l'inverse, les personnes étaient moins susceptibles de parler leur langue maternelle autochtone à la maison dans les SDR affichant des proportions faibles de personnes ayant déclaré avoir une langue maternelle autochtone. Dans ces SDR, 63,0 % des personnes ayant une langue maternelle autochtone ont déclaré parler leur langue à la maison (27,7 % le plus souvent et 35,3 % régulièrement).
Quelques résultats de l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011Note 6
Environ un Autochtone sur six peut soutenir une conversation dans une langue autochtone
D'après l'Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011, 240 815 Autochtones, ou 17,2 % de la population qui ont déclaré avoir une identité autochtoneNote 7, ont répondu qu'ils pouvaient soutenir une conversation dans une langue autochtoneNote 8,Note 9 (tableau 2). En comparaison, cette proportion s'élève à 21,0 %Note 10 selon les données du Recensement de la population de 2006. Entre 2006 et 2011, le nombre d'Autochtones ayant déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone a diminué de 2,0 %, tandis que la population d'identité autochtone a augmenté de 20,1 %.
Dans les trois groupes autochtonesNote 11 (Premières NationsNote 12, Métis et Inuits), la plus forte proportion ayant déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone a été observée chez les Inuits. En 2011, 63,7 % des Inuits ont déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone, surtout l'inuktitut. La proportion était de 22,4 % parmi les Premières Nations, et de 2,5 % parmi les Métis.
En plus de s'intéresser à la capacité de soutenir une conversation dans une langue autochtone, l'ENM a recueilli des renseignements sur la langue maternelle et la langue parlée à la maison, afin de donner un portrait plus complet des caractéristiques linguistiques de la population autochtone.
En 2011, 14,5 % de la population autochtone a déclaré une langue autochtone comme langue maternelle. De plus, 14,0 % des Autochtones ont déclaré parler une langue autochtone à la maison : 8,5 % la parlaient le plus souvent, tandis que 5,5 % la parlaient régulièrement, en plus de la langue qu'ils parlaient le plus souvent.
Certaines catégories d'identité autochtone | Capacité de soutenir une conversation dans une langue autochtone | Langue autochtone comme langue maternelle |
---|---|---|
Proportion (%) de la population | ||
Population totale d'identité autochtone | 17,2 | 14,5 |
Premières Nations – Identité unique | 22,4 | 18,7 |
Métis – Identité unique | 2,5 | 1,8 |
Inuits – Identité unique | 63,7 | 58,7 |
Source : Statistique Canada, Enquête nationale auprès des ménages, 2011. |
Certains Autochtones acquièrent une langue autochtone comme langue seconde
Les Autochtones étaient plus nombreux à avoir déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone qu'à avoir une langue autochtone comme langue maternelle. En 2011, 240 815 Autochtones ont déclaré qu'ils pouvaient soutenir une conversation dans une langue autochtone, tandis que 202 495 Autochtones ont déclaré avoir une langue autochtone comme langue maternelle. Ce résultat suppose que certains Autochtones ont acquis une langue autochtone comme langue seconde.
Parmi les 240 815 Autochtones qui ont déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone, 188 540 ou 78,3 % ont déclaré cette même langue comme leur langue maternelle.
Les autres 52 275, ou 21,7 % ont déclaré une langue différente, tel l'anglais ou le français, comme langue maternelle, ce qui porte à croire que ces personnes ont acquis une langue autochtone comme langue seconde. La proportion était de 35,3 % pour les Métis, de 23,1 % pour les Premières Nations et de 10,2 % pour les Inuits (tableau 3).
D'après l'ENM de 2011, 4 305 non-Autochtones ont déclaré connaître une langue autochtone. La plupart d'entre eux (80,5 %) ne l'ont pas déclarée comme langue maternelle et l'ont donc acquise comme langue seconde.
Certaines catégories d'identité autochtone | Personnes pouvant soutenir une conversation dans une langue autochtone qui n’est pas leur langue maternelle | |
---|---|---|
nombreNote 1 | % | |
Population totale d'identité autochtone | 52 275 | 21,7 |
Premières Nations – Identité unique | 44 140 | 23,1 |
Métis – Identité unique | 3 975 | 35,3 |
Inuits – Identité unique | 3 845 | 10,2 |
Population d'identité non autochtone | 3 465 | 80,5 |
|
Moins d'un Autochtone sur dix ayant déclaré une langue maternelle autochtone a perdu sa capacité de soutenir une conversation dans cette langue
Parmi les 202 495 Autochtones qui ont déclaré une langue autochtone comme langue maternelle, 13 955 ou 6,9 % ne pouvaient plus soutenir une conversation dans cette langue, même s'ils la comprenaient encoreNote 13 (tableau 4).
La proportion était de 12,0 % pour les Métis, de 7,6 % pour les Premières Nations et de 2,5 % pour les Inuits. En outre, les non-Autochtones qui ont déclaré une langue autochtone pour langue maternelle étaient plus susceptibles de perdre leur capacité de soutenir une conversation dans leur langue maternelle, 33,1 % d'entre eux ne pouvant plus soutenir une conversation dans cette langue.
Certaines catégories d'identité autochtone | Personnes ne pouvant pas soutenir une conversation dans leur langue maternelle autochtone | |
---|---|---|
nombreNote 1 | % | |
Population totale d'identité autochtone | 13 955 | 6,9 |
Premières Nations – Identité unique | 12 010 | 7,6 |
Métis – Identité unique | 995 | 12,0 |
Inuits – Identité unique | 875 | 2,5 |
Population d'identité non autochtone | 415 | 33,1 |
|
Parmi les Premières Nations, environ une personne sur cinq peut soutenir une conversation dans une langue autochtone
En 2011, 191 010 Premières Nations ont déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone, soit 22,4 % de la population des Premières Nations. Cette proportion était inférieure de 5,6 points de pourcentageNote 14 au nombre déclaré lors du Recensement de la population de 2006. Entre 2006 et 2011, le nombre de personnes des Premières Nations ayant déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone a diminué de 1,8 %, tandis que le nombre total de personnes des Premières Nations a augmenté de 22,9 %.
Parmi les plus de 60 langues autochtones dans lesquelles les Premières Nations ont déclaré pouvoir soutenir une conversation, les langues cries étaient les plus souvent déclarées. Environ 87 600 Premières Nations ont déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une de ces langues cries, suivis de 23 880 qui ont déclaré l'ojibwé, 11 135 qui ont déclaré l'innu/le montagnais, 10 725 qui ont déclaré le déné et 10 120 qui ont déclaré pouvoir soutenir une conversation en oji-cri. Ces cinq langues autochtones représentaient 75,1 % de la population des Premières Nations ayant déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone.
Les Premières Nations qui ont déclaré avoir le statut d'Indien inscritNote 15 étaient plus susceptibles de pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone que celles qui n'étaient pas des Indiens inscrits. En 2011, 29,2 % des 637 660 Premières Nations ayant le statut d'Indien inscrit étaient capables de le faire, comparativement à 2,2 % des 213 900 Premières Nations qui n'étaient pas des Indiens inscrits (tableau 5).
En outre, 44,7 % des Premières Nations ayant le statut d'Indien inscrit et vivant dans les réservesNote 16 ont déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone, une proportion trois fois supérieure à celle de 14,1 % parmi les Premières Nations ayant le statut d'Indien inscrit et vivant hors réserve.
Certains groupes de population des Premières Nations | Personnes déclarant pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone | |
---|---|---|
nombre | % | |
Population totale des Premières Nations | 191 010 | 22,4 |
Indien inscrit ou des traités | 186 210 | 29,2 |
Vivant dans les réserves | 140 660 | 44,7 |
Vivant hors réserve | 45 545 | 14,1 |
Pas un Indien inscrit ou des traités | 4 795 | 2,2 |
Source : Statistique Canada, Enquête nationale auprès des ménages, 2011. |
Moins de 3 % des Métis peuvent soutenir une conversation dans une langue autochtone
En 2011, 11 255 Métis, ou 2,5 % de la population métisse, ont déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone, comparativement à 3,5 % selon le Recensement de la population de 2006. Entre 2006 et 2011, le nombre de Métis qui ont déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue autochtone a diminué de 17,9 %, tandis que la population métisse a augmenté de 16,3 %.
L'ENM a enregistré plus de 20 langues autochtones dans lesquelles les Métis ont déclaré pouvoir soutenir une conversation. Les langues autochtones parlées par le plus grand nombre de Métis étaient les langues cries, déclarées par 7 110 personnes. Suivaient 2 080 personnes ayant déclaré pouvoir soutenir une conversation en déné, 940 en mitchif et 805 en ojibwé. Ces quatre langues autochtones représentaient 97,2 % de la population métisse ayant déclaré parler une langue autochtone assez bien pour soutenir une conversation.
Près de deux Inuits sur trois peuvent soutenir une conversation dans une langue inuite
En 2011, 37 615 Inuits, ou 63,3 % de la population inuite, ont déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue inuite. Dans le Recensement de la population de 2006, cette proportion était de 68,8 %. Entre 2006 et 2011, le nombre d'Inuits ayant déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue inuite a augmenté de 8,6 %, un rythme plus lent que la croissance de 18,1 % de la population inuite.
La langue inuite parlée par le plus grand nombre d'Inuits était l'inuktitut. Environ 36 050 Inuits ont déclaré pouvoir soutenir une conversation en inuktitut. Suivaient 675 Inuits ayant déclaré pouvoir parler l'inuinnaqtun, 625, l'inuvialuktun et 285, une autre langue inuite.
L'inuktitut représentait 95,8 % de la population inuite ayant déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue inuite. Relativement peu d'Inuits (moins de 400) parlaient d'autres langues autochtones, comme le cri (150) et l'innu/le montagnais (95).
La proportion d'Inuits ayant déclaré pouvoir soutenir une conversation dans une langue inuite était différente dans l'Inuit NunangatNote 17 (tableau 6). Pratiquement tous les Inuits (99,1 %) vivant au Nunavik pouvaient soutenir une conversation dans une langue inuite. Au Nunavut, près de neuf Inuits sur dix pouvaient parler une langue inuite assez bien pour soutenir une conversation dans cette langue.
Les Inuits vivant au Nunatsiavut (24,9 %) et dans la région inuvialuite des Territoires du Nord-Ouest (20,1 %) étaient moins nombreux à avoir déclaré connaître une langue inuite. À l'extérieur de l'Inuit NunangatNote 18, un Inuit sur dix a déclaré parler une langue inuite assez bien pour soutenir une conversation.
Région de résidence – Inuit Nunangat | Inuits déclarant pouvoir soutenir une conversation dans une langue inuite | |
---|---|---|
nombre | % | |
Population inuite totale | 37 615 | 63,3 |
Inuit Nunangat | 35 995 | 82,8 |
Nunatsiavut | 580 | 24,9 |
Nunavik | 10 660 | 99,1 |
Nunavut | 24 090 | 89,0 |
Région inuvialuite | 665 | 20,1 |
À l'extérieur de l'Inuit NunangatNote 1 | 1 625 | 10,2 |
|
Les plus récentes sources de données sur les langues autochtones à Statistique Canada
Recensement de la population de 2011 et Enquête nationale auprès des ménages de 2011
Le Recensement de la population de 2011 fournit des données sur les langues autochtones comme langue maternelle et langue parlée à la maison pour la population totale. Pour la première fois en 2011, trois questions sur la langue (connaissance des langues officielles, langue parlée à la maison et langue maternelle) ont été posées dans le questionnaire du recensement qui a été distribué à 100 % de la population. Les données linguistiques et les analyses publiées pour tous les recensements depuis 1996 étaient fondées presque exclusivement sur les réponses obtenues du questionnaire du recensement complet distribué à 20 % de la population.
En 2011, Statistique Canada a mené pour la première fois l'Enquête nationale auprès des ménages (ENM). Cette enquête, autoadministrée et à participation volontaire, a été instaurée en remplacement du questionnaire complet du recensement. Environ 4,5 millions de ménages à travers le pays ont été sélectionnés pour l'ENM, ce qui représentait environ le tiers de tous les ménages. L’ENM fournit des données sur les langues autochtones comme langue maternelle, langue parlée à la maison et langue de travail, ainsi que des données sur la connaissance des langues autochtones pour la population des ménages privés. Les données linguistiques pour la population autochtone ne peuvent être obtenues que de l’ENM.
Enquête auprès des peuples autochtones de 2012
Les données de l’Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2012 ont été publiées en novembre 2013, alors que l’analyse pour ce document était déjà terminée. L’EAPA de 2012 recueillait l’information suivante sur la langue : capacité de parler et de comprendre une langue autochtone selon l’évaluation de la capacité (seulement quelques mots, avec effort, relativement bien ou très bien), importance de parler et de comprendre une langue autochtone, fréquence de l’exposition à une langue autochtone à la maison et à l’extérieur de la maison et première(s) langue(s) apprise(s) à la maison pendant l’enfance. La population cible comprend toutes les personnes vivant au Canada qui avaient six ans et plus en date du 1er février 2012, et qui se sont identifiées comme Autochtones dans l’ENM de 2011. Sont exclues de cette population les personnes qui vivent dans les réserves dans les provinces et dans certaines collectivités des Premières Nations dans les territoires.
Conclusion
Le présent document renferme des données sur certains des facteurs liés à la vitalité linguistique pour plusieurs langues autochtones au Canada, comme la taille de la population de langue maternelle, la rétention linguistique à la maison, le lieu de résidence et la proportion de locuteurs au sein de la population de chaque groupe autochtone.
Le Recensement de 2011 et l’ENM de 2011 peuvent également fournir des données sur d’autres facteurs de vitalité linguistique, comme la transmission intergénérationnelle des langues, l’âge des locuteurs et la langue de travail. Dans les recherches à venir, on pourrait examiner ces autres facteurs, en plus d’effectuer une analyse plus approfondie des facteurs mentionnés dans le présent document.
Remerciements
Ce document est basé sur deux rapports antérieurs de Statistique Canada rédigés par Stéphanie Langlois et Annie Turner, avec la collaboration d’autres membres du personnel de Statistique Canada. Remerciements particuliers à Jean-Pierre Corbeil et à François Nault de Statistique Canada, qui ont révisé ce document.
Références
Commission royale sur les peuples autochtones. 1996. Rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones : Vers un ressourcement, vol. 3. Ottawa. Gouvernement du Canada.
LEWIS, M. Paul, Gary F. Simons et Charles D. Fennig (eds.). 2013. Ethnologue: Languages of the World, 17e édition, Dallas (Texas), SIL International, www.ethnologue.com.
NORRIS, M.J. 1998. « Les langues autochtones du Canada ». Tendances sociales canadiennes, vol. 51, produit no 11-008 au catalogue de Statistique Canada, Ottawa, p. 8-17.
NORRIS, M.J. 2007. « Langues autochtones au Canada : nouvelles tendances et perspectives sur l’acquisition d’une langue seconde », Tendances sociales canadiennes, vol. 83, produit no 11-008 au catalogue de Statistique Canada, Ottawa, p. 21-29.
Patrimoine canadien. 2005. Le début d'un temps nouveau : premier rapport en vue d'une stratégie de revitalisation des langues et des cultures des Premières nations, des Inuits et des Métis, rapport présenté à la ministre du Patrimoine canadien par le Groupe de travail sur les langues et les cultures autochtones, no CH4-96/2005 au catalogue, Ottawa.
Statistique Canada. 2012. Les langues autochtones au Canada, produit no 98-314-X2011003 au catalogue de Statistique Canada, Ottawa (Ontario), Série Recensement en bref, Recensement de 2011.
Statistique Canada. 2013. Les peuples autochtones et la langue, produit no 99-011-X2011003 au catalogue de Statistique Canada, Ottawa (Ontario), Série ENM en bref, Enquête nationale auprès des ménages de 2011.
UNESCO. 2003. Vitalité et disparition des langues, document adopté par le Groupe d’experts spécial sur les langues en danger, www.unesco.org/culture/ich/doc/src/00120-FR.pdf.
UNESCO. 2010. Atlas des langues en danger dans le monde, 3e édition, Moseley, C. (ed.) Paris, Éditions UNESCO, www.unesco.org/culture/languages-atlas/index.php [Le lien mène à la version anglaise. Il est possible d'accéder à la version française à partir du site.]
Notes
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