Troubles de la mémoire chez les Canadiens âgés de 15 ans et plus, 2012

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par Carley Marshall, Christine Bizier, Sabrina Gilbert et Gail Fawcett

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• Incapacités multiples
• Étude
• Emploi
• Mesures de soutien
• Revenu
• Conclusion
• Annexe A
• Références
• Notes

Début du texte

Selon l’Enquête canadienne sur l’incapacité (ECI) de 2012, 3 775 900 (13,7 %) adultes canadiens âgés de 15 ans et plus ont déclaré un type d’incapacité, et 628 200 (2,3 % des adultes au Canada) ont indiqué avoir des troubles de la mémoire^Note 1.

Tableau 1
Prévalence des incapacités selon le type, personnes âgées de 15 ans et plus, Canada, 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Prévalence des incapacités selon le type. Les données sont présentées selon Type d’incapacité (titres de rangée) et Population et Pourcentage(figurant comme en-tête de colonne).

Type d’incapacité	Population	Pourcentage
Total des incapacités	3 775 900	13,7
Liée à la douleur	2 664 200	9,7
Flexibilité	2 078 000	7,6
Mobilité	1 971 800	7,2
Liée à la santé mentale	1 059 600	3,9
Dextérité	953 100	3,5
Ouïe	874 600	3,2
Vision	756 300	2,8
Mémoire	628 200	2,3
Apprentissage	622 300	2,3
Développement	160 500	0,6
Inconnue	79 500	0,3
Note : Certaines personnes peuvent avoir plus d'un type d'incapacité; par conséquent, la somme de tous les types d'incapacités pris individuellement est supérieure au « total des incapacités ». Source : Statistique Canada, Enquête canadienne sur l’incapacité, 2012.

Les troubles de la mémoire sous-jacents les plus souvent mentionnés étaient la maladie d’Alzheimer, la démence et l’amnésie. Toutefois, un nombre important de répondants ont fait état d’autres problèmes sous-jacents, dont les suivants : la fibromyalgie, l’accident vasculaire cérébral, le traumatisme cérébral, la sclérose en plaques, les troubles d’apprentissage, les troubles du développement, les problèmes liés à la santé mentale, la maladie de Parkinson, l’épilepsie, l’arthrite, la maladie du cœur et les maux de dos. Certains de ces problèmes s’accompagnent souvent de troubles de la mémoire. Par ailleurs, les médicaments qui sont souvent prescrits pour ces problèmes peuvent également entraîner des troubles de la mémoire (p. ex. certains antidépresseurs, médicaments contre l’épilepsie, analgésiques narcotiques, médicaments contre la maladie de Parkinson, le cholestérol, l’hypertension et l’incontinence) (National Institute on Aging, 2010)^Note 2.

Comme pour les incapacités en général, la probabilité d’avoir des troubles de la mémoire augmentait de façon marquée selon le groupe d’âge — la prévalence variant de 0,9 % chez les personnes de 15 à 24 ans à 7,6 % chez celles âgées de 75 ans et plus^Note 3. En fait, la prévalence des troubles de la mémoire chez les répondants de 75 ans et plus (7,6 %) représentait plus du double de celle observée chez les 65 à 74 ans (3,2 %) (graphique 1).

La prévalence des troubles de la mémoire était légèrement plus élevée chez les femmes (1,4 %) que chez les hommes (1,0 %) faisant partie du groupe des 25 à 44 ans ainsi que dans celui des 45 à 64 ans (3,2 % par rapport à 2,3 %). Dans les groupes les plus âgés et les plus jeunes, les différences entre les hommes et les femmes sur le plan de la prévalence n’étaient pas statistiquement significatives.

Description du Graphique 1

Incapacités multiples

Presque toutes les personnes ayant déclaré des troubles de la mémoire (98,3 %) ont aussi indiqué avoir au moins un autre type d’incapacité, soit le plus haut taux de cooccurrence observé pour tous les types d’incapacités. Plus de la moitié de ceux ayant des troubles de la mémoire avaient aussi indiqué avoir au moins cinq autres types d’incapacités. Cette observation concorde avec la documentation sur la démence qui présente plusieurs autres problèmes de santé physiques et non physiques chez ceux ayant des troubles graves de la mémoire^Note 4.

Le profil de cooccurrence variait selon le groupe d’âge et la nature du type d’incapacité cooccurrent. Par exemple, les jeunes adultes de 15 à 24 ans ayant des troubles de la mémoire étaient plus susceptibles que les personnes de 25 ans et plus d’avoir aussi un trouble du développement (44,2 %) ou un trouble d’apprentissage (80,3 %). Cela laisse supposer des liens étroits entre les troubles de la mémoire, du développement et d’apprentissage chez les adultes plus jeunes en particulier. Par ailleurs, plus de 70 % des répondants âgés de moins de 65 ans ayant des troubles de la mémoire avaient aussi déclaré une incapacité liée à la santé mentale (graphique 2).

Dans l’ensemble, les taux de cooccurrence les plus élevés chez les personnes ayant des troubles de la mémoire s’accompagnaient souvent d’incapacités physiques — particulièrement chez les adultes de 25 à 64 ans et chez ceux âgés de 65 ans et plus, dont plus de 90 % présentaient aussi une incapacité physique.

Description du Graphique 2

Études

Niveau de scolarité

Les adultes en âge de travailler (ceux de 15 à 64 ans) ayant des troubles de la mémoire affichaient un niveau de scolarité moins élevé que celui des personnes sans incapacité. Parmi les adultes qui n’étaient plus aux études, ceux ayant des troubles de la mémoire (25,9 %) étaient plus susceptibles que les personnes sans incapacité (13,1 %) de ne pas avoir terminé des études secondaires, et ce, peu importe leur âge. De même, les répondants sans incapacité (61,1 %) étaient plus sujets que ceux ayant des troubles de la mémoire (48,1 %) à détenir un titre d’études postsecondaires (graphique 3), ce qui était le cas pour tous les groupes d’âge^Note 5. Chez les personnes ayant des troubles de la mémoire, on n’observait pas de différences significatives entre les sexes en ce qui a trait aux proportions de répondants n’ayant pas terminé des études secondaires ou ceux détenant un titre d’études postsecondaires.

Description du Graphique 3

Expériences scolaires

Les adultes ayant une incapacité qui étaient aux études ou qui l’avaient été récemment ont répondu à une série de questions concernant leurs expériences scolaires et la façon dont leur incapacité pouvait avoir eu une incidence sur ces expériences^Note 6. Près des deux tiers des adultes ayant des troubles de la mémoire ont déclaré que leur incapacité avait influencé leur choix de cours ou de carrière et avaient fait en sorte qu’ils s’étaient inscrits à moins de cours.

Emploi

Situation d’activité

La majorité (62,1 %) des adultes de 15 à 64 ans ayant déclaré des troubles de la mémoire étaient inactifs, et une autre proportion de 7,2 % était sans emploi. Le taux d’emploi des adultes en âge de travailler qui avaient des troubles de la mémoire s’établissait à 30,7 %, ce qui était moins de la moitié de celui enregistré chez les répondants sans incapacité (73,6 %). Il n’y avait pas de différences statistiquement significatives entre le taux d’emploi des hommes et celui des femmes ayant des troubles de la mémoire, et ce, peu importe le groupe d’âge.

La différence était particulièrement prononcée chez les adultes en âge de travailler faisant partie du groupe des 55 à 64 ans. Les adultes sans incapacité appartenant à ce groupe d’âge étaient quatre fois plus susceptibles d’occuper un emploi que ceux ayant des troubles de la mémoire (graphique 4).

Description du Graphique 4

Incapacité en milieu de travail

Plus du tiers (36,7 %) des adultes ayant des troubles de la mémoire qui occupaient un emploi ont indiqué que leur employeur ignorait qu’ils avaient une telle incapacité. Parmi les répondants qui occupaient un emploi au moment de l’enquête ou qui en avaient occupé un au cours des cinq années précédentes, 71,4 % ont déclaré qu’ils se sentaient désavantagés sur le plan du travail, et 70,8 % croyaient que leur employeur les considérait comme étant désavantagés sur le plan du travail. De façon plus particulière, 21,2 % estimaient qu’on leur avait refusé un emploi, 19,7 % jugeaient qu’on leur avait refusé une promotion, et 16,3 % ont affirmé qu’on leur avait refusé une entrevue d’emploi en raison de leur incapacité. Il convient de souligner que ces chiffres sont fondés sur les répercussions de l’ensemble des types d’incapacités que pouvaient présenter les personnes ayant des troubles de la mémoire.

Modifications nécessaires au travail

Parmi les adultes ayant des troubles de la mémoire qui occupaient un emploi au moment de l’enquête ou qui en avaient occupé un au cours des cinq années précédentes, 59,5 % ont déclaré qu’il leur fallait au moins une mesure d’adaptation en milieu de travail, comme des heures de travail modifiées (40,5 %) ou une redéfinition des tâches (24,9 %). Parmi ceux ayant besoin de mesures d’adaptation, 45,1 % ont mentionné que tous leurs besoins avaient été satisfaits, alors que 26,2 % ont indiqué que certains besoins n’avaient pas été satisfaits. La proportion restante de 28,6 % a déclaré qu’aucun de leurs besoins n’avait été comblé. Étant donné le taux élevé de cooccurrence avec d’autres types d’incapacités, il est possible que certaines mesures d’adaptation soient attribuables à des incapacités autres que les troubles de la mémoire.

Nombre d’heures travaillées

Les adultes en âge de travailler (ceux de 15 à 64 ans) ayant des troubles de la mémoire et qui occupaient un emploi travaillaient en moyenne 31 heures par semaine^Note 7, c’est-à-dire moins que le nombre moyen d’heures travaillées par semaine observé chez les répondants sans incapacité (37 heures).

Répondants inactifs

Parmi ceux ayant une incapacité liée à des troubles de la mémoire âgés de 15 à 64 ans qui n'étaient pas actifs, 79,7 % ont déclaré que leur condition les empêchait de travailler. Parmi ces répondants, 19,1 % d’entre eux ont indiqué qu’un type ou un autre de mesure d’adaptation mesure d’adaptation leur permettrait de travailler, de même que 26,1 % ont indiqué qu’ils chercheraient du travail au cours des 12 prochains mois^Note 8. Les répondants qui avaient l’intention de chercher un emploi devaient préciser pourquoi ils souhaitaient retourner au travail :

• 36,7 % espéraient voir leur situation s’améliorer;
• 18,5 % espéraient obtenir des changements ou des améliorations dans leur milieu de travail;
• 14,8 % prévoyaient suivre de la formation.

Bon nombre de répondants inactifs ont rencontré des obstacles qui les ont incités à ne pas chercher d’emploi. Parmi les obstacles à la recherche d’emploi les plus souvent mentionnés par les répondants ayant des troubles de la mémoire, notons le fait qu’il y avait peu d’emplois disponibles localement (31,1 %), une formation ou une expérience insuffisante (28,4 %), les échecs des tentatives précédentes pour trouver un emploi (24,6 %) et la crainte de perdre l’aide financière additionnelle (23,2 %).

Mesures de soutien

Dans l’ensemble, 9 adultes sur 10 ayant des troubles de la mémoire ont indiqué qu’ils avaient besoin d’aide pour effectuer certaines de leurs activités quotidiennes, et près des trois quarts d’entre eux ont déclaré avoir des besoins non satisfaits pour au moins l’une de ces mesures de soutien. Près de la totalité (97,7 %) de ceux âgés de 75 ans et plus avaient besoin d’aide pour effectuer au moins une activité quotidienne. La prévalence chez les personnes qui avaient besoin d’aide pour effectuer leurs activités quotidiennes ne différait pas de façon significative parmi les autres groupes d’âge.

Bien que 83,6 % des adultes ayant des troubles de la mémoire ont déclaré recevoir de l’aide pour au moins une activité quotidienne, on constate des besoins non satisfaits liés à divers types d’aide, comme le démontre le graphique 5. Par exemple, 46,1 % des adultes ayant des troubles de la mémoire ont mentionné que leur besoin d’aide pour accomplir les gros travaux ménagers n’était pas comblé; 9,3 % ont déclaré que leur besoin d’aide pour se déplacer à l’intérieur du domicile était non satisfait.

Description du Graphique 5

Les membres de la famille, en particulier ceux appartenant au même ménage, étaient les plus susceptibles de fournir de l’aide pour les activités quotidiennes. Par exemple, parmi les répondants qui recevaient de l’aide pour ces activités, 72,5 % de ceux ayant des troubles de la mémoire obtenaient de l’aide de membres de la famille vivant avec eux, et 43,1 % recevaient de l’aide de membres de la famille ne vivant pas avec eux. Par ailleurs, parmi les personnes ayant des troubles de la mémoire qui obtenaient de l’aide, 26,2 % recevaient cette aide de la part d’un ami ou d’un voisin, 18,7 %, d’un organisme, à titre gracieux, et 19,5 % ont mentionné recevoir l’aide d’un organisme ou de personnes rémunérées. Parmi les répondants ayant des troubles de la mémoire, les aînés étaient plus susceptibles que les personnes en âge de travailler d’avoir reçu de l’aide à titre gracieux de la part d’un organisme (23,7 % par rapport à 15,8 %) et d’avoir obtenu de l’aide d’un organisme ou de personnes rémunérées (26,3 % par rapport à 15,5 %).

Revenu

Revenu personnel des adultes en âge de travailler

Le revenu personnel médian (avant impôts) des adultes en âge de travailler (ceux de 15 à 64 ans) ayant déclaré des troubles de la mémoire s’établissait à 14 500 $ — c’est-à-dire moins de la moitié du revenu des répondants sans incapacité (31 200 $)^Note 9. Les répondants qui avaient des troubles de la mémoire étaient aussi plus susceptibles que ceux sans incapacité de compter sur les transferts gouvernementaux^Note 10 comme principale source de revenu; par exemple, 63,0 % des adultes en âge de travailler ayant des troubles de la mémoire comptaient sur les transferts gouvernementaux comme principale source de revenu^Note 11, par rapport à 18,7 % de ceux sans incapacité. Chez les adultes qui touchaient un revenu d’emploi, ceux ayant des troubles de la mémoire avaient un revenu d’emploi médian inférieur^Note 12 à celui des répondants sans incapacité (15 900 $ par rapport à 34 100 $ respectivement).

Conclusion

Selon l’ECI de 2012, la prévalence des troubles de la mémoire augmentait en fonction de l’âge, surtout après 75 ans. Presque tous les adultes ayant des troubles de la mémoire avaient un autre type d’incapacité; en fait, plus de la moitié d’entre eux déclarait au moins cinq autres types d’incapacités. Compte tenu de l’interaction complexe des incapacités chez ces personnes, il n’est pas surprenant de constater que leur niveau de scolarité, leur taux d’emploi et leur revenu étaient plus faibles que ceux des adultes sans incapacité. Au total, 9 adultes sur 10 ayant des troubles de la mémoire avaient besoin d’aide pour effectuer leurs activités quotidiennes, et près des trois quarts déclaraient au moins un type de besoin non satisfait. Bien que l’aide reçue par ces personnes était fournie majoritairement par les membres de la famille, en particulier ceux appartenant au même ménage, celle offerte pour les activités quotidiennes provenait souvent de plusieurs sources, une personne sur cinq déboursant pour au moins une partie de l’aide reçue.

Annexe A

Références

BMC Psychiatry. 2014. Comorbidity of dementia: a cross-sectional study of primary care older patients. Disponible au lien suivant : http://www.biomedcentral.com/1471-244X/14/84 ou http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3994526/ (consulté le 20 novembre 2014).

Dementia Collaborative Research Centres, an Australian Government Initiative. New research examines comorbidities of dementia. (consulté le 20 novembre 2014).

Ressources humaines et Développement des compétences Canada, Programme du travail. 2006.  « Rapport statistique sur l’équité en matière d’emploi de 2006 ». (consulté le 6 août 2014).

Johansen, Helen, Claudia Sanmartin et l’équipe de recherche de l’initiative sur les données longitudinales administratives et sur la santé. 2011. La comorbidité mentale et la mesure dans laquelle elle entraîne une augmentation du recours aux services dispensés dans les hôpitaux de soins de courte durée. Série de document de travail de la recherche sur la santé, n^o 006. Produit n^o 82-622-X au catalogue de Statistique Canada. Ottawa : Statistique Canada.

National Institute on Aging. Understanding Memory Loss (Publication No.10-5442). Bethesda, MD: U.S. Department of Health and Human Services, 2010.

Statistique Canada. Dictionnaire de l’Enquête nationale auprès des ménages, 2011. (consulté le 30 juillet 2014).

Notes