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Section 1 : Vivre l'expérience parentale

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Plus de 3 millions de personnes ont vécu une naissance ou une adoption entre 2001 et 2006
Le recours aux services de soutien formels durant la grossesse ou après la naissance ou l'adoption de l'enfant est en progression depuis 2001
Les parents plus scolarisés et qui en sont à leur première expérience parentale sont plus nombreux à solliciter les services de soutien formels
Plusieurs parents n'ont pas eu recours aux services de soutien formels durant la grossesse ou après la naissance ou l'adoption, car ils disent ne pas en avoir besoin
Plus de pères s'absentent du travail pour la naissance ou l'adoption d'un enfant
La situation financière et les conditions de travail sont des raisons importantes qui justifient le fait que certains parents ne prennent pas congé pour la naissance ou l'adoption d'un enfant
La grande majorité des mères prennent un congé de maternité, alors que les pères prennent un congé annuel ou parental
Les pères sont plus nombreux à retourner au travail après le congé pour la naissance ou l'adoption
Les mères s'absentent du travail pour une période plus longue que les pères après l'accouchement ou l'adoption
Les raisons financières sont un facteur important dans la décision de retourner au travail après une naissance ou une adoption
La grande majorité des parents se disent satisfaits de la transition entre le congé et le retour au travail
La transition est plus stressante pour les mères
Certains parents ne retournent pas au travail après une naissance ou une adoption, par désir d'élever eux-mêmes leurs enfants
Sommaire

Depuis le début des années 1960, on observe une baisse du nombre d'enfants souhaités par les familles. Cette réduction découle des nombreuses transformations sociales et économiques suscitant un nouveau contexte : généralisation de l'instruction, sécularisation, diffusion de la contraception, baisse de la popularité du mariage, progression de l'instabilité conjugale, participation accrue des femmes sur le marché du travail. Désormais, l'heure est à la famille « nucléaire », parfois éclatée, souvent recomposée ou complexe où le désir d'un enfant devient un choix concerté. La vie professionnelle des femmes a cessé d'être une activité de courte durée, précédant le mariage et la maternité. Des choix souvent difficiles doivent être faits entre la formation d'une famille et la poursuite d'une carrière enrichissante. Malgré ces préoccupations, la quasi-totalité des couples se projettent dans un destin familial.

Devenir parent constitue une grande étape qui bouleverse la vie. Qu'il s'agisse d'une naissance ou d'une adoption, cet événement s'accompagne d'importantes sources de stress et de plusieurs démarches administratives. De combien de temps dispose-t-on pour prendre soin de l'enfant? Quelles démarches doivent être effectuées auprès de l'employeur? Quelles sont les possibilités de congé permettant de passer plus de temps avec l'enfant?

L'idée selon laquelle la conciliation des vies professionnelle et familiale concerne autant les hommes que les femmes sur le marché de travail a fait son chemin. Cette évolution à l'égard des exigences familiales a conduit au renforcement de la protection de l'expérience parentale. Au cours de la dernière décennie, de nombreuses mesures ont été implantées afin de permettre aux travailleurs futurs parents d'aménager leur temps de travail et d'établir un environnement propice à la venue d'un enfant : le congé de maternité, le congé de paternité, le congé parental ou autre.

Cette section porte sur les personnes qui ont eu ou adopté un enfant entre 2001 et 2006. Ce groupe suscite un intérêt croissant compte tenu de la hausse de la participation à l'emploi des mères ayant de jeunes enfants et du fait que la fécondité se maintient à un niveau relativement bas. L'objectif de cette section consiste à apporter un éclairage nouveau à propos des programmes et services dispensés par les différentes instances étatiques et institutionnelles et mis en place pour soutenir les parents. Nous jetons d'abord un regard sur l'appel aux services de soutien formels relatifs à l'arrivée d'un enfant. Quel est le profil des parents qui sollicitent des services de soutien formels. Quels services les parents utilisent-ils? Ces services, ont-ils été utiles?

Ensuite, nous examinons les parents selon qu'ils se sont absentés ou non de leur emploi à la suite de la grossesse ou de l'adoption. Est-ce que les hommes et les femmes sont susceptibles d'avoir recours de façon égale aux congés parentaux? Les parents demeurent-ils à la maison plus longtemps pour s'occuper de leurs jeunes enfants? En somme, diverses caractéristiques personnelles et familiales sont analysées.

La présente section porte sur les répondants qui ont connu une naissance ou une adoption entre 2001 et 2006. Étant donné que la collecte de données a pris fin en octobre 2006, seules les naissances et adoptions survenues entre janvier et octobre 2006 ont été recueillies par l'Enquête sociale générale (ESG). Par conséquent, les données relatives à l'année 2006 ne représentent qu'une partie du phénomène d'intérêt. Ensuite, seuls les répondants qui étaient en âge de procréer (c'est-à-dire âgés entre 15 et 49 ans) lorsqu'ils ont eu ou adopté leur (plus jeune) enfant ont été considérés. L'échantillon est constitué de 2 708 personnes.

Définitions

Enfant adopté : enfant pour lequel le répondant a signé les documents juridiques lui donnant l'autorité de l'élever comme les siens. Dans le cadre de l'ESG, les enfants par alliance qui ont été adoptés sont considérés comme des enfants par alliance.

Enfant biologique : fils et fille du répondant apparenté par le sang, enfant naturel.

Plus de 3 millions de personnes ont vécu une naissance ou une adoption entre 2001 et 2006

Au cours des années 1990, le nombre de naissances a diminué d'année en année au Canada. Cette réduction des naissances est en partie attribuable au vieillissement de la population, les générations nombreuses du baby-boom quittant progressivement les âges féconds. La chute est aussi due au changement des comportements féconds de la population canadienne. Depuis plusieurs années déjà, à l'instar de ce que l'on observe dans plusieurs pays industrialisés, le calendrier de la fécondité des Canadiennes tend à vieillir : l'âge moyen à la maternité augmente, atteignant 29,7 ans en 2004 (Statistique Canada, 2006). La fécondité des jeunes femmes (âgées de moins de 30 ans) diminue, alors qu'inversement, celle des femmes âgées de 30 ans ou plus augmente légèrement (Institut de la statistique du Québec, 2005). Ces statistiques reflètent bien la tendance des femmes à terminer leurs études ou à s'établir sur le marché du travail avant de commencer à élever des enfants.

Or depuis le début du troisième millénaire, le compte des naissances est à la hausse au Canada. Quelques facteurs peuvent être reliés à cette légère progression : l'impact ponctuel des nouvelles politiques d'aide aux familles et le nombre de femmes dont l'âge se prête à une forte fécondité. En effet, la modification de la structure par âge favorise un léger accroissement des naissances. Alors qu'on assiste à une baisse des effectifs des 20 à 24 ans et des 35 à 39 ans, celui des 25 à 34 ans (segment où surviennent les deux tiers des naissances), augmente légèrement depuis quelques années.

Selon les données récentes de l'Enquête sociale générale de 2006 — Transitions familiales (cycle 20), plus de 3,2 millions de parents âgés de 15 ans et plus ont donné naissance ou adopté un enfant entre 2001 et 20061. Cette proportion représente 12 % de la population canadienne. Pour près de 40 % des parents, il s'agit de la première expérience parentale. Pour d'autres, la période qui s'étend de 2001 à 2006 s'est avérée importante pour concrétiser leurs intentions de fécondité : 31 % ont connu plus d'une naissance ou d'une adoption.

Au cours de la période qui s'étend de 2001 à 2006, plus de 9 enfants sur 10 ont été accueillis dans le cadre d'une union. Pour la plupart des provinces, le mariage est le type d'union le plus courant pour donner naissance ou adopter un enfant. Fait non surprenant, le Québec fait figure d'exception : selon l'ESG, plus de la moitié (53 %) des enfants surviennent dans le cadre d'une union libre, alors qu'ailleurs au pays, c'est le cas pour seulement 12 % des enfants.

Le recours aux services de soutien formels durant la grossesse ou après la naissance ou l'adoption de l'enfant est en progression depuis 2001

Même si les parents d'aujourd'hui sont de plus en plus inondés d'informations concernant l'arrivée d'un enfant, les parents veulent ce qu'il y a de mieux pour leurs enfants afin qu'ils bénéficient du meilleur départ possible dans la vie. Une variété de services et de renseignements, dont l'objectif central est d'aider au développement de l'enfant, est offerte aux parents. Il existe des services de périnatalité qui sont destinés à aider les parents à se préparer, à mieux vivre la période de la grossesse et à apprivoiser l'arrivée de l'enfant. D'autres services visent à offrir du soutien aux familles à l'arrivée d'un nouvel enfant (naissance ou adoption).

Dans le cadre de l'ESG, les services dispensés durant la grossesse ou après la naissance ou l'adoption de l'enfant examinés concernent : les compétences parentales (les cours prénataux, les groupes de soutien auprès des mères, l'infirmière de la santé publique, etc.), les renseignements nutritionnels pour la mère ou l'enfant, l'allaitement (La Ligue La Lèche, une conseillère en allaitement, un(e) bénévole d'un groupe de soutien de l'allaitement) et les soins à domicile (la préparation des repas, la lessive, le nettoyage de la maison ou les emplettes). Ces services de soutien formels sont fournis soit par un professionnel de la santé, un intervenant des services communautaires ou par un groupe de soutien comprenant les services d'un médecin, d'un travailleur social, d'un psychologue, d'une infirmière de la santé publique ou d'une sage-femme.

Parmi les personnes qui ont vécu une naissance ou une adoption entre 2001 et 2006, 66 % ont sollicité au moins un type de services de soutien formels. Les parents ont de plus en plus recours à ces services : 59 % des parents qui ont eu ou adopté un enfant en 2001 affirment avoir reçu une quelconque forme de soutien formel, alors que le recours à l'aide s'élève à 71 % pour les parents qui ont vécu une naissance ou une adoption 5 ans plus tard. Parmi ceux qui ont reçu de tels services, l'ESG révèle que 9 parents sur 10 qualifient l'aide sollicitée d'utile.

Graphique 1 Depuis 2001, les parents font de plus en plus appel aux services de soutien formels durant la grossesse ou après la naissance ou l’adoption. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Graphique 1
Depuis 2001, les parents font de plus en plus appel aux services de soutien formels durant la grossesse ou après la naissance ou l'adoption

Alors, quels services les parents sollicitent-ils lors de leur expérience parentale? Les parents ayant accueilli un enfant entre 2001 et 2006 accordent beaucoup d'importance à l'alimentation pour la santé de la mère et de l'enfant. Environ 48 % des parents ont sollicité des services quant à l'allaitement et presque autant ont demandé d'être renseignés sur la nutrition (44 %). Les mères et les pères ont toutefois été beaucoup moins nombreux à recevoir des services de soutien pour les soins à domicile.

Tableau 1 Les parents accordent beaucoup d’importance à l’alimentation pour la santé de la mère et de l’enfant. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Tableau 1
Les parents accordent beaucoup d'importance à l'alimentation pour la santé de la mère et de l'enfant

Les parents plus scolarisés et qui en sont à leur première expérience parentale sont plus nombreux à solliciter les services de soutien formels

Bien entendu, le profil des parents qui sollicitent des services de soutien formels est tributaire des critères d'admissibilité des services offerts qui, à leur tour, varient d'une province à l'autre. À cela s'ajoute les besoins particuliers qu'expriment certaines familles.

Selon l'ESG, le recours aux services de soutien formels diminue généralement avec l'âge : plus on donne naissance ou adopte alors qu'on est jeune, plus on sollicite les services de soutien formels. Or, la répartition des personnes ayant sollicité des services concernant l'allaitement selon leur âge au moment de l'accouchement est beaucoup plus uniforme : jusqu'à l'âge de 39 ans, près de la moitié des parents ont eu recours aux services d'allaitement. Le recours à ce type de services s'est fait moins fréquemment parmi les personnes qui sont devenues parents dans la quarantaine (environ 44 %).

Aussi, le recours aux services de soutien formels est différent selon qu'il s'agisse de la première expérience parentale ou non. Parmi les nouveaux parents, plus de 80 % d'entre eux ont sollicité une forme quelconque de services de soutien formels. Cette proportion est de 55 % chez les parents qui en sont à leur deuxième ou troisième enfant. Ceci est peut-être dû au fait que les parents qui renouvellent leur expérience sont beaucoup plus informés et à l'aise quant aux démarches parentales et administratives à suivre. Le type de service de soutien formel sollicité ne diffère pas selon que l'on soit de nouveaux parents ou non.

L'ESG montre que les personnes les plus scolarisées sont plus nombreuses à solliciter des services de soutien formels : parmi les parents qui ont fréquenté ou complété des études postsecondaires, plus des deux tiers auront eu recours à de tels services. Les personnes ayant un diplôme d'études secondaires ou qui n'ont que des études partielles au primaire ou au secondaire sollicitent des services de soutien formels dans une moindre mesure.

Plusieurs parents n'ont pas eu recours aux services de soutien formels durant la grossesse ou après la naissance ou l'adoption, car ils disent ne pas en avoir besoin

Pour les décideurs et les fournisseurs de services qui misent sur le mieux-être des familles, il est intéressant de connaître les raisons pour lesquelles certains parents ne font pas appel aux services d'aide disponibles. Tel que mentionné précédemment, près du tiers des parents ayant vécu une naissance ou une adoption entre 2001 et 2006 n'ont eu recours à aucune forme de services de soutien formels lors de la grossesse ou quelque temps après la naissance ou l'adoption.

Tout d'abord, 18 % des parents soutiennent qu'ils ignoraient que de tels services de soutien existaient. Cette proportion varie très peu d'une province à l'autre; seules les Prairies affichent une proportion légèrement plus élevée (23 %). En revanche, en ce qui a trait aux personnes qui connaissaient les programmes et services de soutien formels, 66 % des parents n'ont pas fait appel à de tels services pour la simple raison qu'ils n'en n'éprouvaient pas le besoin. Il est possible que les familles recherchent des solutions à même leur réseau, auprès notamment de proches ou d'autres personnes ayant les mêmes préoccupations. De tout le pays, les résidents de l'Atlantique (72 %) ont été les plus nombreux à déclarer qu'ils n'ont pas eu recours aux services de soutien formels, car ils n'en avaient pas besoin. À l'inverse, leurs homologues des Prairies (56 %) étaient les moins enclins à invoquer ce même motif.

Enfin, une très faible proportion de personnes ont signalé quelques lacunes des services de soutien formels : les services n'étaient pas offerts dans leur région, leur demande avait été refusée, la période d'attente était trop longue, ou les services, trop coûteux.

Programme de prestations parentales au Canada

En règle générale, les politiques nationales comprennent une période de congé avec droit de réintégrer son emploi et des montants divers d'allocation remplaçant le revenu afin de pouvoir s'absenter du travail à la suite de la naissance et, plus récemment, à la suite de l'adoption d'un enfant. Au cours des années 1980 et 1990, l'instauration des congés parentaux qui s'ajoutent aux congés de maternité en vigueur devient plus répandue. L'intérêt de ces nouvelles dispositions réside dans le fait qu'elles soutiennent l'égalité entre les sexes tout en créant une solution de rechange aux services de garde à l'extérieur de la maison.

Parmi les pays industrialisés, la politique fédérale de congé d'un an est l'une des plus généreuse quant à sa durée. En décembre 2000, la durée des prestations parentales est passée de 10 à 35 semaines. Ceci entraîna une augmentation de la durée totale des congés de maternité et parentaux payés passant ainsi d'une durée de six mois à un an. Alors que le taux des prestations est demeuré inchangé (55 % de la rémunération hebdomadaire assurable, jusqu'à concurrence d'un maximum établi), le seuil d'admissibilité est passé de 700 à 600 heures d'emploi assurable. On peut obtenir de plus amples renseignements dans le site Internet de Ressources humaines et Développement social Canada (http://www.hrsdc-rhdsc.gc.ca).

Plus de pères s'absentent du travail pour la naissance ou l'adoption d'un enfant

Les politiques concernant les congés de maternité et les congés parentaux existent depuis fort longtemps et sont implantés dans plus d'une centaine de pays. Initialement, les politiques relatives à la maternité ont été établies par souci de favoriser la santé et le bien-être de la mère et du nourrisson. Depuis les années 1960, ces politiques ont pris de plus en plus d'importance avec l'augmentation considérable de la participation des femmes au marché du travail, notamment celle des femmes mariées ayant de jeunes enfants. Au Canada, 63 % des femmes ayant des enfants âgés de moins de trois ans occupaient un emploi en 2003 (Statistique Canada, 2004).

Selon l'ESG, 65 % des parents qui occupaient un travail rémunéré ou autonome avant la naissance ou l'adoption de l'enfant (survenu entre 2001 et 2006) ont pris un congé (payé ou non) de leur emploi. La proportion de parents qui se sont absentés du travail pour une naissance ou une adoption était de 61 % en 2001, alors que cette proportion était de 70 % pour ceux qui ont accueilli un enfant cinq ans plus tard.

Bien que les plus récentes dispositions politiques incitent de plus en plus les parents à bénéficier d'un congé parental, les femmes sont toujours plus nombreuses à s'absenter du travail pour la naissance ou l'adoption. En effet, 88 % des mères ont pris un congé de leur emploi entre 2001 et 2006, tandis que 45 % des pères en ont fait autant. Cette participation relativement élevée des pères qui réclament un congé place le Canada devant plusieurs pays, mais le situe loin derrière ceux où les parents profitent d'un congé parental payé non transférable comme la Suède et la Norvège, où chacun des parents doit utiliser son congé sous peine de le perdre (Marshall, 2003).

Graphique 2 La proportion des pères ayant pris un congé après l’arrivée d’un enfant a augmenté depuis 2001. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Graphique 2
La proportion des pères ayant pris un congé après l'arrivée d'un enfant a augmenté depuis 2001

Enfin, la révision du programme parental semble avoir des répercussions, puisque la proportion des pères ayant pris un congé après l'arrivée d'un enfant a augmenté depuis 2001. Alors que la proportion de mères qui se sont absentées de leur travail s'est maintenue à près de 90 % entre 2001 et 2006, celle des pères est passée de 38 % à 55 % au cours de la même période. Cette progression pourrait s'expliquer par l'allongement de la durée des prestations et le Programme fédéral pour le choix en matière de garde d'enfants (en vigueur depuis juillet 2006). Maintenant qu'on offre jusqu'à 35 semaines de congés payés aux parents, les mères sont peut-être plus enclines à « partager » une partie de ce congé avec leur conjoint.

La situation financière et les conditions de travail sont des raisons importantes qui justifient le fait que certains parents ne prennent pas congé pour la naissance ou l'adoption d'un enfant

Selon l'ESG, 35 % des parents qui occupaient un travail rémunéré ou autonome avant la naissance ou l'adoption de l'enfant (survenu entre 2001 et 2006) n'ont pas pris un congé (payé ou non) de leur emploi. Différentes raisons justifient le choix des parents de ne pas prendre congé après une naissance ou une adoption.

Tableau 2 Les facteurs reliés aux finances et à l’emploi figurent parmi les raisons les plus fréquentes pour ne pas prendre un congé pour la naissance ou l’adoption d’un enfant. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Tableau 2
Les facteurs reliés aux finances et à l'emploi figurent parmi les raisons les plus fréquentes pour ne pas prendre un congé pour la naissance ou l'adoption d'un enfant

Les facteurs reliés aux finances et à l'emploi figurent parmi les raisons les plus fréquentes : environ 4 parents sur 10 n'ont pu s'absenter du travail pour la naissance ou l'adoption de leur enfant, car leur situation financière ne le leur permettait pas. Ensuite, 37 % des parents motivent cette décision par leurs conditions de travail qui ne leur permettaient pas de s'absenter.

Par ailleurs, entre l'âge de 25 et 35 ans, la progression de la carrière évolue rapidement : c'est la période pendant laquelle les efforts professionnels sont habituellement les plus rentables. À ce moment, les exigences professionnelles peuvent être incompatibles avec la tâche de s'occuper d'un enfant. À cet égard, l'ESG montre qu'environ 25 % des parents ont invoqué qu'ils préféraient ne pas compromettre leur carrière.

Les raisons invoquées pour ne pas prendre congé après une naissance ou une adoption diffèrent selon le sexe du parent. Chez les hommes, les facteurs se rapportant aux finances, à l'emploi et à la carrière tiennent un rôle prépondérant sur la décision de prendre congé après une naissance ou une adoption. En effet, les hommes (46 %) sont deux fois plus nombreux à alléguer que leur situation financière ne leur permettait pas de prendre congé.

La grande majorité des mères prennent un congé de maternité, alors que les pères prennent un congé annuel ou parental

Le type de congé pris varie selon le sexe du parent. Alors que la grande majorité des mères ayant eu ou adopté un enfant entre 2001 et 2006 ont pris un congé de maternité (81 %), très peu de pères (9 %2) ont profité d'un congé de paternité. Le quart des pères se sont prévalus d'un congé parental pour rester à la maison et prendre soin de l'enfant. Au lieu des congés de paternité ou parental, les pères s'allouent habituellement quelques jours de vacances ou d'autres jours de congés personnels payés (ou non). En effet, 38 % des pères ont puisé dans leurs congés annuels pour s'absenter du travail et 19 % ont pris un congé non payé. Ceci peut être dû au fait que certaines organisations manifestent encore de la résistance face aux demandes des jeunes pères voulant s'impliquer davantage au sein de leur nouvelle famille (Conseil de la famille et de l'enfance, 2003).

Graphique 3 La grande majorité des mères prennent un congé de maternité, alors que les pères prennent un congé annuel ou parental. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Graphique 3
La grande majorité des mères prennent un congé de maternité, alors que les pères prennent un congé annuel ou parental

Les pères sont plus nombreux à retourner au travail après le congé pour la naissance ou l'adoption

Pour certains parents, le retour au travail après la naissance ou l'adoption peut s'avérer pénible. On ne devient pas à l'aise avec le bébé du jour au lendemain. Même si les parents ont plus ou moins tout planifié, qu'ils ont trouvé le meilleur mode de garde pour leur enfant et qu'ils ont hâte de reprendre le travail, y revenir correspond quand même à une période d'adaptation. Les parents doivent apprendre à concilier les besoins du bébé, le désir de prendre soin de l'enfant et la nécessité de retourner au travail.

Selon l'ESG, suite à une absence plus ou moins longue pour s'occuper d'un enfant entre 2001 et 2006, 77 % des parents réintègrent le marché du travail. Les pères sont plus nombreux à retourner au travail : 9 pères sur 10 ont réintégré le marché de l'emploi, alors que c'est le cas d'un peu plus de 6 mères sur 10.

Les mères s'absentent du travail pour une période plus longue que les pères après l'accouchement ou l'adoption

Le moment de la réinsertion au marché du travail à la suite d'un congé pris pour la naissance ou l'adoption d'un enfant varie selon le sexe du parent. Selon l'ESG, 85 % des pères qui ont pris un congé quelconque pour prendre soin de leur enfant entre 2001 et 2006 se sont absentés du travail pour une période de moins de 6 mois. De cette proportion, plus des deux tiers sont retournés au travail dans le mois suivant l'accouchement ou l'adoption de l'enfant.

Graphique 4 La plupart des pères retournent au travail moins de 1 mois après l’arrivée de l’enfant (le plus jeune). Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Graphique 4
La plupart des pères retournent au travail moins de 1 mois après l'arrivée de l'enfant (le plus jeune)

Or, au cours de la même période, les mères se sont absentées du travail pour une période plus longue : près de la moitié des femmes sont retournées au travail entre 12 et 47 mois après l'accouchement ou l'adoption de l'enfant. En outre, le tiers des mères ont réintégré le marché de l'emploi à la suite d'une absence d'une durée variant de 6 à 12 mois.

Bien entendu, la durée de l'absence ne peut être dissociée du type de congé pris pour s'occuper de l'enfant. Les parents qui ont réintégré le marché du travail plus rapidement avaient pris des congés annuels, non payés ou bénéficiaient d'un programme offert par l'employeur. À l'inverse, ceux qui sont restés plus longtemps à la maison pour s'occuper de l'enfant avaient surtout bénéficié d'un congé de maternité ou de paternité ou d'un congé parental.

Les raisons financières sont un facteur important dans la décision de retourner au travail après une naissance ou une adoption

En plus du type de congé pris pour la naissance ou l'adoption d'un enfant, d'autres facteurs ont un impact sur la réintégration des parents au marché du travail. S'absenter du travail représente, pour certaines personnes, des pertes de revenus potentiellement importantes. Selon l'ESG, 79 % des parents invoquent qu'ils sont retournés sur le marché de l'emploi pour des raisons financières. Ensuite, plus de la moitié des parents soulèvent l'importance de leur carrière ou encore le désir de retourner au travail comme motif pour réintégrer le marché de l'emploi.

Tableau 3 La plupart des parents retournent sur le marché de l’emploi pour des raisons financières. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Tableau 3
La plupart des parents retournent sur le marché de l'emploi pour des raisons financières

Étant donné tous les changements apportés aux programmes et services de soutien pour permettre à un plus grand nombre de parents de passer plus de temps pour prendre soin de leur enfant, 36 % des parents soutiennent qu'ils sont retournés au travail car ils craignaient de perdre leur emploi. Certains types d'emploi offrent encore peu de flexibilité en ce qui a trait aux absences du travail. C'est le cas notamment des emplois précaires, contractuels, non syndiqués et atypiques (Ministère de l'emploi, de la solidarité sociale et de la famille, 2004a). Dans une étude récente menée auprès de personnes travaillant dans des petites et moyennes entreprises au Québec (Ministère de l'emploi, de la solidarité sociale et de la famille, 2004b), la crainte de perdre son emploi en cas d'absences répétées pour des raisons familiales est ressortie comme une préoccupation très présente.

On remarque que l'importance des facteurs de retours invoqués par les hommes est comparable à celle des femmes. Toutefois, beaucoup plus de mères ont mentionné qu'elles retournaient au travail car elles se sentaient seules à la maison (26 %). Ceci n'est pas indépendant au fait qu'elles restent à la maison pendant une période plus longue que les hommes pour s'occuper de l'enfant. Or, les pères semblent plus préoccupés par le fait de perdre leur emploi (40 %).

Par ailleurs, bon nombre de parents qui retournent au travail, notamment quand le motif de réinsertion concerne les raisons financières ou la sécurité d'emploi, souhaiteraient prendre un plus long congé parental. Parmi les parents qui sont retournés au travail, 81 % d'entre eux soutiennent qu'ils seraient restés plus longtemps à la maison pour s'occuper de l'enfant si leur situation financière le leur avait permis. Ensuite, de tous les parents qui ont pris un congé de maternité ou de paternité, un peu plus de 8 parents sur 10 auraient prolongé leur congé si les prestations avaient été plus élevées ou offertes pendant une période plus longue. Enfin, 65 % des parents qui ont pris un congé autre (annuel, non payé, etc.) affirment qu'ils auraient aimé disposer de plus de temps avant de retourner à leur emploi.

S'absenter du travail pendant une période plus ou moins longue peut entraîner des conséquences qui dépassent les pertes de revenus. Une faible proportion de parents soulèvent des conséquences négatives associées à une absence du travail pour des raisons parentales. Parmi les parents qui ont pris un congé pour prendre soin de l'enfant, 10 % soutiennent avoir raté une occasion d'avancement et 8 % mentionnent qu'ils ont dû se recycler ou suivre des cours lorsqu'ils ont réintégré leur emploi. Environ 7 % des parents invoquent qu'à leur retour au travail, on leur a assigné des tâches moins intéressantes.

La grande majorité des parents se disent satisfaits de la transition entre le congé et le retour au travail

La grande majorité des parents (86 %) qui se sont absentés du travail pour des raisons parentales entre 2001 et 2006 se disent satisfaits de la transition entre leur congé et leur retour au travail. Le désir de rester plus longtemps à la maison, la conciliation famille-travail ainsi que les problèmes particuliers liés à l'emploi sont les principales raisons soulevées par les parents insatisfaits.

La transition est plus stressante pour les mères

Par moment, il arrive que les exigences et les préoccupations de la vie familiale apportent son lot de stress (Tremblay et al,. 2006; Duxbury et al., 1994). Si on y ajoute le stress associé au fait de retourner au travail, les parents peuvent parfois se sentir irrités et anxieux. Les horaires sont souvent très chargés, les parents qui travaillent ayant plus de difficulté à trouver des moments pour se divertir en famille.

Graphique 5 La transition entre le congé et le retour au travail est plus stressante pour les mères. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Graphique 5
La transition entre le congé et le retour au travail : plus stressante pour les mères

Alors que la plupart des pères ont qualifié la transition entre le congé et le retour au travail comme n'étant pas très stressante, ou même, peu stressante, la situation est tout autre pour les mères. En effet, 62 % affirment que la transition entre le congé et le retour au travail était stressante. De cette proportion, 19 % des femmes ont qualifié cette transition comme étant très stressante. Ce sont les mères qui doivent faire le plus de compromis dans l'harmonisation de leurs responsabilités : elles sont plus portées à rester à l'écart de la population active ou à demander une période de mise en disponibilité et à consacrer plus de temps aux travaux ménagers (Lapierre-Adamcyk et al., 2006; Pacaut et al., 2006; Marshall, 2006).

En dépit des nombreuses mesures prises par l'État pour soutenir les parents, des craintes persistent et concernent surtout l'aménagement des horaires professionnels et familiaux. L'ESG révèle que près de la moitié des parents ont mentionné la conciliation famille-travail comme principale source de stress associée au retour au travail. Viennent ensuite les inquiétudes liées à la famille (20 %), au travail (12 %) et à la garderie (12 %).

Certains parents ne retournent pas au travail après une naissance ou une adoption, par désir d'élever eux-mêmes leurs enfants

Certes, ce ne sont pas tous les parents qui regagnent le marché de l'emploi après un congé. Environ 23 % des parents qui ont pris un congé entre 2001 et 2006 pour des raisons parentales n'ont pas réintégré le marché du travail. La majorité des parents qui sont restés à la maison motivent leur choix par le désir d'élever eux-mêmes leurs enfants (54 %). Aussi, bon nombre de parents affirment qu'ils restent à la maison en raison d'une grossesse subséquente entamée ou prévue.

Ensuite, près de 24 % des parents ne sont pas retournés au travail pour des raisons financières, les services de garde étant trop coûteux. Ces parents étaient susceptibles d'occuper un emploi à temps partiel et d'avoir accumulé moins d'ancienneté dans le dernier emploi occupé (Marshall, 1999). Une fois les frais de garderie soustraits de leurs gains, ces parents sont peut-être moins incités, sur le plan financier, à retourner au travail.

Des raisons professionnelles ont été invoquées par 8 % des parents qui n'ont pu reprendre leur emploi, car l'employeur n'a pas offert le poste convoité ou ils ont perdu leur emploi.

Sommaire

Cette première section portait sur les parents qui ont eu ou adopté un enfant entre 2001 et 2006. L'analyse menée nous renseigne sur le recours (et par le fait même, le non recours) aux services et programmes entourant l'expérience parentale ainsi que les absences du travail motivées par une grossesse ou une adoption. Les résultats présentés nécessitent d'être approfondis par des analyses supplémentaires afin d'explorer, de façon plus détaillée, la dynamique de la parentalité. L'examen de cette dernière pourrait, par exemple, comprendre une analyse sur le soutien en milieu de travail (services de garde, flexibilité des horaires) ou encore sur la structure des emplois (type de régime, nature de l'emploi, syndicalisation).


Notes :

  1. Pour la quasi-totalité des enfants, il s'agissait d'une naissance.
  2. À utiliser avec prudence.