Conclusions et incidences sur la politique et l'enseignement publics
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Sur la foi des constatations tirées des enquêtes antérieures sur la littératie, on s'entend à reconnaître que la compétence en littératie influence l'employabilité, les gains, la santé, l'engagement social et l'accès aux possibilités d'apprentissage futures. L'absence de changement notable du rendement en littératie au Canada entre 1994 (EIAA) et 2003 (EIACA) et les variations observées dans les résultats des diverses provinces, a créé un intérêt sur comment il est possible d'améliorer les compétences en littératie des adultes. Les écarts dans le rendement en littératie entre les personnes et entre les économies régionales importent pour le Canada, car ils limitent notre capacité de concurrencer des pays où le niveau de compétence en littératie augmente rapidement. À l'avenir, les niveaux de littératie pourraient donc influencer les taux de croissance économique et, par conséquent, le niveau de vie des Canadiens.
Près de 57 % des Canadiens de 16 à 65 ans qui se situent au niveau 1 sur l'échelle de compréhension de textes suivis de l'EIACA, et 70 % de ceux qui se classent au niveau 2, avaient un emploi au moment de la collecte des données. La perspective d'emploi, ainsi que les chances d'épanouissement des individus, à faible niveau de littératie qui ne sont pas sur le marché du travail, pourraient être grandement rehaussés, si l'on pouvait améliorer leurs niveaux de littératie. L'ensemble du Canada en profiterait grandement aussi. Les constatations analysées dans le présent rapport nous aident considérablement à comprendre la nature des problèmes de littératie des adultes et les mesures à prendre pour les résoudre.
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Comme le laissaient entrevoir la théorie et les constatations antérieures, le rendement à l'égard des composantes de la lecture était étroitement lié à la capacité de lire avec fluidité et automatisme qu'exigent les niveaux 3, 4 et 5 de compréhension de textes suivis en anglais et en français. Il existait un lien direct entre le rendement à l'égard des composantes évaluées dans le cadre de l'EICL et les notes obtenues en compréhension de textes suivis.
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Le rendement des participants ayant subi les divers tests de lecture en français différait de celui des personnes qui les avaient subis en anglais, ce qui témoignait des différences linguistiques et orthographiques entre les deux langues. Les écarts étaient en outre influencés par le fait qu'un plus grand nombre de locuteurs non natifs ont subi les tests en anglais qu'en français.
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Afin de cerner des groupes relativement homogènes d'apprenants qui partagent des besoins communs en apprentissage de la littératie, les analyses de structure latente ont servi à définir quatre groupes distincts, comme le montre le tableau 4.10.
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Les analyses de structure latente reposaient sur l'évaluation des composantes de la compétence liées au vocabulaire, au décodage et à la mémoire de travail qui sont essentielles à la lecture et à la compréhension courantes.
Les personnes qui se situaient dans la structure latente A ont obtenu les notes les plus faibles en compréhension de textes suivis, dans la tranche inférieure du niveau 1. Ce résultat est lié aux faibles notes des répondants à l'égard des composantes, notamment parce qu'ils n'avaient pas acquis la capacité de décodage nécessaire pour lire de manière compétente. En général, leurs compétences en littératie sont si limitées qu'il leur est très difficile d'acquérir de l'information nouvelle de manière fiable en lisant des textes imprimés.
Les personnes de la structure latente B sont limitées principalement par leur manque de vocabulaire. Leurs capacités de décodage leur permettent de réussir la plupart des tâches de niveau 1, mais les tâches de niveau 2 semblent exiger un niveau de vocabulaire supérieur à celui qu'elles possèdent déjà. Le groupe anglophone de la structure latente B se compose principalement de locuteurs non natifs.
Les répondants de la structure latente C s'apparentent davantage aux personnes de la structure D qu'à celles des structures A et B. Toutefois, les adultes de la structure C ont obtenu à l'égard de chaque composante des notes inférieures à celles des personnes de la structure D. Ils arrivent à accomplir la plupart des tâches de niveau 2 et certaines tâches faciles de niveau 3. La différence frappante entre les structures C et D tient à l'utilisation de la littératie. Les personnes de la structure C étant moins portées à lire régulièrement, elles ont moins d'occasions d'enrichir leur vocabulaire et d'améliorer leur compétence en décodage.
Les adultes de la structure latente D obtiennent des notes élevées à l'égard de toutes les composantes, mais le profil de leur rendement en lecture est semblable à celui des personnes qui se classent dans la structure latente C. Ils accomplissent facilement les tâches de niveau 3 et réussissent même certaines tâches des niveaux 4 et 5. Or une bonne proportion des personnes de cette structure se classent pourtant au niveau 2 (28 %).
Comme nous l'avons mentionné dans le chapitre 4, l'analyse des composantes de la compétence en lecture semble démontrer que les personnes de niveau 1 sont différentes des individus de niveau 2, non seulement en raison de leur capacité en littératie, mais aussi par la configuration des composantes de leur compétence. Les profils de compétences des personnes de niveau 2 ressemblent davantage à ceux des personnes de niveau 3 qu'à ceux des personnes de niveau 1.
Il importe également de souligner qu'une forte proportion d'adultes de niveau 2 (70 % de ceux qui ont effectué le test en anglais et 76 % de ceux qui l'ont effectué en français) se classent dans la structure D. Cette constatation suppose que les adultes de la structure D ont maîtrisé les composantes de la compétence en lecture, mais qu'elles semblent ne pas avoir acquis les stratégies de lecture qui leur permettraient d'accomplir de manière fiable des tâches de niveau 3.
Si l'objectif était de hausser les compétences des personnes qui se situent aux niveaux 1 et 2, l'analyse des composantes donne à penser qu'il faudrait adapter les méthodes d'apprentissage aux besoins de chaque groupe. Les types de programmes d'intervention requise pour chacune de ces structures doivent être ciblés afin de répondre aux besoins particuliers des différents groupes en matière d'apprentissage de la littératie. Il serait donc utile de connaître la répartition des apprenants au sein des structures. Le tableau 4.12 présente ces renseignements séparément pour les populations francophone et anglophone.
Les deux structures latentes qui obtiennent les notes les plus faibles à l'égard des composantes, soit les structures A et B, représentent une proportion minime (moins de 4 %) de la population canadienne. La structure C compte un pourcentage légèrement plus élevé d'adultes anglophones (16,5 %) que d'adultes francophones (13,1 %).
Principales incidences sur la politique et l'enseignement publics
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Le Canada compte très peu de personnes qu'on pourrait appeler « analphabètes » et qui ne savent pas lire, même compte tenu des locuteurs non natifs de l'anglais et du français. Environ 16 % des adultes qui possèdent des compétences de niveaux 1 et 2 en anglais et en français ont une capacité de lecture limitée. La plupart d'entre eux possèdent certaines des composantes nécessaires, mais à un niveau inférieur à celui qu'exige la compétence de niveau 3. Si les interventions doivent être intenses et peut-être de longue durée, l'ensemble des investissements nécessaires pour relever le niveau de littératie global de la population adulte canadienne pourrait toutefois être beaucoup moins élevé qu'on ne l'estimait initialement, car ce groupe est restreint.
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Bien que les programmes d'information en langage clair18 soient nécessaires et souhaitables, ils risquent de ne pas permettre à trois des quatre structures d'accéder à l'information imprimée. Des compétences en décodage et en vocabulaire sont nécessaires même pour comprendre des textes simples.
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L'analyse des structures latentes donne à penser que les adultes qui se situent au niveau 2 diffèrent de ceux du niveau 1 non seulement par leur niveau de compétence, mais aussi par la configuration des composantes de leur compétence. Ceux qui se situent au niveau 2 obtiennent des notes plus élevées en vocabulaire et en orthographe. Malgré leur vocabulaire suffisant, les tâches de niveau 3 sont trop difficiles pour eux à cause de leur faible capacité de décodage. Les interventions auprès des personnes qui se classent au niveau 1 doivent donc être très différentes de celles qui s'adressent aux adultes de niveau 2. Ces derniers doivent se concentrer davantage sur leurs capacités de décodage tout en maintenant leur vocabulaire.
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Une forte proportion de personnes de la structure latente A ont un faible niveau de scolarité. Toutefois, on trouve également de nombreux adultes qui ont réussi à poursuivre leurs études secondaires malgré leurs difficultés en lecture, ce qui risque d'avoir une incidence sur leur parcours d'apprentissage futur et sur leur fonctionnement courant en société. Idéalement, des normes devraient assurer que toutes les personnes qui obtiennent un diplôme d'études secondaires possèdent des compétences en littératie de niveau 3 afin de bien fonctionner dans l'économie mondiale du savoir. En effet, on acquiert les capacités de décodage surtout pendant les études secondaires, alors qu'on peut continuer d'enrichir son vocabulaire par le biais du travail, de la lecture et de la formation future pour accroître le niveau de base atteint au cours des études.
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Une proportion importante d'adultes des trois structures latentes inférieures est composée d'immigrants, particulièrement de ceux dont la langue maternelle n'est ni l'anglais ni le français. La compétence en littératie de beaucoup d'entre eux est insuffisante étant donné le niveau élevé qu'exigent l'économie et la société canadiennes. Souvent, les programmes d'intervention offerts aujourd'hui au Canada n'arrivent pas à les habiliter à accroître leur rendement ni à leur permettre de travailler et de gagner leur vie selon leur potentiel, vu leurs niveaux de scolarité.
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Il importe donc d'offrir aux personnes qui se situent dans les structures latentes faibles des occasions de participer à des programmes de formation en littératie pertinents afin qu'elles bénéficient à l'avenir de l'éducation et de la formation des adultes.
La littératie est une compétence clé dans un monde où l'information, imprimée ou numérique, est omniprésente. L'Enquête internationale sur les compétences en lecture a fourni des renseignements précieux sur les modèles des capacités de lecture des lecteurs adultes aux compétences les plus faibles. On peut maintenant tirer parti de ces renseignements en prenant des décisions concernant la planification et l'offre de cours de lecture pertinents et efficients à différents groupes d'apprenants adultes. Le nouvel ensemble de données devrait permettre d'établir de meilleurs systèmes pour diagnostiquer les adultes aux compétences faibles, d'adapter le contenu et les modalités de l'enseignement à leurs besoins et d'améliorer les stratégies visant à encourager la participation active des apprenants adultes.
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