Emploi du temps : la charge de travail totale, le travail non rémunéré et les loisirs

Warning Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

par Melissa Moyser, Ph. D., et Amanda BurlockNote 

Date de diffusion : le 30 juillet 2018

Passer au texte

Début du texte

Introduction

La présence accrue des femmes sur le marché du travail a entraîné des changements dans la structure économique des famillesNote . Depuis le milieu des années 1970, la proportion de familles comptant deux soutiens a augmenté d’environ 20 points de pourcentage (passant de 39,2 % à 58,8 %)Note . Dans un même temps, la proportion de familles monoparentales a presque doublé (passant de 8,4 % à 14,2 %), et celle de familles où la femme était le seul soutien économique a également connu une hausseNote . Ces changements ont contribué à une forte diminution de la proportion de familles au sein desquelles l’homme était le seul soutien économique.

Du fait de cette évolution, trouver l’équilibre entre le travail et la vie familiale est devenu plus exigeant, et ce, à la fois chez les femmes et les hommesNote . La contribution plus importante des femmes au bien-être économique de leur famille a fragilisé les rôles traditionnels assignés à chacun des sexes, qui attribuent aux femmes la responsabilité principale d'effectuer le travail non rémunéré (c.-à-d. les tâches ménagères et les soins à prodiguer), et aux hommes, celle de gagner de l’argent. Les exigences croissantes relatives au travail rémunéré et à la vie familiale ont également érodé la division du travail selon les sexesNote Note Note . Comme ils doivent composer avec les pressions économiques et la concurrence mondiale, les employeurs attendent souvent de leurs effectifs réduits des niveaux élevés d’engagement, comptent fortement sur les technologies de la communication (p. ex. les courriels et téléphones cellulaires) et les ordinateurs portables (permettant aux employés de travailler à tout moment et à partir de n’importe quel endroit) et encouragent les longues heures de travail et la « présence » au bureauNote Note Note Note Note . Parallèlement, on s’attend à ce que les parents — en particulier les mères — s’impliquent fortement dans l’éducation de leurs enfants, en passant beaucoup de « temps de qualité » avec eux, en favorisant leur développement en les exposant à une variété d’activités parascolaires et en faisant des efforts constants afin d’enrichir leur environnementNote Note Note Note . En outre, la maternité et les transitions à l’âge adulte plus tardives ainsi que le vieillissement de la population accroissent la probabilité que les enfants et les parents âgés aient besoin du soutien de travailleurs d’âge moyenNote . Ensemble, ces tendances, en apparence contradictoires, ont mené au renouvellement de l’intérêt sur la manière dont les femmes et les hommes partagent les responsabilités financières ainsi que celles relatives à l’éducation des enfants et aux tâches ménagèresNote .

Le temps est une ressource limitée. Cela signifie que celui consacré à une activité réduit la durée disponible pour effectuer d’autres activités. Le fait de savoir comment les femmes et les hommes répartissent leur temps entre diverses activités au cours d’une journée typique est essentiel pour comprendre l’inégalité entre les sexes au sein de la société, puisque les activités d’une personne dans la sphère privée (c.-à-d. les tâches ménagères et les soins prodigués) ont des répercussions sur l’étendue et la nature de sa participation à la sphère publique (c.-à-d. le travail rémunéré), et inversementNote Note .

À l’aide des données de l’Enquête sociale générale (ESG) de 1986, 2010 et 2015 sur l’emploi du temps et de l’ESG de 2012 sur les soins donnés et reçus, le présent chapitre de Femmes au Canada examine l’écart entre les sexes en matière de temps alloué aux tâches ménagères, aux soins prodigués et aux loisirs ainsi que la façon dont la situation a évolué au cours des 30 dernières années. On étudie également la charge de travail totale des femmes et des hommes — définie comme étant le temps consacré à la fois au travail rémunéré et non rémunéré. Sauf indications contraires, les estimations figurant dans le présent chapitre s’appliquent aux personnes de 25 à 54 ans qui résidaient dans les 10 provinces; elles excluent les pensionnaires d’établissements institutionnels ainsi que les personnes vivant dans les réserves des Premières Nations et les territoires. Ce groupe d’âge a été choisi, car il comprend les années de vie durant lesquelles les rôles de soutien économique et de fournisseur de soins sont les plus exigeants. Les jeunes adultes (15 à 24 ans) et les aînés (55 ans et plus) présentent généralement des tendances différentes en matière d’emploi du temps par rapport aux adultes en âge de travailler, puisqu’ils sont plus susceptibles d’étudier à temps plein ou d’être à la retraite.

Conciliation d’affirmations divergentes quant aux différences entre les sexes dans l’emploi du temps

Des études antérieures ont permis de mettre au jour des points de vue divergents quant aux différences relatives à l’emploi du temps entre les sexes. D’une part, il est établi que la charge de travail totale des femmes et des hommes est désormais égale au CanadaNote  et aux États-UnisNote Note . Les femmes consacrent un nombre moins élevé d’heures au travail rémunéré et effectuent moins de tâches ménagères que par le passé, tout en préservant du temps pour s’occuper des enfantsNote Note Note Note Note Note Note Note . Les hommes consacrent moins d’heures au travail rémunéré et davantage de temps au travail non rémunéré, plus particulièrement pour ce qui est de prodiguer des soins aux enfantsNote Note Note Note Note Note .

D’autre part, il est démontré que les hommes n’ont pas accru leur participation au travail non rémunéré dans la même mesure que les femmes ont renforcé leur participation à un travail rémunéré ou qu’elles ont diminué cette participation au travail non rémunéréNote Note Note Note . Par conséquent, les femmes effectuent en fait un « deuxième quart » de travail non rémunéré après leur travail rémunéréNote Note Note . Des recherches qualitatives soulignent également le fait que les femmes ont conservé l’ultime responsabilité d’assurer la coordination de la vie des enfants, de s’assurer du bon fonctionnement du ménage (p. ex. planifier les repas, fixer les rendez-vous chez le médecin, le dentiste ou autres, prendre les dispositions nécessaires pour effectuer les réparations ou organiser les livraisons), du « travail d’ordre affectif » (p. ex. veiller à l’amélioration du bien-être des proches et offrir un soutien) et de l’« entretien des relations » (p. ex. en gardant contact avec les membres de la famille immédiate et élargie; en se souvenant des anniversaires et autres jalons de même qu’en soulignant ceux-ci; en planifiant et en organisant les fêtes familiales et les vacances), et ce, même si leur rôle économique s’est accruNote Note Note Note Note Note Note . Bien que les femmes consacrent beaucoup de temps à ces tâches d’ordre mental et affectif, ces activités sont en grande partie invisibles pour les autres (sauf si elles n’ont pas été effectuées), sont généralement peu reconnues socialement et ne sont pas mesurées dans les enquêtes sur l’emploi du tempsNote .

L’idée selon laquelle les femmes exécutent une part disproportionnée du travail non rémunéré est étayée par des preuves de leurs perceptions accrues des contraintes de temps — définies comme « l’impression de ne pas disposer de suffisamment de temps et de vivre à un rythme effréné, de se sentir bousculé et obligé de faire les choses à la hâte, ce qui entraîne de l’inquiétude et de la frustration » — par rapport aux hommesNote . En 2015, 48,9 % des femmes de 25 à 54 ans au Canada déclaraient qu’à la fin de la journée, elles avaient souvent l’impression de ne pas avoir accompli tout ce qu’elles souhaitaient, par rapport à 43,4 % des hommes; 68,6 % des femmes affirmaient se sentir stressées lorsqu’elles ne disposaient pas suffisamment de temps, par rapport à 60,0 % des hommes; et 46,3 % des femmes ont indiqué se sentir constamment stressées de tenter de faire plus que ce qu’elles peuvent assumer, par rapport à 39,8 % des hommes.

Les affirmations divergentes quant à l’emploi du temps des femmes et des hommes ont diverses répercussions en ce qui concerne l’inégalité entre les sexes dans la société. Si les femmes et les hommes ont modifié leur emploi du temps relatif au travail rémunéré et non rémunéré vers une convergence, cela laisse entendre que des progrès sont accomplis en matière d’égalité entre les sexes. Inversement, même si la plus grande partie du temps des femmes consacrée au travail rémunéré n’a pas entraîné une redistribution significative du travail non rémunéré chez les hommes, cela révèle le maintien de l’application quotidienne de la division traditionnelle du travail selon les sexes et, par conséquent, une révolution des sexes « au point mort »Note Note Note .

Comment peut-on concilier ces affirmations? Les différences entre les sexes pour ce qui est de l’exécution de tâches multiples — que l’on définit comme étant « le fait d’accomplir plusieurs tâches simultanément ou en alternance rapide afin d’en effectuer plusieurs en un temps limité » — peuvent être pertinentesNote . Alors que le travail rémunéré est généralement effectué comme activité principale, les tâches ménagères et les soins prodigués aux enfants ont souvent lieu en même temps que d’autres activités (c.-à-d. comme activités « simultanées »), généralement les loisirsNote Note Note . Un parent peut, par exemple, plier le linge tout en surveillant ses enfants et en regardant la télévision. Des recherches antérieures se sont intéressées principalement au travail non rémunéré en tant qu’activité principale. Les femmes étant plus susceptibles que les hommes de faire un travail non rémunéré et d’accomplir plusieurs tâches simultanément, cette pratique peut entraîner une sous-estimation systématique du temps que les femmes passent réellement à effectuer des activités de travail non rémunéré, ainsi que leur charge de travail totale et générer une image déformée de la progression vers l’égalité entre les sexes Note Note Note Note . Des données sur les activités principales et simultanées des femmes et des hommes sont par conséquent fournies dans le présent chapitre.

Début de la boîte de texte
Encadré 1 : Enquête sociale générale sur l’emploi du temps

Établi en 1985, le programme de l’Enquête sociale générale (ESG) de Statistique Canada a été conçu sous la forme d’une série d’enquêtes indépendantes, annuelles et transversales, chacune traitant d’un thème en profondeur. Les objectifs généraux du programme sont toujours de recueillir des données sur les tendances sociales, de manière à suivre l’évolution des conditions de vie et du bien-être des Canadiens et de fournir des renseignements sur des questions de politique sociale particulières.

La première ESG sur « l’emploi du temps » était menée en 1986. Ce thème a été repris tous les cinq à sept ans depuis, le plus récemment en 2015. L’enquête sur l’emploi du temps utilise un journal rétrospectif de 24 heures pour recueillir des renseignements sur la participation des répondants à un large éventail d’activités quotidiennes, d’au moins 10 minutes, ainsi que sur le temps qu’ils y ont consacré. De l’information est également recueillie sur l’endroit où ces activités ont eu lieu et, pour les activités non personnelles, sur les gens qui étaient avec le répondant au moment de l’activité.

Pour la première fois en 2010, l’ESG sur l’emploi du temps comprenait des questions sur la participation à d’autres activités effectuées en même temps que l’activité « principale », et sur leur durée, permettant ainsi de mieux comprendre l’exécution de tâches multiples. Les questions sur la participation à des activités simultanées ont été conservées dans l’ESG de 2015, mais pas celles relatives à leur durée. La présente analyse complète, par conséquent, les données relatives aux activités principales de l’ESG de 2015, en ajoutant des renseignements sur les activités simultanées provenant de l’ESG de 2010. Les durées moyennes pour effectuer des tâches ménagères, prodiguer des soins aux enfants et participer à des loisirs en tant qu’activités principales étaient comparables en 2010 et en 2015, laissant entendre qu’il en serait de même pour les activités simultanées.

Le taux de réponse de l’ESG de 2015 sur l’emploi du temps était moins élevé que celui de 2010 : 38 % par rapport à 55 %. En outre, le taux de réponse de l’ESG de 2015 était de 8 à 15 points de pourcentage inférieur à celui observé pour d’autres cycles de l’enquête menés au cours de la dernière décennie. Statistique Canada s’est assuré de faire en sorte que les données de l’ESG de 2015 conviennent aux utilisations prévues en appliquant aux poids de sondage un ajustement pour la non-réponse et en comparant les principales estimations de l’enquête à d’autres sources de données. Néanmoins, des estimations pour les petits groupes de population peuvent faire l’objet d’une plus grande erreur d’échantillonnage et de plus importants risques de biais de non-réponse. C’est la raison pour laquelle les données de l’ESG de 2015 ne peuvent corroborer des études sur les tendances relatives à l’emploi du temps selon le sexe chez les Autochtones, les minorités visibles, les immigrants ou les personnes ayant une incapacité.

Pour obtenir plus de renseignements sur l’ESG de 2015, veuillez consulter la Note technique de l’Enquête sur l’emploi du temps 2015.

Fin de la boîte de texte

Charge de travail totale

Deux types de travail sont essentiels pour les sociétés capitalistes : l’emploi rémunéré associé à l’économie salariale et le travail domestique non rémunéré qui produit et soutient à la fois la génération actuelle de travailleurs, mais également les enfants, c’est-à-dire la main-d’œuvre futureNote Note . Pour diverses raisons, les femmes ont tendance à consacrer davantage de temps à effectuer un travail non rémunéré que les hommes. En 2015, les femmes au Canada passaient en moyenne 3,9 heures par jour à effectuer un travail non rémunéré comme activité principale — c’est-à-dire 1,5 heure de plus que les hommes (2,4 heures) (graphique 1).

L’écart entre les sexes quant au temps consacré à un travail non rémunéré est supérieur lorsqu’on inclut aux estimations le travail non rémunéré fait en même temps que d’autres activités, puisqu’un plus grand nombre de femmes que d’hommes ont effectué un travail non rémunéré sous forme d’activité simultanée. En particulier, 60,8 % des femmes ont effectué un travail non rémunéré comme activité simultanée en 2015, par rapport à 40,2 % des hommes. En 2010, les femmes consacraient en moyenne 2,5 heures de plus par jour que les hommes à des activités non rémunérées (principales et simultanées) — 5,4 heures par rapport à 2,9 heures.

Bien que les femmes tendent à consacrer davantage de temps que les hommes à des activités non rémunérées, elles sont moins susceptibles d’être actives sur le marché du travail et, lorsque cela est le cas, elles sont proportionnellement plus nombreuses à occuper un emploi à temps partielNote . Selon les données de l’Enquête sur la population active, 82,0 % des femmes au Canada occupaient un emploi en 2015, par rapport à 90,9 % des hommesNote . Les femmes occupant un emploi passaient généralement en moyenne 5,6 heures de moins par semaine au travail que les hommes, tous emplois confondus (35,5 par rapport à 41,1 heures). Selon les données de l’ESG de 2015, les femmes consacraient en moyenne 3,9 heures par jour à effectuer un travail rémunéré, alors que ce nombre était en moyenne de 5,2 heures par jour chez les hommes (graphique 1)Note . Il est important de reconnaître que le travail non rémunéré effectué de manière disproportionnée par les femmes pour les membres de leur famille facilite le taux d’activité plus important des hommes et leurs plus longues heures de travailNote .

Le volume de travail des femmes et des homme s’équivalait en 2015 (7,8 heures et 7,6 heures respectivement). Cependant, lorsque l’on inclut un travail non rémunéré en tant qu’activité simultanée, la volume de travail total des femmes était en moyenne plus élevé de 1,2 heures par jour que celui des hommes en 2010 (9,1 versus 7,9 heures).

Début de la boîte de texte
Encadré 2 : Charge de travail totale des Canadiennes et des Canadiens dans le contexte international

Le temps que les Canadiennes et les Canadiens de 15 à 64 ans consacraient à un travail non rémunéré était similaire à celui de leurs homologues d’autres pays du G7, à l’exception de l’Italie, où les femmes passaient davantage de temps à effectuer un travail non rémunéré et au Japon, où les hommes consacraient moins de temps à faire un travail non rémunéré (graphique 2). Les Suédoises passaient moins de temps à effectuer un travail non rémunéré que les Canadiennes.

Le temps que les Canadiennes et les Canadiens consacraient à un travail rémunéré était également équivalent à celui de leurs homologues des États-Unis et de la Suède, mais ils y allouaient plus de temps que leurs homologues d’autres pays du G7. L’exception à cette tendance est le Japon, où les hommes passaient beaucoup plus de temps à effectuer un travail rémunéré que leurs homologues d’autres pays du G7 et de la Suède.

Les Canadiens affichent la charge de travail totale la plus élevée parmi les pays du G7 et par rapport à la Suède. Les hommes italiens, suivis des Français et des Françaises, enregistrent la charge de travail totale la plus faible.

Fin de la boîte de texte
Début de la boîte de texte
Encadré 3 : Mesure de l’emploi du temps — Taux de participation et temps moyen consacré à une activité au sein de la population et parmi les participants

Dans le cadre d’études sur l’emploi du temps, il est pratique courante de calculer la durée moyenne consacrée à une activité en particulier au sein de la population au cours d’une période donnée. Dans la population, certaines personnes auront participé à cette activité, tandis que d'autres non. Il s’ensuit que le temps moyen consacré à cette activité au sein de la population reflète à la fois la part de la population ayant pris part à cette activité (c.-à-d. le taux de participation) et le temps que les participants au sein de la population ont alloué à l’activité. Le temps moyen consacré à l’activité sera généralement supérieur lorsque le dénominateur représente des participants, par rapport à la population. La raison en est que le temps agrégé consacré à l’activité — c.-à-d. le numérateur — est le même que le dénominateur, soit les participants (généralement un plus petit nombre) ou la population (généralement un plus grand nombre). Lors de l’examen d’activités que tous effectuent, comme manger et dormir, le temps moyen consacré à cette activité est le même pour les participants et la population.

Fin de la boîte de texte

Tâches ménagères

Les femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à participer aux tâches ménagères, et elles y consacrent davantage de temps

Les tâches ménagères font référence à un vaste éventail de travaux domestiques visant à s’occuper des membres du ménage et à faire l’entretien intérieur et extérieur de la maison et des véhiculesNote . Il est bien établi que les femmes consacrent généralement davantage de temps à effectuer des tâches ménagères que les hommesNote Note Note Note Note . En effet, les femmes au Canada consacraient en moyenne 2,8 heures par jour à effectuer des tâches ménagères comme activité principale en 2015 — soit 54 minutes de plus que les hommes (1,9 heure par jour) (graphique 3). Cela signifie que les femmes consacraient en moyenne 6,3 heures de plus que les hommes à accomplir des tâches ménagères par semaine.

En 2015, la proportion de femmes ayant effectué des tâches ménagères était supérieure à celle observée chez les hommes (89,9 % par rapport à 76,2 %). Parmi les personnes ayant participé aux tâches ménagères, les femmes consacraient en moyenne 36 minutes de plus par jour à ces activités que les hommes (3,1 heures par rapport à 2,5 heures).

La spécialisation selon le sexe en ce qui a trait aux tâches ménagères — c’est-à-dire les femmes et les hommes effectuant des tâches ménagères différentes — contribue à l’existence d’un écart entre les sexes en matière de temps alloué à ces tâches. Des études antérieures ont démontré que les femmes tendent à effectuer des tâches routinières et répétitives, comme cuisiner, faire le ménage, la lessive et les courses, alors que les hommes accomplissent des tâches plus épisodiques ou discrétionnaires, comme sortir les poubelles, effectuer les travaux d’entretien de la maison et réparer la voiture, tondre la pelouse et jardinerNote Note . En examinant les sexes en fonction de ce que les personnes « font » dans le cadre de leurs activités quotidiennesNote , les sociologues féministes interprètent la spécialisation selon le sexe relativement aux tâches ménagères comme l’expression des identités féminine et masculineNote Note .

Conformément aux études précédentes, les femmes au Canada étaient plus susceptibles que les hommes de préparer les repas et les collations (72,5 % par rapport à 55,4 %), d’effectuer l’entretien ménager (53,5 % par rapport à 30,7 %) et de faire la lessive (14,6 % par rapport à 3,2 %) en 2015 (graphique 4). D’autre part, les femmes étaient proportionnellement moins nombreuses que les hommes à faire l’entretien extérieur (6,1 % par rapport à 12,8 %) et à effectuer les travaux de réparation, de peinture et de rénovation (1,3 % par rapport à 3,3 %).

Des recherches menées aux États-Unis ont révélé un léger changement dans la répartition des tâches ménagères, tendant vers une plus grande égalité entre les sexes depuis le milieu des années 1960Note Note Note . Parallèlement à leur présence accrue sur le marché du travail et à l’augmentation de leur nombre d’heures travaillées, les femmes ont réduit le temps qu’elles consacrent aux tâches ménagèresNote . La même tendance était observable au Canada, puisque le temps que les femmes consacraient aux tâches ménagères en tant qu’activité principale a diminué, passant de 3,5 heures par jour en moyenne en 1986 à une moyenne de 2,8 heures par jour en 2015 — une différence de 42 minutes par jour (graphique 3). Cette diminution reflète en partie une légère réduction de la proportion de femmes participant aux tâches ménagères (92,3 % en 1986 par rapport à 89,9 % en 2015) (graphique 4). Les tâches ménagères pour lesquelles la participation des femmes a diminué le plus étaient l’entretien ménager du logement (passant de 71,8 % à 53,5 %) et la lessive (passant de 27,5 % à 14,6 %).

Parmi les femmes ayant participé aux tâches ménagères, le temps consacré à celles-ci a également diminué de 1986 à 2015, passant d’une moyenne de 3,8 heures par jour à une moyenne de 3,1 heures par jour (une différence de 42 minutes).

Alors que le temps consacré par les femmes aux tâches ménagères a connu une baisse au cours des trois dernières décennies, le temps que les hommes ont alloué à celles-ci a augmenté, passant d’une moyenne de 1,5 heure par jour en 1986 à une de 1,9 heure par jour en 2015 (une différence de 24 minutes par jour) (graphique 3). Cette augmentation reflète en grande partie la proportion accrue des hommes participant aux tâches ménagères, qui est passée de 64,3 % en 1986 à 76,2 % en 2015 (une différence de 11,9 points de pourcentage). Les tâches ménagères pour lesquelles la participation des hommes a le plus augmenté étaient la préparation des repas (passant de 30,6 % à 55,4 %) et l’entretien ménager du logement (20,9 % à 30,7 %) (graphique 4).

Chez les hommes ayant participé aux tâches ménagères, le temps qu’ils y ont consacré est demeuré essentiellement le même de 1986 à 2015 (soit environ 2,5 heures par jour).

En résumé, les femmes au Canada étaient proportionnellement plus nombreuses que les hommes à effectuer des tâches ménagères et, lorsqu’elles les accomplissaient, les femmes y consacraient plus de temps que les hommes. Au cours des 30 dernières années, le temps que les femmes passaient à effectuer des tâches ménagères a diminué de 42 minutes par jour en moyenne, alors que le temps qu’y ont consacré les hommes a augmenté de 24 minutes par jour en moyenne. Il s’ensuit que la participation des hommes représentait un peu plus de la moitié de la réduction du temps que les femmes ont consacré aux tâches ménagères.

Lorsqu’on tient compte des tâches ménagères effectuées comme activité simultanée, les femmes consacraient en moyenne 1,4 heure de plus par jour que les hommes (3,4 heures par rapport à 2,0 heures) à accomplir toutes les tâches ménagères (graphique 3). Une plus grande proportion de femmes que d’hommes a effectué les tâches ménagères comme activité simultanée (93,2 % par rapport à 79,8 %); cependant, l’écart entre les sexes en matière de participation était similaire à celui observé pour les tâches ménagères effectuées comme activité principale : 13,4 points de pourcentage.

Contrairement aux hommes, le temps que consacrent les femmes aux tâches ménagères est lié à leur nombre d’heures de travail rémunéré

Il existe trois explications théoriques concernant les différences constatées entre les sexes en matière de temps consacré aux tâches ménagères : la perspective selon le sexe mentionnée précédemment (c.-à-d. la division des tâches ménagères en fonction des sexes en tant qu’expression répétitive des rôles associés aux sexes et des relations « appropriées » entre les sexes), la perspective de la disponibilité du temps et la perspective des ressources relativesNote . La perspective de la disponibilité du temps laisse entendre que les tâches ménagères sont attribuées de façon rationnelle au sein des ménages en fonction du nombre d’heures de travail rémunéré du conjoint ou partenaire et de la charge des tâches ménagères devant être effectuéeNote . Selon cette perspective, un emploi et des heures de travail rémunéré plus longues correspondent à un temps réduit passé à effectuer des tâches ménagères.

En 2015, les femmes occupant un emploi à temps partiel passaient en moyenne 54 minutes de moins par jour à effectuer des tâches ménagères (3,0 heures par jour) que les femmes n’ayant pas d’emploi (3,9 heures par jour); les femmes travaillant à temps plein y consacraient en moyenne 1,4 heure de moins par jour (2,5 heures par jour) (graphique 5). Pour ce qui est des hommes, les heures de travail rémunérées n’affectent pas de façon significative le temps qu’ils ont consacré aux tâches ménagères.

La perspective du temps disponible donne également à penser que le temps consacré aux tâches ménagères augmente en fonction de la taille de la famille, puisque davantage de tâches ménagères doivent alors être effectuées. Selon cette perspective, en 2015, les membres de la famille consacraient davantage de temps aux tâches ménagères que les personnes vivant seules; les femmes de tous les types de familles allouaient davantage de temps aux tâches ménagères que ne le faisaient les hommes, à l’exception des familles monoparentales (graphique 6). En particulier, les femmes seules passaient en moyenne 2,2 heures par jour à effectuer des tâches ménagères — 30 minutes de plus que les hommes. À titre de comparaison, les femmes en couple sans enfants de moins de 18 ans consacraient en moyenne 2,6 heures par jour à accomplir des tâches ménagères — soit 42 minutes de plus que les hommes. Les femmes vivant en couple ont consacré plus de temps aux tâches ménagères lorsque leur plus jeune enfant était d’âge pré scolaire (0 à 4 ans) ou d’âge scolaire (5 à 17 ans) que celles qui n’avaient pas d’enfants de moins de 18 ans. Les hommes en couple ont consacré plus de temps aux tâches ménagères lorsque leur enfant était d’âge scolaire que ceux qui n’avaient ni enfant d’âge pré scolaire, ni enfants de moins de 18 ans. Les femmes vivant en couple dont l’enfant le plus jeune était d’âge pré scolaire ont consacré en moyenne 3,2 heures par jour aux tâches ménagères ce qui représentent 1,2 heures de plus que leur homologue masculin qui y ont consacré 2,0 heures par jour. Les femmes vivant en couple dont l’enfant le plus jeune était d’âge scolaire ont consacré en moyenne 3,4 heures par jour aux tâches ménagères ce qui représentent 1,1 heures de plus que leur homologue masculin qui eux y ont consacré 2,3 heures par jour.

La notion de ressources relatives signifie que l’attribution des tâches ménagères reflète la dynamique des rapports de pouvoir entre les femmes et les hommes, déterminées par les ressources relatives que le conjoint ou partenaire apporte à la relationNote . Selon cette perspective, on s’attend à ce qu’un niveau de scolarité et un revenu plus élevés que ceux du conjoint ou partenaire se traduisent par un rapport de pouvoir plus grand, lequel permet d’échapper à l’obligation de faire des tâches ménagères. Une autre explication est que l’avantage concurrentiel que présentent un niveau de scolarité élevé et un revenu supérieur coïncide avec moins de temps consacré aux tâches ménagères.

Dans le même ordre d’idées, en 2015, posséder un certificat, un grade ou un diplôme universitaire de niveau baccalauréat ou supérieur était lié au fait que les femmes passent moins de temps à effectuer des tâches ménagères que leurs homologues ayant un niveau de scolarité inférieur (graphique 7). Par exemple, les femmes possédant un grade universitaire consacraient en moyenne 2,6 heures par jour à effectuer des tâches ménagères, c’est-à-dire 36 minutes de moins que les femmes n’ayant pas de certificat, de diplôme ou de grade, lesquelles passaient en moyenne 3,2 heures par jour à accomplir des tâches ménagères. La même tendance a été observée chez les hommes possédant un diplôme universitaire. Ces derniers ont consacré un peu moins de temps aux tâches ménagères (1,8 heures par jour) que ceux qui avaient un certificat ou diplôme d’une école de métiers (2,2 heures par jour) ou un certificat ou diplôme collégial, d’un cégep ou un certificat ou un diplôme d’études non universitaires (2,2 heures par jour). Cependant, il n'y avait pas de différence significative dans le temps consacré aux tâches ménagères chez les hommes ayant un diplôme universitaire et ceux qui n’ayant aucun certificat ou diplôme.

Fait à noter, l’écart entre les sexes pour ce qui est du temps consacré aux tâches ménagères chez les personnes ne détenant pas de certificat, de diplôme ou de grade était plus important que chez les personnes ayant suivi des études postsecondaires.

Le temps que les femmes consacraient aux tâches ménagères diminuait parallèlement à la position des personnes dans la répartition du revenu personnel (graphique 8). Par exemple, les femmes appartenant au quatrième quartile de la répartition du revenu consacraient en moyenne 2,5 heures par jour aux tâches ménagères en 2015, soit une heure de moins que les femmes se situant dans le premier quartile de la répartition du revenu (3,5 heures par jour). En revanche, le temps que les hommes consacraient aux tâches ménagères était similaire, quelle que soit la répartition du revenu. Il est possible que les femmes gagnant davantage aient les moyens de recourir à des services rémunérés (c.-à-d. confier le tout à une ressource externe) en vue d’effectuer leurs tâches ménagèresNote .

Soins donnés

Les mères et les pères consacrent plus de temps à prodiguer des soins aux enfants qu’il y a 30 ans; toutefois, celui passé à s’occuper des enfants est beaucoup plus élevé chez les femmes que chez les hommes

Malgré leur participation accrue au marché du travail tout au long de leur vie, les femmes sont les principaux fournisseurs de soins informels (c.-à-d. non rémunérés) aux enfants, aux membres de la famille et aux amis ayant des limitations liées au vieillissement, des problèmes de santé chroniques ou une incapacité physique ou mentale. Selon les données de l’ESG de 2012 sur les soins donnés et reçus, 62,3 % des femmes de 25 à 54 ans au Canada avaient un enfant de moins de 13 ans dans leur ménage ou fournissaient des soins à des membres de la famille et à des amis. À titre de comparaison, cette proportion était de 56,7 % chez les hommes.

À l’aide des données de l’ESG de 2015 sur l’emploi du temps, on peut distinguer les soins aux enfants comme activité principale des soins prodigués à un adulte, vivant dans le ménage ou à l’extérieur de celui-ci, comme une aide pour les soins personnels, les courses et le transport. Ces données confirment que les femmes consacraient davantage de temps que les hommes à fournir des soins aux enfants et que l’écart entre les sexes s’est accentué au fil du temps. Les femmes passaient en moyenne une heure par jour à s’occuper des enfants en 2015 — soit 30 minutes de plus que les hommes (qui y consacraient 30 minutes) (graphique 9). Cela reflète partiellement le fait qu’un plus grand nombre de femmes que d’hommes participaient aux soins des enfants (37,4 % par rapport à 25,3 %). Pourtant, même parmi les participants, les femmes consacraient en moyenne 36 minutes de plus par jour que les hommes à s’occuper des enfants (2,6 heures par rapport à 2,0 heures).

Les femmes et les hommes consacraient davantage de temps à s’occuper des enfants en 2015 qu’en 1986. Plus particulièrement, le temps moyen que les femmes et les hommes ont consacré à prodiguer des soins aux enfants a augmenté de 12 minutes par jour de 1986 à 2015 (passant de 48 minutes à 1 heure et de 18 à 30 minutes respectivement). Ces constatations vont dans le même sens que les études menées aux États-Unis, démontrant que les mères ont maintenu le temps passé avec les enfants, même si elles consacrent davantage de temps à effectuer un travail rémunéré et moins de temps aux tâches ménagères, et que les pères ont, quant à eux, passé davantage de temps à prodiguer des soins aux enfantsNote Note Note Note . Cette hausse de la durée consacrée aux soins des enfants au fil du temps peut refléter en partie la forme d’éducation plus intense que jamais qu’appliquent les parents de classe moyenne, en particulier les mères, comme l’ont démontré des études antérieuresNote Note Note .

Fait à noter, l’écart entre les sexes pour ce qui est du temps passé à s’occuper des enfants est demeuré stable de 1986 à 2015, soit 30 minutes. Même si un moins grand nombre de femmes participaient aux soins des enfants en 2015 qu’en 1986 (37,4 % par rapport à 41,7 %), celles qui l’ont fait ont davantage augmenté le temps passé à s’occuper des enfants (36 minutes par jour, passant de 2,0 à 2,6 heures par jour) que les hommes (24 minutes par jour, passant de 1,6 heure à 2,0 heures par jour).

En examinant les soins prodigués aux enfants simultanément à d’autres activités, l’écart entre les sexes à ce chapitre est plus important que lorsque les soins des enfants sont considérés comme une activité principale uniquement. En particulier, les femmes consacraient en moyenne 1,9 heure par jour à toutes les activités relatives aux soins des enfants en 2010 — c’est-à-dire une heure de plus par jour que les hommes (54 minutes par jour). Cela reflète en partie le fait que les femmes sont plus susceptibles que les hommes de fournir des soins aux enfants en effectuant d’autres activités (42,2 % des femmes par rapport à 30,1 % des hommes).

Une plus grande proportion de femmes que d’hommes effectuent des tâches quotidiennes relatives aux soins des enfants un jour donné, et elles consacrent plus de temps à le faire

Tout comme les tâches ménagères, celles relatives aux soins des enfants sont propres à chaque sexe : les femmes passent généralement plus de temps que les hommes à accomplir des tâches quotidiennes liées aux soins physiques des enfantsNote Note . En 2010, 76,1 % des femmes de 25 à 54 ans au Canada, dont l’enfant le plus jeune dans le ménage était âgé de moins de 16 ans, effectuaient des tâches quotidiennes liées aux soins des enfants un jour donné, par rapport à 56,7 % des hommes (une différence de 19,4 points de pourcentage) (graphique 10)Note . De plus, ces femmes consacraient près d’une heure de plus par jour que les hommes à effectuer des tâches quotidiennes relatives aux soins des enfants (2,3 heures par rapport à 1,4 heure par jour, soit une différence de 54 minutes).

L’écart entre les sexes en ce qui a trait à la participation et au temps passé était plus faible pour les tâches liées à l’engagement, au développement et à l’éducation des enfantsNote . Environ 40 % des femmes dont l’enfant le plus jeune était âgé de moins de 16 ans ont effectué ces tâches, tout comme 27,4 % des hommes (une différence de 11,8 points de pourcentage). Les femmes effectuant des tâches liées à l’engagement, au développement et à l’éducation des enfants consacraient en moyenne 36 minutes par jour à ces tâches — soit environ 12 minutes de plus que les hommes (24 minutes par jour).

Les femmes sont surreprésentées parmi les aidants, en particulier lorsque le bénéficiaire de soins souffre d’un problème de santé chronique ou d’une incapacité physique ou mentale

Les soins donnés à un membre adulte de la famille ou à un ami, vivant dans le ménage ou à l’extérieur de celui-ci, jouent un rôle important dans le maintien de la santé, du bien-être, de la qualité de vie et de l’indépendance fonctionnelle des bénéficiaires, et permettent également de réduire le nombre de demandes effectuées auprès des systèmes de soins de santé et de services sociaux. Par rapport aux hommes, les femmes fournissent une part disproportionnée de cette aide. Plus particulièrement, la proportion de femmes fournissant des soins à un membre adulte de la famille ou à un ami un jour donné était trois fois supérieure à celle des hommes en 2015 (3,3 % par rapport à 1,2 %). Parmi les personnes ayant fourni un tel soutien, les femmes y allouaient en moyenne 1,6 heure par jour — soit 36 minutes de plus que les hommes (1,0 heure par jour).

L’approche de journal utilisée dans l’ESG sur l’emploi du temps sous-estime probablement le temps passé à fournir des soins à un membre adulte de la famille ou à un ami, dans la mesure où un tel soutien est souvent offert de façon intermittente plutôt que quotidienne. Les renseignements de l’ESG de 2012 sur les soins donnés et reçus révèlent que 28,8 % des Canadiens de 25 à 54 ans étaient des aidants, que l’on définit comme les personnes ayant fourni une aide ou des soins au cours des 12 mois précédents à a) une personne souffrant d’un ou de plusieurs problèmes de santé chroniques ou b) de problèmes liés au vieillissement. Parmi ces aidants, 11,8 % voyaient quotidiennement le bénéficiaire principal de soins et 19,8 % prenaient contact avec le bénéficiaire principal de soins. Les données de l’ESG de 2012 sur les soins donnés et reçus sont donc utilisées ici afin de brosser un tableau plus complet du temps que passent les femmes et les hommes à fournir un tel soutien.

Aucune différence entre les sexes n’a été constatée chez les aidants en ce qui a trait à l’état de santé des bénéficiaires de soins (c.-à-d. ceux ayant un problème de santé chronique, une incapacité physique ou mentale par rapport à ceux ayant des problèmes liés au vieillissement) (graphique 11).

L’écart entre les sexes était apparent en tenant compte des tâches pour lesquelles les aidants fournissaient de l’aide, à l’exception des opérations bancaires, du paiement des factures ou de la gestion des finances (graphique 12). Les femmes, à titre d’aidantes, étaient plus susceptibles que leurs homologues masculins de fournir une aide relative aux soins personnels (32,8 % par rapport à 14,8 %), aux tâches ménagères comme la préparation des repas et la vaisselle, le nettoyage et la lessive (64,9 % par rapport à 45,9 %), la planification et la coordination de tâches liées aux soins (44,1 % par rapport à 29,3 %), les soins médicaux (33,6 % par rapport à 23,5 %) ainsi que le transport (81,6 % par rapport à 77,8 %). Les femmes, à titre d’aidantes, étaient proportionnellement moins nombreuses que les hommes à fournir une aide en matière de travaux d’entretien de la maison (43,4 % par rapport à 66,6 %). Au cours d’une semaine typique, les femmes, à titre d’aidantes, passaient en moyenne 11,8 heures à fournir de l’aide pour ces activités — soit 4,4 heures de plus que les hommes (7,4 heures).

Pour la plupart des femmes et des hommes agissant à titre d’aidants, le bénéficiaire principal de soins était un membre de la famille immédiate : un conjoint ou un partenaire actuel ou précédent, un enfant, un parent, un frère ou une sœur (57,6 % et 61,1 % respectivement) (graphique 13). Cependant, pour une proportion équivalente d’aidantes et d’aidants, le bénéficiaire principal de soins était un membre de la famille élargie (c.-à-d. l’un des grands-parents, un oncle, une tante ou un cousin) (28,4 % et 25,4 %). De même, pour une proportion équivalente d’aidantes et d’aidants, le bénéficiaire principal de soins était un ami, un voisin ou un collègue (environ 14 %).

La plupart des aidants vivent dans des familles composées d’un couple avec des enfants

En 2012, la majorité des aidants (femmes et hommes) vivaient dans des familles comptant un couple avec des enfants (58,7 % et 66,3 % respectivement), par rapport à d’autres types de familles. Les femmes et les hommes faisant partie de ces familles étaient tout aussi susceptibles d’agir à titre d’aidants (49,1 % et 50,9 % respectivement). De plus, les femmes et les hommes vivant seuls étaient tout autant susceptibles d’agir à titre d’aidants (47,8 % et 52,2 % respectivement). Les femmes agissant à titre d’aidantes étaient cependant surreprésentées parmi les familles monoparentales et celles comptant un couple sans enfants : 71,8 % des mères seules étaient des aidantes, par rapport à 28,2 % des pères seuls; en outre, 57,4 % des femmes en couple sans enfants étaient des aidantes, par rapport à 42,6 % des hommes en couple sans enfants.

Loisirs

Les femmes consacrent moins de temps à des activités de loisirs que les hommes, et elles sont plus susceptibles de s’adonner à de telles activités tout en faisant un travail non rémunéré

Les loisirs représentent un aspect important de la vie quotidienne et permettent aux personnes de se détendre, de se ressourcer, de participer à des activités enrichissantes, de se livrer à des réflexions, de renforcer leurs liens et d’établir des réseaux sociaux sur lesquels compter en cas de nécessitéNote . Fait à noter, le temps libre des femmes et des hommes diffère à la fois en quantité et en qualité, car les femmes consacrent généralement moins de temps à des activités de loisirs que les hommes, et elles s’adonnent souvent à ces activités tout en effectuant un travail non rémunéréNote .

Au Canada, les femmes consacraient moins de temps à des activités de loisirsNote  que les hommes en 2015, même si les deux sexes passaient moins de temps à s’adonner à ces activités en 2015 que leurs homologues en 1986 (graphique 14). Les femmes consacraient en moyenne 3,6 heures par jour à des activités de loisirs en 2015 — soit 30 minutes de moins que les hommes en 2015 (4,1 heures par jour) et que les femmes en 1986 (également 4,1 heures par jour). En 2015, les femmes et les hommes étaient tout aussi susceptibles que leurs homologues en 1986 de participer à des activités de loisirs, mais ceux qui s’y sont adonnés ont réduit ce temps de 24 et 12 minutes respectivement, de 1986 à 2015.

En plus de consacrer moins de temps à des activités de loisirs que les hommes, ces types d’activités différaient chez les femmes. En particulier, les femmes étaient plus susceptibles que les hommes de lire ou d’écouter de la musique ou la radio (17,0 % par rapport à 11,7 %), d’entretenir des relations sociales (38,5 % par rapport à 33,0 %) et de s’adonner à des activités artistiques ou de loisirs, à des passe-temps ou à écrire (14,3 % par rapport à 11,5 %). En revanche, les hommes étaient plus susceptibles que les femmes de participer à des activités sportives (20,2 % par rapport à 17,1 %) et d’utiliser les technologies (29,3 % par rapport à  26,5 %).

Lorsque les femmes participaient à des loisirs comme activité principale, elles étaient plus susceptibles que les hommes de le faire simultanément à un travail non rémunéré ou avec leurs enfants. En 2015, près de 20 % des femmes au Canada ont effectué des tâches ménagères ou prodigué des soins tout en participant à des activités de loisirs, par rapport à 6,0 % des hommes. De plus, parmi celles dont l’enfant le plus jeune était âgé de moins de 16 ans, 53,5 % des femmes se sont adonnées à des activités de loisirs avec leurs enfants, comparativement à 46,5 % de leurs homologues masculins. Des études précédentes ont démontré que lorsqu’on s’adonne à des activités de loisirs en les combinant avec les tâches ménagères ou les soins des enfants, ces activités tendent à être plus fragmentées et moins relaxantes et délassantesNote .

Début de la boîte de texte
Encadré 4 : Emploi du temps chez les jeunes Canadiens (15 à 24 ans)

La charge de travail totale des jeunes Canadiens de 15 à 24 ans est inférieure à celle observée chez les personnes du principal groupe d’âge actif (celles de 25 à 54 ans), et ce, même en incluant le temps consacré à étudier et à apprendre. En 2015, les jeunes femmes consacraient en moyenne 6,6 heures par jour aux activités combinées d’étude et d’apprentissage, de travail rémunéré et de tâches ménagères non rémunérées — c’est-à-dire 1,4 heure de moins que les femmes de 25 à 54 ans (8 heures); les jeunes hommes allouaient en moyenne 5,8 heures par jour à ces activités — soit 2,1 heures de moins que les hommes de 25 à 54 ans (7,9 heures).

Comment les jeunes Canadiens occupent-ils leur temps libre? Les jeunes femmes et hommes ainsi que leurs homologues de 25 à 54 ans consacraient environ le même temps aux soins personnels, à manger ou à boire, au transport pour se rendre aux activités et en revenir, à magasiner, à maintenir des relations sociales, à des activités civiques, religieuses et auprès d’organismes, aux arts et à des passe-temps, à regarder la télévision ou des vidéos et à lire ou à écouter de la musique ou la radio. Cependant, les jeunes passaient davantage de temps à dormir, se reposer, se détendre, rester au lit et utiliser des technologies que les personnes du principal groupe d’âge actifNote .

Fin de la boîte de texte
Début de la boîte de texte
Encadré 5 : Emploi du temps chez les Canadiens âgés (55 ans et plus)

La population du Canada vieillit, de telle sorte que, pour la première fois en 2016, le recensement de la population a dénombré plus de personnes âgées (65 ans et plus) que d’enfants de 14 ans ou moinsNote . Cette tendance reflète à la fois un niveau de fécondité en dessous du seuil de remplacement des générations, qui prévaut au Canada depuis 1972, et une longévité accrueNote . Les femmes sont surreprésentées au sein de la population canadienne âgée (55 ans et plus), en particulier à des âges avancés, puisque leur espérance de vie est supérieure à celle des hommesNote . Selon le Recensement de 2016, le nombre de femmes âgées a dépassé de plus de 20 % celui des hommes âgés, et l’on comptait deux femmes de 85 ans et plus pour un homme dans ce groupe d’âgeNote .

Comment les Canadiens plus âgés occupent-ils leur temps? La façon dont les femmes et les hommes âgés emploient leur temps reflète la répartition traditionnelle des rôles entre les sexes, même si ces personnes ne font généralement plus partie de la population active rémunérée et n’assument plus de rôles parentauxNote . Les données de l’Enquête sur la population active de 2015 révèlent que moins de femmes âgées que d’hommes âgés occupaient un emploi (31,1 % par rapport à 40,9 %)Note . Selon les données de l’ESG de 2015, les femmes âgées occupées passaient moins de temps à un travail rémunéré chaque jour que leurs homologues masculins (4,7 heures par rapport à 5,6 heures en moyenne). D’autre part, une proportion plus élevée de femmes âgées que d’hommes âgés participait à des tâches ménagères non rémunérées (93,3 % par rapport à 86,5 %) et, lorsque cela était le cas, les femmes âgées consacraient davantage de temps à effectuer des tâches ménagères non rémunérées que les hommes âgés (4,1 heures par rapport à 3,4 heures par jour en moyenne)Note .

De plus, 95 % des femmes et des hommes âgés s’adonnaient à des activités de loisirs, et ceux qui le faisaient y consacraient en moyenne environ 6 heures par jour. Comme le souligne Arriagada (2018), les femmes et les hommes âgés de 65 ans et plus participent aux activités de loisirs de différentes façons. Plus particulièrement, les femmes âgées étaient moins susceptibles que les hommes âgés de regarder la télévision ou des vidéos (78,6 % par rapport à 82,5 %) et plus enclines à entretenir des relations sociales et à communiquer (45,6 % par rapport à 37,3 %), à lire (35,0 % par rapport à 27,7 %) et à participer à des activités communautaires, religieuses, bénévoles et auprès d’organismes (9,1 % par rapport à 6,4 %).

Fin de la boîte de texte
Date de modification :