Modernisation du système statistique national

par Anil Arora
Statisticien en chef du Canada

Date de diffusion : le 26 juillet 2018

Pourquoi sommes-nous là?

Partout au Canada et dans le monde, les données et l’économie numérique deviennent de plus en plus des catalyseurs de l’innovation et génèrent des retombées sur les plans économique et social. L’explosion des mégadonnées et les progrès rapides en matière d’outils et de technologies d’analyse des données auxquels on assiste actuellement touchent autant les entreprises que les gouvernements et les citoyens et donnent lieu à des possibilités dans l’ensemble de l’économie et de la société. Les données orientent les gouvernements et les aident à concevoir des programmes qui profitent aux citoyens, à offrir un meilleur accès à leurs services et à accroître leur transparence et leur efficacité. Ces mesures améliorent à leur tour le niveau de vie et l’inclusion sociale, ce qui favorise une vie plus productive et plus saine pour tous.

Le gouvernement du Canada a lancé une consultation nationale concernant l’évolution numérique et la transformation  des données, afin de mieux comprendre comment le Canada peut susciter l’innovation, préparer les Canadiens pour le monde du travail de l’avenir et faire en sorte qu’ils aient confiance en la façon dont leurs données sont utilisées. Dans le cadre de cette consultation nationale, Statistique Canada se penche sur sa stratégie de modernisation, en vue de répondre aux besoins de données et aux besoins statistiques d’une société et d’une économie axée sur les données.

Au cours de la dernière année, le statisticien en chef du Canada a entrepris des tables rondes de consultation sur la modernisation. Cet été, et au cours des mois qui viennent, Statistique Canada tiendra des tables rondes dans des villes partout au Canada, auxquelles participeront des représentants des entreprises, des universités, de la société civile et d’autres, concernant la vision d’un système statistique national modernisé. Comme la diversité représente une force, les tables rondes feront intervenir des femmes, des Autochtones et d’autres groupes sous-représentés. Tous les Canadiens sont invités à faire valoir leur point de vue, dans le cadre de ces tables rondes sur la modernisation, quant à la façon de faire progresser la compétitivité du Canada grâce à l’économie numérique.

Début de l'encadré

Renseignements généraux et contexte international

À l’échelle mondiale, d’autres pays ont commencé  à saisir des occasions de tirer parti de la puissance des mégadonnées et de la nouvelle économie des données pour leur société. En mai 2016, les États-Unis ont publié le Federal Big Data Research and Development Strategic Plan (plan stratégique fédéral de recherche et de développement sur les mégadonnées), assorti d’investissements de centaines de millions de dollars. En mars 2017, le Royaume-Uni a publié un document d’orientation exhaustif intitulé UK Digital Strategy (la stratégie numérique du Royaume- Uni), dans lequel il expose ses plans pour l’établissement d’une  « économie numérique de calibre mondial avantageuse pour tous ». Le Royaume-Uni a également adopté la Digital Economy Act 2017 (Loi sur l’économie numérique de 2017), afin de moderniser son cadre juridique et de veiller à ce que les gouvernements, l’industrie et les citoyens soient en mesure de tirer parti des nouvelles possibilités. Le Canada doit saisir ces mêmes occasions. Les entreprises canadiennes doivent adopter de nouvelles technologies; toutefois, bon nombre d’entre elles ne savent toujours pas comment utiliser les données au profit de leurs clients ainsi que d’elles-mêmes.

Fin de l'encadré

Les ministères et organismes gouvernementaux produisent et utilisent de vastes quantités de données, y compris les déclarations de revenus, les données sur les programmes sociaux, les documents de réglementation, les statistiques sur la consommation de carburant, les flux migratoires, les renseignements météorologiques, les données géospatiales sur les terres, les immeubles  et les caractéristiques physiques, les stocks de cultures et les activités commerciales. Cela dit, les données ne sont pas gérées de manière cohérente en tant qu’actif stratégique. Les ministères ont souvent tenté d’améliorer leur capacité de gestion et d’utilisation des données, mais ils ont été frustrés par les coûts d’acquisition des données, les obstacles juridiques à l’accès aux données et les difficultés associées aux technologies de l’information. Les fonds de données se retrouvent ainsi éparpillés entre les différents ministères et ne peuvent pas être intégrés pour répondre à des questions stratégiques complexes comme la crise des opioïdes et le bien-être social des Autochtones.

L’explosion des données entraîne également des variations dans la qualité des données. L’offre de données de qualité est insuffisante pour répondre à la demande, ce qui amène parfois les entreprises, les gouvernements et les citoyens à prendre des décisions cruciales fondées sur des données de faible qualité. En outre, compte tenu de l’utilisation accrue des données, le savoir statistique joue un rôle encore plus crucial quant à l’utilisation  efficace des données pour susciter l’innovation.

L’engagement du gouvernement du Canada à mettre en place un gouvernement ouvert est fondé sur la solide tradition de transparence et de reddition de comptes établie depuis 1983, avec l’adoption de la Loi sur l’accès à l’information. En 2012, le gouvernement a adhéré au Partenariat pour un gouvernement ouvert et, en juin 2013, il a approuvé la Charte du G8 sur les données ouvertes. Le gouvernement du Canada a pris d’importantes mesures pour accroître la quantité de données ouvertes et d’inventaires de données ouvertes. Aujourd’hui, Statistique Canada est l’un des plus importants contributeurs de fichiers de données du portail du gouvernement ouvert, lequel fournit aux Canadiens des données de grande qualité pour la prise de décisions.

Tout en appuyant une plus grande ouverture de l’information, le gouvernement du Canada doit prendre des mesures pour tirer pleinement parti de ses fonds  de données, tout en assurant la protection de la vie privée. Le gouvernement du Canada a mis en place des lois qui protègent les droits à la vie privée des Canadiens, plus particulièrement la Loi sur la protection des renseignements personnels et la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques. Statistique Canada continuera d’optimiser son expertise unique et ses méthodes, protocoles et systèmes statistiques éprouvés, en vue de maximiser la quantité et la qualité des données accessibles aux utilisateurs, tout en écartant tout risque de divulgation.

Afin d’éviter que le Canada ne devienne à la fois riche en données, mais pauvre en information, le greffier du Conseil privé a lancé une approche pangouvernementale visant l’établissement d’un cadre et d’un plan stratégiques, en vue d’améliorer la façon dont le gouvernement fédéral recueille, utilise, partage et diffuse les données. Cette approche mise sur l’expertise d’un Statistique Canada renouvelé et modernisé.

1.0 Que signifie la modernisation de Statistique Canada?

Par sa modernisation, Statistique Canada, qui travaille en partenariat avec les intervenants, est en mesure de positionner fermement les données au centre des activités novatrices, tout en veillant à ce que la protection de la vie privée et l’égalité des chances demeurent primordiales. Les entreprises, les gouvernements, le milieu universitaire et les citoyens adhèrent à cette approche. La modernisation de Statistique Canada permet aussi à l’organisme d’offrir des données de grande qualité dans des formats utilisables et compréhensibles. Ces données viennent combler les lacunes en matière d’information, permettant l’échange d’idées qui améliorent la productivité, augmentent le niveau de vie et favorisent l’inclusion sociale. Les entreprises peuvent ainsi tirer pleinement parti de l’innovation axée sur les données, ce qui leur permet de créer des emplois intéressants et une richesse en utilisant l’information sur le marché pour mettre au point de nouveaux produits et services qui répondent aux exigences de leurs clients. En ce qui concerne le secteur universitaire, le fait qu’il bénéficie d’un accès sûr aux données stimule  la recherche et attire les talents étrangers, ce qui mène à de nouvelles découvertes et à la commercialisation des innovations. Les citoyens utilisent également les données pour prendre des décisions quotidiennes concernant l’endroit où ils souhaitent vivre, le type d’éducation ou d’emploi qu’ils veulent poursuivre et ce à quoi ils veulent consacrer leur temps libre.

D’autres pays ont amorcé une modernisation de leurs systèmes de collecte de données, ayant reconnu le rôle clé que leurs organismes statistiques devraient jouer pour stimuler l’innovation en matière de données. Par exemple, l’Australie investit des sommes considérables pour moderniser l’infrastructure de son bureau national de la statistique, l’Australian Bureau of Statistics, et accroître son utilisation des données administratives et transactionnelles. Parallèlement, la Nouvelle- Zélande a récemment annoncé son intention de doubler sa production et sa diffusion de données et de décupler leur valeur d’ici 2030, et a désigné un coordonnateur en chef de la gérance des données pour le gouvernement, lui confiant le vaste mandat d’aider le gouvernement à utiliser les données plus efficacement.

Depuis son arrivée au pouvoir en novembre 2015, le gouvernement fédéral a pris d’importantes mesures pour renforcer et moderniser Statistique Canada et le système statistique national (SSN), à commencer par le rétablissement du questionnaire détaillé pour le Recensement de 2016. Le projet de loi C-36, édicté en décembre 2017, a renforcé l’indépendance de Statistique Canada et a amorcé la création du nouveau Conseil consultatif canadien de la statistique, dont le mandat est d’évaluer la santé du SSN et d’en faire rapport annuellement. La mise en œuvre des modifications comprises dans le projet de loi C-36 progresse. En vertu des nouvelles dispositions de la Loi sur la statistique, le statisticien en chef a été nommé pour la première fois pour un mandat renouvelable de cinq ans, et un appel de candidatures pour des postes à la direction du Conseil consultatif canadien de la statistique sera lancé en 2018.

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Dans son budget de 2018, le gouvernement a également annoncé de nouveaux fonds pour appuyer les plans de modernisation de Statistique Canada. Il a prévu du financement de 51,3 millions de dollars, en vue de fournir de nouvelles ressources permettant d’améliorer l’infrastructure statistique technologique de Statistique Canada, grâce à l’établissement d’une plateforme de « données comme service », d’une capacité stratégique en vue de l’Analyse comparative entre les sexes plus (ACS+), ainsi que d’un programme de renforcement de la capacité visant à fournir aux populations autochtones les compétences et les outils nécessaires pour assurer leur indépendance au chapitre des données.

L’organisme a établi les cinq piliers de la modernisation suivants fondés sur ses valeurs traditionnelles, qui serviront de base au futur système statistique national :

  1. Prestation de services axée sur l’utilisateur : Les utilisateurs disposent des renseignements dont ils ont besoin, lorsqu’ils en ont besoin et de la manière dont ils souhaitent y accéder.
  2. Partage et collaboration : Une approche de collaboration avec les partenaires et les intervenants est utilisée pour offrir les programmes et les services, laquelle permet un partage ouvert des données, de l’expertise et des pratiques exemplaires, tout en éliminant les obstacles à l’accès aux données. Cela permet de diminuer le nombre de suppressions dans les produits de données, tout en continuant de protéger la confidentialité et la vie privée.
  3. Intégration des données et méthodes de pointe : Statistique Canada a accès à des sources de données nouvelles et jusque-là inexploitées, le rôle des enquêtes est réduit et le fardeau de réponse des Canadiens est allégé. On mise davantage sur l’intégration et la modélisation des données, grâce à une plus grande capacité de recherche et de développement.
  4. Renforcement des capacités statistiques et leadership statistique : L’expertise de Statistique Canada en tant que coordonnateur de la gérance des données est mise à profit pour appuyer une approche pangouvernementale intégrée de collecte, de partage, d’analyse et d’utilisation des données. Statistique Canada favorise l’acquisition des compétences essentielles en analyse nécessaires à l’utilisation efficace des données et joue un rôle de premier plan dans le renforcement du savoir statistique des Canadiens et la promotion de l’utilisation efficace des données pour la prise de décisions.
  5. Main-d’œuvre moderne et milieu de travail flexible : En tant qu’organisme, Statistique Canada veille au développement des talents et à la mise en place de l’environnement nécessaires pour répondre à ses besoins  actuels  et futurs, et il continue à se positionner pour l’avenir.

Fin de l'encadré

Pour mettre à l’essai ces piliers avant de les mettre en pratique, Statistique Canada a entrepris quatre projets exploratoires, dans le cadre desquels il a utilisé des approches novatrices et modernisé toutes les étapes du processus de production et de diffusion des données. Ces projets mettent l’accent sur des secteurs stratégiques clés pour les Canadiens (tourisme, logement, cannabis et économie à faibles émissions de carbone) et ont déjà généré de bons résultats.

Dans le cas du cannabis, par exemple, Statistique Canada a établi le Centre de statistiques sur le cannabis, qui fournit des données complètes sur les aspects sanitaires, juridiques, économiques et sociaux de la consommation de cannabis. Ces données sont essentielles à la compréhension des répercussions économiques et sociales de la légalisation et de la réglementation de la consommation de cannabis à des fins non médicales. Les données fournies par le Centre proviennent non seulement de sources traditionnelles, comme les enquêtes existantes et les fichiers de données administratives, mais aussi de nouvelles sources novatrices, comme le moissonnage Web et l’approche participative. Statistique Canada procède même actuellement à un essai d’analyse des eaux usées aux fins de la détection des substances chimiques résiduelles, dans le but d’estimer la prévalence de la consommation de cannabis et d’opioïdes. Cela a donné lieu à l’élaboration de nouvelles méthodes et à l’utilisation de nouvelles sources de données pour mieux comprendre les facteurs sociaux et économiques sur lesquels la consommation de cannabis a une incidence.

2.0 La stratégie de modernisation

La stratégie de modernisation de Statistique Canada repose sur cinq piliers et a été influencée par les consultations des intervenants et les leçons tirées dans le cadre des quatre projets exploratoires. La stratégie vise trois résultats importants :

Les questions clés liées à la modernisation sont axées sur des domaines où celle-ci peut faire le plus de différence pour les utilisateurs et les clients  :

  1. Quels changements faut-il apporter à la culture, aux lois, aux politiques et/ou aux procédures administratives actuelles des ministères et des ordres de gouvernement pour tirer pleinement parti de ces efforts de modernisation?
  2. Quel type de structure permettra de réaliser le plein potentiel d’un partage des données accru et d’un meilleur accès aux données dans l’ensemble des ministères et des ordres de gouvernement?
  3. Quels partenaires et partenariats clés accroîtront la littératie en matière de statistiques et de données et contribueront à renforcer efficacement les capacités?

2.1 Accroître de façon significative l’accès aux données et aux microdonnées pour stimuler l’innovation et l’inclusion

Une priorité clé en ce qui concerne l’accroissement de l’accès aux données consiste à éliminer  les obstacles législatifs et culturels, afin de permettre un partage responsable des données entre tous les ordres de gouvernement et dans l’ensemble de l’économie. Bien qu’il existe déjà d’importantes quantités de données administratives, réglementaires et autres dans des domaines comme la santé, la justice, le genre, les peuples autochtones et l’environnement, l’échange inefficace des données entre les administrations peut empêcher d’aborder efficacement d’importants enjeux sociaux et de santé, comme la crise des opioïdes. D’un point de vue pangouvernemental, ces obstacles empêchent la compilation de précieux renseignements sur le rendement des programmes existants, les liens entre les programmes, ainsi que les secteurs qui pourraient présenter des lacunes ou des possibilités de soutien supplémentaire. Des changements législatifs et administratifs seront nécessaires pour éliminer ces obstacles et accroître la quantité de données partagées à des fins statistiques.

Les lois désuètes et les obstacles institutionnels nuisent à l’accès des chercheurs qualifiés des gouvernements et du milieu universitaire aux microdonnées aux fins d’analyse. De nombreux pays ont explicitement reconnu le rôle important que jouent les chercheurs dans l’innovation et ont élaboré des cadres juridiques et administratifs modernes pour rendre les microdonnées accessibles tout en continuant de protéger la confidentialité et la vie privée. Le Canada a pris beaucoup  de retard dans ce domaine, et il est maintenant urgent d’améliorer la façon dont les données sont mises à la disposition des chercheurs qualifiés, à des fins légitimes.

À l’heure actuelle, l’accès aux données gouvernementales existantes est fragmenté entre les différents ministères et organismes et leurs sites Web. Pour pouvoir exploiter pleinement le potentiel novateur des données, les entreprises, les gouvernements et les citoyens ont aussi besoin de portails de données gouvernementaux gratuits et conviviaux organisés pour répondre à leurs besoins et facilement accessibles à partir de diverses plateformes, notamment des ordinateurs de bureau, des tablettes et des téléphones intelligents. Statistique Canada travaille à la publication de données dans un environnement intégré et normalisé, à partir duquel tous les Canadiens pourront accéder aux renseignements sur l’état de l’économie et de la société. De tels portails Web thématiques permettront aux Canadiens d’accéder gratuitement aux données agrégées dans des formats exploitables et dans un langage clair, tout en protégeant la confidentialité des données.

2.2. Mobiliser les données en utilisant l’expertise de Statistique Canada en sa qualité de chef de file mondial en matière de gérance des données

Le deuxième résultat comprend la mise à profit de l’expertise bien établie de Statistique Canada en tant que coordonnateur de la gérance des donnéesNote , en faisant en sorte qu’il appuie les efforts du gouvernement dans les domaines des mégadonnées et de l’intégration des donnéesNote .

Tout d’abord, Statistique Canada jouerait un rôle de chef de file dans la détermination et la facilitation du partage et de l’intégration des données. Cela pourrait inclure la création et la tenue à jour d’un inventaire des fichiers de données clés ayant de la valeur et, dans les cas où l’utilisation statistique des données serait manifestement dans l’intérêt du public et que le financement public serait en cause, l’accès aux données à des fins statistiques devrait constituer une condition préalable.

La protection de la vie privée et la confidentialité sont des éléments essentiels de la collecte et de l’utilisation des données. À ce chapitre, Statistique Canada jouera un rôle de premier plan, en partenariat avec le commissaire à la protection de la vie privée et les organismes centraux, dans l’élaboration de normes et de lignes directrices visant à garantir que la confidentialité et la protection des renseignements personnels des fonds de données sont respectées. Il est essentiel de favoriser une culture de la confidentialité et de la protection de la vie privée au sein de tout organisme qui produit ou utilise des statistiques officielles.

L’explosion des mégadonnées et des données administratives rend impérative l’élaboration de nouvelles approches et d’outils de pointe pour la collecte, l’acquisition et l’intégration de ces nouvelles données dans les cadres statistiques. Grâce à son expertise en matière de données, Statistique Canada mettra davantage à profit ces données au moyen de systèmes de partage des données et de consentement modernisés, ce qui se traduira par une amélioration de l’accès aux données administratives et aux mégadonnées détenues par tous les ordres de gouvernement et par le secteur privé. L’utilisation de méthodes de collecte de données sur le Web, comme le moissonnage Web et l’approche participative, pourrait être explorée dans le cadre de cet effort. De nouvelles méthodes d’analyse des données, comme l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine, pourraient également être utilisées pour extraire de façon transparente la valeur maximale des nouvelles sources de données.

La mobilisation  des données nécessite que Statistique Canada et ses intervenants aient accès à une plateforme de TI à la fine pointe de la technologie et fournissent un service plus rapide et efficace à l’ensemble des utilisateurs de cette plateforme. À cette fin, le gouvernement a octroyé à Statistique Canada, dans le budget de 2018, des ressources modestes pour que l’organisme travaille en partenariat avec Services partagés Canada, la Direction du dirigeant principal de l’information du Secrétariat du Conseil du Trésor, ainsi que d’autres intervenants, afin de faciliter les investissements dans l’infrastructure informatique.

2.3 Accroître considérablement la littératie en matière de données au moyen du renforcement de la capacité statistique

Le troisième résultat stratégique est axé sur les utilisateurs des données, qu’il s’agisse d’entreprises qui utilisent des données pour prendre des décisions en matière d’investissement, de gouvernements qui les utilisent pour élaborer et évaluer des politiques et des programmes, de chercheurs qui s’en servent pour fournir de nouveaux renseignements au moyen de techniques d’analyse de données de pointe, ou encore de Canadiens qui les utilisent dans leur vie et leurs activités au quotidien. Le renforcement de la littératie en matière de données et de la capacité statistique nécessite un effort soutenu et à long terme de la part d’un large éventail d’utilisateurs, y compris les utilisateurs potentiels, et fait intervenir de nombreux partenaires et intervenants. Compte tenu de cette grande variété d’utilisateurs existants et potentiels, outre les nombreuses utilisations des données statistiques, le plan est axé sur le renforcement des capacités dans les secteurs où la priorité ou les besoins sont les plus grands. Le plan comprend également des initiatives visant à
développer et à soutenir la science des données en tant que discipline au sein des gouvernements, afin de veiller à ce que le savoir et la capacité statistiques demeurent à jour.

Tout d’abord, étant donné que le renforcement de la capacité statistique  signifie que les utilisateurs devraient être en mesure de trouver l’information qu’ils souhaitent sans avoir à connaître la façon dont les administrations publiques et les données sont organisées à l’interne, Statistique Canada devrait examiner comment il pourrait davantage axer ses activités sur l’utilisateur. À cette fin, il devrait réorganiser ses bureaux régionaux en un réseau de centres de service de données destinés au public, au moyen duquel un personnel statistique professionnel pourrait répondre en personne aux besoins de données des utilisateurs.

Statistique Canada a un vaste répertoire de données désagrégées selon le sexe. Toutefois, l’absence d’un point central où peuvent être réunis tous les fonds de renseignements relatifs à l’ACS+, à la diversité et à l’inclusion nuit à la capacité des ministères fédéraux de mener efficacement leurs activités d’ACS+. Afin de répondre à ce besoin, du financement a été prévu dans le budget de 2018 pour la création par Statistique Canada du Centre pour les statistiques sur les sexes, la diversité et l’inclusion, qui servira de point central pour réunir tous les fonds de renseignements relatifs à l’ACS+, à la diversité et à l’inclusion, et où les ministères pourront obtenir des données détaillées à l’appui des processus relatifs au budget, aux mémoires au Cabinet (MC) et aux présentations au Conseil du Trésor (CT).

Le gouvernement du Canada s’est engagé à établir avec les peuples autochtones une relation renouvelée, fondée sur la reconnaissance des droits, le respect et les partenariats. À l’heure actuelle, les données et les ressources statistiques du gouvernement sur les questions autochtones sont éparpillées dans de nombreux ministères, et peu de consultations stratégiques sont menées auprès des groupes autochtones au sujet de leurs besoins en données. En réponse à ce défi, le gouvernement du Canada a fourni des fonds à Statistique Canada dans le budget de 2018 pour que l’organisme mène l’Initiative de développement de la capacité statistique autochtone, qui vise à offrir des possibilités de prestation de services et de renforcement de la capacité statistique  fondées sur les besoins des Premières Nations, des Métis et des Inuits. Cette initiative comprendra une formation statistique et des activités de mobilisation et de sensibilisation, afin de permettre aux organisations autochtones de renforcer et de maintenir leur capacité statistique.

Enfin, le savoir statistique et la littératie en matière de données constituent des aspects essentiels de l’établissement d’une main-d’œuvre et d’une société bien informées. Toutefois, le Canada ne dispose pas de programmes uniformes à ce chapitre. Une fois modernisé, Statistique Canada travaillera en collaboration avec ses partenaires provinciaux et territoriaux pour déterminer les programmes  de rayonnement appropriés pour les établissements d’enseignement.

2.4 Entreprises

De nombreuses entreprises innovantes utilisent déjà les données pour faire progresser l’informatique décisionnelle. Elles considéreront probablement l’accès accru à un plus grand nombre de données comme un aspect positif de la modernisation, mais pour que cela se produise, le secteur sera aussi appelé à mettre davantage de ses propres données à la disposition du SSN. De nombreuses organisations privées fournissent déjà des données à peu de frais ou sans frais, mais il peut arriver que ces organisations considèrent Statistique Canada comme étant en concurrence avec leur propre modèle d’affaires. Il sera important de collaborer étroitement avec les organisations privées pour tirer profit des données qu’elles détiennent sans nuire à leurs intérêts commerciaux légitimes. Autrement dit, comment pouvons-nous collaborer de façon plus moderne, équilibrée et efficace?

Début de l'encadré

Questions clés :

  1. Dans quels domaines Statistique Canada doit-il le plus améliorer son soutien aux entreprises qui accèdent à ses données et les utilisent? Quelles sont les lacunes prioritaires en ce qui a trait aux besoins de données du secteur privé?
    • Portails Web thématiques?
    • Centres de service de données?
    • Soutien à la recherche fondamentale?
    • Réduction du coût de l’accès aux données?
    • Actualité des données?
    • Données sur des sujets qui ne sont actuellement pas bien couverts?
    • Autres?
  1. Quels sont les défis liés à l’accès par Statistique Canada aux données du secteur privé à des fins statistiques?
    • Coûts de l’accès pour les entreprises?
    • Concurrence avec leur modèle d’affaires ou problèmes de propriété intellectuelle?
    • Préoccupations au chapitre de la confidentialité ou de la protection des renseignements personnels des clients?
  1. Comment Statistique Canada peut-il établir des partenariats avec le secteur privé pour accroître la littératie en matière de données et créer une capacité statistique dans ce secteur, tant comme producteur que comme consommateur de données?
  2. Quelle est la répartition appropriée de partenariats publics/privés pour l’élaboration des plateformes des TI qui seront nécessaires? Quelles pourraient être les options techniques pour ces plateformes?
  3. Que peut-on apprendre du secteur privé au sujet des données et de l’analyse?

Fin de l'encadré

2.5 Secteur sans but lucratif

Les enjeux pour les organismes du secteur sans but lucratif seront probablement similaires à ceux du secteur privé. On s’attend à ce que les organismes de ce secteur jouent à la fois le rôle de fournisseurs de données brutes et de consommateurs de produits de données finis. Il se peut que l’accent soit davantage mis sur les coûts pour les organismes sans but lucratif, tant pour fournir des données à Statistique Canada que pour accéder à des données. Les préoccupations seront probablement moins grandes au chapitre de la concurrence avec Statistique Canada, ces organismes n’ayant généralement pas d’intérêt commercial quant à la production des données, même s’ils sont souvent conscients de la valeur des données qu’ils détiennent.

Début de l'encadré

Questions clés :

  1. Dans quels domaines Statistique Canada doit-il le plus améliorer son soutien aux organismes sans but lucratif qui accèdent à ses données et les utilisent? Quelles sont les lacunes prioritaires en ce qui a trait aux besoins de données du secteur sans but lucratif?
  2. Quels sont les défis liés à l’accès par Statistique aux données du secteur sans but lucratif à des fins statistiques?
  3. Comment Statistique Canada peut-il établir des partenariats avec le secteur sans but lucratif pour accroître la littératie en matière de données et créer une capacité statistique dans ce secteur, tant comme producteur que comme consommateur de données?
  4. Que peut-on apprendre du secteur sans but lucratif au sujet des données et de l’analyse?

Fin de l'encadré

2.6 Secteur universitaire et secteur de la recherche

La modernisation de l’accès aux fonds de microdonnées de Statistique Canada à des fins de recherche légitimes est préconisée depuis longtemps par la collectivité des chercheurs universitaires, ainsi que par les chercheurs des ministères fédéraux, provinciaux et territoriaux. Les modifications à la Loi sur la statistique et les nouveaux outils et arrangements administratifs accroîtront considérablement cet accès. Il sera important de collaborer étroitement avec cette collectivité au cours de la transition, afin de s’assurer de répondre à ses besoins  tout en protégeant la confidentialité des données. Les consultations avec cette collectivité devraient faire intervenir à la fois des établissements universitaires et des sociétés et associations professionnelles.

La qualité des données suscitera probablement des préoccupations particulières pour ce secteur. Statistique Canada est réputé pour la qualité élevée des données statistiques qu’il produit et est un chef de file mondial dans l’élaboration de cadres, de méthodes et de pratiques exemplaires pour assurer et évaluer la qualité des données statistiques. Au fur et à mesure de ses efforts de modernisation, Statistique Canada ne réduira pas son engagement de produire des données comportant le niveau de qualité approprié. Toutefois, les nouvelles méthodes de collecte, d’acquisition, d’intégration et d’analyse des données exigeront l’élaboration de nouvelles approches pour évaluer et assurer la qualité des données. La collaboration étroite avec les fournisseurs de données administratives, afin de déterminer la pertinence de ces données  à des fins statistiques, jouera un rôle clé, et la continuité ainsi que la cohérence entre les nouvelles et les anciennes séries de données constitueront une considération de premier plan.

Les activités de sensibilisation prévues présenteront aussi un intérêt pour le secteur universitaire.

Début de l'encadré

Questions clés :

  1. Comment le secteur universitaire peut-il établir des partenariats avec Statistique Canada, en vue de déterminer les domaines particuliers où il faut développer la littératie et la capacité statistiques?
  2. Comment le secteur universitaire peut-il contribuer plus largement à la modernisation du SSN?
  3. Comment Statistique Canada peut-il collaborer avec le secteur universitaire pour accroître l’accès aux données?

Fin de l'encadré

2.7 Particuliers

Il est probable que les Canadiens accueilleront avec satisfaction la réduction du fardeau qui leur est imposé, grâce à la réduction des activités d’enquêtes. Toutefois, il se peut que l’élargissement du partage des données ainsi que des données proprement dites suscite des préoccupations concernant les risques accrus pour la protection de la vie privée et la confidentialité. Certains membres du public s’opposeront probablement au partage de leurs données, pour quelque raison que ce soit, à moins qu’ils en soient informés et qu’ils donnent leur consentement, et certains prétendront que le gouvernement dispose déjà des données les concernant et ne devrait pas les demander à nouveau.

De nombreux autres Canadiens seront peut-être d’accord avec le partage de leurs données pour des fins statistiques utiles, à condition qu’ils puissent faire confiance aux institutions qui s’occupent de ce partage et que des mesures strictes soient prises pour protéger la confidentialité. En outre, la perception du public peut-être volatile; une atteinte à la vie privée de la part d’un ministère gouvernemental ou d’une entreprise peut changer de façon significative la façon dont le public perçoit les risques pour la sécurité liés aux importants ensembles de données comprenant leurs renseignements personnels.

L’approche adoptée à l’échelle du gouvernement pour la collecte et l’utilisation  des données à des fins statistiques, y compris les avantages, les risques et les mesures prises pour les atténuer, devront être communiqués clairement au public. Statistique Canada propose de collaborer avec le Commissariat à la protection de la vie privée, d’autres ministères et organismes centraux, d’autres paliers de gouvernement, les chercheurs universitaires, le secteur sans but lucratif et le secteur privé pour entamer un dialogue avec les Canadiens concernant cet aspect fondamental de la stratégie.

Début de l'encadré

Questions clés :

  1. Comment la modernisation profitera-t-elle au Canada, et plus particulièrement aux Canadiens individuellement?
  2. Comment Statistique Canada peut-il communiquer efficacement les avantages de la modernisation?
  3. Que doit faire Statistique Canada pour rendre cela plus pertinent dans le cadre de votre travail?
  4. Comment Statistique Canada peut-il mieux répondre à vos besoins au chapitre de l’accès aux données et de la disponibilité des données?

Fin de l'encadré

3.0 La rétroaction

La modernisation représente un changement important quant à la façon dont Statistique Canada mène à bien le mandat qu’il souhaite remplir. Pour que la modernisation réussisse, les intervenants doivent tirer parti des possibilités qui s’offrent et participer pleinement à la stratégie. Le soutien et la participation de tous les groupes d’intervenants seront importants pour atteindre les résultats attendus.

Statistique Canada prévoit tenir des consultations sur sa stratégie de modernisation des façons suivantes :

4.0 Conclusion

Le système statistique national apporte une contribution importante au Canada en fournissant les données pertinentes et de grande qualité qui sont essentielles au développement de l’économie numérique et de la société démocratique et inclusive de l’avenir. La révolution mondiale des données  ne cesse de s’accélérer, et le Canada ne peut se permettre d’être laissé pour compte. Le présent document décrit bien la vision de Statistique Canada d’un système statistique national modernisé, ainsi que sa stratégie pour que celui-ci prenne forme en partenariat avec ses nombreux intervenants clés. Les Canadiens sont maintenant invités à contribuer à modeler la stratégie et les plans décrits dans le présent document, ainsi qu’à élaborer le système statistique national moderne de l’avenir.


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