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Les aînés victimes d'actes criminels
par Lucie Ogrodnik, Centre canadien de la statistique juridique, Statistique Canada
Profil démographique des aînés au Canada
Mode d’évaluation par cette étude de la violence faite aux aînés
Les préoccupations relatives à la victimisation des Canadiens âgés se sont accrues en raison de la réalisation du fait qu’au cours des prochaines décennies, ce segment de la population augmentera considérablement. Notre population de personnes âgées en croissance entraîne de nombreuses incidences pour la société canadienne, y compris en ce qui a trait à la satisfaction de leurs besoins en matière de santé et de soins. Même si la situation financière des aînés s’est améliorée depuis les années 80 (Gannon et autres, 2005), les niveaux plus élevés de vulnérabilité physique et mentale et de dépendance parmi les aînés indiquent le besoin de soins continus. Par conséquent, le besoin de quantifier et de comprendre l’étendue et la nature de la victimisation des adultes âgés devient de plus en plus important.
À l’aide de données tirées des enquêtes sur la victimisation autodéclarée et sur la victimisation signalée à la police, ce profil examine la nature et la prédominance des crimes avec violence et des crimes contre les biens contre les aînés. Le rapport examine également les caractéristiques des infractions commises contre les aînés, comme le niveau de signalement à la police, la proportion d’affaires comportant des armes et la proportion d’affaires causant des blessures à la victime. De plus, il présente aussi des renseignements sur la crainte de la criminalité de la part des aînés, sur la prédominance de la violence conjugale et de même que sur le risque de télémarketing frauduleux contre les aînés.
Profil démographique des aînés au Canada
Les aînés1 constituent l’un des groupes de population dont la croissance est la plus rapide au Canada. Le recensement de 2001 a révélé qu’il y avait près de 4 millions d’aînés âgés de 65 ans et plus, ce qui représente 13 % de la population de la nation.
Les projections indiquent qu’en 2031, les aînés constitueront entre 23 % et 25 % de la population canadienne (figure 1) (Bélanger et autres, 2005). Le vieillissement des baby-boomers2, le faible taux de fécondité et l’augmentation de l’espérance de vie contribueront tous à la multiplication par deux prévue de la proportion des aînés au cours des 25 prochaines années.
Figure 1 D'ici 2031, les personnes âgées représenteront près de 25 % de la population
Cela est particulièrement vrai dans le cas des aînés âgés de 80 ans et plus, soit le groupe d’âge qui augmente au rythme le plus rapide. De 1991 à 2001, le nombre de membres de ce groupe d’âge a bondi de 41 %, passant d’environ 660 000 à 932 000. On estime qu’en 2011, le nombre d’aînés plus âgés au Canada atteindra 1,3 million.
Le recensement de 2001 a également indiqué que moins d’aînés vivent dans des établissements de soins de santé et que plus d’aînés vivent avec un conjoint, avec des enfants adultes ou vivent seuls3 (Statistique Canada, 2002). Cette évolution reflète les changements dans la manière dont les Canadiens prennent soin de leurs aînés. Les soins dans la collectivité par opposition aux soins en établissement sont devenus le mode de choix de soins des aînés, et une bonne partie de ces soins sont assumés par des membres de la famille et des amis (Frederick et Fast, 1999).
Encadré 1
Mode d’évaluation par cette étude de la violence faite aux aîné
Au Canada, il existe deux principales sources de données qui mesurent l’étendue et la nature de la violence contre les adultes âgés : les données sur la criminalité signalées à la police tirées du Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l’affaire (DUC2) et les données sur la victimisation autodéclarée tirées de l’Enquête sociale générale (ESG).
Le programme DUC2 fondé sur l’affaire est une enquête non représentative à l’échelle nationale qui saisit des renseignements détaillés sur chaque affaire criminelle signalée à la police, y compris les caractéristiques des victimes et des accusés comme leur âge et leur sexe. De nombreux facteurs peuvent influencer le taux de crimes signalés à la police, y compris la volonté des victimes de signaler les crimes à la police, la déclaration par la police au programme DUC et les changements apportés aux lois, aux politiques ou aux pratiques d’application de la loi. Par exemple, lorsque les victimes ne signalent pas des affaires à la police, ces affaires ne seront pas reflétées dans les statistiques officielles sur la criminalité.
Le programme DUC recueille des données sur un certain nombre des crimes avec violence, y compris : l’homicide, l’agression sexuelle, le vol qualifié, les voies de fait graves (comprennent les voies de fait graves (niveau 3) et les voies de fait armées ou causant des lésions corporelles (niveau 2)), les voies de fait simples (niveau 1), le harcèlement criminel, les menaces, l’extorsion, l’enlèvement, le rapt et d’autres crimes de violence.
On estime aussi l’étendue des crimes non signalés à la police au moyen de l’Enquête sur la victimisation de l’ESG. Puisque l’ESG demande à un échantillon de la population de faire part de son expérience personnelle de victimisation, elle saisit les renseignements sur la criminalité, que les crimes aient été ou non signalés à la police. La quantité de victimisations non signalées peut être importante. Par exemple, en 2004, seuls 33 % des affaires de victimisation avec violence ont été signalées à la police. Par conséquent, les enquêtes sur la victimisation produisent généralement des taux de victimisation beaucoup plus élevés que les statistiques sur les crimes signalés à la police.
Contrairement à l’éventail de crimes avec violence recueillis par le programme DUC, l’ESG recueille des données sur trois crimes avec violence en fonction des définitions du Code criminel. Parmi ceux‑ci, on retrouve l’agression sexuelle, le vol qualifié et les voies de fait. De plus, l’ESG recueille des renseignements détaillés sur les caractéristiques des victimes de crimes contre les biens qui ne sont pas saisis par les données signalées à la police de la DUC.
Malgré les avantages des enquêtes sur la victimisation, celles‑ci comportent des limites. D’une part, elles dépendent des perceptions des répondants et de leur capacité de rapporter les événements fidèlement. De plus, les enquêtes sur la victimisation ne peuvent rejoindre les aînés les plus vulnérables, qui n’ont peut-être pas accès à un téléphone, ceux qui ont souffrent d’une déficience intellectuelle ou de troubles cognitifs, ceux qui vivent dans un établissement comme un centre d’hébergement pour personnes âgées et ceux qui sont malades ou isolés. Pour ces raisons, les enquêtes générales à l’intention des ménages peuvent également sous-estimer l’étendue de la victimisation chez les Canadiens âgés.
Pour obtenir des renseignements supplémentaires au sujet de ces sources de données, il faut se reporter à la section de la méthodologie.
Notes
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Dans la présente analyse, les termes « aînés », « personnes âgées » et « adultes âgés » sont utilisés de façon interchangeable et désignent des personnes âgées de 65 ans et plus.
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Les personnes nées entre 1946 et 1965.
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Près de la moitié (47 %) de tous les aînés vivaient avec un conjoint ou un partenaire, une autre tranche de 27 % vivait seule, 13 % vivaient avec leurs enfants adultes et moins de 10 % (7 %) vivaient dans des établissements de soins de santé. La tranche restante de 7 % des aînés a déclaré se trouver dans d’autres situations de vie.
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