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Avant-propos
« Nous avons fait énormément de progrès au cours de la dernière décennie pour ce qui est de reconnaître la gravité des divers types de violence et de maltraitance familiale, et pourtant, le problème existe toujours. À moins de bien observer, vous ne le détecterez pas. Il existe dans tous les villages et toutes les villes, dans tous les quartiers et dans tous les pays du monde. Aucune famille étendue, aucun groupe ethnique ou religieux n’est à l’abri. Si vous avez des enfants, ils s’amusent à l’école avec d’autres enfants qui sont maltraités ou intimidés. Si vous avez des collègues au travail, certains d’entre eux tenteront discrètement de faire face aux répercussions de relations marquées par la violence tout en essayant de gagner leur vie. Les conséquences — la souffrance, la colère, la crainte, la violence, les blessures et l’épuisement — nous touchent tous d’une génération à l’autre. Nous nous devons d’appuyer non seulement les membres de notre famille, nos amis et nos voisins, mais aussi les étrangers dans notre collectivité dans leurs efforts pour se créer une vie en toute quiétude. Les étrangers ont aussi besoin d’alliés. » (Goyette, 2005, p. 223)
Chaque femme a le droit de vivre dans une collectivité sûre, exempte de violence et de la menace de violence. Ce droit fait partie intégrante de la vision de la ministre fédérale et des ministres provinciaux et territoriaux (FPT) responsables de la condition féminine, qui souscrivent à l’idéal selon lequel la violence contre quiconque est inacceptable, qu’elle vise des enfants, des femmes, des hommes, des personnes âgées, des personnes ayant une incapacité, des personnes appartenant à une minorité visible ou toute autre personne.
En décembre 2002, les ministres FPT responsables de la condition féminine ont publié le rapport intitulé Évaluation de la violence contre les femmes : un profil statistique. Les ministres FPT avaient demandé à Statistique Canada de concevoir des indicateurs fondés sur des données statistiques pour montrer la gravité et l’étendue de la violence envers les femmes au Canada. Le rapport Évaluation de la violence contre les femmes a fourni ces indicateurs. Autant que possible, le rapport présentait les tendances au fil du temps, ainsi que des statistiques aux échelons du pays et des provinces et territoires.
Le présent rapport, intitulé Mesure de la violence faite aux femmes : tendances statistiques 2006, constitue un pas important. Diffusé conjointement par les ministres FPT responsables de la condition féminine et Statistique Canada, le rapport ajoute une troisième période de référence pour les indicateurs, et il présente de nouvelles données sur le harcèlement criminel, les peines imposées aux auteurs de violence conjugale, l’utilisation des services aux victimes, les femmes autochtones et les résidentes des territoires. À l’instar du rapport de 2002, il montre les tendances au fil du temps. Les indicateurs sont présentés aux échelons national et provincial ou territorial chaque fois que cela est possible.
Nous avons toujours besoin de données additionnelles. C’était une des plus importantes conclusions du rapport Évaluation de la violence contre les femmes, et elle est confirmée dans ce rapport. Il existe encore d’importantes lacunes dans les données, et il nous en reste beaucoup à apprendre. Par exemple, la violence et les agressions sexuelles que subissent les femmes autochtones, les femmes âgées, les immigrantes, les femmes de minorités visibles et les femmes dans une relation homosexuelle aux mains de leur partenaire sont souvent cachées.
Les effets de la violence sur les victimes dépendent également d’autres facteurs dans leur vie, comme leur âge, leur origine ethnique, leurs antécédents, leurs aptitudes et leur orientation sexuelle, pour n’en nommer que quelques‑uns. Ces multiples dimensions font partie intégrante du vécu de chacune. Pour une femme, les répercussions de la violence peuvent être fonction de nombreux facteurs d’ordre physique, social et économique. Par exemple, peut‑elle se permettre un logement sûr si elle fuit une situation de violence? Et devra‑t‑elle renoncer à son milieu culturel pour échapper à la violence?
De solides recherches et analyses peuvent révéler les tendances cachées de la violence. En comblant les lacunes et en examinant le tissu des expériences des femmes — la façon dont la violence influe sur d’autres aspects de leur vie et interagit avec ces aspects —, nous obtiendrons un tableau plus exhaustif. Les décideurs et les fournisseurs de services pourront ainsi se préparer pour l’avenir et, espérons‑le, adapter les politiques et services en place en fonction des besoins.
Nous espérons qu’un vaste public jugera ce rapport utile. Comme dans le cas du premier rapport, Mesure de la violence faite aux femmes : tendances statistiques 2006 s’adresse aux gouvernements, aux organisations non gouvernementales, aux universitaires, aux chercheurs et aux décideurs. Nous espérons qu’il intéressera également toutes les personnes qui cherchent à contrer la violence, à la prévenir et à y réagir, et qu’il leur sera utile afin qu’elles puissent s’aider elles‑mêmes et aider leurs amies, leurs sœurs, leurs voisines ainsi que l’étrangère au bout de la rue.
Hauts fonctionnaires fédéraux, provinciaux et territoriaux
responsables de la condition féminine
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