La victimisation des hommes et des garçons au Canada, 2021

par Danielle Sutton

Début de l'encadré

Faits saillants

  • En 2021, 192 413 hommes et garçons ont été victimes d’un crime violent déclaré par la police au Canada, ce qui représente un taux de 1 015 victimes pour 100 000 personnes de genre masculin et un peu moins de la moitié (46 %) des victimes de crimes violents signalés à la police.
  • De 2016 à 2021, le taux de victimisation chez les hommes et les garçons a crû de 12 %, des augmentations ayant été observées dans la plupart des groupes d’âge. La plus forte hausse a été enregistrée chez les hommes de 45 ans et plus (+22 %).
  • En 2021, le plus haut taux d’affaires de violence envers les hommes et les garçons déclarées par la police a été enregistré dans les territoires; venaient ensuite le Manitoba et la Saskatchewan. Cependant, parmi les provinces, chez les garçons de 11 ans ou moins, le taux le plus élevé a été enregistré à Terre-Neuve-et-Labrador et, chez ceux de 12 à 17 ans, au Nouveau-Brunswick.
  • Le taux de victimisation chez les hommes et les garçons était plus élevé dans presque toutes les régions rurales des provinces, un fait attribuable à la violence dans les régions rurales du Nord. Le taux de victimisation avec violence chez les hommes et les garçons était de 3 519 pour 100 000 personnes dans les régions rurales du Nord, ce qui représente un taux trois fois plus élevé que celui enregistré dans les régions rurales du Sud (1 034) et près de quatre fois plus élevé que celui observé dans les régions urbaines (936).
  • Parmi les régions métropolitaines de recensement, le plus haut taux de victimisation chez les hommes et les garçons a été enregistré à Thunder Bay (1 737); venaient ensuite Lethbridge (1 633) et Moncton (1 575).
  • Comparativement aux femmes et aux filles, les hommes et les garçons affichaient des taux plus élevés des formes plus graves de victimisation : l’homicide, d’autres infractions causant la mort et la tentative de meurtre, les voies de fait de niveau 2, le vol qualifié, les voies de fait de niveau 3 et l’extorsion. L’agression sexuelle était toutefois une exception notable à cette tendance.
  • La force physique a été utilisée contre la moitié (51 %) des victimes de genre masculin, et 30 % ont été victimes dans une affaire où une arme était présente. Au total, 4 personnes de genre masculin sur 10 (40 %) victimes de violence ont subi des blessures corporelles.
  • En 2021, parmi ceux dont la victimisation avec violence a été signalée à la police, 8 hommes et garçons sur 10 (79 %) ont vécu une expérience de victimisation aux mains d’une personne autre qu’un membre de la famille. Les garçons de 11 ans ou moins ont été le plus souvent agressés par un membre de la famille (59 %), mais avec l’âge, les personnes de genre masculin étaient proportionnellement plus nombreuses à être agressées par une personne non apparentée.
  • En 2021, le taux d’homicides enregistré chez les hommes et les garçons était trois fois plus élevé que celui observé chez les femmes et les filles (3,08 par rapport à 1,02 pour 100 000 personnes). Le taux d’homicides le plus élevé parmi tous les groupes a été enregistré chez les hommes de 18 à 24 ans (6,72).
  • De 2011 à 2021, le taux d’homicides chez les hommes et les garçons s’est accru de 22 %, principalement sous l’effet de l’augmentation des homicides chez les hommes de 25 ans et plus (+32 %).
  • Les personnes de genre masculin de 12 ans et plus ont été le plus souvent tuées par une personne non apparentée, comme un ami, un étranger ou une connaissance.
  • De 2011 à 2021, l’arme à feu a été la méthode la plus souvent utilisée pour causer la mort à des hommes et à des garçons, et le pourcentage représentait près du double de ce qui a été observé chez les femmes et les filles (40 % par rapport à 22 %).

Fin de l'encadré

Au cours des dernières années, plusieurs appels à l’action ont été lancés pour combattre et prévenir la violence envers les femmes, reconnaissant que les femmes subissent certaines formes de violence, dans le cadre de relations d’un type particulier, et ce, de manière disproportionnée. On a ainsi reconnu la violence envers les femmes comme un problème de santé publique nécessitant une attention immédiate. Le Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités a publié de nombreux rapports relatifs à la violence fondée sur le sexe, qui mettent en évidence la victimisation des femmes et des filles. Bien que les données correspondantes pour les hommes et les garçons soient présentées de manière comparative, elles n’ont généralement pas fait l’objet d’analyses. Par conséquent, il existe une lacune dans la compréhension des tendances et des caractéristiques associées à la violence envers les hommes et les garçons au Canada et dans le monde. Il est important de combler cette lacune, car les données déclarées par la police au Canada ont toujours montré des taux de victimisation avec violence semblables chez les hommes et les femmes (Allen et McCarthy, 2018; Conroy, 2018; Moreau, 2022), mais les circonstances et les facteurs de risque liés à cette victimisation diffèrent souvent.

Par exemple, des recherches ont révélé que, comparativement à la violence envers les femmes, la violence envers les hommes met souvent en cause des personnes n’entretenant pas de relation intime — généralement des étrangers ou des connaissances —, est plus susceptible d’impliquer la présence d’une arme et se manifeste souvent sous des formes assez différentes, parfois plus graves (p. ex. infractions causant la mort, vol qualifié, voies de fait graves) (Allen et McCarthy, 2018; Conroy, 2018; Cotter et Savage, 2019; Lauritsen et Carbone-Lopez, 2011; Statistique Canada, 2022a; Warnken et Lauritsen, 2019). De plus, la violence peut entraîner des répercussions — tant à court qu’à long terme — sur le bien-être personnel des hommes, des femmes et des personnes de diverses identités de genre, ainsi que sur leurs relations avec autrui et au sein de la collectivité (Coker et autres, 2002; Mercy et autres, 2017). La victimisation peut être à l’origine, entre autres, de blessures corporelles et de problèmes de santé mentale, d’une augmentation de la consommation de substances, de pertes économiques, de maladies infectieuses et non transmissibles, ainsi que d’un risque accru de subir d’autres actes violents (Mercy et autres, 2017; Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, 2019a).

À l’aide des données policières recueillies dans le cadre du Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l’affaire et de l’Enquête sur les homicides, ainsi que des données autodéclarées tirées de l’Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens (victimisation), le présent article de Juristat traite des tendances et des caractéristiques de la violence envers les hommes et les garçons au Canada. Bien que certaines comparaisons entre les genres soient établies, l’objectif principal est de mettre en lumière la victimisation des personnes de genre masculin au Canada, en analysant les données déclarées par la police et les données autodéclarées.

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Encadré 1
Sources de données et définitions

Le présent article de Juristat fournit des renseignements tirés principalement de sources de données policières, en particulier le Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC) fondé sur l’affaire et l’Enquête sur les homicides. Ainsi, cet article a pour but de présenter des renseignements portant sur les crimes violents qui ont été signalés aux services de police canadiens et dont le bien-fondé a été établi par ces derniersNote . Cependant, étant donné que les crimes ne sont pas tous signalés à la police, en particulier la victimisation des hommes qui, comparativement à la victimisation des femmes, est moins susceptible d’être signalée aux autorités (Bosick et autres, 2012), l’article présente également des données autodéclarées tirées de l’Enquête sociale générale (ESG) sur la sécurité des Canadiens (victimisation) en vue de compléter les données déclarées par la police. L’ESG permet de recueillir des renseignements sur les expériences de victimisation auprès d’un échantillon de Canadiens de 15 ans et plus, que ces expériences aient été signalées ou non à la police. Bien que les données ne soient pas directement comparables à celles déclarées par la police, les deux sources peuvent être utilisées d’une manière combinée pour brosser un portrait plus complet des expériences vécues par les victimes d’actes criminels.

Étant donné que le risque et les expériences de victimisation varient au cours de la vie d’une personne (Conroy, 2018; Kelsay et autres, 2017; Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, 2019b), les victimes sont regroupées dans les catégories d’âge suivantes aux fins de l’analyse des données du Programme DUC :

  • victimes de 11 ans ou moins;
  • victimes de 12 à 17 ans;
  • victimes de 18 à 24 ans;
  • victimes de 25 à 34 ans;
  • victimes de 35 à 44 ans;
  • victimes de 45 ans et plus.

Même si cet article porte principalement sur la victimisation des hommes et des garçons, des renseignements sur la violence envers les femmes et les filles seront également présentés et analysés lorsque des différences existent entre les deux groupes.

Pour les données déclarées par la police et les données autodéclarées, le genre de la victime renvoie à l’expression publique et aux sentiments intérieurs liés à l’identité de genre, et il peut différer du sexe attribué à cette personne à la naissance (c.-à-d. sexe masculin ou sexe féminin). Ainsi, dans cet article, les personnes de genre masculin désignent les personnes qui s’identifient ou qui se présentent comme étant de genre masculin, et les personnes de genre féminin désignent les personnes qui s’identifient ou qui se présentent comme étant de genre féminin, et ce, peu importe leur sexe à la naissanceNote .

Fin de l’encadré 1

Section 1 : La victimisation des hommes et des garçons déclarée par la police

La présente section, qui repose sur les données déclarées par la police, plus précisément celles du Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC) fondé sur l’affaire, fournit des renseignements sur les caractéristiques et les tendances associées à la victimisation des hommes et des garçons au Canada. Tous les renseignements autodéclarés liés aux expériences de victimisation avec violence des hommes se limitent aux encadrés, de manière à distinguer clairement les sources de données.

Le taux de crimes violents contre les hommes et les garçons déclarés par la police augmente jusqu’au groupe des 25 à 29 ans, puis diminue

En 2021, 192 413 hommes et garçons ont été victimes d’un crime violent déclaré par la police au CanadaNote , ce qui représente un taux de 1 015 victimes pour 100 000 personnes de genre masculin et un peu moins de la moitié (46 %) des victimes de crimes violents signalés à la police. Dans l’ensemble, le taux de victimisation avec violence le plus élevé a été enregistré chez les hommes de 25 à 34 ans (1 681); venaient ensuite les hommes de 18 à 24 ans (1 660). Ces constatations contrastent avec les taux observés chez les femmes et les filles, chez qui le taux le plus élevé de violence déclarée par la police a été enregistré chez les filles de 12 à 17 ans (2 574).

En examinant de plus près l’âge, on a constaté que le taux de victimisation avec violence a augmenté de façon constante chez les hommes et les garçons jusqu’au groupe des 25 à 29 ans, chez qui le taux a atteint un point culminant de 1 741 victimes pour 100 000 hommes (graphique 1). En général, le taux de victimisation a ensuite commencé à diminuer avec l’âge. Par ailleurs, le taux de victimisation chez les femmes et les filles a atteint un point culminant dans le groupe des 15 à 19 ans (2 633). Le taux de victimisation avec violence chez les femmes et les filles dépassait celui enregistré chez les hommes et les garçons du même âge jusqu’au groupe des 50 à 54 ans, âge à partir duquel le taux de victimisation était plus élevé chez les hommes que chez les femmes, jusqu’à l’âge de 80 à 84 ans.

Graphique 1 début

Graphique 1 Victimes de crimes violents déclarés par la police, selon l’âge et le genre de la victime, Canada, 2021

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Âge de la victime (titres de rangée) et Masculin et Féminin, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Âge de la victime Masculin Féminin
taux pour 100 000 personnes
0 à 4 ans 228 267
5 à 9 ans 414 551
10 à 14 ans 1 070 1 817
15 à 19 ans 1 597 2 633
20 à 24 ans 1 701 2 448
25 à 29 ans 1 741 2 364
30 à 34 ans 1 621 2 111
35 à 39 ans 1 453 1 788
40 à 44 ans 1 302 1 503
45 à 49 ans 1 172 1 176
50 à 54 ans 1 058 923
55 à 59 ans 832 606
60 à 64 ans 614 400
65 à 69 ans 403 247
70 à 74 ans 282 186
75 à 79 ans 207 154
80 à 84 ans 167 153
85 à 89 ans 139 152
90 ans et plus 147 175

Graphique 1 fin

Cependant, l’écart observé entre les genres au chapitre du taux de victimisation est en grande partie attribuable aux infractions d’agression sexuelle. Des recherches ont montré que les femmes et les filles représentent la majorité des victimes d’agressions sexuelles (Allen et McCarthy, 2018; Conroy, 2018; Cotter, 2021a; Cotter et Savage, 2019), alors que les voies de fait sont courantes chez les hommes et les garçons. Ainsi, lorsqu’on examine les taux de victimisation selon le type d’infraction, une tendance différente se dégage. Plus précisément, les taux de voies de fait sont plus élevés chez les garçons que chez les filles jusqu’au groupe des 15 à 19 ans, âge à partir duquel les taux de victimisation chez les femmes dépassent les taux observés chez les hommes, jusqu’au groupe des 40 à 44 ans (graphique 2). 

Graphique 2 début

Graphique 2 Victimes de crimes violents déclarés par la police, selon l’âge et le genre de la victime et selon le type d’infraction, Canada, 2021

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2. Les données sont présentées selon Âge de la victime (titres de rangée) et Victimes de genre masculin, Victimes de genre féminin, Infractions de voies de fait et Infractions d’agression sexuelle, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Âge de la victime Victimes de genre masculin Victimes de genre féminin
Infractions de voies de fait Infractions d’agression sexuelle Infractions de voies de fait Infractions d’agression sexuelle
taux pour 100 000 personnes
0 à 4 ans 149 41 116 111
5 à 9 ans 266 101 181 323
10 à 14 ans 661 139 541 983
15 à 19 ans 1 002 93 1 096 1 022
20 à 24 ans 1 179 37 1 479 410
25 à 29 ans 1 276 29 1 526 279
30 à 34 ans 1 193 22 1 392 208
35 à 39 ans 1 054 17 1 175 154
40 à 44 ans 925 14 982 111
45 à 49 ans 837 9 754 86
50 à 54 ans 744 9 590 59
55 à 59 ans 581 6 379 38
60 à 64 ans 424 3 246 20
65 à 69 ans 272 3 150 13
70 à 74 ans 188 1 115 12
75 à 79 ans 134 2 93 16
80 à 84 ans 113 2 96 18
85 à 89 ans 110 3 100 25
90 ans et plus 111 5 132 25

Graphique 2 fin

Les taux de voies de fait sont plus élevés chez les hommes et les garçons 

En 2021, les hommes et les garçons ont enregistré un taux élevé de voies de fait (708 pour 100 000 personnes de genre masculin), comparativement aux autres types d’infractions avec violence (tableau 1). Plus précisément, les données déclarées par la police ont révélé que les voies de fait de niveau 1 étaient le type d’infraction le plus répandu (433); venaient ensuite les voies de fait de niveau 2 (207)Note .

Alors que le taux global de victimisation déclarée par la police était plus élevé chez les femmes et les filles que chez les hommes et les garçons (1 190 par rapport à 1 015 pour 100 000 personnes), des taux plus élevés des formes plus graves de victimisation — à l’exclusion des agressions sexuelles — ont été observés chez les hommes et les garçons. Par exemple, le taux de victimes d’homicides, d’autres infractions causant la mort et de tentatives de meurtre chez les hommes et les garçons était trois fois supérieur à celui enregistré chez les femmes et les filles (6 par rapport à 2), ce qui appuie les recherches soulignant la gravité accrue de la violence chez les hommes (Conroy, 2018; Felson, 2002). De même, chez les hommes et les garçons, des taux plus élevés ont été observés au chapitre des voies de fait de niveau 2 (207), des vols qualifiés (58), des voies de fait de niveau 3 (14) et de l’extorsion (14) que chez les femmes et les filles (155, 25, 6 et 7, respectivement).

Les femmes et les filles, en revanche, ont connu des taux plus élevés de voies de fait de niveau 1 (508 pour 100 000 personnes), d’infractions sexuelles (220), de harcèlement criminel (65) et de communications indécentes ou harcelantes (31), comparativement aux hommes et aux garçons (433, 31, 21 et 13, respectivement). En dépit des taux similaires de violence déclarée par la police observés pour tous les genres sous forme agrégée, pour les infractions liées aux voies de fait et les autres infractions comportant de la violence ou la menace de violence, à l’exception des infractions sexuelles, il est important de noter que les hommes et les femmes vivent des expériences différentes par rapport à certains types d’infractions avec violence au Canada.

Début de l'encadré 2

Encadré 2
Sextorsion

Selon les données disponibles pour le Canada, un type de crime qui semble toucher de manière disproportionnée les garçons et les jeunes hommes est la sextorsion. La sextorsion implique une personne qui menace de diffuser des images sexuellement explicites ou intimes d’une autre personne sans le consentement de cette dernière, et ce, dans le but d’obtenir des images supplémentaires, des actes sexuels ou de l’argent (Centre canadien de protection de l’enfance, 2022b; Patchin et Hinduja, 2020; Wolak et autres, 2018). Bien que le terme « sextorsion » ne soit pas utilisé dans le Code criminel, il désigne souvent une conduite qui constitue un type d’extorsion, qui est une infraction prévue au Code criminel. De plus, il existe un certain nombre d’accusations (p. ex. infractions de pornographie juvénile, harcèlement, distribution non consensuelle d’images intimes) qui peuvent être portées par les services de police et les procureurs selon les circonstances propres à chaque cas.

Les données compilées par Cyberaide — la centrale canadienne de signalement des cas d’exploitation et d’abus sexuels d’enfants sur Internet — ont révélé une augmentation de 150 % des cas de sextorsion en ligne contre des jeunes, de décembre 2021 à mai 2022 (Centre canadien de protection de l’enfance, 2022b)Note . La grande majorité (87 %) des cas de sextorsion signalés à Cyberaide concernaient des garçons — généralement âgés de 15 à 17 ans — souvent contactés au moyen des médias sociaux et persuadés par la ruse de partager des images sexuellement explicites, ou encore enregistrés à leur insu, alors qu’ils s’exposaient en direct sur Internet (Centre canadien de protection de l’enfance, 2022a; Centre canadien de protection de l’enfance, 2022b; Centre canadien de protection de l’enfance, 2021). À la suite de cela, l’extorqueur fait des demandes et menace de partager les photos ou les vidéos avec le réseau social du jeune, si celui-ci ne se plie pas à ses exigences.

Dans l’ensemble, 1 jeune de genre masculin sur 20 de 15 à 24 ans a déclaré qu’il lui était déjà arrivé qu’un tiers partage ou publie en ligne des photos gênantes de lui

Dans le cadre de l’Enquête sociale générale de 2019 sur la sécurité des Canadiens (victimisation), aucun renseignement n’a été recueilli sur la sextorsion en particulier. Cependant, des renseignements ont été recueillis sur les expériences de cyberintimidation ou de cyberharcèlement vécues au cours des cinq années ayant précédé l’enquête, y compris les cas où un tiers a partagé ou publié des photos qui ont causé de l’embarras au répondant ou qui ont fait en sorte que le répondant s’est senti menacé. Bien qu’ils ne portent pas précisément sur la distribution de photos sexuellement explicites ou intimes, les résultats sont révélateurs.

Un peu plus de 1 % des Canadiens ont déclaré avoir vécu de telles expériences, dont 49 % étaient de genre masculin. Parmi ces personnes de genre masculin, plus de la moitié (55 %) avaient de 15 à 24 ans, tandis qu’environ 26 % des personnes de genre féminin étaient dans le même groupe d’âge. Autrement dit, environ 1 jeune de genre masculin sur 20 (4,2 %) a déclaré avoir vécu l’expérience d’une photo gênante de lui partagée ou publiée au cours des cinq années précédentes, comparativement à environ 1 personne de genre féminin sur 50 du même âge (2,2 %).

Fin de l’encadré 2

Début de l'encadré 3

Encadré 3
La victimisation autodéclarée et les répercussions émotionnelles de la victimisation

Selon les résultats de l’Enquête sociale générale (ESG) de 2019 sur la sécurité des Canadiens (victimisation), environ 548 000 hommes de 15 ans et plus ont vécu une expérience de victimisation avec violence au cours des 12 mois ayant précédé l’enquêteNote , ce qui représente un taux de 59 victimes pour 1 000 personnes de genre masculin. Parmi ces hommes, le taux global le plus élevé de victimisation avec violence a été enregistré chez les personnes de 15 à 24 ans (103 victimes pour 1 000 personnes de genre masculin)Note . Les hommes de 15 à 24 ans ont aussi affiché les taux les plus élevés d’agressions sexuelles et de vols qualifiés (27 et 17 victimes pour 1 000 personnes, respectivement). Cependant, le taux le plus élevé de voies de fait a été observé chez les hommes de 25 à 34 ans (68 victimes pour 1 000 personnes).

Parmi les hommes qui ont été victimes de violence non conjugale au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête, plus de 7 sur 10 (72 %) ont indiqué que cette expérience de victimisation avait eu des répercussions émotionnelles sur eux. La répercussion émotionnelle la plus souvent déclarée a été le sentiment de colère (46 %); venait ensuite le fait de se sentir bouleversé, confus ou frustré (37 %), agacé (33 %), et plus prudent ou attentif (30 %)Note . Selon une étude, seule une fraction d’hommes vont chercher une aide professionnelle en raison de problèmes émotionnels liés à la victimisation (Campagna et Zaykowski, 2020). En outre, selon les résultats de l’ESG, une proportion nettement plus faible d’hommes que de femmes ont déclaré avoir fait appel à des services professionnels pour quelque raison que ce soit à la suite d’une expérience de victimisation avec violence (7 % par rapport à 18 %).

Enfin, parmi les hommes qui avaient déclaré des conséquences émotionnelles à la suite de l’expérience de victimisation avec violence, environ 3 sur 10 (29 %) ont fait état d’une conséquence à plus long terme. Plus précisément, le cinquième (20 %) des hommes ont indiqué qu’ils étaient constamment sur leurs gardes et attentifs, ou qu’ils sursautaient facilement. En outre, 1 sur 6 (17 %) avait essayé de ne pas penser à l’incident et avait tout fait pour éviter les situations qui lui rappelaient l’expérience de victimisation, et 1 sur 8 (13 %) a déclaré se sentir engourdi ou détaché des autres, des activités ou de ce qui l’entoure.

Fin de l’encadré 3

Augmentation des taux de crimes violents contre les hommes et les garçons déclarés par la police depuis 2016

De 2011 à 2021, selon les données du Programme DUC, le taux de victimisation chez les hommes et les garçons a diminué d’environ 6 %, en grande partie en raison de la baisse de la victimisation chez les garçons de 12 à 17 ans et chez les jeunes hommes de 18 à 24 ans (-28 % et -26 %, respectivement) (tableau 2)Note . Il convient de noter que le taux de victimisation chez les hommes de 45 ans et plus a augmenté de 16 % au cours de la même période, alors que des variations mineures ont été observées en ce qui concerne les taux chez les autres groupes d’âge.

Cependant, depuis 2016, le taux de victimisation des personnes de genre masculin a augmenté de 12 %, des hausses ayant été enregistrées dans tous les groupes d’âge, à l’exception de celui des hommes de 18 à 24 ans, chez qui une légère baisse a été observée (-1,3 %). La plus forte augmentation a été constatée chez les hommes de 45 ans et plus (+22 %). Les hommes de 45 ans et plus constituaient également le seul groupe d’âge dont le taux de victimisation en 2021 était plus élevé que celui des femmes du même âge (659 par rapport à 516 pour 100 000 personnes).

Les taux d’affaires de violence envers les hommes et les garçons déclarées par la police sont les plus élevés dans les territoires et les provinces des Prairies

En 2021, à l’instar des tendances observées au cours des années précédentes (Allen et McCarthy, 2018; Conroy, 2021b; Conroy, 2018; Perreault et Simpson, 2016), chez les hommes et les garçons, le taux le plus élevé de victimisation déclarée par la police a été relevé dans les Territoires du Nord-Ouest (7 926 pour 100 000 personnes de genre masculin); venaient ensuite le Nunavut (7 003) et le Yukon (3 276) (tableau 3). Le taux de violence le plus élevé dans chacun des territoires a été enregistré chez les hommes de 25 à 34 ans, ce qui correspond aux tendances selon l’âge constatées dans l’ensemble du Canada. Cela dit, en raison des chiffres de population relativement faibles dans les territoires et de l’âge médian comparativement plus jeune des habitants, les taux sont plus élevés et plus instables et doivent être interprétés avec prudence. Il convient de noter que ces régions du pays correspondent aux régions où le nombre de crimes violents est globalement élevé (Moreau, 2022).

Parmi les provinces, le taux de violence envers les hommes et les garçons était le plus élevé au Manitoba (1 805 pour 100 000 personnes de genre masculin); venait ensuite la Saskatchewan (1 666). Il existe toutefois des variations provinciales au chapitre des taux chez les jeunes de genre masculin. Chez les garçons de 11 ans ou moins, le taux de violence le plus élevé a été enregistré à Terre-Neuve-et-Labrador (727 pour 100 000 garçons), et chez ceux de 12 à 17 ans, le taux le plus élevé de violence déclarée par la police a été observé au Nouveau-Brunswick (2 553). Pour tous les autres groupes d’âge, les taux de victimisation avec violence étaient les plus élevés au Manitoba.

Le taux de violence envers les hommes et les garçons est plus élevé dans la plupart des régions rurales que dans les régions urbaines

En 2021, le taux global d’affaires de violence envers les hommes et les garçons déclarées par la police était 1,5 fois plus élevé dans les régions rurales que dans les régions urbaines (1 438 par rapport à 936 pour 100 000 personnes de genre masculin)Note . En effet, le taux de victimisation chez les hommes et les garçons était plus élevé dans presque toutes les régions rurales des provinces, à l’exception de l’Île-du-Prince-Édouard, comparativement aux régions urbainesNote .

Toutefois, les taux élevés de violence en milieu rural étaient en grande partie attribuables à la victimisation signalée à la police dans les régions rurales du Nord (tableau 3)Note . Plus précisément, en 2021, le taux de victimisation avec violence chez les hommes et les garçons était, dans les régions rurales du Nord, de 3 519 pour 100 000 personnes, ce qui représente un taux trois fois plus élevé que celui enregistré dans les régions rurales du Sud (1 034) et près de quatre fois plus élevé que celui observé dans les régions urbaines (936). Parmi les provinces, les écarts les plus importants ont été constatés en Saskatchewan, où le taux de victimisation était sept fois plus élevé dans les régions rurales du Nord que dans les régions rurales du Sud (10 952 par rapport à 1 528), et près de neuf fois plus élevé que dans les régions urbaines (1 242). De même, au Manitoba, le taux de violence envers les hommes et les garçons était environ six fois plus élevé dans les régions rurales du Nord que dans les régions rurales du Sud (7 784 par rapport à 1 340), et cinq fois supérieur à ce qui a été observé dans les régions urbaines (1 434).

Il s’ensuit que le taux de violence envers les hommes et les garçons était plus faible dans les régions métropolitaines de recensement (RMR)Note  que dans les régions autres que les RMR (871 par rapport à 1 379) (tableau 4). Cela dit, les taux variaient beaucoup d’une RMR à l’autre. Les taux de victimisation les plus élevés chez les hommes et les garçons ont été enregistrés à Thunder Bay (1 737)Note , à Lethbridge (1 633) et à Moncton (1 575). En revanche, les taux de violence les plus faibles ont été observés à Guelph (454), à Barrie (550) et à Ottawa (624)Note .

La majorité des jeunes garçons sont agressés par un membre de la famille, alors que les garçons plus âgés et les hommes sont agressés par une connaissance ou un étranger

En 2021, parmi ceux dont la victimisation avec violence a été signalée à la police, 8 hommes et garçons sur 10 (79 %) ont été agressés par une personne non apparentée, comparativement à environ 6 femmes et filles sur 10 (61 %) (graphique 3). La plus grande proportion des personnes de genre masculin qui ont été agressées par un membre de la famille a été enregistrée chez les garçons de 11 ans ou moins (59 %), et les trois quarts (75 %) d’entre eux ont été agressés par un parentNote . Cependant, au fur et à mesure que l’âge avance et que les réseaux sociaux des personnes commencent à s’étendre au-delà des membres de la famille, les personnes de genre masculin étaient proportionnellement plus nombreuses à être agressées par une personne ne faisant pas partie de la famille. Cette constatation reflète une tendance qui dure depuis longtemps et qui s’est maintenue tout au long de la pandémie, période pendant laquelle les gens se sont mis à passer plus de temps à la maison en raison des mesures de confinement, souvent avec leur famille.  

Graphique 3 début

Graphique 3 Victimes de crimes violents déclarés par la police, selon l’âge et le genre de la victime et selon le lien de l’auteur présumé avec la victime, Canada, 2021

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3. Les données sont présentées selon Groupe d’âge et genre de la victime (titres de rangée) et Membre de la famille et Personne non apparentée, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Groupe d’âge et genre de la victime Membre de la famille Personne non apparentée
pourcentage
Hommes et garçons 11 ans ou moins 59 41
12 à 17 ans 19 81
18 à 24 ans 15 85
25 à 34 ans 17 83
35 à 44 ans 20 80
45 ans et plus 23 77
Total 21 79
Femmes et filles 11 ans ou moins 64 36
12 à 17 ans 27 73
18 à 24 ans 29 71
25 à 34 ans 38 62
35 à 44 ans 45 55
45 ans et plus 44 56
Total 39 61

Graphique 3 fin

Les garçons de 12 à 17 ans ont été le plus souvent agressés par une simple connaissance (39 %) et par un étranger (28 %). À partir de l’âge de 18 ans, la plus grande proportion des hommes de chaque groupe d’âge ont été agressés par un étranger. Plus précisément, environ 4 hommes sur 10 (42 %) de 18 à 24 ans ont subi de la victimisation aux mains d’un étranger; venaient ensuite ceux de 25 à 34 ans (37 %). Des proportions égales d’hommes de 35 à 44 ans (33 %) et de 45 ans et plus (33 %) ont été agressés par un étranger.

En revanche, la plupart des femmes et des filles ont subi de la victimisation aux mains d’un membre de la famille ou d’un partenaire intime, les proportions allant de 41 % à 64 % selon le groupe d’âge.

Début de l'encadré 4

Encadré 4
Les personnes de genre masculin victimes de violence entre partenaires intimes

Bien que la violence entre partenaires intimes soit reconnue comme un crime fondé sur le sexe qui touche les femmes de façon disproportionnée, les hommes ne sont pas à l’abri de ce genre de violence. La violence entre partenaires intimes est définie de diverses façons, mais comprend généralement les actes de violence physique, psychologique ou sexuelle, ainsi que l’exploitation financière entre des partenaires intimes actuels ou anciens qui peuvent ou non vivre ensemble (Conroy, 2021b; Cotter, 2021b).

Les enquêtes sur la victimisation au Canada ont toujours montré de petites différences, quoique statistiquement significatives, en ce qui concerne la proportion d’hommes et de femmes qui subissent de la violence entre partenaires intimes (voir Conroy, 2021a; Cotter, 2021b). Les différences entre les genres sont beaucoup plus apparentes dans les données déclarées par la police en raison des pratiques de déclaration. Plus précisément, seule une fraction des victimes de violence entre partenaires intimes ont indiqué que la violence qu’elles ont subie a été portée à l’attention des autorités. Parmi celles qui l’ont fait, la plupart étaient des victimes de genre féminin (Conroy, 2021a)Note . En effet, des recherches ont révélé des écarts considérables entre les genres en ce qui a trait au signalement de la violence entre partenaires intimes : pour 10 victimes de genre féminin qui communiquent avec la police, 1 victime de genre masculin en fait autant (Dutton, 2012)Note .

Depuis 20 ans, l’Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens (victimisation) permet de recueillir des renseignements sur les incidents de violence conjugale — un sous-ensemble de la violence entre partenaires intimes — qui ont eu lieu au cours des cinq années ayant précédé chaque cycle d’enquête (c.-à-d. 1999, 2004, 2009, 2014 et 2019)Note  . Au fil du temps, les proportions de violence conjugale ont quelque peu varié entre les hommes et les femmes. Même si les proportions étaient relativement faibles pour tous les genres, un nombre beaucoup plus élevé de femmes ont déclaré avoir été victimes de violence conjugale chaque année, à l’exception de 2014, où la proportion était plus élevée chez les hommes, et de 2009, où il n’y avait pas de différence significative entre les genres (graphique de l’encadré 4).

Graphique de l’encadré 4 début

Graphique de l’encadré 4 Victimes de violence conjugale, selon le genre de la victime et l’année, Canada, 1999, 2004, 2009, 2014, 2019

Tableau de données du graphique de l’encadré 4 
Tableau de données du Graphique de l’encadré 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de . Les données sont présentées selon Année (titres de rangée) et Hommes, Femmes, Pourcentage de personnes ayant été victimes de violence de la part de leur conjoint et intervalle de confiance de 95 %, calculées selon de et à unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Année Hommes FemmesTableau de données du Graphique de l’encadré 4
 Note 
pourcentage de personnes ayant été victimes de violence de la part de leur conjoint intervalle de confiance de 95 % pourcentage de personnes ayant été victimes de violence de la part de leur conjoint intervalle de confiance de 95 %
de à de à
1999 6,6Note *** 6,0 7,3 8,3 7,7 8,9
2004 6,1Note *** 5,5 6,7 7,2 6,7 7,8
2009 6,0Note ** 5,3 6,8 6,4 5,7 7,1
2014 4,2Note *** 3,7 4,9 3,5 3,2 3,9
2019 2,7Note * 2,2 3,3 4,2 3,5 5,0

Graphique de l’encadré 4 fin

Malgré les baisses globales observées au chapitre du nombre d’incidents de violence entre partenaires intimes pour les deux genres depuis 1999, il est important de noter qu’un peu moins de 1 homme sur 30 au Canada a été victime de violence entre partenaires intimes au cours des cinq années ayant précédé l’enquête de 2019. En outre, les hommes demandent rarement une aide professionnelle après avoir subi de la violence entre partenaires intimes (Burczycka, 2016; Cotter, 2021b; Cotter et Savage, 2019; Lysova et Dim, 2022; Roebuck et autres, 2020). Lorsqu’ils le font, bon nombre d’entre eux déclarent être confrontés à des obstacles allant d’une réponse policière incohérente à des préjugés dans les processus judiciaires et les outils d’évaluation des risques, en passant par un manque de services adaptés aux expériences des hommes en matière de violence (Dim et Lysova, 2021; Roebuck et autres, 2020). L’élimination de ce genre d’obstacles est une étape essentielle pour assurer l’équité entre les genres dans les interventions liées à la violence entre partenaires intimes au Canada.

Fin de l’encadré 4

Les jeunes garçons subissent le plus souvent de la victimisation sur une propriété privée, les proportions diminuant avec l’âge

En 2021, selon les données du Programme DUC, plus des deux tiers (68 %) des garçons de 11 ans ou moins ont été agressés sur une propriété privée, ce qui comprend les maisons, les unités d’habitation et les constructions sur une propriété privée (tableau 5). Cependant, à mesure que l’âge augmente, proportionnellement moins de personnes de genre masculin ont été agressées dans de tels endroits. Au contraire, des proportions importantes d’hommes ont été victimes de violence dans des endroits extérieurs et des lieux commerciaux, en particulier les personnes de 18 à 24 ans (49 %). En revanche, la plus grande proportion des personnes de genre féminin, peu importe l’âge, ont été agressées sur une propriété privée. Ces constatations concordent avec celles de recherches précédentes fondées sur des données autodéclarées, selon lesquelles les hommes étaient plus susceptibles que les femmes d’être agressés à l’extérieur du foyer (Cotter et Savage, 2019; Perreault, 2020). 

Il se peut que l’emplacement où survient l’affaire de victimisation concorde avec le lien de l’auteur présumé avec la victime, ainsi qu’avec le mode de vie et les activités de loisirs. Par exemple, la plus grande proportion des hommes de 18 à 24 ans ont été agressés par un étranger. Parmi ces affaires de victimisation aux mains d’un étranger, 75 % des victimes ont été agressées dans une école, à l’extérieur ou dans un lieu commercialNote . Cela contraste avec les hommes qui ont été agressés par une simple connaissance, plus de la moitié (53 %) des hommes de 18 à 24 ans ayant été agressés sur une propriété privée.

À l’appui de ce qui précède, la majorité (59 %) des hommes de 18 à 24 ans ont été agressés en soirée ou pendant la nuit (tableau 5). La recherche a montré une corrélation entre la victimisation avec violence et les activités nocturnes, surtout chez les personnes de genre masculin, chez qui les activités nocturnes aident à expliquer le lien entre l’âge et la victimisation (Bunch et autres, 2015). Plus précisément, les personnes plus jeunes peuvent participer à des activités nocturnes, comme aller au travail ou à l’école, ou fréquenter des clubs, des bars ou des restaurants, à une fréquence plus élevée que leurs homologues plus âgés, ce qui augmente le risque de victimisation (Cotter, 2021a). En revanche, la plus grande proportion des garçons de 11 ans ou moins et de 12 à 17 ans ont été agressés le matin ou l’après-midi (64 % et 57 %, respectivement).

Dans l’ensemble, 4 personnes de genre masculin sur 10 victimes de violence subissent des blessures corporelles

En 2021, selon les données du Programme DUC, la force physique a été utilisée contre la moitié (51 %) des victimes de genre masculin (tableau 5). En outre, 30 % des personnes de genre masculin ont vécu une expérience de victimisation dans une affaire où une arme était présente, ce qui représente le double du taux enregistré chez les victimes de genre féminin (15 %). Lorsque les données sont réparties selon l’âge, on constate que la présence d’une arme a été déclarée le moins souvent dans les affaires concernant les garçons de 11 ans ou moins (20 %) et le plus souvent dans les affaires concernant les victimes de genre masculin de 18 à 24 ans (35 %); venaient ensuite les victimes de genre masculin de 25 à 34 ans (33 %) et celles de 35 à 44 ans (32 %).

Dans l’ensemble, 4 personnes de genre masculin sur 10 (40 %) victimes de violence ont subi des blessures corporelles, comparativement à 37 % des victimes de genre féminin. L’analyse des variations entre les groupes d’âge a révélé que les blessures étaient les moins fréquentes chez les garçons de 11 ans ou moins (35 %) et les plus courantes chez les hommes de 25 à 34 ans (43 %). Parmi tous les hommes et garçons qui ont subi une blessure, 9 sur 10 (91 %) ont subi une blessure mineure, et la proportion restante de 9 % des victimes ont subi une blessure grave.

Des accusations sont portées ou recommandées contre les deux tiers des auteurs présumés dans les affaires de violence envers des hommes et des garçons

Selon les données du Programme DUC, en 2021, 4 affaires sur 10 (43 %) de violence envers des victimes de genre masculin n’ont pas été classées, ce qui signifie que l’affaire faisait toujours l’objet d’une enquête, que les éléments de preuve étaient insuffisants pour procéder à une mise en accusation ou qu’aucun auteur présumé n’avait été identifié, comparativement à plus du tiers (37 %) des affaires concernant des victimes de genre fémininNote . Cet écart pourrait être lié aux caractéristiques de l’affaire. En effet, le fait que les personnes de genre masculin ont été plus souvent agressées par un étranger pourrait accroître la difficulté à identifier un auteur présumé et à porter par la suite des accusations contre celui-ci. Par exemple, le tiers (34 %) des victimes de genre masculin ont été agressées par un étranger et, parmi ces affaires de victimisation aux mains d’un étranger, plus de la moitié (56 %) n’ont pas été classées.

Cela dit, il y a eu 74 648 affaires de violence envers des hommes et des garçons déclarées par la police pour lesquelles on comptait une seule victime et un seul auteur présuméNote . Parmi ces affaires, et conformément aux tendances mentionnées précédemment, environ la moitié concernaient la victimisation d’un homme ou d’un garçon aux mains d’une connaissance (24 %) ou d’un étranger (24 %). En revanche, les femmes et les filles ont été le plus souvent agressées par un partenaire intime ou un membre de la famille (70 %). 

Parmi les auteurs présumés dans les affaires de violence envers des hommes et des garçons, les deux tiers (66 %) ont fait l’objet d’accusations ou de recommandations d’accusations. Les accusations étaient les plus courantes chez les auteurs présumés dans les affaires de violence envers des hommes de 25 à 34 ans (71 %) et de 35 à 44 ans (70 %), et les moins fréquentes chez les auteurs présumés dans les affaires de violence envers des jeunes de genre masculin de 12 à 17 ans (50 %). 

Début de l'encadré 5

Encadré 5
Perceptions de la sécurité et confiance en la police chez les hommes

L’Enquête sociale générale de 2019 sur la sécurité des Canadiens (victimisation) comprenait des questions visant à connaître les perceptions des gens à l’égard de leur sécurité personnelle et leur confiance en la police. En général, une proportion beaucoup plus importante d’hommes que de femmes ont indiqué qu’ils étaient très satisfaits ou plutôt satisfaits de leur sécurité personnelle par rapport à la criminalité (82 % par rapport à 74 %). Le même constat a été fait lors de l’analyse des questions sur la sécurité personnelle fondées sur des indicateurs comportementaux. Par exemple, une plus grande proportion d’hommes que de femmes ont déclaré se sentir tout à fait en sécurité ou plutôt en sécurité par rapport à la criminalité lorsqu’ils marchent seuls dans leur quartier après la tombée de la nuit (92 % par rapport à 83 %), pas du tout inquiets d’utiliser ou d’attendre le transport en commun seuls après la tombée de la nuit (65 % par rapport à 40 %), et pas du tout inquiets pour leur sécurité par rapport à la criminalité lorsqu’ils sont seuls chez eux le soir après la tombée de la nuit (88 % par rapport à 76 %)Note . Environ le cinquième (21 %) des Canadiens ont indiqué qu’ils avaient pris des mesures pour se protéger ou protéger leurs biens contre des actes criminels au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête, plus de femmes que d’hommes ayant déclaré l’avoir fait (23 % par rapport à 19 %)Note . Même si les hommes se disent plus satisfaits que les femmes de leur sécurité personnelle par rapport à la criminalité, une proportion légèrement plus élevée d’entre eux ont indiqué avoir très peu de confiance ou aucune confiance en la police (10 % par rapport à 9 %).

Parmi les hommes qui avaient vécu une expérience de victimisation avec violence, une plus petite proportion ont déclaré être très satisfaits ou plutôt satisfaits de leur sécurité personnelle par rapport à la criminalité, comparativement aux hommes qui n’avaient pas été agressés (70 % par rapport à 82 %). De même, les hommes qui avaient vécu une expérience de victimisation avec violence ont plus souvent indiqué être très inquiets ou plutôt inquiets au sujet de leur sécurité personnelle lorsqu’ils utilisent ou attendent le transport en commun seuls après la tombée de la nuit, comparativement aux hommes qui n’avaient pas été agressés (53 %E par rapport à 34 %). Ils étaient également plus susceptibles d’avoir pris des mesures pour se protéger ou protéger leurs biens contre des actes criminels au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête (30 % par rapport à 19 % des hommes qui n’avaient pas été agressés). Enfin, une proportion beaucoup plus importante d’hommes qui avaient vécu une expérience de victimisation ont déclaré avoir très peu de confiance ou aucune confiance en la police, comparativement aux hommes qui n’avaient pas été agressés (21 % par rapport à 10 %).

Fin de l’encadré 5

Section 2 : Les homicides chez les hommes et les garçons

Augmentation du taux d’homicides chez les personnes de genre masculin

En 2021, 586 hommes et garçons ont été victimes d’un homicide au Canada. Le taux d’homicides chez les hommes et les garçons était de 3,08 pour 100 000 personnes de genre masculin, un taux qui est demeuré pratiquement inchangé par rapport à celui noté l’année précédente (3,04), mais qui représente plus de trois fois le taux d’homicides enregistré chez les femmes et les filles (1,02) (tableau 6). Lorsque les données sont réparties selon le groupe d’âge, on observe que le taux d’homicides est le plus élevé chez les hommes de 18 à 24 ans (6,72) (graphique 4), ce qui correspond aux tendances antérieures. Ces constatations concordent avec les tendances mondiales qui montrent que, en règle générale, le taux d’homicides chez les personnes de genre masculin est beaucoup plus élevé que celui observé chez les personnes de genre féminin, et qu’il atteint souvent des sommets au début de l’âge adulte (Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, 2019b).

Graphique 4 début

Graphique 4 Victimes d’homicide de genre masculin, selon le groupe d’âge de la victime et l’année, Canada, 2011 à 2021

Tableau de données du graphique 4 
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4. Les données sont présentées selon Année (titres de rangée) et 17 ans ou moins, 18 à 24 ans, 25 ans et plus et Total, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Année 17 ans ou moins 18 à 24 ans 25 ans et plus Total
taux pour 100 000 personnes
2011 1,01 6,31 2,44 2,52
2012 0,76 4,43 2,43 2,28
2013 0,84 4,38 2,09 2,06
2014 0,73 4,36 2,20 2,11
2015 0,87 4,41 2,61 2,43
2016 0,72 5,97 2,65 2,57
2017 0,77 6,45 2,77 2,71
2018 0,68 5,64 2,84 2,67
2019 0,92 6,08 2,91 2,82
2020 1,32 5,93 3,14 3,04
2021 0,87 6,72 3,23 3,08

Graphique 4 fin

De 2011 à 2021, le taux d’homicides chez les hommes et les garçons a augmenté (+22 %), principalement en raison des homicides commis contre les hommes de 25 ans et plus (+32 %). On constate une tendance similaire lorsqu’on examine la variation des taux depuis 2016. Le taux d’homicides chez les hommes et les garçons a augmenté de 20 %, les hausses les plus importantes ayant été enregistrées chez les hommes de 25 ans et plus (+22 %) et chez les garçons de 17 ans ou moins (+20 %).

Les personnes de genre masculin de 12 ans et plus sont le plus souvent tuées par une personne non apparentée

Conformément aux tendances mondiales (Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, 2019a), de 2011 à 2021, la grande majorité (87 %) des victimes d’homicide de 11 ans ou moins ont été tuées par un membre de la famille (tableau 7). Cependant, à partir de l’âge de 12 ans, en moyenne, 83 % des victimes d’homicide de genre masculin de 12 à 17 ans, de 18 à 24 ans et de 25 ans et plus ont été tuées par une personne non apparentée, le plus souvent par un ami, un étranger ou une connaissance. Plus précisément, les jeunes victimes de genre masculin de 12 à 17 ans ont été le plus souvent tuées par un ami (41 %); venaient ensuite celles tuées par un étranger (20 %) ou par une connaissance (19 %). Une tendance similaire a été observée chez les hommes de 18 à 24 ans, mais les proportions étaient légèrement plus élevées (44 %, 25 % et 22 %, respectivement). Enfin, parmi les victimes d’homicide de genre masculin de 25 ans et plus, la plus grande proportion a encore une fois été enregistrée chez les victimes tuées par un ami (34 %); venaient ensuite les victimes tuées par une connaissance (25 %) ou par un étranger (20 %).

Au total, 4 victimes d’homicide de genre masculin sur 10 ont été tuées à l’aide d’une arme à feu

Dans l’ensemble, de 2011 à 2021, l’arme à feu a été la méthode principale la plus souvent utilisée pour causer la mort à des hommes et à des garçons (40 %), ce qui représente près de deux fois le taux enregistré chez les femmes et les filles (22 %) (tableau 8). Toutefois, la méthode utilisée pour causer la mort à des hommes et à des garçons variait selon l’âge de la victime. Par exemple, la plus grande proportion des garçons de 11 ans ou moins ont été tués par des coups portés (36 %), alors que l’arme pointue a été la méthode la plus couramment employée pour tuer les jeunes de genre masculin de 12 à 17 ans (44 %). Chez les victimes adultes, l’arme à feu a été le moyen le plus souvent utilisé contre les personnes de genre masculin de 18 à 24 ans et de 25 ans et plus (54 % et 37 %, respectivement). Des données canadiennes récentes illustrent la nature genrée des homicides attribuables à des gangs et la prédominance des armes à feu dans l’exécution de ces homicides, ce qui peut aider à expliquer la forte proportion de jeunes hommes victimes d’homicide commis à l’aide d’une arme à feu (voir Cotter, 2022; David et Jaffray, 2022).

Début de l'encadré 6

Encadré 6
La victimisation des hommes et des garçons autochtones au Canada

Les recherches canadiennes ont invariablement démontré que les taux de victimisation avec violence sont plus élevés chez les Autochtones (Premières Nations, Métis et Inuit) que chez les non-Autochtones (Boyce, 2016; Heidinger, 2021; Heidinger, 2022; Perreault, 2022). Toutefois, à l’exception des données sur les homicides, les données déclarées par la police sur l’identité autochtone des victimes ou des auteurs présumés d’un crime violent ne sont pas consignées de façon fiable au sein des services de police au Canada et d’un service à l’autre. Dans le cadre du Plan d’action sur les données désagrégées de Statistique Canada, une nouvelle initiative améliorera la collecte de données sur l’identité racisée de toutes les victimes et de tous les auteurs présumés qui sont impliqués dans des affaires criminelles déclarées au moyen du Programme de déclaration uniforme de la criminalité (voir le Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités, 2022). Une telle initiative est essentielle pour mieux comprendre les expériences et les interactions des Premières Nations, des Métis et des Inuit avec la police et le système de justice canadien. 

La surreprésentation des Autochtones en tant que victimes et qu’auteurs présumés d’actes criminels au Canada a été liée aux répercussions historiques et actuelles du colonialisme, ainsi qu’aux lois et politiques connexes (Heidinger, 2022; ministère de la Justice, 2022; Perreault, 2022). Plus précisément, les politiques comme le système des pensionnats, la rafle des années 1960 et les pratiques actuelles de protection de l’enfance qui consistent à retirer les enfants de leur famille, contribuant par le fait même à la surreprésentation des enfants autochtones dans le système de protection de l’enfance, ont une incidence sur les relations que de nombreux Autochtones entretiennent les uns avec les autres et avec la collectivité en général. Les répercussions de ces politiques sont extrêmement négatives et lourdes de conséquences. Par exemple, le fait de vivre avec un traumatisme intergénérationnel découlant des expériences vécues dans les pensionnats a contribué à des taux élevés de problèmes de santé mentale, de suicide, de consommation de substances, de mauvais traitements infligés aux enfants et de violence familiale chez les populations autochtones (Menzies, 2020).

Pour illustrer ce qui précède, selon les résultats de l’Enquête sociale générale de 2019 sur la sécurité des Canadiens (victimisation), les Autochtones étaient plus susceptibles d’avoir déclaré avoir été victimes de pratiques parentales sévères et de violence sexuelle ou physique pendant l’enfance, d’avoir été témoins de violence parentale et d’avoir été sous la responsabilité légale de l’État, comparativement aux non-Autochtones (Perreault, 2022). Les hommes autochtones étaient également deux fois plus susceptibles que les hommes non autochtones d’avoir été victimes d’au moins un crime violent au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête (Perreault, 2022). Les données sur les homicides sont encore plus révélatrices. Par exemple, bien que les Autochtones représentent environ 5 % de la population canadienne (Statistique Canada, 2022b), en 2021, le quart (25 %) des victimes d’homicide étaient des Autochtones, soit un taux six fois plus élevé que celui enregistré chez les non-Autochtones (9,17 victimes pour 100 000 Autochtones par rapport à 1,55 victime pour 100 000 non-Autochtones) (David et Jaffray, 2022). En effet, si on met l’accent exclusivement sur les Autochtones de genre masculin, de 2011 à 2021, 30 % de toutes les victimes d’homicide de genre masculin de 17 ans ou moins étaient des Autochtones, et environ le quart (24 %) des victimes de genre masculin de 18 ans et plus l’étaient aussi.

Fin de l’encadré 6

Résumé

En 2021, 192 413 personnes de genre masculin ont été victimes d’un crime déclaré par la police au Canada, ce qui représente un taux de 1 015 victimes pour 100 000 personnes de genre masculin et un peu moins de la moitié (46 %) des victimes de crimes violents. Le taux de victimisation avec violence a augmenté de façon constante chez les hommes et les garçons, atteignant un sommet entre les âges de 25 et 29 ans, avant de diminuer au fur et à mesure que l’âge augmentait.

Alors que le taux global de victimisation déclarée par la police était plus élevé chez les femmes et les filles que chez les hommes et les garçons (1 190 par rapport à 1 015 pour 100 000 personnes), les hommes et les garçons affichaient des taux plus élevés pour de nombreuses formes plus graves de victimisation, comme l’homicide, d’autres infractions causant la mort et la tentative de meurtre, les voies de fait de niveau 2, le vol qualifié, les voies de fait de niveau 3 et l’extorsion.

Conformément aux tendances canadiennes précédentes, le plus haut taux d’affaires de violence envers les hommes et les garçons déclarées par la police a été enregistré dans les territoires; venaient ensuite le Manitoba et la Saskatchewan. En ce qui concerne les garçons de 11 ans ou moins, cependant, le taux de violence le plus élevé a été observé à Terre-Neuve-et-Labrador, et pour les jeunes de genre masculin de 12 à 17 ans, c’est au Nouveau-Brunswick que le taux d’affaires de violence déclarées par la police était le plus élevé.

En 2021, le taux global d’affaires de violence envers les hommes et les garçons déclarées par la police était plus élevé dans les régions rurales que dans les régions urbaines (1 438 par rapport à 936 pour 100 000 personnes de genre masculin). Les taux élevés de violence en milieu rural étaient en grande partie attribuables aux taux de victimisation enregistrés dans les régions rurales du Nord, lesquels étaient environ trois fois plus élevés que ceux observés dans les régions rurales du Sud.

À l’exception des garçons de 11 ans ou moins, la plus grande proportion des personnes de genre masculin ont été agressées par une personne non apparentée, souvent une simple connaissance ou un étranger. La force physique a été utilisée contre la moitié (51 %) des victimes de genre masculin, et une proportion de 30 % ont vécu une expérience de victimisation dans une affaire où une arme était présente, ce qui représente le double du taux enregistré chez les victimes de genre féminin (15 %). Dans l’ensemble, 4 personnes de genre masculin sur 10 (40 %) victimes de violence ont subi des blessures corporelles.

En 2021, le taux d’homicides chez les hommes et les garçons était plus de trois fois supérieur au taux d’homicides enregistré chez les femmes et les filles (3,08 victimes par rapport à 1,02 pour 100 000 personnes). De 2011 à 2021, le taux d’homicides chez les hommes et les garçons a augmenté (+22 %), principalement en raison des homicides commis contre les hommes de 25 ans et plus (+32 %). À partir de l’âge de 12 ans, la plupart des victimes d’homicide de genre masculin ont été tuées par une personne non apparentée. 

Auparavant, les données déclarées par la police concernant les expériences de victimisation avec violence des hommes et des garçons étaient utilisées comme élément de comparaison pour analyser la violence envers les femmes et les filles. Bien que les taux de victimisation soient généralement similaires entre les genres, d’importantes différences sont souvent dissimulées — comme le type de victimisation subie, l’âge des victimes et l’auteur de la victimisation. La mise en évidence de ces nuances est une étape importante pour assurer l’équité entre les genres dans les interventions liées à la victimisation avec violence au Canada. 

Tableaux de données détaillés

Tableau 1 Victimes de crimes violents déclarés par la police, selon le groupe d’âge et le genre de la victime et selon le type d’infraction, Canada, 2021

Tableau 2 Victimes de crimes violents déclarés par la police, selon le groupe d’âge et le genre de la victime et selon l’année, Canada, 2011 à 2021

Tableau 3 Taux de crimes violents déclarés par la police, selon le groupe d’âge et le genre de la victime et selon la province ou le territoire et la région urbaine ou rurale, Canada, 2021

Tableau 4 Victimes de crimes violents déclarés par la police, selon le groupe d’âge et le genre de la victime et selon la région métropolitaine de recensement, Canada, 2021

Tableau 5 Victimes de crimes violents déclarés par la police, selon le groupe d’âge et le genre de la victime et selon les caractéristiques de l’affaire, Canada, 2021

Tableau 6 Victimes d’homicide, selon le groupe d’âge et le genre de la victime et selon l’année, Canada, 2011 à 2021

Tableau 7 Victimes d’homicide, selon le groupe d’âge et le genre de la victime et selon le lien de celle-ci avec l’auteur présumé, Canada, 2011 à 2021

Tableau 8 Victimes d’homicide, selon le groupe d’âge et le genre de la victime et selon la méthode principale utilisée pour causer la mort, Canada, 2011 à 2021

Description de l’enquête

Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens (victimisation)

Le présent article repose sur les données de l’Enquête sociale générale (ESG) sur la sécurité des Canadiens (victimisation). En 2019, Statistique Canada a mené l’ESG sur la victimisation pour la septième fois. Les cycles précédents ont été réalisés en 1988, en 1993, en 1999, en 2004, en 2009 et en 2014. L’ESG sur la victimisation vise essentiellement à mieux comprendre les enjeux liés à la sécurité des Canadiens, y compris les perceptions à l’égard de la criminalité et du système de justice, les expériences de violence entre partenaires intimes et le sentiment de sécurité des gens au sein de leur collectivité.

La population cible était composée des personnes de 15 ans et plus vivant dans les provinces et les territoires, à l’exception des personnes vivant en établissement à temps plein.

La collecte des données a eu lieu au cours de la période allant d’avril 2019 à mars 2020. Les réponses ont été obtenues au moyen d’interviews téléphoniques assistées par ordinateur, d’interviews en personne (dans les territoires seulement) et, pour la première fois, d’une option d’autocollecte par Internet offerte aux répondants à l’ESG sur la victimisation dans les provinces et les capitales territoriales. Les répondants ont pu répondre dans la langue officielle de leur choix.

Une personne de 15 ans et plus a été sélectionnée au sein de chaque ménage échantillonné pour répondre à l’enquête. Un suréchantillon d’Autochtones a été ajouté à l’ESG de 2019 sur la victimisation afin de permettre une analyse plus approfondie des personnes appartenant à ce groupe de population. En 2019, la taille de l’échantillon final était de 22 412 répondants.

En 2019, le taux de réponse global était de 37,6 %. Parmi les non-répondants, certains avaient refusé de participer à l’enquête et d’autres ne pouvaient pas être joints ou ne parlaient ni français ni anglais. Les chiffres des répondants de l’échantillon ont été pondérés afin que leurs réponses représentent la population canadienne de 15 ans et plus ne vivant pas en établissement.

En ce qui a trait à la qualité des estimations, les limites inférieure et supérieure des intervalles de confiance sont présentées dans les graphiques et les tableaux. Les intervalles de confiance doivent être interprétés de la façon suivante : si l’enquête devait être répétée à de nombreuses reprises, 95% du temps (ou 19 fois sur 20), l’intervalle de confiance couvrirait la valeur de la population réelle.

Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l’affaire

Le Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC) fondé sur l’affaire sert à recueillir des renseignements détaillés sur les affaires criminelles qui ont été portées à l’attention des services de police canadiens. Ces renseignements comprennent les caractéristiques liées aux affaires, aux victimes et aux auteurs présumés. En 2021, les données représentaient les services de police desservant 99 % de la population du Canada.

Une affaire peut comprendre plus d’une infraction. Par souci de comparabilité, les chiffres sont présentés en fonction de l’infraction la plus grave en lien avec l’affaire, qui est déterminée d’après une règle de classification normalisée utilisée par tous les services de police.

L’âge de la victime est calculé en fonction de la date de fin d’une affaire déclarée par la police. Certaines victimes subissent de la violence au cours d’une certaine période, parfois pendant des années, et la police peut considérer qu’il s’agit d’une seule affaire continue. Il n’existe pas de renseignements sur le nombre et la date des différentes affaires pour ces victimes de violence continue. Sont exclues de l’analyse les victimes dont l’âge était supérieur à 110 ans en raison de la possibilité que les affaires pour lesquelles l’âge était inconnu aient été classées incorrectement dans cette catégorie d’âge.

L’option permettant à la police de coder les victimes comme des personnes de « diverses identités de genre » dans le Programme DUC a été ajoutée en 2018. Dans le contexte du Programme DUC, une personne « de diverses identités de genre » est une personne qui exprime publiquement un genre ni exclusivement masculin ni exclusivement féminin. Compte tenu de l’existence possible d’un petit nombre de victimes identifiées comme étant « de diverses identités de genre », les données du Programme DUC accessibles au public ont été recodées de manière à répartir les victimes selon les catégories « genre masculin » ou « genre féminin » en fonction de la répartition régionale des victimes selon le genre. Ce recodage assure la protection de la confidentialité et de la vie privée des victimes.

Enquête sur les homicides

L’Enquête sur les homicides permet de recueillir des renseignements détaillés sur tous les homicides qui ont été portés à l’attention des services de police canadiens, et dont le bien-fondé a été établi par ces derniers. Ces renseignements comprennent les caractéristiques liées aux affaires, aux victimes et aux auteurs présumés. En 2019, l’enquête a été remaniée en profondeur dans le but d’améliorer la qualité des données et d’accroître leur pertinence.

Avant 2019, les données de l’Enquête sur les homicides étaient présentées selon le sexe des victimes. Le sexe et le genre font référence à deux concepts différents. Il convient de faire preuve de prudence lorsqu’on compare les chiffres de la variable « sexe » avec ceux de la variable « genre ». Compte tenu de l’existence possible d’un petit nombre de victimes identifiées comme étant « de diverses identités de genre », les données agrégées de l’Enquête sur les homicides accessibles au public ont été recodées de façon à attribuer à ces victimes et auteurs présumés la valeur « genre masculin » ou « genre féminin » afin d’assurer la protection de la confidentialité et de la vie privée. La valeur « genre masculin » ou « genre féminin » a été attribuée aux victimes et aux auteurs présumés de diverses identités de genre en fonction de la répartition régionale des victimes ou des auteurs présumés selon le genre.

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