Les taux de violence envers les femmes dans les
régions éloignées du Canada sont semblables à ceux observés chez les femmes
vivant dans les régions accessibles, selon les données autodéclarées de
l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018. Les
régions éloignées, y compris les régions très éloignées, sont des régions du
Canada dont les habitants éprouvent plus de difficulté à accéder aux ressources
sanitaires, économiques et sociales essentielles.
Environ 1 femme sur 15 (7 %) vivant dans
les régions éloignées a indiqué avoir été victime d’une certaine forme de
violence physique ou sexuelle au cours de l’année ayant précédé l’enquête, y
compris la violence qui s’est produite en contexte de relation intime ou non. Cette
proportion était semblable à celle observée chez les femmes vivant dans les
régions accessibles (6 %).
Des proportions égales de femmes vivant dans
des régions éloignées (12 %) et dans des régions accessibles (12 %) ont
déclaré avoir été victimes de violence entre partenaires intimes (VPI) au cours
de l’année ayant précédé l’enquête. En revanche, le fait d’en avoir été
victimes à plusieurs reprises était plus fréquent chez les femmes vivant dans
des régions éloignées (95 % des femmes qui ont été victimes de VPI) que
chez celles vivant dans des régions accessibles (83 %). Plus de 4 femmes
sur 10 (43 %) dans les régions éloignées ayant été victimes de VPI au
cours de l’année précédente ont dit avoir subi cette forme de violence
quotidiennement, hebdomadairement ou mensuellement.
La violence envers les femmes dans les
collectivités éloignées était plus susceptible d’être venue à l’attention de la
police que la violence envers les femmes dans les régions accessibles. Un plus
grand nombre de femmes dans les régions éloignées qui avaient été victimes de
violence de la part d’une personne autre qu’un partenaire intime ont déclaré
que l’incident le plus grave avait été signalé à la police (43 % par
rapport à 12 % chez les femmes vivant dans les régions accessibles). Cela
valait également pour ce qui est de la violence entre partenaires intimes
(16 % par rapport à 6 %). En outre, les femmes vivant dans les
régions éloignées étaient plus susceptibles que celles résidant dans les
régions accessibles d’avoir elles-mêmes communiqué avec la police.
Selon les données policières provenant du
Programme de déclaration uniforme de la criminalité de 2019, le taux d’affaires
de VPI commises à l’endroit des femmes résidant dans les régions éloignées
était plus de quatre fois plus élevé que celui des femmes vivant dans les régions
accessibles (2 002 victimes pour 100 000 habitants par
rapport à 445). Le taux de violence commise par une personne autre qu’un
partenaire intime était quatre fois plus élevé chez les femmes résidant dans
les régions éloignées (2 182 par rapport à 574).
D’après
les données autodéclarées, la violence sexuelle et la violence physique durant l’enfance
étaient aussi courantes chez les femmes vivant dans les régions éloignées
(27 %) que chez celles résidant dans les régions accessibles (28 %),
de même que la fréquence à laquelle ces femmes ont subi ces formes de violence
durant l’enfance. Bien que de nombreux cas de mauvais traitements à l’égard
d’enfants ne soient jamais signalés à la police, les statistiques déclarées par
la police révèlent que le taux de voies de fait contre les filles de
15 ans ou moins était quatre fois plus élevé dans les régions éloignées
que dans les régions accessibles (874 victimes par rapport à 223 victimes
pour 100 000 filles). Le taux d’agressions sexuelles et d’infractions
sexuelles déclarées par la police était plus de trois fois plus élevé chez les
filles vivant dans les régions éloignées (1 014 par rapport à 322 victimes
pour 100 000 filles dans les régions accessibles).
Les données autodéclarées révèlent que dans les
régions éloignées (84 %) et les régions accessibles (86 %), la
plupart des femmes qui ont été victimes de VPI n’ont pas demandé d’aide auprès des
services aux victimes, tels que les lignes d’écoute téléphonique, les maisons
d’hébergement et d’autres services. Toutefois, l’éloignement ne semble pas être
l’une des principales raisons pour ne pas solliciter de l’aide auprès des services
aux victimes; dans les régions éloignées comme dans les régions accessibles,
moins de 1 % (0,8 %) des femmes qui ont été victimes de VPI et qui
n’ont pas communiqué avec les services d’aide aux victimes ont dit qu’elles ne
l’ont pas fait en raison de la trop grande distance les séparant des services.
Selon les données autodéclarées tirées de
l’Enquête sociale générale de 2019 sur la sécurité des Canadiens
(victimisation), une plus grande proportion de femmes vivant dans les régions
éloignées (41 %) que dans les régions accessibles (21 %) croyaient
que le nombre d’actes criminels commis dans leur collectivité avait augmenté au
cours des cinq années précédentes. De plus, les femmes vivant dans des régions
éloignées étaient moins susceptibles d’avoir une grande confiance envers la
police (80 % par rapport à 91 % des femmes vivant dans des régions
accessibles) et envers les tribunaux de juridiction criminelle (45 % par
rapport à 60 %).
Au total, 7 femmes sur 10 (72 %) résidant
dans les régions éloignées ont déclaré que leur quartier était caractérisé par
des signes de problèmes sociaux, tels que des déchets et des ordures qui
traînent, des soirées bruyantes ou des personnes qui consomment ouvertement des
drogues, une proportion considérablement plus élevée que celle observée chez
les femmes vivant dans les régions accessibles (58 %). Malgré cela, la
plupart (83 %) des femmes des régions éloignées se sont dites satisfaites
ou très satisfaites de leur sécurité personnelle par rapport à la criminalité, soit
une proportion plus élevée que celle enregistrée chez les femmes des
collectivités accessibles (74 %).
La
résilience économique en cas de dépenses imprévues peut avoir des répercussions
sur la vie des femmes à de nombreux égards. Une proportion un peu plus élevée de
femmes dans les régions éloignées (26 %) que dans les régions accessibles
(21 %) ont déclaré qu’il serait difficile ou impossible pour leur ménage
de faire face à une dépense imprévue de 500 $ ou plus. Les femmes vivant
dans des régions éloignées qui avaient été victimes de VPI au cours de l’année ayant
précédé l’enquête étaient particulièrement plus susceptibles de déclarer une
faible résilience économique (48 %), comparativement aux femmes ayant été
victimes de VPI qui résident dans des régions accessibles (24 %).
Fin de l’encadré 1
Introduction
Sur de nombreux aspects, la vie dans une région
éloignée du Canada diffère grandement de la vie dans un centre urbain. De
vastes distances, souvent infranchissables à divers moments de l’année,
séparent les résidents de nombreux biens et services qui sont accessibles plus
facilement et à moindre coût ailleurs. Pour certains, l’éloignement signifie
des liens sociaux étroits, qui peuvent offrir du soutien et de la stabilité aux
personnes tout en limitant leur sentiment d’autonomie (Annan, 2008). Entre
autres facteurs, ces aspects de l’éloignement sont significatifs pour ce qui
est de la façon dont les femmes dans les collectivités éloignées sont victimes
de violence fondée sur le sexe. Au Canada, l’importance de l’éloignement en
tant que possible corrélat de la violence envers les femmes a été reconnue, car
les collectivités éloignées sont souvent caractérisées par l’isolement
géographique et social, la marginalisation économique et la faible
disponibilité des logements et des services aux victimes ―
autant de facteurs qui peuvent contribuer au risque de violence fondée sur le
sexe auquel sont exposées les femmes (Chambre
des communes, 2019). De plus, de nombreuses femmes des Premières
Nations, métisses et inuites (Autochtones), qui sont surreprésentées parmi les
victimes de violence, résident dans des collectivités éloignées (Allen, 2020; Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones
disparues et assassinées, 2019).
Le concept d’éloignement est
quelque peu difficile à quantifier. En 2017, Statistique Canada a élaboré
un indice d’éloignement, qui permet la classification des régions
géographiques en fonction de l’éloignement relatif des subdivisions de
recensement dont elles sont formées (voir l’encadré 1 et la section « Sources
des données »). L’indice d’éloignement
est un concept fondé sur la capacité des résidents d’une région à accéder à des
ressources sanitaires, sociales, économiques et autres, et classe les régions
selon l’endroit où elles se situent dans le spectre de l’accessibilité des
ressources ― de facilement accessibles à
très difficilement accessibles (régions très éloignées; Alasia et autres, 2017). Comme la disponibilité de ces ressources est essentielle pour
comprendre la violence fondée sur le sexe et la manière dont la société
intervient face à cette violence, l’indice d’éloignement est tout désigné pour améliorer
la compréhension des expériences de violence vécues par les femmes dans les
collectivités éloignées. De plus, les premières applications de l’indice ont
permis de cerner d’importantes réalités sociales, démographiques et économiques
auxquelles sont confrontées les femmes vivant dans ces régions; ces réalités
les différencient de leurs homologues résidant dans les régions où les
ressources sont plus accessibles (Leclerc, 2022; Leclerc, 2021; Mardare Amini, 2022)Note .
À ce jour, plusieurs études s’appuyant
sur des données déclarées par la police ont permis d’examiner les taux de
criminalité dans les régions rurales du Canada, y compris les territoires et
les régions nordiques des provinces. Ces études ont invariablement démontré
que, comparativement aux femmes vivant dans d’autres régions du Canada, les
femmes résidant dans les régions classées comme rurales et nordiques sont
surreprésentées parmi les victimes de crimes violents déclarés par la police (Allen, 2020; Allen et Perreault, 2015; Conroy, 2021a; Perreault,
2019; Rotenberg, 2019). Bien qu’elles soient liées à l’éloignement, les
classifications régionales fondées sur le nord et le sud, ainsi que sur l’urbanité
et la ruralité, ne tiennent pas compte de l’accessibilité des services de la
même façon que le fait l’indice d’éloignement, qui a été élaboré précisément pour
mesurer l’accessibilité (voir l’encadré 1). La présente étude vise à tirer parti de ces analyses
antérieures par l’application de l’indice et porte une attention particulière à
la violence à l’endroit des femmes vivant dans les régions éloignées du Canada.
De nombreuses expériences de
victimisation ne sont pas signalées à la police. Le sous-signalement de
certains types de violence, y compris les agressions sexuelles, est un fait qui
a été bien établi. Par ailleurs, d’autres formes de victimisation, par exemple
la violence psychologique ou l’exploitation financière, ne sont pas toujours
considérées comme étant de nature criminelle et ne sont donc pas incluses dans
les statistiques déclarées par la police. Pour cette raison, la présente étude repose
sur des données autodéclarées en plus des statistiques déclarées par la police
afin de mieux comprendre les diverses façons dont les femmes vivant dans les régions
éloignées subissent de la victimisation.
Dans le présent article de Juristat, qui
s’appuie sur les données de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics
et privés (ESEPP) de 2018, on examine la violence psychologique, sexuelle
et physique touchant les femmes de 15 ans et plus vivant dans les
collectivités éloignées avant la pandémie de COVID-19; on porte une attention
particulière aux façons dont les expériences de ces femmes diffèrent de celles
des femmes résidant dans des régions plus accessibles et urbaines du Canada.
Les données autodéclarées tirées de l’Enquête sociale générale (ESG) de 2019
sur la sécurité des Canadiens (victimisation) fourniront des renseignements sur
la façon dont les femmes vivant dans les régions éloignées perçoivent leur
collectivité et leur sécurité. L’article porte sur les expériences des femmes
des Premières Nations, métisses et inuites (Autochtones) dans ces
collectivités, et les expériences de différentes populations de femmes (p. ex. les
femmes LGBTQ2+) sont étudiées lorsque la taille de l’échantillon le permetNote . Les
données déclarées par la police dans le cadre du Programme de déclaration
uniforme de la criminalité de 2019 fourniront un contexte supplémentaire aux
expériences des femmes.
Comme il a été mentionné précédemment, la
présente analyse s’appuie sur des données recueillies avant le début de la
pandémie de COVID-19. Bien que les données les plus
récentes sur la victimisation autodéclarée datent d’avant la pandémie, certains
corrélats de la violence mesurés par ces enquêtes, y compris l’isolement
social, la consommation de substances, la disponibilité des services et autres,
peuvent avoir été exacerbés pendant la pandémie. Les données autodéclarées avant
la pandémie peuvent donc créer un point de référence en ce qui a trait à la
violence fondée sur le sexe dans les collectivités éloignées; cette base peut
ensuite être élargie grâce à des renseignements supplémentaires sur la façon
dont la COVID-19 a influé sur les corrélats connus de la violence dans ces
régions, à mesure que ces renseignements deviennent disponibles.
Début de l'encadré 1
Encadré 1
La mesure de l’éloignement au Canada
Le Canada est un vaste pays dont la population
n’est pas répartie également. Dans le passé, les classifications
« urbaines » et « rurales » ont été appliquées aux
collectivités canadiennes dans le but de comprendre en quoi les expériences de
leurs résidents peuvent différer les unes des autres. Ces concepts sont fondés
sur des mesures de la densité de la population ou des débits de la migration
quotidienne entre les collectivités (Statistique Canada,
2016a; Statistique Canada, 2016b).
Dans le langage courant et les sciences sociales, les caractéristiques
familières des régions urbaines et rurales ― comme la concentration des
entreprises et des maisons des régions urbaines, comparativement aux étendues agricoles
et aux économies fondées sur les ressources naturelles des régions rurales ―
sont utilisées pour contextualiser les expériences et les possibilités offertes
aux résidents de ces régions.
Bien qu’elles soient utiles, les
classifications des régions urbaines et rurales ne rendent compte que de
manière fortuite d’un aspect essentiel de l’incidence du lieu de résidence sur
la vie des gens, à savoir la facilité avec laquelle ils peuvent accéder aux
services. Les méthodes utilisées pour déterminer le statut urbain et rural ne
comprennent pas explicitement et intentionnellement des mesures de l’accès à
des services tels que les soins de santé, le commerce de détail ainsi que les
services financiers et juridiques.
L’élaboration de l’indice d’éloignement de
Statistique Canada visait à combler cette lacune. L’élaboration de
l’indice a nécessité l’utilisation de sources d’information bien établies,
comme le Recensement de la population, couplé à des données accessibles à
partir de plateformes plus récentes, comme Google Maps (Alasia et autres, 2017). L’indice a d’abord
été fondé sur la proximité des régions par rapport aux foyers d’activité
économique et aux agglomérations, facteur auquel ont ensuite été ajoutés les
concepts clés liés à l’accessibilité. Par exemple, pour cerner la véritable
mesure de l’accessibilité d’un service, les coûts associés à son déplacement
ont été pris en compte. La prise en compte des coûts se révèle particulièrement
importante lorsque l’on tient compte du fait que certaines collectivités au Canada
ne sont accessibles que par avion, ou par la route en fonction de la saison.
L’indice qui en résulte attribue une valeur numérique à chaque subdivision de
recensement (SDR) au Canada; la valeur représente l’éloignement relatif de
cette SDR et reflète la facilité relative avec laquelle les résidents de cette
SDR peuvent accéder aux services. Ces valeurs d’éloignement peuvent ensuite
être regroupées en cinq catégories (régions facilement accessibles,
accessibles, moins accessibles, éloignées et très éloignées), lesquelles
représentent un continuum qui saisit l’accessibilité des services dans ces types
de régions (Subedi et autres, 2020).
Le présent article est principalement fondé sur
les données autodéclarées de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics
et privés (ESEPP) de 2018. Comme les populations des régions éloignées du
Canada sont petites, l’échantillon composé des résidents de ces régions ayant
été sondés dans le cadre de l’ESEPP est également petit. Pour cette raison, les
plus petites catégories (régions éloignées et très éloignées) ont été
combinées, tout comme les catégories « régions accessibles » et
« régions facilement accessibles ». Tout au long de cette analyse, le
terme « régions éloignées » désigne les régions éloignées et très
éloignées, alors que le terme « régions accessibles » désigne les
régions accessibles et facilement accessibles. Il convient de noter que
d’autres études canadiennes fondées sur l’indice d’éloignement ont révélé des
différences sociodémographiques significatives entre les femmes vivant dans des
régions très éloignées et celles vivant dans des régions éloignées et dans des
régions plus accessibles (voir Leclerc,
2021; Mardare Amini, 2022).
Entre les catégories « régions
éloignées » et « régions accessibles » se trouve la catégorie
intermédiaire « régions moins accessibles ». Les renseignements sur
les expériences des femmes vivant dans les régions moins accessibles sont
présentés dans plusieurs tableaux, mais ne sont pas inclus dans le corps du
rapport. En effet, conformément à l’objectif du présent article, la majorité
des données présentées reflètent les expériences des femmes dans les régions
éloignées; les expériences des femmes dans les régions accessibles sont présentées
pour mettre les choses en perspective.
Il convient de noter que, même si l’indice
d’éloignement représente une façon unique de catégoriser les régions géographiques,
l’analyse a démontré qu’il existe un degré de concordance entre l’indice
d’éloignement et les autres classifications géographiques utilisées par
Statistique Canada (Alasia et autres, 2017).
Parmi ces classifications figurent les désignations « urbaines » et « rurales »,
qui sont fondées sur l’emplacement relatif d’une région donnée par rapport aux
régions métropolitaines de recensement et aux agglomérations de recensementNote . Des
analyses fondées sur ces classifications urbaines et rurales sont utilisées
dans le présent article lorsque l’application de l’indice d’éloignement n’était
pas possible.
Fin de l’encadré 1
Prévalence et caractéristiques de la violence envers les
femmes dans les collectivités éloignées
La prévalence de la violence envers les femmes est
semblable dans les régions éloignées et dans les collectivités accessibles
En 2019, les régions
éloignées du Canada comptaient environ 650 000 femmes de 15 ans
et plusNote , soit environ
4,4 % de la population totale des femmes au Canada (Statistique Canada, 2021a). De récentes études
canadiennes ont révélé de nombreuses différences entre la vie des femmes de ces
régions, dont bon nombre ont déclaré avoir un état de santé, un niveau de
scolarité et un revenu inférieurs à la moyenne, et celle des femmes des régions
accessibles (Leclerc, 2022; Mardare Amini, 2022). L’analyse a également démontré que la
proportion de femmes autochtones est plus élevée et que la proportion de femmes
de minorités visibles est moins élevée dans les régions éloignées que dans les
régions accessibles (Leclerc, 2021).
Malgré ces différences, les données de l’ESEPP montrent qu’en ce qui
concerne le fait d’être victime de violence, les expériences des femmes vivant dans
des régions éloignées étaient pour la plupart semblables à celles des femmes résidant
dans des collectivités accessibles.
Dans l’ensemble, les
données autodéclarées révèlent que la violence à l’endroit des femmes était
aussi courante dans les régions éloignées que dans les régions accessibles du
Canada. Environ 1 femme sur 15 (7 %) dans les régions éloignées a
indiqué avoir été victime d’une certaine forme de violence physique (5 %)
ou sexuelle (3 %) au cours de l’année précédente, y compris la violence
qui s’est produite en contexte de relation intime ou non. Ces proportions étaient
les mêmes que celles enregistrées par les femmes vivant dans les régions
accessibles (4 % dans chaque cas; les différences n’ont pas été jugées
statistiquement significatives; tableau 1).
Selon les données policières, les actes de violence commis
par un étranger sont moins fréquents dans les régions éloignées
Selon les données
autodéclarées, 4 % des femmes vivant dans des régions éloignées ont été
victimes de violence physique ou sexuelle de la part d’une personne autre qu’un
partenaire intime au cours de l’année précédente, soit la même proportion que celle
observée chez les femmes des régions accessibles. Cette violence comprenait le
fait d’être attaquée physiquement (2 %), le fait d’être menacée d’être
frappée ou attaquée, ou menacée avec une arme (2 %) et le fait d’être
touchée d’une manière sexuelle contre sa volonté (2 %) par une personne
comme un membre de la famille, une connaissance, un collègue de travail ou une
autre personne (tableau 2).
Au-delà de la violence
commise par un partenaire intime, la taille de l’échantillon de données
autodéclarées recueillies auprès des femmes dans les régions éloignées ne permet
pas d’analyser l’auteur de la violence. Les renseignements fournis par les
services de police contiennent toutefois cette information. Les données recueillies
dans le cadre du Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC) de 2019
montrent que, dans les régions éloignées, 18 % des femmes victimes de
violence l’avaient été de la part d’une simple connaissance, ce qui en fait le
deuxième type de relation le plus couramment associé à la violence envers les
femmes ― après les conjoints
mariés ou conjoints de fait actuels (22 %; graphique 1)Note .
Graphique 1 début
Tableau de données du graphique 1
Tableau de données du Graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du Graphique 1. Les données sont présentées selon Lien de l’auteur présumé avec la victime (titres de rangée) et Femmes dans les régions éloignées, Hommes dans les régions éloignées, Femmes dans les régions accessibles et Hommes dans les régions accessibles, calculées selon pourcentage de victimes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Lien de l’auteur présumé avec la victime
Femmes dans les régions éloignées
Hommes dans les régions éloignées
Femmes dans les régions accessibles
Hommes dans les régions accessibles
pourcentage de victimes
Ex-conjoint marié ou ex-conjoint de fait
3
1
7
2
Ami
4
5
4
3
Étranger
7
18
18
41
Ex-petit ami ou ex-petite amie
7
2
8
2
Autre partenaire intime
8
3
3
1
Membre de la famille élargie
8
9
2
2
Petit ami ou petite amie
9
3
6
2
Simple connaissance
18
28
13
17
Conjoint marié ou conjoint de fait actuel
22
9
19
6
Note : Comprend les victimes de 15 à 110 ans. Les victimes de 111 ans et plus ont été exclues de l’analyse en raison de la possibilité que les affaires pour lesquelles l’âge de la victime était inconnu aient été classées incorrectement dans cette catégorie d’âge. Dans les enregistrements où la victime et l’auteur présumé ont été catégorisés au départ comme des petits amis ou des ex-petits amis vivant ensemble, la victime et l’auteur présumé ont été recatégorisés comme des conjoints ou des ex-conjoints. Dans les enregistrements où la victime était âgée de moins de 18 ans et où l’auteur présumé a été initialement catégorisé comme l’enfant de la victime ainsi que dans ceux où la victime était âgée de plus de 65 ans et où l’auteur présumé a été initialement catégorisé comme un parent de la victime, l’auteur présumé a été recatégorisé comme un autre membre de la famille. Exclut les victimes dont le genre ou l’âge était inconnu ou pour lesquelles le lien de l’auteur présumé avec la victime était inconnu. Les régions éloignées comprennent les régions éloignées et très éloignées, alors que les régions accessibles comprennent les régions accessibles et facilement accessibles, telles qu’elles sont définies par l’approche de classification manuelle utilisée pour l’indice d’éloignement. Les données reflètent la région où a eu lieu l’affaire, et pas nécessairement la région de résidence de la victime. Source : Statistique Canada, Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l’affaire et indice d’éloignement.
Graphique 1 fin
Bien qu’il y ait des
similitudes avec ce que la police a déclaré dans les régions accessibles, des
différences ont été observées en ce qui concerne les autres types de relations.
Par exemple, la violence commise par un étranger était relativement courante
dans les régions accessibles, 18 % des femmes ayant été victimisées par
une personne qu’elles ne connaissaient pas (au deuxième rang derrière les conjoints
mariés ou conjoints de fait actuels, à 19 %). En revanche, dans les
régions éloignées, 7 % des femmes victimes avaient été agressées par un
étranger. Ces tendances reflètent probablement les petites collectivités
présentes dans les régions éloignées, où de nombreuses personnes se connaissent
dans une certaine mesure et où les étrangers sont rares.
Dans l’ensemble, 1 femme sur 8 vivant dans les
régions éloignées a été victime de violence physique, sexuelle ou psychologique
de la part d’un partenaire intime au cours de l’année précédente
La violence entre
partenaires intimes (VPI) est reconnue comme un déterminant clé de la santé et
du bien-être des femmes (Organisation mondiale
de la Santé, 2021). Les données autodéclarées provenant de l’ESEPP révèlent
qu’au Canada, la violence physique ou sexuelle commise par un partenaire intime
était aussi fréquente chez les femmes vivant dans les régions éloignées
(4 %) que chez leurs homologues des régions accessibles au cours de
l’année précédente (3 %; une différence qui n’a pas été jugée
statistiquement significative; tableau 1).
Il convient toutefois de souligner que les femmes vivant dans les régions
éloignées peuvent se heurter à des défis particuliers, tels que l’isolement et
le manque de logements, qui peuvent avoir une incidence sur leurs expériences
de VPI (Annan, 2008).
Les femmes dans les
collectivités éloignées ont subi diverses formes de VPI physique au cours de
l’année ayant précédé l’enquête. Ces formes de VPI comprenaient notamment le
fait d’avoir été bousculées, poussées, agrippées ou projetées au sol
(2 %), le fait d’être menacées d’être frappées avec le poing ou tout autre
objet qui aurait pu les blesser (2 %) et le fait d’être, elles-mêmes ou
une personne proches, menacées d’être blessées ou tuées (2 %; tableau 2). Les femmes ont également été
victimes de VPI sexuelle, y compris le fait d’avoir été forcées à se livrer à
des actes sexuels non désirés (1 %) et le fait d’être obligées à avoir des
relations sexuelles forcées ou de subir des tentatives de relations sexuelles
forcées (1 %). Ces formes de violence envers les femmes étaient aussi
répandues dans les régions éloignées que dans les régions accessibles.
En plus de la violence
physique et sexuelle, la VPI peut comprendre la violence psychologique et
l’exploitation financière, comme la jalousie ou les comportements contrôlants,
les insultes ou le fait d’empêcher la victime de travailler ou de la priver de
ressources financièresNote . Un peu plus de
1 femme sur 10 vivant dans les collectivités éloignées (11 %) et dans
les régions accessibles (12 %) a été victime de violence psychologique ou d’exploitation
financière commise par un partenaire intime actuel ou un ancien au cours des
12 mois précédents (tableau 2).
La violence
psychologique et l’exploitation financière de la part d’un partenaire intime
peuvent prendre de nombreuses formes. Parmi les femmes vivant dans des régions
éloignées, ces types de violence comprenaient le fait d’être rabaissées ou de
se faire dire des mots blessants (8 %), d’être traitées de personne
dérangée, stupide ou bonne à rien (7 %), d’avoir un partenaire jaloux
(5 %) et d’avoir un partenaire qui exigeait de savoir avec qui et où elles
étaient en tout temps (5 %; tableau 2).
Il n’y avait pas de différence statistiquement significative entre les femmes vivant
dans des collectivités éloignées et celles qui résident dans des régions
accessibles au chapitre de la prévalence de certains types de VPI psychologique
ou d’exploitation financière.
Somme toute, des
proportions égales de femmes vivant dans des régions éloignées (12 %) et
dans des régions accessibles (12 %) ont subi une forme ou une autre de
violence conjugale, qu’elle ait pris la forme de violence psychologique ou d’exploitation
financière, ou qu’elle ait pris la forme de violence physique ou sexuelle. Pour
le reste de la présente analyse (sauf indication contraire), ces formes de
victimisation entre partenaires intimes seront prises en compte ensemble.
Les expériences de violence sont aussi courantes chez les
hommes que chez les femmes dans les régions éloignées
Dans l’ensemble, les
expériences de violence étaient aussi fréquentes chez les hommes que chez les
femmes parmi la population des collectivités éloignées. Par exemple, il n’y
avait pas de différence statistiquement significative entre la proportion
d’hommes (10 %) et de femmes (12 %) qui avaient subi de la violence
de la part d’un partenaire intime au cours de l’année précédente. De même,
aucune différence statistique n’a été observée entre les hommes (3 %) et
les femmes (4 %) en ce qui concerne la violence exercée par une personne
autre qu’un partenaire intime (tableau 1).
Malgré ces similitudes générales,
il y avait des différences dans les types de violence subie par les hommes et
les femmes. Par exemple, les hommes et les femmes des régions éloignées étaient
tout aussi susceptibles d’avoir subi de la VPI psychologique ou de
l’exploitation financière de la part d’un partenaire intime (10 % et
11 %, respectivement), alors que les femmes étaient plus susceptibles
d’avoir subi de la VPI de nature physique ou sexuelle (4 % par rapport à
1 % des hommes). Ce résultat diffère de celui qui a été observé dans les
collectivités accessibles, où la VPI physique ou sexuelle était tout aussi fréquente
chez les hommes (3 %) que chez les femmes (3 %).
Alors que la violence
physique, sexuelle ou psychologique était aussi fréquente chez les femmes des
régions éloignées et chez celles des collectivités accessibles, une tendance
quelque peu différente a été observée chez les hommes. Moins d’hommes vivant
dans des régions éloignées ont été victimes de violence physique ou sexuelle
(4 %) que d’hommes résidant dans des régions accessibles (6 %; tableau 1), ce qui s’explique en partie
par le fait que moins d’hommes vivant dans les régions éloignées (1 %) ont
été victimes de VPI physique ou sexuelle, comparativement aux hommes vivant
dans les régions accessibles (3 %).
Plus de 4 répondantes sur 10 vivant dans les régions
éloignées qui a été victime de violence entre partenaires intimes au cours de l’année
précédente a dit que cela s’était produit quotidiennement, hebdomadairement ou
mensuellement
Bien que la prévalence
de la violence envers les femmes était semblable dans les régions éloignées et
accessibles, on a constaté une différence notable au chapitre de la fréquence
de la VPI. La fréquence à laquelle une femme est victime de VPI a une incidence
sur sa santé et son bien-être, et est souvent incluse dans les indicateurs de
la gravité de la violence (Messing et Thaller, 2015).
Dans les régions
éloignées, la plupart (95 %) des femmes qui avaient subi de la VPI au
cours de l’année précédente ont dit que cela s’était produit à plusieurs
reprises (tableau 3)Note . Plus de 4 répondantes
sur 10 (43 %) ont subi de la VPI quotidiennement, hebdomadairement ou
mensuellement, et un peu plus de la moitié (52 %) ont dit que cela était
survenu à quelques reprises au cours de l’année ayant précédé l’enquête. Une
proportion beaucoup plus faible (5 %) a déclaré avoir vécu un seul incident
de VPI au cours de cette période.
Plus particulièrement,
les expériences multiples de VPI au cours de l’année ayant précédé l’enquête étaient
moins fréquentes chez les femmes des régions accessibles. Dans ces régions,
moins de femmes qui avaient été victimes de VPI ont dit que cela s’était
produit plus d’une fois au cours de l’année précédente (83 %), et une plus
grande proportion a dit avoir vécu un seul incident au cours de cette période
(17 %).
Les épisodes moins
fréquents de VPI ― c’est-à-dire
qui se sont produits « quelques fois » au cours de l’année ayant
précédé l’enquête ― étaient
aussi fréquents chez les femmes vivant dans des régions éloignées (52 %)
et celles résidant dans des régions accessibles (54 %; une différence qui
n’a pas été jugée statistiquement significative).
Les femmes des régions
éloignées étaient également beaucoup plus susceptibles d’être victimes de plusieurs
incidents de VPI que les hommes (95 % par rapport à 69 %; données non
présentées pour les hommes). Au lieu de cela, les hommes qui avaient été
victimisés étaient beaucoup plus susceptibles d’avoir vécu de la VPI à une
seule occasion (31 % par rapport à 5 % des femmes).
Comparativement aux femmes résidant dans des régions
accessibles, les femmes vivant dans des régions éloignées qui ont été victimes
de violence entre partenaires intimes sont plus susceptibles de quitter un
foyer qu’elles partageaient après leur séparation
La plupart des femmes vivant dans les régions
éloignées qui ont été victimes de VPI sont restées avec leur partenaire. Parmi
celles qui ont été victimes de VPI au cours de l’année ayant précédé l’enquête,
une proportion relativement faible se sont séparées de leur partenaire (de
façon temporaire ou permanente) en raison de la violence (17 %; tableau 3). Cette proportion était
notamment la même chez les femmes vivant dans des régions accessibles
(17 %); toutefois, les femmes vivant dans des régions éloignées qui ont
quitté un partenaire violent étaient beaucoup plus susceptibles de quitter un foyer
qu’elles avaient partagé. Dans les régions éloignées, les trois quarts
(75 %) des femmes qui ont mis fin à une relation avec un partenaire
violent avec qui elles avaient vécu ont déménagé ―, une
proportion beaucoup plus élevée que celle des femmes résidant dans les régions
accessibles (41 %), qui sont le plus souvent demeurées dans un foyer
qu’elles partageaient avec leur partenaire après la fin de leur relation.
Le fait que les femmes des régions éloignées ayant
subi de la VPI ont plus souvent quitté un foyer qu’elles partageaient avec un
partenaire violent peut sembler contredire les rapports sur le manque de
logements disponibles dans le Nord canadien et dans d’autres régions rurales et
éloignées (voir par exemple Schiff et
autres, 2015). Selon d’autres études, le manque de
logements est considéré comme un obstacle qui empêche les femmes des
collectivités éloignées d’échapper à la violence (Maxwell,
2020; Moffitt et autres, 2013).
En fait, les données de l’ESEPP ne contredisent pas cette affirmation. Elles
montrent plutôt que, dans la plupart des cas, les femmes résidant dans des
régions éloignées qui ont quitté un foyer qu’elles partageaient avec leur
agresseur sont allées vivre avec des membres de leur famille ou des amis
(88 %; données non présentées), plutôt que dans un nouveau logement qui
leur appartientNote .
Parmi les femmes vivant dans les régions accessibles qui ont déménagé à la
suite de violence, une proportion semblable de femmes sont allées demeurer auprès
de membres de leur famille et de leurs amis (77 %; une différence qui n’a
pas été jugée statistiquement significative).
Dans le même ordre d’idées, les données de
l’ESEPP révèlent que de nombreuses femmes vivant dans les régions éloignées qui
ont vécu de la VPI au cours de l’année ayant précédé l’enquête ont déclaré
avoir communiqué avec leur famille (44 %) ou des amis (41 %) pour
parler de ce qui s’est passé, ce qui souligne l’importance de ces relations dans
les réseaux de soutien des femmes (données non présentées). Cette tendance
était semblable dans les régions accessibles.
Les données tirées de l’Enquête sociale
générale (ESG) de 2019 sur la sécurité des Canadiens (victimisation)
fournissent des renseignements supplémentaires sur les réseaux de soutien
social des femmes dans différents types de collectivités. Lorsqu’on leur a
demandé le nombre de personnes dans leur vie dont elles se sentent proches, il
n’y avait pas de différence statistiquement significative entre les femmes vivant
dans les régions éloignées et celles qui résident dans les collectivités
accessibles. Dans les deux cas, environ 3 femmes sur 10 vivant dans les
régions éloignées (31 %) et dans les régions accessibles (31 %) ont
déclaré avoir au moins 10 personnes avec lesquelles elles avaient ce type
de relation; environ la moitié des répondantes (49 % et 52 %,
respectivement) ont déclaré avoir ce genre de relation avec de trois à neuf
personnes (tableau 4). D’autres femmes
ont déclaré qu’elles avaient une ou deux de ces personnes dans leur vie
(16 % et 14 %), ou encore qu’elles n’avaient personne dans leur vie
dont elles se sentaient proches (3 % et 2 %). Il convient de noter
que les données de l’ESG ne permettent pas de savoir si les personnes dont les
femmes se sentent proches vivaient dans leur collectivité ou à l’extérieur de
celle-ci.
Ces résultats révèlent que, dans les régions
éloignées comme dans les collectivités accessibles, les femmes demandent de
l’aide à leur famille et à leurs amis et, dans certains cas, à des refuges pour
femmes. En ce sens, il demeure impossible de savoir pourquoi les femmes vivant
dans des régions éloignées sont beaucoup plus susceptibles de quitter un foyer qu’elles
partageaient avec un partenaire violent.
Des proportions semblables de femmes résidant dans les
régions éloignées et dans les régions accessibles ont recours à des refuges et
à d’autres services
Bien que de nombreuses femmes vivant dans les
collectivités éloignées qui ont été victimes de VPI se sont couramment tournées
vers leur famille et leurs amis pour obtenir de l’aide, d’autres l’ont obtenue
auprès d’organismes officiels de services aux victimes. Au Canada, une
multitude de services aux victimes existent pour assurer la sécurité des femmes
et des autres personnes susceptibles d’être victimes de violence et leur fournir
des ressources, y compris des lignes d’écoute téléphonique, des maisons
d’hébergement et des centres d’aide aux victimes d’agression sexuelle (Allen, 2014). Pour les femmes et les autres
personnes qui se trouvent dans des situations de violence, ces services peuvent
offrir une voie d’accès à la sécurité, ce dont elles ont grandement besoin.
Toutefois, les femmes qui vivent dans des collectivités éloignées peuvent éprouver
des difficultés à accéder aux services pour les victimes de violence
particulières en raison de leur isolement géographique et de facteurs connexes (Chambre des communes, 2019).
Bien que la taille de l’échantillon de l’ESEPP
était trop petite pour montrer combien de femmes vivant dans les régions
éloignées se sont adressées ou ont eu recours à des types particuliers de
services, 15 % des femmes résidant dans les régions éloignées qui avaient
été victimes de VPI au cours de l’année précédente ont demandé de l’aide à un
service quelconque (données non présentées). Cette proportion était semblable à
celle observée chez les femmes résidant dans les régions accessibles
(12 %). Plus précisément, ces proportions comprennent les femmes qui ont
effectivement eu recours à un service d’aide aux victimes, ainsi que celles qui
ont communiqué avec un service, mais qui n’ont pas reçu d’aide. Il est possible
que certaines femmes vivant dans les régions éloignées aient communiqué avec un
service d’aide aux victimes pour se rendre compte, par exemple, qu’il ne leur
était pas possible d’obtenir de l’aide en raison des distances géographiques.
Dans les régions éloignées, la plupart des femmes (84 %) n’ont pas eu
recours à l’aide des services aux victimes. Cette proportion était semblable
parmi les femmes des régions accessibles (86 %; une différence qui n’a pas
été jugée statistiquement significative).
Pour les femmes, l’éloignement ne semblait pas
être une des principales raisons pour lesquelles aucune aide n’a été demandée
aux services aux victimes. Peu importe le lieu de résidence des femmes,
relativement peu d’entre elles ont mentionné le manque d’accessibilité aux
services dans leur région comme une raison pour ne pas avoir demandé de l’aide.
Par exemple, dans l’ensemble du CanadaNote ,
moins de 1 % (0,8 %) des femmes victimes de VPI qui n’ont pas
communiqué avec les services d’aide aux victimes ont déclaré qu’elles ne l’ont
pas fait parce que la distance à parcourir pour atteindre les services était
trop grande. De même, 0,6 % ont déclaré qu’il n’y avait pas de services accessibles,
et 0,6 % ont indiqué qu’une liste d’attente les empêchait d’accéder aux
services (données non présentées). De plus, les résultats de l’Enquête sur les
établissements d’hébergement pour les victimes de violence de 2018 ont
révélé qu’un moins grand nombre de lits disponibles dans les refuges étaient
occupés dans les régions rurales comparativement aux régions urbaines du Canada
(Moreau, 2019).
Au lieu du manque d’accessibilité, les femmes vivant
dans les collectivités éloignées ont souvent dit qu’elles n’ont pas demandé de
l’aide aux services aux victimes parce qu’elles ne voulaient pas ou n’avaient
pas besoin d’aide (50 %), ou parce qu’elles considéraient que l’incident
était trop anodin (38 %; graphique 2). Ces proportions étaient
semblables à celles déclarées par les femmes dans les régions accessibles et
correspondent aux proportions observées dans d’autres études menées au Canada (Burczycka, 2016).
Graphique 2 début
Tableau de données du graphique 2
Tableau de données du Graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du Graphique 2. Les données sont présentées selon Raisons pour ne pas avoir fait appel aux services (titres de rangée) et Régions éloignées, Régions accessibles, pourcentage de femmes qui n'ont pas eu accès aux services d'aide aux victimes et intervalle de confiance de 95 %, calculées selon de et à unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Raisons pour ne pas avoir fait appel aux services
Régions éloignées
Régions accessibles
pourcentage de femmes qui n'ont pas eu accès aux services d'aide aux victimes
intervalle de confiance de 95 %
pourcentage de femmes qui n'ont pas eu accès aux services d'aide aux victimes
intervalle de confiance de 95 %
de
à
de
à
Ne savait pas que des services existaient
2
1
5
3
2
4
Ne voulait pas mettre fin au mariage ou à l’union
5
2
12
8
6
12
Ressentait de l’embarras ou de la honte
8
2
23
10
7
13
L’incident n'était pas assez grave
38
24
54
39
35
44
Ne voulait pas ou n’avait pas besoin d’aide
50
35
66
52
47
56
Note : Les différences n’ont pas été jugées statistiquement significatives. La violence entre partenaires intimes comprend la violence commise par un conjoint ou une conjointe marié, un conjoint ou une conjointe de fait, ou un petit ami ou une petite amie, actuel ou ancien. Le calcul des pourcentages est fondé sur les femmes de 15 ans et plus dans une relation intime actuelle ou qui ont eu des contacts avec un ex-partenaire au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête. Les régions éloignées comprennent les régions éloignées et très éloignées, alors que les régions accessibles comprennent les régions accessibles et facilement accessibles, telles qu’elles sont définies par l’approche de classification manuelle utilisée pour l’indice d’éloignement. Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés et indice d’éloignement.
Graphique 2 fin
Les données de l’ESG jettent plus d’éclairage
sur la disponibilité des services aux victimes dans les régions éloignées du
Canada, ou du moins, sur la façon dont cette disponibilité est perçue par les
résidents de ces régions. Dans l’ensemble, des proportions relativement élevées
de femmes vivant dans des collectivités éloignées ont déclaré que les services
demandés étaient effectivement disponibles dans leur région; par exemple,
85 % d’entre elles ont dit connaître des travailleurs sociaux, des
psychologues et des services d’orientation dans leur région, et 69 % ont
dit être au courant de l’existence de maisons d’hébergement dans leur région (tableau 4).
Pour certains services, les proportions de
femmes qui étaient au courant de leur existence dans leur région étaient
semblables dans les régions éloignées et dans les régions accessibles. C’était
notamment le cas des services d’aide aux victimes ou programmes d’aide aux
témoins. Par exemple, 40 % des femmes dans les régions éloignées et
37 % des femmes dans les régions accessibles savaient que ces services
étaient offerts dans leur région. Cependant, pour de nombreux autres services, les
femmes vivant dans des régions éloignées disaient plus souvent que, à leur
connaissance, les services n’étaient pas disponibles dans leur région,
comparativement aux femmes vivant dans des collectivités accessibles. Par
exemple, plus de trois fois plus de femmes résidant dans les régions éloignées
ont dit savoir qu’il n’y avait pas de centre d’aide aux victimes d’agression
sexuelle dans leur région (33 % par rapport à 9 % des femmes vivant dans
les régions accessibles).
Les femmes résidant dans les régions éloignées sont plus
susceptibles que celles des régions accessibles de signaler la violence à la
police
Même s’il existe, à bien
des égards, des similitudes dans la manière dont les femmes vivant dans des
régions éloignées et celles résidant dans des collectivités accessibles sont
victimes de violence, il y a une différence claire et importante en ce qui
concerne le signalement à la police. En général, une grande proportion de la
violence commise au Canada n’est pas signalée à la police (Cotter, 2021), et la VPI est particulièrement
sous-signalée (Conroy, 2021b).
Les données de l’ESEPP
montrent qu’il était relativement courant que la violence envers les femmes
soit signalée à la police dans les régions éloignées, que le signalement ait
été fait par la victime ou que la violence ait été portée à l’attention de la
police d’une autre façonNote . Par exemple, 43 %
des femmes vivant dans les régions éloignées qui ont été victimes de violence de
la part d’une personne autre qu’un partenaire intime au cours de l’année
précédente ont déclaré que la police avait pris connaissance de l’incident le
plus grave d’une façon quelconque, soit plus de trois fois la proportion observée
chez les femmes vivant dans les régions accessibles (12 %; données non
présentées). Pour ce qui est des femmes qui ont été victimes de violence entre
partenaires intimes, la proportion de femmes vivant dans des régions éloignées
qui ont déclaré que la police avait pris connaissance de la situation était
près de trois fois supérieure à la proportion observée parmi les femmes vivant
dans des collectivités accessibles (16 % par rapport à 6 %).
Plusieurs facteurs
peuvent influer sur le signalement des incidents à la police. La fréquence à
laquelle une femme subit de la VPI peut être corrélée à des taux plus élevés de
signalement à la police. Par exemple, dans l’ensemble du Canada, les femmes qui
avaient subi de la VPI quotidiennement, hebdomadairement ou mensuellement ont
beaucoup plus souvent dit que la violence avait été portée à l’attention de la
police (12 %), comparativement aux femmes qui avaient subi de la VPI à
quelques reprises au cours de l’année ayant précédé l’enquête (5 %) et à
celles qui n’en avaient subi qu’une seule fois (2 %; données non
présentées)Note . Comme
il a été mentionné ci-dessus, les femmes des régions éloignées étaient plus
susceptibles que celles des régions accessibles d’avoir subi plusieurs
incidents de VPI au cours de l’année précédente (voir le tableau 3).
D’autres facteurs
propres aux différents types de collectivités peuvent aussi avoir une incidence
sur le signalement de la VPI à la police. Les régions éloignées peuvent être caractérisées
par des populations plus petites où plus de gens se connaissent, un facteur qui
peut encourager comme décourager le signalement, selon le cas. La relation de
la victime avec la police dans sa collectivité ― ou l’absence de relation ― peut avoir une
incidence, et les femmes qui ont des contacts plus étroits avec des personnes
qu’elles connaissent tout au long de la journée peuvent recevoir plus de soutien
et d’encouragement à signaler les incidents. En outre, dans les collectivités
éloignées qui ne comptent pas d’autres formes de services aux victimes, les
femmes peuvent percevoir le fait de communiquer avec la police comme l’une des
rares ressources dont elles disposent pour obtenir de l’aide.
Bien que les données de
l’ESEPP ne révèlent pas le contexte dans lequel les signalements sont faits,
elles montrent que les femmes vivant dans les collectivités éloignées sont
particulièrement plus susceptibles de signaler elles-mêmes la violence,
comparativement aux femmes résidant dans les collectivités accessibles. Parmi
les femmes qui ont été victimes de violence de la part d’une personne autre
qu’un partenaire intime au cours de l’année précédente, 36 % de celles qui
vivaient dans des régions éloignées ont déclaré avoir elles-mêmes communiqué
avec la police pour signaler ce qui s’était passé lors de l’incident le plus
grave
(graphique 3). Cette proportion était près de quatre fois plus élevée
que celle observée pour les femmes vivant dans des régions accessibles, parmi
lesquelles 10 % ont déclaré avoir communiqué elles-mêmes avec la police. Une
tendance semblable a été observée dans le cas de la VPI; 14 % des femmes résidant
dans des collectivités éloignées qui ont subi de la VPI ont déclaré l’avoir
signalée à la police, comparativement à 4 % des femmes vivant dans des
régions accessibles.
Graphique 3 début
Tableau de données du graphique 3
Tableau de données du Graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du Graphique 3 Violence entre partenaires intimes dans les régions éloignées, Violence de la part d’une personne autre qu’un partenaire intime dans les régions éloignées, Violence entre partenaires intimes dans les régions accessibles, Violence de la part d’une personne autre qu’un partenaire intime dans les régions accessibles, pourcentage des incidents les plus graves vécus par les femmes et intervalle de confiance de 95 %, calculées selon de et à unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Violence entre partenaires intimes dans les régions éloignées
Violence de la part d’une personne autre qu’un partenaire intime dans les régions éloignées
Note : La violence entre partenaires intimes (VPI) comprend la violence commise par un conjoint ou une conjointe marié, un conjoint ou une conjointe de fait, ou un petit ami ou une petite amie, actuel ou ancien. Le calcul des pourcentages de VPI est fondé sur les femmes de 15 ans et plus dans une relation intime actuelle ou qui ont eu des contacts avec un ex-partenaire au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête. Les régions éloignées comprennent les régions éloignées et très éloignées, alors que les régions accessibles comprennent les régions accessibles et facilement accessibles, telles qu’elles sont définies par l’approche de classification manuelle utilisée pour l’indice d’éloignement. Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés et indice d’éloignement.
Graphique 3 fin
Parfois, les amis, la
famille ou les collègues d’une victime peuvent avoir communiqué avec la police
en son nom, ou encore, la police peut avoir été alertée par une personne qui
travaille à l’hôpital ou lorsqu’elle intervenait dans le cadre d’un autre
incidentNote .
Même si le signalement à la police de la
violence envers les femmes était beaucoup plus fréquent dans les régions
éloignées que dans les régions accessibles, une tendance contraire a été
observée lorsqu’il s’agissait de la violence à l’endroit des hommes. Un peu
plus de 1 homme sur 10 (11 %) vivant dans les régions éloignées qui a
été victime de violence de la part d’une personne autre qu’un partenaire intime
a déclaré que l’incident le plus grave avait été signalé à la police, et
4 % ont déclaré qu’ils l’avaient eux-mêmes signalé (données non
présentées). Il s’agissait de proportions beaucoup plus faibles que celles
observées chez les hommes vivant dans les collectivités accessibles, dont
28 % de ceux qui avaient été victimes de violence de la part d’une
personne autre qu’un partenaire intime ont déclaré qu’elle avait été signalée
(20 % l’ayant eux-mêmes déclarée). Les incidents de VPI envers les hommes signalés
à la police étaient également moins fréquents dans les régions éloignées
(2 %) que dans les régions accessibles (3 %). Dans les collectivités
éloignées et les régions accessibles, les signalements à la police étaient
beaucoup plus fréquents lorsque la violence ciblait les femmes que lorsqu’elle visait
les hommes.
Le taux d’affaires de violence entre partenaires intimes
déclarées par la police est plus de quatre fois plus élevé chez les femmes
des régions éloignées
Les données autodéclarées tirées de l’ESEPP
montrent que la violence envers les femmes est aussi courante dans les régions
éloignées que dans les collectivités accessibles. Les données autodéclarées révèlent
également que la violence commise à l’endroit des femmes dans les régions
éloignées est plus souvent portée à l’attention de la police. Bien qu’il soit
difficile d’évaluer l’incidence précise de cette augmentation du signalement sur
les statistiques officielles sur la criminalité, les taux d’affaires de
violence commises à l’endroit des femmes déclarées par la police dans les
régions éloignées sont considérablement plus élevés que ceux déclarés par la
police dans les collectivités accessiblesNote .
Selon les données policières provenant du Programme
DUC de 2019, le taux de VPI envers les femmes de 15 ans et plus
vivant dans les régions éloignées était plus de quatre fois plus élevé que
celui observé chez les femmes dans les régions accessibles (2 002 par
rapport à 445 victimes pour 100 000 femmes de 15 ans et
plus; données non présentées)Note .
De même, le taux de violence commise par une personne autre qu’un partenaire
intime était quatre fois plus élevé chez les femmes des régions éloignées
(2 182 par rapport à 574).
Les données policières ont révélé que les
hommes vivant dans les régions éloignées étaient aussi plus susceptibles que
leurs homologues vivant dans les collectivités accessibles d’être victimes d’un
crime violent. Chez les hommes, le taux d’affaires de VPI déclarées par la
police était également quatre fois plus élevé chez ceux qui vivaient dans des
régions éloignées (535 par rapport à 122 victimes pour
100 000 hommes de 15 ans et plus). L’écart observé entre les
hommes vivant dans les régions éloignées et ceux qui résident dans les régions
accessibles persistait en ce qui concerne la violence de la part d’une personne
autre qu’un partenaire intime, mais il était plus faible : au chapitre de
la violence de la part d’une personne autre qu’un partenaire intime, le taux observé
pour les hommes était trois fois plus élevé dans les régions éloignées que dans
les régions accessibles (2 442 par rapport à 843 victimes pour
100 000 hommes de 15 ans et plus).
Les taux d’affaires de violence déclarées par la police
sont plus élevés dans les régions éloignées des provinces des Prairies
Les données déclarées par la police permettent
également d’analyser la violence envers les femmes perpétrée dans les régions
éloignées des provinces et des territoiresNote . Les
données du Programme DUC de 2019 montrent que dans chaque province pour
laquelle des comparaisons étaient possiblesNote , les
taux de violence de la part d’un partenaire intime et de la part d’autres
personnes étaient plus élevés chez les femmes vivant dans des régions
éloignées.
Dans l’ensemble, le nombre d’affaires de VPI envers
les femmes déclarées par la police en 2019 était plus élevé au Manitoba et en
Saskatchewan (Conroy, 2021a), et les
taux observés dans les régions éloignées de ces provinces étaient plus élevés
que ceux enregistrés dans les collectivités éloignées des autres provinces
(4 571 et 4 017 victimes pour 100 000 femmes de
15 ans et plus, respectivement; tableau 5).
Ces taux correspondaient à plus du double de la moyenne observée pour les
régions éloignées de l’ensemble des provinces (1 705) et semblaient être à
l’origine des taux élevés enregistrés dans l’ensemble du Manitoba et de la
Saskatchewan. En revanche, les taux d’affaires de VPI à l’endroit des femmes déclarées
par la police dans les régions accessibles du Manitoba (556) et de la
Saskatchewan (582) étaient beaucoup plus près de la moyenne pour les provinces
(445).
Comparativement aux autres provinces, les taux
de VPI envers les femmes dans les régions éloignées étaient plus faibles dans
les provinces de l’Atlantique et au Québec. De plus, même si les taux dans les
provinces de l’Atlantique étaient plus élevés dans les régions éloignées que
dans les régions accessibles, l’écart observé entre les taux enregistrés dans
les deux types de collectivités était relativement faible. Les taux observés
dans les régions éloignées de l’Ontario (2 107), de l’Alberta (1 978)
et de la Colombie-Britannique (1 122) étaient plus près de la moyenne observée
dans les régions éloignées de l’ensemble des provinces.
Les tendances observées au chapitre des
affaires de VPI envers les femmes déclarées par la police dans les régions
éloignées des provinces ont également été observées chez les hommes vivant dans
ces régions. Plus particulièrement, au Manitoba, le taux de VPI à l’endroit des
hommes était 11 fois plus élevé dans les régions éloignées que dans les
collectivités accessibles (1 262 par rapport à 111 victimes pour
100 000 hommes de 15 ans et plus). Dans toutes les provinces et
tous les territoires, les taux d’affaires de VPI déclarées par la police dans
les collectivités éloignées étaient plus élevés chez les femmes que chez les
hommes. Bien que cela semble contredire les données autodéclarées ―
qui laissent entendre que la VPI est aussi courante chez les hommes que chez
les femmes dans ces collectivités ―, les données autodéclarées
révèlent également que la VPI envers les hommes vivant dans les régions
éloignées était considérablement moins susceptible d’être portée à l’attention
de la police, comparativement à la violence commise à l’endroit des femmes.
En général, les taux d’affaires de violence de
la part d’une personne autre qu’un partenaire intime déclarées par la police étaient
répartis de la même façon que les taux de VPI, la principale exception étant
que les taux étaient plus élevés chez les hommes que chez les femmes dans presque
tous les secteurs de compétence, à l’exception de l’Alberta, où le taux de VPI
dans les régions éloignées était légèrement plus élevé chez les femmes
(1 916 pour 100 000 femmes par rapport à 1 901 chez les
hommes). Comme dans le cas de la VPI, les taux d’affaires de violence de la
part d’une personne autre qu’un partenaire intime déclarées par la police étaient
plus élevés dans les régions éloignées de la Saskatchewan et du Manitoba, et
ces provinces ont également enregistré les plus grands écarts entre les taux
dans leurs régions éloignées et leurs régions accessibles. Les taux de violence
de la part d’une personne autre qu’un partenaire intime dans les régions
éloignées étaient généralement les plus faibles dans la région de l’Atlantique
et au Québec, alors qu’ils étaient plus près de la moyenne en Alberta et en
Colombie-Britannique. Dans toutes les provinces pour lesquelles des
comparaisons étaient possibles, les taux de violence de la part d’une personne
autre qu’un partenaire intime étaient plus élevés dans les régions éloignées
que dans les régions accessibles.
Selon les classifications associées à l’indice
d’éloignement, aucune région des territoires n’est considérée comme accessibleNote .
Contrairement à la plupart des provinces, les taux de violence de la part d’une
personne autre qu’un partenaire intime dans les Territoires du Nord-Ouest et au
Nunavut étaient plus élevés chez les femmes que chez les hommes
(graphique 4). L’écart entre les taux de VPI enregistrés chez les femmes
et les hommes était également plus prononcé que dans les provinces : le
taux moyen de VPI envers les femmes dans les territoires était de 7 457
pour 100 000 femmes de 15 ans et plus, soit environ cinq fois
plus que le taux observé chez les hommes (1 519).
Il convient de souligner encore une fois que
les données autodéclarées révèlent que la violence est plus souvent venue à
l’attention de la police dans les régions éloignées. Les raisons expliquant cette
différence demeurent inconnues, mais celle‑ci pourrait être liée aux
relations des personnes avec la police dans leur collectivité, à la proximité
de leur famille et de leurs amis proches, qui peuvent reconnaître les signes de
violence et encourager les victimes à signaler les incidents, ainsi qu’à
d’autres facteurs connexes.
Graphique 4 début
Tableau de données du graphique 4
Tableau de données du Graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du Graphique 4. Les données sont présentées selon Territoire (titres de rangée) et Femmes victimes de violence entre partenaires intimes, Hommes victimes de violence entre partenaires intimes, Femmes victimes de violence de la part d’une personne autre qu’un partenaire intime et Hommes victimes de violence de la part d’une personne autre qu’un partenaire intime, calculées selon taux pour 100 000 habitants unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Territoire
Femmes victimes de violence entre partenaires intimes
Hommes victimes de violence entre partenaires intimes
Femmes victimes de violence de la part d’une personne autre qu’un partenaire intime
Hommes victimes de violence de la part d’une personne autre qu’un partenaire intime
taux pour 100 000 habitants
Yukon
3 689
1 063
6 662
7 120
Territoires du Nord-Ouest
6 586
1 676
7 557
7 146
Nunavut
9 466
1 408
7 760
7 427
Total des territoires
7 457
1 519
7 560
7 251
Note : Les taux sont calculés pour 100 000 personnes de 15 ans et plus. Les chiffres de population sont fondés sur des estimations au 1er juillet fournies par le Centre de démographie de Statistique Canada. Comprend les victimes de 15 à 110 ans. Les victimes de 111 ans et plus ont été exclues de l’analyse en raison de la possibilité que les affaires pour lesquelles l’âge de la victime était inconnu aient été classées incorrectement dans cette catégorie d’âge. Exclut les victimes dont le genre ou l’âge était inconnu ou pour lesquelles le lien de l’auteur présumé avec la victime était inconnu. Dans les enregistrements où la victime était âgée de moins de 18 ans et où l’auteur présumé a été initialement catégorisé comme l’enfant de la victime ainsi que dans ceux où la victime était âgée de plus de 65 ans et où l’auteur présumé a été initialement catégorisé comme un parent de la victime, l’auteur présumé a été recatégorisé comme un autre membre de la famille. Exclut les données de Whitehorse, au Yukon, qui est classée comme une région moins accessible, alors que le reste des régions des territoires sont classées comme étant éloignées ou très éloignées. Les régions éloignées comprennent les régions éloignées et très éloignées, telles qu’elles sont définies par l’approche de classification manuelle utilisée pour l’indice d’éloignement. Les données reflètent la région où a eu lieu l’affaire, et pas nécessairement la région de résidence de la victime. Source : Statistique Canada, Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l’affaire et indice d’éloignement.
Graphique 4 fin
Les femmes vivant dans des régions éloignées sont plus
susceptibles de dire que la criminalité est en hausse, et sont moins
susceptibles d’avoir une grande confiance à l’égard de la police ou des
tribunaux de juridiction criminelle
En plus des mesures des taux de crimes déclarés
par la police et du signalement des crimes à la police, qui sont toutes plus
élevées dans les régions éloignées, on mesure les sentiments des femmes à
l’égard de la sécurité et de la criminalité dans leurs collectivités. Selon les
données autodéclarées tirées de l’ESG, de nombreuses femmes vivant dans des
régions éloignées ont déclaré qu’elles croyaient que la criminalité dans leur
collectivité avait augmenté au cours des cinq années précédentes (41 %);
cette opinion était considérablement plus répandue chez les femmes vivant dans
les régions éloignées que chez celles qui résident dans des régions accessibles
(21 %; graphique 5). De plus, les femmes vivant en région éloignée
étaient moins susceptibles que celles vivant dans les régions accessibles
d’avoir une grande confiance à l’égard de la police (80 % par rapport à
91 %) ou des tribunaux de juridiction criminelle (45 % par rapport à 60 %).
Aucune différence n’a été observée au chapitre des perceptions entre les hommes
des régions éloignées et ceux des régions accessibles.
Graphique 5 début
Tableau de données du graphique 5
Tableau de données du Graphique 5
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du Graphique 5. Les données sont présentées selon Perceptions (titres de rangée) et Femmes dans les régions éloignées, Femmes dans les régions accessibles, Hommes dans les régions éloignées, Hommes dans les régions accessibles, pourcentage et intervalle de confiance de 95 %, calculées selon de et à unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Comprend les répondants qui ont dit avoir une certaine confiance ou une grande confiance. Les calculs comprennent les répondants qui ont répondu « Ne sait pas », soit 12 % des hommes dans les régions éloignées et 32 % des femmes dans les régions éloignées.
Note : Les régions éloignées comprennent les régions éloignées et très éloignées, alors que les régions accessibles comprennent les régions accessibles et facilement accessibles, telles qu’elles sont définies par l’approche de classification manuelle utilisée pour l’indice d’éloignement. Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens (victimisation) et indice d’éloignement.
Graphique 5 fin
Dans l’ensemble, les femmes et les hommes vivant
dans des régions éloignées avaient des perceptions semblables au sujet du
système de justice et de la criminalité dans leurs collectivités. La seule
exception concernait la confiance à l’égard des tribunaux de juridiction
criminelle; les deux tiers (66 %) des hommes vivant dans ces collectivités
ont dit qu’ils avaient une certaine ou une grande confiance envers les
tribunaux de juridiction criminelle, comparativement à moins de la moitié
(45 %) des femmes. Par ailleurs, dans les régions accessibles, la
confiance des femmes à l’égard des tribunaux de juridiction criminelle était
légèrement moins grande que celle des hommes (60 % par rapport à
63 %)Note .
La similarité relative des perceptions des
femmes et des hommes à l’égard de la criminalité et du système de justice dans
les régions éloignées contraste avec ce qui est observé chez les hommes et les
femmes vivant dans les régions accessibles. En effet, dans les régions
accessibles, les femmes étaient légèrement plus susceptibles que les hommes de dire
que la criminalité dans leur quartier avait augmenté au cours des cinq années précédentes
(21 % par rapport à 17 %), mais elles étaient légèrement plus susceptibles
de déclarer avoir confiance dans le travail de la police (91 % par rapport
à 89 %). Toutefois, il convient de souligner que le fait qu’aucune
différence n’ait été relevée entre les hommes et les femmes vivant dans des
régions éloignées peut être en partie attribuable à la petite taille de l’échantillon
de résidents représentant ces régions dans l’ESG.
Au total, 7 femmes sur 10 vivant dans les régions
éloignées disent que leur voisinage présente des signes de problèmes sociaux
En plus des perceptions à l’égard de la
criminalité et du système de justice, de nombreuses femmes vivant dans des
régions éloignées ont parlé de certains aspects problématiques de leur
collectivité. Parmi ces femmes, plus de 7 sur 10 (72 %) ont déclaré que
leur voisinage était caractérisé par des signes de problèmes sociaux, une
proportion considérablement plus élevée que celle observée chez les femmes
vivant dans des régions accessibles (58 %; graphique 6). Par exemple,
52 % des femmes vivant dans les régions éloignées ont déclaré que les gens
en état d’ébriété ou faisant du tapage étaient un problème dans leur voisinage,
comparativement à 19 % des femmes résidant dans les régions accessibles.
De même, les femmes vivant dans des régions éloignées ont plus souvent déclaré
que leur voisinage avait des problèmes de déchets et d’ordures qui traînent (50 %
par rapport à 32 % des femmes vivant dans des régions accessibles), de
gens qui consomment ou vendent des drogues (49 % par rapport à 27 %),
de soirées ou de voisins bruyants (44 % par rapport à 24 %) et de
gens attaqués ou harcelés en raison de la couleur de leur peau, de leur origine
ethnique ou de leur religion (30 % par rapport à 10 %).
Graphique 6 début
Tableau de données du graphique 6
Tableau de données du Graphique 6
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du Graphique 6. Les données sont présentées selon Signes de problèmes sociaux (titres de rangée) et Femmes dans les régions éloignées, Femmes dans les régions accessibles, Hommes dans les régions éloignées, Hommes dans les régions accessibles, pourcentage et intervalle de confiance de 95 %, calculées selon de et à unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
En plus des signes de désordre social apparaissant dans ce graphique, comprend des gens qui traînent dans les rues, ainsi que du vandalisme, des graffitis et d’autres dommages causés volontairement à des biens.
Note : Comprend les répondants qui ont déclaré que le problème particulier était important, modéré ou mineur dans leur voisinage. Les régions éloignées comprennent les régions éloignées et très éloignées, alors que les régions accessibles comprennent les régions accessibles et facilement accessibles, telles qu’elles sont définies par l’approche de classification manuelle utilisée pour l’indice d’éloignement. Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens (victimisation) et indice d’éloignement.
Graphique 6 fin
On a noté moins de différences entre les
perceptions des voisinages chez les hommes vivant dans les régions éloignées
et ceux vivant dans les régions accessibles. Dans l’ensemble, les hommes
vivant dans des régions éloignées étaient plus susceptibles d’avoir déclaré que
leur voisinage présentait au moins un aspect problématique (68 % par
rapport à 55 % des hommes vivant dans les régions accessibles). Cette
différence reposait sur le fait que les hommes vivant dans des régions
éloignées étaient plus susceptibles de dire que leur voisinage avait un problème
de déchets qui traînent (44 % par rapport à 31 %) et de gens en état
d’ébriété ou faisant du tapage (39 % par rapport à 18 %).
Malgré les perceptions négatives à l’égard de la
criminalité et des problèmes dans le voisinage, la plupart des femmes qui
vivent dans des collectivités éloignées se sentent en sécurité
Bien que certaines études aient établi un lien
entre les perceptions négatives des personnes à l’égard de leur voisinage et leur
sentiment de sécurité personnelle (Cotter, 2016),
la plupart des femmes (83 %) vivant dans des régions éloignées se
sentaient satisfaites ou très satisfaites de leur propre sécurité par rapport à
la criminalité (tableau 4). Dans
ces régions, les femmes ont déclaré se sentir en sécurité dans une proportion statistiquement
semblable à celle des hommes (87 %; données non présentées), et dans une
plus grande proportion que celle des femmes qui vivent dans les régions
accessibles (74 %). En outre, la plupart des femmes vivant dans des
régions éloignées ont déclaré se sentir très ou plutôt en sécurité lorsqu’elles
marchent seules le soir : la majorité (74 %) des femmes vivant dans
les régions éloignées qui marchent seules le soir se sentaient en sécurité, même
si 16 % (données non présentées) ont déclaré ne jamais marcher seules le
soir, des
proportions statistiquement semblables à celles déclarées par les femmes dans
les régions accessibles. De même, la plupart (71 %) des femmes vivant dans
des régions éloignées qui passaient parfois du temps seules à la maison la nuit
se sentaient en sécurité, tout comme la majorité des femmes qui résident dans
les régions accessibles (76 %; une différence qui n’a pas été jugée
statistiquement significative).
Plus particulièrement, malgré les sentiments
généralement forts de sécurité personnelle, l’utilisation des transports en
commun faisait exception. Environ la moitié (49 %) des femmes vivant dans des
collectivités éloignées ont dit que des services de transport en commun étaient
offerts dans leur région, et parmi ces femmes, environ 6 sur 10 (59 %;
données non présentées) ont dit qu’elles prenaient parfois le transport en
commun seules la nuit. Parmi elles, la majorité (60 %) ont dit qu’elles ne
se sentaient pas en sécurité lorsqu’elles le faisaient. Cette situation ne se
limitait pas aux régions éloignées; une proportion égale (60 %) des femmes
vivant dans les régions accessibles qui avaient accès à des services de transport
en commun et qui les utilisaient seules la nuit ont dit qu’elles ne se
sentaient pas en sécurité lorsqu’elles le faisaient. De plus, ces constatations
reflètent celles d’autres études canadiennes portant sur d’autres populations
d’intérêt. Par exemple, parmi les femmes qui étaient aux études dans des
établissements postsecondaires de l’ensemble des provinces, une minorité
(41 %) ont dit qu’elles se sentaient en sécurité lorsqu’elles utilisent
les services de transport en commun seules après la tombée de la nuit pour se
rendre à leur campus et en revenir (Burczycka,
2020).
Dans l’ensemble, 1 femme sur 5 vivant dans les
collectivités éloignées a vécu du harcèlement et des comportements sexuels non
désirés en ligne au cours de l’année précédente
En 2018, la grande
majorité des foyers canadiens avaient accès à Internet, y compris 94 % des
ménages dans les régions métropolitaines de recensement ou les agglomérations
de recensement et 90 % des ménages à l’extérieur de ces régions (Statistique Canada, 2021b)Note Note . Selon les données de l’ESEPP
de 2018, 87 % des femmes vivant dans des collectivités éloignées ont
déclaré avoir utilisé Internet au cours de l’année précédente (tableau 6). Cette proportion n’était pas
statistiquement différente de la proportion observée chez les femmes dans les
collectivités accessibles (90 %). À mesure que l’utilisation d’Internet et
des médias sociaux devient de plus en plus présente dans la vie des Canadiens,
une attention accrue est portée à la distribution non désirée de contenu sexuel
et aux autres formes de harcèlement qui se produisent sur ces plateformes, et à
leur lien avec la violence qui a lieu ailleurs que sur Internet (Dunn,
2020).
Les comportements
sexualisés et harcelants non désirés qui se produisent en ligne ciblent de
façon disproportionnée les femmes (Cotter et
Savage, 2019). Parmi les femmes qui vivent dans des
collectivités éloignées et qui ont utilisé Internet au cours de l’année ayant
précédé l’enquête, près de 1 sur 5 (18 %) a déclaré avoir été victime
d’une forme ou d’une autre de harcèlement ou de comportement sexuel non désiré en
ligne, comparativement à 12 % des hommes vivant dans ces régions (données
non présentées pour les hommes). Le taux enregistré par les femmes dans les
régions éloignées était semblable à celui des femmes vivant dans les
collectivités accessibles (19 %).
L’écart de taux entre
les femmes et les hommes vivant dans les régions éloignées reflétait en grande
partie et en particulier les expériences de comportements sexualisés non désirés :
12 % des femmes vivant dans ces régions ont vécu ces expériences en ligne,
comparativement à 8 % des hommes. Les comportements sexualisés non désirés
en ligne comprenaient le fait de recevoir des médias sexuellement explicites
non désirés (11 % des femmes résidant dans les collectivités éloignées), le
fait de subir de la pression pour partager des images intimes (3 %) et le
fait qu’une personne publie ou menace de publier des images intimes en ligne
d’elles (2 %).
Le harcèlement en ligne
qui n’était pas de nature sexuelle était aussi courant chez les femmes
(11 %) que chez les hommes vivant dans les collectivités éloignées
(9 %) ainsi que chez les femmes qui résident dans les régions accessibles
(12 %); les différences n’ont pas été jugées statistiquement
significatives. Un peu moins de 1 femme sur 10 (9 %) vivant dans les
régions éloignées a reçu directement des messages menaçants ou harcelants, et
6 % ont reçu des messages menaçants ou harcelants qui les ciblaient, mais
qui étaient affichés publiquement ou dans un groupe.
Dans les collectivités
éloignées comme dans les régions accessibles, les jeunes femmes étaient
disproportionnellement victimes de harcèlement et de comportements sexualisés
non désirés en ligne. Par exemple, bien que les jeunes femmes de 15 à
24 ans représentaient 14 % des femmes vivant dans des collectivités
éloignées qui avaient utilisé Internet au cours de l’année précédente, elles
représentaient 29 % des femmes ciblées par des comportements sexuels non
désirés en ligne, 25 % de celles visées par d’autres types de harcèlement
et 24 % de celles qui ont subi l’une ou l’autre forme de harcèlement ou de
comportement sexuel non désiré (données non présentées). D’autres études ont
montré que les jeunes femmes en particulier sont constamment surreprésentées
parmi les victimes de comportements sexualisés non désirés et de harcèlement
qui se produisent ailleurs que sur Internet (Cotter
et Savage, 2019; Burczycka, 2020; Burczycka, 2021).
Très souvent, les femmes
vivant dans des régions éloignées qui ont été victimes de harcèlement ou de
comportements sexuels non désirés en ligne ont dit qu’un étranger en avait été
responsable (19 %; tableau 6). De
nombreuses femmes ont également déclaré que des amis ou des connaissances
(10 %), ou des membres de leur famille (9 %) en avaient été
responsables. Cette tendance était assez constante d’un genre à l’autre et d’un
éloignement relatif de la région de résidence à l’autre.
Les répercussions
émotionnelles négatives découlant du harcèlement ou des comportements sexuels
non désirés en ligne étaient fréquentes chez les femmes des régions éloignées
qui en ont été victimes (83 %; données non présentées). Dans l’ensemble,
cette proportion était semblable à celle observée chez les hommes, mais les
femmes étaient plus susceptibles de se sentir en colère (49 %),
victimisées (20 %) et craintives (18 %). En ce qui concerne les
mesures prises par les femmes en réponse au harcèlement et aux comportements
sexuels non désirés vécus en ligne, environ 1 sur 5 (19 %) a bloqué des
personnes en raison du harcèlement, alors que d’autres ont restreint leur
propre accès afin de se protéger (14 %) ou ont supprimé des comptes en
ligne (4 %).
Caractéristiques des femmes vivant dans les collectivités
éloignées et facteurs de risque associés à la victimisation
Depuis l’élaboration de
l’indice canadien d’éloignement en 2017, il a été utilisé dans le cadre de plusieurs
études pour examiner divers aspects de la vie dans les régions éloignées. Selon
les données du Recensement de la population de 2016, 4,6 % des femmes
et des filles au Canada résidaient dans des régions éloignées (Leclerc, 2021)Note . Des données
supplémentaires provenant du recensement fournissent plus de renseignements sur
les profils sociodémographiques des femmes dans ces régions. Par exemple, l’âge
médian des femmes vivant dans les régions éloignées (44,7 ans) est plus
élevé que l’âge médian pour l’ensemble du Canada (41,6 ans), mais dans les
régions très éloignées, leur âge médian est considérablement plus bas (31,0 ans).
D’autres études ont révélé que la composition de la famille, le niveau de
scolarité, les niveaux d’activité physique et la mortalité des femmes varient en
fonction de l’éloignement relatif de leur lieu de résidence (Leclerc, 2022; Leclerc,
2021; Mardare Amini, 2022).
Au chapitre de
l’identité autochtone, de l’appartenance à une minorité visible et du statut
d’immigrant, les données du recensement montrent également en quoi le profil
des femmes qui vivent dans les régions éloignées diffère de celui des femmes qui
résident dans les régions accessibles (Leclerc,
2021). Les données de l’ESEPP révèlent comment certaines
caractéristiques sociodémographiques peuvent être liées à la façon dont les
femmes vivant dans les régions éloignées sont victimes de violenceNote .
Les femmes autochtones sont aussi
susceptibles d’être victimes de violence dans les régions éloignées que dans
les régions accessibles
Comparativement
aux autres régions, les collectivités éloignées comptaient une plus grande
proportion de femmes autochtones. Les données du Recensement de 2016 montrent que la majorité des femmes et des filles
autochtones (58,2 %) vivent dans des régions accessibles ou facilement
accessibles, alors que 26,7 % vivent dans des régions éloignées ou très
éloignées (Leclerc, 2021)Note . Toutefois, à mesure que
l’éloignement des collectivités augmente, la proportion de femmes et de filles
autochtones s’accroît considérablement : les femmes et les filles
autochtones représentent 4,9 % des femmes et des filles au Canada, et
72,5 % de celles qui vivent dans des régions très éloignées (Leclerc, 2021). Dans l’ensemble, au
moment du Recensement de 2016, un peu plus de 230 000 femmes et
filles autochtones vivaient dans des régions éloignées et très éloignées du
Canada (Leclerc, 2021).
La violence et les
traumatismes intergénérationnels sont omniprésents au sein des communautés
autochtones, et la discrimination et le racisme systémiques ont également rendu
les Autochtones vulnérables à la victimisation à l’extérieur de leurs
communautés (Enquête nationale sur les femmes et les
filles autochtones disparues et assassinées, 2019). Il a été
démontré que les femmes et les filles autochtones et les Autochtones de
diverses identités de genre subissent des niveaux disproportionnellement élevés
de violence (Enquête nationale sur les femmes et
les filles autochtones disparues et assassinées, 2019). Dans les
régions éloignées, des proportions considérables de femmes autochtones ont été
victimes de violence (tableau 7a, tableau 7b, tableau 7c). Par exemple, un peu moins de 1 femme autochtone sur 10 (9 %) avait été victimisée par un partenaire intime ou une autre personne au cours des 12 mois précédents (tableau 7b). Par
ailleurs, 1 femme métisse sur 10 (10 %) a été victime de violence,
tout comme 6 % des femmes des Premières Nations, et les femmes inuites étaient
particulièrement nombreuses à avoir subi de la violence (20 %). Ces
résultats concordent avec les constatations de l’Enquête nationale sur les
femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (2019), qui montrent la mesure dans laquelle la
colonisation a donné lieu à des taux particulièrement élevés de violence à
l’égard des femmes inuites. Dans l’ensemble, la prévalence de la violence
parmi les femmes autochtones dans les régions éloignées était comparable à
celle observée chez les femmes qui vivaient dans des collectivités accessibles
(8 %; une différence qui n’a pas été jugée statistiquement significative).
Dans les régions
éloignées, la prévalence de la violence n’était pas statistiquement différente
entre les femmes autochtones et leurs homologues non autochtones (9 % et
6 %, respectivement), y compris en ce qui concerne les femmes qui ont été
victimes de violence de la part d’une personne autre qu’un partenaire intime
(5 % et 4 %, respectivement) ainsi que de VPI (14 % et 11 %,
respectivement; tableau 7a, tableau 7b, tableau 7c).
La fréquence de la VPI et de certains types de violence était également
semblable pour les femmes autochtones et non autochtones dans ces régions.
Cependant, la petite taille de l’échantillon sur lequel ces constatations sont
fondées pourrait faire en sorte que les différences dans les expériences de ces
groupes ne soient pas décelables; les autres études canadiennes reposant à la
fois sur des données déclarées par la police et sur des données autodéclarées
ont toujours révélé des taux plus élevés de victimisation chez les femmes
autochtones (Allen, 2020; Boyce, 2016; Heidinger,
2022).
De plus, les études qualitatives donnent à penser que la normalisation de la
violence fondée sur le sexe à l’endroit des femmes dans de nombreuses
collectivités autochtones éloignées est une conséquence généralisée de la
colonisation (Brassard et autres, 2015), ce qui indique une
possible sous-reconnaissance de la violence chez les femmes de ces régions.
Plus particulièrement,
une régression logistique a révélé que l’identité d’Autochtone en soi
n’augmentait pas les probabilités qu’une femme subisse de la VPI lorsque
d’autres facteurs de risque de victimisation étaient pris en compte, tant chez
les femmes autochtones des régions éloignées que chez celles des régions
accessibles. L’augmentation des probabilités de subir de la VPI est plutôt
associée à des facteurs tels que le fait d’avoir subi des mauvais traitements
durant l’enfance, une séquelle du colonialisme et un facteur courant au sein de
la population autochtone.
Moins du quart (23 %;
données non présentées) des femmes autochtones vivant dans des collectivités
éloignées qui avaient été victimes de VPI au cours de l’année précédente ont
dit avoir fait appel à un service d’aide aux victimes. Cette proportion n’était
pas statistiquement différente de celle observée chez les femmes non
autochtones dans ces régions. Bien que la taille de l’échantillon ne permette
pas d’effectuer une analyse plus poussée des expériences des femmes autochtones
en ce qui concerne les services aux victimes dans les régions éloignées, une
étude de 2018 sur les établissements d’hébergement pour les victimes et les
personnes survivantes de violence autochtones permet de le faire. Selon les
données de l’Enquête sur les établissements d’hébergement pour les victimes de
violence, en avril 2018, il y avait 47 établissements
d’hébergement à court terme accueillant principalement des Autochtones dans
les régions rurales, pour un total de 517 lits; le jour où les données ont
été recueillies, 68 % des lits disponibles dans ces maisons d’hébergement étaient
occupés, et 23 % des maisons d’hébergement étaient au maximum de leur capacité
(Maxwell, 2020)Note . Il convient
de souligner que les taux d’occupation étaient plus élevés dans les territoires
(118 %) et dans les régions rurales de l’Alberta (104 %) et du
Manitoba (80 %). Comme il a été mentionné, les régions éloignées de ces
provinces et des territoires affichaient également des taux élevés d’affaires de
violence à l’endroit des femmes déclarées par la police.
Les probabilités de victimisation sont plus élevées pour
les femmes ayant une incapacité qui vivent dans les régions accessibles, mais
pas dans les régions éloignées
Le fait d’avoir une incapacité
mentale ou physique a été associé à un risque accru d’être victime de violence dans
d’autres études (Burczycka, 2018a; Cotter, 2018). Environ 1 femme sur 10
(9 %) ayant une incapacité mentale ou physique qui vivait dans une région
éloignée a été victime de violence au cours de l’année ayant précédé l’enquête,
une proportion qui était très près de celle observée chez les femmes ayant une
incapacité qui vivaient dans des régions accessibles (10 %; une différence
qui n’a pas été jugée statistiquement significative; tableau 7b).
Plus précisément, dans
les régions accessibles, les femmes ayant une incapacité étaient plus souvent
victimes de violence que les femmes n’ayant aucune incapacité (10 % par
rapport à 4 %). Dans les régions éloignées, cependant, aucune différence
statistiquement significative n’a été constatée entre les femmes ayant une
incapacité (9 %) et celles n’en ayant aucune (5 %) au chapitre de la
victimisation avec violenceNote . Les constatations
étaient les mêmes pour ce qui est de la VPI et de la violence de la part d’une
personne autre qu’un partenaire intime (tableau 7a, tableau 7c). En outre, la
présence d’une incapacité augmentait les probabilités qu’une femme vivant dans
une région accessible soit victime de VPI, même lorsque d’autres facteurs
pertinents étaient pris en compte (tableau 8).
Ce résultat concordait avec ceux d’études antérieures menées à l’échelle
nationale (Burczycka, 2018b; Perreault,
2015).
Parmi les femmes vivant dans des régions éloignées, toutefois, la présence
d’une incapacité n’augmentait pas les risques de victimisation de la part d’un
partenaire intime.
La prévalence de la violence à l’endroit des femmes LGBTQ2+
est semblable dans les collectivités éloignées et dans les régions accessibles
Dans l’ensemble, la proportion de femmes vivant
dans les régions éloignées qui se sont identifiées comme étant LGBTQ2+
était environ deux fois inférieure à celle enregistrée chez les femmes vivant dans les régions
accessibles (2 % par rapport à 4 %; données non présentées). Des
études canadiennes ont démontré à maintes reprises que les femmes LGBTQ2+ sont
plus susceptibles d’être victimes de violence que les femmes n’étant pas
LGBTQ2+ (Jaffray, 2021; Simpson, 2018)Note . Les
données de l’ESEPP révèlent que la prévalence de la violence fondée sur le sexe
envers les femmes LGBTQ2+ des collectivités éloignées et celles des
régions accessibles est semblable. Par exemple, 12 % des femmes LGBTQ2+
vivant dans des régions éloignées ont indiqué qu’elles avaient été victimes d’une
forme quelconque de violence au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête,
tout comme 17 % des femmes qui résident dans des régions accessibles (une
différence qui n’a pas été jugée statistiquement significative; tableau 7b). La violence commise par une
personne autre qu’un partenaire intime a été vécue par environ 1 femme LGBTQ2+
sur 10 vivant dans les régions éloignées (10 %) et dans les régions
accessibles (12 %; une différence qui n’a pas été jugée statistiquement
significative; tableau 7a).
La violence à l’endroit des femmes LGBTQ2+
vivant dans les régions accessibles était plus fréquente que chez leurs
homologues qui ne sont pas LGBTQ2+, mais aucune différence statistiquement
significative n’a été observée entre ces deux groupes dans les régions
éloignéesNote .
La faible résilience économique est plus courante chez les
femmes vivant dans les régions éloignées
La résilience économique
― la capacité de faire facilement
face à des dépenses imprévues ou de joindre les deux bouts ― est intrinsèquement
liée aux expériences de VPI des femmes. Le fait pour un partenaire d’empêcher
son ou sa partenaire de travailler ou de priver cette personne de ressources
financières est en soi une forme de violence fondée sur le sexe qui se produit
dans le contexte des relations intimes. Dans d’autres situations, une famille
dont les dépenses sont difficiles à assumer peut subir des niveaux de stress
plus élevés, ce qui peut contribuer à la violence; une femme qui a moins accès à
des ressources financières peut trouver plus difficile d’obtenir un logement
sécuritaire loin d’un partenaire violent (Annan,
2008).
De plus, les femmes qui quittent un foyer qu’elles partageaient avec un
partenaire violent peuvent éprouver des difficultés financières lorsqu’elles
tentent d’obtenir un logement et, dans certains cas, lorsqu’elles tentent de
s’adapter à la vie de mère monoparentale.
Bien que les aspects
économiques de la violence envers les femmes fassent déjà partie de nombreux
programmes de services aux victimes, il est important d’aborder la question du
point de vue des collectivités éloignées. La pénurie de logements dans les
régions éloignées a reçu beaucoup d’attention au Canada, et dans ces régions, il
peut être particulièrement difficile de déménager dans une autre collectivité
pour y trouver un endroit où vivre. D’autres enjeux, comme l’accès à un emploi
et le coût généralement plus élevé des articles ménagers courants, peuvent
également poser des problèmes particuliers aux femmes vivant dans les régions
éloignées (Daley et autres, 2015; Leclerc, 2021).
Selon les données de
l’ESEPP, une résilience économique plus faible était plus courante chez les
femmes vivant dans les collectivités éloignées que chez les femmes qui résident
dans les régions accessibles. Dans l’ensemble, 26 % des femmes vivant en
région éloignée ont déclaré qu’il serait difficile ou impossible pour leur
ménage de faire face à une dépense imprévue de 500 $ ou plus; cette
proportion était légèrement plus élevée que celle observée chez les femmes
vivant dans des régions accessibles (21 %; graphique 7). Chez les
hommes, une plus grande proportion ont également déclaré avoir une résilience
économique plus faible dans les régions éloignées (20 % par rapport à
16 % des hommes vivant dans les régions accessibles; données non
présentées). Dans les deux types de collectivités, les femmes ont plus souvent
dit avoir une résilience économique faible que les hommes, soit 26 %
comparativement à 20 % dans les régions éloignées et 21 %
comparativement à 16 % dans les régions accessibles.
Graphique 7 début
Tableau de données du graphique 7
Tableau de données du Graphique 7
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du Graphique 7 Régions éloignées, Régions accessibles, pourcentage ayant déclaré une faible résilience économique et intervalle de confiance de 95 %, calculées selon de et à unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Les répondantes qui ont déclaré qu’une dépense imprévue de 500 $ ou plus serait difficile ou impossible à couvrir pour leur ménage étaient considérées comme ayant une faible résilience économique.
Note : La violence entre partenaires intimes (VPI) comprend la violence commise par un conjoint ou une conjointe marié, un conjoint ou une conjointe de fait, ou un petit ami ou une petite amie, actuel ou ancien. Le calcul des pourcentages de VPI est fondé sur les femmes de 15 ans et plus dans une relation intime actuelle ou qui ont eu des contacts avec un ex-partenaire au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête. Les régions éloignées comprennent les régions éloignées et très éloignées, alors que les régions accessibles comprennent les régions accessibles et facilement accessibles, telles qu'elles sont définies par l’approche de classification manuelle utilisée pour l’indice d’éloignement. Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés et indice d’éloignement.
Graphique 7 fin
Le risque de victimisation est corrélé à une faible
résilience économique chez les femmes dans les régions éloignées
Bien qu’il soit
important de souligner que l’orientation de la corrélation entre la faible
résilience économique et la VPI chez les femmes vivant dans des régions éloignées
n’est pas connue ― ces femmes
peuvent avoir fait preuve d’une faible résilience économique avant le début de
la violence, après celle-ci, ou dans les deux cas ―, la proportion de femmes qui ont dit avoir
subi de la VPI avant et après le début de la violence est considérable. Cette
corrélation est également appuyée par une analyse multivariée tenant compte de
divers facteurs, tels que l’âge des femmes, leur état matrimonial, leur
identité de personne LGBTQ2+ ou d’Autochtone et d’autres facteursNote . Chez les
femmes vivant dans des collectivités éloignées, la faible résilience économique
augmentait les probabilités qu’une femme soit victime de VPI au cours de l’année
ayant précédé l’enquête. Même en tenant compte d’autres facteurs, les femmes vivant
dans des régions éloignées pour lesquelles il serait difficile de faire face à
une dépense de 500 $ présentaient un risque de victimisation par un
partenaire intime plus de trois fois plus élevé que celles qui pouvaient
facilement faire face à une telle dépense (tableau 8).
En particulier, cette corrélation n’a pas été observée chez les femmes vivant dans
les régions accessibles, la faible résilience économique n’augmentant pas leur
risque d’être victime de VPI.
Plusieurs femmes ayant
vécu de la VPI dans les régions éloignées ont déclaré une faible résilience
économique : près de la moitié (48 %) de ces femmes ont dit qu’elles
trouveraient difficile ou impossible de s’acquitter d’une dépense imprévue de
500 $ ou plus (graphique 7). En comparaison, c’était le cas d’une
plus faible proportion (19 %) des femmes vivant dans des régions éloignées
qui n’avaient pas subi de VPI. De plus, une faible résilience économique chez
les femmes vivant dans les régions accessibles qui ont été victimes de VPI
était considérablement moins répandue (24 %).
Ainsi, la vulnérabilité
économique est un aspect particulièrement important de la VPI pour les femmes qui
vivent dans les régions éloignées. Bien que la vulnérabilité économique ait
sans aucun doute des répercussions négatives sur les femmes dans les régions
plus accessibles, la corrélation entre la faible résilience économique et la
VPI était particulièrement forte chez les femmes qui résident dans les
collectivités éloignées.
Les expériences de mauvais traitements subis durant
l’enfance sont aussi courantes chez les femmes vivant dans les régions
éloignées que chez celles qui résident dans d’autres collectivités
Bien que certaines
caractéristiques démographiques soient souvent pertinentes pour analyser la
violence envers les femmes, les expériences de violence vécues par les femmes
pendant l’enfance sont constamment présentes dans ces analyses. Dans d’autres
études, on a constaté que le fait d’avoir été victime de violence physique ou sexuelle
avant d’avoir 15 ans est l’un des prédicteurs les plus solides de la
victimisation à l’âge adulte, tant pour les femmes que pour les hommes, et ce,
même lorsque de nombreux autres facteurs de risque sont pris en compte (Burczycka,
2018b; Cotter, 2021; Perreault, 2015).
Dans le cadre de
l’ESEPP, on a interrogé les femmes au sujet des mauvais traitements physiques
et sexuels qu’elles ont pu subir durant leur enfance. Pour de nombreuses
femmes, cette violence peut s’être produite des décennies auparavant et, entre-temps,
certaines de ces femmes peuvent avoir quitté les régions accessibles où elles
ont vécu pendant leur enfance pour s’installer dans des collectivités éloignées
(ou vice versa). Il faut tenir compte de ce bémol lorsqu’on examine les
expériences vécues durant l’enfance des femmes qui vivent actuellement dans des
régions éloignées. Cela dit, les données autodéclarées tirées de l’ESEPP
montrent que les expériences de violence sexuelle et de violence physique
vécues pendant l’enfance étaient aussi courantes pour les femmes vivant dans des
régions éloignées que pour celles qui résident dans des régions accessibles;
plus du quart des femmes des deux types de collectivités ont été victimisées de
cette façon au moins une fois (27 % et 28 %, respectivement; une
différence qui n’a pas été jugée statistiquement significative; données non
présentées).
Parmi les femmes vivant
dans des régions éloignées, 20 % ont été victimes de violence physique
avant d’avoir 15 ans et 13 % ont été victimes de violence sexuelle
avant d’avoir 15 ans. Ces proportions étaient semblables à celles observées
parmi les femmes qui résident dans les régions accessibles. En ce qui concerne
la plupart des formes de violence physique et sexuelle subie pendant l’enfance,
le nombre d’incidents vécus par les femmes était semblable, qu’elles vivent
dans des régions éloignées ou dans des collectivités accessibles. Deux formes
de violence faisaient exception : les femmes vivant dans les régions
accessibles étaient légèrement plus susceptibles que celles vivant des régions
éloignées de dire qu’elles avaient été poussées, agrippées ou bousculées par un
adulte de 6 à 10 fois durant leur enfance (1 % par rapport à
0,4 %) et qu’elles avaient reçu un coup de poing ou de pied ou avaient été
étranglées par un adulte plus de 10 fois (2 % par rapport à 1 %;
graphique 8).
Graphique 8 début
Tableau de données du graphique 8
Tableau de données du Graphique 8
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du Graphique 8 Régions éloignées, Régions accessibles, pourcentage de femmes et intervalle de confiance de 95 %, calculées selon de et à unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Note : Les régions éloignées comprennent les régions éloignées et très éloignées, alors que les régions accessibles comprennent les régions accessibles et facilement accessibles, telles qu'elles sont définies par l’approche de classification manuelle utilisée pour l’indice d’éloignement. Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés et indice d’éloignement.
Graphique 8 fin
Les femmes vivant dans des
collectivités éloignées qui ont été victimes de violence physique ou sexuelle pendant
leur enfance étaient beaucoup plus susceptibles d’avoir été victimes de VPI au
cours de l’année ayant précédé l’enquête. C’était le cas de près de 1 femme
vivant dans une région éloignée sur 5 (19 %) qui a été victime de violence
pendant son enfance, soit plus du double de la proportion observée chez les
femmes qui n’avaient pas été victimes de violence durant l’enfance (9 %; tableau 7c). Une régression logistique a
également révélé une association significative entre les mauvais traitements
physiques ou sexuels subis durant l’enfance et la VPI chez les femmes vivant en
région éloignée. En effet, lorsqu’on tenait compte des autres facteurs de
risque couramment associés à la victimisation, y compris l’âge, l’incapacité et
d’autres facteurs, les mauvais traitements subis durant l’enfance multipliaient
par plus de deux fois les risques de VPI à l’âge adulte chez les femmes vivant
en région éloignée (2,57 fois; tableau 8).
Le lien entre les mauvais traitements subis durant l’enfance et la VPI a
également été observé chez les femmes vivant dans des régions accessibles,
lorsque les mêmes facteurs étaient pris en compte. Chez ces femmes, celles qui
avaient subi des mauvais traitements durant leur enfance étaient près de deux
fois plus susceptibles de subir de la VPI plus tard au cours de leur vie
(1,92 fois).
Les femmes vivant dans des
régions éloignées qui avaient été victimisées durant leur enfance affichaient la
même prévalence de violence de la part d’une personne autre qu’un partenaire
intime que leurs homologues qui n’avaient pas été victimes de mauvais
traitements durant l’enfance (4 % dans chaque cas; tableau 7a). En revanche, parmi les
femmes vivant dans des régions accessibles, la violence de la part d’une
personne autre qu’un partenaire intime était plus fréquente chez celles qui
avaient subi des mauvais traitements durant l’enfance (7 %) que chez
celles qui n’en avaient pas subi (4 %).
Les affaires de violence envers les filles de moins de 15 ans
déclarées par la police sont considérablement plus fréquentes dans les régions
éloignées
Il arrive souvent que la violence physique et sexuelle durant l’enfance ne soit pas signalée à la police. Par exemple,
une faible proportion (5 %) des femmes vivant dans des régions éloignées
qui ont été victimes de mauvais traitements durant l’enfance ont déclaré que la
situation était venue à l’attention de la police. Dans les régions accessibles,
cette proportion était de 7 % (une différence qui n’a pas été jugée statistiquement
significative; données non présentées). Néanmoins, les données sur les mauvais
traitements subis pendant l’enfance déclarées par la police fournissent des
renseignements importants sur le moment et le lieu où la violence sexuelle et
physique envers les enfants se produit.
En 2019, les services de
police dans les régions éloignées ont déclaré des taux de violence envers les enfants
de moins de 15 ans qui étaient considérablement plus élevés que les taux
déclarés par les services de police dans les régions accessibles. Dans les
régions éloignées, les taux d’agressions sexuelles et d’infractions sexuelles
envers les filles déclarées par la police étaient particulièrement
élevés : ces infractions ont atteint le taux de 1 014 victimes pour
100 000 filles de moins de 15 ans, soit un taux plus de trois
fois plus élevé que celui enregistré dans les régions accessibles (322 pour
100 000 filles de moins de 15 ans; graphique 9). Le taux de
voies de faitNote était quatre fois plus
élevé chez les filles de moins de 15 ans vivant dans les régions éloignées
(874 pour 100 000 filles par rapport à 223 pour
100 000 filles vivant dans les régions accessibles).
Chez les garçons et les
filles, les taux d’agressions sexuelles et d’infractions sexuelles envers les
enfants, les taux de voies de fait et les taux d’autres formes de violence
étaient plus élevés chez les résidents des collectivités éloignées.
Graphique 9 début
Tableau de données du graphique 9
Tableau de données du Graphique 9
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du Graphique 9 Filles dans les régions éloignées, Filles dans les régions accessibles, Garçons dans les régions éloignées et Garçons dans les régions accessibles, calculées selon taux pour 100 000 habitants unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Note : Les taux sont calculés pour 100 000 personnes de 0 à 14 ans. Les chiffres de population sont fondés sur des estimations au 1er juillet fournies par le Centre de démographie de Statistique Canada. Exclut les victimes dont le genre ou l’âge était inconnu ou pour lesquelles le lien de l’auteur présumé avec la victime était inconnu. Les régions éloignées comprennent les régions éloignées et très éloignées, alors que les régions accessibles comprennent les régions accessibles et facilement accessibles, telles qu'elles sont définies par l’approche de classification manuelle utilisée pour l’indice d’éloignement. Les données reflètent la région où a eu lieu l’affaire, et pas nécessairement la région de résidence de la victime. Source : Statistique Canada, Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l’affaire et indice d’éloignement.
Graphique 9 fin
Les répercussions de la violence sur la santé mentale des
femmes vivant dans les régions éloignées sont semblables à celles des femmes qui
résident dans des régions accessibles
Pour les victimes, la
violence peut entraîner diverses répercussions émotionnelles et psychologiques.
Les femmes vivant dans des régions éloignées qui ont été victimes de violence
physique ou sexuelle de la part d’une personne autre qu’un partenaire intime
ont souvent déclaré être plus prudentes ou attentives (68 %) et se sentir
bouleversées, confuses ou frustrées (65 %), craintives (59 %) ou en
colère (55 %; données non présentées) en raison de cette violence. Dans
les régions éloignées, les femmes qui ont été victimes de VPI ont également
déclaré se sentir bouleversées, confuses ou frustrées (64 %), être plus
prudentes et attentives (47 %) et en colère (43 %), et beaucoup d’entre
elles se sont également senties blessées ou déçues (69 %). De plus, les
symptômes déclarés par environ 1 femme sur 6 (18 %) vivant dans des
régions éloignées qui a été victime de violence de la part d’une personne
autre qu’un partenaire intime et 16 % de celles qui ont été victimes de
VPI sont suffisants pour équivaloir à un possible diagnostic de trouble de
stress post-traumatique (TSPT)Note . Presque toutes les
répercussions de la VPI et de la violence commise par une personne autre qu’un
partenaire intime étaient aussi courantes chez les femmes vivant dans les
régions éloignées que chez celles résidant dans les régions accessibles.
Dans le cadre de
l’ESEPP, en plus des répercussions émotionnelles et psychologiques précises de
la VPI, on demandait aux femmes d’évaluer leur santé mentale globale. En
général, la plupart des femmes qui vivent dans les régions éloignées ont décrit
leur santé mentale comme étant bonne à excellente (89 %; données non
présentées). Toutefois, les femmes qui avaient été victimes de VPI étaient
considérablement plus susceptibles que celles qui n’en avaient pas été victimes
de déclarer que leur santé mentale était passable ou mauvaise. Ainsi, 1 femme
sur 5 (21 %) vivant dans des collectivités éloignées qui avait été victime
de VPI au cours de l’année ayant précédé l’enquête a décrit sa santé mentale
comme étant passable ou mauvaise — une proportion deux fois plus élevée que celle
enregistrée chez les femmes qui n’avaient pas été victimes de VPI (10 %).
Ces constatations étaient semblables à celles observées chez les femmes vivant dans
les régions accessibles.
Dans le contexte de la
violence envers les femmes, l’accès aux soins de santé mentale et les résultats
en matière de santé mentale sont particulièrement pertinents, compte tenu des
répercussions bien connues de la victimisation sur la santé mentale (Goodman
et autres, 1993; Resnick et autres, 1997). Bien que
la prévalence de la violence et ses répercussions mentales et psychologiques
étaient semblables peu importe l’endroit où vivaient les femmes, de nombreux
observateurs ont souligné que l’accès aux soins de santé mentale n’est pas uniforme
à l’échelle du Canada, et qu’il est particulièrement insuffisant dans les
collectivités autochtones (Enquête nationale sur
les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, 2019; Friesen, 2019).
L’étude de Mardare Amini sur la santé mentale
et physique des femmes qui vivent dans les régions éloignées du Canada (2022) révèle que les femmes et les filles vivant
dans les régions très éloignées (précisément) ont déclaré les plus faibles
niveaux de santé mentale, mais elles n’étaient pas plus susceptibles que celles
qui résident dans les autres régions d’avoir vu ou consulté un professionnel de
la santé mentaleNote .
Mardare Amini cite plusieurs autres études pour mettre cette constatation en
contexte, et suggère que la disponibilité et l’accessibilité des services, les
contraintes financières et la stigmatisation liée à la confidentialité sont des
obstacles qui peuvent toucher de façon disproportionnée les femmes vivant dans des
régions éloignées qui cherchent du soutien en santé mentale.
La consommation d’alcool entraînant des méfaits est plus
courante chez les femmes qui résident dans les régions éloignées
La consommation de substances, y compris la
consommation d’alcool, est intrinsèquement liée à la santé mentale (American Psychiatric Association, 2013). Dans
les collectivités éloignées du Canada, en plus de l’accès à des soins de santé
mentale qui peut être limité, l’accès des personnes vivant avec un trouble de
toxicomanie aux traitements et au soutien nécessaires peut aussi être restreint
(Matsumoto et autres, 2017).
L’ESEPP comprenait plusieurs questions visant à mesurer la
consommation d’alcool chez les répondants. Les données de l’enquête révèlent
que, de façon générale, les femmes des régions éloignées consommaient de
l’alcool à une fréquence semblable à celle à laquelle les femmes des régions
accessibles le faisaient. Par exemple, des proportions semblables (non
statistiquement différentes) ont dit consommer des boissons alcoolisées moins
d’une fois par mois (51 % dans les régions éloignées et 46 % dans les
régions accessibles), ou tous les jours (2 % par rapport à 3 %). Des
différences ont été observées uniquement en ce qui concerne la proportion de
femmes qui ont dit consommer des boissons alcoolisées une fois par mois
(11 % par rapport à 8 %) ou de deux à trois fois par mois (11 % par
rapport à 14 %; données non présentées).
Outre la fréquence de la consommation d’alcool, d’autres
mesures fournissent d’importants renseignements. L’ESEPP comprenait des
questions adaptées de l’Enquête sur la santé dans les collectivités
canadiennes ― Santé
mentale de 2012 qui, bien qu’elles ne soient pas conçues pour poser un
diagnostic médical d’abus d’alcool, sont néanmoins utiles pour estimer la prévalence
possible de l’abus d’alcool dans une populationNote . Un critère important
de ces estimations est la mesure dans laquelle la consommation d’alcool d’une
personne a des répercussions négatives sur sa vie. Par conséquent, on a demandé
aux répondants à l’ESEPP de 2018 s’il y avait un moment dans leur vie où
leur consommation d’alcool avait causé des disputes ou d’autres problèmes
graves ou répétés avec leur famille, leurs amis, leurs voisins ou leurs
collèguesNote .
Selon les résultats de l’ESEPP, les femmes des régions
éloignées ont plus souvent déclaré que leur consommation d’alcool avait causé
ce genre de problèmes dans leur vie. Dans l’ensemble, environ 1 femme sur 8
(12 %) vivant dans ces collectivités a dit que sa consommation d’alcool
avait causé des disputes ou d’autres problèmes graves ou répétés avec d’autres
personnes; cette proportion correspond au double de celle observée chez les
femmes qui vivent dans les régions accessibles (6 %; graphique 10). Plus
précisément, les problèmes liés à la consommation d’alcool étaient
particulièrement fréquents chez les femmes vivant dans des régions éloignées
qui ont été victimes de VPI au cours de l’année ayant précédé l’enquête. En
effet, parmi ces femmes, plus du quart (26 %) ont signalé des problèmes
avec des amis, des membres de leur famille et d’autres personnes ayant été causés
par leur propre consommation d’alcool. En revanche, des problèmes causés par sa
propre consommation d’alcool ont été déclarés par 1 femme sur 10 (10 %)
vivant dans des régions éloignées qui n’avait pas subi de VPI.
Graphique 10 début
Tableau de données du graphique 10
Tableau de données du Graphique 10
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du Graphique 10 Régions éloignées, Régions accessibles, pourcentage de femmes ayant déclaré avoir eu des problèmes en raison de leur consommation d’alcool et intervalle de confiance de 95 %, calculées selon de et à unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Régions éloignées
Régions accessibles
pourcentage de femmes ayant déclaré avoir eu des problèmes en raison de leur consommation d’alcool
intervalle de confiance de 95 %
pourcentage de femmes ayant déclaré avoir eu des problèmes en raison de leur consommation d’alcool
intervalle de confiance de 95 %
de
à
de
à
Toutes les femmes
12
9
15
6
6
7
Femmes qui ont été victimes de violence entre partenaires intimes
Note : Les problèmes causés par la consommation d’alcool comprennent les disputes ou d’autres problèmes graves ou répétés avec la famille, les amis, les voisins ou les collègues en raison de la consommation d’alcool de la répondante à un moment de sa vie. La violence entre partenaires intimes (VPI) comprend la violence commise par un conjoint ou une conjointe marié, un conjoint ou une conjointe de fait, ou un petit ami ou une petite amie, actuel ou ancien. Le calcul des pourcentages de VPI est fondé sur les femmes de 15 ans et plus dans une relation intime actuelle ou qui ont eu des contacts avec un ex-partenaire au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête. Les régions éloignées comprennent les régions éloignées et très éloignées, alors que les régions accessibles comprennent les régions accessibles et facilement accessibles, telles qu'elles sont définies par l’approche de classification manuelle utilisée pour l’indice d’éloignement. Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés et indice d’éloignement.
Graphique 10 fin
Bien qu’il existe un lien entre la consommation d’alcool et
la VPI, le sens de ce lien demeure inconnu; la consommation problématique
d’alcool peut être antérieure à la VPI ou être apparue pendant ou après qu’une
femme a été victime de violence. Pour certaines personnes, la consommation ou
l’augmentation de la consommation d’alcool peut constituer un moyen de composer
avec un traumatisme.
D’autres habitudes de consommation d’alcool ont été
associées aux expériences de VPI chez les femmes. La consommation excessive
d’alcool ― pour une
femme, la consommation d’au moins quatre boissons alcoolisées en une seule
séance ― a été
identifiée dans d’autres études comme un facteur de risque important associé à divers
effets néfastes sur la santé physique, mentale et sociale des femmes (Wilsnack et autres, 2018).
Entre autres, la consommation excessive d’alcool chez les femmes a été associée
à un risque accru d’être victime de violence (Burczycka,
2018b; Perreault, 2020).
De plus, les expériences de VPI ont été associées à la consommation excessive
d’alcool chez les femmes (Graham, 2008; Timko et autres, 2008).
Les données de l’ESEPP
montrent que, dans l’ensemble, 1 femme sur 7 (14 %) vivant dans les
régions éloignées a déclaré une consommation excessive d’alcool plus d’une fois
par mois au cours de l’année ayant précédé l’enquête (graphique 11). Cette
proportion a toutefois augmenté de façon marquée chez les femmes qui avaient
été victimes de VPI; plus du tiers (35 %) des femmes vivant dans des
régions éloignées qui avaient été victimes de VPI au cours de l’année ayant précédé
l’enquête ont déclaré avoir consommé de l’alcool de façon excessive plus d’une
fois par mois pendant cette période. À titre de comparaison, parmi les femmes
qui n’avaient pas subi de VPI, la proportion de femmes qui ont déclaré avoir
consommé de l’alcool de façon excessive au cours de l’année ayant précédé
l’enquête correspondait à moins de la moitié de celle des femmes qui avaient
subi de la VPI (15 %). Plus particulièrement, l’association entre la VPI
et la consommation excessive d’alcool demeurait même lorsque l’on tenait compte
d’autres facteurs : après avoir pris en compte les autres facteurs
communément associés à la VPI, les femmes vivant dans des régions éloignées qui
ont consommé de l’alcool de façon excessive plus d’une fois par mois avaient presque
trois fois plus de probabilités d’être victimes de VPI, comparativement aux
femmes qui consommaient de l’alcool de façon excessive une fois par mois ou
moins (2,65 fois; tableau 8).
Graphique 11 début
Tableau de données du graphique 11
Tableau de données du Graphique 11
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du Graphique 11 Régions éloignées, Régions accessibles, pourcentage de femmes ayant déclaré avoir consommé de l’alcool de façon excessive plus d'une fois par mois et intervalle de confiance de 95 %, calculées selon de et à unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Régions éloignées
Régions accessibles
pourcentage de femmes ayant déclaré avoir consommé de l’alcool de façon excessive plus d'une fois par mois
intervalle de confiance de 95 %
pourcentage de femmes ayant déclaré avoir consommé de l’alcool de façon excessive plus d'une fois par mois
intervalle de confiance de 95 %
de
à
de
à
Toutes les femmes
14
11
18
12
11
12
Femmes qui ont été victimes de
violence entre partenaires intimes
Note : Pour les femmes, la consommation excessive d’alcool est définie comme la consommation de quatre boissons alcoolisées ou plus en une même occasion. La violence entre partenaires intimes (VPI) comprend la violence commise par un conjoint ou une conjointe marié, un conjoint ou une conjointe de fait, ou un petit ami ou une petite amie, actuel ou ancien. Le calcul des pourcentages de VPI est fondé sur les femmes de 15 ans et plus dans une relation intime actuelle ou qui ont eu des contacts avec un ex-partenaire au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête. Les régions éloignées comprennent les régions éloignées et très éloignées, alors que les régions accessibles comprennent les régions accessibles et facilement accessibles, telles qu'elles sont définies par l’approche de classification manuelle utilisée pour l’indice d’éloignement. Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés et indice d’éloignement.
Graphique 11 fin
En général, ces
tendances étaient semblables à celles déclarées par les femmes vivant dans les
régions accessibles. Par exemple, les femmes résidant dans les régions
accessibles qui consommaient de l’alcool de façon excessive avaient presque
deux fois plus de risques d’être victimes de VPI (1,76 fois). De plus, la
prévalence globale de la consommation excessive d’alcool était semblable chez
les femmes dans les régions éloignées (14 %) et chez celles des régions
accessibles (12 %; une différence qui n’a pas été jugée statistiquement
significative). Cependant, malgré ces similitudes, l’éloignement relatif de la
région de résidence d’une femme peut avoir différents liens avec la
consommation d’alcool.
Plus particulièrement,
environ le tiers des femmes dans les régions éloignées et accessibles qui ont
été victimes de VPI au cours de l’année ayant précédé l’enquête ont dit qu’au
moins certains des incidents de violence s’étaient produits alors que leur
agresseur avait consommé des boissons alcoolisées (31 % par rapport à 28 %;
une différence qui n’a pas été jugée statistiquement significative; données non
présentées). D’autres études ont révélé de fortes corrélations entre la
consommation d’alcool par le partenaire et les expériences de violence entre
partenaires intimes des femmes (Coker et autres, 2000).
Résumé
Bien que les expériences
autodéclarées de violence entre partenaires intimes (VPI) et de violence de la
part d’une personne autre qu’un partenaire intime étaient aussi courantes pour
les femmes vivant dans des régions éloignées qu’elles l’étaient pour les femmes
vivant dans des régions accessibles, des différences importantes existent au
chapitre de la façon dont les femmes réagissent à ces expériences. Par exemple,
les femmes qui vivent dans des régions éloignées étaient plus susceptibles de
quitter le foyer qu’elles partageaient avec un partenaire violent, malgré la crise
du logement bien documentée dans ces régions du Canada, et elles étaient tout
aussi susceptibles d’aller vivre avec des membres de leur famille ou des amis.
Toutefois, les femmes vivant dans ces régions ont également déclaré une plus
faible résilience économique, celle-ci étant elle-même fortement associée à la
victimisation entre partenaires intimes. Bien qu’on ne sache pas si les
problèmes financiers du ménage ont contribué à la VPI ou ont résulté du fait
qu’une femme ait quitté un foyer violent, ou les deux, cette corrélation souligne
un aspect important de la façon dont les femmes vivant dans des régions
éloignées sont victimes de VPI.
Les données
autodéclarées montrent que les femmes qui vivent dans les collectivités
éloignées étaient beaucoup plus susceptibles que leurs homologues qui résident dans
les régions accessibles de signaler à la police la VPI et la violence de la
part d’une personne autre qu’un partenaire intime. Même si les circonstances expliquant
ces résultats ne sont pas connues, ces derniers fournissent un contexte
intéressant aux données déclarées par la police. Les données déclarées par la
police révèlent que les femmes et les hommes qui vivent dans les régions
éloignées connaissent des taux de VPI et de violence de la part d’une personne
autre qu’un partenaire intime beaucoup plus élevés que leurs homologues qui
résident dans les régions accessibles. Des taux d’affaires de violence déclarées
par la police plus
élevés
ont également été observés chez les enfants vivant dans les collectivités
éloignées.
Bien que les femmes qui
vivent dans les collectivités éloignées étaient plus susceptibles de
communiquer avec la police lorsqu’elles étaient victimes de VPI, la mesure dans
laquelle elles avaient recours à d’autres types de services d’aide aux victimes
était semblable à celle des femmes qui résident dans les régions accessibles.
Dans les deux types de collectivités, les femmes ont souvent déclaré que ce
qu’elles avaient subi n’était pas assez grave pour les inciter à obtenir de
l’aide, et les raisons liées à l’accessibilité ont été mentionnées moins
souvent. Les répercussions de la violence sur le bien-être psychologique des
femmes et la santé mentale générale autoévaluée des femmes étaient également
semblables, peu importe l’éloignement relatif de l’endroit où les femmes vivaient.
De nombreuses femmes des
Premières Nations, métisses et inuites (Autochtones) vivaient dans des régions
éloignées. La prévalence de la VPI et de la violence de la part d’une personne
autre qu’un partenaire intime chez les femmes autochtones de ces régions était
semblable à celle de leurs homologues des régions accessibles. En ce qui
concerne de nombreuses autres populations d’intérêt, y compris les femmes
appartenant à une minorité visible ou les femmes immigrantes, il était
impossible de les inclure dans l’analyse en raison de leur nombre trop faible dans
les régions éloignées.
Plus particulièrement, les
habitudes de consommation d’alcool qui entraînent des problèmes interpersonnels
et la consommation excessive d’alcool étaient plus fréquentes chez les femmes vivant
dans les collectivités éloignées. En effet, les femmes qui résident dans des
collectivités éloignées étaient beaucoup plus susceptibles d’adopter ces
habitudes de consommation d’alcool que celles qui vivent dans les autres
régions. Chez les femmes, ces habitudes de consommation d’alcool étaient
également corrélées de manière significative avec le fait d’avoir subi de la
VPI, bien qu’on ne sache pas si ces comportements précédaient la VPI, ou étaient
apparus pendant ou après l’incident de violence.
La classification géographique utilisée dans le
présent rapport est fondée sur la valeur de l’indice d’éloignement attribuée à
chaque subdivision de recensement (SDR) du Canada. L’indice d’éloignement a été
élaboré à Statistique Canada en 2017 et classe chaque SDR en fonction de la
facilité avec laquelle ses résidents peuvent accéder aux biens et services
essentiels. Pour en savoir plus sur l’élaboration et la méthodologie de
l’indice d’éloignement, voir Alasia
et autres (2017).
L’indice
d’éloignement attribue une valeur numérique à chaque SDR. Les SDR ayant une
valeur de 1,0 sont les plus éloignées, et l’éloignement diminue à mesure que la
valeur se rapproche de 0,0. En fonction de ces
valeurs, les SDR sont regroupées en cinq catégories, à savoir les
« régions facilement accessibles », les « régions
accessibles », les « régions moins accessibles », les
« régions éloignées » et les « régions très éloignées ». Il
existe plusieurs méthodes pour déterminer les points de démarcation (seuils) numériques
entre les catégories. Le présent rapport utilise l’approche ou la méthode de
classification manuelle. Pour en savoir plus sur cette méthode et sur d’autres
méthodes utilisées pour appliquer les classifications à l’indice d’éloignement,
voir Subedi et autres (2020). Dans le présent rapport, les catégories obtenues
selon la méthode de classification manuelle ont été regroupées de sorte que la
catégorie « régions éloignées » comprend à la fois les régions
éloignées et très éloignées, et la catégorie « régions accessibles » comprend
à la fois les régions accessibles et facilement accessibles. La catégorie
« régions moins accessibles » demeure telle quelle.
Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés
En
2018, Statistique Canada a mené le premier cycle de l’Enquête sur la sécurité
dans les espaces publics et privés (ESEPP). Cette enquête vise à recueillir des
renseignements sur les expériences vécues par les Canadiens en public, au
travail, en ligne et dans leurs relations intimes.
La population cible de l’ESEPP est la population canadienne
de 15 ans et plus résidant dans les provinces et les territoires. Les
personnes vivant en établissement ne sont pas comprises dans la population de
l’enquête. Cela signifie que les résultats de l’enquête pourraient ne pas tenir
compte des expériences de violence de la part d’un partenaire intime des
personnes vivant dans un refuge, un hôpital, un établissement carcéral, un autre
établissement ou un autre type de logement collectif. Une fois qu’un ménage
était joint, une personne de 15 ans et plus était sélectionnée au hasard
pour participer à l’enquête.
Dans les provinces, la collecte des données s’est déroulée
d’avril à décembre 2018. Les réponses ont été obtenues au moyen d’un
questionnaire à remplir soi-même en ligne ou d’un questionnaire administré par
un intervieweur au téléphone. Les personnes ont pu répondre dans la langue
officielle de leur choix. La taille de l’échantillon dans les 10 provinces
s’établissait à 43 296 répondants. Le taux de réponse dans les
provinces s’établissait à 43,1 %.
Dans
les territoires, la collecte des données s’est déroulée de juillet à
décembre 2018. Les réponses ont été obtenues au moyen d’un questionnaire à
remplir soi-même en ligne ou d’un questionnaire administré par un intervieweur
en personne. Les personnes ont pu répondre dans la langue officielle de leur
choix. La taille de l’échantillon dans les trois territoires s’établissait
à 2 597 répondants. Le taux de réponse dans les territoires s’établissait
à 73,2 %.
Parmi
les non-répondants figuraient les personnes qui ont refusé de participer à
l’enquête, celles qui ne pouvaient pas être jointes et celles qui ne parlaient
ni le français ni l’anglais. Les chiffres des répondants de l’échantillon ont
été pondérés afin que leurs réponses représentent la population canadienne de 15 ans et
plus ne vivant pas en établissement.
Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens (victimisation)
En 2019, Statistique Canada a mené
l’Enquête sociale générale (ESG) sur la sécurité des Canadiens (victimisation)
pour la septième fois. Les cycles précédents ont été menés en 1988, 1993, 1999,
2004, 2009 et 2014. L’ESG sur la victimisation vise essentiellement à mieux
comprendre les enjeux liés à la sécurité des Canadiens, y compris les
perceptions à l’égard de la criminalité et du système de justice, les
expériences de violence entre partenaires intimes et la mesure dans laquelle
les personnes se sentent en sécurité au sein de leur collectivité. La
population cible était composée des personnes de 15 ans et plus vivant
dans les provinces et les territoires, à l’exception des personnes vivant en
établissement à temps plein.
La collecte des données a eu lieu au cours de
la période allant d’avril 2019 à mars 2020. Les réponses ont été
obtenues au moyen d’interviews téléphoniques assistées par ordinateur,
d’interviews en personne (dans les territoires seulement) et, pour la première fois,
d’une option d’autocollecte par Internet offerte aux répondants à l’ESG sur la
victimisation dans les provinces et les capitales territoriales. Les personnes ont
pu répondre dans la langue officielle de leur choix.
La taille de l’échantillon de l’ESG sur la victimisation
était de 22 412 répondants, et le taux de réponse global était de
37,6 %. Les chiffres des répondants de l’échantillon ont été pondérés afin
que leurs réponses représentent la population canadienne de 15 ans et plus
ne vivant pas en établissement.
Programme de déclaration uniforme de la criminalité
Le Programme de déclaration uniforme de la
criminalité fondé sur l’affaire sert à recueillir des renseignements détaillés
sur les affaires criminelles qui sont venues à l’attention des services de police
canadiens et dont le bien-fondé a été établi par ces derniers. Les
renseignements recueillis comprennent les caractéristiques liées aux affaires,
aux victimes et aux auteurs présumés. En 2019, les données déclarées par les
services de police couvraient 99 % de la population du Canada. Certaines
victimes subissent de la violence au cours d’une certaine période, parfois
pendant des années, et la police peut considérer qu’il s’agit d’une seule
affaire continue.
En général, en ce qui a trait
aux affaires déclarées par la police comportant des infractions contre la
personne, un enregistrement relatif à la victime est recueilli pour chaque
victime dans l’affaire. Si une personne est victime de plusieurs affaires au
cours de la même année de référence, cette personne sera comptée comme une
victime pour chaque affaire. Certaines victimes subissent de la violence
pendant une période, parfois des années, ce que la police peut considérer comme
étant une seule affaire continue ne comptant qu’une seule victime.
L’âge de la victime est calculé en fonction de
la date de fin d’une affaire déclarée par la police. Les victimes dont l’âge et
le sexe sont inconnus, les victimes de plus de 110 ans et les victimes
âgées de 0 an dont la date de naissance n’est pas valide (province de
Québec seulement) sont exclues, en raison de la possibilité qu’il y ait eu une
erreur de codage.
La violence entre partenaires intimes comprend
les crimes violents prévus au Code criminel commis par un conjoint marié ou
conjoint de fait, une petite amie, un petit ami ou un autre partenaire intime —
une personne avec laquelle la victime a eu une attirance ou une relation sexuelle
et à laquelle aucune autre catégorie de relation ne s’applique — actuel ou
ancien.
Limites des données
Comme
c’est le cas pour toutes les enquêtes auprès des ménages, les données
comportent certaines limites. Les résultats reposent sur un échantillon et sont
donc sujets à des erreurs d’échantillonnage. Des résultats légèrement
différents auraient pu être obtenus si la population entière avait participé à
l’enquête.
Pour
assurer la qualité des estimations de l’Enquête sur la sécurité dans les
espaces publics et privés et de l’Enquête sociale générale sur la
victimisation, les limites inférieure et supérieure des intervalles de
confiance sont présentées. Les intervalles de confiance doivent être
interprétés de la façon suivante : si l’enquête devait être répétée à de
nombreuses reprises, 95 % du temps (ou 19 fois sur 20), l’intervalle
de confiance couvrirait la valeur de la population réelle.
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Renseignements supplémentaires
ISSN : 1205-8882
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