La victimisation criminelle au Canada, 2019

par Adam Cotter, Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités

Début de l'encadré

Faits saillants

  • Selon les données de l’Enquête sociale générale (ESG) sur la victimisation, plus des trois quarts (78 %) des Canadiens étaient très ou plutôt satisfaits de leur sécurité personnelle par rapport à la criminalité en 2019.
  • Au total, 1 Canadien sur 5 (19 %) ou son ménage a fait l’objet de l’un des huit crimes mesurés dans le cadre de l’ESG de 2019. On a dénombré 8,3 millions d’incidents liés à une agression sexuelle, un vol qualifié, des voies de fait, une introduction par effraction, un vol de véhicules à moteur ou de leurs pièces, un vol de biens du ménage ou de biens personnels, ou du vandalisme.
  • Près de 7 incidents autodéclarés sur 10 (69 %) étaient de nature non violente. Le vol de biens personnels, soit le type de crime le plus courant, représentait plus du tiers (37 %) des actes criminels.
  • Le taux de victimisation avec violence chez les femmes (106 incidents pour 1 000 femmes) était près du double de celui observé chez les hommes (59 incidents pour 1 000 hommes) en 2019. Cette différence entre les genres découle du fait que les femmes étaient cinq fois plus susceptibles que les hommes d’être victimes d’agression sexuelle (50 femmes par rapport à 9 hommes pour 1 000).
  • Lorsque les caractéristiques personnelles étaient prises en compte, les femmes, les personnes lesbiennes, gaies ou bisexuelles ainsi que les personnes plus jeunes étaient plus susceptibles de faire l’objet de victimisation avec violence.
  • Des taux de victimisation avec violence plus élevés ont été observés chez les Autochtones (177 incidents pour 1 000 personnes), en particulier parmi les Métis (225) et les Inuits (265E).
  • Après la neutralisation de l’effet d’autres facteurs comme l’âge, le genre et d’autres expériences vécues au cours de la vie, l’identité autochtone en soi n’était pas associée à une probabilité accrue d’être victime de violence.
  • Les mauvais traitements subis durant l’enfance, dont la violence physique ou sexuelle, le fait d’avoir été témoin de violence à la maison, ou les pratiques parentales sévères ou la négligence étaient tous des facteurs qui augmentaient la probabilité de faire l’objet de victimisation avec violence à l’âge adulte.
  • Un lien a été observé entre la mobilité résidentielle et la victimisation; les personnes ayant changé de résidence plus souvent au cours des cinq années ayant précédé l’enquête étaient plus susceptibles d’être victimes d’un crime contre la personne ou d’un crime contre les ménages.
  • En 2019, environ 3 Canadiens sur 10 (29 %) ont déclaré que la victimisation dont ils ont fait l’objet ou celle subie par leur ménage a été signalée à la police. Le signalement variait grandement selon le type de crime. En effet, les proportions observées allaient d’environ la moitié des vols de véhicules à moteur, des introductions par effraction et des vols qualifiés ayant été signalés à 6 % des agressions sexuelles.
  • Les raisons les plus souvent invoquées par les victimes d’un crime pour ne pas l’avoir signalé à la police étaient qu’il s’agissait d’un délit anodin, que l’incident n’était pas assez important ou que personne n’avait été blessé. Dans le cas de la victimisation des ménages, en particulier, une autre raison courante était la conviction selon laquelle la police n’aurait pas été en mesure de récupérer ce qui avait été volé.
  • Plus que toute autre caractéristique de l’incident, la présence d’une arme ou l’infliction de blessures augmentait la probabilité de signaler un incident violent à la police.
  • Parmi les victimes d’un crime violent, 1 sur 6 (16 %) a fait état d’au moins trois conséquences psychologiques à long terme correspondant aux symptômes du trouble de stress post-traumatique.

Fin de l'encadré

La criminalité et les facteurs qui y sont liés sont complexes et peuvent être mesurés de diverses façons. Les statistiques officielles, comme celles que recueillent la police ou les tribunaux, sont une source d’information essentielle. Toutefois, leur principale limite tient au fait qu’elles ne fournissent pas de renseignements sur les crimes qui ne sont pas portés à l’attention de la police ou d’autres autorités. Les crimes qui ne sont pas signalés ou consignés, souvent appelés le « chiffre noir de la criminalité», représentent la majorité des actes criminels. Pour certains types de crimes, comme la violence entre partenaires intimes ou les agressions sexuelles, une très faible proportion est portée à l’attention de la police ou d’autres responsables. Par conséquent, le fait de s’appuyer uniquement sur les statistiques officielles pour comprendre ces types de crimes pourrait fausser la compréhension de la nature de la criminalité et de la victimisation au Canada, car les crimes qui sont portés à l’attention de la police ne sont pas nécessairement représentatifs de tous les actes criminels.

Pour cette raison, en plus de recueillir chaque année des données auprès de sources administratives comme la police ou les tribunaux, Statistique Canada mène régulièrement des enquêtes auprès des Canadiens de 15 ans et plus au sujet de leurs expériences de victimisation criminelle, y compris les incidents qui n’ont pas été signalés à la police. Dans le cadre de l’Enquête sociale générale (ESG) de 2019 sur la sécurité des Canadiens (victimisation), des questions ont été posées aux répondants sur les expériences qu’ils ont vécues relativement à huit types d’infractions au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête. Ces renseignements servent non seulement à compléter les données officielles et à brosser un tableau plus complet de la criminalité au Canada, mais ils constituent une importante source d’information permettant de planifier et de mettre en œuvre diverses initiatives, telles que des programmes de prévention du crime, des programmes de lutte contre la violence familiale et des services aux victimes.

Le présent article de Juristat fait état des constatations tirées de l’ESG de 2019 sur la victimisation, l’accent étant mis sur la victimisation autodéclarée et les perceptions à l’égard de la sécurité dans les provinces et les territoires. Plus particulièrement, cet article porte sur la prévalence de la victimisation, sur les caractéristiques des victimes et des incidents, ainsi que sur les répercussions de la victimisation. De plus, les niveaux de signalement à la police et les facteurs associés à la décision de signaler la victimisation à la police sont examinés. L’objet de l’article est de présenter une vue d’ensemble des tendances de la victimisation au Canada. Bien qu’il comprenne des renseignements propres à des groupes ou à des populations en particulier, une analyse plus approfondie et plus ciblée des sous-populations au Canada sera présentée dans de futurs articles de Juristat, dans la mesure où la taille de l’échantillon permet une désagrégation détaillée.

Un article consacré à la violence conjugale autodéclarée, qui sera essentiel à l’examen de ce type de victimisation au Canada, sera publié sous peu. La violence conjugale est incluse dans les taux de victimisation globaux figurant dans le présent article, mais les détails des incidents, comme les répercussions émotionnelles ou les niveaux de signalement à la police, ont été recueillis selon une méthodologie différente et ne sont pas inclus dans la présente analyse.

Dans le cadre d’efforts soutenus déployés pour moderniser les méthodes de collecte des données afin de réduire le fardeau du répondant et d’accroître la rapidité de la collecte, les données de l’ESG ont été recueillies en ligne et par téléphone en 2019. En raison des changements apportés à la façon dont les données de l’ESG ont été recueillies au cours de ce cycle, le présent article ne comprend pas de renseignements sur les tendances de la victimisation criminelle au Canada, car il n’est pas recommandé d’établir des comparaisons directes entre les cycles lorsque la méthode de collecte a changé (voir l’encadré 1). Cela dit, les renseignements sur le contexte général de la criminalité qui sont fournis au moyen de l’ESG demeurent importants lorsqu’il s’agit d’examiner la nature et l’étendue de la criminalité et de la victimisation au Canada en 2019.

La collecte des données a pris fin en mars 2020, au moment où la pandémie de COVID-19 commençait à avoir d’importantes répercussions sur la vie des Canadiens. Bien que les données figurant dans le présent article ne reflètent pas les circonstances de la pandémie et les facteurs qui ont pu accroître les niveaux de victimisation ou de risque chez certaines personnes, elles constituent un important point de référence pour des comparaisons futures. Il est possible de comparer les tendances et les répercussions mises au jour par les données de l’ESG de 2019 avec d’autres activités de collecte de données entreprises pendant et après la pandémie afin d’examiner les répercussions que la COVID-19 a pu avoir sur la victimisation criminelle au Canada.

Début de l'encadré 1

Encadré 1
Comparabilité de l’Enquête sociale générale de 2019 avec les cycles précédents

Comme c’est le cas de nombreuses autres enquêtes-ménages menées par téléphone au Canada, le taux de réponse à l’Enquête sociale générale (ESG) sur la sécurité des Canadiens (victimisation) diminue depuis plusieurs cycles.

Pour moderniser les activités de collecte et offrir à la population canadienne un autre moyen de participer à l’enquête, Statistique Canada a proposé l’option de répondre à l’ESG en ligne en 2019. En fait, au cours du cycle de 2019, environ 6 répondants sur 10 ont rempli le questionnaire en ligne, plutôt qu’au téléphone avec le personnel intervieweur de Statistique Canada.

Tout changement important apporté à la méthodologie d’une enquête peut avoir des répercussions sur la comparabilité des données au fil du temps. Il est impossible de déterminer avec certitude si, et dans quelle mesure, les différences concernant une variable sont attribuables à un changement réel dans la population et les comportements examinés ou à des changements dans la méthodologie d’enquête entre les cycles de collecte ― ce qu’on appelle aussi l’effet du mode d’enquête.

En raison de l’effet du mode d’enquête, il n’est pas recommandé de comparer les résultats de l’ESG de 2019 à ceux des cycles précédents de l’enquête menés sans le recours à un questionnaire en ligne, car toute différence constatée pourrait être attribuable à un changement de méthode de collecte plutôt qu’à des variations réelles des tendances de la victimisation. Pour cette raison, le présent article traite uniquement des expériences de victimisation des Canadiens en 2019 sans établir de comparaisons directes avec les cycles précédents de l’ESG.

De plus, l’effet du mode d’enquête pourrait avoir une incidence sur les comparaisons entre les groupes de population à même le cycle de 2019 dans le cas où des différences ont été observées quant à la façon dont le questionnaire d’enquête a été rempli.

À chaque étape du traitement, de la vérification et de la diffusion des données de Statistique Canada, des efforts considérables sont déployés pour produire les données les plus précises possible en ce qui a trait à leur niveau de détail et pour veiller à ce que les estimations publiées soient de bonne qualité, conformément aux normes de Statistique Canada. L’analyse méthodologique révèle que les données sont de bonne qualité et qu’elles permettent de dresser un portrait fidèle de la victimisation criminelle au Canada en 2019.

Fin de l’encadré 1

La majorité des incidents de victimisation autodéclarés sont de nature non violente

En 2019, 1 personne sur 5 (19%) ― soit un peu moins de 6 millions de personnes de 15 ans et plus au Canada ― a déclaré que, au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête, elle-même ou son ménage a été victime de l’un des huit types de crimes mesurés au moyen de l’ESG (voir l’encadré 2). Ces personnes et leur ménage pourraient avoir été victimes d’un crime violent ou d’un crime sans violence. Dans le cadre de l’ESG, des données sur le type et le nombre d’incidents ont été saisies.  

Au total, on a dénombré 8,3 millions d’actes criminels au Canada en 2019 (tableau 1). La plupart d’entre eux (69 %) étaient de nature non violente. Environ 3 millions de ces incidents étaient des vols de biens personnels, soit le type de crime le plus courant, lesquels représentaient plus du tiers (37 %) des actes criminels déclarés dans le cadre de l’ESG. Venaient ensuite les voies de fait, soit le type de crime violent le plus fréquent, qui représentaient 17 % de tous les incidents.

Après ces deux types de crimes, qui constituaient plus de la moitié des incidents déclarés dans le cadre de l’ESG, les crimes les plus fréquents étaient les vols de biens du ménage (12 %), les agressions sexuelles (11 %), le vandalisme (8 %) et les introductions par effraction (8 %). Les vols de véhicules à moteur (4 %) et les vols qualifiés (3 %) étaient relativement moins courants.

La plupart (58 %) des personnes qui ont été victimes d’un crime contre la personne ou d’un crime contre les ménages ont vécu un seul incident de victimisation au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête. Toutefois, plus de 4 victimes sur 10 (42 %) ont déclaré avoir vécu deux incidents ou plus.

Début de l'encadré 2

Encadré 2
Définition de la victimisation criminelle au Canada

Dans le cadre de l’Enquête sociale générale sur la victimisation, les Canadiens ont été interrogés sur les expériences qu’ils ont vécues relativement aux huit types d’infractions suivants :

Victimisation avec violence : Agression sexuelle, vol qualifié ou voies de fait.

  • Agression sexuelle : Activité sexuelle forcée, tentative d’activité sexuelle forcée, attouchements sexuels, agrippement, baisers ou caresses non désirés, ou relation sexuelle sans être en mesure d’y consentir.
  • Vol qualifié: Vol ou tentative de vol dans lequel l’auteur a une arme ou dans lequel il y a des actes de violence ou des menaces de violence contre la victime.
  • Voies de fait : Attaque (victime frappée, giflée, empoignée, projetée au sol ou battue), menace de préjudice physique proférée ou incident dans lequel une arme est présente.

Vol de biens personnels : Vol ou tentative de vol de biens personnels, comme de l’argent, des cartes de crédit, des vêtements, des bijoux, des sacs à main ou des portefeuilles. Contrairement au vol qualifié, l’auteur du crime ne confronte pas sa victime.

Victimisation des ménages : Introduction par effraction, vol de véhicules à moteur ou de leurs pièces, vol de biens du ménage ou vandalisme.

  • Introduction par effraction : Introduction illégale ou tentative d’introduction illégale dans une résidence ou un autre bâtiment sur le terrain de la victime.
  • Vol de véhicules à moteur ou de leurs pièces : Vol ou tentative de vol d’une automobile, d’un camion, d’une fourgonnette, d’une motocyclette, d’un cyclomoteur ou d’un autre véhicule, ou encore des pièces d’un véhicule à moteur.
  • Vol de biens du ménage : Vol ou tentative de vol de biens appartenant au ménage, comme des spiritueux, des bicyclettes, du matériel électronique, des outils ou des appareils ménagers.
  • Vandalisme : Endommagement intentionnel de biens personnels ou de biens du ménage.

Fin de l’encadré 2

Victimisation avec violence

Selon les résultats de l’ESG, un peu plus de 2,6 millions d’incidents de victimisation avec violence (agression sexuelle, vol qualifié et voies de fait) sont survenus au Canada en 2019, ce qui représente un taux de 83 incidents pour 1 000 Canadiens de 15 ans et plus (tableau 1; graphique 1). Plus précisément, il s’est produit 46 incidents de voies de fait, 30 agressions sexuelles et 7 vols qualifiés pour chaque tranche de 1 000 Canadiens en 2019. 

Graphique 1 début

Graphique 1 Victimisation autodéclarée, selon le type de victimisation, Canada, 2019

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Type of victimization (titres de rangée) et Taux pour 1 000 personnes et Erreur-type(figurant comme en-tête de colonne).
Type of victimization Taux pour 1 000 personnes Erreur-type
Agression sexuelleTableau de Note 1 30 4,7
Vol qualifiéTableau de Note 1 7 1,3
Voies de faitTableau de Note 1 46 3,6
Total des incidents de victimisation avec violenceTableau de Note 2 83 6,1
Introduction par effractionTableau de Note 3 42 2,8
Vol de véhicules à moteur ou de leurs piècesTableau de Note 3 20 1,9
Vol de biens du ménageTableau de Note 3 65 3,3
VandalismeTableau de Note 3 45 3,0
Total des incidents de victimisation des ménagesTableau de Note 4 172 6,2
Vol de biens personnelsTableau de Note 1 98 4,9

Graphique 1 fin

Ces constatations sont semblables aux données déclarées par la police dans le cadre du Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC), qui révèlent également que les voies de fait sont le type de crime violent le plus courant, et que les agressions sexuelles sont plus fréquentes que les vols qualifiés (Moreau et autres, 2020)Note  .

Victimisation des ménages

La victimisation des ménages ― c’est-à-dire le vol de biens du ménage, le vandalisme, l’introduction par effraction et le vol de véhicules à moteur ― représentait environ 1 acte criminel sur 3 (32 %) déclaré dans le cadre de l’ESG de 2019. Au total, 2,6 millions d’incidents de ce type ont été déclarés, ce qui représente un taux de 172 incidents pour 1 000 ménages au pays (tableau 1).

Le type le plus courant de victimisation des ménages en 2019 était le vol de biens du ménage (984 000 incidents, ou 65 pour 1 000 ménages). Venaient ensuite le vandalisme (45 incidents pour 1 000 ménages) et l’introduction par effraction (42 pour 1 000), tandis que le vol de véhicules à moteur ou de leurs pièces était relativement moins courant (20 pour 1 000)Note  .

Début de l'encadré 3

Encadré 3
Comparaison des taux de victimisation autodéclarée à l’échelle du Canada

En raison des différents modes de collecte employés d’une province et d’un territoire à l’autre, combinés à la diminution de la taille de l’échantillon de l’Enquête sociale générale de 2019 comparativement aux cycles précédents, de nombreuses estimations et comparaisons doivent être interprétées avec prudence lorsqu’il s’agit de plus petits niveaux géographiques.

En 2019, relativement peu de différences significatives ont été observées au chapitre de la prévalence de la victimisation avec violence entre les provinces et les territoires (tableau 2). Le taux de victimisation avec violence était plus faible au Québec (49 incidents pour 1 000 personnes), tandis qu’il était plus élevé au Nunavut (290 pour 1 000) et dans les Territoires du Nord-Ouest (187 pour 1 000). Autres que ceux mentionnés, aucune autre province ou aucun autre territoire n’a enregistré un taux de victimisation avec violence significativement différent de l’estimation pour le reste du CanadaNote  .

De même, en 2019, le taux de victimisation avec violence ne différait pas de façon significative entre les personnes vivant dans les régions métropolitaines de recensementNote  (RMR), les agglomérations de recensementNote  (AR) ou les régions situées à l’extérieur des RMR ou des AR (82, 92 et 82 pour 1 000 personnes, respectivement).

Comparativement aux taux de victimisation avec violence, les taux de victimisation des ménages variaient beaucoup plus au pays (tableau 2). La tendance observée dans les provinces suivait généralement celle qui se dégage des données déclarées par la police, selon lesquelles les taux étaient plus faibles de l’Ontario vers l’est et plus élevés du Manitoba vers l’ouest. Le Nouveau-Brunswick, où le taux de victimisation des ménages n’était pas significativement différent de l’estimation pour le reste du Canada, était la seule exception.

Parmi les territoires, le taux de victimisation des ménages était plus élevé au Nunavut (243 incidents pour 1 000 ménages) que dans le reste du Canada. En revanche, les taux enregistrés au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest n’étaient pas significativement différents de l’estimation pour le reste du Canada en 2019.

Les tendances relatives au vol de biens personnels ressemblaient davantage à celles observées au chapitre de la victimisation des ménages (tableau 2). Parmi les provinces, les taux étaient plus élevés en Colombie-Britannique (149 pour 1 000 personnes), en Alberta (133) et en Saskatchewan (132), tandis qu’ils étaient inférieurs à la moyenne nationale au Québec (68), à Terre-Neuve-et-Labrador (66) et en Nouvelle-Écosse (58).

Dans les territoires, les taux de vols de biens personnels variaient. Au Yukon, le taux observé n’était pas significativement différent de l’estimation pour le reste du Canada, alors qu’il était plus élevé dans les Territoires du Nord-Ouest (204 pour 1 000 personnes) et nettement plus faible au Nunavut (43).

Peu de différences significatives sont observées pour ce qui est de la victimisation avec violence au sein des 10 plus grandes régions métropolitaines de recensement

En 2019, les taux de victimisation avec violence variaient peu parmi les plus grandes RMR du Canada. Aucune des 10 plus grandes RMR en 2019 n’affichait un taux de victimisation avec violence qui différait de façon significative de l’estimation pour les régions ruralesNote  (graphique 2). En fait, lorsque les 10 plus grandes RMR étaient comparées les unes aux autres, les taux observés à Québec (47 pour 1 000 personnes) et à Montréal (52 pour 1 000) étaient significativement inférieurs à celui enregistré à Winnipeg (120 pour 1 000). Aucune autre différence significative n’a été observée entre ces RMR.

Graphique 2 début

Graphique 2 Victimisation avec violence et victimisation des ménages, les 10 plus grandes régions métropolitaines de recensement, Canada, 2019

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2. Les données sont présentées selon Région métropolitaine de recensement (titres de rangée) et Victimisation avec violence et Victimisation des ménages, calculées selon taux et erreur-type unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Région métropolitaine de recensement Victimisation avec violenceTableau de Note 1 Victimisation des ménagesTableau de Note 2
taux erreur-type taux erreur-type
Toronto 82 17,7 139 19,6
Montréal 52 18,8 160 17,7
Vancouver 79 19,2 212Note * 29,1
Calgary 120 38,7 272Note * 33,6
Ottawa-Gatineau 176 86,2 119 24,5
Edmonton 108 24,8 312Note * 38,4
Québec 47 18,8 152 43,8
Winnipeg 120 27,7 388Note * 54,0
Hamilton 64 26,7 132 29,7
Kitchener--Cambridge--Waterloo Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié 148Note E: à utiliser avec prudence 45,0
Toutes les autres régions métropolitaines de recensement (RMR) 77 11,0 170Note * 13,0
Agglomérations de recensement (AR) 92 14,7 183Note * 17,1
Régions rurales (autres que des RMR/AR)Tableau de Note  82 13,6 127 11,1

Graphique 2 fin

En revanche, une plus forte variation des taux de victimisation des ménages a été constatée une fois de plus. Les taux enregistrés à Winnipeg (388 pour 1 000 ménages), à Edmonton (312), à Calgary (272) et à Vancouver (212) étaient tous plus élevés que celui observé dans les régions rurales du pays (127).

Fin de l’encadré 3

Facteurs associés aux taux de victimisation au Canada

En plus des questions sur les expériences de victimisation, l’ESG comporte un large éventail de questions sociodémographiques, de questions à propos des expériences négatives vécues durant l’enfance, et de questions liées à la santé et au mode de vie. Ces questions permettent d’examiner plus en détail les taux de victimisation selon certaines caractéristiques et aident à cerner certaines populations où la prévalence des incidents de victimisation ou le risque d’en faire l’objet est élevé.

Dans les sections qui suivent, ces caractéristiques sont examinées de deux façons distinctes. Premièrement, l’examen des taux de victimisation parmi certains groupes permet de présenter le contexte global des taux de victimisation au Canada en 2019. Deuxièmement, compte tenu du fait que bon nombre des caractéristiques liées à la victimisation sont intersectionnelles et interreliées, une analyse de régression a été effectuée, l’objectif étant d’examiner les facteurs qui influent sur le risque de victimisation lorsque d’autres facteurs sont maintenus constants. Lorsqu’il est pertinent de le faire, l’article traite tant de la victimisation avec violence que de la victimisation des ménages.

Les taux de victimisation sont plus élevés chez les Canadiens plus jeunes

Comme le démontrent invariablement les recherches sur la victimisation, l’âge est associé à la prévalence de la victimisation avec violence (Perreault, 2015; Sidique, 2016). Les données de l’ESG révèlent que les taux de victimisation diminuaient de façon constante avec l’âge, étant nettement plus faibles chez les personnes de 35 ans et plus comparativement à celles de 15 à 24 ans (176 incidents pour 1 000 personnes) ou de 25 à 34 ans (135 pour 1 000) (tableau 3)Note  . En général, la victimisation semblait commencer à diminuer à l’âge de 35 ans (graphique 3).

Graphique 3 début

Graphique 3 Victimisation avec violence autodéclarée, selon le groupe d’âge de la victime, Canada, 2019

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3. Les données sont présentées selon Groupe d'âge (titres de rangée) et Taux pour 1 000 personnes et Erreur-type(figurant comme en-tête de colonne).
Groupe d'âge Taux pour 1 000 personnes Erreur-type
15 à 19 ansTableau de Note  200 60,5
20 à 24 ans 156 35,6
25 à 29 ans 145 25,4
30 à 34 ans 125 22,1
35 à 39 ans 72Note * 13,0
40 à 44 ans 88 17,9
45 à 49 ans 85 17,5
50 à 54 ans 60Note * 12,4
55 à 59 ans 48Note * 9,5
60 à 64 ans 36Note * 7,2
65 à 69 ans 29Note * 6,1
70 à 74 ans 16Note * 7,4
75 ans et plus 15Note * 4,3

Graphique 3 fin

De même, le risque d’être victime d’un crime violent diminue avec l’âge, même lorsque d’autres facteurs sont maintenus constants; on observe une baisse de 3 % pour chaque année d’âge supplémentaire (modèle 1)Note  .

Plus particulièrement, les taux d’agressions sexuelles étaient plus élevés chez les personnes de 15 à 24 ans (103 pour 1 000 personnes) et chez celles de 25 à 34 ans (50 pour 1 000) que dans tout autre groupe d’âgeNote  . Chez les Canadiens de 65 ans et plus, on dénombrait 2 agressions sexuelles pour 1 000 personnes.

Le taux de victimisation avec violence chez les femmes est près du double de celui observé chez les hommes

Selon les données de l’ESG, le taux de victimisation avec violence était près de deux fois plus élevé chez les femmes (106 incidents pour 1 000 femmes) que chez les hommes (59 incidents pour 1 000 hommes) en 2019 (tableau 3). Cette différence est entièrement attribuable aux agressions sexuelles, dont le taux était plus de cinq fois plus élevé chez les femmes (50 pour 1 000) que chez les hommes (9 pour 1 000) (graphique 4). En revanche, les taux de voies de fait et de vols qualifiés étaient semblables chez les femmes et chez les hommes. Même après la neutralisation de l’effet d’autres facteurs d’intérêt, comme l’âge et d’autres caractéristiques et expériences personnelles, le risque de victimisation était 38 % plus élevé chez les femmes que chez les hommes (modèle 1).

Graphique 4 début

Graphique 4 Victimisation avec violence autodéclarée, selon le genre de la victime et le type de victimisation, Canada, 2019

Tableau de données du graphique 4 
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4. Les données sont présentées selon Type de victimisation (titres de rangée) et Femmes et Hommes, calculées selon taux pour 1 000 personnes, erreur-type et taux pour 1 000 personnes
unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Type de victimisation FemmesTableau de Note  Hommes
taux pour 1 000 personnes erreur-type taux pour 1 000 personnes
erreur-type
Agression sexuelle 50 9,0 9Note * 2,3
Vol qualifié 7 1,8 7 1,9
Voies de fait 49 5,5 43 4,7
Total des incidents de victimisation avec violence 106 10,8 59Note * 6,0

Graphique 4 fin

La constatation selon laquelle les femmes sont exposées à un plus grand risque d’être victimes d’un crime violent est nettement différente de celle qui se dégage des données policières, qui révèlent que le taux global de crimes violents est un peu plus élevé chez les femmes que chez les hommes; en 2019, les femmes représentaient 53 % des victimes de crimes violents déclarés par la police (Conroy, 2021). Cette différence peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Par exemple, les données déclarées par la police comprennent un plus large éventail de types de crimes violents, alors que ceux auxquels s’intéresse l’ESG se limitent aux agressions sexuelles, aux vols qualifiés et aux voies de fait. De plus, les agressions sexuelles sont largement sous-signalées à la police, ce qui signifie qu’une grande partie des crimes violents qui touchent de façon disproportionnée les femmes sont les moins susceptibles d’être représentés dans les données officielles (voir la section « Signalement de la victimisation à la police »). Environ les trois quarts (72 %) des incidents de victimisation avec violence déclarés par les hommes dans le cadre de l’ESG en 2019 étaient des voies de fait, tandis que de plus petites proportions étaient des agressions sexuelles (16 %) et des vols qualifiés (12 %). En revanche, chez les femmes, les agressions sexuelles (47 %) et les voies de fait (46 %) étaient à peu près aussi courantes, tandis que les vols qualifiés représentaient la proportion restante des incidents violents (7 %).

En outre, l’examen de l’âge conjointement avec le genre de la victime révèle que la plus grande partie de la différence de taux de victimisation entre les femmes et les hommes se situe parmi les personnes de moins de 35 ans (graphique 5). Une fois de plus, cette différence est en grande partie attribuable à la variation des taux d’agressions sexuelles entre les femmes et les hommes. Chez les personnes de 15 à 24 ans, le taux d’agressions sexuelles était sept fois plus élevé chez les femmes (187 pour 1 000 personnes) que chez les hommes (27 pour 1 000), tandis qu’il était cinq fois plus élevé chez les femmes de 25 à 34 ans (85 pour 1 000) que chez les hommes du même âge (16 pour 1 000). Ces constatations, ainsi que le contexte différent de la victimisation qui ressort lorsqu’on inclut les crimes qui ne sont peut-être pas portés à l’attention de la police, soulignent le fait que les données autodéclarées sont essentielles à la prise de décisions judicieuses en matière de prévention et de programmes.

Graphique 5 début

Graphique 5 Victimisation avec violence autodéclarée, selon le genre et le groupe d’âge de la victime, Canada, 2019

Tableau de données du graphique 5 
Tableau de données du graphique 5
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 5. Les données sont présentées selon Groupe d'âge (titres de rangée) et Femmes et Hommes, calculées selon taux pour 1 000 personnes et erreur-type unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Groupe d'âge Femmes Hommes
taux pour 1 000 personnes erreur-type taux pour 1 000 personnes erreur-type
15 à 24 ansTableau de Note  257 64 103Note ** 28
25 à 34 ans 179 29 91Note ** 17
35 à 44 ans 83Note * 17 75 13
45 à 54 ans 98Note * 19 42Note *** 8
55 à 64 ans 45Note * 8 39Note * 9
65 ans et plus 24Note * 5 15Note * 3

Graphique 5 fin

Parmi les autres groupes d’âge, la seule autre différence significative a été observée chez les personnes de 45 à 54 ans, où le taux de victimisation était environ deux fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes.

Au Canada, les taux de victimisation avec violence sont beaucoup plus élevés chez les personnes bisexuelles

Comme l’ont révélé d’autres enquêtes canadiennes sur la victimisation (Jaffray, 2020; Simpson, 2018), l’orientation sexuelle est un facteur associé à la victimisation avec violence, le risque étant plus grand chez les personnes qui ne sont pas hétérosexuelles. Plus précisément, le risque d’être victime d’un crime violent était deux fois plus élevé chez les personnes non hétérosexuelles, lorsque d’autres facteurs étaient pris en compte (modèle 1).

Les résultats de l’ESG de 2019 correspondaient à ceux d’autres enquêtes qui ont révélé que les personnes bisexuelles en particulier affichaient des taux de victimisation élevés. En 2019, le taux de victimisation avec violence au Canada chez les personnes bisexuelles était de 655 incidents pour 1 000 personnes, un taux plus de neuf fois supérieur à celui observé chez les personnes hétérosexuelles (70 pour 1 000) (tableau 3). Plus de 8 incidents sur 10 (83 %) déclarés par les personnes bisexuelles étaient des agressions sexuelles; il s’agit d’un taux de 541 agressions sexuelles pour 1 000 personnes, ce qui est près de 29 fois supérieur au taux observé chez les personnes hétérosexuelles (19 pour 1 000). Aucune différence statistiquement significative au chapitre des taux de victimisation n’a été observée entre les personnes hétérosexuelles et les personnes lesbiennes ou gaies au Canada.

Ces résultats sont semblables à ceux de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018, selon lesquels les femmes et les hommes bisexuels étaient plus susceptibles que les femmes hétérosexuelles ou lesbiennes et que les hommes hétérosexuels ou gais d’avoir été agressés physiquement ou sexuellement au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête (Cotter et Savage, 2019). Toutefois, les femmes bisexuelles ou lesbiennes et les hommes bisexuels ou gais étaient plus susceptibles que leurs homologues hétérosexuels d’avoir été agressés physiquement ou sexuellement à partir de l’âge de 15 ans.

En soi, le fait d’être Autochtone n’augmentait pas le risque de subir de la victimisation avec violence

En 2019, le taux de victimisation avec violence chez les Premières Nations, les Métis ou les Inuits (Autochtones) (177 pour 1 000) était plus du double de celui observé chez les non-Autochtones (80 pour 1 000) (tableau 3). Plus précisément, cette différence s’explique par les taux nettement plus élevés chez les Métis (225 incidents violents pour 1 000 personnes) et les Inuits (265E pour 1 000), tandis que le taux de victimisation avec violence chez les Premières Nations n’était pas statistiquement différent de celui observé chez les non-Autochtones.

Bien que les taux de victimisation chez les Autochtones étaient nettement plus élevés, l’identité autochtone n’était pas associée à un plus grand risque de victimisation avec violence, après la neutralisation de l’effet d’autres caractéristiques comme l’âge, le genre de la personne et les mauvais traitements subis durant l’enfance (modèle 1).

Cela laisse croire que les taux de victimisation plus élevés parmi ces populations peuvent être liés à une plus forte prévalence d’autres facteurs de risque chez les Autochtones. Par exemple, les mauvais traitements subis durant l’enfance constituent un facteur de risque significatif de victimisation future, et les Autochtones affichent des taux plus élevés de sévices physiques et sexuels subis durant l’enfance, en raison de la violence et des traumatismes historiques et continus causés par la colonisation, les pensionnats, la surreprésentation des Autochtones dans le système de protection de l’enfance, les taux disproportionnés de pauvreté chez les enfants et les taux élevés d’itinérance, entre autres facteurs (Gore, 2013; Andersson et Nahwegahbown, 2010; Femmes et filles autochtones disparues et assassinées, 2019). Il se pourrait aussi que les facteurs liés aux différences n’aient pas été mesurés au moyen de l’ESG.

Les femmes ayant une incapacité affichent des taux particulièrement élevés de victimisation avec violence

Le taux de victimisation avec violence était près de trois fois plus élevé chez les personnes ayant une incapacité (141 incidents pour 1 000 personnes) que chez celles n’ayant aucune incapacité (53 pour 1 000) (tableau 3). Plus précisément, les taux des trois types de crimes violents mesurés au moyen de l’ESG ― l’agression sexuelle, le vol qualifié et les voies de fait ― étaient plus élevés chez les personnes ayant une incapacité.  

Il convient de souligner que l’examen des personnes n’ayant aucune incapacité permet de constater qu’il n’y a pas de différence statistiquement significative entre les femmes (57 incidents pour 1 000) et les hommes (49 pour 1 000). Autrement dit, les taux élevés de victimisation avec violence chez les femmes ayant une incapacité étaient un facteur clé permettant d’expliquer le taux global de victimisation plus élevé observé chez l’ensemble des femmes. On a dénombré 184 incidents violents pour 1 000 femmes ayant une incapacité en 2019, un taux bien supérieur à celui enregistré chez les hommes ayant une incapacité (84 pour 1 000).

Plus précisément, le taux d’agressions sexuelles était beaucoup plus élevé chez les femmes ayant une incapacité. En 2019, il s’est produit 94 agressions sexuelles pour 1 000 femmes ayant une incapacité, ce qui représente un taux plus de quatre fois plus élevé que celui observé chez les femmes n’ayant aucune incapacité (22), et bien supérieur aux taux enregistrés chez les hommes ayant une incapacité (15) ou n’ayant pas incapacité (7)Note  .

Le taux de victimisation avec violence chez les personnes désignées comme appartenant à une minorité visibleNote  ne différait pas de façon significative de celui observé chez les personnes n’appartenant pas à une minorité visible (tableau 3). Cela dit, le taux de voies de fait (30 pour 1 000) était plus faibles chez la population désignée comme minorité visible que chez celle ne faisant pas partie de la population désignée comme minorité visible (51 pour 1 000).

Le taux de victimisation avec violence était plus faible chez les personnes qui se sont identifiées comme étant d’origine chinoise (32 pour 1 000) par rapport à l’ensemble de la population désignée comme minorité visible ou non visible. En revanche, le taux enregistré chez les personnes d’origine philippine (73) n’était pas statistiquement différent de celui observé chez l’ensemble de la population désignée comme minorité visible ou non visibleNote  .

Après la neutralisation de l’effet d’autres facteurs, les personnes ayant une incapacité et les groupes de minorités visibles ne présentaient pas de risque de victimisation significativement différent (modèle 1). Comme il a été observé lors de l’examen de l’identité autochtone en tant que facteur de risque, ce constat laisse croire que les taux de victimisation différents parmi ces populations peuvent être liés à la plus forte prévalence d’autres facteurs de risque chez ces groupes.

Le fait d’avoir subi de la violence, des pratiques parentales sévères ou de la négligence durant l’enfance, ou encore d’avoir été témoin de violence représente des expériences associées à des taux plus élevés de victimisation avec violence

En plus des caractéristiques personnelles telles que l’âge, le genre, l’identité ou l’incapacité, d’autres expériences vécues au cours de la vie peuvent influer sur la probabilité future de subir de la victimisation. Plus particulièrement, il a été systématiquement démontré que les expériences négatives vécues pendant l’enfance comme la violence physique, la violence sexuelle, les pratiques parentales sévères ou la négligence, ou encore l’exposition à de la violence à la maison, sont toutes liées à des expériences subséquentes de victimisation à l’âge adulte (Burczycka, 2017; Strom, 2020; Widom et autres, 2008). Les constatations découlant de l’ESG de 2019 appuient davantage l’existence de ces liens.

Environ 1 Canadien sur 5 (22 %) a déclaré avoir subi avant l’âge de 15 ans de la violence physique de la part d’un adulte. En 2019, les personnes qui ont subi de la violence physique avant l’âge de 15 ans affichaient un taux de victimisation avec violence de 170 incidents pour 1 000 personnes, ce qui représente le triple du taux observé chez les personnes n’ayant pas fait l’objet de violence physique durant l’enfance (57 pour 1 000) (tableau 4).

La violence sexuelle subie durant l’enfance est moins courante que la violence physique, mais elle a une plus grande incidence sur le risque de victimisation future

Comparativement à la violence physique, les Canadiens ont moins souvent déclaré avoir subi de la violence sexuelle durant l’enfance (6 % au total; 10 % des femmes par rapport à 3 % des hommes). Toutefois, la violence sexuelle subie durant l’enfance semble avoir eu une incidence encore plus marquée sur les expériences de victimisation avec violence à l’âge adulte : le taux de victimisation était plus de trois fois plus élevé chez les personnes qui ont fait l’objet de violence sexuelle durant l’enfance (238 incidents pour 1 000) que chez les autres (72 pour 1 000) (tableau 4). Les personnes qui ont été victimes de violence sexuelle étant enfants ont affiché des taux d’agressions sexuelles (96 pour 1 000) et d’agressions physiques (124 pour 1 000) trois fois plus élevés que ceux observés chez les personnes n’ayant pas subi de violence sexuelle (26 et 40, respectivement). 

La violence physique ou sexuelle subie durant l’enfance était liée à des taux plus élevés de victimisation à l’âge adulte, tant chez les femmes que chez les hommes. Toutefois, l’incidence était plus marquée chez les femmes; celles qui ont subi de la violence physique ou sexuelle durant l’enfance présentaient un taux de victimisation près de quatre fois plus élevé comparativement aux autres femmes (227 pour 1 000, par rapport à 59 pour 1 000). Chez les hommes, ceux qui ont fait l’objet de violence étant enfants affichaient un taux de victimisation en 2019 qui était le double de celui observé chez les autres hommes (98 par rapport à 46).

Les pratiques parentales sévères et le fait d’avoir été témoin de violence sont également associés à des taux de victimisation plus élevés

Comparativement à la violence physique ou sexuelle, il est arrivé beaucoup plus souvent aux Canadiens d’avoir subi des pratiques parentales sévères ou de la négligence, ce qui comprend le fait que leurs parents leur aient donné la fessée, aient tenu des propos qui leur ont fait de la peine, leur ont fait sentir comme s’ils n’étaient pas voulus ou aimés, ou n’ont pas répondu à leurs besoins fondamentaux. Plus de 6 personnes sur 10 (62 %) ont déclaré avoir subi des pratiques parentales sévères au moins une fois avant l’âge de 15 ans (tableau 4). Non seulement les pratiques parentales sévères ou la négligence étaient plus courantes que les autres expériences négatives vécues durant l’enfance, mais elles avaient aussi une grande incidence sur la victimisation à l’âge adulte. Les personnes qui ont subi des pratiques parentales sévères ou de la négligence avant l’âge de 15 ans affichaient un taux de victimisation en 2019 qui était près de quatre fois supérieur à celui observé chez les personnes qui n’ont pas subi de tels traitements (115 pour 1 000 et 30 pour 1 000, respectivement).

Il importe de souligner que ce ne sont pas uniquement les expériences directes de violence vécues durant l’enfance qui sont liées à la victimisation subséquente à l’âge adulte. En effet, 1 Canadien sur 5 (21 %) a déclaré avoir été témoin de violence commise par un parent ou un tuteur contre un autre parent ou tuteur, un fournisseur de soins, un adulte ou un enfant. Le taux de victimisation avec violence chez ces personnes était près de trois fois plus élevé que celui observé chez les personnes qui n’ont pas été exposées à cette forme de violence (163 pour 1 000 par rapport à 61 pour 1 000) (tableau 4).

Il y avait toutefois un chevauchement considérable entre les personnes qui ont subi de la violence et celles qui ont été témoins de violence pendant leur enfance; les deux tiers (66 %) des personnes qui ont vu leur parent ou leur fournisseur de soins commettre de la violence envers une autre personne ont également subi de la violence étant enfants, comparativement à 15 % des personnes qui n’ont pas été témoins de violenceNote  . Les personnes qui ont été agressées en plus d’être exposées à de la violence à l’endroit d’une autre personne affichaient un taux de victimisation avec violence de 204 incidents pour 1 000 personnes. Non seulement ce taux est un peu plus de quatre fois supérieur à celui observé chez les personnes n’ayant jamais été témoins ou l’objet de violence pendant leur enfance (49 pour 1 000), mais il est aussi beaucoup plus élevé que le taux observé chez les personnes qui ont été victimes de violence, mais qui n’ont jamais été témoins de violence envers une autre personne (119 pour 1 000). Le taux de victimisation avec violence chez les personnes qui ont été exposées à de la violence sans en avoir subi elles-mêmes n’était pas statistiquement différent de celui observé chez les personnes qui n’ont jamais été témoins ou l’objet de violenceNote 

En outre, même si ces trois mesures renvoient à des expériences assez semblables, une analyse multivariée des facteurs liés à la victimisation avec violence a démontré que les mauvais traitements subis durant l’enfance, les pratiques parentales sévères et le fait d’avoir été témoin de violence entre parents ou fournisseurs de soins avaient tous un effet indépendant sur le risque de subir de la victimisation (modèle 1). Après la neutralisation de l’effet d’autres variables d’intérêt, le risque de victimisation était 2,0 fois plus élevé chez les personnes qui ont subi des pratiques parentales sévères, 1,6 fois plus élevé chez celles qui ont fait l’objet de violence physique ou sexuelle, et 1,5 fois plus élevé chez celles qui ont été témoins de violence.

L’examen du lien évident qui existe entre les expériences négatives vécues durant l’enfance, qu’elles soient directes ou indirectes, et la victimisation subséquente à l’âge adulte donne à penser que, au moment d’élaborer des programmes et des politiques visant à réduire la criminalité et la victimisation, il faudrait accorder une attention particulière aux enfants et aux jeunes afin de contrer le cycle de la victimisation.

Début de l'encadré 4

Encadré 4
Nouvelles données sur la maltraitance des enfants au Canada

Des questions rétrospectives sur les expériences de violence physique et sexuelle vécues durant l’enfance ont été ajoutées pour la première fois à l’Enquête sociale générale (ESG) de 2014 sur la victimisation, afin que des renseignements puissent être recueillis sur les expériences de violence vécues pendant l’enfance et sur les liens qui existent entre ces expériences et la victimisation à l’âge adulte, entre autres effets négatifs. Ces questions ont ensuite été répétées dans le cadre de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP) de 2018 et de l’ESG de 2019.

Ces enquêtes ont donné lieu à des résultats semblables, à savoir qu’une proportion considérable de Canadiens avaient subi avant l’âge de 15 ans de la violence physique ou sexuelle de la part d’un adulte; que les hommes étaient légèrement plus susceptibles d’avoir fait l’objet de violence physique, alors que les femmes étaient beaucoup plus susceptibles d’avoir été victimes de violence sexuelle; que la plupart des incidents de victimisation n’ont pas été signalés à la police ou à d’autres organismes (c.-à-d. les services de protection de l’enfance); que ces expériences de violence vécues pendant l’enfance étaient liées à la victimisation subséquente subie à l’âge adulte et, en fait, tout au long de la vie (Burczycka, 2017; Cotter et Savage, 2019; Cotter, 2021).

Bien que ces questions aient fourni des renseignements essentiels, certaines lacunes persistaient, et c’est la raison pour laquelle on a ajouté à l’ESG de 2019 des questions plus détaillées portant sur le genre de l’auteur du crime, le lieu de l’incident, ainsi que l’âge au moment de l’incident. Ces questions ont été posées séparément pour la violence physique et la violence sexuelle; les personnes qui avaient été victimes de violence plus d’une fois ont été interrogées sur l’incident le plus grave qu’elles ont vécu.

Les deux tiers (66 %) des hommes qui ont subi de la violence physique durant leur enfance ont déclaré qu’un homme en était responsable, à l’instar de la moitié des femmes (51 %). La grande majorité (85 %) des incidents sont survenus dans une résidence, le plus souvent chez la victime (79 %), chez le contrevenant (4 %) ou dans une autre résidence privée (1 %). De plus, 8 % des incidents se sont produits à l’école, sur le terrain d’une école ou dans un autobus scolaire. Bon nombre de personnes qui ont subi de la violence physique ont dit ne pas se souvenir de l’âge qu’elles avaient au moment de l’incident (39 %), tandis qu’environ 3 sur 10 avaient moins de 12 ans (30 %) ou entre 12 et 14 ans (28 %).

La violence sexuelle était elle aussi plus souvent commise par un homme, mais dans une bien plus grande mesure que ce n’était le cas de la violence physique. Au total, 93 % des personnes qui ont été victimes de violence sexuelle durant l’enfance ont dit qu’un homme était responsable ― 96 % des femmes et 84 % des hommes. Comme dans le cas de la violence physique, la plupart des incidents de violence sexuelle (78 %) se sont produits dans une résidence privée. Comparativement à la violence physique, une proportion relativement plus faible d’entre eux ont eu lieu chez la victime (40 %), et des proportions relativement plus grandes, chez le contrevenant (28 %) ou dans une autre résidence privée (10 %).

Comparativement aux victimes de violence physique, une plus faible proportion (15 %) des victimes de violence sexuelle ont déclaré ne pas se souvenir de l’âge qu’elles avaient au moment de l’incident. Près de la moitié (48 %) des personnes qui ont subi de la violence sexuelle avant l’âge de 15 ans ont dit qu’elles avaient moins de 12 ans au moment de l’incident, tandis que le tiers (34 %) avaient entre 12 et 14 ans.

Fin de l’encadré 4

Les activités en soirée à l’extérieur de la maison et la consommation de marijuana sont liées à la victimisation

De nombreuses caractéristiques liées au mode de vie sont associées à la victimisation — à la fois en tant que facteurs de risque et comme conséquences de la victimisation ou façons de composer avec cette expérience. Par exemple, la consommation excessive d’alcool — qui s’entend du fait d’avoir pris cinq consommations ou plus en une même occasion — et la consommation de drogues non prescrites autres que la marijuana étaient toutes les deux associées à des taux plus élevés de victimisation avec violence en 2019, comparativement aux taux observés chez les personnes qui ne s’étaient pas livrées à ces activités (tableau 4). Toutefois, après la prise en compte d’autres caractéristiques pertinentes, ni l’un ni l’autre de ces deux facteurs ne demeurait un prédicteur significatif de la victimisation.

En revanche, le taux de victimisation avec violence en 2019 était près de quatre fois plus élevé chez les personnes qui avaient consommé de la marijuana au cours des 30 jours ayant précédé l’enquête (217 pour 1 000) que chez celles qui n’en avaient pas consommé (58 pour 1 000). De plus, ce facteur demeurait significatif même après la prise en compte d’autres facteurs (modèle 1).

Une fréquence accrue des activités en soirée, ce qui peut comprendre les sorties pour se rendre au travail, à l’école, dans un bar, un club, un restaurant ou une boutique, ou encore d’autres activités semblables, était également associée à un risque élevé de victimisation avec violence. Non seulement le taux de victimisation avec violence était beaucoup plus élevé chez les personnes qui prenaient part à au moins 20 activités de ce type par mois (153 pour 1 000) comparativement aux personnes ayant entre 0 et 9 activités (57 pour 1 000) ou entre 10 et 19 activités (77 pour 1 000)Note  mais, après la neutralisation de l’effet d’autres facteurs, chaque activité supplémentaire en soirée augmentait le risque de victimisation de 2 % (tableau 4, modèle 1).

Les épisodes d’itinérance sont associés à la victimisation avec violence

Près de 1 Canadien sur 10 (9 %) a déclaré avoir déjà été sans-abri au cours de sa vie, c’est-à-dire qu’il a habité dans un centre d’hébergement, dans la rue ou chez un membre de la famille ou des amis parce qu’il n’avait pas d’autre endroit où aller. Le taux de victimisation avec violence chez les personnes qui avaient déjà été sans-abri au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête était trois fois plus élevé que celui observé chez celles qui n’avaient jamais été sans-abri (207 et 70 incidents pour 1 000 personnes, respectivement) (tableau 4). En outre, le fait d’avoir été sans-abri augmentait la probabilité de subir de la victimisation, après la prise en compte d’autres facteurs (modèle 1).

Lorsque les épisodes d’itinérance étaient plus récents, ils avaient une incidence encore plus marquée sur la victimisation avec violence. Au total, 3 % des personnes ont déclaré avoir été sans-abri à un moment donné au cours des cinq années ayant précédé l’enquête, et leur taux de victimisation avec violence (311 incidents pour 1 000) était près de cinq fois supérieur à celui des répondants qui n’ont jamais été sans-abri. 

Les perceptions selon lesquelles il existe des problèmes sociaux dans le voisinage sont liées à des taux de victimisation plus élevés

L’existence de problèmes sociaux et la criminalité sont étroitement liées; elles se manifestent souvent dans des circonstances semblables et peuvent toutes les deux influer sur le sentiment de crainte (Brunton-Smith, 2011; Gau et Pratt, 2008). Des analyses précédentes ont démontré que les perceptions selon lesquelles il existe des problèmes dans le voisinage sont liées à des taux de victimisation élevés, à des niveaux de crainte plus élevés au moment de marcher seul lorsqu’il fait noir, d’utiliser ou de prendre le transport en commun, ou d’être seul à la maison, et à des niveaux généralement plus faibles de satisfaction à l’égard de la vie (Perreault, 2015; Cotter, 2016). 

Dans le cadre de l’ESG, on a demandé si certains signes de problèmes sociaux ou de désordre physique constituaient un problème dans le voisinage. Au total, près de 6 Canadiens sur 10 (56 %) percevaient l’existence d’un certain type de problème social dans leur voisinage. Plus précisément, 9 % percevaient la présence d’au moins un gros problème, 14 %, pas de gros problème mais au moins un problème modéré, et 34 %, d’au moins un petit problème.

Parmi les signes possibles de problèmes sociaux mesurés au moyen de l’enquête, les plus courants étaient des déchets ou des ordures qui traînent (31 %), du vandalisme, des graffitis ou d’autres dommages causés à des biens ou à des véhicules (26 %) et des gens qui consomment ou vendent des drogues (26 %) (graphique 6). Le plus souvent, ces situations ― comme les autres types de problèmes sociaux mesurés ― étaient perçues comme de petits problèmes.

Graphique 6 début

Graphique 6 Perceptions à l’égard des problèmes sociaux, selon le type de problème, Canada, 2019

Tableau de données du graphique 6 
Tableau de données du graphique 6
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 6. Les données sont présentées selon Type de problème social (titres de rangée) et Un gros problème, Un problème modéré et Un petit problème, calculées selon pourcentage et erreur-type unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Type de problème social Un gros problème Un problème modéré Un petit problème
pourcentage erreur-type pourcentage erreur-type pourcentage erreur-type
Des soirées ou des voisins bruyants 1,8 0,2 5,1 0,3 16,6 0,4
Des gens qui traînent dans les rues 2,1 0,2 4,9 0,3 12,2 0,4
Des déchets ou des ordures qui traînent 3,4 0,2 6,7 0,3 21,3 0,5
Du vandalisme, des graffitis ou d’autres dommages 2,9 0,2 4,9 0,3 18,6 0,4
Des gens attaqués en raison de la couleur de leur peau, de leur origine ethnique ou de leur religion 1,6 0,2 1,6 0,1 5,9 0,3
Des gens qui consomment ou vendent des drogues 4,5 0,2 5,8 0,2 15,7 0,4
Des gens en état d’ébriété ou faisant du tapage dans les endroits publics 2,5 0,2 4,1 0,2 12,5 0,4

Graphique 6 fin

Les taux de victimisation, tant de victimisation avec violence que de victimisation des ménages, étaient plus élevés chez les personnes qui percevaient la présence d’au moins un petit problème dans leur voisinage en 2019. On a dénombré 112 incidents avec violence pour 1 000 personnes qui percevaient la présence d’au moins un petit problème, bien au-delà des 46 incidents pour 1 000 personnes qui ne percevaient la présence d’aucun problème. Plus précisément, les taux de victimisation avec violence étaient les plus élevés parmi les personnes qui percevaient l’existence d’au moins un gros problème (273), suivies des personnes qui percevaient l’existence d’un problème modéré (130). Les personnes selon lesquelles il existait un petit problème dans leur voisinage affichaient un taux de victimisation semblable à celui observé chez les personnes qui ne percevaient pas le moindre problème.

De même, les taux de victimisation des ménages étaient près de trois fois plus élevés chez les personnes qui percevaient la présence d’un problème social (240 pour 1 000 ménages) que chez celles qui n’en percevaient aucun (84).

Il convient de souligner que la perception selon laquelle il existe des problèmes sociaux dans son voisinage était associée à un plus grand risque d’être victime d’un crime violent aussi bien que d’un crime contre les ménages, même après la neutralisation de l’effet d’autres facteurs pertinents. À l’instar de certaines autres caractéristiques, il pourrait s’agir d’un facteur de risque de victimisation (c.-à-d. le fait de vivre dans un secteur où les niveaux de problèmes sociaux sont plus élevés) ou bien d’un résultat de la victimisation (c.-à-d. le fait de percevoir son voisinage ou son secteur d’une façon plus négative après avoir été victime d’un acte criminel).

Par ailleurs, 1 Canadien sur 10 était d’avis que le fait que des gens soient attaqués ou harcelés en raison de la couleur de leur peau, de leur origine ethnique ou de leur religion était un gros problème (2 %), un problème modéré (2 %) ou un petit problème (6 %) dans son voisinage. Il s’agit d’une proportion inférieure à celle observée pour tout autre indicateur de problèmes sociaux dans le voisinage. Toutefois, les personnes appartenant à une minorité visible étaient plus susceptibles que les personnes n’appartenant pas à une minorité visible de percevoir cette situation comme un problème (13 % par rapport à 8 %). Cette constatation concorde avec les résultats d’une initiative de collecte par approche participative menée pendant la pandémie de COVID-19, selon lesquels les participants appartenant à une minorité visible étaient plus susceptibles de croire que ces types d’incidents se produisaient parfois ou souvent (Statistique Canada, 2020). 

Début de l'encadré 5

Encadré 5
Les expériences de discrimination au Canada

Tout comme la victimisation, les expériences de discrimination sont liées aux perceptions à l’égard de la sécurité et du bien-être général (Todorova et autres, 2010). Selon les données de l’Enquête sociale générale (ESG) de 2019 sur la victimisation, 1 Canadien sur 5 (20 %) de 15 ans et plus a déclaré avoir été victime de discrimination ou avoir été traité injustement au moins une fois au cours des cinq années ayant précédé l’enquête.

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les gens peuvent percevoir de la discrimination ou un traitement injuste. Selon les résultats de l’ESG, les plus courantes étaient la race ou la couleur de la peau (8 %), l’appartenance ethnique ou culturelle (6 %), l’apparence physique (autre que la couleur de la peau) (6 %), le sexe (6 %) ou l’âge (5 %)Note  . Parmi les personnes qui percevaient de la discrimination ou un traitement injuste, plus de la moitié (55 %) ont dit attribuer cette perception à plus d’un facteur.

Non seulement il y avait toutes sortes de motifs de discrimination, mais différents groupes étaient plus susceptibles d’être victimes de discrimination ou de traitement injuste. Par exemple, 44 % des personnes gaies, lesbiennes ou bisexuelles ont dit avoir été victimes de discrimination ou avoir été traitées injustement, comparativement à 19 % des personnes hétérosexuelles. Environ le tiers des femmes autochtones (33 %), des hommes autochtones (32 %), des personnes de minorités visibles (29 %) ou des personnes ayant une incapacité (28 %) ont été victimes de discrimination au cours des cinq années ayant précédé l’enquête, ce qui représente des proportions nettement plus élevées que celles observées dans la population non autochtone (19 %), n’appartenant pas à une minorité visible (17 %) ou n’ayant pas d’incapacité (15 %). Une plus grande proportion de femmes (23 %) que d’hommes (17 %) ont déclaré avoir été victimes de discrimination.

Parmi les personnes qui ont fait l’objet de discrimination, les situations les plus courantes sont survenues au travail ou au moment de présenter une demande d’emploi (45 %) ou dans une banque, un magasin ou un restaurant (35 %). La discrimination dans le milieu scolaire était moins fréquente, mais elle a quand même été mentionnée par 1 répondant sur 5 (19 %) ayant fait l’objet de discrimination. En outre, une certaine proportion de victimes ont dit que la discrimination s’était produite dans leurs rapports avec la police (6 %), au moment de franchir la frontière vers le Canada (5 %) ou dans leurs rapports avec les tribunaux (3 %). 

Fin de l’encadré 5

Un revenu familial plus élevé est lié à un plus faible taux de victimisation avec violence et à un plus fort taux de victimisation des ménages

La victimisation criminelle autodéclarée au Canada en 2019 était liée au revenu familial. Le taux de victimisation avec violence était près de deux fois plus élevé chez les personnes dont le revenu familial était inférieur à 40 000 $ (121 pour 1 000) que parmi les personnes dont le revenu familial était de 120 000 $ ou plus (67 pour 1 000).

En revanche, un revenu plus élevé était associé à de plus forts taux de crimes contre les ménages et de crimes contre les biens. Les personnes ayant un revenu de 120 000 $ ou plus affichaient des taux plus élevés de victimisation des ménages (194 pour 1 000 ménages) et de vols de biens personnels (116 pour 1 000 personnes) comparativement aux personnes dont le revenu était inférieur à 40 000 $ (157 pour 1 000 ménages et 77 pour 1 000 personnes, respectivement).

L’ESG comprenait également des questions sur le bien-être économique, afin qu’il soit possible d’examiner les liens qui peuvent exister entre la victimisation et d’autres difficultés ou facteurs de stress liés au revenu. Par exemple, en 2019, 1 Canadien sur 10 (10 %) a déclaré que lui ou son ménage avait été dans l’impossibilité de payer une facture ou de faire un autre paiement prévu. Le taux de victimisation avec violence parmi ce groupe s’établissait à 187 pour 1 000 personnes, ce qui est bien supérieur au taux observé chez les personnes qui n’ont pas fait état de telles difficultés (71 pour 1 000). De même, le taux de victimisation des ménages était près de deux fois plus élevé chez les personnes qui ont éprouvé des difficultés économiques (303 pour 1 000 ménages) que parmi les autres (157 pour 1 000).

Toutefois, après la neutralisation de l’effet d’autres facteurs, les difficultés économiques ne constituaient pas un prédicteur significatif de la victimisation avec violence. Elles demeuraient cependant un prédicteur significatif de la victimisation des ménages, le risque de victimisation étant 1,7 fois plus élevé chez les personnes qui ont été dans l’impossibilité de payer des factures ou de faire des paiements prévus.

Les difficultés économiques peuvent non seulement être un facteur de risque de victimisation, mais aussi être une incidence ou un résultat de la victimisation. C’est pourquoi l’on a demandé aux répondants qui ont été victimisés et qui ont aussi fait état de difficultés économiques si ces difficultés étaient attribuables à la victimisation qu’ils ont subie. Une minorité (9 %) d’entre eux ont directement attribué leurs difficultés financières à la victimisation qu’ils ont subie.

La mobilité résidentielle est liée à des taux plus élevés de victimisation des ménages

Mises à part les difficultés économiques et les perceptions selon lesquelles il existe des problèmes sociaux, soit deux facteurs qui augmentaient de façon indépendante le risque de victimisation des ménages même après la prise en compte d’autres caractéristiques des ménagesNote  , de nombreuses autres caractéristiques des ménages ne semblaient pas avoir d’incidence sur les niveaux de victimisation des ménages.

Les taux de victimisation des ménages étaient, à quelques exceptions près, essentiellement semblables peu importe la taille du ménage, la situation des particuliers dans le ménage, le type de logement, le mode d’occupation, ou le nombre de générations présentes dans le ménage (tableau 5). Parmi les exceptions, les taux étaient plus faibles chez les personnes qui vivaient avec un partenaire comparativement aux personnes qui vivaient seules, tandis que les personnes qui avaient un faible sentiment d’appartenance à leur communauté locale affichaient des taux plus élevés. Toutefois, ces facteurs ne demeuraient pas significatifs une fois que d’autres caractéristiques du ménage ou du voisinage étaient prises en compte.

En revanche, la mobilité résidentielle ― le nombre de fois où le répondant a changé de résidence au cours des cinq années ayant précédé l’enquête ― constituait un facteur qui demeurait significativement lié à la victimisation. Les personnes qui ont déménagé une fois ou qui n’ont pas déménagé du tout affichaient à la fois un plus faible taux de victimisation des ménages dans l’ensemble et un plus faible risque de victimisation des ménages après la neutralisation de l’effet d’autres facteurs, comparativement aux personnes qui avaient déménagé deux fois ou bien trois fois ou plus (tableau 5).

Par ailleurs, le fait de vivre dans une région rurale des provinces, par opposition à une région urbaine des provinces ou dans les territoires, diminuait le risque de victimisation des ménages.

Début de l'encadré 6

Encadré 6
Nouveau contenu de l’Enquête sociale générale de 2019 sur la victimisation

À chaque cycle de l’Enquête sociale générale (ESG) sur la victimisation, du nouveau contenu est intégré afin de répondre aux nouveaux besoins de données ou d’améliorer la façon dont les données sont recueillies. Pour le cycle de 2019, il y a eu deux ajouts importants, soit l’intégration d’une série de questions sur la fraude et l’élargissement des questions permettant de mesurer la violence commise dans le contexte d’une relation amoureuse.

Données autodéclarées sur la fraude au Canada

Étant donné le nombre croissant d’opérations financières effectuées en ligne ces dernières années, les possibilités de fraude suscitent de plus en plus de préoccupations chez les organismes d’application de la loi et la population canadienne en général. Il est difficile de retrouver les fraudeurs, et bien des cas de fraude ne sont pas portés à l’attention de la police. Néanmoins, au cours des 10 dernières années, les affaires de fraude déclarées par la police ont augmenté de 64 % (Moreau et autres, 2020). En 2019, l’ESG sur la victimisation comprenait, pour la première fois, un bref module sur la fraude aux fins de la collecte de renseignements autodéclarés sur ce nouveau type de crimeNote  .

Près des trois quarts (73 %) des Canadiens étaient d’avis que, comparativement à il y a cinq ans, le nombre de cas de fraude au Canada a augmenté. De plus, bon nombre d’entre eux ne jugeaient pas que leurs renseignements personnels étaient protégés contre la fraude ― 1 Canadien sur 3 (34 %) estimait que ses renseignements n’étaient pas très protégés, alors que 1 sur 10 (10 %) a déclaré que ses renseignements n’étaient pas du tout protégés contre la fraude. Presque tous les Canadiens (95 %) avaient pris de quelconques mesures pour se protéger contre la fraude au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête, comme déchiqueter leur courrier personnel, leurs factures ou leurs reçus, examiner leurs relevés bancaires, filtrer leurs appels ou supprimer des courriels douteux.

Environ 1 Canadien sur 6 a déclaré avoir été victime de fraude

Au cours des cinq années ayant précédé l’enquête, plus de 5 millions de Canadiens ― soit 17 % de la population de 15 ans et plus ― ont déclaré avoir été victimes de fraudeNote  . Le type le plus courant de fraude autodéclarée était le fait que quelqu’un a réussi à leur prendre de l’argent ou à acheter des biens et services en utilisant leurs renseignements personnels ou les renseignements liés à leurs comptes (12 %). La majorité (61 %) des personnes qui ont déclaré avoir été victimes de fraude ont subi une certaine perte financière en conséquence. Le plus souvent, les victimes ne savaient pas comment leurs renseignements personnels ont été obtenus (41 %), alors que, dans une proportion considérable des cas, les détails de leur carte ont été copiés ou « clonés » (19 %).

La grande majorité (89 %) des victimes de fraude n’ont pas signalé la fraude à la police. Toutefois, la plupart des incidents ont été signalés d’une façon ou d’une autre ― par exemple, les deux tiers (65 %) des victimes ont déclaré avoir signalé la fraude à leur banque ou à leur société émettrice de cartes de crédit.

Violence entre partenaires intimes ou amoureux

L’ESG sur la victimisation comprend des questions sur la violence commise par les conjoints mariés ou les conjoints de fait actuels et anciens depuis 1999. Plus récemment, la portée de la violence commise par un conjoint ou un ex-conjoint a été élargie de sorte qu’elle inclut la violence entre partenaires intimes de façon plus générale, y compris la violence commise par un partenaire intime ou amoureux. En 2014, deux questions ont été ajoutées au questionnaire pour recueillir de l’information sur la violence entre partenaires intimes ou amoureux et, en 2019, ces questions ont été élargies pour être harmonisées avec les questions utilisées pour mesurer la violence commise par un conjoint ou un ex-conjoint afin d’en améliorer la comparabilité et de permettre le calcul de la prévalence globale de la violence entre partenaires intimes.

Les résultats issus des nouvelles questions sur la violence entre partenaires intimes ou amoureux ont révélé que 13 % des femmes et 11 % des hommes qui avaient eu une fréquentation intime ou amoureuse avec une personne autre qu’un conjoint marié ou un conjoint de fait actuel ou ancien au cours des cinq années ayant précédé l’enquête ont subi une forme quelconque de violence physique ou sexuelle de la part d’un partenaire intime ou amoureux au cours de cette période. Ces proportions n’étaient pas statistiquement différentes. De même, les femmes et les hommes qui avaient eu une fréquentation intime ou amoureuse au cours des cinq années ayant précédé l’enquête étaient tout aussi susceptibles d’avoir été victimes de violence psychologique ou d’exploitation financière de la part d’un partenaire intime ou amoureux (31 % et 32 %, respectivement).

Une analyse plus détaillée de la violence entre partenaires intimes fondée sur les données de l’ESG de 2019 sera présentée dans de futurs articles de Juristat.

Fin de l’encadré 6

Signalement de la victimisation à la police

Les victimes d’un crime peuvent choisir de signaler ― ou de ne pas signaler ― l’incident à la police pour toutes sortes de raisons. Dans le cadre de l’ESG, on a demandé si l’incident a été signalé ou pas, ainsi que les raisons pour lesquelles il a été signalé ou non. Il convient de souligner que les renseignements qui suivent sur le signalement de l’incident à la police (et sur toutes les autres caractéristiques de l’incident) excluent les incidents de violence conjugale, qui ont fait l’objet d’une méthodologie de collecte différente et qui seront analysés dans un futur article de Juristat

En 2019, la plupart des incidents n’ont pas été signalés, comme en témoigne le fait qu’environ 3 incidents sur 10 (29 %) ont été portés à l’attention de la police. Parmi les incidents qui ont été signalés, la plupart l’ont été directement par le répondant (22 %), alors que certains l’ont été d’une autre manière (7 %).

En général, les incidents de victimisation des ménages étaient plus susceptibles que les incidents violents d’avoir été portés à l’attention de la police (35 % par rapport à 24 %) (tableau 6). Cela dit, la proportion d’incidents signalés à la police variait grandement selon le type de crime particulier (graphique 7). Environ la moitié des vols de véhicules à moteur (52 %), des vols qualifiés (47 %E) et des introductions par effraction (45 %) ont été signalés à la police.

Graphique 7 début

Graphique 7 Signalement de la victimisation à la police, selon le type de victimisation, Canada, 2019

Tableau de données du graphique 7 
Tableau de données du graphique 7
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 7. Les données sont présentées selon Type de victimisation (titres de rangée) et Pourcentage d’incidents signalés à la police et Erreur-type(figurant comme en-tête de colonne).
Type de victimisation Pourcentage d’incidents signalés à la police Erreur-type
Agression sexuelle 6 2,0
Vol qualifié 47Note E: à utiliser avec prudence 8,0
Voies de fait 36 3,8
Total des incidents de victimisation avec violenceTableau de Note 1 24 2,5
Introduction par effraction 45 3,4
Vol de véhicules à moteur ou de leurs pièces 52 4,5
Vol de biens du ménage 20 1,8
Vandalisme 37 3,3
Total des incidents de victimisation des ménagesTableau de Note 2 35 1,5
Vol de biens personnels 28 2,2
Tous les crimes 29 1,2

Graphique 7 fin

Il convient de souligner que les agressions sexuelles affichaient le plus faible taux de signalement parmi tous les crimes mesurés dans le cadre de l’ESG, 6 % des incidents survenus en 2019 ayant été portés à l’attention de la police. Ce chiffre cadre avec les résultats d’autres enquêtes fondées sur l’autodéclaration menées avant et après le mouvement #MoiAussi, qui ont révélé que les agressions sexuelles sont beaucoup moins susceptibles que d’autres types de crimes d’être signalées à la police, et que les agressions sexuelles déclarées par la police représentent une fraction de toutes les agressions sexuelles commises au Canada (Conroy et Cotter, 2017; Cotter et Savage, 2019; Rotenberg et Cotter, 2018). Lorsque d’autres caractéristiques de l’incident étaient prises en compte, la probabilité de signaler les agressions sexuelles à la police était d’environ 80 % inférieure à celle des autres crimes violents (voir l’encadré 8).

Contrairement aux autres types de crimes mesurés au moyen de l’ESG, pour lesquels la plupart des incidents signalés à la police l’ont été directement par la victime, les agressions sexuelles étaient tout aussi susceptibles d’être portées à l’attention de la police par la victime (2,4 %) que d’une autre manière (3,3 %).

Les femmes étaient deux fois moins susceptibles que les hommes d’avoir signalé un incident de victimisation avec violence à la police (18 % par rapport à 36 %). Cette différence est attribuable aux agressions sexuelles, dont la grande majorité des victimes étaient des femmes et dont très peu ont été signalées à la police, comme il a été souligné. Lorsque seuls les vols qualifiés et les voies de fait sont examinés, la proportion d’incidents portés à l’attention de la police n’était pas significativement différente entre les femmes et les hommes (33 % et 43 %, respectivement).

Les victimes plus jeunes d’un crime violent étaient moins susceptibles que leurs homologues plus âgées d’avoir signalé l’incident à la police. Parmi les victimes de moins de 35 ans, 16 % ont déclaré que l’incident avait été porté à l’attention de la police, comparativement à 38 % des victimes de 35 ans et plus. Cependant, ces groupes étaient tout aussi susceptibles d’avoir signalé un incident de victimisation des ménages à la police.

Début de l'encadré 7

Encadré 7
Victimisation et confiance en la police

Une récente analyse des données de l’Enquête sociale générale de 2019 a révélé que la plupart des Canadiens avaient confiance en la police; 41 % avaient une grande confiance, et 49 %, une certaine confiance (Ibrahim, 2020). De nombreux facteurs étaient liés à une moindre confiance en la police, le plus important étant un contact négatif précédent. Le fait d’appartenir à une minorité visible, le fait d’être Autochtone et le fait d’avoir une incapacité étaient également associés à des niveaux de confiance moins élevés en la police.

Outre ces facteurs, les expériences de victimisation étaient également liées aux niveaux de confiance en la police. Les personnes qui ont été victimes d’un crime contre la personne ou d’un crime contre les ménages en 2019 avaient moins confiance en la police. Plus de 1 victime d’un crime violent sur 5 (22 %) avait très peu de confiance ou n’avait aucune confiance en la police, comparativement à 9 % des personnes qui n’ont pas fait l’objet d’un crime violent. De même, parmi les répondants qui ont déclaré avoir été victimes d’un crime contre les ménages, 18 % avaient très peu de confiance ou n’avaient aucune confiance en la police, soit le double de la proportion observée chez les répondants qui n’ont pas fait l’objet d’un crime contre les ménages.

Bien que les expériences de victimisation semblent liées à des niveaux généralement plus faibles de confiance en la police, elles ne semblaient pas avoir de lien avec la décision de signaler un incident de victimisation en 2019. Parmi les personnes qui avaient peu ou pas confiance en la police et qui ont été victimes d’un crime violent ou d’un crime contre les ménages, 31 % ont déclaré que l’incident a été signalé à la police, une proportion qui n’est pas statistiquement différente de celle observée chez les personnes qui avaient une grande confiance (32 %) ou une certaine confiance (27 %) en la police.

Il se peut également que les plus faibles niveaux de confiance soient attribuables à une expérience négative vécue après avoir signalé un incident à la police. Cependant, les victimes d’un crime qui ont signalé l’incident étaient tout aussi susceptibles d’avoir peu ou pas confiance en la police que ne l’étaient les personnes qui ont été victimisées sans toutefois avoir signalé l’incident (21 % et 19 %, respectivement).

Ces tendances demeuraient constantes lorsqu’on examinait plus particulièrement les incidents violents, les incidents de victimisation des ménages, et seulement les incidents qui ont été signalés directement par le répondant.

Même si la majorité des victimes d’un crime ont choisi de ne pas le signaler à la police, une grande majorité (91 %) des Canadiens jugeaient probable que leurs voisins alerteraient la police s’ils étaient témoins de ce qui semblerait être un comportement criminel. C’était tout autant le cas des victimes (89 %) que des non-victimes (92 %) d’un crime.

Confiance à l’égard des tribunaux de juridiction criminelle, du système carcéral et du système de libération conditionnelle

En plus de comporter des questions sur la confiance en la police, l’ESG comprenait des questions sur les niveaux de confiance à l’égard d’autres éléments du système de justice pénale canadien, à savoir les tribunaux, le système carcéral et le système de libération conditionnelle. En ce qui a trait aux niveaux de confiance en la police, les Canadiens avaient moins confiance dans les tribunaux de juridiction criminelle, et beaucoup moins confiance dans le système carcéral et le système de libération conditionnelle (voir Ibrahim, 2020). Il convient de souligner qu’une grande proportion d’entre eux ― allant du tiers à la moitié ― ont déclaré qu’ils ne savaient pas si le travail des tribunaux, du système carcéral ou du système de libération conditionnelle était bon, passable ou mauvais en ce qui concerne les indicateurs clés mesurés dans le cadre de l’ESG.

Fin de l’encadré 7

La perception selon laquelle il s’agissait d’un délit anodin ou le fait de juger que le crime n’était pas important sont des raisons courantes de ne pas avoir signalé l’incident à la police

Il existe toutes sortes de raisons pour lesquelles une victime peut choisir de ne pas signaler un incident à la police. En 2019, environ la moitié des victimes d’un crime violent qui n’ont pas signalé l’incident à la police ont dit ne pas l’avoir fait parce qu’il s’agissait d’un délit trop anodin (56 %), que l’incident n’était pas assez important (53 %), que le fait de communiquer avec la police les embêtait (49 %), qu’il s’agissait d’une affaire privée ou personnelle (48 %) ou qu’elles jugeaient que personne n’a été blessé (47 %) (tableau 6).

De nombreuses victimes qui n’ont pas signalé un incident violent à la police ont donné comme raisons des préoccupations au sujet de la police ou du système de justice pénale. Par exemple, 37 % des victimes n’ont pas signalé l’incident parce qu’elles avaient l’impression que le contrevenant ne serait pas puni de façon adéquate, tandis que 32 % ont dit qu’elles ne voulaient pas être embêtées par le processus judiciaire ou qu’elles en avaient peur. Certaines victimes ont plus précisément invoqué la police comme raison, estimant que la police n’aurait pas été en mesure de retrouver le contrevenant (18 %), que la police aurait fait preuve de parti pris (15 %) ou qu’elles avaient reçu un service insatisfaisant de la police dans le passé (13 %).

Comme dans le cas de la victimisation avec violence, quelques-unes des raisons les plus courantes de ne pas avoir signalé un incident de victimisation des ménages étaient qu’il s’agissait d’un délit trop anodin (71 %) ou que l’incident n’était pas assez important (63 %). Bon nombre des victimes d’un crime contre les ménages n’ont pas communiqué avec la police parce qu’elles croyaient que la police n’aurait pas pu retrouver les objets volés (57 %) ou parce qu’il n’y a eu aucune perte financière (50 %).

Les femmes invoquent plus souvent que les hommes la honte et la crainte de ne pas être crues comme raisons pour ne pas avoir communiqué avec la police    

Les femmes et les hommes qui ont été victimes d’un crime violent ont souvent donné des raisons semblables pour ne pas avoir signalé l’incident à la police, et les raisons les plus courantes ont été invoquées par des proportions semblables de femmes et d’hommes (graphique 8). Cela dit, certaines différences importantes ont été constatées. Les hommes étaient plus susceptibles de mentionner que personne n’a été blessé (61 % par rapport à 41 % des femmes) et qu’un rapport d’incident de la police n’était pas exigé par leur compagnie d’assurance (11 % par rapport à 3 %). En revanche, les femmes étaient plus susceptibles que les hommes de dire qu’elles croyaient que le contrevenant ne serait pas puni de façon adéquate (43 % par rapport à 25 %), qu’elles ne pensaient pas que ce genre de chose pouvait être signalé à la police (38 % par rapport à 9 %), qu’elles ressentaient de la honte ou de l’embarras (34 % par rapport à 6 %), qu’elles estimaient qu’on ne les croirait pas (25 % par rapport à 7 %) ou que le signalement causerait honte et déshonneur à la famille (19 % par rapport à 4 %).

Graphique 8 début

Graphique 8 Raisons invoquées pour ne pas avoir signalé l’incident de victimisation avec violence à la police, selon le genre de la victime, 2019

Tableau de données du graphique 8 
Tableau de données du graphique 8
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 8. Les données sont présentées selon Raisons du non-signalement (titres de rangée) et Femmes et Hommes, calculées selon pourcentage et erreur-type unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Raisons du non-signalement Femmes HommesTableau de Note 
pourcentage erreur-type pourcentage erreur-type
Il s’agissait d’un délit anodin 54 6,2 60 6,5
L’incident n’était pas assez important 56 5,9 45 5,8
Le fait de communiquer avec la police l’embêtait 51 6,1 44 6,3
Il s’agissait d’une affaire privée ou personnelle 48 6,2 48 5,9
Personne n’a été blessé 41Note * 6,2 61 6,3
Le contrevenant n’aurait pas été puni de façon adéquate 43Note * 6,8 25 5,1
Il n’y avait aucune intention malveillante 35 5,8 25 6,2
Ne voulait pas être embêté par le processus judiciaire ou en avait peur 33 5,6 30 5,9
Ne voulait pas que le contrevenant ait des démêlés avec la justice 34 6,4 20 4,6
Ne pensait pas que ce genre de chose pouvait être signalé 38Note * 7,0 9 2,8
Ressentait de l’embarras ou de la honte 34Note * 6,9 6 2,6
Rien n’a été volé ou tout a été récupéré 25 5,5 22 4,9
Craignait de ne pas être cru 25Note * 6,1 7 2,5
Peur de la vengeance 22 6,2 12 4,1
La police n’aurait pas retrouvé le contrevenant 19 3,9 16 3,7
La police aurait fait preuve de parti pris 18 5,0 9 3,2
Le signalement causerait honte et déshonneur à la famille 19Note * 5,8 4 2,3
Le service reçu de la police dans le passé n’était pas satisfaisant 12 3,4 15 4,4
L’incident a été signalé à une autre instance officielle 12 3,4 7 2,4
Un rapport d’incident de la police n’était pas exigé par la compagnie d’assurance 3Note * 1,3 11 3,5
Autre raison 3 1,1 8 3,1

Graphique 8 fin

Les raisons invoquées plus souvent par les femmes que par les hommes sont généralement liées au fait que les femmes sont beaucoup plus susceptibles d’être agressées sexuellement. Les craintes selon lesquelles les agresseurs ne seront pas tenus responsables, la compréhension de ce qui constitue une agression sexuelle, les sentiments de honte et d’embarras chez les victimes, la perception selon laquelle les victimes ne seront pas crues, et les préoccupations concernant la honte et le déshonneur sont souvent mentionnés comme obstacles au signalement des agressions sexuelles (Johnson, 2012; Sable et autres, 2006; Taylor et Gassner, 2010; Venema, 2014).

En fait, lorsque l’on compare les raisons de ne pas avoir signalé une agression sexuelle aux raisons de ne pas avoir signalé des voies de fait ou un vol qualifié, on constate des résultats semblables à ceux découlant de la comparaison entre les femmes et les hommes. En outre, certains autres facteurs sont ressortis. Plus particulièrement, les victimes d’agression sexuelle ont plus souvent mentionné que le fait de communiquer avec la police les embêtait (57 %) ou qu’elles ne voulaient pas être embêtées par le processus judiciaire (42 %), comparativement aux victimes d’un autre type de crime violent (40 % et 21 %, respectivement). L’hésitation à avoir des contacts avec le système de justice pénale officiel, qu’elle soit fondée sur leurs propres expériences passées, les expériences vécues par d’autres personnes, ou la crainte de ne pas voir leurs attentes comblées, contribue à dissuader de nombreuses victimes d’agression sexuelle de signaler l’incident qu’elles ont subi (Johnson, 2017; Venema, 2014).

Caractéristiques et répercussions de la victimisation avec violence non conjugale

Non seulement l’Enquête sociale générale sur la sécurité des Canadiens permet de mesurer la prévalence de la victimisation avec violence, mais elle comprend des questions sur les caractéristiques des incidents, en plus de leurs répercussions et des mesures prises par les victimes. Ces renseignements sont d’une importance capitale si l’on veut améliorer la compréhension de la victimisation criminelle et des besoins des victimes, et une grande partie de ces renseignements sont généralement absents des sources officielles ou administratives de données sur la criminalité. Comme c’était le cas des renseignements sur le signalement à la police, l’analyse qui suit des caractéristiques de l’incident exclut les incidents de violence conjugale.

En 2019, les incidents violents se sont le plus souvent produits dans un commerce ou un établissement institutionnel comme un bar ou un restaurant (43 %), à la maison ou à proximité de la maison de la victime (22 %) ou dans la rue ou un autre lieu public (19 %) (tableau 7). Les incidents signalés à la police étaient plus susceptibles d’avoir eu lieu à la maison ou à proximité de la maison de la victime (36 % par rapport à 17 % des incidents qui n’ont pas été signalés), et ils sont moins souvent survenus dans une autre résidence privée (6 % par rapport à 17 %). Pour 1 victime d’un crime violent sur 4 (26 %), l’incident s’est produit sur son lieu de travail. 

Tant pour les hommes que pour les femmes, un commerce ou un établissement institutionnel était le lieu le plus courant où est survenu l’incident de victimisation. Toutefois, les hommes étaient plus susceptibles que les femmes d’avoir été agressés dans la rue ou un lieu public (29 % par rapport à 14 %). En revanche, les femmes ont déclaré plus souvent que les hommes avoir été agressées dans une résidence privée autre que la leur (20 % par rapport à 4 %).

La plupart des incidents de violence non conjugale sont perpétrés par un contrevenant agissant seul, habituellement un homme 

La plupart des incidents (83 %) ont été commis par un seul auteur. C’était plus souvent le cas des incidents visant des femmes (86 %) que des hommes (76 %). Les incidents impliquant plus d’un contrevenant représentaient une plus grande proportion d’incidents signalés à la police (22 %) que d’incidents non signalés (6 %) (tableau 7).

Parmi tous les incidents violents perpétrés par un seul auteur en 2019, 9 sur 10 (89 %) ont été commis par un homme. Il n’y avait pas de différence significative dans cette proportion, que la victime ait été un homme (84 %) ou une femme (91 %), que l’incident ait été signalé à la police (86 %) ou non (89 %), ou que l’incident ait été une agression sexuelle (93 %) ou des voies de fait (87 %)Note  .

Près de la moitié des incidents de violence non conjugale sont perpétrés par un étranger

Dans l’ensemble, près de la moitié (48 %) des incidents de victimisation avec violence non conjugale en 2019 ont été commis par un étranger, et 4 autres incidents sur 10 (42 %) ont été perpétrés par un ami, un voisin ou une connaissance de la victime (tableau 7). Une faible proportion (3 %) de ces incidents ont été commis par un membre de la famille, et la proportion restante (7 %), par une personne ayant un autre type de lien avec la victime.

Un ami, un voisin ou une connaissance était plus susceptible d’avoir perpétré les incidents de victimisation contre les femmes (49 % des incidents) que ceux contre les hommes (30 %). En revanche, près des deux tiers (64 %) des hommes ont été victimes d’un crime perpétré par un étranger, comparativement à 39 % des femmes.

Les incidents commis par un étranger représentaient une proportion encore plus grande des incidents signalés à la police. Parmi les incidents signalés à la police, 60 % ont été commis par un étranger, comparativement à 44 % des incidents qui n’ont pas été portés à leur connaissance. Les incidents dont l’auteur était un ami, un voisin ou une connaissance de la victime représentaient 26 % des incidents qui ont été portés à l’attention de la police, mais près de la moitié (47 %) des incidents qui ne l’ont pas été.

L’infliction de blessures et la présence d’une arme sont associées à une plus grande probabilité de signaler l’incident à la police

Environ 1 victime de crime violent sur 7 (15 %) en 2019 a déclaré avoir été blessée lors de l’incident, la plupart des blessures n’ayant pas nécessité de soins médicaux (tableau 7). Cela dit, plus du quart (26 %) des victimes qui ont signalé l’incident à la police ont subi des blessures, comparativement à 11 % de celles qui n’ont pas signalé l’incident.

Une arme était présente dans le quart (25 %) des incidents violents. Le plus souvent, l’arme était un bâton, une pierre, une bouteille ou un autre type d’arme (16 %). Les victimes ont moins souvent déclaré que l’agresseur avait un couteau (8 %) ou une arme à feu (2 %)Note 

Tout comme les incidents ayant entraîné des blessures, ceux dans lesquels une arme était présente représentaient une plus grande proportion d’incidents signalés à la police. En effet, plus de la moitié (52 %) des incidents signalés à la police mettaient en cause une arme, comparativement à 16 % des incidents non signalés.

Lorsque les principales caractéristiques de l’incident étaient prises en compte, les blessures subies et la présence d’une arme ressortaient en tant que facteurs qui augmentaient de façon indépendante la probabilité de signaler à la police un incident de violence non conjugale (voir l’encadré 8).

La plupart des victimes subissent des répercussions émotionnelles de la victimisation avec violence dont elles ont fait l’objet; 1 victime sur 6 ressent des effets à long terme

Les blessures corporelles ne sont pas le seul indicateur des conséquences que la violence peut avoir sur les victimes; les répercussions émotionnelles ou psychologiques de la victimisation sont également importantes. La grande majorité (87 %) des personnes qui ont été victimes d’un crime violent en 2019 ont déclaré que l’incident avait eu certaines répercussions émotionnelles sur elles, une proportion qui ne différait pas de façon significative entre les femmes et les hommes.

De plus, l’ESG comprenait des questions sur certaines conséquences à long terme de la victimisation avec violence, en fonction des symptômes qui sont associés au trouble de stress post-traumatique. Plus du quart des victimes étaient sur leurs gardes et attentives ou sursautaient facilement (28 %) ou ont essayé de ne pas penser à l’incident de victimisation qu’elles ont subi ou ont évité les situations qui leur y font penser (27 %) (graphique 9). En tout, environ 1 victime sur 6 (16 %) a dit avoir subi au moins trois conséquences psychologiques à long terme. 

Graphique 9 début

Graphique 9 Conséquences à long terme de la victimisation avec violence, 2019

Tableau de données du graphique 9 
Tableau de données du graphique 9
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 9. Les données sont présentées selon Conséquences à long terme (titres de rangée) et Pourcentage et Erreur-type(figurant comme en-tête de colonne).
Conséquences à long terme Pourcentage Erreur-type
A fait des cauchemars à ce sujet ou y a pensé même sans le vouloir 19 3,4
A essayé de ne pas y penser et a tout fait pour éviter les situations qui lui font y penser 27 3,9
Était sur ses gardes et attentif ou sursautait facilement 28 3,9
Se sentait engourdi ou détaché des autres, des activités ou de ce qui l’entoure 19 3,8
A ressenti au moins trois effets à long terme 16 3,7

Graphique 9 fin

Parmi les conséquences à long terme de la victimisation qu’elles ont subie, les femmes étaient plus susceptibles que les hommes de déclarer avoir fait des cauchemars à ce sujet ou y avoir pensé même sans le vouloir (26 % par rapport à 7 %). Toutefois, il n’y avait pas de différence significative entre les femmes et les hommes quant aux autres répercussions à long terme de la victimisationNote  .

Peu de victimes communiquent avec des services officiels ou les utilisent

Conformément aux constatations issues d’autres récentes enquêtes canadiennes sur la victimisation (Perreault, 2015; Cotter et Savage, 2019; Cotter, 2021), relativement peu (14 %) de victimes d’un crime violent en 2019 ont fait appel à un service d’aide aux victimes d’actes criminels. Les femmes (18 %) étaient plus susceptibles que les hommes (7 %) d’avoir communiqué avec un service officiel ou d’y avoir eu recours.

Les raisons invoquées pour ne pas avoir fait appel à des services étaient essentiellement semblables à celles données pour ne pas avoir signalé l’incident à la police. Le plus souvent, les victimes ont dit ne pas avoir communiqué avec un service ou ne pas y avoir eu recours parce que l’incident n’était pas assez important (49 %) ou parce qu’elles ne voulaient pas d’aide ou n’en avaient pas besoin (47 %). La plupart des autres raisons pour lesquelles les victimes n’ont pas fait appel aux services mesurés au moyen de l’ESG ont été invoquées par trop peu d’entre elles pour produire des estimations fiables; les exceptions étaient le fait de ne pas connaître l’existence de ces services (9 %) ou le fait de ressentir trop de honte ou de gêne (8 %).

Début de l'encadré 8

Encadré 8
Facteurs liés à la probabilité de signaler la victimisation avec violence à la police

De nombreux facteurs contribuent à la décision de signaler un incident à la police, mais certains peuvent avoir une plus grande influence que d’autres. On a donc élaboré trois modèles distincts afin d’examiner les facteurs liés à une probabilité accrue ou réduite de signaler la victimisation avec violence à la police. Le premier modèle comprenait des facteurs liés à l’incident même (c.-à-d. le lieu, le lien avec le contrevenant, le type de victimisation); le deuxième modèle comprenait des facteurs liés à la victime (c.-à-d. son âge, son genre, son identité ethnoculturelle); le troisième modèle combinait des caractéristiques de l’incident et de la victime. Afin d’être conformes à la façon dont les données sont recueillies dans le cadre de l’Enquête sociale générale sur la victimisation, ces modèles excluent les incidents de violence conjugale et sont fondés sur les incidents impliquant un seul contrevenant.

Après la prise en compte des caractéristiques de l’incidentNote  , trois facteurs sont ressortis comme étant significativement liés à la probabilité de signaler l’incident à la police, soit la présence d’une arme, l’infliction de blessures et le type de victimisation. La probabilité qu’un incident soit signalé à la police était 3,7 fois plus élevée si une arme était présente lors de l’incident, et 3,2 fois plus élevée si la victime a subi des blessures en raison de l’incident. Au chapitre de la victimisation, les agressions sexuelles étaient environ 80 % moins susceptibles d’être signalées à la police que les vols qualifiés ou les voies de fait, même après la neutralisation de l’effet d’autres facteurs.

Lorsque seules les caractéristiques de la victime étaient examinéesNote  , l’âge et le genre de la victime étaient liés de façon significative à la probabilité de signaler l’incident à la police. Lorsque plusieurs caractéristiques étaient prises en compte, la probabilité qu’une femme signale à la police un incident dont elle a été victime (0,33) était d’environ les deux tiers inférieure à celle observée chez les hommes. La probabilité de signaler un incident violent à la police augmentait de 3 % avec chaque année d’âge supplémentaire. Il convient de souligner que le niveau de confiance des victimes en la police, ainsi que de nombreux facteurs liés à la confiance en la police, comme le fait d’être Autochtone ou d’appartenir à une minorité visible, ne semblaient pas influer de façon indépendante sur la probabilité de signaler un incident de victimisation avec violence à la police en 2019.

Le troisième modèle, qui combinait les caractéristiques significatives de l’incident et de la victime à partir des modèles précédents, a donné lieu à des résultats semblables. En tout, cinq caractéristiques demeuraient significativement liées à la probabilité de signaler un incident de victimisation avec violence à la police. Lorsqu’un incident comportait la présence d’une arme, la probabilité qu’il soit signalé à la police était cinq fois plus élevée et, lorsque l’incident avait causé des blessures à la victime, la probabilité de signaler un incident était quatre fois plus élevée. Le genre et le type de victimisation sont également demeurés significativement liés au signalement d’un incident. La probabilité de signaler un incident était de 63 % inférieure chez les femmes ainsi que chez les victimes d’agression sexuelle. Enfin, l’âge demeurait un prédicteur significatif. Alors que les personnes plus jeunes étaient plus susceptibles d’être victimes d’un crime, les victimes plus âgées étaient plus susceptibles de signaler l’incident à la police. La probabilité de signaler un incident augmentait de 3 % avec chaque année d’âge supplémentaire, après la neutralisation de l’effet des caractéristiques d’intérêt de la victime et de l’incident. 

Fin de l’encadré 8

Perceptions à l’égard de la criminalité, de la sécurité et du voisinage

Non seulement l’Enquête sociale générale (ESG) de 2019 sur la victimisation a servi à mesurer les expériences de victimisation vécues par les répondants, mais elle a également permis de recueillir des renseignements importants sur leurs perceptions à l’égard de divers facteurs liés à la criminalité. Une certaine analyse des perceptions des Canadiens à l’égard du rendement de la police, de leur confiance en la police et de leurs perceptions à l’égard du système de justice pénale a déjà été publiée (Ibrahim, 2020; voir aussi l’encadré 7).

Les trois quarts des Canadiens sont satisfaits de leur sécurité personnelle par rapport à la criminalité

En 2019, plus des trois quarts (78 %) des Canadiens étaient satisfaits de leur sécurité personnelle par rapport à la criminalité, une faible proportion (4 %) étaient insatisfaits, et les autres (18 %) n’étaient ni satisfaits ni insatisfaits ou n’avaient pas d’opinion. Les personnes qui étaient satisfaites de leur sécurité étaient moins susceptibles que les personnes insatisfaites d’avoir été victimes d’un crime violent ou d’un crime contre les ménages au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête (tableau 8).

Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de ne pas se sentir en sécurité dans leur voisinage

D’autres facteurs que la victimisation influeraient sur les perceptions à l’égard de la sécurité. Par exemple, les femmes (74 %) étaient moins susceptibles que les hommes (82 %) d’être satisfaites de leur sécurité personnelle par rapport à la criminalité. Cela dit, des proportions égales de femmes (4 %) et d’hommes (4 %) étaient insatisfaits, tandis qu’une plus grande proportion de femmes n’étaient ni satisfaites ni insatisfaites ou n’avaient pas d’opinion (21 % par rapport à 15 % des hommes). 

Il convient de souligner que la différence entre les genres est encore plus évidente lorsque les perceptions à l’égard de la sécurité sont examinées dans des situations particulières plutôt que dans un sens abstrait général. Près de 1 femme sur 5 (17 %) ne se sentait pas en sécurité quand elle marchait seule dans son voisinage lorsqu’il faisait noir, soit plus du double de la proportion observée chez les hommes (8 %). Qui plus est, les femmes étaient proportionnellement beaucoup moins nombreuses à se sentir tout à fait en sécurité lorsqu’elles le faisaient (30 % par rapport à 50 %). Il convient de noter que ces proportions sont fondées sur les personnes qui s’adonnaient à cette activité; une proportion plus élevée de femmes (14 %) que d’hommes (3 %) ont déclaré qu’elles ne marchaient pas seules dans leur voisinage lorsqu’il faisait noir, un choix qui peut être attribuable à leurs craintes quant à leur sécurité.

Des proportions semblables d’Autochtones (Premières Nations, Métis et Inuits) (76 %) et de non-Autochtones (78 %) étaient satisfaits de leur sécurité personnelle en 2019; les femmes autochtones (69 %) étaient moins susceptibles que les hommes autochtones (82 %) d’être satisfaites de leur sécurité personnelle. Plus particulièrement, 62 %E des femmes inuites étaient satisfaites de leur sécurité personnelle par rapport à la criminalité. Chez les Premières Nations et les Métis, environ 7 femmes sur 10 (68 % et 71 %, respectivement) étaient satisfaites de leur sécurité, des proportions qui n’étaient pas statistiquement différentes de celles observées chez leurs homologues de genre masculin.

Bien qu’il s’agisse d’une faible proportion, les Autochtones étaient plus susceptibles que les non-Autochtones d’être insatisfaits de leur sécurité par rapport à la criminalité (7 % par rapport à 4 %).

Au Canada, un peu moins des trois quarts (72 %) des personnes appartenant à une minorité visible étaient satisfaites de leur sécurité personnelle par rapport à la criminalité en 2019, une proportion inférieure à celle observée chez les personnes n’appartenant pas à une minorité visible (80 %). Il convient de souligner que ce constat concorde avec les résultats d’une initiative de collecte par approche participative menée en 2020, qui ont révélé que les participants appartenant à une minorité visible étaient plus susceptibles de ne pas se sentir en sécurité quand ils marchaient seuls dans leur voisinage lorsqu’il faisait noir pendant les premiers mois de la pandémie de COVID-19 (Heidinger et Cotter, 2020). Autrement dit, il se peut que les résultats constatés pendant la pandémie de COVID-19 ne soient pas une conséquence de la pandémie, mais qu’ils témoignent plutôt du sentiment général de sécurité parmi les minorités visibles.

Un Canadien sur cinq a pris des mesures pour se protéger contre des actes criminels au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête

En 2019, un peu plus de 1 Canadien sur 5 (21 %) a déclaré avoir pris une mesure au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête précisément pour éviter de devenir victime d’un acte criminel. Les mesures les plus souvent prises consistaient à faire installer un système d’alarme, un système d’éclairage à détecteur de mouvements ou un système de surveillance vidéo, à changer ses habitudes ou encore à éviter certaines personnes ou certains endroits, de même qu’à poser de nouvelles serrures. Les femmes (23 %) étaient légèrement plus susceptibles que les hommes (19 %) d’avoir pris une mesure de protection.

Les personnes qui ont été victimes d’un crime en 2019 étaient deux fois plus susceptibles que les autres d’avoir pris une précaution pour se protéger contre des actes criminels (36 % par rapport à 17 %).

La plupart des Canadiens estiment que les niveaux de criminalité dans leur voisinage sont stables

À l’échelle nationale, les données déclarées par la police révèlent que la criminalité a augmenté au cours de la période de cinq ans ayant précédé l’ESG de 2019. L’Indice de gravité de la criminalité, qui permet de mesurer à la fois le volume et la gravité des crimes, a affiché une progression; il est passé de 66,9 en 2014 à 79,5 en 2019 (Moreau et autres, 2020). Toutefois, selon les résultats de l’ESG de 2019, la plupart des Canadiens étaient d’avis que, au cours des cinq années ayant précédé l’enquête, le niveau de criminalité dans leur voisinage était demeuré à peu près le même (74 %). Alors que 1 répondant sur 5 (19 %) croyait que le nombre d’actes criminels commis dans son voisinage avait augmenté, une plus faible proportion (6 %) de répondants estimaient qu’il avait diminué.

Dans l’ensemble, la grande majorité des Canadiens croient que, comparativement aux autres voisinages canadiens, le nombre d’actes criminels commis dans leur voisinage est similaire (23 %) ou moins élevé (71 %). Seulement 4 % des personnes étaient d’avis qu’elles vivaient dans une région où il se commettait plus d’actes criminels que dans les autres régions du Canada, bien que, comme on pouvait s’y attendre, ces personnes étaient plus susceptibles d’avoir été victimes d’un crime violent ou d’un crime contre les ménages au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête. 

Les personnes selon lesquelles le nombre d’actes criminels commis dans leur voisinage était plus élevé qu’ailleurs au Canada affichaient des taux de victimisation avec violence et de victimisation des ménages plus de deux fois supérieurs à ceux observés chez les personnes estimant que le niveau de criminalité était semblable, et de quatre à cinq fois supérieurs à ceux observés chez les personnes jugeant que le nombre d’actes criminels commis dans leur voisinage était moins élevé que dans les autres régions du Canada (tableau 8).

Résumé

En 2019, selon les données de l’Enquête sociale générale (ESG), la plupart (78 %) des Canadiens étaient satisfaits de leur sécurité personnelle par rapport à la criminalité. Les femmes, ainsi que les personnes qui ont été victimes d’un crime, étaient moins susceptibles d’être satisfaites.

Les Canadiens ont déclaré plus de 8 millions d’actes criminels dans le cadre de l’ESG de 2019, le crime le plus courant étant le vol de biens personnels. Parmi les crimes violents mesurés au moyen de l’enquête, les voies de fait étaient les plus fréquentes, suivies des agressions sexuelles et des vols qualifiés. Environ 1 Canadien sur 5 (19 %) ou son ménage a été victime d’un crime en 2019.

D’après les données déclarées dans le cadre de l’ESG, certaines caractéristiques font en sorte qu’une personne ou un ménage soit exposé à un plus grand risque de victimisation. En 2019, les principaux facteurs liés à un risque plus élevé de victimisation avec violence étaient le fait d’être plus jeune, d’être une femme, d’être de minorité sexuelle, de vivre dans un voisinage où l’on perçoit l’existence de problèmes sociaux, d’avoir été sans-abri, d’avoir été victime de violence, d’avoir été témoin de violence, d’avoir subi des pratiques parentales sévères ou de la négligence durant l’enfance, et de prendre part à un plus grand nombre d’activités en soirée à l’extérieur de la maison.

D’autres groupes comme les Premières Nations, les Métis ou les Inuits (Autochtones) et les personnes ayant une incapacité affichaient également des taux de victimisation relativement élevés, mais ces facteurs n’augmentaient pas en soi le risque de victimisation.

Environ 3 incidents sur 10 (29 %) déclarés dans le cadre de l’ESG ont été portés à l’attention de la police. Plus particulièrement, seulement 6 % des agressions sexuelles ont été signalées à la police, ce qui en fait le crime le plus sous-signalé parmi les crimes mesurés au moyen de l’enquête.

Lorsque les caractéristiques de l’incident et les caractéristiques personnelles étaient prises en compte, la présence d’une arme et l’infliction de blessures corporelles lors de l’incident étaient les deux prédicteurs les plus probables du signalement de l’incident à la police. L’âge, le genre et le type de crime demeuraient significativement associés au signalement à la police.

Le présent rapport, qui traite de la victimisation criminelle au Canada en 2019, dresse un portrait global des expériences de victimisation avec violence et de victimisation des ménages, des répercussions de ces expériences, ainsi que des principaux corrélats de la victimisation, des niveaux de signalement à la police et des facteurs liés à la décision de signaler un incident. L’analyse future des données de l’ESG de 2019 peut porter plus précisément sur les expériences vécues par certaines populations ou sur certains types de victimisation.

Tableaux de données détaillés

Tableau 1 Incidents de victimisation déclarés par les Canadiens, selon le type d’infraction, 2019

Tableau 2 Incidents de victimisation déclarés par les Canadiens, selon la province ou le territoire, 2019

Tableau 3 Incidents de victimisation avec violence déclarés par les Canadiens, selon le type d’infraction et certaines caractéristiques démographiques et socioéconomiques, 2019

Tableau 4 Incidents de victimisation avec violence déclarés par les Canadiens, selon certaines expériences vécues au cours de la vie et caractéristiques liées au mode de vie, 2019

Tableau 5 Incidents de victimisation déclarés par les Canadiens, selon certaines caractéristiques du ménage et du voisinage, 2019

Tableau 6 Signalement à la police et raisons invoquées pour avoir signalé ou non l’incident, selon la victimisation avec violence, la victimisation des ménages et le vol de biens personnels, Canada, 2019

Tableau 7 Caractéristiques des incidents violents, selon qu’ils ont été signalés ou non à la police, Canada, 2019

Tableau 8 Perceptions à l’égard de la criminalité, du voisinage et de la sécurité, et taux de victimisation avec violence et de victimisation des ménages, Canada, 2019

Modèle 1 Régression logistique : risque de victimisation avec violence, 2019

Description de l’enquête

Le présent article repose sur les données de l’Enquête sociale générale (ESG) sur la sécurité des Canadiens (victimisation). En 2019, Statistique Canada a mené l’ESG sur la victimisation pour la septième fois. Les cycles précédents ont été menés en 1988, 1993, 1999, 2004, 2009 et 2014. L’ESG sur la victimisation vise essentiellement à mieux comprendre les enjeux liés à la sécurité des Canadiens, y compris les perceptions à l’égard de la criminalité et du système de justice, les expériences de violence entre partenaires intimes et la mesure dans laquelle les personnes se sentent en sécurité au sein de leur collectivité.

La population cible était composée des personnes de 15 ans et plus vivant dans les provinces et les territoires, à l’exception des personnes vivant en établissement à temps plein.

La collecte des données a eu lieu au cours de la période allant d’avril 2019 à mars 2020. Les réponses ont été obtenues au moyen d’interviews téléphoniques assistées par ordinateur (ITAO), d’interviews en personne (dans les territoires seulement) et, pour la première fois, d’une option d’autocollecte par Internet offerte aux répondants à l’ESG sur la victimisation dans les provinces et les capitales territoriales. Les personnes ont pu répondre dans la langue officielle de leur choix.

Une personne de 15 ans et plus a été choisie au hasard au sein de chaque ménage pour répondre à l’enquête. Un suréchantillon d’Autochtones a été ajouté à l’ESG de 2019 sur la victimisation afin de permettre une analyse plus approfondie des personnes appartenant à ce groupe de population. En 2019, la taille de l’échantillon final était de 22 412 répondants.

En 2019, le taux de réponse global s’établissait à 37,6 %. Parmi les non-répondants figuraient les personnes qui ont refusé de participer à l’enquête, celles qui ne pouvaient pas être jointes et celles qui ne parlaient ni le français ni l’anglais. Les chiffres des répondants de l’échantillon ont été pondérés afin que leurs réponses représentent la population canadienne de 15 ans et plus ne vivant pas en établissement.

Limites des données

Comme c’est le cas pour toutes les enquêtes auprès des ménages, les données comportent certaines limites. Les résultats reposent sur un échantillon et sont donc sujets à des erreurs d’échantillonnage. Des résultats légèrement différents auraient pu être obtenus si la population entière avait participé à l’enquête.

En ce qui a trait à la qualité des estimations, les limites inférieure et supérieure des intervalles de confiance sont présentées dans les tableaux et les graphiques. Les intervalles de confiance doivent être interprétés de la façon suivante : si l’enquête devait être répétée à de nombreuses reprises, 95 % du temps (ou 19 fois sur 20), l’intervalle de confiance couvrirait la valeur de la population réelle. Tout au long du présent article, sauf indication contraire, des différences statistiquement significatives ont été déterminées à l’aide d’intervalles de confiance de 95 %.

En plus des intervalles de confiance, les estimations sont classées dans des catégories de qualité en fonction de la taille de l’échantillon non pondéré. Pour l’ESG à l’échelle nationale, les estimations pouvaient être diffusées si l’échantillon non pondéré minimal était de 10 dans le numérateur et de 100 dans le dénominateur; les estimations inférieures à ces seuils sont marquées de la lettre F. De plus, les estimations marquées de la lettre E sont jugées de qualité marginale et doivent être utilisées avec prudence. Pour l’ESG à l’échelle nationale, cela comprend les estimations fondées sur un échantillon non pondéré se situant entre 100 et 199 (inclusivement) dans le dénominateur.

Statistique Canada a confiance en la qualité des données diffusées tirées de l’ESG de 2019 et veille à ce que les données soient adaptées à leur utilisation dans la présente analyse. Il est important de souligner que tout changement significatif dans la méthodologie d’enquête peut avoir des répercussions sur la comparabilité des données au fil du temps. Il est impossible de déterminer avec certitude si, et dans quelle mesure, les différences concernant une variable sont attribuables à un changement réel dans la population ou à des changements dans la méthodologie d’enquête. Il y a cependant des raisons de croire que l’utilisation du questionnaire électronique pourrait avoir une incidence sur les estimations. À chaque étape du traitement, de la vérification et de la diffusion, des efforts considérables ont été déployés pour produire les données les plus précises possible en ce qui a trait à leur niveau de détail et pour veiller à ce que les estimations publiées soient de bonne qualité, conformément aux normes de Statistique Canada. Toutefois, en raison de ces changements, il n’est pas approprié de comparer directement les résultats de l’ESG de 2019 à ceux des cycles précédents.

Il convient de souligner que, même lorsque la proportion de personnes ayant répondu à l’enquête en ligne est semblable, il se peut que l’effet du mode d’enquête soit différent d’une population à l’autre. 

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