Violence entre partenaires intimes : expériences des femmes appartenant à une minorité visible au Canada, 2018
par Adam Cotter, Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités
La violence entre partenaires intimes (VPI) ― c’est-à-dire un éventail de comportements, y compris la violence psychologique, physique et sexuelle ainsi que l’exploitation financière perpétrée par un partenaire intime ― a des répercussions sur les victimesNote , peu importe leur âge, leur genre, leurs antécédents ou d’autres caractéristiques. Même si aucun groupe particulier de la population canadienne n’est à l’abri des expériences de violence entre partenaires intimes, les recherches menées jusqu’à maintenant ont révélé que différents groupes de population peuvent avoir des expériences différentes de la VPI, en ce qui concerne sa prévalence, ses caractéristiques et ses répercussions sur les victimes (Cotter, 2021). Bien qu’il soit important de tenir compte de la VPI et de ses effets, peu importe ces facteurs, il est essentiel de comprendre les expériences variées entre les groupes, car une meilleure compréhension de ces expériences aidera à élaborer des interventions, des services, des programmes ou des stratégies de prévention plus appropriés en matière de VPI.
La Loi sur l’équité en matière d’emploi définit les minorités visibles comme suit : « font partie des minorités visibles les personnes, autres que les autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n’ont pas la peau blanche », et près du quart des Canadiens appartiennent à un groupe de population qui entre dans cette catégorie. Dans le présent article, on examine les expériences de VPI au sein de cette population — en particulier, chez les femmes désignées comme minorités visibles, car en général, les femmes étaient plus susceptibles que les hommes de déclarer avoir subi de la VPI à un moment ou à un autre de leur vie, et elles ont plus souvent déclaré les formes les plus graves de violence et les conséquences les plus négatives (Cotter, 2021).
Le présent article fait partie d’une série de courts rapports portant sur la violence entre partenaires intimes vécue par des membres de différents groupes de population d’après les données autodéclarées de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP) de 2018. Dans cet article, on examine les expériences de VPI au cours de la vie et durant les 12 mois précédant l’enquête des femmes appartenant à une minorité visible, et on fait des comparaisons avec les femmes n’appartenant pas à une minorité visibleNote . Les expériences de VPI au sein de la population canadienne dans son ensemble (Cotter, 2021), chez les femmes autochtones (Heidinger, 2021), les hommes de minorité sexuelle (Jaffray, 2021a) et les femmes de minorité sexuelle (Jaffray, 2021b), les femmes ayant une incapacité (Savage, 2021a) et les jeunes femmes (Savage, 2021b) sont examinées dans les autres rapports de cette sérieNote .
Définir la population désignée comme minorité visible
Dans le cadre de l’ESEPP, on a demandé aux répondants d’indiquer le ou les groupes ethnoculturels auxquels ils appartiennent. Les personnes qui s’identifient à des groupes particuliers — principalement les Asiatiques du Sud, les Chinois, les Noirs, les Philippins, les Latino-Américains, les Arabes, les Asiatiques du Sud-Est, les Asiatiques de l’Ouest, les Coréens et les Japonais — sont désignées comme minorités visibles selon la définition de la Loi sur l’équité en matière d’emploi. En d’autres termes, les répondants ne se sont pas auto-identifiés comme appartenant à une minorité visible. Il s’agit plutôt d’une catégorie dérivée aux fins de l’analyse. Lorsque la taille de l’échantillon le permet, les groupes sont ventilés dans la présentation des résultats afin de tenir compte des expériences particulières et de l’hétérogénéité des groupes de population désignés comme minorités visibles. Il convient de souligner que les Premières Nations, les Métis et les Inuits ne font pas partie de la population désignée comme minorité visible.
Il y avait des différences démographiques notables entre les femmes appartenant à une minorité visible et celles n’appartenant pas à une minorité visible. Par exemple, selon les résultats de l’ESEPP de 2018, les femmes appartenant à une minorité visible étaient plus jeunes (45 % avaient moins de 35 ans, par rapport à 27 % des femmes n’appartenant pas à une minorité visible), plus susceptibles d’avoir un emploi (72 % par rapport à 65 %), plus susceptibles de détenir un baccalauréat ou un diplôme supérieur (45 % par rapport à 31 %), beaucoup plus susceptibles d’être immigrantes (76 % par rapport à 11 %) et plus susceptibles d’être célibataires (37 % par rapport à 21 %).
Début de l'encadré 1
Encadré 1
Mesurer et définir la violence entre partenaires intimes
Dans le cadre de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP), des renseignements ont été recueillis sur la violence entre partenaires intimes (VPI) subie par les Canadiens depuis l’âge de 15 ans et au cours des 12 mois qui ont précédé l’enquête. L’enquête porte sur une vaste gamme de comportements commis par des partenaires intimes, y compris la violence psychologique, physique et sexuelle. La définition de partenaire était également large et englobait les conjoints mariés, conjoints de fait, partenaires amoureux et autres partenaires intimes actuels et anciens.
Dans l’ESEPP, la violence entre partenaires intimes est définie comme tout acte ou comportement violent commis par un partenaire intime actuel ou ancien, sans égard au fait que les partenaires vivent ensemble ou non. Dans le présent article, la violence entre partenaires intimes est généralement classée en trois catégories, soit la violence psychologique, la violence physique et la violence sexuelle.
La violence psychologique englobe les formes de violence qui ciblent le bien-être émotionnel, mental ou financier d’une personne ou qui nuisent à sa liberté personnelle ou à son sentiment de sécurité. Cette catégorie comprend 15 types particuliers d’abus, dont la jalousie, les insultes et autres injures, le harcèlement ou les comportements harcelants, la manipulation, la séquestration ou les dommages matériels (pour obtenir la liste complète des éléments inclus dans cette catégorie, voir le tableau 1). Cette catégorie comprend également le fait que le partenaire avait rejeté sur la victime la faute de ses comportements violents ou abusifs, qui a été mesuré parmi les répondants qui ont subi certaines formes de VPI.
La violence physique comprend les formes de violence qui comportent des voies de fait ou des menaces d’agression physique. Au total, neuf types d’abus sont inclus dans cette catégorie, y compris les objets lancés à la victime, les menaces avec une arme, le fait d’être giflé, de se faire battre et de se faire étrangler (voir le tableau 1).
La violence sexuelle comprend les agressions sexuelles ou les menaces d’agression sexuelle et a été mesurée à l’aide de deux questions, soit le fait d’obliger la victime à se livrer à des actes sexuels contre son gré et le fait de forcer ou de tenter de forcer la victime à avoir des relations sexuelles.
Dans l’analyse présentée dans cet article, on adopte une approche inclusive à l’égard de la vaste gamme de comportements qui constituent la VPI. Aux fins de la présente analyse, les personnes qui ont répondu « oui » à au moins un élément de l’enquête mesurant la VPI sont incluses comme ayant été victimes de violence de la part d’un partenaire intime, peu importe le type ou la fréquence de la violence.
Pour de plus amples renseignements sur les mesures de la VPI dans le cadre de l’ESEPP et d’autres sources de données sur la VPI au Canada, voir Cotter (2021).
Fin de l’encadré 1
Trois femmes appartenant à une minorité visible sur dix ont subi une forme ou une autre de violence entre partenaires intimes au cours de leur vie
Selon les résultats de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP), parmi celles qui ont déjà été dans une relation avec un partenaire intime, 29 % des femmes appartenant à un groupe ethnoculturel désigné comme minorité visible ont déclaré avoir subi une forme quelconque de violence psychologique, physique ou sexuelle aux mains d’un partenaire intime au cours de leur vie (depuis l’âge de 15 ansNote ) (tableau 1, tableau 2)Note . Cette proportion était inférieure à celle observée chez les femmes n’appartenant pas à une minorité visible, dont près de la moitié (47 %) ont déclaré avoir subi une forme de violence entre partenaires intimes (VPI) au cours de leur vieNote .
Selon la définition de minorité visible de la Loi sur l’équité en matière d’emploi, les personnes des Premières Nations, métisses et inuites (Autochtones) ne font pas partie de la population appartenant à une minorité visible. Au total, 6 femmes autochtones sur 10 (61 %) ont subi une forme ou une autre de VPI au cours de leur vie, une proportion nettement plus élevée que celle observée chez les femmes non autochtones n’appartenant pas à une minorité visible (44 %)Note . Par ailleurs, une proportion beaucoup plus faible de femmes appartenant à une minorité visible ont subi de la VPI au cours de leur vie comparativement à la proportion observée chez les femmes autochtones et chez les femmes non autochtones n’appartenant pas à une minorité visible.
La violence psychologique était la forme la plus courante de VPI, déclarée par 29 % des femmes appartenant à une minorité visible et 46 % des femmes n’appartenant pas à une minorité visible (tableau 1, tableau 2). Venaient ensuite la violence physique (13 % des femmes appartenant à une minorité visible par rapport à 25 % des femmes n’appartenant pas à une minorité visible) et la violence sexuelle (6 % des femmes appartenant à une minorité visible par rapport à 13 % des femmes n’appartenant pas à une minorité visible).
La plupart des victimes de VPI ont subi plus d’un type de comportement violent. C’était le cas peu importe le groupe ethnoculturel, car des proportions semblables de femmes appartenant à une minorité visible (15 %) et de femmes n’appartenant pas à une minorité visible (16 %) qui ont été victimes de VPI ont déclaré avoir vécu un seul type de VPI au cours de leur vie. En revanche, parmi les victimes de VPI, les femmes appartenant à une minorité visible étaient moins susceptibles que les femmes n’appartenant pas à une minorité visible d’avoir subi au moins 10 des comportements violents mesurés au moyen de l’enquête (21 % par rapport à 30 %).
Parmi les femmes appartenant à une minorité visible qui ont subi de la VPI, les comportements violents les plus courants étaient le fait d’avoir un partenaire jaloux et qui ne veut pas qu’elles parlent à d’autres personnes (20 %), d’être rabaissées ou de se faire dire des mots blessants (18 %), d’être traitées de personne dérangée, stupide ou bonne à rien (17 %), de se faire demander par leur partenaire avec qui et où elles étaient en tout temps (12 %) et d’être bousculées, poussées, agrippées ou projetées au sol (9 %) (tableau 1).
Il convient de noter qu’il s’agissait également des cinq comportements violents les plus souvent déclarés par les femmes n’appartenant pas à une minorité visible et, dans chaque cas, la prévalence était plus élevée chez les femmes n’appartenant pas à une minorité visible. En fait, c’était le cas pour presque tous les types de comportements violents mesurés au moyen de l’ESEPPNote .
Les femmes appartenant à une minorité visible et les femmes n’appartenant pas à une minorité visible étaient tout aussi susceptibles d’avoir subi de la violence physique et sexuelle de la part d’un partenaire intime au cours des 12 mois précédents
Comme c’était le cas lorsqu’on a examiné les données sur la prévalence au cours de la vie, les femmes appartenant à une minorité visible étaient moins susceptibles d’avoir subi de la VPI en général (9 %) ou de la VPI psychologique (9 %) durant les 12 mois précédant l’enquête comparativement aux femmes n’appartenant pas à une minorité visible (13 % et 12 %, respectivement) (tableau 1, tableau 2).
Toutefois, contrairement à ce qu’on a vu dans les données sur la prévalence au cours de la vie, les femmes appartenant à une minorité visible et les femmes n’appartenant pas à une minorité visible étaient tout aussi susceptibles d’avoir été victimes de violence physique (2 % chaque groupe) ou sexuelle (1 % chaque groupe) durant les 12 mois précédant l’enquête.
La majorité des femmes appartenant à une minorité visible qui ont été victimes de violence de la part d’un partenaire intime au cours des 12 mois précédant l’enquête ont dit que cela s’était produit à plus d’une reprise. Plus précisément, 26 % ont déclaré que cela s’était produit chaque mois ou plus, et 53 % ont déclaré que cela s’était produit au moins quelques fois au cours de l’année précédente. Environ 1 femme appartenant à une minorité visible sur 5 (21 %) qui a été victime de VPI a déclaré que les comportements violents ou abusifs qu’elle a vécus s’étaient produits une fois au cours des 12 mois précédents. Aucune de ces proportions n’était statistiquement différente de celles observées chez les femmes n’appartenant pas à une minorité visible qui ont subi de la VPINote .
Par rapport aux autres groupes appartenant à une minorité visible, les femmes arabes, noires et latino-américaines affichent des taux plus élevés de violence de la part d’un partenaire intime
L’examen de la VPI dans l’ensemble de la population des femmes appartenant à une minorité visible peut révéler des renseignements précieux sur la violence entre partenaires intimes et, dans certains cas, est nécessaire pour analyser les données d’une enquête-échantillon, car les petits groupes n’ont peut-être pas un échantillon suffisamment grand pour appuyer une analyse significative. Cela dit, le fait d’examiner uniquement la population des minorités visibles dans son ensemble peut aussi masquer les différences entre les groupes distincts qui composent cette population.
La population désignée comme étant des minorités visibles comprend un large éventail de groupes ethnoculturels, et les expériences d’un groupe particulier peuvent varier considérablement par rapport à celles de l’ensemble de la population des minorités visibles. En particulier, les femmes arabes (44 %), noires (42 %) et latino-américaines (47 %) étaient plus susceptibles d’avoir été victimes de VPI depuis l’âge de 15 ans comparativement à l’ensemble de la population des minorités visibles (29 %) (graphique 1). Il n’y avait aucune différence statistiquement significative dans la prévalence de la VPI entre ces groupes de femmes et la population n’appartenant pas à une minorité visible (47 %). Par ailleurs, les femmes chinoises (23 %) et philippines (18 %) étaient moins susceptibles que les femmes appartenant à une minorité visible en général d’avoir subi de la VPI au cours de leur vie.
Graphique 1 début
Tableau de données du graphique 1
Groupe ethnoculturel |
Violence entre partenaires intimes depuis l’âge de 15 ans | |
---|---|---|
pourcentage | erreur-type | |
Arabes | 44Note * | 12,37 |
Noirs | 42Note * | 7,70 |
Chinois | 23Note *** | 4,43 |
Philippins | 18Note *** | 5,98 |
Japonais | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Coréens | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Latino-Américains | 47Note * | 10,19 |
Asiatiques du Sud | 30Note ** | 7,49 |
Asiatiques du Sud-Est | 32Note ** | 11,70 |
Asiatiques occidentaux | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
Groupe non indiqué ailleurs | 43 | 14,10 |
Groupe désigné comme minorité visible | 29Note ** | 2,82 |
Groupe non désigné comme minorité visible | 47Note * | 1,06 |
... n'ayant pas lieu de figurer F trop peu fiable pour être publié
Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés. |
Graphique 1 fin
Bon nombre de ces différences dans les expériences de VPI au cours de la vie n’étaient pas observables durant les 12 mois précédant l’enquête. Plus de 1 femme arabe (21 %), noire (13 %) et latino-américaine (12 %) sur 10 a déclaré avoir subi de la VPI au cours des 12 mois précédents, mais ces proportions n’étaient pas statistiquement différentes de celles des femmes appartenant à une minorité visible ou n’appartenant pas à une minorité visible dans l’ensemble. Cela dit, comme ça a été le cas au cours de leur vie, les femmes chinoises (8 %) et philippines (3 %) étaient moins susceptibles que les femmes n’appartenant pas à une minorité visible (13 %) d’avoir été victimes de VPI durant les 12 mois précédents.
Une femme sur quatre âgée de moins de 24 ans et appartenant à une minorité visible a subi de la violence de la part d’un partenaire intime au cours des 12 mois précédents
L’âge, qui est souvent un facteur de risque important en matière de victimisation, a joué un rôle majeur dans la probabilité d’être victime de VPI chez les femmes appartenant à une minorité visible. Le quart (25 %) des femmes appartenant à une minorité visible âgées de 15 à 24 ans ont été victimes de VPI au cours des 12 mois précédant l’enquête. Chez les femmes appartenant à une minorité visible, la proportion de celles qui ont été victimes de VPI était plus de deux fois plus élevée chez les 15 à 24 ans que dans tout autre groupe d’âge (tableau 3). De plus, chez les 15 à 24 ans, il n’y avait pas de différence statistique dans la proportion de femmes victimes de VPI entre les femmes appartenant à une minorité visible (25 %) et celles n’appartenant pas à une minorité visible (30 %). En revanche, la proportion de femmes appartenant à une minorité visible âgées de 25 à 34 ans (8 %) ou de 35 à 44 ans (7 %) qui ont été victimes de VPI était environ la moitié de celle des femmes n’appartenant pas à une minorité visible (16 % et 15 %, respectivement).
La prévalence plus faible de la violence entre partenaires intimes chez les femmes appartenant à une minorité visible reflète les expériences des immigrantes
Non seulement l’âge était un facteur contribuant aux différences dans la prévalence de la VPI chez les femmes appartenant à une minorité visible, mais il s’additionne aussi à d’autres caractéristiques pour influer sur les expériences de VPI chez d’autres groupes. En particulier, des recherches antérieures au Canada ont révélé que les taux plus faibles de victimisation chez la population des minorités visibles étaient en grande partie attribuables à des taux moins élevés chez les personnes immigrantes appartenant à une minorité visible; les personnes non immigrantes appartenant à une minorité visible affichent des taux de victimisation avec violence semblables à ceux des personnes n’appartenant pas à une minorité visible (Ibrahim, 2018; Simpson, 2018). Dans l’ESEPP, la population des non-immigrants appartenant à une minorité visible était beaucoup plus jeune en moyenne que la population des immigrants appartenant à une minorité visible. Près de la moitié (49 %) des non-immigrantes appartenant à une minorité visible étaient âgées de 15 à 24 ans, comparativement à 16 % des immigrantes appartenant à une minorité visible.
Les taux plus faibles de VPI chez les femmes appartenant à une minorité visible reflétaient en grande partie les expériences des immigrantes (graphique 2)Note . Ainsi, 1 immigrante sur 4 (26 %) appartenant à une minorité visible au Canada a été victime de VPI au cours de sa vie, soit environ la moitié de la proportion de femmes non immigrantes, qu’elles appartiennent à une minorité visible (47 %) ou non (48 %). Autrement dit, lorsqu’on examine uniquement les données sur les femmes non autochtones nées au Canada, la prévalence de la VPI est la même chez les femmes appartenant à une minorité visible et celles n’appartenant pas à une minorité visible.
Graphique 2 début
Tableau de données du graphique 2
Certaines caractéristiques de la victime |
Depuis l'âge de 15 ans | Au cours des 12 mois précédents | ||
---|---|---|---|---|
pourcentage | erreur-type | pourcentage | erreur-type | |
Personne autochtone (Premières Nations, Métis ou Inuit) | 61Note * | 4,81 | 17 | 4,51 |
Personne immigrante, appartenant à une minorité visible | 26Note * | 3,02 | 8 | 2,07 |
Personne immigrante, n'appartenant pas à une minorité visible | 38Note * | 3,42 | 12 | 3,28 |
Personne non immigrante, non autochtone, appartenant à une minorité visible | 47 | 7,36 | 12 | 4,32 |
Personne non immigrante, non autochtone, n'appartenant pas à une minorité visibleTableau de Note † | 48 | 1,17 | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer |
F trop peu fiable pour être publié ... n'ayant pas lieu de figurer
Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés. |
Graphique 2 fin
Il convient de noter que l’ESEPP a été menée en français et en anglais seulement, ce qui pourrait avoir une incidence particulière sur les résultats pour les répondants immigrants. Une minorité (6,8 %) d’immigrants ne parlaient ni le français ni l’anglais, comparativement à 0,4 % des non-immigrantsNote . Bien que la grande majorité des immigrants parlent au moins une langue officielle, il est important de reconnaître qu’en raison de la langue de collecte des données, les résultats de l’ESEPP ne reflètent peut-être pas entièrement les expériences des immigrantes au Canada.
Environ le quart (24 %) des femmes appartenant à une minorité visible ont été agressées physiquement ou sexuellement par un adulte avant l’âge de 15 ans, comparativement à un peu moins de 3 femmes sur 10 (29 %) n’appartenant pas à une minorité visible. Comme c’est le cas dans la population générale (Burczycka, 2017; Cotter, 2021), des antécédents de violence physique, sexuelle ou psychologique pendant l’enfance ont été liés à une prévalence plus élevée de VPI à l’âge adulte chez les femmes appartenant à une minorité visible (tableau 3). Plus de la moitié (55 %) des femmes appartenant à une minorité visible qui ont été agressées physiquement ou sexuellement par un adulte avant l’âge de 15 ans ont déclaré avoir été victimes de VPI au cours de leur vie, soit une proportion près de trois fois plus élevée que celle observée chez les femmes appartenant à une minorité visible qui n’ont pas subi de violence (21 %). En outre, la prévalence de la VPI était plus de trois fois plus élevée chez les femmes appartenant à une minorité visible qui ont été victimes de violence psychologique ou de négligence pendant leur enfance (42 %) comparativement aux femmes appartenant à une minorité visible qui ne l’ont pas été (13 %).
Les femmes appartenant à une minorité visible sont moins susceptibles de déclarer éprouver de la peur, de l’anxiété et des sentiments d’être contrôlées ou piégées par un partenaire
En plus de permettre l’analyse de la prévalence de la VPI dans différents groupes, l’ESEPP comprenait également des questions sur les répercussions émotionnelles à plus long terme découlant de leurs expériences de violence entre partenaires intimes.
Un peu moins de la moitié (49 %) des femmes appartenant à une minorité visible qui ont été victimes de VPI au cours de leur vie ont déclaré s’être senties anxieuses ou sur leurs gardes en raison du comportement violent d’un partenaire, tandis que 1 sur 3 (33 %) s’est sentie contrôlée ou piégée par un partenaire violent. Parallèlement, un peu moins de 3 sur 10 (28 %) ont eu peur d’un partenaire à un moment donné depuis l’âge de 15 ans; la peur est souvent incluse dans les mesures de la VPI comme indication possible de formes relativement plus graves ou coercitives de VPI (Johnson et Leone, 2005).
Dans les trois cas, les femmes n’appartenant pas à une minorité visible étaient plus susceptibles de déclarer ces conséquences de la VPI qu’elles ont subies; 58 % se sentaient anxieuses, 44 % se sentaient contrôlées ou piégées et 38 % avaient peur d’un partenaire. Il n’est pas possible d’analyser plus à fond les répercussions par sous-populations particulières en raison de la petite taille de l’échantillon.
En ce qui concerne le nombre de partenaires violents, les expériences étaient semblables, peu importe le groupe ethnoculturel. Les femmes appartenant à une minorité visible (69 %) et les femmes n’appartenant pas à une minorité visible (67 %) qui ont été victimes de VPI au cours de leur vie ont déclaré qu’un partenaire intime était responsable de la violence, des proportions qui n’étaient pas statistiquement différentes.
Les répercussions de la violence entre partenaires intimes et les mesures prises par les victimes sont semblables pour les femmes appartenant à une minorité visible et celles n’appartenant pas à une minorité visible
Il y a de nombreux obstacles au signalement de la VPI ou à l’accès aux services, dont certains sont particulièrement pertinents dans le contexte de l’étude des femmes appartenant à une minorité visible, et plus précisément celles qui sont aussi des immigrantes (Tabibi et autres, 2018). Par exemple, les victimes de VPI ont dit s’être heurtées à des obstacles comme la discrimination et le racisme systémiques ou au sein des services; l’isolement géographique, social ou culturel; les obstacles linguistiques ou le manque de services adéquats ou adaptés à la culture; la crainte d’être expulsées en raison de leur statut précaire, ou les croyances culturelles selon lesquelles la famille doit rester unie et certaines affaires doivent demeurer privées (Tabibi et autres, 2018; McCart et autres, 2010; Davis et Henderson, 2003).
Bien que la prévalence globale de la VPI au cours des 12 mois précédant l’enquête ait été légèrement plus élevée chez les femmes n’appartenant pas à une minorité visible, la prévalence de la violence physique et de la violence sexuelle était la même — et, ainsi, il n’y avait pas de différence statistiquement significative dans les répercussions de la VPI déclarées par les femmes appartenant à une minorité visible et les femmes n’appartenant pas à une minorité visible (graphique 3). Par exemple, peu importe l’appartenance à une minorité visible, la majorité des femmes qui ont été victimes de VPI ont déclaré que la violence avait des répercussions émotionnelles, et environ 1 sur 10 a déclaré des symptômes qui correspondent à un trouble de stress post-traumatique.
Graphique 3 début
Tableau de données du graphique 3
Répercussions |
Femmes appartenant à une minorité visible | Femmes n'appartenant pas à une minorité visible | ||
---|---|---|---|---|
pourcentage | erreur-type | pourcentage | erreur-type | |
L’incident a causé des répercussions émotionnelles | 87,2 | 7,3 | 93,2 | 1,2 |
La victime a parlé à quelqu’un | 59,3 | 10,8 | 68,8 | 3,5 |
La victime a été blesséeTableau de Note 1 | 26,0 | 16,4 | 18,4 | 4,9 |
La victime s’est séparée en raison de la violence | 17,2 | 7,7 | 17,3 | 3,3 |
La victime présentait des symptômes correspondant au trouble de stress post-traumatique | 11,9 | 7,3 | 13,1 | 2,6 |
La victime a eu recours à un service d’aide ou a communiqué avec ce dernier | 13,0 | 8,1 | 12,3 | 2,7 |
La victime a perdu connaissance | Note F: trop peu fiable pour être publié | Note ...: n'ayant pas lieu de figurer | 3,4 | 2,3 |
... n'ayant pas lieu de figurer F trop peu fiable pour être publié
Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés. |
Graphique 3 fin
Outre ces conséquences, de nombreuses victimes de VPI ont choisi de prendre des mesures à la suite de la violence, en en discutant le plus souvent avec quelqu’un. Une plus faible proportion d’entre elles ont eu recours à un service d’aide officiel ou ont communiqué avec un tel service en raison de la violence qu’elles ont subie. Une minorité (4 %) des femmes appartenant à une minorité visible qui ont été victimes de VPI au cours des 12 mois précédant l’enquête ont déclaré que la police avait été informée de la violence, une proportion qui n’était pas statistiquement différente de celle des femmes n’appartenant pas à une minorité visible (7 %).
Début de l'encadré 2
Encadré 2
Victimisation avec violence au cours de la vie
Près du tiers des femmes appartenant à une minorité visible ont été agressées physiquement ou sexuellement au cours de leur vie
Si l’on tient compte de l’ensemble des agressions physiques et sexuelles — c’est-à-dire la violence perpétrée par des partenaires intimes et la violence commise par des personnes autres que des partenaires intimes —, un peu moins du tiers (31 %) des femmes désignées comme appartenant à une minorité visible ont déclaré avoir été agressées physiquement ou sexuellement au moins une fois depuis l’âge de 15 ans (tableau 4; graphique 4). Cette proportion s’établissait à près de la moitié (49 %) des femmes n’appartenant pas à une minorité visible.
Graphique 4 début
Tableau de données du graphique 4
Agressions physiques | Agressions sexuelles | Ensemble de la victimisation avec violence | ||
---|---|---|---|---|
pourcentage | ||||
Femmes appartenant à une minorité visibleTableau de Note † | Partenaire intimeTableau de Note 1 | 12,7 | 6,3 | 15,1 |
Personne autre qu’un partenaire intime | 18,0 | 18,8 | 26,9 | |
Total | 22,8 | 20,9 | 30,9 | |
Femmes n'appartenant pas à une minorité visible | Partenaire intimeTableau de Note 1 | 25,2Note * | 12,7Note * | 28,0Note * |
Personne autre qu’un partenaire intime | 28,3Note * | 33,3Note * | 41,9Note * | |
Total | 38,2Note * | 36,6Note * | 48,9Note * | |
Source : Statistique Canada, Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés. |
Graphique 4 fin
Malgré les différences observées dans la prévalence au cours de la vie, la proportion de femmes qui ont été victimes de violence au cours des 12 mois précédant l’enquête était la même pour les femmes appartenant à une minorité visible et celles n’appartenant pas à une minorité visible (tableau 5). Ces proportions étaient les mêmes, peu importe le lien de l’auteur présumé avec la victime.
Lorsqu’on examine des groupes ethnoculturels particuliers, on constate que les femmes latino-américaines (51 %) et noires (41 %) étaient plus susceptibles d’avoir été agressées physiquement ou sexuellement au cours de leur vie que les femmes appartenant à une minorité visible en général (31 %). En revanche, la victimisation avec violence au cours de la vie était plus faible chez les femmes philippines (21 %) que chez les femmes appartenant à une minorité visible (31 %) ou n’appartenant pas à une minorité visible (49 %). Bien qu’elles ne soient pas statistiquement différentes de l’ensemble des femmes appartenant à une minorité visible, les Asiatiques du Sud-Est (23 %), les Chinoises (27 %) et les Asiatiques du Sud (31 %) ont également enregistré des taux de victimisation au cours de leur vie inférieurs à ceux des femmes n’appartenant pas à une minorité visible.
Dans presque toutes les régions, les femmes appartenant à une minorité visible sont moins susceptibles que les femmes n’appartenant pas à une minorité visible d’être victimes d’agression physique ou sexuelle
À l’exception des provinces de l’Atlantique, où il n’y avait pas de différence statistiquement significative dans la proportion de femmes appartenant à une minorité visible (37 %) et de femmes n’appartenant pas à une minorité visible (46 %) qui ont été agressées physiquement ou sexuellement au cours de leur vie, une proportion plus élevée de femmes n’appartenant pas à une minorité visible que de femmes appartenant à une minorité visible ont déclaré avoir été victimes de violence dans chaque région (tableau 6). Plus particulièrement, en Saskatchewan, en Colombie-Britannique et dans les territoires, les femmes appartenant à une minorité visible étaient environ deux fois moins susceptibles d’avoir été victimes de violence que les femmes n’appartenant pas à une minorité visible.
Fin de l’encadré 2
Tableaux de données détaillés
Description de l’enquête
En 2018, Statistique Canada a mené le premier cycle de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP). Cette enquête a pour objet de recueillir des renseignements sur les expériences vécues par les Canadiens en public, au travail, en ligne et dans leurs relations intimes.
La population cible de l’ESEPP est composée des Canadiens de 15 ans et plus résidant dans les provinces et les territoires. Les personnes vivant en établissement ne sont pas incluses. Cela signifie que les résultats de l’enquête pourraient ne pas tenir compte des expériences de violence aux mains d’un partenaire intime des personnes vivant dans un refuge, un établissement ou un autre type de logement collectif. Une fois qu’un ménage était joint, une personne de 15 ans et plus était sélectionnée au hasard pour participer à l’enquête.
Dans les provinces, la collecte des données s’est déroulée d’avril à décembre 2018. Les réponses ont été obtenues au moyen d’un questionnaire à remplir soi-même en ligne ou d’un questionnaire administré par un intervieweur au téléphone. Les répondants ont été en mesure de répondre dans la langue officielle de leur choix. La taille de l’échantillon dans les 10 provinces s’établissait à 43 296 répondants. Le taux de réponse dans les provinces s’établissait à 43,1 %.
Dans les territoires, la collecte des données s’est déroulée de juillet à décembre 2018. Les réponses ont été obtenues au moyen d’un questionnaire à remplir soi-même en ligne ou d’un questionnaire administré par un intervieweur au téléphone. Les répondants ont été en mesure de répondre dans la langue officielle de leur choix. La taille de l’échantillon dans les trois territoires s’établissait à 2 597 répondants. Le taux de réponse dans les territoires s’établissait à 73,2 %.
Parmi les non-répondants figuraient les personnes qui ont refusé de participer à l’enquête, celles qui ne pouvaient pas être jointes et celles qui ne parlaient ni le français ni l’anglais. Selon le Recensement de la population de 2016, 7 % de la population des minorités visibles ne parlait ni le français ni l’anglais, comparativement à 0,5 % de la population n’appartenant pas à une minorité visible. Les chiffres des répondants de l’échantillon ont été pondérés afin que leurs réponses représentent la population canadienne de 15 ans et plus ne vivant pas en établissement.
Limites des données
Comme c’est le cas pour toutes les enquêtes auprès des ménages, les données comportent certaines limites. Les résultats reposent sur un échantillon et sont donc sujets à des erreurs d’échantillonnage. Des résultats légèrement différents auraient pu être obtenus si la population entière avait participé à l’enquête.
En ce qui a trait à la qualité des estimations, les limites inférieure et supérieure des intervalles de confiance sont présentées. Les intervalles de confiance doivent être interprétés de la façon suivante : si l’enquête devait être répétée à de nombreuses reprises, 95 % du temps (ou 19 fois sur 20), l’intervalle de confiance couvrirait la valeur de la population réelle.
Références
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