Violence entre partenaires intimes : expériences des hommes de minorité sexuelle au Canada, 2018

par Brianna Jaffray, Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités

La violence entre partenaires intimes (VPI) englobe un large éventail de comportements, qui vont de la violence psychologique et de l’exploitation financière aux agressions physiques et sexuelles. En raison de sa prévalence élevée et de ses répercussions immédiates et à long terme sur les victimesNote  , leur famille et l’ensemble de la communauté, la VPI est considérée comme un problème de santé publique majeur (Organisation mondiale de la Santé, 2017). En plus des répercussions directes sur les victimes, la VPI a aussi des conséquences économiques plus vastes (Peterson et autres, 2018) et a été liée à la perpétuation d’un cycle de violence intergénérationnelle, entraînant un traumatisme supplémentaire.

Selon les résultats de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP), peu importe leur orientation sexuelle, environ le tiers (36 %) des hommes qui avaient déjà été dans une relation intime ont dit avoir été victimes de violence entre partenaires intimes (VPI) au cours de leur vie, soit une prévalence plus faible que celle observée chez leurs homologues de genre féminin (44 %) (Cotter, 2021a). Cependant, même si la prévalence de la VPI est plus faible chez les hommes, il n’est pas moins important d’explorer leurs expériences en détail et d’examiner les diverses caractéristiques qui peuvent influer sur leur victimisation.

Parmi les nombreux facteurs d’influence du risque de victimisation chez les hommes, l’un des plus notables est l’orientation sexuelle (Cotter et Savage, 2019). Les hommes qui ont déclaré avoir une identité sexuelle minoritaire ― c’est-à-dire ceux qui ont déclaré être gais ou bisexuels ou avoir une orientation sexuelle autre que l’hétérosexualité ― sont considérablement plus susceptibles d’être victimes de toutes les formes de violence que les hommes hétérosexuels (Jaffray, 2020; Simpson, 2018). Il est important de noter que la violence entre partenaires intimes subie par les hommes de minorité sexuelle peut avoir été perpétrée par des partenaires du même genre ou d’un autre genre, puisque le genre de l’auteur ou des auteurs présumés n’est pas connu aux fins de la mesure de la VPI au cours de la vieNote  , et que les personnes de minorité sexuelle peuvent avoir eu une relation hétérosexuelle à un moment ou à un autre depuis l’âge de 15 ans.

La présente analyse portera sur les expériences des hommes de minorité sexuelleNote  Note  , qui seront comparées aux expériences des hommes hétérosexuels afin d’examiner les effets potentiels du statut de minorité sexuelle et de l’orientation sexuelle sur les expériences de VPI des hommesNote  .

Le présent article fait partie d’une série de courts rapports traitant des expériences de violence entre partenaires intimes fondées sur des données autodéclarées de l’ESEPP de 2018 pour diverses populations. Il porte sur la prévalence, la nature et l’incidence de la VPI sur les hommes de minorité sexuelle. Les expériences de VPI dans l’ensemble de la population canadienne (Cotter, 2021a) et chez les femmes de minorité sexuelle (Jaffray, 2021), les femmes autochtones (Heidinger, 2021), les femmes ayant une incapacité (Savage, 2021a), les jeunes femmes (Savage, 2021b) et les femmes de minorité ethnoculturelle (Cotter, 2021b) sont examinées dans les autres rapports de cette sérieNote  .

Début de l'encadré 1

Encadré 1
Mesurer et définir la violence entre partenaires intimes

Dans le cadre de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP), des renseignements ont été recueillis sur la violence entre partenaires intimes (VPI) subie par les Canadiens depuis l’âge de 15 ans et au cours des 12 mois qui ont précédé l’enquête. L’enquête portait sur une vaste gamme de comportements commis par des partenaires intimes, y compris la violence psychologique, physique et sexuelle. La définition de partenaire était également large et englobait les conjoints mariés, conjoints de fait, partenaires amoureux et autres partenaires intimes actuels et anciens.

Dans l’ESEPP, la violence entre partenaires intimes est définie comme tout acte ou comportement violent commis par un partenaire intime actuel ou ancien, sans égard au fait que les partenaires vivent ensemble ou non. Dans le présent article, la violence entre partenaires intimes est généralement classée en trois catégories, soit la violence psychologique, la violence physique et la violence sexuelle.

La violence psychologique englobe les formes de violence qui ciblent le bien-être émotionnel, mental ou financier d’une personne ou qui nuisent à sa liberté personnelle ou à son sentiment de sécurité. Cette catégorie comprend 15 types particuliers d’abus, dont la jalousie, les insultes et autres injures, le harcèlement ou les comportements harcelants, la manipulation, la séquestration ou les dommages matériels (pour obtenir la liste complète des éléments inclus dans cette catégorie, voir le tableau 1). Cette catégorie comprend également le fait que le partenaire avait rejeté sur la victime la faute de ses comportements violents ou abusifs, qui a été mesuré parmi les répondants qui ont subi certaines formes de VPI.

La violence physique comprend les formes de violence qui comportent des voies de fait ou des menaces d’agression physique. Au total, neuf types d’abus sont inclus dans cette catégorie, y compris les objets lancés à la victime, les menaces avec une arme, le fait d’être giflé, de se faire battre et de se faire étrangler (voir le tableau 1).

La violence sexuelle comprend les agressions sexuelles ou les menaces d’agression sexuelle et a été mesurée à l’aide de deux questions : soit le fait d’obliger la victime à se livrer à des actes sexuels contre son gré et le fait de forcer ou de tenter de forcer la victime à avoir des relations sexuelles.

Dans l’analyse présentée dans cet article, on adopte une approche inclusive à l’égard de la vaste gamme de comportements qui constituent la VPI. Aux fins de la présente analyse, les personnes qui ont répondu « oui » à au moins un élément de l’enquête mesurant la VPI sont incluses comme ayant été victimes de violence de la part d’un partenaire intime, peu importe le type ou la fréquence de la violence.

Pour de plus amples renseignements sur les mesures de la VPI dans le cadre de l’ESEPP et d’autres sources de données sur la VPI au Canada, voir Cotter (2021a).

Fin de l’encadré 1

Plus de la moitié des hommes de minorité sexuelle ont été victimes de violence de la part d’un partenaire intime au cours de leur vie

Les expériences de violence entre partenaires intimes (VPI), qu’elle soit psychologique, physique ou sexuelle, peuvent avoir des répercussions durables sur le bien-être mental et physique des victimes. En plus des blessures corporelles, la VPI peut entraîner l’apparition de symptômes comme le trouble de stress post-traumatique (TSPT), l’anxiété, la dépression ou d’autres problèmes de santé mentale à long terme (Lagdon et autres, 2014).

Dans l’ensemble, 54 % des hommes de minorité sexuelle ont indiqué avoir été victimes de violence psychologique, physique ou sexuelle de la part d’un partenaire intime depuis l’âge de 15 ans. Plus précisément, 48 % des hommes gais et 66 % des hommes bisexuels ont dit avoir été victimes de ces formes de violenceNote  . Ces proportions étaient beaucoup plus élevées que celles observées chez les hommes hétérosexuels, un peu plus du tiers (36 %) des hommes hétérosexuels ayant subi une forme ou une autre de VPI au cours de leur vie.

Le type le plus courant de violence entre partenaires intimes, sans égard à l’orientation sexuelle, était la violence psychologique, subie par 52 % des hommes de minorité sexuelle et 35 % des hommes hétérosexuels. Comme dans le cas de la VPI en général, les hommes gais (46 %) et bisexuels (63 %) étaient plus susceptibles d’être victimes de cette forme de VPI que les hommes hétérosexuels (tableau 1).

Bien que les formes de VPI physique et sexuelle soient souvent perçues comme étant plus graves que la forme psychologique, la recherche a démontré que la violence psychologique peut avoir de graves répercussions durables sur la santé physique et mentale et qu’elle peut continuer d’affliger les victimes tout au long de leur vie (Karakurt, 2014).

Les hommes de minorité sexuelle sont cinq fois plus susceptibles d’être victimes d’agression sexuelle de la part d’un partenaire intime que les hommes hétérosexuels

Les hommes de minorité sexuelle étaient beaucoup plus susceptibles que les hommes hétérosexuels d’être victimes d’agression physique et sexuelle de la part d’un partenaire intime. Environ le tiers (31 %) des hommes de minorité sexuelle ont indiqué avoir été agressés physiquement ou sexuellement par un partenaire intime depuis l’âge de 15 ans, tandis que cette proportion était de 17 % chez les hommes hétérosexuels (tableau 2). Indépendamment, les hommes de minorité sexuelle étaient près de deux fois plus susceptibles que les hommes hétérosexuels d’avoir été agressés physiquement (30 % par rapport à 16 %) et cinq fois plus susceptibles d’avoir été agressés sexuellement (10 % par rapport à 2 %) par un partenaire intime au cours de leur vie (tableau 1).

Les hommes de minorité sexuelle sont plus susceptibles d’être victimes de la plupart des types de comportements de violence entre partenaires intimes

Dans l’ESEPP, les répondants sont interrogés au sujet de 27 comportements différents de VPI qu’ils pourraient avoir vécus dans le contexte d’une relation avec un partenaire intime depuis l’âge de 15 ans. Ces comportements comprennent diverses formes de violence psychologique comme la jalousie et le fait de dire des mots blessants, d’agression physique (y compris les menaces de violence physique) et d’agression sexuelleNote  .

Les hommes de minorité sexuelle étaient plus susceptibles que les hommes hétérosexuels de subir la majorité des comportements mesurés au moyen de l’ESEPP. Par exemple, alors que les types les plus courants de comportements de VPI vécus par les hommes de minorité sexuelle et les hommes hétérosexuels étaient les mêmes, la prévalence de chacun de ces comportements était plus élevée chez les hommes de minorité sexuelle. Les formes les plus courantes de VPI étaient les situations dans lesquelles le partenaire avait été jaloux (subie par 39 % des hommes de minorité sexuelle par rapport à 26 % des hommes hétérosexuels), avait rabaissé la victime ou lui avait dit des mots blessants (31 % par rapport à 19 %), avait traité la victime de personne dérangée, stupide ou bonne à rien (29 % par rapport à 16 %) et exigeait de savoir avec qui la personne était et où en tout temps (26 % par rapport à 14 %).

Les hommes de minorité sexuelle étaient également beaucoup plus susceptibles que les hommes hétérosexuels d’être victimes de certains des comportements violents les plus graves mesurés au moyen de l’enquête, c’est-à-dire ceux qui peuvent entraîner des blessures corporelles graves et des accusations criminelles. En particulier, les hommes de minorité sexuelle étaient environ sept fois plus susceptibles d’avoir été étranglés (6,5 %), forcés d’avoir une relation sexuelle (9,7 %) et forcés de se livrer à des actes sexuels contre leur gré (7,2 %) que les hommes hétérosexuels (1,0 %, 1,3 % et 1,0 %, respectivement). En outre, ils étaient plus de trois fois plus susceptibles d’avoir été battus (5,8 % par rapport à 1,6 %) ou confinés ou enfermés dans une pièce ou un autre espace (1,7 % par rapport à 0,5 %) par un partenaire intime au cours de leur vie (tableau 1).

Les hommes de minorité sexuelle sont plus susceptibles d’avoir peur ou de se sentir contrôlés ou piégés, ou anxieux ou sur leurs gardes en raison des agissements d’un partenaire

Les auteurs de VPI utilisent souvent un comportement coercitif ou manipulateur pour contrôler leurs victimes, ce qui peut mener à un sentiment de peur ou d’anxiété accrue ou à un sentiment d’être contrôlé, même en l’absence de violence physique ou sexuelle. De plus, les comportements coercitifs et manipulateurs peuvent être révélateurs d’abus répétés et d’habitudes de comportements de la part d’un partenaire intime (Gill et Aspinall, 2020).

Parmi les hommes qui avaient subi de la VPI au cours de leur vie, près de la moitié (49 %) des hommes de minorité sexuelle ont dit s’être sentis anxieux ou sur leurs gardes en raison des agissements d’un partenaire à un moment ou un autre de leur vie, et 4 sur 10 (40 %) ont dit s’être déjà sentis contrôlés ou piégés par un partenaire. Ces proportions sont toutes deux beaucoup plus élevées que celles observées chez les hommes hétérosexuels (36 % et 23 %, respectivement). De plus, les hommes de minorité sexuelle étaient près de trois fois plus susceptibles que les hommes hétérosexuels de dire qu’ils avaient déjà eu peur d’un partenaire (22 % par rapport à 8 %).

En raison surtout de la petite taille de l’échantillon, il y avait peu de différences statistiquement significatives dans la prévalence de la VPI chez les hommes de minorité sexuelle selon les autres caractéristiques (tableau 3). Deux exceptions ont toutefois été relevées : les hommes de minorité sexuelle ayant une incapacité étaient nettement plus susceptibles que ceux qui n’en avaient pas d’avoir subi de la VPI au cours de leur vie (66 % par rapport à 46 %), et les hommes de minorité sexuelle qui avaient subi de la violence physique ou sexuelle durant leur enfance étaient plus susceptibles d’être victimes de VPI que ceux qui n’en avaient pas subi (63 % par rapport à 49 %).

Les hommes de minorité sexuelle sont deux fois plus susceptibles que les hommes hétérosexuels d’avoir été victimes de violence de la part d’un partenaire intime au cours de l’année précédant l’enquête

En plus de mesurer la VPI subie depuis l’âge de 15 ans, l’ESEPP comporte aussi des questions au sujet des expériences de VPI subies au cours des 12 mois précédant l’enquête. Comme dans le cas de la VPI subie au cours de la vie, les hommes de minorité sexuelle (21 %) étaient près de deux fois plus susceptibles que les hommes hétérosexuels (11 %) d’avoir subi au moins un type de VPI durant l’année précédant l’enquête. Cet écart est principalement attribuable aux expériences des hommes bisexuels, dont 36 % ont indiqué avoir subi de la VPI au cours des 12 mois précédents. Par comparaison, des proportions semblables d’hommes gais (13 %) et d’hommes hétérosexuels (11 %) ont déclaré avoir été victimes de VPI durant cette période (tableau 2).

Le type de VPI le plus souvent subi par les hommes au cours de l’année précédant l’enquête, quelle que soit leur orientation sexuelle, était la violence psychologique. Comme dans le cas de la VPI au cours de la vie, les comportements de VPI les plus souvent subis par les hommes de minorité sexuelle pendant l’année précédant l’enquête étaient les situations dans lesquelles le partenaire avait été jaloux (16 %), exigeait de savoir avec qui la personne était et où en tout temps (10 %), avait rabaissé la victime ou lui avait dit des mots blessants (9 %) et avait traité la victime de personne dérangée, stupide ou bonne à rien (8 %). Ces comportements étaient également les plus souvent subis chez les hommes hétérosexuels (7 %, 4 %, 6 % et 5 %, respectivement) (tableau 1)Note  .

Les expériences indésirables au cours de l’enfance sont liées aux expériences de violence entre partenaires intimes à l’âge adulte

Des études antérieures ont montré que les personnes de minorité sexuelle sont plus susceptibles que les personnes hétérosexuelles d’avoir été victimes d’expériences indésirables au cours de l’enfance (Andersen et autres, 2015), comme le fait d’avoir été victimes de violence physique ou sexuelle, d’avoir subi des pratiques parentales sévères ou d’avoir été témoins de violence entre parents ou tuteurs. De plus, les expériences de victimisation durant l’enfance ont été liées à un risque accru de victimisation avec violence générale à l’âge adulte (Cotter et Savage, 2019; Perreault, 2015).

Selon les données de l’ESEPP, les hommes de minorité sexuelle qui avaient été victimes de violence physique ou sexuelle durant leur enfanceNote  étaient plus susceptibles que les hommes hétérosexuels ayant vécu des expériences semblables de dire qu’ils avaient été victimes de VPI depuis l’âge de 15 ans. Parmi ceux qui avaient été victimes de violence pendant leur enfance, un peu plus de 6 hommes de minorité sexuelle sur 10 (63 %) ont indiqué avoir subi une forme ou une autre de VPI depuis l’âge de 15 ans, comparativement à 5 hommes hétérosexuels sur 10 (53 %).

Le fait d’avoir subi des pratiques parentales sévères — défini dans l’ESEPP comme le fait d’avoir reçu des gifles ou des fessées, de se sentir non voulu ou non aimé, d’avoir été négligé ou d’avoir eu des besoins fondamentaux non satisfaits par les parents ou les tuteurs — a également été lié à un risque accru de victimisation avec violence (Cotter, 2021a). En ce qui concerne les expériences de VPI, plus précisément, les hommes de minorité sexuelle (58 %) qui avaient fait l’objet de pratiques parentales sévères avant l’âge de 15 ans étaient plus susceptibles que les hommes hétérosexuels (45 %) de dire qu’ils avaient été victimes de VPI à un moment ou à un autre de leur vie (tableau 3).

De plus, parmi les hommes de minorité sexuelle qui avaient été témoins de violence entre parents ou tuteurs durant leur enfance, 7 sur 10 (71 %) ont été victimes plus tard de violence physique, sexuelle ou psychologique de la part d’un partenaire intime, comparativement à 57 % des hommes hétérosexuels qui ont dit avoir été témoins de violence durant leur enfance.

Début de l'encadré 2

Encadré 2
Victimisation avec violence au cours de la vie

Bien que l’analyse dans le présent rapport porte sur la violence perpétrée par des partenaires intimes, une analyse approfondie des expériences de violence fondée sur le genre doit également comprendre les expériences de violence commises par des personnes autres que des partenaires intimes. Dans cette optique, le présent encadré porte sur toutes les formes de violence (agressions physiques et sexuelles) subies au cours de la vie et mesurées au moyen de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP), y compris la violence entre partenaires intimes et la violence qui se produit dans d’autres contextes en dehors des relations entre partenaires intimes.

Plus de 6 hommes de minorité sexuelle sur 10 ont été victimes d’agression physique ou sexuelle depuis l’âge de 15 ans

Dans l’ensemble, plus de 6 hommes de minorité sexuelle sur 10 (61 %) ont indiqué avoir été victimes de violence au cours de leur vie, comparativement à près de 4 hommes hétérosexuels sur 10 (39 %). Lorsqu’ils étaient répartis selon leur orientation sexuelle, les hommes gais (59 %) et les hommes bisexuels (63 %) étaient plus susceptibles d’indiquer avoir été victimes de violence au cours de leur vie que les hommes hétérosexuels (tableau 4).

Il est important de comprendre les expériences de victimisation avec violence au cours de la vie lorsqu’il s’agit de comprendre la population touchée, d’élaborer des services et des programmes de prévention, et de prévoir les besoins en santé mentale et physique. Par conséquent, une mesure de la victimisation au cours de la vie a été identifiée comme une lacune statistique à combler dans l’élaboration de l’ESEPPNote  .

La prévalence de la victimisation avec violence chez les hommes de minorité sexuelle et les hommes hétérosexuels était principalement attribuable aux agressions physiques : 55 % des hommes de minorité sexuelle et 38 % des hommes hétérosexuels avaient été agressés physiquement depuis l’âge de 15 ans. Toutefois, la prévalence globale des agressions sexuelles était beaucoup plus élevée chez les hommes de minorité sexuelle : plus du quart (27 %) des hommes de minorité sexuelle ont indiqué avoir été agressés sexuellement au cours de leur vie, comparativement à un peu moins de 1 homme hétérosexuel sur 10 (9 %) (graphique 1).

Graphique 1 début

Graphique 1 Agressions physiques et sexuelles commises contre les hommes de minorité sexuelle et les hommes hétérosexuels depuis l’âge de 15 ans, selon le lien de l’auteur présumé avec ceux-ci, Canada, 2018

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Agressions physiques et sexuelles commises contre les hommes de minorité sexuelle et les hommes hétérosexuels depuis l’âge de 15 ans, selon le lien de l’auteur présumé avec ceux-ci, Canada, 2018

Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Agressions physiques et sexuelles commises contre les hommes de minorité sexuelle et les hommes hétérosexuels depuis l’âge de 15 ans Agressions physiques, Agressions sexuelles et Ensemble de la victimisation avec violence, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Agressions physiques Agressions sexuelles Ensemble de la victimisation avec violence
pourcentage
Hommes de minorité sexuelle Partenaire intimeTableau de Note 1 29,7Note * 10,2Note * 31,1Note *
Personne autre qu’un partenaire intime 47,3Note * 25,5Note * 55,4Note *
Total 55,2Note * 27,4Note * 60,8Note *
Hommes hétérosexuelsTableau de Note  Partenaire intimeTableau de Note 1 16,4 1,8 16,8
Personne autre qu’un partenaire intime 33,1 7,7 34,9
Total 37,5 8,6 39,2

Graphique 1 fin

Les hommes de minorité sexuelle sont plus susceptibles que les hommes hétérosexuels d’avoir été victimes de violence au cours de l’année précédant l’enquête

Comme dans le cas de la prévalence des expériences d’agression sexuelle ou physique au cours de la vie, les hommes de minorité sexuelle étaient plus susceptibles que les hommes hétérosexuels de dire qu’ils avaient été agressés physiquement ou sexuellement durant les 12 mois précédant l’ESEPP. Pendant cette période, 1 homme de minorité sexuelle sur 10 (10 %) avait été victime de violence, une proportion plus élevée que celle observée chez les hommes hétérosexuels (6 %). Plus particulièrement, les hommes de minorité sexuelle étaient quatre fois plus susceptibles que les hommes hétérosexuels d’avoir été agressés sexuellement au cours de l’année précédant l’enquête (4 % par rapport à 1 %). Des proportions semblables d’hommes de minorité sexuelle et d’hommes hétérosexuels avaient été agressés physiquement durant l’année précédant l’enquête.

En ce qui concerne plus précisément la violence subie aux mains d’une autre personne qu’un partenaire intime, les écarts entre les expériences des hommes de minorité sexuelle et celles des hommes hétérosexuels se maintenaient pour ce qui est des agressions sexuelles : les hommes de minorité sexuelle étaient quatre fois plus susceptibles d’avoir été agressés sexuellement par une personne qui n’était pas un partenaire intime au cours de l’année précédant l’enquête (4 % par rapport à 1 % des hommes hétérosexuels). Encore une fois, il n’y avait pas d’écart dans la prévalence des agressions physiques entre les hommes de minorité sexuelle et les hommes hétérosexuels (tableau 5).

La victimisation avec violence au cours de la vie, y compris la violence de la part d’un partenaire intime et la violence aux mains d’une autre personne qu’un partenaire intime, est plus élevée chez les hommes de minorité sexuelle dans la plupart des régions

Dans la région de l’AtlantiqueNote  , en Ontario et en Colombie-Britannique, des proportions semblables d’hommes de minorité sexuelle et d’hommes hétérosexuels avaient été victimes d’agression physique ou sexuelle de la part d’un partenaire intime au cours de leur vie. Cependant, au Québec et en Alberta, les hommes de minorité sexuelle étaient plus susceptibles que les hommes hétérosexuels de dire qu’ils avaient subi ce type de violence entre partenaires intimes (VPI). Au Québec, les hommes de minorité sexuelle (36 %) étaient trois fois plus susceptibles que les hommes hétérosexuels (13 %) de subir de la violence physique ou sexuelle aux mains d’un partenaire intime, tandis qu’en Alberta, plus de la moitié (54 %) des hommes de minorité sexuelle avaient été agressés physiquement, soit plus du double de la proportion observée chez les hommes hétérosexuels (21 %)Note  .

Dans l’ensemble, la victimisation avec violence (y compris la violence de la part d’un partenaire intime et la violence aux mains d’une autre personne qu’un partenaire intime) était beaucoup plus élevée chez les hommes de minorité sexuelle que chez les hommes hétérosexuels dans la plupart des régions. En particulier, les hommes de minorité sexuelle (66 %) au Québec étaient plus de deux fois plus susceptibles que les hommes hétérosexuels (32 %) d’indiquer avoir été agressés physiquement ou sexuellement au cours de leur vie. Dans la région de l’Atlantique, en Ontario et en Alberta, les hommes de minorité sexuelle étaient également plus susceptibles d’être victimes de violence au cours de leur vie que les hommes hétérosexuels, mais les écarts n’étaient pas aussi importants que celui observé au Québec (tableau 6).

Fin de l’encadré 2

Tableaux de données détaillés

Tableau 1 Violence entre partenaires intimes depuis l’âge de 15 ans et au cours des 12 mois précédant l’enquête, selon le type de violence entre partenaires intimes et l’orientation sexuelle de la victime, Canada, 2018

Tableau 2 Violence entre partenaires intimes depuis l’âge de 15 ans et au cours des 12 mois précédant l’enquête, selon l’orientation sexuelle de la victime, Canada, 2018

Tableau 3 Violence entre partenaires intimes depuis l’âge de 15 ans et au cours des 12 mois précédant l’enquête, selon certaines caractéristiques et l’orientation sexuelle de la victime, Canada, 2018

Tableau 4 Agressions physiques et sexuelles commises par des partenaires intimes et par d’autres personnes depuis l’âge de 15 ans, selon l’orientation sexuelle de la victime, Canada, 2018

Tableau 5 Agressions physiques et sexuelles commises par des partenaires intimes et par d’autres personnes au cours des 12 mois précédant l’enquête, selon l’orientation sexuelle de la victime, Canada, 2018

Tableau 6 Agressions physiques et sexuelles commises par des partenaires intimes et par d’autres personnes depuis l’âge de 15 ans, selon l’orientation sexuelle de la victime et la province ou le territoire, 2018

Description de l’enquête

En 2018, Statistique Canada a mené le premier cycle de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés (ESEPP). Cette enquête a pour objet de recueillir des renseignements sur les expériences vécues par les Canadiens en public, au travail, en ligne et dans leurs relations intimes.

La population cible de l’ESEPP est composée des Canadiens de 15 ans et plus résidant dans les provinces et les territoires. Les personnes vivant en établissement ne sont pas incluses. Cela signifie que les résultats de l’enquête pourraient ne pas tenir compte des expériences de violence aux mains d’un partenaire intime des personnes vivant dans un refuge, un établissement ou un autre type de logement collectif. Une fois qu’un ménage était joint, une personne de 15 ans et plus était sélectionnée au hasard pour participer à l’enquête.

Dans les provinces, la collecte des données s’est déroulée d’avril à décembre 2018. Les réponses ont été obtenues au moyen d’un questionnaire à remplir soi-même en ligne ou d’un questionnaire administré par un intervieweur au téléphone. Les répondants ont été en mesure de répondre dans la langue officielle de leur choix. La taille de l’échantillon dans les 10 provinces s’établissait à 43 296 répondants. Le taux de réponse dans les provinces s’établissait à 43,1 %.

Dans les territoires, la collecte des données s’est déroulée de juillet à décembre 2018. Les réponses ont été obtenues au moyen d’un questionnaire à remplir soi-même en ligne ou d’un questionnaire administré par un intervieweur au téléphone. Les répondants ont été en mesure de répondre dans la langue officielle de leur choix. La taille de l’échantillon dans les trois territoires s’établissait à 2 597 répondants. Le taux de réponse dans les territoires s’établissait à 73,2 %.

Parmi les non-répondants figuraient les personnes qui ont refusé de participer à l’enquête, celles qui ne pouvaient pas être jointes et celles qui ne parlaient ni le français ni l’anglais. Les chiffres des répondants de l’échantillon ont été pondérés afin que leurs réponses représentent la population canadienne de 15 ans et plus ne vivant pas en établissement.

Limites des données

Comme c’est le cas pour toutes les enquêtes auprès des ménages, les données comportent certaines limites. Les résultats reposent sur un échantillon et sont donc sujets à des erreurs d’échantillonnage. Des résultats légèrement différents auraient pu être obtenus si la population entière avait participé à l’enquête.

En ce qui a trait à la qualité des estimations, les limites inférieure et supérieure des intervalles de confiance sont présentées. Les intervalles de confiance doivent être interprétés de la façon suivante : si l’enquête devait être répétée à de nombreuses reprises, 95 % du temps (ou 19 fois sur 20), l’intervalle de confiance couvrirait la valeur de la population réelle.

Références

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