Les crimes violents contre les jeunes femmes et les filles, affaires déclarées par la police dans le Nord provincial et les territoires du Canada, 2017

par Cristine Rotenberg, Centre canadien de la statistique juridique

Date de diffusion : le 4 juillet 2019
Début de l'encadré

Faits saillants

  • En 2017, les jeunes femmes et les filles vivant dans le Nord du Canada — ce qui comprend les territoires et les parties septentrionales de la plupart des provinces — ont été victimes d’un nombre disproportionné de crimes violents.
    • Alors que les jeunes femmes et les filles de 24 ans ou moins du Nord formaient moins de 7 % de la jeune population féminine totale de moins de 25 ans au Canada, elles représentaient 17 % de l’ensemble des jeunes personnes de sexe féminin qui ont été victimes de crimes violents au pays.
    • Le taux de crimes violents contre les jeunes femmes et les filles de 24 ans ou moins du Nord était près de trois fois plus élevé que celui des jeunes femmes et des filles du Sud (3 643 par rapport à 1 235 victimes pour 100 000 personnes), et près de quatre fois plus élevé que celui de l’ensemble des Canadiens (968).
    • Dans le Nord, le taux de jeunes femmes et de filles ayant été victimes de crimes violents était près de deux fois supérieur à celui des jeunes hommes et des garçons de 24 ans ou moins (3 643 par rapport à 2 090). Cet écart était plus grand que celui observé entre les jeunes personnes de sexe féminin et leurs homologues de sexe masculin du Sud (1 235 par rapport à 954).
  • Les taux de victimisation avec violence chez les jeunes femmes et les filles vivant dans le Nord atteignaient d’abord un sommet vers l’âge de 15 ans et demeuraient élevés jusqu’à l’âge de 30 ans, où une baisse était observée. Ce profil de victimisation selon l’âge différait de celui des personnes de sexe féminin du Sud, dont les taux atteignaient un sommet à l’âge de 15 ans, mais diminuaient bien avant l’âge adulte.
  • Les plus hauts taux de crimes violents contre les jeunes femmes et les filles ont été observés dans le Nord de la Saskatchewan (13 886 victimes pour 100 000 personnes) et dans le Nord du Manitoba (9 025). Les taux enregistrés dans ces deux régions étaient de cinq à six fois supérieurs à ceux notés dans le Sud de leur province respective, et ils étaient plus élevés que dans chacun des trois territoires.
  • Le taux de crimes violents contre les jeunes femmes et les filles enregistré dans le Nord du Canada était nettement plus élevé dans les régions rurales que dans les régions urbaines (environ le double; 5 023 par rapport à 2 354 victimes pour 100 000 personnes).
  • La prévalence et la gravité des crimes violents contre les jeunes femmes et les filles étaient plus importantes dans le Nord que dans le Sud : les jeunes femmes et les filles du Nord ont été proportionnellement plus nombreuses à avoir subi des blessures corporelles à la suite d’un crime violent commis contre elles (45 % par rapport à 32 %), et elles ont été victimes des crimes violents les plus graves — dont l’homicide et les voies de fait de niveau 3 — à des taux nettement plus élevés.
  • Les jeunes victimes de sexe féminin du Nord ont été le plus souvent agressées par des personnes de sexe masculin (77 %), dont près de la moitié (44 %) avaient au moins cinq ans de plus que leur victime.
  • La violence faite aux jeunes femmes et aux filles du Nord a été le plus souvent perpétrée par un partenaire intime ou un conjoint (44 %), une simple connaissance (22 %) ou un membre de la famille (20 %). La proportion de jeunes victimes de sexe féminin du Nord était un peu plus élevée que celle de leurs homologues du Sud à connaître leur agresseur (95 % par rapport à 92 %). Souvent, l’agresseur était un partenaire amoureux au moment du crime (27 % par rapport à 20 %) ou un membre de la famille élargie (9 % par rapport à 4 %).
  • Dans l’ensemble, 4 crimes violents sur 5 (80 %) commis contre les jeunes femmes et les filles dans le Nord ont été signalés à la police le jour même où ils ont été commis, comparativement à un peu plus des deux tiers (71 %) dans le Sud. Le temps mis pour signaler un incident variait selon la nature du crime, les agressions sexuelles étant portées à l’attention de la police plus tardivement, tant dans le Nord que dans le Sud.
Fin de l'encadré

La violence contre les jeunes femmes et les filles est considérée depuis longtemps comme un problème de droits de la personne qui entrave l’égalité entre les sexes (Organisation des Nations Unies, 1993; Organisation mondiale de la Santé, 2013). Les traumatismes émotionnels subis par les victimes de violence peuvent avoir une incidence négative sur leur vie quotidienne ainsi que sur leur santé mentale et physique à long terme, leurs relations et leur bien-être général. C’est surtout le cas si la violence s’est produite à un jeune âge (Arnow, 2004; Bosick et autres, 2012; Springer et autres, 2007; UNICEF, 2014). De plus, les inégalités sociales qui s’entrecroisent peuvent avoir une incidence négative disproportionnée sur des groupes marginalisés, comme les jeunes femmes autochtonesNote  (Dawson et autres, 2018), et les exposer à un plus grand risque d’être victimes de violence (Boyce, 2016; Hotton Mahony et autres, 2017; Miladinovic et Mulligan, 2015; Perreault, 2015; Perreault et Simpson, 2016; Statistique Canada, 2013a; Statistique Canada, 2018).

Des taux plus élevés de victimisation avec violence sont également observés chez les personnes vivant dans les régions rurales du Canada (Allen, 2018). D’ailleurs, la prévalence et la gravité de la criminalité demeurent plus importantes dans les trois territoires, comparativement à ce qui est observé dans les provinces du Sud (Allen et Perreault, 2015; Boyce et autres, 2014; Charron et autres, 2010; Perreault et Hotton Mahony, 2012). Aussi, le fait de vivre dans une région rurale ou éloignée peut empêcher une victime de violence de mettre fin à une relation violente, ce qui permet à l’agresseur de perpétuer les incidents de violence et de dissuader la victime de les signaler à la police, particulièrement lorsque l’agresseur est un membre de la famille ou un partenaire intime (Edwards, 2014; Chambre des communes du Canada, 2019). Des recherches ont révélé qu’une plus grande proportion de victimes vivant dans les territoires, comparativement à celles vivant dans les provinces, n’ont pas signalé le crime à la police parce qu’elles le considéraient comme une affaire privée ou personnelle qui a été réglée de façon informelle (Perreault, 2015; Perreault et Simpson, 2016). Par ailleurs, le recours à des services aux victimes, comme les refuges, les centres d’aide et d’écoute ou les programmes de soutien, est beaucoup moins fréquent dans le Nord (Perreault, 2015; Perreault et Simpson, 2016), ce qui est en partie attribuable à l’offre limitée de ces services dans les régions éloignées.

Le présent rapport s’appuie sur de récentes études concernant les crimes déclarés par la police dans le Nord provincial et les territoires du Canada (Allen et Perreault, 2015), les crimes violents contre les jeunes femmes et les filles (Conroy, 2018), la criminalité en milieu urbain et en milieu rural (Perreault, 2019) et les crimes dans les collectivités autochtones (Allen, à paraître). Étant donné que des recherches antérieures menées par Statistique Canada ont fourni une analyse approfondie de la disparité entre les sexes parmi les jeunes victimes de crimes violents au Canada (Conroy, 2018), le présent rapport portera principalement sur la disparité entre les jeunes personnes de sexe féminin qui ont été victimes de crimes violents vivant dans le Nord et celles vivant dans le Sud. Certaines comparaisons entre les sexes sont présentées tout au long du rapport afin de fournir du contexte supplémentaire.

Dans la présente étude, « les jeunes femmes et les filles » désignent les personnes de sexe féminin de 24 ans ou moins. Le « Nord » représente les trois territoires ainsi que la plupart des régions septentrionales éloignées des provinces canadiennes, lesquelles ressemblent, en général, davantage aux territoires du point de vue de l’éloignement géographique ainsi que des caractéristiques économiques et sociales. En présentant cette répartition entre le Nord et le Sud, au lieu de simplement comparer les trois territoires aux provincesNote , nous pouvons analyser avec plus de précision les endroits où les jeunes femmes et les filles sont les plus exposées au risque de subir de la violence. Ces comparaisons régionales tiennent compte des répercussions socioéconomique combinées à l’éloignement géographique et de l’histoire sociopolitique canadienne de la colonisation, incluant les pensionnats indiens et la réinstallation forcée des peuples autochtonesNote  (encadré 1).

Le présent article de Juristat a été produit par le Centre canadien de la statistique juridique de Statistique Canada, avec l’aide financière du ministère des Femmes et de l’Égalité des genres (anciennement Condition féminine Canada).

Délimitation du Nord et du Sud du Canada

La figure 1 ci-après montre la ligne de délimitation entre le Nord et le Sud aux fins de la présente étude.

Figure 1 Délimitation du Nord et du Sud du Canada

Description de la figure 1

Le titre de la carte est « Délimitation du Nord et du Sud du Canada ».

Le Nord englobe les territoires ainsi que les régions septentrionales de Terre-Neuve-et-Labrador, du Québec, de l’Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Le Sud désigne les régions du sud de ces provinces ainsi que l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. La ligne rouge représente la délimitation entre les régions du Nord et du Sud des provinces.

Les frontières entre les provinces et les territoires sont représentées par des lignes blanches. Les emplacements et les noms des capitales de chaque province et territoire sont inclus sur cette carte.

Sur le plan géographique, la majorité (85 %) de la masse terrestre du Canada est considérée comme faisant partie du Nord (Conference Board du Canada, 2011). Or, étant donné son éloignement, la rigueur de son climat et ses conditions de vie plus difficiles, le Nord compte proportionnellement beaucoup moins de résidents. En 2017, environ 6 % de la population canadienne vivait dans le Nord provincial, et moins de 1 %, dans les territoiresNote . Il est important d’examiner de quelle façon les vastes régions éloignées du Nord se distinguent des régions du Sud, et de quelle façon les différences entre ces paysages démographiques entraînent des caractéristiques sociales contrastées au sein de ces populations (voir l’encadré 1).

Début de l'encadré 1

Encadré 1
Caractéristiques du Nord

Un grand nombre de peuples et de collectivités autochtones habitent le Nord du Canada. Selon les résultats du Recensement de 2016, les territoires affichaient la plus forte proportion d’Autochtones : près de 9 résidents du Nunavut sur 10 (86 %) ont déclaré être Autochtones (plus précisément Inuits, dans presque tous les cas), tout comme la moitié (51 %) des résidents des Territoires du Nord-Ouest et un peu moins de 1 résident du Yukon sur 4 (23 %) (Statistique Canada, 2017a). Parmi les provinces, le Manitoba et la Saskatchewan comptaient les plus grandes proportions de résidents autochtones (18 % et 16 %, respectivement). Dans le Nord, un peu moins de la moitié (48 %) de la jeune population de 24 ans ou moins était de sexe féminin, ce qui constitue un taux semblable à celui enregistré dans le Sud (49 %)Note .

En 2016, les Autochtones représentaient environ 5 % de l’ensemble de la population du Canada. Plus de la moitié (58 %) d’entre eux ont déclaré appartenir à une Première Nation, un peu plus du tiers (35 %) ont dit être Métis et 4 % ont indiqué être Inuits (Statistique Canada, 2018). La population des Premières Nations et la population métisse étaient surtout concentrées en Ontario et dans les provinces de l’Ouest : environ les quatre cinquièmes de chaque population vivaient en Ontario, en Colombie-Britannique, en Alberta, au Manitoba ou en Saskatchewan. Près des trois quarts de la population inuite vivait dans l’Inuit Nunangat, ce qui comprend le Nunavut ainsi que certaines des régions les plus septentrionales du Québec, de Terre-Neuve-et-Labrador, des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon (voir Statistique Canada, 2017b).

Les taux les plus élevés de victimisation avec violence dans le Nord (ainsi que de crimes sans violence) dont le présent article fait état sont attribuables à une combinaison de plusieurs facteurs démographiques, sociaux et économiques faisant en sorte que les conditions de vie dans le Nord se distinguent tout à fait de celles observées dans le Sud du Canada.

Des antécédents de colonisation, incluant les pensionnats indiens dans le Nord (dont le dernier a fermé ses portes en Saskatchewan en 1996), les camps de travail et la réinstallation forcée sont reconnus comme ayant eu de profondes répercussions sur les collectivités et les familles autochtones, en raison de leur contribution à la violence intergénérationnelle (Bombay et autres, 2009; Holmes et Hunt, 2017; Klingspohn, 2018; Commission de vérité et réconciliation du Canada, 2015). En partie en raison de leur éloignement géographique, les régions septentrionales du Canada offrent généralement un accès limité ou moindre à des programmes d’enseignement, à des possibilités d’emploi professionnel ou à revenu élevé, à des services technologiques comme les réseaux de téléphonie mobile ou Internet, ainsi qu’à des établissements de soins de santé et à des professionnels de la santé (Vérificateur général du Canada, 2011a; Vérificateur général du Canada, 2011b). L’accès à la justice et à des services aux victimes peut également être difficile dans le Nord (Perreault et Simpson, 2016). Des recherches portant sur les populations autochtones ou celles vivant dans le Nord — lesquelles sont principalement axées sur les trois territoires du Canada — révèlent en outre que ces populations sont plus jeunes dans l’ensemble et plus susceptibles d’être composées de familles monoparentales, d’enfants placés en famille d’accueil et de personnes ayant une moins bonne santé mentale, des problèmes de toxicomanie ou des pensées suicidaires (Allen et Superle, 2016; Arriagada, 2016; Boyce et autres, 2015; Kelly-Scott et Smith, 2015; Kumar, 2016; Perreault et Simpson, 2016; Statistique Canada, 2013a; Turner, 2016). Ce sont tous des facteurs de risque cumulatifs qui contribuent collectivement à former une population plus vulnérable à la victimisation criminelle et aux comportements délinquants.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur les caractéristiques des Autochtones au Canada, y compris des ventilations plus détaillées sur la population des Premières Nations, des Métis et des Inuits, veuillez consulter « Les Premières Nations, les Métis et les Inuits au Canada : des populations diverses et en plein essor » (Statistique Canada, 2018) ou les résultats du Recensement de 2016.

Fin de l'encadré 1

La mesure des crimes déclarés par la police dans le Nord provincial et les territoires

Dans le présent rapport, nous examinons les crimes violents commis contre les jeunes femmes et les filles (à savoir les victimes de sexe féminin âgées de 24 ans ou moins au moment de l’affaire), d’après les données sur les affaires déclarées et jugées fondéesNote  par la police dans le Nord en 2017. Nous comparons ensuite les chiffres avec ceux des jeunes victimes de sexe féminin vivant dans le Sud. Une certaine analyse comparative entre les sexes est présentée tout au long du rapport, mais le lecteur devrait se reporter à une récente publication de Statistique Canada (Conroy, 2018) pour obtenir une analyse exhaustive des disparités entre les sexes chez les jeunes victimes de crimes violents à l’échelle nationale.

Les limites du Nord provincial utilisées dans la présente étude sont fondées sur la définition des régions administratives provinciales établie par le Forum des ministres responsables du développement du Nord et utilisée par le Centre pour le Nord du Conference Board du Canada (Conference Board du Canada, 2014). Le « Nord » comprend les trois territoires en plus des régions septentrionales de la majorité des provinces canadiennes. Cette méthode de délimitation du Nord et du Sud permet de fournir de plus amples renseignements qu’auparavant sur la criminalité au Canada à l’échelle géographique (voir Allen et Perreault, 2015)Note . Cette méthode est appliquée à la présente étude :

Les taux de crimes déclarés par la police sont plus élevés dans le Nord du Canada

Lorsque la taille de la population est prise en compte, les crimes déclarés par la police au Canada sont généralement beaucoup plus fréquents dans le Nord que dans le Sud. En 2017, le taux global d’infractions au Code criminel déclarées par la police (y compris les délits de la route) était près de deux fois et demie (2,4 x) plus élevé dans le Nord (12 834 affaires pour 100 000 habitants) que dans le Sud (5 394). Des recherches antérieures ont révélé que les taux élevés de méfaits et d’affaires liées au fait de troubler la paix dans le Nord provincial et les territoires expliquaient en grande partie cet écart (Allen et Perreault, 2015)Note .

Toutefois, l’écart entre les taux de criminalité dans le Nord et dans le Sud était plus marqué lorsqu’il s’agissait expressément des crimes violents. Les crimes violents vont des menaces à l’homicide, en passant par la violence physique et sexuelleNote . En 2017, le taux de crimes violents déclarés par la police était près de trois fois (2,8 x) plus élevé dans le Nord que dans le Sud (2 456 par rapport à 869 affaires pour 100 000 habitants; graphique 1). Pour mettre ces chiffres en perspective, alors que 6 % de la population canadienne résidait dans le Nord en 2017, 15 % des crimes violents déclarés par la police au Canada ont eu lieu dans le Nord (voir la liste des infractions avec violence au tableau 3).

Graphique 1 Taux de crimes déclarés par la police, selon le type d’infraction et selon que l’infraction a été commise dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Type d'infraction (titres de rangée) et Nord, Sud et Écart, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Type d'infraction Nord Sud Écart
taux pour 100 000 personnes
Crimes contre les biens 5 767 3 065 1,9
Autres infractions au Code criminelTableau de Note 1 3 270 849 3,8
Infractions avec violence 2 456 869 2,8
Délits de la routeTableau de Note 2 754 313 2,4
Infractions relatives aux droguesTableau de Note 3 433 234 1,9

Bien que le présent rapport porte principalement sur les crimes violents, il convient de souligner que les taux de criminalité étaient plus élevés dans le Nord que dans le Sud pour tous les autres principaux types de crimes, dont les crimes contre les biens (1,9 x plus élevé dans le Nord), les infractions relatives aux drogues (1,9 x), les délits de la route (2,4 x) et les autres infractions au Code criminelNote  (3,8 x) (graphique 1).

Crimes violents dans le Nord

Les jeunes femmes et les filles vivant dans le Nord sont surreprésentées parmi les victimes de crimes violents

Selon les données déclarées par la police en 2017, alors que les jeunes femmes et les filles du Nord formaient moins de 7 % de la population féminine de 24 ans ou moins au Canada, elles représentaient 17 % des jeunes personnes de sexe féminin qui ont été victimes de crimes violents au pays.

Dans le Nord, les jeunes femmes et les filles représentaient un peu moins de la moitié (48 %) de la population de 24 ans ou moins; or, près des deux tiers (62 %) des victimes de crimes violents dans le Nord étaient de sexe féminin. En fait, les jeunes femmes et les filles vivant dans le Nord étaient surreprésentées parmi les victimes de crimes violents, que ce soit comparativement à l’ensemble des personnes de sexe féminin, des jeunes Canadiens ou des Canadiens du Nord (tableau 1). Cette surreprésentation parmi les victimes de crimes violents a été observée tant dans les territoires que dans le Nord provincialNote . La victimisation avec violence disproportionnée des jeunes femmes et des filles — que ce soit par rapport aux Canadiens plus âgés ou aux personnes de sexe masculin — est une constatation qui concorde avec des recherches antérieures (Allen et Perreault, 2015; Boyce, 2016; Hotton Mahony et autres, 2017).

En 2017, plus de la moitié (53 %) des victimes de crimes violents déclarés par la police étaient de sexe féminin, dont près de 1 sur 5 (17 %) résidait dans le NordNote Note . Environ 2 de ces victimes de sexe féminin sur 5 (39 %) vivant dans le Nord avaient 24 ans ou moins. Dans l’ensemble, 12 036 victimes de crimes violents déclarés par la police dans le Nord étaient de jeunes femmes et des filles de 24 ans ou moins.

Le taux de crimes violents déclarés par la police est trois fois plus élevé chez les jeunes femmes et les filles vivant dans le Nord que chez celles vivant dans le Sud

Dans les régions septentrionales du Canada, le taux de jeunes femmes et de filles ayant été victimes d’un crime violent était plus élevé que ceux de toutes les autres combinaisons de sexe et de groupe d’âge. En 2017, le taux de crimes violents déclarés par la police commis contre les personnes de sexe féminin de 24 ans ou moins vivant dans le Nord s’établissait à 3 643 victimes pour 100 000 personnes. Ce taux était près de trois fois (2,9 x) plus élevé que celui des jeunes femmes et des filles vivant dans le Sud (1 235), près de deux fois (1,7 x) plus élevé que celui des jeunes hommes et des garçons vivant dans le Nord (2 090) et près de quatre fois (3,8 x) plus élevé que celui de l’ensemble de la population canadienne (968) (graphique 2; tableau 2).

Graphique 2 Taux de crimes violents déclarés par la police selon le sexe et le groupe d’âge de la victime, et selon qu’elle vit dans le Nord Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2. Les données sont présentées selon Sexe et groupe d’âge de la victime (titres de rangée) et Nord et Sud, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Sexe et groupe d’âge de la victime Nord Sud
taux pour 100 000 personnes
Jeunes femmes et filles (0 à 24 ans) 3 643 1 235
Femmes adultes (25 à 89 ans) 2 521 779
Total — femmes et filles 2 864 904
Jeunes hommes et garçons (0 à 24 ans) 2 090 954
Hommes adultes (25 à 89 ans) 2 059 791
Total — hommes et garçons 2 069 839
Canada 968

Lorsqu’on examine les taux selon les groupes d’âge, les données policières semblent révéler que les jeunes femmes adultes de 18 à 24 ans vivant dans le Nord qui ont été victimes d’un crime violent ont affiché un taux supérieur (6 910 victimes pour 100 000 personnes) à celui de toutes les autres combinaisons de sexes, de groupes d’âge et de régions géographiques (Nord ou Sud), suivies des adolescentes de 15 à 17 ans du Nord (6 557). Le taux de jeunes femmes adultes vivant dans le Nord qui ont été victimes d’un crime violent était près de trois fois et demie (3,4 x) supérieur à celui de leurs homologues vivant dans le Sud. L’écart le plus marqué entre le Nord et le Sud a toutefois été observé chez les femmes de 25 à 34 ans, où le taux de victimes d’un crime violent dans le Nord était près de quatre fois (3,9 x) plus élevé que dans le Sud (tableau 2).

Comparativement à leurs homologues vivant dans le Sud, les jeunes femmes et les filles du Nord ayant été victimes d’un crime ont enregistré des taux constamment plus élevés pour tous les types d’infractions avec violence, y compris les voies de fait, les agressions sexuelles et le harcèlement criminel (tableau 3). Dans l’ensemble, les taux de crimes commis contre les jeunes personnes de sexe féminin étaient plus élevés dans le Nord pour presque tous les types de crimes violents, à l’exception du vol qualifié, de la traite de personnes, de la marchandisation des activités sexuelles et de la tentative de meurtre — les infractions pour lesquelles les taux étaient plus élevés dans le Sud, mais dont la fréquence était bien inférieure à celle des autres types de crimes violents.

Chez les jeunes Canadiens, l’écart entre les sexes au chapitre de la victimisation avec violence est plus marqué dans le Nord que dans le Sud

Dans le Nord, le taux de jeunes femmes et de filles ayant été victimes de crimes violents était près de deux fois (1,7 x) plus élevé que celui de leurs homologues de sexe masculin (3 643 par rapport à 2 090 victimes pour 100 000 personnes) (tableau 2). Dans le Sud, le taux de crimes violents demeurait plus élevé chez les jeunes victimes de sexe féminin que chez les victimes de sexe masculin (1 235 par rapport à 954), mais l’écart était plus faible (le taux étant 1,3 x plus élevé chez les victimes de sexe féminin que chez celles de sexe masculin) que dans le Nord (1,7 x), ce qui semble indiquer que la disparité entre les sexes quant à la victimisation avec violence des jeunes Canadiens est plus grande dans le Nord que dans le Sud. Parmi les populations de 25 ans et plus vivant dans le Nord, le taux de femmes adultes ayant été victimes de crimes violents était plus élevé que celui des hommes adultes (2 521 par rapport à 2 059; 1,2 x plus élevé), mais l’écart était presque inexistant entre les femmes et les hommes adultes dans le Sud (779 par rapport à 791). Dans l’ensemble, les données déclarées par la police laissent croire que la plus grande disparité entre les sexes quant au taux de victimisation avec violence est celle observée chez les jeunes personnes de 24 ans ou moins qui vivent dans le Nord.

Lorsque les données sont réparties selon le groupe d’âge, la disparité la plus prononcée entre les sexes est observée chez les victimes de 15 à 17 ans vivant dans le Nord : le taux de filles de cet âge ayant été victimes de crimes violents était un peu plus de deux fois (2,1 x) plus élevé que celui des garçons du même âge (6 557 par rapport à 3 140 victimes pour 100 000 personnes) (tableau 2). Dans le Sud, l’écart entre les taux de crimes violents contre les filles et les garçons de 15 à 17 ans était nettement plus faible (1,3 x; 2 235 par rapport à 1 699). La disparité entre les sexes parmi les victimes de crimes violents était toujours plus grande dans le Nord que dans le Sud, et ce, pour tous les groupes d’âge.

Dans l’ensemble, dans le Nord, les taux de personnes de sexe féminin ayant été victimes d’un crime violent étaient toujours plus élevés que ceux des personnes de sexe masculin, à l’exception des groupes d’âge de 55 ans et plus, où les taux étaient légèrement supérieurs chez les personnes de sexe masculin. Cette tendance était semblable à celle observée dans le Sud, où les taux de personnes de sexe féminin victimes d’un crime violent étaient généralement plus élevés jusqu’à l’âge de 45 ans, après quoi les taux chez les hommes vivant dans le Sud étaient plus élevés.

Comparativement à leurs homologues de sexe masculin, le taux de victimisation chez les jeunes femmes et les filles vivant dans le Nord était plus élevé pour tous les principaux types d’infractions avec violence, dont les infractions sexuelles (taux huit fois plus élevé [8,0 x] chez les jeunes victimes de sexe féminin du Nord), les voies de fait (1,4 x), le harcèlement criminel et les menaces (1,4 x) et les infractions d’entrave à la liberté (1,7 x). Les homicides faisaient exception, comme en témoigne le fait que le taux de jeunes personnes de sexe masculin du Nord ayant été victimes d’infractions liées à un homicide ou à un décès était plus élevé que celui des jeunes personnes de sexe féminin du Nord (9,93 par rapport à 3,93 victimes pour 100 000 personnes) (tableau 3; tableau 4).

Augmentation récente, mais baisse globale du taux de victimisation criminelle avec violence chez les jeunes personnes de sexe féminin

Le taux de crimes violents commis contre les jeunes femmes et les filles vivant dans le Nord et déclarés par la police a généralement diminué de 2009Note  à 2015, puis a légèrement augmenté d’une année à l’autre jusqu’en 2017 (tableau 5). Cette plus récente hausse est en partie attribuable à l’augmentation du nombre d’infractions sexuelles déclarées : de 2009 à 2017, le taux d’infractions sexuelles commises contre les jeunes personnes de sexe féminin et déclarées par la police a augmenté de 32 % tant dans le Nord que dans le SudNote . Cette constatation ne découle vraisemblablement pas d’une augmentation des crimes sexuels commis, mais plutôt du nombre plus élevé d’affaires jugées fondées qui ont été déclarées par la police ainsi que du plus grand nombre de personnes qui signalent le crime sexuel dont elles ont été victimes à la police dans la foulée du mouvement #MoiAussi (voir Rotenberg et Cotter, 2018).

De 2009 à 2017, les taux globaux de crimes violents contre les jeunes personnes de sexe féminin ont affiché une baisse nette, mais la diminution était plus faible chez les jeunes femmes et les filles du Nord (-11 %) que chez celles du Sud (-19 %) (tableau 5), les taux de voies de fait et d’infractions liées au harcèlement criminel ou aux menaces n’ayant pas diminué autant dans le Nord que dans le Sud. Les jeunes victimes de sexe masculin vivant dans le Nord ont connu une baisse plus marquée du taux global de crimes violents commis à leur endroit au cours de la période de neuf ans (-25 %) (données non indiquéesNote ), alors que les taux étaient relativement inchangés chez les femmes adultes de 25 ans et plus vivant dans le Nord (tableau 5).

Le taux de crimes violents commis contre les personnes de sexe féminin dans le Nord et déclarés par la police atteint d’abord un sommet chez les victimes âgées de 15 ans et demeure élevé jusqu’à l’âge de 30 ans, où une baisse est observée

En 2017, le taux de crimes violents déclarés par la police dans l’ensemble du Canada atteignait d’abord un sommet chez les victimes âgées de 15 ans, après quoi il diminuait de façon constante avec l’âge (graphique 3). En revanche, chez les femmes et les filles vivant dans le Nord, le taux montait en flèche à l’âge de 15 ans, puis demeurait élevé — sous réserve de certaines fluctuations — jusqu’à ce qu’il diminue vers l’âge de 31 ans. Ce profil de victimisation selon l’âge différait de celui des femmes vivant dans le Sud, qui suivait la tendance globale canadienne selon laquelle le taux diminuait après avoir atteint un sommet à l’âge de 15 ans. Ce profil différait aussi de celui des personnes de sexe masculin vivant dans le Nord, chez qui la victimisation était la plus élevée dans les années précédant la trentaine (graphique 3). Le taux de victimisation criminelle avec violence chez les femmes et les filles du Nord était plus élevé que celui des hommes et des garçons, et ce, presque invariablement de la naissance jusqu’à l’âge d’environ 50 ans, après quoi les personnes de sexe masculin du Nord affichaient généralement des taux de victimisation plus élevés que ceux des victimes de sexe féminin.

Graphique 3 Taux de crimes violents déclarés par la police selon l’âge et le sexe de la victime, et selon qu’elle vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3. Les données sont présentées selon Âge de la victime (titres de rangée) et Victimes de sexe féminin vivant dans le Nord, Victimes de sexe masculin vivant dans le Nord, Victimes de sexe féminin vivant dans le Sud, Victimes de sexe masculin vivant dans le Sud et Ensemble du Canada, calculées selon taux pour 100 000 personnes
unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Âge de la victime Victimes de sexe féminin vivant dans le Nord Victimes de sexe masculin vivant dans le Nord Victimes de sexe féminin vivant dans le Sud Victimes de sexe masculin vivant dans le Sud Ensemble du Canada
taux pour 100 000 personnes
0 327 215 83 116 113
1 269 265 142 145 153
2 369 257 157 138 159
3 391 269 228 199 221
4 603 395 284 226 271
5 700 657 324 286 331
6 804 543 383 309 368
7 952 745 384 347 399
8 1 048 894 411 377 434
9 1 041 1 075 458 428 485
10 1 754 1 467 511 495 578
11 2 344 1 538 654 599 714
12 3 442 2 145 1 088 894 1 107
13 4 309 2 530 1 705 1 142 1 548
14 5 378 2 813 2 164 1 526 1 985
15 7 171 2 970 2 363 1 664 2 204
16 5 952 2 998 2 190 1 720 2 111
17 6 555 3 434 2 158 1 710 2 122
18 6 474 3 377 2 136 1 617 2 058
19 6 586 3 912 2 107 1 554 2 026
20 6 773 3 925 2 122 1 575 2 045
21 7 081 3 726 1 984 1 536 1 967
22 6 640 3 937 1 968 1 494 1 930
23 7 379 4 076 1 900 1 436 1 895
24 7 360 3 950 1 868 1 431 1 876
25 7 007 4 100 1 860 1 531 1 918
26 6 775 4 101 1 776 1 421 1 814
27 6 970 4 018 1 707 1 416 1 781
28 6 754 4 310 1 667 1 328 1 718
29 7 192 4 101 1 576 1 311 1 676
30 6 735 4 541 1 608 1 638 1 847
31 5 084 4 095 1 471 1 268 1 552
32 5 198 3 994 1 427 1 221 1 509
33 5 091 3 652 1 396 1 214 1 479
34 4 532 3 340 1 387 1 146 1 416
35 4 563 3 588 1 354 1 291 1 477
36 4 541 2 982 1 282 1 120 1 345
37 3 998 3 041 1 273 1 049 1 293
38 4 083 2 908 1 233 1 098 1 295
39 3 908 2 937 1 220 1 011 1 244
40 4 095 3 155 1 216 1 170 1 329
41 3 596 2 986 1 118 1 018 1 194
42 3 780 2 686 1 085 952 1 142
43 3 387 2 584 1 057 945 1 112
44 3 153 2 764 988 969 1 090
45 3 192 2 844 972 996 1 099
46 2 841 2 476 951 925 1 036
47 2 918 2 464 893 932 1 012
48 2 468 2 751 835 901 966
49 2 636 2 607 806 869 937
50 2 328 2 188 766 897 912
51 2 026 1 912 674 790 804
52 1 813 1 983 659 806 802
53 1 460 1 811 605 713 718
54 1 421 1 459 544 711 677
55 1 376 1 431 550 684 666
56 1 261 1 515 473 647 613
57 1 006 1 310 424 574 540
58 779 1 109 383 544 494
59 816 1 087 352 513 466
60 672 875 320 497 432
61 656 772 278 455 388
62 633 741 264 436 370
63 482 659 252 397 339
64 430 611 221 373 310
65 395 664 219 341 295
66 371 651 196 290 259
67 318 538 194 293 254
68 406 479 160 265 225
69 323 473 171 232 212
70 273 429 165 247 213
71 276 438 126 230 187
72 450 465 139 208 188
73 313 406 137 188 173
74 300 309 133 178 163
75 190 501 157 160 169
76 232 358 126 182 160
77 170 322 151 158 159
78 276 257 153 157 161
79 394 246 131 145 148
80 188 319 141 145 148
81 201 191 127 124 129
82 86 188 141 110 128
83 92 212 179 110 149
84 98 463 139 143 146
85 132 179 155 158 156
86 208 163 121 142 133
87 65 186 146 158 149
88 75 181 173 168 168
89 83 367 134 164 147

Chez les jeunes femmes et les filles, l’écart des taux de victimisation avec violence entre le Nord et le Sud est principalement attribuable aux voies de fait

Les taux de jeunes femmes et de filles du Nord ayant été victimes de crimes violents étaient plus élevés que ceux de leurs homologues du Sud pour tous les principaux types d’infractions avec violence (graphique 4). Cela étant dit, l’écart de loin le plus important visait les infractions liées aux voies de faitNote , dont le taux de victimisation chez les jeunes femmes et les filles du Nord était près de quatre fois (3,9 x) supérieur à celui de leurs homologues du Sud (2 283 victimes pour 100 000 personnes par rapport à 581) (tableau 3)Note . Les infractions liées aux voies de fait représentaient également une proportion beaucoup plus élevée de crimes violents commis contre les jeunes femmes et les filles dans le Nord que dans le Sud (63 % par rapport à 47 %), dont la plupart étaient des voies de fait de niveau 1 (tableau 6)Note Note .

Graphique 4 Taux de crimes violents déclarés par la police pour les jeunes victimes de sexe féminin, selon le type d’infraction et selon que la victime vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 4 
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4. Les données sont présentées selon Type d'infraction (titres de rangée) et Nord, Sud et Écart, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Type d'infraction Nord Sud Écart
taux pour 100 000 personnes
Infractions liées aux voies de faitTableau de Note 1 2 283 581 3,9
Infractions sexuellesTableau de Note 2 868 375 2,3
Harcèlement criminel et menacesTableau de Note 3 360 188 1,9
Infractions d’entrave à la libertéTableau de Note 4 108 73 1,5
Autres infractions avec violenceTableau de Note 5 24 19 1,3

La violence commise contre les personnes de sexe féminin vivant dans le Nord, qui est surtout d’ordre sexuel lorsqu’elles sont enfants, consiste principalement en des voies de fait lorsqu’elles passent à l’âge adulte

Dans le Nord, un changement important quant aux types de crimes violents déclarés par la police a été observé lors du passage des victimes de sexe féminin à l’âge adulte. Les victimes plus jeunes ont subi plus souvent de la violence sexuelle, tandis que, vers l’âge de 18 ans et au cours des années précédant leur passage à l’âge adulte, les jeunes femmes ont subi plus souvent de la violence physique. Ces changements sont également conformes aux tendances de la victimisation selon l’âge observées chez les victimes de sexe féminin du Sud et, dans une moindre mesure, chez les victimes de sexe masculin de l’une ou l’autre des régions : les personnes de sexe masculin de tout âge étaient généralement plus susceptibles d’être victimes d’infractions liées aux voies de fait que de crimes sexuels, bien qu’une augmentation ait été constatée en ce qui concerne les jeunes garçons victimes d’une infraction sexuelle (données non indiquées; voir aussi Cotter et Beaupré, 2014; Rotenberg, 2017a). Lorsqu’on interprète les taux d’infractions sexuelles, il est important de se rappeler que seule 1 agression sexuelle sur 20Note  est signalée à la police (Conroy et Cotter, 2017). Par conséquent, les crimes sexuels déclarés par la police représentent vraisemblablement une sous-estimation de l’ampleur réelle des agressions sexuelles et de la violence sexuelle contre les jeunes femmes et les filles au Canada.

Dans le Nord, alors que les taux d’infractions liées aux voies de fait contre les personnes de sexe féminin étaient les plus élevés chez les femmes dont l’âge allait de la mi-vingtaine à environ 30 ans, les taux d’infractions sexuelles (y compris les agressions sexuelles, les infractions sexuelles contre les enfants et les autres infractions d’ordre sexuel) atteignaient un sommet chez les victimes de sexe féminin à un âge beaucoup plus jeune, soit vers 15 ans (graphique 5). Les taux de victimisation sexuelle diminuaient drastiquement après la fin de l’adolescence, tandis que les taux d’infractions liées aux voies de fait étaient élevés et relativement stables pendant une période plus longue de l’âge adulte. Quant aux taux d’infractions liées au harcèlement criminel et aux menaces, ils étaient relativement stables chez les victimes de sexe féminin dont l’âge allait de 16 ans jusqu’à la fin de la quarantaine.

Graphique 5 Taux de crimes violents déclarés par la police pour les victimes de sexe féminin vivant dans le Nord, selon l’âge de la victime et certains types d’infraction, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 5 
Tableau de données du graphique 5
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 5. Les données sont présentées selon Âge de la victime (titres de rangée) et Infractions liées aux voies de fait, Infractions sexuelles et Harcèlement criminel et menaces, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Âge de la victime Infractions liées aux voies de faitTableau de Note 1 Infractions sexuellesTableau de Note 2 Harcèlement criminel et menacesTableau de Note 3
taux pour 100 000 personnes
0 199 14 50
1 152 22 51
2 200 96 37
3 120 195 45
4 189 355 45
5 226 429 8
6 246 446 67
7 359 542 37
8 410 557 29
9 384 569 74
10 679 892 153
11 982 1 077 206
12 1 405 1 610 345
13 1 632 2 163 408
14 2 328 2 361 590
15 3 394 2 873 724
16 3 404 1 686 645
17 4 154 1 547 646
18 4 537 992 654
19 4 823 767 705
20 5 083 811 648
21 5 327 748 697
22 5 187 558 644
23 5 743 621 779
24 5 761 498 772
25 5 537 506 656
26 5 279 524 758
27 5 614 424 689
28 5 428 341 741
29 5 767 463 679
30 5 263 430 838
31 4 117 327 484
32 4 085 287 658
33 3 909 252 734
34 3 537 220 597
35 3 559 221 648
36 3 418 253 758
37 3 081 238 577
38 3 125 209 628
39 2 943 236 608
40 3 068 257 665
41 2 701 266 554
42 2 808 231 625
43 2 575 139 564
44 2 338 149 541
45 2 256 123 675
46 2 223 125 449
47 2 190 180 510
48 1 915 83 371
49 1 916 130 513
50 1 615 135 518
51 1 429 132 368
52 1 351 51 327
53 1 044 75 273
54 1 082 48 224
55 1 020 54 229
56 943 65 212
57 651 54 253
58 592 6 169
59 540 49 190
60 433 50 170
61 415 27 188
62 420 33 160
63 328 7 140
64 289 22 96
65 237 8 111
66 231 17 99
67 226 0 75
68 276 17 95
69 197 9 81
70 182 9 64
71 159 11 74
72 272 24 142
73 157 24 108
74 237 12 50
75 109 14 68
76 174 14 29
77 92 15 62
78 211 0 49
79 287 18 54
80 56 38 75
81 100 20 40
82 43 0 22
83 46 0 46
84 74 0 25
85 132 0 0
86 59 89 30
87 32 32 0
88 75 0 0
89 41 0 0

Les tendances relatives à l’âge de la victimisation selon le type d’infraction étaient semblables dans le Sud, sauf pour les infractions liées aux voies de fait, qui atteignaient un sommet chez les victimes à un plus jeune âge (début de la vingtaine) que ce n’était le cas dans le Nord (données non indiquées). Ces constatations concordent avec d’autres recherches qui ont mis en évidence les divers facteurs de risque, dont l’âge de la victime, associés à différents types de victimisation. Par exemple, les enfants, les élèves ou les personnes du groupe d’âge allant des adolescents aux jeunes adultes présentent un risque plus élevé d’être victimes d’agression sexuelle, tandis que les voies de fait sont généralement commises contre des femmes plus âgées et sont souvent liées à la violence familiale (Allen et McCarthy, 2018; Conroy, 2018; Perreault, 2015).

Le taux de crimes violents contre les jeunes femmes et les filles est deux fois plus élevé dans les territoires que dans l’ensemble du Nord provincial

Selon les données déclarées par la police en 2017, peu importe l’âge ou le sexe de la victime, les taux de crimes violents étaient plus élevés dans les territoires que dans l’ensemble du Nord provincial, et plus élevés dans le Nord provincial que dans le Sud (graphique 6). Dans le cas des jeunes femmes et des filles de 24 ans ou moins, le taux de crimes violents dont elles ont été victimes dans les territoires (7 232 victimes pour 100 000 personnes) était environ deux fois (2,1 x) plus élevé qu’il ne l’était dans le Nord provincial (3 391), tandis que le taux enregistré dans le Nord provincial était plus de deux fois et demie (2,7 x) supérieur à celui observé dans le Sud (1 235). Toutefois, des différences de taux ont été observées à l’échelle provinciale (voir la section « Les taux de crimes violents contre les femmes et les filles sont plus élevés dans le Nord de la Saskatchewan et le Nord du Manitoba que dans les territoires »), ainsi qu’entre les grandes villes (tableau 7).

Graphique 6 Taux de crimes violents déclarés par la police selon le sexe et le groupe d’âge de la victime, et selon qu’elle vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 6 
Tableau de données du graphique 6
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 6. Les données sont présentées selon Sexe et groupe d’âge de la victime (titres de rangée) et Territoires, Nord provincial et Sud, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Sexe et groupe d’âge de la victime Territoires Nord provincial Sud
taux pour 100 000 personnes
Jeunes femmes et filles (0 à 24 ans) 7 232 3 391 1 235
Femmes adultes (25 à 89 ans) 7 635 2 255 779
Jeunes hommes et garçons (0 à 24 ans) 3 272 2 008 954
Hommes adultes (25 à 89 ans) 5 379 1 881 791

Les taux de crimes violents contre les jeunes femmes et les filles dans les régions rurales du Nord du Canada font augmenter les taux dans le Nord

Les mesures de la population urbaine par rapport à la population rurale fournissent un autre niveau de distinction géographique qui peut être utilisé parallèlement à l’analyse des régions du Nord et du SudNote Note . Dans le Nord provincial, on trouve à la fois des régions urbaines et des régions rurales : environ 40 % de la population dans le Nord du QuébecNote , le Nord de l’Ontario et le Nord de la Colombie-Britannique vit dans des régions rurales et de petites villes (c.-à-d. à l’extérieur des régions métropolitaines de recensement ou des agglomérations de recensementNote ), alors que l’ensemble du Nord de Terre-Neuve-et-Labrador et du Nord de la Saskatchewan est considéré comme une région rurale (Allen et Perreault, 2015).

Alors qu’un peu moins de la moitié (48 %) de la population féminine de 24 ans ou moins du NordNote  vivait en région rurale, plus des deux tiers (67 %) des crimes violents déclarés par la police ayant été commis contre les jeunes personnes de sexe féminin dans le Nord ont eu lieu dans une région rurale. En revanche, dans le Sud, la proportion de jeunes personnes de sexe féminin vivant en région rurale (14 %) correspondait à peu près au pourcentage de crimes violents commis contre les jeunes femmes et les filles dans une région rurale (17 %). Cette constatation démontre que la victimisation avec violence est nettement disproportionnée chez les jeunes femmes et les filles vivant dans les régions rurales les plus éloignées du Nord. Les régions rurales du Nord comprennent plus de 200 collectivités et cantons éloignés dont la population varie de plus de 100 à 30 000 résidentsNote . L’autre tiers (33 %) des jeunes personnes de sexe féminin qui ont été victimes de crimes violents déclarés par la police dans le Nord vivaient en région urbaine. Cela comprend de plus grandes villes comme le Grand Sudbury (Ontario), Saguenay (Québec) et Thunder Bay (Ontario), de même que Thompson (Manitoba), Prince George (Colombie-Britannique), Wood Buffalo (Alberta), la section urbaine de Grande Prairie (Alberta)Note , Timmins (Ontario) et North Bay (Ontario), parmi d’autres plus petits cantons.

Dans le Nord, le taux de crimes violents contre les jeunes femmes et les filles était deux fois (2,1 x) plus élevé dans les régions rurales que dans les régions urbaines (5 023 par rapport à 2 354 victimes pour 100 000 personnes). Bien que, à l’échelle nationale, les taux de crimes violents contre les jeunes femmes et les filles soient plus élevés dans les régions rurales (Conroy, 2018), il est évident que l’écart est beaucoup plus grand dans le Nord que dans le Sud. Par conséquent, les constatations laissent croire que l’écart entre les taux de crimes violents contre les jeunes victimes de sexe féminin du Nord et ceux de leurs homologues du Sud est en grande partie attribuable aux affaires de violence dans les régions rurales du Nord (graphique 7), ce qui est également le cas pour l’ensemble des crimes déclarés par la police (Perreault, 2019). Le type de crime variait également, les crimes violents commis contre les jeunes femmes et les filles dans le Nord rural étant plus susceptibles d’être des voies de fait que dans le Nord urbain (68 % par rapport à 52 %), et donc moins souvent des infractions sexuelles (21 % par rapport à 29 %) ou des infractions liées au harcèlement criminel et aux menaces (8 % par rapport à 14 %) (données non indiquées).

Graphique 7 Taux de crimes violents déclarés par la police pour les jeunes victimes de sexe féminin, selon que la victime vit en région urbaine ou en région rurale et dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 7 
Tableau de données du graphique 7
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 7. Les données sont présentées selon Région de résidence de la victime (titres de rangée) et Nord, Sud et Ensemble du Canada, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Région de résidence de la victime Nord Sud Ensemble du Canada
taux pour 100 000 personnes
Région ruraleTableau de Note 1 5 023 1 526 2 212
Région urbaineTableau de Note 2 2 354 1 188 1 236
Écart 2,1 1,3 1,8

Les taux de crimes violents contre les femmes et les filles sont plus élevés dans le Nord de la Saskatchewan et le Nord du Manitoba que dans les territoires

Conformément à des recherches antérieures (Allen et Perreault, 2015), les données déclarées par la police en 2017 indiquent que les taux de crimes violents contre les jeunes femmes et les filles étaient plus élevés dans le Nord que dans le Sud de toutes les provinces, l’écart le plus important entre le Nord et le Sud ayant été observé en Saskatchewan (6,4 x plus élevé dans le Nord), suivie du Manitoba (4,9 x). Le taux le plus élevé de crimes violents contre les jeunes femmes et les filles a été enregistré dans le Nord de la Saskatchewan (13 886 victimes pour 100 000 personnes), suivi du Nord du Manitoba (9 025), deux régions où le taux dépassait celui enregistré dans chacun des trois territoires, mais ce taux n’était pas beaucoup plus élevé par rapport à celui des Territoires du Nord-Ouest (8 909) (graphique 8; tableau 8). Cette situation n’était pas uniquement observée chez les jeunes victimes de sexe féminin. En effet, les taux de crimes violents étaient invariablement plus élevés dans le Nord de la Saskatchewan et le Nord du Manitoba que dans les territoires pour les victimes des deux sexes de tous les principaux groupes d’âge (tableau 9), et le taux était le plus élevé dans le Nord de la Saskatchewan, soit plus de deux fois (2,2 x) supérieur à celui de l’ensemble des Canadiens vivant dans les territoires (13 071 par rapport à 6 002). Le Nord de la Saskatchewan en particulier présente plusieurs caractéristiques socioéconomiques semblables à celles des territoires, telles qu’une population élevée d’Autochtones, une population généralement plus jeune, des familles plus nombreuses, des familles monoparentales plus nombreuses, un plus grand nombre d’adultes sans diplôme d’études secondaires ou postsecondaires, des taux de chômage plus élevés et des niveaux de revenu plus faibles (Allen et Perreault, 2015; Statistique Canada, 2013b).

Graphique 8 Taux de crimes violents déclarés par la police pour les jeunes victimes de sexe féminin, selon la province ou le territoire et selon que la victime vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 8 
Tableau de données du graphique 8
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 8. Les données sont présentées selon Province ou territoire (titres de rangée) et Nord et Sud, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Province ou territoire Nord Sud
taux pour 100 000 personnes
Canada 3 643 1 235
Nunavut 7 491 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Territoires du Nord-Ouest 8 909 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Yukon 4 356 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Colombie-Britannique 2 316 1 014
Alberta 2 460 1 272
Saskatchewan 13 886 2 158
Manitoba 9 025 1 827
Ontario 2 734 1 000
Québec 2 279 1 399
Nouveau-Brunswick Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 1 730
Nouvelle-Écosse Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 1 776
Île-du-Prince-Édouard Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 1 155
Terre-Neuve-et-Labrador 6 153 1 351

Certaines différences ont été relevées entre les types de crimes violents contre les jeunes femmes et les filles. Alors que le Nord de la Saskatchewan a enregistré les taux les plus élevés d’infractions liées aux voies de fait (10 882 victimes pour 100 000 personnes) et d’infractions liées au harcèlement criminel et aux menaces (919), les Territoires du Nord-Ouest ont affiché les taux les plus élevés d’infractions sexuelles (1 827) (voir le tableau 10).

Lorsque les provinces et les territoires étaient répartis en régions urbaines et rurales, le Nord de la Saskatchewan, qui est entièrement ruralNote , demeurait la région ayant affiché le plus haut taux de crimes violents contre les jeunes femmes et les filles (13 886 victimes pour 100 000 personnes). Les régions rurales des Territoires du Nord-Ouest ont affiché un taux tout aussi élevé de crimes violents contre les jeunes femmes et les filles (13 190), suivies des régions urbaines du Nord du Manitoba (10 053), province qui, contrairement à la plupart des autres provinces ayant une région du Nord, a enregistré un taux plus élevé dans les régions urbaines du Nord que dans les régions rurales du Nord (8 881) (graphique 9)Note .

Graphique 9 Taux de crimes violents déclarés par la police pour les jeunes victimes de sexe féminin, selon la province ou le territoire et selon que la victime vit en région urbaine ou en région rurale et dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 9 
Tableau de données du graphique 9
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 9. Les données sont présentées selon Province ou territoire (titres de rangée) et Taux pour 100 000 personnes (figurant comme en-tête de colonne).
Province ou territoire Taux pour 100 000 personnes
Saskatchewan (région rurale) 13 886
Territoires du Nord-Ouest (région rurale) 13 190
Manitoba (région urbaine) 10 053
Manitoba (région rurale) 8 881
Yukon (région rurale) 8 431
Nunavut (région rurale) 7 491
Terre-Neuve-et-Labrador (région rurale) 6 153
Territoires du Nord-Ouest (région urbaine) 4 024
Ontario (région rurale) 3 865
Yukon (région urbaine) 3 468
Québec (région rurale) 2 840
Saskatchewan (région rurale) 2 568
Alberta (région rurale) 2 538
Colombie-Britannique (région rurale) 2 473
Alberta (région urbaine) 2 312
Colombie-Britannique (région urbaine) 2 231
Québec (région urbaine) 2 138
Ontario (région urbaine) 2 061
Saskatchewan (région urbaine) 1 939
Manitoba (région urbaine) 1 879
Nouvelle-Écosse (région rurale) 1 849
Nouveau-Brunswick (région rurale) 1 845
Nouvelle-Écosse (région urbaine) 1 741
Manitoba (région rurale) 1 701
Nouveau-Brunswick (région urbaine) 1 658
Alberta (région rurale) 1 605
Québec (région rurale) 1 592
Terre-Neuve-et-Labrador (région rurale) 1 392
Québec (région urbaine) 1 365
Terre-Neuve-et-Labrador (région urbaine) 1 324
Île-du-Prince-Édouard (région rurale) 1 230
Alberta (région urbaine) 1 220
Colombie-Britannique (région rurale) 1 155
Île-du-Prince-Édouard (région urbaine) 1 117
Ontario (région urbaine) 1 003
Colombie-Britannique (région urbaine) 1 001
Ontario (région rurale) 966
Ensemble des jeunes femmes et filles vivant dans le Nord 3 643

Les crimes violents contre les femmes et les filles sont plus graves dans le Nord que dans le Sud

Au Canada, les crimes violents comprennent un certain nombre d’infractions dont le degré de gravité ou de préjudice pour la victime varieNote . Les jeunes personnes de sexe féminin du Nord ont été proportionnellement plus nombreuses que leurs homologues du Sud à être victimes d’infractions avec violence plus graves : le taux de voies de fait graves (niveau 3) était sept fois (7,0 x) plus élevé dans le Nord que dans le Sud (34 par rapport à 5 victimes pour 100 000 personnes), ce qui représente le plus grand écart entre le Nord et le Sud parmi tous les types d’infractions avec violence (tableau 3). Le taux de voies de fait de niveau 2 commises contre les jeunes personnes de sexe féminin dans le Nord était près de quatre fois (3,8 x) plus élevé que dans le Sud (417 par rapport à 109), tout comme le taux d’homicides et d’autres infractions causant la mort (3,4 x; 3,33 par rapport à 0,98; voir la section Homicides dans le Nord du présent article). Comparativement aux jeunes personnes de sexe masculin de 24 ans ou moins qui vivaient dans le Nord, leurs homologues de sexe féminin ont été victimes des voies de fait les moins graves (niveau 1) à des taux plus élevés, mais des voies de fait plus graves (niveaux 2 et 3) à des taux plus faibles (voir le tableau 3 et le tableau 4)Note . Les jeunes femmes et les filles du Nord ont également été victimes d’homicide à des taux inférieurs à ceux des jeunes hommes et des garçons du NordNote .

Selon les données sur les crimes déclarés par la police en 2017, la violence contre les femmes et les filles était plus susceptible de causer des blessures corporelles dans le Nord que dans le Sud (graphique 10; tableau 11). Alors que près de la moitié (45 %) des jeunes personnes de sexe féminin ayant été victimes de crimes violents dans le Nord ont subi des blessures corporelles (dont la grande majorité ont été classées par la police comme des blessures mineuresNote ), c’était le cas d’environ le tiers (32 %) des jeunes victimes de sexe féminin dans le SudNote . Même lorsque seules les infractions liées aux voies de fait étaient prises en compte, les victimes vivant dans le Nord ont été proportionnellement plus nombreuses que celles du Sud à avoir subi des blessures corporelles (63 % par rapport à 54 %; données non indiquées)Note . Une plus faible proportion de jeunes personnes de sexe féminin qui ont été victimes de crimes violents ont subi des blessures corporelles, comparativement aux jeunes victimes de sexe masculin vivant aussi dans le Nord (45 % par rapport à 51 %) (graphique 10).

Graphique 10 Présence d’une arme et blessures corporelles, crimes violents commis contre les jeunes personnes et déclarés par 
la police, selon que la victime vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 10 
Tableau de données du graphique 10
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 10. Les données sont présentées selon Certaines caractéristiques de l'affaire (titres de rangée) et Jeunes femmes et filles vivant dans le Nord, Jeunes femmes et filles vivant dans le Sud, Jeunes hommes et garçons vivant dans le Nord et Jeunes hommes et garçons vivant dans le Sud, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Certaines caractéristiques de l'affaire Jeunes femmes et filles vivant dans le Nord Jeunes femmes et filles vivant dans le Sud Jeunes hommes et garçons vivant dans le Nord Jeunes hommes et garçons vivant dans le Sud
pourcentage
Présence d’une arme sur les lieux de l’affaireTableau de Note 1 13 13 28 31
Recours à la force physique ou menacesTableau de Note 2 76 73 65 62
Blessures corporelles infligées à la victimeTableau de Note 3 45 32 51 41

Les crimes violents contre les jeunes femmes et les filles étaient beaucoup moins susceptibles de comporter l’utilisation d’une arme, comparativement à la violence envers les jeunes hommes et les garçons, que ce soit dans le Nord ou le Sud (graphique 10). Les armes étaient présentes dans une proportion presque égale de crimes violents commis contre les jeunes victimes de sexe féminin dans le Nord et dans le Sud (13 % dans chaque cas; tableau 11)Note . Toutefois, les crimes contre les jeunes femmes et les filles du Nord étaient légèrement plus susceptibles d’avoir été commis à l’aide d’un couteau ou d’un autre instrument tranchant (31 % par rapport à 29 %) et moins susceptibles d’avoir été perpétrés à l’aide d’une arme à feu (10 % par rapport à 13 %) (données non indiquées). Chez les jeunes femmes et les filles du Nord comme du Sud, et chez les jeunes personnes de sexe masculin de l’une ou l’autre des régions, une proportion plus élevée de victimes ont subi des blessures corporelles lorsqu’une arme était présente (données non indiquées).

Il convient de souligner que, parmi les victimes de crimes violents du Nord, les jeunes femmes et les filles n’étaient pas les seules à avoir subi des blessures corporelles dans une proportion supérieure à celle de leurs homologues du Sud. En fait, c’était également le cas des femmes adultes, des jeunes personnes de sexe masculin et des hommes adultes vivant dans le Nord. La proportion de victimes du Nord ayant subi des blessures corporelles était en moyenne de 10 % plus élevéeNote  que leurs homologues du Sud, même lorsque seules les infractions liées aux voies de faitNote  étaient prises en compte (données non indiquées).

Les jeunes femmes et les filles du Nord sont plus souvent victimes de violence de la part d’une personne de sexe masculin plus âgée qu’elles

Selon les données déclarées par la police en 2017 où un auteur présumé de crime violent a été identifié par la policeNote , la plupart des jeunes femmes et des filles de 24 ans ou moins vivant dans le Nord ont été agressées par une personne de sexe masculin (77 %), qui était plus âgée qu’elles dans la grande majorité des cas (82 %)Note . Plus de la moitié (53 %) de ces agresseurs plus âgés de sexe masculin avaient au moins cinq ans de plus que leur jeune victime de sexe féminin, et plus du tiers (36 %) avaient au moins 10 ans de plus. Les différences d’âge entre les jeunes victimes de sexe féminin et leurs agresseurs de sexe masculin dans le Nord étaient semblables à celles observées dans le Sud (tableau 12). En raison des différences tout à fait particulières entre les agresseurs des deux sexes, les crimes violents commis dans le Nord dont la victime et l’auteur présumé étaient tous deux de sexe féminin sont examinés dans l’encadré 2.

Début de l'encadré 2

Encadré 2
Les affaires de violence où la victime et l’auteur présumé sont tous deux de sexe féminin

Dans les affaires de violence où la victime et l’auteur présumé sont tous deux de sexe féminin, le lien de l’auteure présumée avec la victime est souvent bien différent de ce qu’on observe chez les personnes de sexe masculin qui agressent des femmes ou des filles. Selon les données déclarées par la police en 2017, un peu moins du quart (23 %) des auteurs de crimes violents commis dans le Nord contre une jeune femme ou une fille étaient également de sexe fémininNote , soit une proportion plus élevée que dans le Sud (17 %).

Parmi les auteures présumées d’un crime violent commis dans le Nord contre une jeune personne de sexe féminin ayant moins de 25 ans, 3 sur 5 (61 %) appartenaient également à ce groupe d’âge, et près du tiers (31 %) étaient de jeunes contrevenantes de 12 à 17 ans, ce qui dépasse nettement la proportion correspondante chez les auteurs de sexe masculin de violence contre une jeune femme ou une fille (13 %). Par conséquent, les auteures présumées d’une infraction avec violence contre une autre personne de sexe féminin dans le Nord avaient habituellement une plus petite différence d’âge avec leur victime et étaient généralement plus jeunes que les personnes de sexe masculin ayant commis une infraction avec violence contre une victime de sexe féminin (âge médian de 21 ans par rapport à 24 ans). Les constatations sont semblables à l’échelle nationale, où la criminalité atteint habituellement un sommet à un âge plus jeune chez les contrevenantes que chez les contrevenants (Savage, 2019).

Dans le Nord, les auteures de violence contre une jeune personne de sexe féminin étaient le plus souvent une simple connaissance (44 %), suivie d’un membre de la famille (28 %) — le plus souvent un membre de la famille élargie (11 %) — et d’une amie, d’une voisine ou d’une colocataire (12 %). Dans l’ensemble, les auteures présumées du Nord étaient plus susceptibles que leurs homologues de sexe masculin d’être de simples connaissances de la victime, car elles étaient moins souvent un partenaire intime de la victime ou une personne apparentée à la victime (données non indiquées).

Fin de l'encadré 2

La violence contre les jeunes femmes et les filles du Nord est le plus souvent perpétrée par un partenaire intime, une simple connaissance ou un membre de la famille

Dans l’ensemble, lorsqu’on examine les auteurs et les auteures d’un crime violent contre une jeune personne de sexe féminin (la majorité des auteurs présumés étant de sexe masculin dans le Nord [77 %] comme dans le Sud [83 %]), on constate que la victimisation aux mains d’un étranger était moins fréquente dans le Nord (5 %) que dans le Sud (8 %). Cette constatation peut s’expliquer par les réalités des petites collectivités du Nord, où les gens sont plus susceptibles de se connaître. La nature des liens de l’auteur présumé avec la victime était plus ou moins homogène parmi les jeunes femmes et les filles du Nord et du Sud (graphique 11; tableau 12), sauf lorsqu’il s’agissait d’un partenaire intime, auquel cas l’auteur présumé du Nord était plus susceptible d’être un partenaire actuel qu’un ex-partenaire. L’auteur présumé du Nord était également plus susceptible d’être un membre de la famille, en particulier un membre de la famille élargie.

Graphique 11 Jeunes personnes de sexe féminin victimes d’un crime violent déclaré par la police, selon les types les plus courants de lien de l’auteur présumé avec la victime et selon que celle-ci vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 11 
Tableau de données du graphique 11
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 11. Les données sont présentées selon Type de lien de l’auteur présumé avec la victime (titres de rangée) et Nord et Sud, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Type de lien de l’auteur présumé avec la victime Nord Sud
pourcentage
Partenaire intime ou conjoint actuelTableau de Note 1 32 28
Simple connaissanceTableau de Note 2 22 19
Ex-partenaire intime ou ex-conjointTableau de Note 3 11 15
Membre de la famille élargieTableau de Note 4 9 4
Ami, voisin ou colocataire 7 8
Parent ou parent par allianceTableau de Note 5 6 8
Étranger 5 8
Autre membre de la famille immédiateTableau de Note 6 4 4

Parmi les jeunes personnes de sexe féminin qui ont été victimes d’un crime violent dans le Nord, un peu plus de 2 sur 5 (44 %) ont été agressées par un partenaire intime actuel (32 %) ou ancien (11 %), y compris un conjoint (graphique 11). La grande majorité (74 %) des jeunes personnes de sexe féminin du Nord ayant été victimes de violence aux mains d’un partenaire intime étaient en couple avec leur agresseur au moment du crimeNote , tandis que 1 sur 4 (25 %) a été agressée par une personne qui était son ex-partenaireNote  au moment où la violence est survenueNote . Plus du tiers (36 %) des jeunes personnes de sexe féminin du Nord qui ont été victimes de violence aux mains d’un partenaire intime vivaient avec leur agresseur au moment de l’affaireNote .

Alors que la violence entre partenaires intimes représentait une proportion égale des crimes violents commis contre les jeunes femmes et les filles dans le Nord (44 %) et dans le Sud (44 %), le type de relation intime différait entre les deux régions. Pour une plus grande proportion de jeunes victimes de sexe féminin du Nord que du Sud, l’agresseur était une personne connue de la victime comme étant le petit ami ou la petite amie au moment du crime (27 % par rapport à 20 %) plutôt qu’un ex-petit ami ou une ex-petite amie (10 % par rapport à 12 %)Note  (tableau 12). Autrement dit, comparativement à leurs homologues du Sud, les jeunes personnes de sexe féminin du Nord qui ont subi de la violence aux mains d’un partenaire intime ont été plus souvent agressées par une personne qui était leur partenaire amoureux au moment où la violence est survenue (61 % dans le Nord par rapport à 46 % dans le Sud), que par un ex-partenaire intime, ce qui était plus courant dans le Sud (22 % par rapport à 27 %).

Dans l’ensemble, le taux de crimes violents commis par un partenaire intime était trois fois et demie (3,5 x) plus élevé chez les jeunes victimes de sexe féminin du Nord que parmi celles du Sud (959 par rapport à 271 victimes pour 100 000 personnes) (données non indiquées). Il s’agit d’un écart plus prononcé que celui observé pour le taux global de crimes violents commis contre les jeunes femmes et les filles dans le Nord comparativement au Sud (2,9 x).

L’examen des données ventilées selon le sexe de l’auteur présumé révèle que les auteurs de sexe masculin d’actes de violence envers une jeune personne de sexe féminin du Nord étaient le plus souvent un partenaire intime (55 %), alors que c’était rarement le cas des auteures de cette forme de violence (5 %). Par conséquent, comparativement à leurs homologues de sexe féminin, les auteurs de sexe masculin d’actes de violence envers une jeune personne de sexe féminin du Nord avaient moins souvent un autre type de lien avec la victime (p. ex. un membre de la famille [18 % des agresseurs de sexe masculin par rapport à 28 % des agresseurs de sexe féminin], une simple connaissance [15 % par rapport à 44 %] ou un ami, un voisin ou un colocataire [5 % par rapport à 12 %]). Toutefois, les agresseurs de sexe masculin connaissaient leur victime plus souvent, comme en témoigne le fait que les crimes violents contre les jeunes personnes de sexe féminin du Nord ont été proportionnellement moins nombreux à être commis par un étranger (4 %) que par une étrangère (8 %) (données non indiquées).

Un peu plus de 1 jeune personne de sexe féminin sur 5 (22 %) ayant été victime d’un crime violent dans le Nord a été agressée par une simple connaissance, et un autre cinquième (20 %), par un membre de la famille (autre qu’un conjoint). La plupart du temps, le membre de la famille faisait partie de la famille élargie (9 %) (p. ex. grand-parent, oncle ou tante, cousin ou cousine, beau-frère ou belle-sœur, beau-père ou belle-mèreNote ), suivi d’un parent (6 %)Note  ou d’un autre membre de la famille immédiate, à savoir un frère ou une sœur (frère ou sœur biologique, demi-frère ou demi-sœur, ou frère ou sœur par alliance, par adoption ou de famille d’accueil) (4 %) (graphique 11; tableau 12). Un peu plus de 2 victimes sur 5 (42 %) vivaient avec le membre de la famille qui les a agresséesNote .

Dans l’ensemble, le taux de crimes violents commis contre les jeunes femmes et les filles par un membre de la famille était près de quatre fois et demie (4,4 x) plus élevé dans le Nord que dans le Sud (438 par rapport à 99 victimes pour 100 000 personnes) (données non indiquées). Outre la prévalence plus élevée de leur victimisation par un membre de la famille, les jeunes victimes de sexe féminin du Nord ont été proportionnellement plus nombreuses que leurs homologues du Sud à avoir été agressées par un membre de la famille (20 % par rapport à 16 %). La proportion des agresseurs qui étaient des membres de la famille élargie était près de deux fois plus élevée dans le Nord que dans le Sud (43 % par rapport à 23 %), ce qui se traduit par un taux de victimisation avec violence aux mains d’un membre de la famille élargie plus de huit fois (8,4 x) supérieur dans le Nord (187 par rapport à 22) (données non indiquées). Selon les données du recensement, les populations autochtones, plus particulièrement celles du Nord, sont plus susceptibles de vivre dans des logements surpeuplésNote  avec d’autres membres de leur famille (Statistique Canada, 2018). Toutefois, parmi les victimes de crimes violents aux mains d’un membre de la famille, les jeunes femmes et les filles du Nord étaient moins susceptibles de vivre avec leur agresseur comparativement à leurs homologues du Sud (42 % par rapport à 55 %)Note ; cela laisse croire que la violence familiale envers les jeunes femmes et les filles du Nord ne s’explique pas uniquement par le fait de vivre avec un plus grand nombre de membres de la famille. Pour obtenir de plus amples renseignements sur les conditions de vie de la population autochtone, voir les récentes publications du recensement (Statistique Canada, 2017b; Statistique Canada, 2017c; Statistique Canada, 2018).

Dans le contexte de la violence familiale, il est également important d’examiner la façon dont la maltraitance historique des peuples autochtones, y compris l’utilisation des pensionnats indiens et l’assimilation forcée, contribue au traumatisme intergénérationnel dans le Nord. La violence dans la famille peut être une conséquence de l’insécurité sociale, culturelle et économique découlant des antécédents d’exclusion, ce qui alimente ensuite un cycle de violence où les victimes ou les témoins de violence deviennent des auteurs de violence plus tard dans la vie (Bombay et autres, 2009; Bombay et autres, 2014; Holmes et Hunt, 2017; Klingspohn, 2018).

Les filles sont surtout agressées par des membres de la famille, alors que les jeunes femmes le sont davantage par des partenaires intimes

Des recherches ont révélé que les jeunes victimes de violence de sexe féminin sont plus susceptibles que les victimes plus âgées d’avoir été agressées par un membre de la famille (Conroy, 2018). Il en va de même dans le Nord, où plus de la moitié (54 %) des victimes de violence de sexe féminin de moins de 12 ans ont été agressées par un membre de la famille (24 % par un parent, 20 % par un membre de la famille élargie et 10 % par un autre membre de la famille immédiate), alors que c’était moins souvent le cas des victimes des groupes plus âgés (graphique 12).

Graphique 12 Crimes violents commis contre les personnes de sexe féminin et déclarés par la police dans le Nord, selon le groupe d’âge de la victime et le type de lien de l’auteur présumé avec celle-ci, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 12 
Tableau de données du graphique 12
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 12 Groupe d’âge de la victime, Femmes adultes (25 à 89 ans), Jeunes femmes adultes (18 à 24 ans), Adolescentes (12 à 17 ans) et Filles (0 à 11 ans), calculées selon proportion de victimes de sexe féminin unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Groupe d’âge de la victime
Femmes adultes (25 à 89 ans) Jeunes femmes adultes (18 à 24 ans) Adolescentes (12 à 17 ans) Filles (0 à 11 ans)
proportion de victimes de sexe féminin
Partenaire intime ou conjointTableau de Note 1 56 61 24 0
Parent ou parent par allianceTableau de Note 2 2 3 9 24
Autre membre de la famille (autre que le conjoint)Tableau de Note 3 14 10 16 30
Simple connaissanceTableau de Note 4 14 16 32 25
Ami, voisin ou colocataire 4 5 11 9
Étranger 5 4 6 8

Contrairement aux enfants de moins de 12 ans, les jeunes filles de 12 à 17 ans dans le Nord ont le plus souvent été agressées par de simples connaissances (32 %), dont les deux tiers (67 %) avaient une différence d’âge d’au plus cinq ans avec la victime. Les jeunes femmes de 18 à 24 ans étaient les plus susceptibles d’avoir été agressées par un partenaire intime (61 %), soit un peu plus que les femmes de 25 ans et plus (56 %) (graphique 12). Ces constatations étaient semblables pour les personnes de sexe féminin vivant dans le Sud (données non indiquées).

Outre les différences observées entre les groupes d’âge, le type de lien de l’auteur présumé avec la victime variait selon le sexe de la victime. Dans le Nord, comparativement aux garçons de 11 ans ou moins ayant été victimes d’un crime violent, leurs homologues de sexe féminin ont été plus souvent victimes de violence aux mains d’un membre de la famille immédiate ou élargie (à l’exclusion des parents) (30 % par rapport à 14 %) (graphique 12; graphique 13). Parmi les victimes qui arrivent à l’adolescence, tant les filles que les garçons de 12 à 17 ans ont été le plus souvent agressés par une simple connaissance (32 % par rapport à 47 %), mais les filles ont été beaucoup plus souvent agressées par un partenaire intime que les garçons (24 % par rapport à 5 %). Cette dernière constatation vaut également pour les jeunes femmes et les jeunes hommes ainsi que pour les adultes plus âgés des deux sexes, comme en témoigne le fait que la majorité des auteurs de violence contre les femmes de 18 ans et plus du Nord étaient des partenaires intimes, alors que c’était moins souvent le cas chez les hommes, qui ont plus souvent été agressés par une simple connaissance.

Graphique 13 Crimes violents commis contre les personnes de sexe masculin et déclarés par la police dans le Nord, selon le groupe d’âge de la victime et le type de lien de l’auteur présumé avec celle-ci, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 13 
Tableau de données du graphique 13
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 13 Groupe d’âge de la victime, Hommes adultes (25 à 89 ans), Jeunes hommes adultes (18 à 24 ans), Garçons adolescents (12 à 17 ans) et Garçons(0 à 11 ans), calculées selon proportion de victimes de sexe masculin unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Groupe d’âge de la victime
Hommes adultes (25 à 89 ans) Jeunes hommes adultes (18 à 24 ans) Garçons adolescents (12 à 17 ans) Garçons (0 à 11 ans)
proportion de victimes de sexe masculin
Partenaire intime ou conjointTableau de Note 1 23 20 5 1
Parent ou parent par allianceTableau de Note 2 2 3 8 27
Autre membre de la famille (autre que le conjoint)Tableau de Note 3 15 15 16 14
Simple connaissanceTableau de Note 4 25 30 47 34
Ami, voisin ou colocataire 9 10 14 14
Étranger 15 16 8 5

Les crimes violents contre les jeunes femmes et les filles sont portés à l’attention de la police plus tôt dans le Nord que dans le Sud

Le temps écoulé entre le moment où un crime survient et le moment où il est porté à l’attention de la police est un facteur crucial qui peut compliquer l’enquête et avoir des répercussions sur les résultats en matière de justice. De longs délais de signalement d’un crime violent à la police sont associés à une plus faible probabilité de procès et de condamnation au criminel (Rotenberg, 2017b). En 2017, les crimes violents contre les jeunes femmes et les filles dans le Nord, qui ont été portés à l’attention de la police et qui constituaient, selon cette dernière, des affaires fondées, ont généralement été signalés à la police plus tôt après le fait que ce n’était le cas dans le Sud.

Dans le Nord, 4 crimes violents sur 5 (80 %) ont été signalés à la police le jour même où ils sont survenus, comparativement à un peu plus des deux tiers (71 %) dans le Sud (graphique 14)Note . Il importe de souligner que, parce que les résidents des petites collectivités se connaissent davantage, il se peut qu’un plus grand nombre de crimes soient portés à l’attention de la police dans le Nord. De plus, comme il en ressort de la présente étude, les crimes violents contre les jeunes femmes et les filles qui sont portés à l’attention de la police dans le Nord sont généralement de nature plus grave que ceux qui sont signalés à la police dans le Sud, ce qui peut avoir pour effet de raccourcir les délais de signalement. En outre, un signalement tardif ne signifie pas nécessairement que la victime a choisi d’attendre pour porter l’incident à l’attention de la police, puisqu’un crime peut être signalé par n’importe qui, y compris la victime, un parent ou un tuteur, ou un autre tiers.

Graphique 14 Délai de signalement à la police des crimes violents contre les jeunes personnes de sexe féminin, selon le type d’infraction et selon que la victime vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 14 
Tableau de données du graphique 14
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 14. Les données sont présentées selon Temps écoulé entre le moment où l’incident a eu lieu et le moment où il a été signalé à la police : (titres de rangée) et Type d’infraction, Infractions liées aux voies de fait, Infractions sexuelles, Harcèlement criminel et menaces, Crimes violents dans l’ensemble, Nord et Sud, calculées selon proportion unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Temps écoulé entre le moment où l’incident a eu lieu et le moment où il a été signalé à la police : Type d’infraction
Infractions liées aux voies de faitTableau de Note 1 Infractions sexuellesTableau de Note 2 Harcèlement criminel et menacesTableau de Note 3 Crimes violents dans l’ensemble
Nord Sud Nord Sud Nord Sud Nord Sud
proportion
Le jour même 90 83 52 46 85 77 80 71
Du lendemain à 1 semaine plus tard 7 12 15 19 12 17 10 15
Plus de 1 semaine à 3 mois plus tard 2 4 12 14 2 5 4 7
Plus de 3 mois à 1 an plus tard 0,4 1 6 7 1 1 2 3
Plus de 1 an plus tard 0,4 1 16 15 0,2 1 4 5

Le temps mis pour signaler un crime à la police varie considérablement selon la nature du crime et le lien de l’auteur présumé avec la victime. Comme le démontrent d’autres recherches (Rotenberg, 2017a), les délais de signalement étaient les plus longs pour les infractions sexuelles contre les jeunes femmes et les filles, que ce soit dans le Nord ou le Sud, et pour les infractions impliquant des membres de la famille, alors que les délais étaient plus courts pour les infractions liées aux voies de fait. Bien que les infractions liées aux voies de fait aient été proportionnellement plus nombreuses dans le Nord que dans le Sud (63 % par rapport à 47 %), la proportion plus élevée de signalements le jour même parmi les jeunes femmes et les filles victimes de crimes violents dans le Nord n’était pas attribuable au plus grand nombre de voies de fait. En fait, plus de crimes violents ont été portés à l’attention de la police dans le Nord le jour même où ils se sont produits, quel que soit le type d’infraction (graphique 14).

Environ la moitié (52 %) des infractions sexuelles contre les jeunes femmes et les filles du Nord ont été signalées à la police le jour même, comparativement à un peu moins de la moitié (46 %) de celles commises contre les jeunes personnes de sexe féminin du Sud. Toutefois, parmi les infractions sexuelles signalées plus tardivement que le jour même, le délai médian de signalement était près de deux fois plus longues pour les victimes de sexe féminin du Nord (57,5 jours) que pour leurs homologues du Sud (33 jours). Cet écart peut s’expliquer en partie par les taux plus élevés d’infractions sexuelles commises par un membre de la famille, en particulier un membre de la famille élargie, contre les jeunes femmes et les filles du Nord. Plus du tiers (35 %) des infractions sexuelles commises contre les jeunes personnes de sexe féminin du Nord par un membre de la famille ont été signalées à la police plus d’un mois après l’incident, comparativement à un peu moins du quart (23 %) des infractions dont l’auteur n’était pas apparenté à la victime (données non indiquées). Les importants obstacles psychologiques qui empêchent une personne de signaler aux autorités la victimisation sexuelle qu’elle a subie aux mains d’un membre de la famille sont bien établis dans les ouvrages publiés (Felson et Paré, 2005; London et autres, 2008).

La police est plus susceptible d’identifier les auteurs présumés de crimes violents commis contre les jeunes femmes et les filles dans le Nord que dans le Sud

En 2017, les jeunes personnes de sexe féminin du Nord qui ont été victimes d’un crime violent déclaré par la police étaient beaucoup plus susceptibles que leurs homologues du Sud de voir l’auteur présumé être identifié par la police relativement au crime (81 % par rapport à 68 %) (graphique 15). Cela peut s’expliquer par les réalités des petites collectivités, où les victimes connaissent plus souvent leur agresseur, ce qui peut faciliter l’identification de l’auteur présumé par la police. Cet écart entre le Nord et le Sud a également été observé chez les jeunes personnes de sexe masculin qui ont été victimes d’un crime violent, celles du Nord étant plus susceptibles que leurs homologues du Sud de voir l’auteur présumé être identifié par la police (79 % par rapport à 62 %) (données non indiquées).

Graphique 15 Classement des affaires déclarées par la police, crimes violents contre les jeunes femmes et les filles, le Nord par rapport au Sud, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 15 
Tableau de données du graphique 15
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 15 Nord et Sud, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Nord Sud
pourcentage
Auteur présumé identifié relativement à l’affaire 81 68
Mise en accusation ou accusation recommandée 57 48
Affaires classées sans mise en accusation 25 20
La victime a demandé qu’aucune autre mesure ne soit priseTableau de Note 1 59 36
Pouvoir discrétionnaire du service de police 23 32
Auteur présumé de moins de 12 ans ou aiguillage vers un programme de déjudiciarisation 9 9
Raison indépendante de la volonté du service 7 20
AutreTableau de Note 2 2 4
Auteur présumé non identifié; affaire non classée 19 32

Dans les affaires où un auteur présumé a été identifié, les crimes violents commis contre les jeunes femmes vivant dans le Nord ou le Sud sont aussi susceptibles les uns que les autres de mener à une accusation au criminel

D’après les données policières de 2017 sur les crimes violents où un auteur présumé a été identifié par la police, il n’y avait pas de différence quant à la proportion des affaires ayant mené au dépôt d’accusations au criminelNote  qui mettaient en cause de jeunes victimes de sexe féminin du Nord ou du Sud (69 % par rapport à 70 %).

Les taux d’inculpation variaient selon la nature et les caractéristiques du crime et des parties concernées. La proportion de crimes violents commis contre une jeune personne de sexe féminin vivant dans le Nord qui ont mené au dépôt d’une accusation au criminel était généralement plus faible dans les cas suivants : la victime était une enfant de moins de 12 ans; l’infraction était liée au harcèlement criminel ou aux menaces; il s’était écoulé plus d’un an avant que le crime ne soit signalé à la police; la victime n’avait pas subi de blessures corporelles; aucune arme n’était présente lors de la perpétration du crime; l’affaire s’est produite dans une école ou sur le terrain d’une école, dans un bar ou un restaurant, dans une aire ouverte, dans le Nord du QuébecNote , au Yukon ou dans le Sud du Québec; l’auteur présumé était de sexe féminin, un jeune contrevenant de 12 à 17 ans, une simple connaissance, un ami, voisin ou colocataire, ou une personne apparentée à la victime, plus particulièrement un frère ou une sœur (données non indiquées).

Lorsqu’un auteur présumé est identifié relativement à un crime, mais qu’aucune accusation au criminel n’est portée contre lui, l’affaire peut être classée par la police pour diverses raisons. Parmi les crimes violents commis contre une jeune personne de sexe féminin ayant été classés sans mise en accusation, la raison la plus courante pour laquelle l’affaire a été classée sans accusation au criminel dans le Nord était que la victime a demandé qu’aucune autre mesure ne soit priseNote  (59 %), une situation beaucoup plus fréquente que dans le Sud (36 %) (graphique 15). Encore une fois, ce constat peut être en partie attribuable au degré de familiarité et à la nature du lien entre la victime et son agresseur.

Il existe un certain nombre de raisons pour lesquelles les victimes peuvent demander qu’aucune autre mesure ne soit prise contre leur agresseur dans une affaire criminelle, dont la crainte de représailles de la part du contrevenant, le fait de croire que l’infraction n’était pas assez grave ou que la preuve contre l’auteur présumé serait insuffisante, le fait de ne pas vouloir participer à une enquête en cours, le stress continu et le traumatisme émotionnel liés à la violence et à l’obligation de raconter les détails du crime durant le processus judiciaire, le fait d’avoir un lien étroit ou familial préexistant avec le contrevenant et, pour les parents d’une jeune victime, la renonciation à poursuivre l’affaire au nom de leur enfant afin de le protéger contre un stress supplémentaire (Dawson et Dinovitzer, 2001; Parkinson et autres, 2002). Certaines de ces raisons peuvent s’avérer encore plus pertinentes dans les collectivités éloignées du Nord, où il peut être plus difficile d’éviter l’agresseur, entre autres personnes qui peuvent être au courant de l’affaire.

Chez les jeunes victimes de sexe féminin vivant dans le Nord, il était plus fréquent de demander qu’aucune autre mesure ne soit prise en ce qui concerne les infractions liées au harcèlement criminel ou aux menaces (25 %), la violence impliquant un auteur présumé qui était apparenté à la victime (33 %), les crimes qui n’ont pas causé de blessures corporelles à la victime (21 %), ou les crimes qui ont eu lieu dans le Nord du Manitoba (25 %), le Nord du Québec (22 %)Note  ou les territoires (27 %), en particulier les Territoires du Nord-Ouest (34 %) (données non indiquées).

Bien que ces données se limitent aux accusations portées ou recommandées par la police et ne reflètent pas les décisions rendues par les tribunaux de juridiction criminelle à l’égard de ces accusations, d’autres recherches, en particulier celles sur les taux d’attrition des agressions sexuelles, ont révélé que la proportion de causes portées devant les tribunaux à la suite du dépôt d’accusations dans les territoires est généralement plus élevée au Yukon que la moyenne canadienne, mais plus faible dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut (Rotenberg, 2017b). Toutefois, parmi les causes d’agression sexuelle portées devant les tribunaux, les taux de déclaration de culpabilité étaient nettement plus élevés dans les trois territoires que dans les provinces du Sud (Rotenberg, 2017b).

Homicides dans le Nord

L’écart le plus important entre les taux d’homicides dans le Nord et le Sud est observé chez les jeunes femmes et les filles de 24 ans ou moins

De 2009 à 2017, 74 jeunes femmes et filles vivant dans le Nord ont été victimes d’un homicide déclaré par la policeNote . Dans l’ensemble, 14 % des victimes d’homicide de sexe féminin au Canada ont été tuées dans le Nord, dont plus du tiers (37 %) avaient 24 ans ou moins. À titre de référence, en 2017, 6 % des Canadiennes vivaient dans le Nord, dont moins du tiers (31 %) avaient 24 ans ou moinsNote .

Parmi les jeunes victimes d’un homicide survenu de 2009 à 2017, une proportion plus élevée étaient de sexe féminin dans le Nord comparativement au Sud (31 % par rapport à 24 %). En moyenne, les taux d’homicides contre les jeunes femmes et les filles étaient plus de trois fois (3,4 x) plus élevés dans le Nord que dans le Sud (graphique 16). Les femmes adultes, les jeunes hommes et les garçons ainsi que les hommes adultes du Nord affichaient également un taux d’homicides plus élevé que leurs homologues du Sud, mais l’écart entre le Nord et le Sud n’était pas aussi grand.

Graphique 16 Taux d’homicides déclarés par la police selon le sexe et le groupe d’âge de la victime, et selon qu’elle vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2009 à 2017

Tableau de données du graphique 16 
Tableau de données du graphique 16
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 16. Les données sont présentées selon Sexe et groupe d’âge de la victime (titres de rangée) et Nord, Sud et Écart, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Sexe et groupe d’âge de la victime Nord Sud Écart
taux pour 100 000 personnes
Jeunes femmes et filles (0 à 24 ans) 2,36 0,70 3,4
Femmes adultes (25 à 89 ans) 1,89 0,88 2,1
Jeunes hommes et garçons (0 à 24 ans) 4,92 2,14 2,3
Hommes adultes (25 à 89 ans) 5,90 2,17 2,7

Lorsque les taux d’homicides étaient ventilés selon le groupe d’âge, la disparité entre le Nord et le Sud était la plus prononcée chez les adolescentes de 12 à 17 ans, pour lesquelles le taux d’homicides était près de sept fois (6,6 x) plus élevé dans le Nord (3,18 victimes pour 100 000 personnes) que dans le Sud (0,48). Cela étant dit, il est important de tenir compte des faibles chiffres de base utilisés dans le calcul de ces taux au moment d’interpréter les résultats (voir le tableau 13). Il convient de souligner que les taux de victimes d’homicide de sexe masculin étaient plus élevés que ceux des victimes de sexe féminin, sans égard au groupe d’âge et peu importe si la victime vivait dans le Nord ou le Sud, mais l’écart était plus faible pour les enfants.

Bien que les Autochtones représentent une minorité (5 %) de la population canadienne (Statistique Canada, 2018), les recherches montrent systématiquement que les jeunes femmes et les filles autochtones sont surreprésentées parmi les victimes d’homicide (Conroy, 2018; David, 2017). Un récent rapport dressant le portrait national de la violence faite aux jeunes femmes et aux filles a révélé que, de 2007 à 2017, le tiers (34 %) des jeunes victimes d’homicide de sexe féminin étaient Autochtones (Conroy, 2018). Cette proportion était encore plus élevée dans le Nord : en effet, selon l’étude actuelle, les trois quarts (56 victimes, ou 76 %) des 74 jeunes victimes d’homicide de sexe féminin vivant dans le Nord étaient Autochtones. Plus précisément, 25 (34 %) des filles et des jeunes femmes qui ont été victimes d’homicide dans le Nord appartenaient à une Première Nation, 9 (12 %) étaient Inuites et 1 (1 %) était Métisse. Les données sur les 21 autres filles et jeunes femmes autochtones (28 %) faisaient état de leur identité autochtone, mais le groupe d’identité auquel elles appartenaient n’était pas connu. Dans le Sud, 1 jeune victime de sexe féminin sur 4 (25 %) était Autochtone (données non indiquées)Note Note .

De 2009 à 2017, 4 homicides sur 5 (81 %) commis contre de jeunes victimes de sexe féminin du Nord ont mené au dépôt ou à la recommandation d’accusations au criminel par la police. Le taux d’inculpation était légèrement inférieur dans le cas des homicides sur de jeunes victimes de sexe féminin dans le Sud (79 %) (données non indiquées).

Pour obtenir de plus amples renseignements sur les homicides dans le Nord, voir les publications de Statistique Canada sur les homicides qui fournissent des données selon l’identité autochtone de la victime (David, 2017; Hotton Mahony et autres, 2017; Miladinovic et Mulligan, 2015), ainsi que d’autres publications qui offrent un important contexte à l’égard de l’intersection du genre et de l’identité autochtone (Dawson et autres, 2018; Association des femmes autochtones du Canada, 2010; Gendarmerie royale du Canada, 2014).

Plus de la moitié des jeunes victimes d’homicide de sexe féminin dans le Nord ont été tuées par un partenaire intime de sexe masculin ou un membre de la famille

De 2009 à 2017, la grande majorité (87 %) des jeunes femmes et des filles du Nord qui ont été victimes d’un homicide résoluNote  ont été tuées par un auteur présumé de sexe masculin, qui était aussi âgé de 24 ans ou moins dans la plupart des cas (60 %)Note . Les victimes connaissaient presque toujours leur assassin, seulement 3 % des homicides ayant été perpétrés par un étranger (tableau 14). Plus du tiers (38 %) des jeunes victimes de sexe féminin du Nord ont été tuées par un partenaire intime (y compris un conjoint actuel ou ancien), le quart (26 %), par une simple connaissance, et un autre quart (25 %), par un membre de la famille.

Comparativement aux jeunes femmes et aux filles ayant été victimes d’un homicide dans le Sud, les victimes de sexe féminin dans le Nord étaient plus susceptibles d’avoir été tuées par une personne qui était de sexe masculin (87 % par rapport à 74 %), qui était âgée de 24 ans ou moins (62 % par rapport à 39 %), qu’elles connaissaient (97 % par rapport à 90 %)Note , qui était leur partenaire intime (38 % par rapport à 32 %), qui avait consommé de l’alcool ou des drogues avant le crime (86 % par rapport à 62 %)Note  et qui avait déjà été reconnue coupable d’un acte criminel (56 % par rapport à 47 %)Note  (tableau 14). La consommation d’une substance intoxicante avant l’homicide était également plus fréquente chez les jeunes victimes de sexe féminin du Nord que parmi celles du Sud (62 % par rapport à 37 %) (données non indiquées)Note . Les jeunes victimes de sexe féminin du Nord ont aussi été plus souvent tuées à la suite d’une dispute ou d’une querelle (38 % par rapport à 22 %)Note  ou de coups portés (34 % par rapport à 23 %)Note  (données non indiquées).

Résumé

En 2017, les jeunes femmes et les filles vivant dans le Nord formaient environ 7 % de la population féminine de 24 ans ou moins au Canada, mais elles représentaient 17 % des jeunes personnes de sexe féminin ayant été victimes de crimes violents déclarés par la police. Par conséquent, le taux de crimes violents dont ont été victimes les jeunes femmes et les filles du Nord était trois fois supérieur à celui de leurs homologues du Sud. Leur taux de victimisation était également plus élevé comparativement à celui des femmes adultes du Nord, et à celui des personnes de sexe masculin de tous les âges vivant dans le Nord ou le Sud. Autrement dit, les jeunes femmes et les filles qui vivent dans le Nord du Canada constituent le groupe le plus exposé au risque d’être victime de violence.

Des recherches antérieures ont démontré que, comparativement aux jeunes hommes et aux garçons, les jeunes femmes et les filles sont victimes d’un nombre disproportionné de crimes violents dans l’ensemble du Canada (Conroy, 2018). La présente étude a révélé que cet écart était encore plus marqué chez les jeunes femmes et les filles vivant dans le Nord, où le taux de crimes violents dont elles ont été victimes était près de deux fois plus élevé que celui de leurs homologues de sexe masculin (3 643 par rapport à 2 090 victimes pour 100 000), comparativement au plus faible écart observé entre les victimes des deux sexes dans le Sud (1 235 par rapport à 954). Au-delà des rapports courants sur la criminalité dans les provinces et les territoires, qui démontrent que les territoires affichent les plus hauts taux de crimes violents au Canada (Allen, 2018; Savage, 2019), la répartition géographique Nord-Sud utilisée dans le présent rapport a révélé que le Nord de la Saskatchewan — qui est entièrement rural — et le Nord du Manitoba présentaient les plus hauts taux de crimes violents contre les jeunes personnes de sexe féminin, c’est-à-dire des taux plus élevés que ceux enregistrés dans chacun des trois territoires.

La plupart des crimes violents contre les jeunes femmes et les filles du Nord ont été commis par des hommes, dont la grande majorité étaient plus âgés que leur victime. Les auteurs d’actes de violence étaient presque toujours une personne connue de la victime plutôt qu’un étranger, le plus souvent un partenaire intime, une simple connaissance ou un membre de la famille, en particulier un membre de la famille élargie, ce qui était plus fréquent dans le Nord que dans le Sud.

Dans le Nord, la majorité des crimes violents contre les jeunes femmes et les filles étaient des infractions liées aux voies de fait, lesquelles ont contribué en grande partie à l’écart des taux de crimes violents entre le Nord et le Sud. Les jeunes personnes de sexe féminin du Nord qui ont été victimes de crimes violents étaient plus susceptibles que leurs homologues du Sud d’avoir subi des blessures corporelles à la suite du crime. Bien que les crimes violents commis dans le Nord contre les jeunes personnes de sexe féminin aient été généralement de nature plus grave que ceux commis dans le Sud, ils ont habituellement été signalés à la police plus tôt et ont donné lieu à une accusation au criminel plus souvent que ce n’était le cas dans le Sud. Cette situation s’explique en partie par le fait qu’il était beaucoup plus courant dans le Nord qu’un auteur présumé soit identifié relativement au crime. Toutefois, une exception a été relevée dans le cas des jeunes victimes de sexe féminin d’une infraction sexuelle qui ont signalé le crime au moins un jour après le fait : parmi celles-ci, le temps mis pour signaler l’incident était deux fois plus long pour les victimes du Nord que pour celles du Sud.

Il est important de rappeler que le présent rapport vise les crimes qui sont portés à l’attention de la police et qui constituent selon cette dernière des affaires fondées. D’autres recherches montrent que les crimes violents contre les jeunes femmes et les filles sont rarement signalés, environ 1 incident de violence sur 10 (11 %E) vécu par les personnes de sexe féminin de 15 à 24 ans ayant été porté à l’attention de la police en 2014 (Conroy, 2018; Conroy et Cotter, 2017; Sinha, 2015). De plus, l’obstacle au signalement à la police peut être plus important dans le Nord en raison du manque d’aide aux victimes (comme des programmes de services aux victimes) dans les régions rurales ou éloignées (Chambre des communes du Canada, 2019), particulièrement dans les situations de violence familiale ou entre partenaires intimes (Edwards, 2014). Ces facteurs sociaux et démographiques, combinés à une plus faible confiance des groupes autochtones envers la police (Cotter, 2015), devraient être pris en compte en raison de leur contribution au sous-signalement des crimes violents à la police. Ainsi, l’incidence réelle de la violence faite aux jeunes femmes et aux filles dans le Nord est vraisemblablement beaucoup plus élevée que ne l’indiquent les chiffres et les taux de crimes violents déclarés par la police.

Les constatations figurant dans le présent rapport reflètent celles issues d’études antérieures qui mettent en évidence la prévalence et la gravité accrues des crimes violents contre les jeunes femmes et les filles dans les régions éloignées et septentrionales du Canada. Il serait utile de mener d’autres recherches sur les crimes violents contre les jeunes femmes et les filles, en mettant un accent particulier sur les populations autochtones, ce qui permettrait de mieux comprendre les tendances et les caractéristiques des victimes et des auteurs présumés afin de s’attarder au problème social continu de la violence faite aux personnes de sexe féminin dans ces collectivités.

Début de l'encadré 3

Encadré 3
Résumé des principales différences entre les jeunes personnes de sexe féminin qui ont été victimes de crimes violents dans le Nord et dans le Sud

Selon les données sur les crimes violents déclarés par la police en 2017, comparativement aux jeunes femmes et aux filles de 24 ans ou moins du Sud du Canada, leurs homologues du Nord étaient :

  • près de trois fois (2,9 x) plus susceptibles d’être victimes d’un crime violent déclaré par la police dans l’ensemble;
    • près de trois fois et demie (3,4 x) plus susceptibles d’être victimes d’un homicide ou d’une autre infraction causant la mort;
    • près de quatre fois (3,9 x) plus susceptibles d’être victimes d’une infraction liée aux voies de fait;
    • plus de deux fois (2,3 x) plus susceptibles d’être victimes d’un crime d’ordre sexuel;
    • près de deux fois (1,9 x) plus susceptibles d’être victimes d’une infraction liée au harcèlement criminel;
  • victimes de crimes violents bien au-delà de l’âge auquel correspondait le plus haut taux de victimisation (15 ans), leurs taux de victimisation demeurant élevés jusqu’à la trentaine.

Les jeunes femmes et les filles du Nord ayant été victimes de crimes violents déclarés par la police ont été proportionnellement plus nombreuses que leurs homologues du Sud :

  • à avoir été agressées par une personne qu’elles connaissaient (95 % par rapport à 92 %), y compris un membre de la famille (20 % par rapport à 16 %);
  • à avoir signalé le crime à la police le jour même où il a été perpétré (80 % par rapport à 71 %);
  • à avoir subi des blessures corporelles (45 % par rapport à 32 %);
  • à avoir vu la police identifier l’auteur présumé relativement au crime (81 % par rapport à 68 %) et, par conséquent, à avoir vu la police déposer ou recommander une accusation au criminel contre l’auteur présumé (57 % par rapport à 48 %);
  • à avoir demandé qu’aucune autre mesure ne soit prise en ce qui concerne le dépôt d’accusations au criminel (dans 59 % par rapport à 36 % des affaires où l’auteur présumé a été identifié, mais n’a pas été inculpé).

Sur le plan géographique, les jeunes femmes et les filles ont affiché les taux les plus élevés de victimisation avec violence déclarée par la police :

  • dans les régions rurales du Nord (5 023 victimes pour 100 000 personnes). Ce taux était plus de deux fois (2,1 x) supérieur à celui enregistré dans les régions urbaines du Nord (2 354) et plus de trois fois (3,3 x) supérieur à celui observé dans les régions rurales du Sud (1 526).
  • dans le Nord de la Saskatchewan (13 886), suivi du Nord du Manitoba (9 025). Ces taux étaient de cinq à six fois plus élevés qu’ils ne l’étaient dans leur région du Sud respective, et ils étaient tous deux nettement plus élevés que le taux global enregistré dans les territoires (7 232).
  • dans les territoires, le taux le plus élevé a été inscrit dans les Territoires du Nord-Ouest (8 909), suivis du Nunavut (7 491) et du Yukon (4 356).

Fin de l'encadré 3

Tableaux de données détaillés

Tableau 1 Surreprésentation des jeunes personnes de sexe féminin parmi les victimes de crimes violents déclarés par la police dans le Nord, Canada, 2017

Tableau 2 Victimes de crimes violents déclarés par la police, selon le groupe d’âge et le sexe de la victime, et selon qu’elle vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau 3 Taux de crimes violents commis contre les personnes de sexe féminin et déclarés par la police, selon le type d’infraction et le groupe d’âge de la victime, et selon qu’elle vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau 4 Taux de crimes violents commis contre les personnes de sexe masculin et déclarés par la police, selon le type d’infraction et le groupe d’âge de la victime, et selon qu’elle vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau 5 Taux de crimes violents déclarés par la police, selon le groupe d’âge et le sexe de la victime, et selon qu’elle vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2009 à 2017

Tableau 6 Personnes de sexe féminin victimes d’un crime violent déclaré par la police dans le Nord, selon le type d’infraction et le groupe d’âge de la victime, Canada, 2017

Tableau 7 Victimes de crimes violents déclarés par la police, selon le groupe d’âge et le sexe de la victime, selon qu’elle vit dans le Nord ou le Sud, et selon la région métropolitaine de recensement, Canada, 2017

Tableau 8 Jeunes personnes de sexe féminin victimes d’un crime violent déclaré par la police, selon la province ou le territoire et selon que la victime vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau 9 Taux de crimes violents déclarés par la police, selon la province ou le territoire et le groupe d’âge et le sexe de la victime, et selon qu’elle vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2017

Tableau 10 Jeunes personnes de sexe féminin victimes d’un crime violent déclaré par la police dans le Nord, selon la province ou le territoire et le type d’infraction, Canada, 2017

Tableau 11 Jeunes personnes de sexe féminin victimes d’un crime violent déclaré par la police, selon que la victime vit dans le Nord ou le Sud et selon certaines caractéristiques de l'affaire, Canada, 2017

Tableau 12 Jeunes personnes de sexe féminin victimes d’un crime violent déclaré par la police, selon certaines caractéristiques du lien de l’auteur présumé avec la victime et selon que cette dernière vit dans le Nord ou le Sud, affaires comportant une seule victime et un seul auteur présumé, Canada, 2017

Tableau 13 Victimes d’un homicide déclaré par la police, selon le groupe d’âge et le sexe de la victime, et selon qu’elle vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2009 à 2017

Tableau 14 Jeunes victimes de sexe féminin d’un homicide déclaré par la police, selon certaines caractéristiques de l'affaire et selon que la victime vit dans le Nord ou le Sud, Canada, 2009 à 2017

Description de l’enquête

Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l’affaire

Le Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l’affaire sert à recueillir des renseignements détaillés sur les affaires criminelles qui ont été portées à l’attention des services de police canadiens, et dont le bien-fondé a été établi par ces derniers. Ces renseignements comprennent les caractéristiques des victimes, des auteurs présumés et des affaires. En 2017, les données déclarées par les services de police couvraient 99 % de la population du Canada. Le dénombrement pour une année donnée concerne toutes les affaires déclarées au cours de cette année, peu importe à quel moment l’affaire est réellement survenue.

Une affaire peut comprendre plus d’une infraction. Par souci de comparabilité, les chiffres sont présentés en fonction de l’infraction la plus grave dans l’affaire, qui est déterminée d’après une règle de classification normalisée utilisée par tous les services de police. Il est possible de produire, sur demande, des chiffres fondés sur toutes les infractions.

L’âge de la victime est calculé en fonction de la date de fin d’une affaire déclarée par la police. Certaines victimes subissent de la violence au cours d’une certaine période, parfois pendant des années, et la police peut considérer qu’il s’agit d’une seule affaire continue. Il n’existe pas de renseignements sur le nombre et la date des différentes affaires pour ces victimes de violence continue. Les chiffres représentent le nombre de victimes dans les affaires de violence. Il se peut que certaines victimes aient vécu plus d’une affaire et qu’elles soient donc comptées plus d’une fois dans le présent rapport.

Enquête sur les homicides

L’Enquête sur les homicides permet de recueillir des renseignements détaillés sur tous les homicides qui ont été portés à l’attention des services de police canadiens, et dont le bien-fondé a été établi par ces derniers. Ces renseignements comprennent les caractéristiques des victimes, des auteurs présumés et des affaires. La couverture de l’Enquête sur les homicides s’établit à 100 % des homicides au Canada depuis que la consignation des renseignements a débuté en 1961. Le dénombrement pour une année donnée concerne tous les homicides déclarés au cours de cette année, peu importe à quel moment l’homicide est réellement survenu.

Références

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ALLEN, Mary. À paraître. « Crimes déclarés par les services de police desservant des populations autochtones majoritaires, 2017 », Juristat, produit no 85-002-X au catalogue de Statistique Canada.

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