Les établissements d’hébergement canadiens pour les victimes de violence, 2017-2018

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par Greg Moreau

Début de l'encadré

Faits saillants

  • En 2017-2018, le Canada comptait 552 établissements d’hébergement pour les victimes de violence, lesquels ont admis plus de 68 000 résidents au cours de l’année précédant l’enquête. La grande majorité des résidents étaient des femmes (60,3 %) et des enfants qui les accompagnaient (39,6 %).
  • Le jour de l’instantané — le 18 avril 2018 —, un total de 3 565 femmes, 3 137 enfants qui accompagnaient un adulte et 8 hommes résidaient dans un établissement d’hébergement pour fuir une situation de violence.
  • Parmi les 3 565 femmes qui ont indiqué fuir une situation de violence comme raison principale de chercher refuge le jour de l’instantané, plus de 8 sur 10 résidaient en établissement d’hébergement parce qu’elles fuyaient une situation de violence aux mains d’un partenaire intime actuel ou ancien.
  • Un peu plus des trois quarts des femmes qui résidaient dans un établissement d’hébergement parce qu’elles fuyaient une situation de violence le jour de l’instantané et qui avaient des responsabilités parentales ont été admises avec leurs enfants. Les femmes qui résidaient en établissement d’hébergement protégeaient leurs enfants de plusieurs formes de violence. Par exemple, 60 % des résidentes protégeaient leurs enfants de la violence, 53 %, de la violence émotive ou psychologique, 35 %, de la violence physique, 20 %, de la négligence de toutes sortes et 8 %, de la violence sexuelle.
  • Les femmes et les enfants autochtones (Premières Nations, Métis ou Inuits) étaient surreprésentés parmi les résidents des établissements d’hébergement pour les victimes de violence. Les femmes et les enfants autochtones étaient, de façon respective, proportionnellement cinq fois et trois fois plus nombreux parmi les résidents des établissements d’hébergement qu’au sein de la population canadienne.
  • En ce qui concerne le statut d’immigrant, les femmes résidentes non permanentes étaient proportionnellement six fois plus nombreuses parmi les résidents des établissements d’hébergement pour les victimes de violence que dans la population générale, et leurs enfants, proportionnellement près de 10 fois plus nombreux.
  • Parmi les femmes qui ont quitté un établissement d’hébergement le jour de l’instantané, 21 % sont retournées vivre dans le lieu de résidence encore occupé par leur agresseur. Par ailleurs, pour 36 % des femmes, les femmes elles-mêmes ou les établissements où elles résidaient ignoraient l’endroit où elles se dirigeraient après avoir quitté l’établissement. D’autres femmes ont indiqué qu’elles allaient vivre chez des amis ou des membres de leur famille (18 %), ou qu’elles s’en allaient dans un autre établissement d’hébergement pour les victimes de violence (11 %).
  • Plus du tiers des établissements d’hébergement à court terme affichaient complet le jour de l’instantané. Parmi les provinces, la Saskatchewan a déclaré le pourcentage le plus élevé d’établissements d’hébergement à court terme qui affichaient complet (47 %), suivie du Québec (43 %), de la Colombie-Britannique (43 %) et de l’Ontario (42 %).
  • À l’échelle nationale, 78 % des lits dans les établissements d’hébergement à court terme étaient occupés le jour de l’instantané. À l’échelle provinciale, le Québec (90 %), l’Ontario (84 %) et la Saskatchewan (78 %) affichaient les plus fortes proportions de lits occupés à court terme. À l’échelle régionale, les territoires affichaient le taux d’occupation le plus élevé, celui-ci s’élevant à 98 % (113 % au Nunavut, 96 % au Yukon et 80 % dans les Territoires du Nord-Ouest).
  • Le jour de l’instantané, 669 femmes, 236 enfants qui accompagnaient un adulte et 6 hommes se sont vu refuser l’admission à un établissement d’hébergement pour les victimes de violence. La raison la plus souvent mentionnée pour justifier ce refus chez les femmes était le manque de place dans l’établissement d’hébergement (82 %).
  • Alors que la durée moyenne du séjour était inférieure à la norme de trois mois dans la grande majorité des établissements d’hébergement à court terme (82 %), elle était d’au moins trois mois dans 18 % de ces établissements. L’Ontario a enregistré le pourcentage le plus élevé d’établissements d’hébergement à court terme pour lesquels la durée moyenne du séjour était plus longue que la durée prévue (30 % des établissements de cette province ayant déclaré que la durée moyenne du séjour dans leur établissement était d’au moins trois mois).
Fin de l'encadré

Les victimes de violence ont souvent recours à des services sociaux ne faisant pas partie du système officiel de justice pénale (Sinha, 2013). Au Canada, l’orientation vers des établissements d’hébergement et des refuges d’urgence figure parmi les types d’aiguillage les plus souvent effectués par les fournisseurs de services aux victimes (Allen, 2014; Munch, 2012). De plus, la lutte contre les problèmes de violence familiale et de violence fondée sur le sexe fait l’objet d’importants investissements de capitaux et d’investissements dans les services sociaux à l’échelle nationale et internationale. Le Canada fait partie des 45 États membres de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies et, en 2017, le gouvernement du Canada a annoncé l’adoption de la stratégie Il est temps : la stratégie du Canada pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe (CCFNU, 2018; gouvernement du Canada, 2017).

Les établissements d’hébergement pour les victimes de violence offrent un service essentiel à de nombreuses personnes et familles depuis les années 1970 (Maki, 2018; Tutty, 2015). En plus d’offrir un hébergement sécuritaire et de répondre à des besoins essentiels, bon nombre de ces établissements offrent également des services très complets aux personnes qui ont été victimes de diverses formes de violence à même l’établissement et dans la collectivité. Ces établissements défendent aussi les intérêts de toutes les victimes de violence dans une optique de réduction de la victimisation et de ses répercussions sur les collectivités.

Fondé sur les données de l’Enquête sur les établissements d’hébergement pour les victimes de violence (EEHVV) de 2018, le présent article de Juristat porte sur les établissements canadiens dont le mandat principal est de fournir des services d’hébergement aux victimes de violence (les femmes, les hommes et les enfants qui accompagnent un adulte). L’EEHVV remplace l’Enquête sur les maisons d’hébergement (EMH), laquelle a été menée tous les deux ans de 1993 à 2014 (voir la section Description de l’enquête). Cet article présente le profil des établissements d’hébergement pour les victimes de violence et des personnes admises dans ces établissements.

Les renseignements présentés dans cet article se rapportent à deux périodes distinctes. Tout d’abord, les données liées aux caractéristiques des établissements, au nombre annuel d’admissions et aux types de services offerts ont été recueillies en 2018 et sont fondées sur une période de référence de 12 mois (2017-2018) antérieure à la tenue de l’enquêteNote . Ensuite, le profil des personnes admises en établissement d’hébergement est fondé sur les caractéristiques des personnes résidant dans un établissement d’hébergement le jour de l’instantané, soit le 18 avril 2018Note .

Le présent article de Juristat a été produit par le Centre canadien de la statistique juridique de Statistique Canada, avec l’appui financier de la Société canadienne d’hypothèques et de logement.

Les établissements d’hébergement pour les victimes de violence ont admis plus de 68 000 résidents en 2017-2018

Au moment de l’instantané du 18 avril 2018, le Canada comptait 552 établissements dont le mandat principal était de fournir des services d’hébergement aux victimes de violence partout au pays (encadré 1). Ces établissements ont admis plus de 68 000 résidentsNote  au cours des 12 mois précédant l’enquête, la grande majorité étant des femmes (60,3 %) et des enfants qui les accompagnaient (39,6 %) (tableau 1). Au total, 86 hommes ont été admis dans un établissement d’hébergement pour les victimes de violence (0,1 %) au cours de la période de 12 mois. Ces chiffres pourraient ne pas représenter l’ensemble de la demande de services chez les hommes victimes de violence (encadré 2).

Début de l'encadré 1

Encadré 1
Types d’établissements d’hébergement

Le terme « établissement d’hébergement » désigne tout immeuble, lieu ou service qui fournit un logement à une personne, peu importe la durée du séjour (jours, mois ou années). Par « mandat principal » de l’établissement, on entend l’activité principale de l’établissement ou les principaux services offerts par celui-ci. Par exemple, de nombreux établissements d’hébergement offrent des services ou de l’aide à des personnes qui peuvent avoir subi de la violence (p. ex. des refuges pour sans-abri), mais ces services peuvent ne pas figurer de façon explicite dans leur mandat. L’Enquête sur les établissements d’hébergement pour les victimes de violence (EEHVV) met l’accent sur les établissements dont le mandat principal est de fournir des services d’hébergement aux victimes de violence, plutôt que sur les établissements dont le mandat principal est de fournir des services d’hébergement aux personnes qui pourraient avoir été victimes de violence ou non. Les établissements qui soutiennent principalement les victimes de violence peuvent, en plus de leur mandat principal, aider d’autres personnes.

Dans le contexte de l’EEHVV, on a demandé aux répondants de déclarer le type d’établissement qu’ils exploitaient en fonction de la durée prévue du séjour de leurs résidents dans le cadre de leur mandat, peu importe la pratique. Les établissements ont ainsi été regroupés en deux catégories :

  • Les établissements d’hébergement à court terme comprennent ceux qui ont pour politique générale de fournir un hébergement de moins de trois mois et qui fournissent habituellement des lits individuels aux résidents, plutôt que des appartements ou des logements distincts. Les établissements d’hébergement à court terme comprennent ceux qui sont considérés comme des maisons de transition, des refuges pour les victimes de violence familiale ou des maisons d’hébergement privées au sein d’un réseau de maisons d’hébergement sécuritaires.
  • Les établissements d’hébergement à long terme comprennent ceux qui ont pour politique générale de fournir un hébergement d’au moins trois mois et qui fournissent habituellement des logements résidentiels (p. ex. des appartements ou des maisons) aux résidents. Les établissements à long terme comprennent les logements de deuxième et de troisième étape, c’est-à-dire des logements de soutien plus permanents qui se veulent une suite logique aux établissements d’hébergement à court terme.

Compte tenu des activités habituelles des établissements d’hébergement à court et à long terme, les premiers agissent comme centres de première ligne pour les admissions initiales et peuvent aiguiller les résidents vers les établissements d’hébergement à long terme. Par conséquent, les établissements d’hébergement à court terme offrent souvent des services différents en raison de la nature de leurs activités. Par exemple, parmi les établissements d'hébergement qui ont fait état des services généraux fournis par le personnel ou les bénévoles de l’établissementNote , 95 % des établissements d’hébergement à court terme offrent une ligne d’écoute téléphonique, comparativement à 30 % des établissements d’hébergement à long terme. De même, 78 % des établissements d’hébergement à court terme offrent des services de transport pour les rendez-vous médicaux et les comparutions devant les tribunaux, comparativement à 42 % des établissements d’hébergement à long terme.

Fin de l'encadré 1

Les établissements sont ventilés selon qu’ils offrent des services d’hébergement à court terme (428 ou 78 %) ou à long terme (124 ou 22 %), et sont également caractérisés par les populations qu’ils desservent.

Au cours de la période de référence de 12 mois, les établissements d’hébergement à court terme ont dit avoir admis 63 507 résidents au total, ce qui représente 93 % du nombre total d’admissions en établissement d’hébergement (tableau 2). Cela correspond à une moyenne de 148 admissions par établissement d’hébergement à court terme. Parallèlement, les établissements d’hébergement à long terme ont déclaré 4 599 admissions, soit 37 admissions en moyenne par établissement.

La majorité des établissements d’hébergement à long terme (80 %) et à court terme (59 %) étaient situés en milieu urbainNote .

Début de l'encadré 2

Encadré 2
Établissements d’hébergement pour les victimes de violence de sexe masculin

La majorité des établissements d’hébergement pour les victimes de violence ont pour mandat de servir certains segments de la population.

Selon les données de l’Enquête sur les établissements d’hébergement pour les victimes de violence (EEHVV), la grande majorité (82 %) des établissements avaient comme mandat principal d’offrir des services aux femmes et aux enfants qui les accompagnent. Par ailleurs, 10 % des établissements ont déclaré offrir des services aux femmes seulement. Parmi les autres établissements, 15 (3 %) ont indiqué avoir pour mandat d’offrir des services aux hommes ainsi qu’aux femmes et aux enfants qui les accompagnent. Aucun établissement n’a indiqué avoir pour mandat d’offrir des services uniquement aux hommes. Enfin, 5 % des établissements offraient des services à diverses combinaisons de femmes et d’enfants qui accompagnent un adulte.

Les établissements qui offraient des services aux hommes ont déclaré avoir admis 86 hommes en 2017-2018 et, le jour de l’instantané du 18 avril 2018, ils hébergeaient 16 hommes.

Ces chiffres ne sont pas nécessairement révélateurs de la demande de services chez les victimes de violence de sexe masculin. Selon les données de l’Enquête sociale générale (ESG) de 2014 sur la victimisationNote , des proportions équivalentes de femmes et d’hommes (4 % pour chaque groupe) ont déclaré avoir été victimes de violence conjugale au cours des cinq années précédant l’enquête. Cela dit, les femmes ont plus souvent déclaré avoir été victimes de formes de violence conjugale plus graves que les hommes. Selon les résultats de l’Étude nationale sur les refuges menée en 2014, 72,4 % des utilisateurs de refuges d’urgence âgés de 15 ans et plus étaient de sexe masculin (Segaert, 2017). De même, selon le Sondage national sur l’itinérance chez les jeunes mené en 2016, 57,6 % des répondants ont indiqué être de sexe masculin, et parmi ceux-ci, 53,6 % ont déclaré avoir été victimes d’une ou de plusieurs formes de violence pendant leur enfance (Gaetz et autres, 2016). Dans l’ensemble, plus du tiers des personnes échantillonnées ont déclaré que la violence infligée par un parent avait contribué à leur itinérance. Ces constatations donnent à penser que les hommes sont probablement sous-représentés parmi les résidents des établissements pour les victimes de violence, mais qu’ils sont surreprésentés parmi la population ayant accès à des services d’hébergement par l’entremise du secteur des services aux sans-abri. Ce secteur ne faisait pas partie du champ d’observation de l’EEHVV.

Fin de l'encadré 2

La quasi-totalité des résidents sont des femmes et des enfants qui accompagnent un adulte

Le jour de l’instantané, 7 397 personnes résidaient dans les établissements d’hébergement pour les victimes de violence. Parmi ces résidents, 4 020 (54,3 %) étaient des femmes, 3 361 (45,4 %) étaient des enfants qui accompagnaient un adulte et 16 (0,2 %) étaient des hommes (tableau 3)Note . La grande majorité (91 %) des résidents des établissements d’hébergement y résidaient principalement parce qu’ils fuyaient une situation de violence, tandis que la proportion restante (9 %) y résidaient principalement pour d’autres raisons (p. ex. itinérance, intervention en situation de crise ou refuge d’urgence)Note . Dans l’ensemble, 3 565 femmes, 3 137 enfants qui accompagnaient un adulte et 8 hommes résidaient dans un établissement d’hébergement parce qu’ils fuyaient une situation de violence le jour de l’instantané.

En général, les caractéristiques des résidents étaient semblables dans les deux types d’établissements, qu’ils offrent des services à court ou à long terme.

Plus de 8 femmes sur 10 ont été victimes de violence aux mains d’un partenaire intime actuel ou ancien

Pour la majorité des femmes résidant dans un établissement d’hébergement le jour de l’instantané, l’agresseur principal était un partenaire intime. Les partenaires intimes comprennent les conjoints mariés, les conjoints de fait et les partenaires amoureuxNote . Parmi les 3 565 femmes qui résidaient dans un établissement d’hébergement le jour de l’instantané et qui ont indiqué avoir cherché refuge principalement parce qu’elles fuyaient une situation de violence, 66 % ont indiqué que leur agresseur était un partenaire intime actuel et 18 %, qu’il s’agissait d’un ex-partenaire intime (graphique 1)Note .

Graphique 1 Lien entre les femmes résidant dans un établissement d’hébergement principalement pour fuir une situation de violence et leur agresseur, Canada, 18 avril 2018

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Lien entre les femmes résidant dans un établissement d’hébergement principalement pour fuir une situation de violence et leur agresseur (titres de rangée) et Pourcentage de femmes fuyant une situation de violence(figurant comme en-tête de colonne).
Lien entre les femmes résidant dans un établissement d’hébergement principalement pour fuir une situation de violence et leur agresseur Pourcentage de femmes fuyant une situation de violence
Conjoint de fait ou conjointe de fait 38
Conjoint ou conjointe 23
Ex-conjoint de fait ou ex-conjointe de fait 10
Ex-conjoint ou ex-conjointe 4
Partenaire amoureux 4
Ex-partenaire amoureux 3
Autre partenaire intime 1
Membre de la famille 6
Autre lienTableau de Note 1 4
Lien inconnu 6

Plus précisément, un total de 2 686 (75 %) femmes résidant dans un établissement d’hébergement le jour de l’instantané ont indiqué que leur agresseur était un conjoint marié ou un conjoint de fait, actuel ou ancien.

Dans l’ensemble, 1,5 % des femmes résidant dans un établissement d’hébergement le jour de l’instantané avaient cherché refuge pour fuir une situation de violence aux mains d’un partenaire intime de même sexe.

Les établissements d’hébergement offrent divers services de counselling aux adultes, y compris des services de counselling individuel (87 %) ou collectif (68 %), de planification de la sécurité ou d’élaboration d’un plan pour assurer la protection des résidents (97 %), d’enseignement des aptitudes à la vie quotidienne (82 %) et d’enseignement des compétences parentales (71 %) (tableau 4)Note .

Un service important qui a récemment été désigné comme étant essentiel pour les personnes qui fuient la violence est l’hébergement des animaux de compagnie. La violence infligée à un animal de compagnie ou la menace d’utiliser une telle violence coïncident souvent avec la violence familiale et sont utilisées par l’agresseur comme moyen d’empêcher les victimes de quitter leur foyer (Barrett et autres, 2017; Hébergement femmes Canada, 2018; Stevenson, 2009). En 2017-2018, 19 %Note  des établissements d’hébergement ont offert des services d’hébergement pour animaux de compagnie dans un établissement donné. Selon le sondage intitulé « Les maisons s’expriment 2018 » mené par Hébergement femmes Canada, le manque de ressources était la raison la plus courante pour laquelle les refuges pour femmes étaient incapables d’offrir des services d’hébergement pour animaux de compagnie (Hébergement femmes Canada, 2018).

La majorité des femmes ont subi de multiples formes de violence

Parmi les femmes résidant dans un établissement d’hébergement pour lesquelles le type de violence dont elles ont été victimes a été déclaré, la violence émotive ou psychologique (89 %)Note  et la violence physique (73 %) étaient les raisons les plus courantes pour lesquelles elles résidaient dans l’établissement le jour de l’instantané. Environ la moitié (51 %) des femmes résidant dans un établissement d’hébergement ont également déclaré avoir été victimes d’exploitation financière (tableau 5). Environ le tiers des femmes résidant en établissement d’hébergement ont indiqué avoir été victimes de violence sexuelle (33 %) ou de harcèlement (31 %). Les autres formes de violence subie comprenaient la violence culturelle (7 %), la violence spirituelle (6 %), d’autres formes de violence non précisées (5 %) et le mariage forcé (2 %). De plus, 3 % des femmes résidant en établissement d’hébergement ont cherché refuge parce qu’elles fuyaient une situation de traite ou d’exploitation de personnes où elles étaient forcées de travailler dans l’industrie du sexe, et 1 % ont cherché refuge parce qu’elles fuyaient une situation de traite ou d’exploitation de personnes par le travail forcé ou d’autres moyens.

Un peu moins de 3 femmes sur 10 qui ont cherché refuge ont également signalé l’incident de violence à la police

Selon les données autodéclarées sur la victimisation, environ 1 crime violent sur 5 est signalé à la police, y compris les incidents de violence conjugale ou de violence entre partenaires intimes (Perreault, 2015; Simpson, 2018; Sinha, 2015).

Un peu moins de 3 femmes sur 10 qui ont cherché refuge en raison d’un incident de violence qu’elles ont subi ont signalé cet incident à la police (graphique 2)Note .

Graphique 2 Femmes qui résident dans un établissement d’hébergement parce qu’elles fuyaient une situation de violence et qui ont signalé à la police l’incident ayant mené à chercher refuge, selon la région, 18 avril 2018

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2. Les données sont présentées selon Région (titres de rangée) et Pourcentage de femmes qui résident dans un établissement d’hébergement parce qu’elles fuyaient une situation de violence et qui ont signalé à la police l’incident ayant mené à chercher refuge(figurant comme en-tête de colonne).
Région PourcentageTableau de Note 1 de femmes qui résident dans un établissement d’hébergement parce qu’elles fuyaient une situation de violence et qui ont signalé à la police l’incident ayant mené à chercher refuge
Région de l’Atlantique 34
Québec 30
Ontario 27
Manitoba 45
Saskatchewan 32
Alberta Note F: trop peu fiable pour être publié
Colombie-Britannique 35
Territoires 35
Canada 29

Les femmes résidant dans des établissements en Ontario (27 %) étaient les moins susceptibles de signaler l’incident qu’elles avaient vécu à la police, suivies des femmes résidant dans des établissements au Québec (30 %) (graphique 2). En revanche, au Manitoba, la proportion correspondante était de 45 %.

La majorité des établissements d’hébergement ont déclaré offrir divers services qui peuvent aider les victimes de violence à entrer en contact avec le système de justice pénale à la suite d’un incident. À l’échelle nationale, 92 %Note  des établissements d’hébergement ont déclaré défendre les droits des victimes de violence et 71 %Note  des établissements ont indiqué offrir des services juridiques (p. ex. des services parajuridiques, de l’aide aux résidents relativement aux documents juridiques et pour l’obtention d’une aide juridique ou d’un soutien judiciaire). Le Québec (87 %) était la province qui affichait la proportion la plus élevée d’établissements d’hébergement offrant des services juridiques, suivi de l’Ontario (84 %) (tableau 4).

Les trois quarts des femmes ayant des responsabilités parentales sont admises avec leurs enfants

Les données les plus récentes sur la victimisation révèlent que les enfants qui ont été témoins de violence commise par un parent ou un tuteur contre un autre adulte à la maison ont souvent eux aussi été victimes de violence physique ou sexuelle pendant leur enfance, et qu’ils étaient plus susceptibles d’avoir subi les formes les plus graves de violence pendant l’enfance (Burczycka, 2017). De plus, après prise en compte d’autres facteurs de risque, la recherche menée à ce jour a établi un lien positif entre la violence subie durant l’enfance et le risque de victimisation avec violence à l’âge adulte, de même que le risque d’être victime des formes les plus graves de violence conjugale (Burczycka, 2017; Perreault, 2015).

Parmi les femmes (2 181)Note  résidant dans un établissement d’hébergement et ayant des responsabilités parentalesNote , 76 % (1 652) ont été admises avec un ou plusieurs de leurs enfants, et la proportion restante de 24 % (529) ont été admises sans aucun enfant. Le jour de l’instantané, 3 137 enfants qui accompagnaient un adulte étaient hébergés dans les établissements d’hébergement.

Dans l’ensemble, 26 % des femmes résidant dans un établissement d’hébergement n’avaient pas d’enfants ou n’avaient pas de responsabilités parentales au moment de leur admission. L’existence de responsabilités parentales était un renseignement qui n’était pas connu pour 7 % des femmes.

Dans les établissements d’hébergement à long terme, 86 % des femmes ayant des enfants ont été admises avec un ou plusieurs de leurs enfants, comparativement à 71 % des femmes dans les établissements d’hébergement à court terme. Parmi celles qui avaient des responsabilités parentales, les femmes résidant dans les établissements d’hébergement à court terme étaient plus susceptibles d’avoir été admises sans aucun de leurs enfants que celles résidant dans les établissements d’hébergement à long terme (29 % par rapport à 14 %).

Étant donné les répercussions possibles de la violence familiale sur les enfants, que ce soit directement ou en tant que témoin, il est important d’offrir aux résidents et aux enfants qui les accompagnent des services efficaces et axés sur les enfants. Parmi les établissements qui offraient des services destinés aux enfants, 86 %Note  ont dit offrir des services de counselling pour les enfants (p. ex. thérapie par le jeu, jeu de rôles et programmes visant l’atteinte des objectifs) (tableau 4).

La majorité des femmes protègent leurs enfants de l’exposition à la violence

Dans le cadre de l’enquête, on a demandé aux établissements d’indiquer les formes de violence dont les femmes protégeaient leurs enfants en ayant recours aux services de ces établissementsNote .

À l’échelle nationale, 60 % des femmes protégeaient leurs enfants de l’exposition à la violence, 53 %, de la violence émotive ou psychologique, 35 %, de la violence physique, 20 %, de la négligence de toutes sortes et 8 %, de la violence sexuelleNote .

Au Nunavut, le pourcentage de femmes qui ont indiqué protéger leurs enfants de la violence était particulièrement élevé comparativement à d’autres régions, et ce, pour toutes les formes de violence. Plus précisément, 69 % des femmes (20 sur 29) résidant dans un établissement d’hébergement au Nunavut avec leurs enfants ont indiqué qu’elles les protégeaient de la violence sexuelle, comparativement à la moyenne nationale, qui s’établissait à 8 %.

La plupart des femmes résidant dans les établissements d’hébergement ont moins de 45 ans

L’âge est un facteur clé associé au risque de victimisation avec violence, et le taux de victimisation avec violence diminue considérablement à partir de l’âge de 30 ans (Perreault, 2015). De même, les taux les plus élevés de violence entre partenaires intimes déclarée par la police ont été observés chez les personnes de 25 à 34 ans, tant chez les hommes que chez les femmes (Burczycka, 2018).

La grande majorité (76 %)Note  des femmes qui résidaient dans un établissement d’hébergement parce qu’elles fuyaient une situation de violence le jour de l’instantané et qui ont déclaré leur âge avaient moins de 45 ans, et 43 % avaient de 30 à 44 ans. Les taux de résidence en établissement d’hébergement les plus élevés ont été enregistrés chez les femmes de 30 à 34 ans (50 pour 100 000 femmes de ce groupe d’âge)Note , suivies des femmes de 25 à 29 ans (47 pour 100 000) et de celles de 35 à 44 ans (28 pour 100 000). Le taux de femmes de 65 ans et plus qui résidaient dans un établissement d’hébergement parce qu’elles fuyaient une situation de violence était le plus faible (2 pour 100 000 femmes de ce groupe d’âge).

Parmi les enfants qui accompagnaient un adulte et dont l’âge a été déclaréNote , la grande majorité (81 %) étaient âgés de 0 à 11 ans. Plus précisément, 41 % avaient 4 ans ou moins et 40 %, de 5 à 11 ans. Ces proportions étaient semblables tant chez les filles que chez les garçons. Les taux de résidence en établissement d’hébergement les plus élevés ont été enregistrés chez les enfants de 0 à 4 ans (58 pour 100 000 enfants de ce groupe d’âge), suivis des enfants de 5 à 11 ans (39 pour 100 000).

Les enfants de 12 à 14 ans représentaient 10 % des enfants qui accompagnaient un adulte, tandis que les enfants de 15 ans et plusNote  en représentaient 6 %. Ces proportions étaient semblables chez les filles et chez les garçons. Ces proportions peuvent être partiellement influencées par la politique de certains établissements visant à restreindre le nombre d’admissions d’adolescents de sexe masculin qui accompagnent un adulte après un certain âge.

Les femmes et les enfants autochtones sont surreprésentés parmi les résidents des établissements d’hébergement pour les victimes de violence

Selon le plus récent Recensement de la population du Canada, 4 % des femmes canadiennes de 18 ans et plus et 8 % des enfants de 0 à 17 ans sont Autochtones (Premières Nations, Métis ou Inuits)Note . Dans le cadre de l’Enquête sur les établissements d’hébergement pour les victimes de violence, 86 % des établissements, qui comptaient 91 % des résidents, ont déclaré l’identité autochtone de leurs résidents le jour de l’instantané. Parmi les résidents des établissements d’hébergement pour les victimes de violence le jour de l’instantané, plus de 1 femme de 18 ans et plus sur 5 (22 %) et 1 enfant sur 4 (25 %) étaient Autochtones (tableau 6).

La surreprésentation des Autochtones parmi les victimes de violence est un fait corroboré par la recherche antérieure (Boyce, 2016; Miladinovic et Mulligan, 2015; Perreault, 2015; Scrim, 2009). Après prise en compte d’autres facteurs de risque comme le plus jeune âge, le plus faible niveau de scolarité et le taux de chômage plus élevé chez les Autochtones comparativement aux non-Autochtones, on a constaté que l’identité autochtone était une caractéristique liée à un risque de victimisation accru chez les femmes, mais non chez les hommes (Perreault, 2015). Selon une analyse des données de l’Enquête sociale générale (ESG) de 2014 sur la victimisationNote , les femmes autochtones (220 incidents de violence pour 1 000 personnes) présentaient un taux global de victimisation avec violence qui était près de trois fois plus élevé que celui inscrit par les femmes non autochtones (81 pour 1 000) (Boyce, 2016). De même, les femmes autochtones (10 %) étaient proportionnellement plus susceptibles que les femmes non autochtones (3 %) d’avoir été victimes de violence conjugale au cours des cinq années précédant l’enquête.

Plus de la moitié (57 %)Note  des établissements d’hébergement qui ont déclaré les services qu’ils fournissaient aux populations vulnérables offraient des services adaptés aux différences culturelles qui répondent aux besoins uniques des Autochtones. Par exemple, ces services peuvent tenir compte des méthodes traditionnelles de guérison ainsi que des croyances et des normes culturelles autochtones. Le Québec a déclaré la plus faible proportion d’établissements offrant de tels services (24 %). Dans d’autres secteurs de compétence, la proportion d’établissements d’hébergement offrant des services adaptés aux différences culturelles variait entre 51 % et 100 % (tableau 4). Le Québec s’est classé à l’avant-dernier rang parmi les provinces et territoires en ce qui concerne le taux d’Autochtones résidant en établissement d’hébergement parce qu’ils fuyaient une situation de violence le jour de l’instantané (7 %), après l’Île-du-Prince-Édouard (0 %).

À l’échelle nationale, 30 établissements d’hébergement (6 %)Note  ont indiqué qu’ils étaient situés dans une réserve. À l’échelle provinciale, la majorité des établissements situés dans une réserve se trouvaient en Ontario (7), au Québec (6), en Colombie-Britannique (5), en Alberta (4) et au Manitoba (4), alors que 4 autres établissements étaient situés dans la région de l’Atlantique. La majorité (27 sur 30) des établissements situés dans une réserve offraient des services d’hébergement à court terme.

Dans l’ensemble, la durée moyenne du séjour dans les établissements d’hébergement à court terme situés dans une réserve (dans 89 % des établissements, les séjours ont duré moins de 3 mois) était semblable à celle observée dans les établissements à court terme situés hors réserveNote . Les établissements d’hébergement à court terme situés dans une réserve comptaient un peu moins de lits par établissement que ceux situés hors réserve (12 par rapport à 15) et affichaient également un nombre annuel moyen d’admissions inférieur (104 admissions par établissement par rapport à 151). Les taux d’occupation étaient semblables dans les 27 établissements d’hébergement à court terme situés dans une réserve (taux d’occupation de 71 %; 26 % des établissements affichaient complet), comparativement à ceux enregistrés pour les établissements d’hébergement à court terme situés hors réserve (taux d’occupation de 79 %; 36 % des établissements affichaient complet) (encadré 3).

Début de l'encadré 3

Encadré 3
Taux d’occupation et capacité des établissements d’hébergement

On calcule le taux d’occupation en divisant le nombre total de résidents en un jour donné par le nombre total de lits subventionnés et en multipliant le résultat par 100. Le taux d’occupation fournit un indicateur du nombre total de lits utilisés à un moment précis dans le temps.

Même si le taux d’occupation peut être inférieur à 100 % pour un secteur de compétence donné, certains établissements peuvent fonctionner au maximum, voire au-delà de leur capacité. On a considéré que les établissements affichaient complet lorsque leur taux d’occupation était de 90 % et plus. On a retenu ce taux d’occupation de 90 % afin de tenir compte du risque de mauvaise interprétation de la question concernant le nombre de lits subventionnés, ainsi que du fait que certains établissements peuvent disposer d’un nombre insuffisant de ressources pour être en mesure de combler chaque lit de l’établissement.

Fin de l'encadré 3

Les femmes résidentes non permanentes sont proportionnellement six fois plus nombreuses parmi les résidents des établissements d’hébergement qu’au sein de la population canadienne

La surreprésentation des résidents non permanentsNote  hébergés dans des établissements d’hébergement parce qu’ils fuyaient une situation de violence est également apparente. Parmi les femmes dont le statut de résidence était connu le jour de l’instantanéNote , 9 % se sont identifiées comme des résidentes non permanentes, un taux six fois supérieur à leur représentation dans l’ensemble de la populationNote  (tableau 6).

À l’échelle nationale, 8 % des enfants de 0 à 17 ans qui accompagnaient un adulte dans les établissements d’hébergement étaient des résidents non permanents, comparativement à 0,9 % de tous les enfants de 0 à 17 ans au sein de la population générale. Cela représente un taux près de 10 fois supérieur à leur représentation au sein de la population générale.

Le fait d’être un résident non permanent comporte souvent des obstacles supplémentaires à l’accès à un logement abordable et sécuritaire, y compris des revenus moyens inférieurs à ceux des résidents permanents, un logement et un emploi moins stables que celui des résidents permanents, l’interdépendance financière et un manque de connaissance des services disponibles (Baker et Tabibi, 2017; Tencer, 2018). De même, ces obstacles peuvent avoir une incidence sur la capacité des victimes de violence de trouver d’autres options de logement ou de planifier à long terme lorsqu’elles vivent avec leur agresseur.

Plus de la moitié (56 %)Note  des établissements d’hébergement au Canada offrent des services spécialisés aux immigrants ou aux réfugiés (tableau 4).

Les femmes qui ne parlent ni français ni anglais sont surreprésentées parmi les résidents des établissements d’hébergement

En général, la collecte de données sur les utilisateurs de services au moyen de données autodéclarées peut faire en sorte que les personnes qui ne parlent ni l’une ni l’autre des langues officielles soient sous-représentées dans les constatations. Toutefois, comme l’Enquête sur les établissements d’hébergement pour les victimes de violence (EEHVV) permet de recueillir des données administratives auprès des établissements d’hébergement, ces derniers sont en mesure d’indiquer si leurs résidents parlent au moins une langue officielle.

Selon les données du Recensement de la population de 2016, 2 % des femmes de 18 ans et plus et 2 % des enfants de 0 à 17 ans sont incapables de parler au moins une langue officielleNote .

Parmi les résidents des établissements visés par l’EEHVV pour lesquels les établissements ont indiqué s’ils étaient ou non en mesure de mener une conversation dans au moins une langue officielle, 8 % des femmesNote  et 10 % des enfants étaient incapables de parler au moins une langue officielle le jour de l’instantané. Cela laisse entendre que ceux-ci sont surreprésentés au sein de la population de résidents des établissements d’hébergement comparativement à leur représentation au sein de la population générale du Canada.

Un peu plus de la moitié (53 %)Note  des établissements d’hébergement ont déclaré offrir des services spécialisés dans des langues autres que les deux langues officielles (tableau 4).

Selon les données du Recensement de la population de 2016, 21 % des femmes de 18 ans et plus et 27 % des enfants de 0 à 17 ans ont déclaré appartenir à une minorité visibleNote . Selon les résultats de l’ESG, le taux de victimisation avec violence autodéclarée chez les personnes appartenant à une minorité visible était considérablement plus faible que chez les personnes n’appartenant pas à une minorité visible (Simpson, 2018). Le nombre de femmes et d’enfants appartenant à une minorité visible et résidant dans un établissement d’hébergement était plus représentatif de la population générale. À l’échelle nationale, 29 % des enfants qui accompagnaient un adulte et 23 %Note  des femmes résidant dans un établissement d’hébergement appartenaient à une minorité visible (tableau 6).

Parmi les femmes résidant dans les établissements d’hébergement, un peu plus de 1 sur 10 avait une incapacité

Les données de l’Enquête canadienne sur l’incapacité (ECI)Note  de 2017 ont révélé qu’un peu plus de 1 Canadien de 15 ans et plus sur 5 (22 %) avait au moins une incapacité, et que plus des deux tiers (71 %) de ceux qui avaient une incapacité en avaient plusieurs (Morris et autres, 2018). Les études menées à ce jour ont également révélé que le fait d’avoir une incapacité et la gravité de celle-ci sont liés à des niveaux d’emploi plus faibles et à des niveaux plus élevés de pauvreté et de victimisation avec violence (Cotter, 2018; Morris et autres, 2018).

Une analyse récente des données autodéclarées sur la victimisation avec violence a révélé que les femmes ayant une incapacité étaient deux fois plus susceptibles d’être victimes de crimes violents et de violence répétée au cours d’une période de 12 mois que les femmes n’ayant aucune incapacité (Cotter, 2018). En outre, parmi les Canadiens ayant une incapacité, plus de 1 sur 5 (23 % des femmes et 22 % des hommes) avait subi de la violence aux mains d’un partenaire actuel ou ancien au cours des cinq années ayant précédé l’enquête, soit un taux environ deux fois plus élevé que celui observé chez les personnes n’ayant aucune incapacité.

En sachant que les femmes ayant une incapacité sont plus susceptibles d’être victimes de violence que celles qui n’en ont aucune, on pourrait s’attendre à ce qu’elles représentent une plus grande proportion de résidents des établissements d’hébergement, mais ce n’est pas le cas. Selon les résultats de l’Enquête sur les établissements d’hébergement pour les victimes de violence, 13 % des femmes et 8 % des enfants qui résidaient dans un établissement d’hébergement parce qu’ils fuyaient une situation de violence le jour de l’instantané avaient au moins une incapacitéNote . La prévalence plus faible de la présence d’une incapacité parmi les résidents des établissements d’hébergement qui fuyaient une situation de violence pourrait être attribuable à la capacité des victimes de quitter leur domicile, à l’accessibilité des établissements et au besoin de services spécialisés pour répondre aux besoins des personnes ayant certaines incapacités.

Le jour de l’instantané, un peu plus de la moitié (53 %) des établissements d’hébergement à long terme et plus des trois quarts (78 %) des établissements d’hébergement à court terme ont déclaré être entièrement ou partiellement accessibles aux personnes en fauteuil roulantNote Note . L’inaccessibilité était plus élevée dans certaines régions. À l’échelle nationale, la proportion d’établissements ayant déclaré ne pas être accessibles aux personnes en fauteuil roulant était de 28 %Note , tandis qu’elle était de 48 % au Québec, de 44 % au Manitoba et de 40 % dans les territoires (tableau 4).

Dans le cadre de l’enquête, on a également recueilli des données sur les services spécialisés pour les résidents ayant certains types d’incapacités. Parmi les établissements qui ont dit offrir des services spécialisés pour les résidents ayant une incapacitéNote , environ le tiers ou moins offraient des services aux personnes ayant un trouble auditif (34 %), aux personnes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du développement (32 %), aux personnes ayant une incapacité liée à la mobilité (20 %) ou aux personnes ayant une incapacité visuelle (19 %) (tableau 4).

Lorsqu’on leur a posé des questions sur les défis auxquels ils étaient confrontés, le troisième problème le plus souvent mentionné par les établissements d’hébergement (déclaré par 30 % des établissements) était la satisfaction des divers besoins des clients.

Parmi les résidents des établissements d’hébergement, moins de 1 sur 10 avait déjà reçu des services de l’établissement où il était hébergé

Un peu moins de la moitié (45 %) des femmes résidant dans un établissement d’hébergement étaient de nouvelles clientes, tandis que 24 % avaient déjà reçu des services de cet établissement dans la collectivité uniquement et 7 % avaient déjà reçu des services en tant que résidentes au cours de l’année précédant l’enquêteNote . Pour 25 % des résidents, les établissements ne savaient pas si ceux-ci étaient de nouveaux clients ou des clients auxquels ils avaient déjà offert des services. Il convient de noter que l’enquête n’a pas permis de déterminer si les clients avaient déjà été résidents d’autres établissements d’hébergement avant d’avoir recours aux services d’hébergement de leur établissement.

Une femme sur cinq retourne vivre dans le lieu de résidence où vit son agresseur lorsqu’elle quitte l’établissement d’hébergement

Le jour de l’instantané, 103 femmes et 30 enfants qui accompagnaient un adulte ont quitté un établissement d’hébergement. Il s’agissait d’un établissement d’hébergement à court terme pour 94 % de ces femmes et enfants. Des renseignements sur la destination de ces femmes ont été recueillis pour 95 d’entre elles : 21 % ont dit retourner vivre dans le lieu de résidence où vivait leur agresseur, 18 % ont déclaré aller vivre chez des amis ou des membres de leur famille, 11 % ont mentionné s’en aller dans un autre établissement d’hébergement pour les victimes de violence et 8 % ont dit retourner chez elles, où l’agresseur ne vivait pas. Pour 36 % des femmes, les établissements ou les femmes elles-mêmes ignoraient l’endroit où elles se dirigeraient après avoir quitté l’établissement.

Les femmes admises dans des établissements d’hébergement s’y présentent le plus souvent d’elles-mêmes

Les sources de référence des femmes résidant dans les établissements d’hébergement à court terme différaient considérablement de celles des femmes résidant dans les établissements d’hébergement à long terme. On pouvait s’y attendre dans la mesure où l’admission dans un établissement d’hébergement à court terme précède souvent l’admission dans un établissement d’hébergement à long terme, ou en est une condition préalable.

Selon les données recueillies auprès des établissements d’hébergement à court termeNote  ayant déclaré les sources de référence des femmes ayant recours à leurs services d’hébergement le jour de l’instantané, 44 % des femmes ont dit s’être présentées d’elles-mêmes à l’établissement. Les sources de référence externes les plus souvent déclarées étaient la police (9 %), une ligne d’aide téléphonique (9 %) ou un membre de la famille ou un ami (8 %).

D’après les données recueillies auprès des établissements d’hébergement à long termeNote  ayant déclaré les sources de référence des femmes ayant recours à leurs services d’hébergement le jour de l’instantané, 1 femme sur 4 (23 %) a dit s’être présentée d’elle-même à l’établissement, et celles qui avaient été aiguillées par une source externe l’avaient plus souvent été par un autre établissement d’hébergement pour les victimes de violence (43 %), suivi d’un autre type d’établissement d’hébergement (11 %) et d’un autre organisme communautaire (8 %).

Plus du tiers des établissements d’hébergement à court terme au Canada affichaient complet

La capacité d’accueil des établissements d’hébergement peut être mesurée au moyen du pourcentage d’établissements affichant complet (c’est-à-dire qui fonctionnent à pleine capacité, voire au-delà de leur capacité) et des taux d’occupation (encadré 3). Il y avait au total 6 500 lits subventionnés dans les établissements d’hébergement à court terme le jour de l’instantané, soit 15,2 lits par établissement en moyenneNote .

Au Canada, 36 % des établissements d’hébergement à court terme affichaient complet le jour de l’instantané (graphique 3, tableau 7)Note . Parmi les provinces, la Saskatchewan a enregistré le pourcentage le plus élevé d’établissements d’hébergement à court terme affichant complet (47 %), suivie du Québec (43 %), de la Colombie-Britannique (43 %) et de l’Ontario (42 %). Ces quatre provinces comptent ensemble 78 % de la population résidant dans les établissements d’hébergement à court terme.

Graphique 3 Taux d’occupation des établissements d’hébergement à court terme pour les victimes de violence, selon la province ou le territoire, 18 avril 2018

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3. Les données sont présentées selon Province ou territoire (titres de rangée) et Taux d’occupation des établissements et Établissements affichant complet(figurant comme en-tête de colonne).
Province ou territoire Taux d’occupation des établissements Établissements affichant complet
T.-N.-L. 50 23
Î.-P.-É. 42 0
N.-É. 60 17
N.-B. 58 8
Qc 90 43
Ont. 84 42
Man. 47 11
Sask. 78 47
Alb. 69 15
C.-B. 75 43
Yn 96 67
T.N.-O. 80 20
Nt 113 40
Canada 78 36

Bien que les données indiquent que près des deux tiers (64 %) des établissements n’affichaient pas complet le jour de l’instantané, la facilité d’accès aux établissements constituait également un problème. Les personnes ayant besoin de services d’hébergement peuvent avoir des restrictions sur le plan du transport ou de la mobilité, de sorte qu’elles n’ont peut-être raisonnablement accès qu’à des établissements affichant complet. De même, les établissements d’hébergement peuvent aussi être restreints par un nombre d’employés insuffisant ou des ressources financières limitées, même s’ils ont des lits vacants.

Près de 8 lits sur 10 sont occupés dans les établissements d’hébergement à court terme pour les victimes de violence

À l’échelle nationale, 78 % des lits étaient occupés dans les établissements d’hébergement à court terme le jour de l’instantané. À l’échelle provinciale, le Québec (90 %) comptait la proportion la plus élevée de lits occupés, suivi de l’Ontario (84 %) et de la Saskatchewan (78 %) (graphique 3, tableau 7). À l’échelle régionale, les territoires affichaient le taux d’occupation le plus élevé, soit 98 % (113 % au Nunavut, 96 % au Yukon et 80 % dans les Territoires du Nord-Ouest).

Le taux d’occupation était constamment plus élevé dans les établissements d’hébergement à court terme situés en milieu urbain (83 %) que dans ceux situés en milieu rural (67 %), sauf au Manitoba (23 % par rapport à 58 %), en Saskatchewan (75 % par rapport à 86 %) et à Terre-Neuve-et-Labrador (48 % par rapport à 53 %), où la situation inverse a été observée. Selon les données policières recueillies dans le cadre du Programme de déclaration uniforme de la criminalité de 2017Note , les taux de criminalité en milieu rural sont généralement plus élevés qu’en milieu urbain, et les taux en milieu rural étaient plus élevés au Manitoba, en Alberta et en Saskatchewan que dans les autres provinces (Allen, 2018).

Pour ce qui est des établissements d’hébergement à long terme, 124 établissements ont été dénombrés, lesquels comptaient au total 1 314 logements, soit 11 logements par établissement en moyenne. Le jour de l’instantané, les établissements d’hébergement à long terme hébergeaient 2 332 résidents, ce qui représente 32 % de tous les résidents en établissement, et une moyenne de 1,8 résident par logement. Il n’y avait pas de différence significative au chapitre du nombre de résidents par logement entre les établissements d’hébergement à long terme en milieu urbain et ceux en milieu rural.

Le manque de place est la raison la plus souvent invoquée pour refuser l’admission à un établissement d’hébergement

Le jour de l’instantané, 669 femmes, 236 enfants qui accompagnaient un adulte et 6 hommes se sont vu refuser l’admission à un établissement d’hébergement pour les victimes de violence. Parmi ces 669 femmes, 84 % se sont vu refuser l’admission à un établissement d’hébergement à court terme. Pour toutes les femmes dont l’admission a été refusée, la raison la plus souvent invoquée (82 %)Note Note  pour justifier ce refus était le manque de place (graphique 4). Parmi les autres raisons pour lesquelles une femme s’est vu refuser l’admission à un établissement d’hébergement figurent le fait que le profil de la victime ne relevait pas du mandat de l’établissement (8 %), la sécurité (p. ex. le nom de la personne figurait sur une liste d’interdictions d’admission ou de mises en garde) (2 %) et le fait que le type de violence subie ne relevait pas du mandat de l’établissement (2 %).

Graphique 4 Raisons pour lesquelles les femmes se sont vu refuser l’admission à un établissement d’hébergement pour les victimes de violence, Canada, 18 avril 2018

Tableau de données du graphique 4 
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4. Les données sont présentées selon Raisons pour lesquelles les femmes se sont vu refuser l'admission (titres de rangée) et Pourcentage des femmes qui se sont vu refuser l'admission(figurant comme en-tête de colonne).
Raisons pour lesquelles les femmes se sont vu refuser l'admission PourcentageTableau de Note 2 des femmes qui se sont vu refuser l'admission
Manque de place dans l’établissement 82,6
Profil de la victime ne relevant pas du mandat de l’établissement 7,8
Forme de violence subie ne relevant pas du mandat de l’établissement 1,6
Question de sécurité 1,6
Problème de transport 1,4
Manque de ressources nécessaires pour servir les personnes ayant des problèmes de toxicomanie 1,4
Manque de ressources nécessaires pour servir les personnes ayant une maladie mentale 0,5
Autre raisonTableau de Note 1 3,1

L’Ontario et le Manitoba enregistrent les pourcentages les plus élevés d’établissements d’hébergement à court terme affichant une durée moyenne de séjour supérieure à la durée prévue

Pour la grande majorité (82 %) des établissements d’hébergement à court terme, la durée moyenne du séjour était inférieure à trois mois, ce qui correspond à la durée de séjour prévue pour ces établissements (graphique 5). Toutefois, il convient de souligner que 18 % des établissements d’hébergement à court terme au Canada ont enregistré une durée moyenne de séjour supérieure à la norme de trois mois.

Graphique 5 Durée moyenne du séjour dans les établissements d’hébergement à court terme pour les victimes de violence, selon la province ou le territoire, 2017-2018

Tableau de données du graphique 5 
Tableau de données du graphique 5
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 5. Les données sont présentées selon Province ou territoire (titres de rangée) et Moins de 1 mois, 1 mois à moins de 3 mois et 3 mois et plus, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Province ou territoire Moins de 1 mois 1 mois à moins de 3 mois 3 mois et plus
pourcentage
T.-N.-L. 31 54 15
Î.-P.-É. 0 100 0
N.-É. 25 58 17
N.-B. 15 77 8
Qc 29 63 8
Ont. 14 56 30
Man. 39 33 28
Sask. 53 33 13
Alb. 61 34 5
C.-B. 42 37 22
Yn 67 0 33
T.N.-O. 60 40 0
Nt 80 0 20
Canada 32 50 18

Selon les résultats de l’Enquête sur les établissements d’hébergement pour les victimes de violence, deux des principaux défis auxquels étaient confrontés les établissements et leurs résidents étaient le manque de logements permanents (38 % des établissements) et le manque de logements abordables et adéquats à long terme après le départ (77 % des établissements ayant déclaré des données au nom de leurs résidents).

À l’échelle provinciale, la durée moyenne du séjour variait. Par exemple, parmi les provinces, l’Île-du-Prince-Édouard (100 %) et l’Alberta (95 %) affichaient les pourcentages les plus élevés d’établissements ayant déclaré une durée moyenne de séjour de moins de trois mois. L’Ontario affichait le pourcentage le plus élevé d’établissements ayant une moyenne de séjour d’au moins trois mois (30 %), suivi du Manitoba (28 %).

Pour la majorité (66 %) des établissements d’hébergement à long terme, la durée moyenne du séjour était de neuf mois et plus. Les durées de séjour les plus courantes étaient de un à deux ans (31 %) et de neuf mois à un an (26 %). La durée moyenne du séjour dans les établissements d’hébergement à long terme ne variait pas entre les provinces ou les territoires.

Le manque de fonds et le manque de logements abordables et adéquats à long terme représentent les défis les plus courants

Le taux de croissance démographique du Canada pour l’année 2018 est le plus élevé depuis près de 20 ans, et le plus élevé parmi les pays du G7 (Statistique Canada, 2018). Cette croissance s’est traduite par une augmentation de la demande de logements et de services. Vancouver et Toronto, par exemple, affichent de faibles taux d’inoccupation et les marchés locatifs et du logement les plus coûteux au pays, ce qui a entraîné l’élaboration de nouvelles stratégies municipales en matière de logement pour répondre aux besoins en logement non comblés (Housing Vancouver, 2017; Toronto, 2016). Le manque de logements abordables et accessibles, combiné à un ensemble diversifié de besoins, représente certaines des difficultés auxquelles sont confrontées les victimes de violence aux mains d’un partenaire intime lorsqu’elles veulent accéder aux services conçus pour les aider et les utiliser.

La recherche donne à penser qu’il existe un lien entre l’itinérance et la violence familiale, ou la victimisation avec violence de façon plus générale, dans la mesure où la victimisation peut souvent être un élément déclencheur de l’itinérance ou de l’instabilité du logement (Ali, 2016; Gaetz et autres, 2016; Kirkby et Mettler, 2016; Maki, 2017; Novac, 2006; Perreault, 2015). Comme il a été mentionné précédemment, près de 1 établissement d’hébergement à court terme pour les victimes de violence sur 5 accueille des personnes pendant une période supérieure à la norme de trois mois (graphique 5). En outre, selon la plus récente Étude nationale sur les refuges portant sur la période de 2005 à 2014, le réseau de refuges d’urgence du Canada fonctionnait à plus de 90 % de sa capacité (taux d’occupation de 92 % en 2014) (Segaert, 2017). Cette étude a révélé que la durée moyenne des séjours dans les refuges d’urgence a presque doublé de 2005 à 2014, la durée d’un séjour type en refuge étant passée de 5,7 jours à 10,2 jours.

Selon les résultats de l’Enquête sur les établissements d’hébergement pour les victimes de violence, les quatre principaux défis auxquels étaient confrontés les résidents étaient le manque de logements à long terme abordables et adéquats après le départ de l’établissement (77 % des établissements déclarant des données au nom de leurs résidents), le sous-emploi et le faible revenu (50 %), les problèmes de santé mentale (37 %) et les problèmes de toxicomanie (30 %)Note .

Par ailleurs, les trois principaux défis auxquels les établissements d’hébergement étaient confrontés au chapitre de la prestation de services d’hébergement étaient le manque de fonds (46 %), le manque de logements permanents (38 %) et la satisfaction des divers besoins des clients (30 %)Note .

Les établissements d’hébergement pour les victimes de violence sont en grande partie financés par les gouvernements provinciaux ou territoriaux

Les établissements d’hébergement pour les victimes de violence ont déclaré avoir dépensé 429,3 millions de dollars en coûts de fonctionnement en 2017-2018 (tableau 8). Les dépenses les plus importantes concernaient les coûts salariaux, lesquels représentaient 72 % des dépenses, suivis des coûts liés au logement (p. ex. l’assurance habitation, les services publics et le mobilier) (7 %) et des coûts directs de la clientèle (p. ex. les aliments, les fournitures, le transport et le décaissement pour les résidents) (5 %). Le coût de fonctionnement annuel médian des 428 établissements d’hébergement à court terme au Canada était de près de 705 000 $ par établissement. Pour les 124 établissements d’hébergement à long terme, le coût de fonctionnement annuel médian par établissement était d’environ 151 500 $.

En ce qui concerne les sources de financement, les établissements d’hébergement ont déclaré avoir bénéficié d’un financement totalisant 443,1 millions de dollars en 2017-2018, lequel provenait principalement d’un gouvernement provincial ou territorial (71 %). Les établissements d’hébergement à court terme dépendaient principalement d’un financement provenant des gouvernements provinciaux et territoriaux (74 %), des collectes de fonds ou des dons (9 %) et du gouvernement fédéral (8 %). Parallèlement, les établissements d’hébergement à long terme étaient en grande partie financés par les gouvernements provinciaux ou territoriaux (54 %), les administrations régionales ou municipales (12 %) et les collectes de fonds ou les dons (11 %). Le financement médian obtenu en 2017-2018 s’est chiffré à 726 000 $ pour les établissements d’hébergement à court terme et à 163 500 $ pour les établissements d’hébergement à long terme.

Pour la moitié des établissements qui ont effectué des réparations ou apporté des améliorations à leur établissement, les changements ont été importants

Des études antérieures ont révélé que plus du tiers des établissements de lutte contre la violence faite aux femmes ont été construits avant 1980, et que près de la moitié des établissements qui ont déclaré avoir besoin de réparations ou de rénovations ne disposaient pas des fonds nécessaires pour en assumer les coûts (Maki, 2018).

Parmi les 552 établissements, 503 ont indiqué s’ils avaient ou non effectué des réparations ou des améliorations matérielles à leur établissement en 2017-2018. Parmi ces établissements, 68 % ont déclaré avoir effectué des réparations ou des améliorations matérielles, tandis que 32 % n’en ont pas fait.

Parmi les établissements qui ont fourni une ventilation des réparations ou améliorations effectuéesNote , 50 % ont déclaré avoir effectué des réparations ou apporté des améliorations importantes uniquement, ou effectué des réparations et apporté des améliorations importantes et mineures à leur établissement, et 50 % ont déclaré n’avoir effectué que des réparations ou n’avoir apporté que des améliorations mineures. La majorité (58 %) des établissementsNote  ont payé ces réparations ou ces améliorations matérielles à même le financement d’un gouvernement provincial ou territorial, et 35 % ont indiqué les avoir payées au moyen des fonds provenant des collectes de fonds et des dons (graphique 6).

Graphique 6 Sources de financement des réparations matérielles effectuées aux établissements d’hébergement pour les victimes de violence, Canada, 2017-2018

Tableau de données du graphique 6 
Tableau de données du graphique 6
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 6. Les données sont présentées selon Source de financement (titres de rangée) et Pourcentage de toutes les sources de financement(figurant comme en-tête de colonne).
Source de financement Pourcentage de toutes les sources de financementTableau de Note 2
Financement provenant d’un gouvernement
provincial ou territorial
58
Collecte de fonds et dons 35
Financement provenant du gouvernement fédéral 18
Financement provenant d’une administration régionale ou municipale 7
Financement au titre d’un accord conjoint fédéral, provincial ou territorial 6
Autre source de financementTableau de Note 1 12

Résumé

Pour élaborer des stratégies ciblées en vue de régler les problèmes liés à la violence et à la victimisation et d’évaluer les besoins plus généraux en matière de logement, il est essentiel d’avoir une idée générale de l’état des établissements d’hébergement pour les victimes de violence, de même que des personnes qui utilisent ces services.

Les résultats de l’Enquête sur les établissements d’hébergement pour les victimes de violence révèlent qu’il y avait 552 établissements dont le mandat principal était d’offrir des services aux victimes de violence partout au Canada en 2018 et que ceux-ci ont admis plus de 68 000 résidents en 2017-2018. La grande majorité des personnes admises étaient des femmes et des enfants qui les accompagnaient.

Le jour de l’instantané — le 18 avril 2018 —, 3 565 femmes, 3 137 enfants qui accompagnaient un adulte et 8 hommes résidaient dans un établissement d’hébergement parce qu’ils fuyaient une situation de violence. Les femmes et les enfants autochtones ainsi que les femmes et les enfants résidents non permanents étaient surreprésentés au sein de la population de ces établissements comparativement à leur représentation au sein de la population canadienne. En outre, la plupart des femmes ont cherché refuge parce qu’elles fuyaient une situation de violence aux mains d’un partenaire intime. Parmi les femmes qui ont quitté un établissement d’hébergement le jour de l’instantané, 21 % sont retournées vivre dans le lieu de résidence où leur agresseur vivait encore. Par ailleurs, pour 36 % des femmes, les répondants ignoraient l’endroit où elles se dirigeraient après avoir quitté l’établissement.

Dans l’ensemble du Canada, plus du tiers des établissements d’hébergement à court terme fonctionnaient à pleine capacité, voire au-delà de leur capacité, et près de 8 lits sur 10 étaient occupés dans ces établissements. Les résidents ont indiqué que le manque de logements à long terme abordables et appropriés était le principal défi auquel ils étaient confrontés, tandis que les établissements ont indiqué que leurs principaux défis étaient le manque de fonds et le manque de logements permanents.

Tableaux de données détaillés

Tableau 1 Admissions aux établissements d’hébergement pour les victimes de violence, selon la province ou le territoire, 2017-2018

Tableau 2 Lits, logements et admissions, selon le type d’établissement d’hébergement pour les victimes de violence et la province ou le territoire, 2017-2018

Tableau 3 Résidents des établissements d’hébergement pour les victimes de violence, selon le type de résident et la province ou le territoire, 2017-2018

Tableau 4 Pourcentage des établissements d’hébergement pour les victimes de violence offrant certains services, selon le type de services et la région, 2017-2018

Tableau 5 Formes de violence subie par les femmes résidant dans un établissement d’hébergement pour les victimes de violence, selon la province ou le territoire, 18 avril 2018

Tableau 6 Pourcentage de femmes et d’enfants résidant dans des établissements d’hébergement pour les victimes de violence comparativement au pourcentage de femmes et d’enfants résidant dans des ménages privés, selon certaines caractéristiques et la province ou le territoire, 18 avril 2018

Tableau 7 Occupation des établissements d’hébergement à court terme, selon qu’ils sont situés en milieu urbain ou rural et selon la province ou le territoire, 18 avril 2018

Tableau 8 Sources de financement et dépenses des établissements d’hébergement pour les victimes de violence, Canada, 2017-2018

Description de l’enquête

Enquête sur les établissements d'hébergement pour les victimes de violence

L’Enquête sur les établissements d’hébergement pour les victimes de violence (EEHVV) est un recensement de tous les établissements d’hébergement canadiens ayant pour mandat principal de fournir des services d’hébergement aux victimes de violence (définie comme de la victimisation continue). L’EEHVV vise à produire des statistiques agrégées sur les services offerts par ces établissements au cours d’une période de référence de 12 mois antérieure à l’enquête, et à fournir un instantané des clients servis en un jour donné (à la mi-avril de l’année de l’enquête). Ces précieux renseignements aideront les divers ordres de gouvernement, les organismes d’hébergement et autres organismes à but non lucratif, les fournisseurs de services et les chercheurs à élaborer des projets de recherche, des politiques et des programmes, ainsi qu’à déterminer les besoins de financement des établissements d’hébergement pour les victimes de violence. Les renseignements fournis pourraient aussi être utilisés par Statistique Canada à d’autres fins statistiques et de recherche.

L’EEHVV est une version remaniée de l’Enquête sur les maisons d’hébergement (EMH), qui a été conçue dans le cadre de l’Initiative de lutte contre la violence familiale afin de répondre au besoin d’améliorer l’information sur les services destinés aux victimes de violence familiale.

Le contenu du questionnaire de l’EEHVV a été élaboré à la suite de consultations qui ont été menées auprès des intervenants du domaine d’octobre à décembre 2015 et de la mise à l’essai subséquente du questionnaire au sein de groupes de discussion. L’EEHVV diffère de l’EMH pour ce qui est de la base de sondage, du contenu, de la méthode de collecte ainsi que du traitement et de l’analyse des données. En particulier, le champ de l’EEHVV a été modifié, passant des établissements desservant les femmes violentées et leurs enfants aux établissements dont le principal mandat est de fournir des services d’hébergement aux victimes de violence (les femmes, les hommes et les enfants qui accompagnent un adulte). En raison de ces changements, les données recueillies dans le cadre de l’EEHVV ne sont pas comparables avec les données historiques de l’EMH.

Population cible et taux de réponse

Statistique Canada a établi la liste des établissements à inclure dans la population cible de l’enquête grâce aux consultations qu’il a menées auprès des administrations publiques provinciales et territoriales, des associations de maisons d’hébergement et d’autres associations ainsi qu’au moyen des résultats d’un examen des entités du Registre des entreprises de l’organisme. Statistique Canada a, par la suite, communiqué avec les établissements pouvant faire partie de la population cible avant la collecte des données d’enquête afin de déterminer leur principal mandat. Il peut s’agir d’établissements qui offrent des services d’hébergement de courte ou de longue durée et/ou de services d’hébergement polyvalents, de maisons d’hébergement, de logements de deuxième étape, de réseaux de maisons d’hébergement, de satellites, de centres d’urgence pour femmes, de refuges d’urgence, de logements provisoires (au Manitoba seulement), de centres de prévention de la violence familiale en milieu rural (en Alberta seulement), de centres de ressources familiales, de même que d’autres établissements d’hébergement qui offrent des services aux victimes de violence, qu’elles aient des enfants ou non.

Parmi les 552 établissements d’hébergement qui ont indiqué que leur principal mandat consistait à fournir des services aux victimes de violence en 2017-2018, 509 ont retourné leur questionnaire rempli à Statistique Canada, ce qui représente un taux de réponse de 92 %. En ce qui concerne les répondants qui n’ont pas fourni leurs renseignements au moyen du questionnaire et des répondants qui ont omis de répondre à certaines questions, les données manquantes ont été imputées pour les questions clés. Les méthodes d’imputation utilisées comprennent l’utilisation de données historiques corrigées en fonction des tendances lorsqu’elles étaient disponibles et l’imputation par donneur, méthode qui consiste à extraire les valeurs d’enregistrements semblables au chapitre de l’emplacement, du type et de la taille des établissements.

Afin d’obtenir de plus amples renseignements ou de consulter le questionnaire, veuillez visiter la page de l’enquête de Statistique Canada : Enquête sur les établissements d'hébergement pour les victimes de violence.

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