Section 2 : Les facteurs de risque de la violence envers les femmes
par Hope Hutchins
- Violence commise contre les femmes et déclarée par la police
- Victimisation autodéclarée par les femmes
- Résumé
- Tableaux de données détaillés
- Références
- Notes
Bien que la violence faite aux femmes ne connaisse pas de frontières sociodémographiques, les données permettent de penser que certains groupes de filles et de femmes sont plus à risque. Selon une recherche antérieure, certains facteurs sociodémographiques et communautaires sont liés à un risque plus élevé d'incidents autodéclarés de victimisation avec violence (Perreault et Brennan, 2010). Ces facteurs de risque ne peuvent être considérés comme des causes directes de victimisation, mais ils peuvent, individuellement ou collectivement, contribuer à accroître la probabilité de victimisation. Ainsi, le fait de les cerner peut aider à orienter l'élaboration et le maintien de stratégies de prévention et d'interventions à la violence faite aux femmes (Johnson, 2006).
Dans la présente section, on examine les facteurs de risque de la violence faite aux femmes de 15 ans et plus au moyen de deux types de données : (i) les données policières qui proviennent du Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC) fondé sur l'affaire et de l'Enquête sur les homicides; (ii) les données autodéclarées tirées de l'Enquête sociale générale (ESG) sur la victimisationNote 1. Les résultats reposent principalement sur l'analyse descriptive, qui comprend un examen de la fréquence de la victimisation avec violence pour chacun des facteurs sociodémographiques, communautaires et liés au mode de vieNote 2. En ce qui a trait à l'analyse de la victimisation autodéclarée, on indique également si ces facteurs demeurent d'importants facteurs prédictifs de la victimisation avec violence après la prise en compte d'autres facteurs de risque connusNote 3.
En raison des différences dans la nature et la portée de l'information recueillie dans le cadre des enquêtes dont les données sont déclarées par la police et celles dont les données sont autodéclarées, l'analyse des facteurs de risque varie en fonction de la source de données et ne devrait pas faire l'objet de comparaisons. Les facteurs de risque des crimes violents déclarés par la police tiennent compte de la violence conjugale, de la violence entre partenaires amoureux et de la violence à l'endroit d'autres personnes. Quant aux facteurs de risque de la victimisation autodéclarée, ils tiennent compte de la violence conjugale et de la violence non conjugale.
Violence commise contre les femmes et déclarée par la police
Les jeunes femmes de 15 à 24 ans sont les plus à risque de violence déclarée par la police
À l'instar de ce qui a été observé pour la violence en général, le fait d'être jeune constituait un facteur de risque pour toutes les formes de violence commise contre les femmes et déclarée par la police, à la fois dans le contexte de relations entre partenaires intimes et hors de ce contexte. En 2011, les jeunes femmes de 15 à 24 ans affichaient généralement les plus hauts taux de violence, les taux diminuant à mesure qu'augmentait l'âge (graphique 2.1). La seule exception a été observée dans les taux de violence faite aux femmes dans le cadre de fréquentations, où les femmes de 25 à 34 ans étaient les plus à risque (graphique 2.2). Néanmoins, les jeunes femmes de 15 à 24 ans ont continué d'être les plus vulnérables à certains types de violence entre partenaires amoureux, notamment les infractions sexuelles.
Graphique 2.1
Victimes de crimes violents déclarés par la police, selon le sexe et le groupe d'âge de la victime, Canada, 2011
Note : Comprend les personnes de 15 ans et plus. Les chiffres de population sont fondés sur des estimations au 1er juillet fournies par la Division de la démographie de Statistique Canada. Exclut les affaires pour lesquelles l’âge ou le sexe de la victime était inconnu.
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l'affaire.
Graphique 2.2
Victimes de violence aux mains de partenaires amoureux, affaires déclarées par la police, selon le sexe et le groupe d'âge de la victime, Canada, 2011
Note : Comprend les personnes de 15 ans et plus. Les chiffres de population sont fondés sur des estimations au 1er juillet fournies par la Division de la démographie de Statistique Canada. Exclut les affaires pour lesquelles l'âge ou le sexe de la victime était inconnu et pour lesquelles le lien de l'auteur présumé avec la victime était inconnu.
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l'affaire.
Des risques fondés sur l'âge semblables ont été observés lorsque la violence faite aux femmes avait abouti à un homicide. Selon les données recueillies au cours des 10 dernières années, les jeunes femmes de 15 à 24 ans étaient les plus à risque. Cela s'observait particulièrement dans le cas des homicides entre conjoints, où l'on comptait 18,8 homicides entre conjoints pour 1 million de jeunes femmes de 15 à 24 ans (tableau 2.1). Ce taux diminuait pour s'établir à 10,3 homicides pour 1 million de femmes de 25 à 34 ans, puis à 7,5 homicides pour 1 million de femmes de 35 à 44 ans. Les taux d'homicides entre conjoints étaient toujours plus élevés pour les femmes qu'ils ne l'étaient pour les hommes, et ce, peu importe l'âge.
Comme dans le cas de la violence entre partenaires amoureux en général, le risque d'homicides entre partenaires amoureux atteint un sommet à un âge plus avancé. Ainsi, le taux d'homicides sur des partenaires amoureuses était le plus élevé chez celles âgées de 35 à 44 ans. Les taux des femmes étaient toujours plus élevés que ceux des hommes jusqu'à l'âge de 55 ans, après quoi les taux des hommes étaient plus élevés que ceux des femmes.
Le taux d'homicides sur des femmes commis par d'autres personnes, bien qu'il ait été plus faible que les taux enregistrés chez les hommes pour tous les groupes d'âge, était le plus élevé chez les jeunes femmes de 15 à 24 ans (tableau 2.1). Le taux diminuait généralement avec l'âge, mais il augmentait chez les femmes de 55 ans et plus.
Les partenaires intimes constituent le plus grand risque pour les femmes
Comme il en a été question à la section 1, le risque que les femmes soient victimes de violence de la part d'un partenaire intimeNote 4 était plus élevé que chez tout autre auteur de violence, bien qu'elles n'aient pas toutes subi le même risque de violence aux mains d'un partenaire intime. En 2011, le taux de violence faite aux femmes dans le cadre de fréquentations et déclarée par la police était de 1,6 fois supérieur au taux de violence conjugale (631 par rapport à 395 pour 100 000 femmes)Note 5.
De plus, on observe des différences marquées entre la proportion de femmes victimes de violence qui étaient dans une relation continue et celle de femmes qui avaient eu une relation avec le partenaire auteur présumé. Les données déclarées par la police révèlent qu'environ le tiers (34 %) des femmes victimes de violence aux mains d'un partenaire intime étaient mariées à l'auteur de la violence au moment de l'affaire (union en droit ou de fait); venaient ensuite les femmes qui fréquentaient une personne au moment de l'affaire (31 %), celles qui fréquentaient une personne avant l'affaire (20 %) et celles qui avaient déjà été mariées (14 %) (graphique 2.3).
Graphique 2.3
Victimes de violence aux mains de partenaires intimes, affaires déclarées par la police, selon le sexe de la victime et le lien de l'auteur présumé avec celle-ci, Canada, 2011
1. Défini dans le Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l'affaire comme une personne avec qui la victime a eu une relation sexuelle ou envers laquelle elle a éprouvé une attirance sexuelle, mais pour laquelle aucune autre catégorie de relation intime ne s'applique.
Note : Comprend les personnes de 15 ans et plus. Exclut les affaires pour lesquelles l'âge ou le sexe de la victime était inconnu et pour lesquelles le lien de l'auteur présumé avec la victime était inconnu.
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l'affaire.
Malgré le fait que le Programme DUC fondé sur l'affaire ne permette pas de calculer les taux pour les partenaires actuels et les ex-partenairesNote 6, les données de l'Enquête sur les homicides semblent indiquer qu'une fois que les différences dans la taille de la population mariée sont prises en compte, le risque d'homicides entre conjoints était le plus élevé chez les femmes séparées. En particulier, au cours des cinq années précédentes, les femmes étaient six fois plus susceptibles d'être tuées par un ex-conjoint que par un conjoint marié au moment de l'affaire (18,0 homicides pour 1 million par rapport à 3,1 pour 1 million)Note 7.
Les femmes autochtones sont disproportionnellement représentées en tant que victimes d'homicide
Les Autochtones, y compris les femmes, sont souvent surreprésentés en tant que victimes de crime violent, dont les formes de violence mortelles (Perreault, 2011; Brennan, 2011). Déterminer l'identité autochtone des victimes au moyen du Programme DUC fondé sur l'affaire présente certaines limitesNote 8; l'analyse est toutefois possible à l'aide des données de l'Enquête sur les homicides. Une mise en garde s'impose en ce qui concerne le taux élevé d'homicides pour lesquels l'identité autochtone était inconnueNote 9.
Bien que les femmes autochtones aient représenté environ 4 % de la population en 2006Note 10, elles constituaient, entre 2001 et 2011, au moins 11 % des victimes d'homicide aux mains d'un partenaire amoureux et au moins 10 % des victimes d'homicide aux mains d'une autre personneNote 11 (tableau 2.2). La proportion de femmes autochtones tuées par un conjoint (4 %) était semblable à leur représentation dans la population totale.
Les taux de violence faite aux femmes et déclarée par la police sont plus élevés dans les régions autres que les RMR qu'ils ne le sont dans les RMR
Pour l'ensemble des actes de violence envers des partenaires intimes et ceux à l'endroit d'autres personnes, les taux de violence faite aux femmes et déclarée par la police étaient plus élevés dans les régions autres que les régions métropolitaines de recensement (RMR)Note 12, y compris dans les petites villes, les villages et les régions rurales, qu'ils ne l'étaient dans les RMR (graphique 2.4)Note 13. Cette constatation valait pour presque tous les types de violence à l'endroit des partenaires intimes et d'autres personnes, à l'exception du vol qualifié.
Graphique 2.4
Victimes de violence aux mains de partenaires intimes et d'autres personnes, affaires déclarées par la police, selon le lieu de résidence de la victime, Canada, 2011
1. Une région métropolitaine de recensement (RMR) est composée d’une ou de plusieurs municipalités voisines situées autour d’un grand noyau urbain. Une RMR doit compter au moins 100 000 habitants, dont au moins 50 000 vivent dans le noyau urbain. Pour faire partie de la RMR, les municipalités adjacentes doivent être fortement intégrées à la région urbaine centrale, le degré d’intégration étant mesuré par le débit de la migration quotidienne calculé à partir des données du recensement. Une RMR est normalement desservie par plus d’un service de police.
Note : Comprend les personnes de 15 ans et plus. Les chiffres de population sont fondés sur des estimations au 1er juillet fournies par la Division de la démographie de Statistique Canada. Exclut les affaires pour lesquelles l'âge ou le sexe de la victime était inconnu et pour lesquelles le lien de l'auteur présumé avec la victime était inconnu.
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l'affaire.
Victimisation autodéclarée par les femmes
Les jeunes femmes sont les plus susceptibles de déclarer avoir été victimes de violence
Il existe de nombreux facteurs sociodémographiques liés à la victimisation avec violence autodéclarée par les femmes, la plupart étant des caractéristiques qu'une personne ne peut changer, comme l'âge. À l'instar des données déclarées par la police, le fait d'être jeune constituait un facteur de risque important de la violence conjugale et non conjugale autodéclarée par les femmes.
Selon les résultats de l'ESG de 2009, les femmes de 15 à 34 ansNote 14 ayant un conjoint ou un ex-conjointNote 15 étaient environ de deux à trois fois plus susceptibles que les femmes plus âgées de déclarer qu'elles avaient été victimes de violence conjugale au cours des 12 mois précédents (tableau 2.3). Des résultats semblables ont été observés dans les cas de violence non conjugale. En effet, le taux noté pour les femmes de 15 à 34 ans était plus de trois fois supérieur au taux de celles de 35 ans et plus (171 par rapport à 50 incidents pour 1 000 habitants) (tableau 2.4).
La fréquence plus élevée de violence non conjugale chez les jeunes femmes a été observée dans les trois types de victimisation avec violence, notamment les voies de fait, l'agression sexuelle et le vol qualifié. Toutefois, elle était plus prononcée dans les cas d'agressions sexuelles, où les femmes de moins de 35 ans affichaient des taux de victimisation cinq fois plus élevés que ceux de leurs homologues plus âgées (73 par rapport à 14E incidents pour 1 000 habitants).
Le fait d'être jeune demeure un important facteur prédictif de la violence faite aux femmes, même lorsque l'on tient compte d'autres facteurs associés à la victimisation. En d'autres termes, le jeune âge représentait un effet particulier du risque de victimisation autodéclarée par les femmes; les jeunes femmes, peu importe leurs autres caractéristiques personnelles ou les caractéristiques liées à leur mode de vie ou à la communauté, étaient particulièrement vulnérables aux actes de violence commis par un conjoint ou un autre agresseur.
Les femmes célibataires sont les plus à risque d'être victimes de violence
Le risque de victimisation avec violence autodéclaré peut varier selon l'état matrimonial, par exemple, selon si les personnes sont mariées ou si elles vivent en union libre. Toutefois, la fréquence de la victimisation aux mains d'un conjoint actuelNote 16 durant les 12 mois précédents chez les femmes mariées n'était pas différente de celle chez les femmes vivant en union libre. En effet, environ 1,2 % des femmes mariées ont été victimes de violence conjugale, soit une proportion semblable (1,7 %E) à celle notée pour les femmes vivant en union libre. Cela n'était pas le cas pour les hommes, où le risque de violence conjugale était d'environ cinq fois supérieur pour les hommes qui vivaient en union libre comparativement à ceux qui étaient mariés (3,8 %E par rapport à 0,8 %E).
Par ailleurs, le taux de violence non conjugale affiché par les femmes célibataires était d'environ quatre fois supérieur à celui des femmes mariées ou vivant en union libre (199 par rapport à 50 incidents pour 1 000 habitants) et de trois fois supérieur à celui des femmes séparées, divorcées ou veuves (65 incidents pour 1 000 habitants). Ce risque accru chez les femmes célibataires persistait même après avoir pris en compte les autres facteurs liés à la victimisation.
La fréquence de la violence conjugale est élevée chez les femmes lesbiennes et bisexuelles
Les résultats de l'ESG de 2009 révèlent que les femmes qui ont déclaré être lesbiennes ou bisexuelles étaient nettement plus susceptibles que les femmes hétérosexuelles d'indiquer avoir été victimes de violence aux mains d'une ou d'un partenaire actuel ou ancien au cours des cinq années précédentes (20,8 %E par rapport à 6,1 %)Note 17 (tableau 2.5). Il convient de noter que le sexe du conjoint violent ou de la conjointe violente n'a pas été demandé; par conséquent, les taux de violence chez les femmes lesbiennes ou bisexuelles pourraient comprendre des conjoints de sexe opposé.
Il n'était pas possible de diffuser les estimations sur les femmes qui ont déclaré être lesbiennes ou bisexuelles dans le cas de la violence non conjugale. Toutefois, dans l'ensemble, le taux de violence non conjugale enregistré au cours des 12 mois précédents chez les personnes qui ont déclaré être gaies, lesbiennes ou bisexuelles était près de cinq fois supérieur au taux observé chez celles qui ont déclaré être hétérosexuelles (394E par rapport à 81 incidents pour 1 000 habitants) (tableau 2.4).
Les femmes qui participent à plusieurs activités en soirée risquent davantage d'être victimes de violence conjugale et non conjugale
Les femmes qui ont participé à un plus grand nombre d'activités en soiréeNote 18 par mois affichaient une fréquence plus élevée de violence conjugale et non conjugale. Les femmes qui participaient à 30 activités en soirée ou plus par mois étaient particulièrement à risque. En effet, le risque de violence conjugale pour ces femmes était plus du double de celui des femmes qui participaient à un nombre d'activités se situant entre 20 et 29 par mois (3,1 %E par rapport à 1,5 %E) (tableau 2.3).
Des risques semblables ont été observés dans le cas de la victimisation à l'extérieur d'une relation conjugale. Le taux de victimisation était le plus élevé chez les femmes qui s'adonnaient à 30 activités en soirée ou plus par mois. Ce taux était près du double de celui des femmes qui participaient à un nombre d'activités se situant entre 20 et 29, il était près de trois fois supérieur à celui des femmes qui participaient à un nombre d'activités se situant entre 10 et 19, et il était plus de cinq fois supérieur à celui des femmes qui s'adonnaient au plus petit nombre d'activités en soirée (moins de 10 activités par mois) (tableau 2.4).
Même en tenant compte d'autres facteurs de risque, le fait de participer à un plus grand nombre d'activités en soirée par mois demeurait un important facteur prédictif du risque de violence non conjugale pour les femmes. Toutefois, la participation à 30 activités en soirée ou plus par mois n'augmentait pas de façon indépendante le risque de violence conjugale chez les femmes, lorsque tous les autres facteurs analysés étaient pris en compte.
Le niveau de scolarité et le revenu ne sont pas liés au risque des femmes d'être victimes
Dans l'ensemble, le niveau de scolarité n'influait pas sur le risque de violence conjugale et non conjugale auquel les femmes étaient exposées. Cela était aussi le cas pour le revenu, un facteur souvent influencé par les niveaux de scolarité. Le revenu n'était donc pas lié aux risques de violence conjugale ou non conjugale chez les femmes.
Les femmes à la retraite sont les moins à risque d'être victimes de violence non conjugale
Le temps passé à certains endroits ou consacré à certaines activités, comme rester à la maison, occuper un emploi rémunéré, aller à l'école et pratiquer un loisir, peut protéger les personnes des auteurs potentiels de violence ou les y exposer (de Léséleuc, 2007). Certaines études donnent à penser que c'est le cas pour ce qui est du risque de violence non conjugale chez les femmes à la retraite. Selon les résultats de l'ESG de 2009, les femmes à la retraite risquaient moins que les femmes occupant un emploi rémunéré d'être victimes de violence aux mains d'une personne autre que le conjoint, lorsque d'autres facteurs étaient pris en compte.
La violence conjugale et la violence non conjugale étaient moins fréquentes chez les personnes dont l'activité principale était le travail ménager, mais cela pourrait être attribuable à d'autres facteurs de risque (tableau 2.3, tableau 2.4). De même, les étudiantes affichaient un taux de violence non conjugale plus de deux fois supérieur à celui des femmes occupant un emploi rémunéré (204 par rapport à 98 pour 1 000 habitants). Ce taux élevé chez les étudiantes pourrait s'expliquer par le fait qu'elles sont souvent jeunes et célibataires, et qu'elles participent à un plus grand nombre d'activités en soirée. Le fait d'être étudiante en soi n'augmentait pas le risque de violence faite aux femmes.
La violence non conjugale est plus courante chez les femmes qui consomment de l'alcool ou des drogues
L'ESG de 2009 a permis de recueillir des renseignements sur la fréquence de consommation de boissons alcoolisées ou de drogues au cours du mois précédant la tenue de l'enquête, peu importe si les personnes en question ont été victimes ou non. La fréquence de la violence conjugale était semblable entre les femmes qui consommaient de l'alcool de façon abusive — au moins cinq verres d'alcool en une occasion — et celles pour qui ce n'était pas le cas (2,8 %E et 1,7 %). Il importe de souligner que l'ESG ne permet pas de savoir si la consommation d'alcool ou de drogues a commencé avant ou après la victimisation avec violenceNote 19.
En revanche, les femmes qui consommaient de l'alcool de façon abusive étaient plus souvent victimes de violence non conjugale que celles qui n'en consommaient pas de façon abusive (185 par rapport à 68 incidents pour 1 000 habitants). Toutefois, la consommation abusive d'alcool n'était pas un facteur indépendant au risque, mais elle était plutôt associée à d'autres facteurs de risque analysés, comme le fait d'être jeune, d'être célibataire et de participer à des activités en soirée.
La fréquence de la violence conjugale et non conjugale était constamment plus élevée chez les femmes ayant déclaré consommer des droguesNote 20. En 2009, les femmes qui consommaient des drogues étaient plus de trois fois plus susceptibles de déclarer avoir été victimes de violence conjugale au cours des 12 mois précédents (5,4 %E par rapport à 1,6 %) (tableau 2.3). De même, le taux de violence non conjugale était plus de quatre fois plus élevé chez les femmes qui consommaient des drogues comparativement aux autres femmes (285 par rapport à 68 incidents pour 1 000 habitants) (tableau 2.4).
La plus forte fréquence de violence conjugale chez les femmes qui consommaient des drogues peut s'expliquer par la présence d'autres facteurs de risque pour la victimisation avec violence, puisque la consommation de drogues en soi n'augmentait pas le risque de violence conjugaleNote 21. Dans le cas de la violence non conjugale, toutefois, le risque de victimisation chez les femmes qui consommaient des drogues est demeuré considérablement plus élevé, même après avoir tenu compte d'autres facteurs de risque.
Les femmes ayant des limitations d'activités risquent davantage d'être victimes de violence conjugale
Les limitations d'activitésNote 22, comme un état physique ou mental ou un problème de santé qui limite les activités d'une personne, ont été observées comme étant associées à un risque considérablement plus élevé de victimisation avec violence (Perreault, 2009). Les résultats de l'ESG de 2009 viennent confirmer que les taux de violence conjugale et non conjugale étaient souvent plus élevés chez les femmes ayant des limitations d'activités.
Plus particulièrement, les femmes ayant des limitations d'activités ont affiché un taux de violence conjugale au cours des cinq années précédentes qui était près du double de celui des femmes n'ayant pas de limitations (9,3 % par rapport à 5,0 %) (tableau 2.5). Cette situation diffère de celle des hommes ayant une certaine limitation d'activités, qui ne présentaient pas de risque plus élevé de violence conjugale.
Les répercussions des limitations d'activités sur les risques de violence non conjugale chez les femmes variaient selon la forme de violence. Bien que les femmes ayant des limitations d'activités n'aient pas été plus à risque de violence non conjugale dans l'ensembleNote 23, elles étaient plus de 2,5 fois plus susceptibles d'être victimes de vol qualifié comparativement aux femmes sans limitations d'activités (18E par rapport à 7E incidents pour 1 000 habitants).
Lorsque l'on tient compte d'autres facteurs sociodémographiques, ainsi que des caractéristiques communautaires et liées au mode de vie, on observe que les femmes ayant des limitations d'activités ont continué de présenter un risque plus élevé de violence conjugale et non conjugale. Le risque accru de violence contre les femmes ayant des limitations d'activités pourrait être lié à leur plus grande vulnérabilité et à leur dépendance aux autres (Brownridge, 2006).
La violence conjugale est moins répandue chez les immigrantes que chez les femmes nées au Canada
Au Canada, il peut y avoir un chevauchement important de la population des immigrantes et des femmes appartenant à une minorité visible. Plus des trois quarts (76 %) des immigrantes récentes au Canada appartenaient à une minorité visible en 2006, et plus des deux tiers (68 %) des femmes de minorités visibles étaient des immigrantes (Chui et Maheux, 2011; Chui, 2011). Les caractéristiques sociodémographiques de ces groupes, bien que très hétérogènes, peuvent différer des autres groupes de femmes, en particulier en ce qui a trait aux langues parlées (Chui, 2011). Ainsi, il est important de souligner que puisque l'ESG est menée en français et en anglais, certains immigrants et membres de minorités visibles peuvent ne pas être en mesure d'y participer en raison de barrières linguistiquesNote 24. Ils peuvent donc être sous-représentés au nombre des victimes de violence conjugale et non conjugale (Sinha, 2012; Johnson, 2006).
Les résultats de l'ESG de 2009 révèlent que les immigrantes étaient moins à risque de violence conjugale que les femmes nées au Canada. Plus précisément, 4,9 % des immigrantes ont déclaré avoir été victimes de violence conjugale au cours des cinq années précédentes, comparativement à 6,8 % des non-immigrantes (tableau 2.5). Ce plus faible risque de violence conjugale ne persistait pas lorsque d'autres facteurs étaient pris en compte. Bien qu'il n'ait pas été possible de diffuser les observations selon le sexe pour ce qui est de la violence non conjugale, on remarque que les immigrants étaient généralement beaucoup moins susceptibles que les non-immigrants d'être victimes de violence à l'extérieur d'une relation conjugale durant les 12 mois précédents (48E par rapport à 110 incidents pour 1 000 habitants) (tableau 2.4).
Par ailleurs, le taux de violence conjugale chez les femmes de minorités visiblesNote 25 correspondait au taux enregistré chez les femmes n'appartenant pas à une minorité visible. Cela contraste avec les hommes de minorités visibles qui étaient moins susceptibles que les hommes n'appartenant pas à une minorité visible d'indiquer avoir été victimes de violence conjugale (3,2 %E par rapport à 6,4 %). En raison des chiffres peu élevés, il était impossible d'observer le risque de violence non conjugale chez les femmes de minorités visibles, bien qu'en général, les membres de minorités visibles aient affiché des taux plus faibles de violence non conjugale que les personnes n'appartenant pas à une minorité visible (63E par rapport à 103 incidents pour 1 000 habitants).
La fréquence de la victimisation est plus élevée chez les femmes autochtones
Comme il a été mentionné précédemment, les Autochtones sont plus souvent victimes de violence que les non-Autochtones (Brennan, 2011; Brzozowski, Taylor-Butts et Johnson, 2006). Le risque plus élevé de violence faite aux femmes autochtones peut s'expliquer en partie par les facteurs liés à la victimisation avec violence, comme l'âge, l'état matrimonial et la participation à des activités en soirée (Perreault, 2011). En effet, le taux de violence conjugale chez les femmes autochtones, qui était 2,5 fois plus élevé que celui des autres femmes, peut s'expliquer par la présence de ces autres facteurs de risque analysés, puisque le fait de s'auto-identifier comme une femme autochtone n'était pas lié indépendamment au risque de violence conjugale (tableau 2.5).
Bien que les femmes autochtones aient également affiché des taux beaucoup plus élevés de violence non conjugale que les femmes non autochtones (graphique 2.5), d'autres facteurs n'ont pu expliquer entièrement ce risque accru.
Graphique 2.5
Taux de violence non conjugale subie au cours des 12 mois précédents et autodéclarée, selon le sexe et l'identité autochtone de la victime, Canada, 2009
E à utiliser avec prudence
† catégorie de référence
* différence significative par rapport à la catégorie de référence (p < 0,05)
Note : Les taux sont calculés pour 1 000 personnes de 15 ans et plus. Les réponses « Ne sait pas » et « Non déclaré » ne figurent pas dans le présent graphique; par conséquent, la somme des pourcentages peut ne pas correspondre à 100. Les données des Territoires du Nord-Ouest, du Yukon et du Nunavut ont été recueillies au moyen d'une méthode différente et, par conséquent, ont été exclues.
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2009.
Certaines causes possibles de la fréquence plus élevée de la victimisation avec violence au sein de la population autochtone peuvent être attribuées à des facteurs propres aux Autochtones. Le Comité permanent de la condition féminine (2011) a cerné les facteurs socioéconomiques plus larges possibles qui suivent comme étant liés à la violence :
- les inégalités économiques et sociales;
- la discrimination envers les peuples autochtones;
- la perte possible de la compréhension de leur histoire et de leur culture;
- les pensionnats et le cycle de violence intergénérationnelleNote 26.
La violence conjugale est plus courante chez les femmes qui ont été victimes de violence psychologique ou d'exploitation financière
Certains facteurs de risque sont propres à la violence conjugale, comme les comportements de violence psychologique d'un conjoint. Ces comportements, qui peuvent être des signes avant-coureurs de voies de fait ou d'agression sexuelle, peuvent comprendre la restriction des contacts avec les autres, le rabaissement et les insultes, la jalousie, l'agression ou la menace d'agression contre un proche, le suivi des allées et venues, le dommage à des biens personnels et la restriction de l'accès au revenu. En 2009, 18 % des femmes ont déclaré avoir été victimes de violence psychologique ou d'exploitation financière aux mains de leur conjoint actuel ou d'un ex-conjoint durant leur relation. Cette proportion n'était pas statistiquement différente de celle observée chez les hommes (17 %).
Les données sur la victimisation indiquent que les femmes et les hommes victimes de violence psychologique ou d'exploitation financière aux mains d'un conjoint étaient beaucoup plus susceptibles d'être victimes de voies de fait ou d'agression sexuelle, ou les deux, aux mains de leur conjoint actuel ou d'un ex-conjoint durant les cinq années précédentes. En 2009, 19 % des femmes victimes de violence psychologique ou d'exploitation financière par un conjoint actuel ont déclaré avoir été victimes de voies de fait ou d'agression sexuelle aux mains de ce dernier, comparativement à 2 % des femmes qui n'ont pas été victimes de violence psychologique ou d'exploitation financière. Le risque accru était également observé lorsque la violence était infligée par des ex-conjoints (32 % par rapport à 4 %E).
Certaines formes de violence psychologique étaient plus souvent liées à des actes violents que d'autres. Les données de l'ESG de 2009 révèlent que le risque de voies de fait ou d'agression sexuelle était plus élevé chez les femmes ayant déclaré que leur conjoint a endommagé leurs biens personnels (graphique 2.6). Dans l'ensemble, la violence psychologique et l'exploitation financière demeurent corrélées à la violence conjugale, même lorsque l'on tient compte d'autres facteurs de risque.
Graphique 2.6
Pourcentage de femmes ayant déjà été victimes de violence psychologique ou d'exploitation financière qui ont été agressées physiquement ou sexuellement par leur conjoint au cours des cinq années précédentes, selon le type de violence psychologique et l'état de la relation, Canada, 2009
F trop peu fiable pour être publié
† catégorie de référence
* différence significative par rapport à la catégorie de référence (p < 0,05)
Note : La violence psychologique et l'exploitation financière sont mesurées au cours de la vie de la répondante. Le terme « conjoint » désigne les conjoints mariés ou vivant en union libre, y compris les conjoints de même sexe. Les réponses « Ne sait pas » et « Non déclaré » ne figurent pas dans le présent graphique; par conséquent, la somme des pourcentages peut ne pas correspondre à 100. Les données des Territoires du Nord-Ouest, du Yukon et du Nunavut ont été recueillies au moyen d'une méthode différente et, par conséquent, ont été exclues.
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale de 2009.
Les facteurs communautaires influent peu sur le risque des femmes d'être victimes
L'ESG de 2009 a également permis de recueillir des renseignements sur les collectivités des répondants, dont leur lieu de résidence, leur niveau de liens sociaux et d'interactions, ainsi que leurs perceptions à l'égard du désordre social dans le quartier, comme les voisins bruyants, le vandalisme, les gens qui consomment des drogues ou qui en vendent, et la prostitutionNote 27. Certaines recherches ont laissé entendre que l'absence de liens sociaux peut réduire le sentiment général de bien-être au sein des collectivités, ce qui mène à des conséquences négatives comme des taux de criminalité plus élevés (Gannon et autres, 2005). De plus, les signes de désordre physique et social peuvent indiquer qu'une collectivité manque de surveillance et que ses habitants n'en prennent pas soin (Keown, 2008).
Selon les données sur la victimisation, l'effet des facteurs communautairesNote 28 sur le risque de victimisation chez les femmes était minime. On n'a observé aucun effet sur la victimisation pour les femmes qui habitaient une région métropolitaine de recensement par rapport à celles qui vivaient dans les petites villes, les villages et les régions rurales. De même, les liens sociaux au sein d'une collectivité n'influaient que rarement sur le risque de violence chez les femmes. Par exemple, les femmes qui ont déclaré connaître peu ou pas de gens dans leur quartier présentaient un risque similaire d'être victimes de violence, conjugale et non conjugale, par rapport aux femmes qui en connaissaient beaucoup (tableau 2.6).
Même si les femmes qui habitaient un quartier comptant des indicateurs de désordre social ne présentaient pas un risque accru de violence conjugale par rapport aux autres femmesNote 29, elles étaient près de trois fois plus susceptibles d'être victimes de violence non conjugale (169 par rapport à 60 incidents pour 1 000 habitants). En outre, le désordre social était indépendamment lié au risque plus élevé de violence non conjugale.
Insérer l'encadré 2.1
Encadré 2.1
Risques de victimisation avec violence autodéclarée dans les territoiresNote 30
Les données sur la victimisation ont été recueillies au moyen d'une méthode différente dans les territoires. Par conséquent, les facteurs de risque de la victimisation avec violence autodéclarée par les femmes dans les territoires font l'objet d'une analyse distincte de celle des provinces.
Les victimes ayant déclaré avoir subi de la violence conjugale dans les territoires ont tendance à être jeunes
À l'instar des résultats obtenus pour les femmes habitant dans les provinces, les jeunes femmes dans les territoires étaient plus susceptibles d'être victimes de violence conjugale. En effet, les femmes de moins de 35 ans étaient plus de trois fois plus susceptibles que celles de 35 ans et plus d'être victimes de violence aux mains de leur conjoint actuel ou d'un ex-conjoint au cours des cinq années précédentes (20 %E par rapport à 6 %E). Toutefois, aucune différence statistique n'a été relevée entre ces groupes pour ce qui est de la violence non conjugale dans les territoires.
Bien que le rôle de l'état matrimonial sur la victimisation n'ait pu être examiné selon le sexe en raison des chiffres peu élevés, les femmes qui vivaient en union libre étaient trois fois plus susceptibles d'être victimes de violence aux mains de leur conjoint actuel que celles qui étaient mariées (12 %E par rapport à 4 %E). En ce qui concerne la violence non conjugale, les femmes célibataires affichaient un taux qui était plus du double de celui des femmes mariées ou vivant en union libre (341E par rapport à 103E incidents pour 1 000 habitants).
La participation à des activités en soirée n'influe pas sur la fréquence de la violence conjugale dans les territoires
Sur le plan des caractéristiques liées au mode de vie, on n'a observé aucune différence dans le risque de violence conjugale auquel les femmes étaient exposées entre les femmes qui participaient à 30 activités en soirée ou plus par mois et celles qui s'adonnaient à un plus petit nombre d'activités. Les estimations de la violence non conjugale selon le sexe étaient trop petites pour diffuser les résultats, bien qu'en général, la participation à des activités en soirée n'était pas non plus liée au risque de violence non conjugale.
La limitation d'activités augmente le risque de violence non conjugale
Contrairement aux résultats observés pour les femmes vivant dans les provinces, le fait d'avoir une limitation d'activités n'augmentait pas le risque de violence conjugale chez les femmes habitant dans les territoires. Il n'était pas possible de diffuser les observations selon le sexe en raison des chiffres peu élevés de victimes de violence non conjugale. Toutefois, les personnes ayant des limitations d'activités affichaient un taux de violence non conjugale qui était plus élevé que celles n'ayant pas de limitations d'activités (310E par rapport à 129E incidents pour 1 000 habitants).
Les Autochtones sont plus à risque de violence conjugale et non conjugale dans les territoires
À l'instar des résultats obtenus pour les provinces, la violence était plus fréquente chez les personnes qui se disaient Autochtones dans les territoires. Plus précisément, les femmes autochtones étaient plus de trois fois plus susceptibles que les femmes non autochtones de déclarer avoir été victimes de violence aux mains d'un conjoint au cours des cinq années précédentes (18 %E par rapport à 5 %E). Une tendance semblable a été observée chez les hommes, mais la différence dans les taux entre les hommes autochtones et les hommes non autochtones était moins prononcée (16 %E par rapport à 6 %E).
Il était impossible de faire une répartition selon le sexe en fonction de l'identité autochtone pour la violence non conjugale. Cependant, le taux était généralement plus élevé chez les Autochtones que chez les non-Autochtones (252E par rapport à 145E incidents pour 1 000 habitants)Note 31.
La violence conjugale est beaucoup plus fréquente chez les femmes qui ont été victimes de violence psychologique ou d'exploitation financière
En 2009, 44 % des femmes habitant dans les territoires qui ont déclaré avoir été victimes de violence psychologique ou d'exploitation financière ont également affirmé avoir été victimes de voies de fait ou d'agression sexuelle, ou les deux, aux mains de leur conjoint actuel ou d'un ex-conjoint au cours des cinq années précédentes. Cette proportion était plus de 20 fois supérieure à celle notée chez les femmes ayant déclaré ne jamais avoir été victimes de violence psychologique ou d'exploitation financière (2 %). Des résultats semblables ont été observés chez les hommes.
Les femmes touchant de plus faibles revenus affichent des taux plus élevés de violence conjugale
Les femmes dans les territoires touchant un revenu de moins de 60 000 $ étaient trois fois plus susceptibles que les autres femmes de déclarer avoir été victimes de violence conjugale (19 %E par rapport à 6 %E). En revanche, les taux de violence non conjugale étaient semblables pour l'ensemble des niveaux de revenu.
Les femmes titulaires d'un diplôme d'études secondaires ou d'un niveau d'études inférieur étaient près de deux fois plus susceptibles de déclarer que leur conjoint avait été violent envers elles par rapport à celles ayant un niveau de scolarité plus élevé. Aucune différence dans les taux de violence non conjugale n'a été observée.
Contrairement aux constatations faites pour les provinces, la fréquence de la violence conjugale ne variait pas selon l'activité principale de la femme. En fait, des proportions semblables de femmes occupant un emploi rémunéré ou travaillant à leur propre compte et de femmes participant à d'autres activités principales ont déclaré avoir été victimes de violence conjugale. Bien que les estimations selon le sexe concernant la violence non conjugale n'aient pu être diffusées, il n'existait pas de différences statistiquement significatives dans le risque global de violence non conjugale selon le type d'activité principale.
La consommation abusive d'alcool accroît le risque de violence conjugale chez les femmes
Contrairement aux observations des femmes habitant dans les provinces, les femmes vivant dans les territoires qui consommaient de l'alcool de façon abusive (cinq consommations d'alcool ou plus en une même occasion) étaient plus susceptibles d'être victimes de violence aux mains d'un conjoint au cours des cinq années précédentes. En particulier, 27 %E des femmes qui consommaient de l'alcool de façon abusive ont également déclaré avoir été victimes de violence conjugale, soit une proportion près de cinq fois plus élevée que celle des femmes qui ne consommaient pas d'alcool de façon abusive (6 %E).
Bien qu'il n'ait pas été possible de diffuser les estimations selon le sexe en ce qui a trait à la consommation d'alcool et à la violence non conjugale, les personnes qui consommaient de l'alcool de façon abusive étaient plus de trois fois plus susceptibles que les autres de déclarer avoir été victimes de violence non conjugale (353E par rapport à 106E incidents pour 1 000 habitants). Comme il a été constaté dans les provinces, les femmes qui consommaient des drogues étaient également plus susceptibles que celles qui n'en consommaient pas de déclarer avoir été victimes de violence conjugale (25 %E par rapport à 8 %E). En ce qui a trait à la violence non conjugale, les femmes qui consommaient des drogues affichaient un taux de victimisation qui était près de sept fois supérieur au taux noté chez les femmes qui n'en consommaient pas.
Le désordre social augmente le risque de violence conjugale et non conjugale
Peu de facteurs communautaires analysés dans la présente section augmentent le risque de victimisation avec violence dans les territoiresNote 32. Le désordre social est l'un des facteurs communautaires liés à la victimisation. Les personnes, femmes et hommes, qui habitaient un quartier comptant au moins un indicateur de désordre social étaient plus susceptibles que les autresNote 33 d'être victimes de violence conjugale (10 %E par rapport à 3 %E). De même, elles étaient proportionnellement plus nombreuses à avoir été victimes de violence aux mains d'une personne autre que le conjoint (329E par rapport à 73E incidents pour 1 000 habitants).
Le sentiment d'appartenance constitue un autre facteur communautaire lié au risque de violence, mais uniquement pour la violence non conjugale. Il n'était pas possible de diffuser les estimations selon le sexe, mais les personnes ayant un faible sentiment d'appartenance à leur communauté présentaient un risque plus élevé de violence non conjugale.
Fin de l'encadré
Résumé
La probabilité d'être victime de violence n'est pas égale dans l'ensemble des groupes de femmes. En effet, elle varie plutôt selon les caractéristiques sociodémographiques et communautaires et les comportements liés au mode de vie, ainsi qu'en fonction d'autres événements de la vie (être victime de violence psychologique et d'exploitation financière aux mains du conjoint). On a présenté dans cette section plusieurs facteurs qui augmentent le risque de victimisation avec violence chez les femmes au moyen de données policières et de données sur la victimisation autodéclarée.
Les observations des données déclarées par la police révèlent que les jeunes femmes sont le groupe de femmes le plus à risque, un résultat qui concorde avec ceux de recherches antérieures. La seule exception à cette tendance concerne les femmes qui fréquentaient une personne, où le risque était le plus élevé chez les femmes qui étaient à la fin de la vingtaine ou au début de la trentaine. Les taux d'affaires de violence déclarées par la police étaient également élevés chez les personnes vivant dans des régions autres que les régions métropolitaines de recensement, alors que les données sur les homicides indiquent que les femmes autochtones étaient victimes d'homicides de façon disproportionnée.
Certains de ces facteurs, notamment l'âge et l'identité autochtone, étaient également liés au risque de violence autodéclarée. De plus, en ce qui concerne la violence conjugale en général, les risques étaient accrus pour les femmes qui avaient des limitations d'activités et pour celles qui avaient été victimes de violence psychologique ou d'exploitation financière aux mains d'un conjoint. Ces deux facteurs, de même que l'âge, étaient associés indépendamment au risque de violence conjugale.
Un grand nombre de facteurs augmentaient le risque de violence non conjugale chez les femmes, y compris le jeune âge, le fait d'être célibataire, la participation à de nombreuses activités en soirée, la consommation de drogues, le fait d'être Autochtone et le fait d'habiter dans une collectivité caractérisée par le désordre social.
Tableaux de données détaillés
Références
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PERREAULT, Samuel. 2009. Victimisation criminelle et santé : Un profil de la victimisation chez les personnes ayant une limitation d'activité ou un autre problème de santé, « Série de profils du Centre canadien de la statistique juridique », no 21, (site consulté le 12 septembre 2012).
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STATISTIQUE CANADA. 2006. Recensement de la population, produit no 97-552-XCB2006007 au catalogue.
Notes
- Voir l'introduction pour obtenir des renseignements sur les différences méthodologiques entre l'Enquête sociale générale (ESG) et le Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC).
- Tant pour la violence conjugale que pour la violence non conjugale autodéclarée, l'analyse des facteurs de risque repose principalement sur un instantané d'un an, étant donné qu'un grand nombre de ces facteurs peuvent évoluer au fil du temps. Les seules exceptions s'appliquent aux caractéristiques sociodémographiques et aux événements de vie des victimes de violence conjugale suivants : l'orientation sexuelle, la présence d'une limitation d'activités, l'identité autochtone, l'appartenance à une minorité visible, le statut d'immigrant, et les expériences de violence psychologique et d'exploitation financière. Les unités d'échantillon étaient trop petites pour que ces caractéristiques donnent une image fidèle de la situation au cours des 12 mois précédents.
- Les facteurs de risque de la victimisation existent rarement isolément. Par exemple, le fait d'être jeune est souvent lié à la participation à des activités en soirée, ces deux éléments pouvant constituer des facteurs de risque de la victimisation avec violence. Afin d'évaluer l'effet indépendant de chacun des facteurs sur le risque de victimisation, des techniques de modélisation des régressions logistiques ont été utilisées. Ainsi, on a pu relever des facteurs qui prédisent de façon indépendante le risque de victimisation avec violence autodéclarée par les femmes, même après la prise en compte des effets possibles d'autres facteurs.
- Les partenaires intimes comprennent les personnes mariées, séparées et divorcées, les conjoints et conjointes de même sexe ou de sexe opposé, les partenaires amoureux (actuels et anciens) et les autres partenaires intimes.
- Le risque plus élevé de violence entre partenaires amoureux demeure malgré le fait que le taux de violence entre partenaires amoureux est sous-estimé. Cette sous-estimation est attribuable à la taille surévaluée de la population ayant servi au calcul des taux de violence entre partenaires amoureux. Autrement dit, le calcul du taux de violence entre partenaires amoureux comprend toutes les personnes non mariées, quel que soit leur statut de fréquentation.
- Il en est ainsi parce que les catégories de relations du Programme DUC ne correspondent pas aux données démographiques.
- Exclut les homicides commis par les conjoints de même sexe, les ex-conjoints de même sexe et les conjoints de fait séparés, puisqu'aucune donnée démographique particulière n'existe pour ces groupes.
- Les services de police ne consignent pas de manière systématique l'identité autochtone des victimes et des auteurs présumés.
- L'identité autochtone était connue dans 55 % des homicides entre conjoints, 55 % des homicides entre partenaires amoureux et 54 % des homicides sur d'autres personnes qui impliquaient des femmes.
- Selon le Recensement de 2006, Statistique Canada.
- Le calcul des pourcentages comprend les homicides pour lesquels l'identité autochtone de la victime était inconnue, puisque les cas inconnus d'identité autochtone sont plus susceptibles d'être biaisés.
- Une région métropolitaine de recensement (RMR) est formée d'une ou de plusieurs municipalités adjacentes situées autour d'un grand noyau urbain. Une RMR doit compter au moins 100 000 habitants, dont au moins 50 000 vivent dans le noyau urbain. Pour faire partie de la RMR, les autres municipalités adjacentes doivent être fortement intégrées à la région urbaine centrale, le degré d'intégration étant mesuré par le débit de la migration quotidienne calculé à partir des données du recensement. Une RMR est normalement desservie par plus d'un service de police.
- Il est impossible d'examiner les taux de violence conjugale et ceux de violence entre partenaires amoureux à l'échelon des RMR, puisque les données démographiques des personnes mariées et non mariées ne sont pas disponibles à l'échelon des RMR.
- Il était impossible d'effectuer des répartitions plus détaillées selon l'âge en raison des petits échantillons pour des catégories d'âge détaillées et de la forte probabilité d'erreur d'échantillonnage qui y est liée.
- Dans le cas de la violence conjugale, la fréquence représente le pourcentage de personnes ayant un conjoint ou un ex-conjoint qui ont été victimisées, alors que dans le cas de la violence non conjugale, elle représente le taux d'incidents pour 1 000 habitants.
- Il est impossible de calculer la fréquence de la violence aux mains d'un ex-conjoint selon l'état matrimonial.
- Afin de publier une analyse de la corrélation qui existe entre l'orientation sexuelle et la victimisation avec violence selon le sexe au moyen des données de l'ESG de 2009, les catégories d'auto-identification des personnes gaies, lesbiennes ou bisexuelles ont été combinées.
- Les activités en soirée comprennent le fait de travailler, d'aller à l'école, de se rendre à des réunions, de faire des sorties aux restaurant, au cinéma, dans les bars et au casino, de pratiquer des sports, de s'adonner à des loisirs, de magasiner et de visiter des amis ou des membres de la famille.
- Dans le cadre de l'ESG, on a demandé aux victimes de violence conjugale si elles avaient consommé de l'alcool ou des drogues pour faire face à la violence. En raison des chiffres peu élevés, ces renseignements ne peuvent être diffusés.
- Dans l'ESG, les drogues comprennent les drogues illicites et l'intoxication aux solvants ainsi que d'autres substances dangereuses, mais excluent les médicaments sur ordonnance d'un médecin et ceux en vente libre.
- Selon les résultats provenant de l'analyse multivariée.
- L'ESG définit les personnes ayant des limitations d'activités comme celles qui ont déclaré éprouver des difficultés dans leurs activités quotidiennes, ou encore, un état physique ou mental ou un problème de santé qui limite la quantité ou le type d'activités auxquelles elles peuvent participer. Cette définition est fondée sur celle de l'incapacité de l'Organisation mondiale de la Santé (voir Perreault, 2009).
- Cela diffère des observations provenant de l'analyse multivariée.
- Selon les données du Recensement de 2006, environ 2 % des femmes au Canada ne pouvaient parler ni le français ni l'anglais. Bien que l'ESG recueille des renseignements sur les origines culturelles des répondants, la taille de l'échantillon n'est pas suffisamment grande pour permettre le calcul d'estimations fiables selon la race ou les antécédents culturels. Toutefois, les répondants qui ont dit être des immigrants ou appartenir à une minorité visible n'ont pas été associés à des niveaux accrus de violence conjugale. Des résultats semblables ont été observés pour la victimisation en général. Il convient de noter qu'en dépit des améliorations apportées quant à la méthode utilisée pour interviewer les femmes au sujet de la violence, les enquêtes sont seulement menées dans les deux langues officielles du Canada, ce qui peut faire obstacle à la collecte des données auprès des immigrantes.
- D'après les définitions du recensement, les membres de minorités visibles désignent les personnes qui se sont identifiées comme appartenant à un ou plusieurs des groupes culturels ou ethniques suivants : Chinois, Sud-Asiatique, Noir, Philippin, Latino-Américain, Asiatique du Sud-Est, Arabe, Asiatique occidental, Coréen, Japonais ou autre groupe culturel ou ethnique. Les personnes n'appartenant pas à une minorité visible comprennent les Blancs d'origine, les Autochtones d'origine et les personnes d'origines multiples comme les Blancs et Latino-Américains et les Blancs et Asiatiques occidentaux.
-
Pour en savoir davantage sur les questions interreliées qui touchent les Autochtones, consultez le Rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones (1996) (site consulté le 26 novembre 2012).
- L'ESG de 2009 a permis de mesurer plusieurs indicateurs de désordre, notamment : les soirées ou les voisins bruyants, les gens qui traînent dans les rues, les gens qui dorment dans les endroits publics, les déchets ou les ordures qui traînent, le vandalisme, les graffitis ainsi que d'autres dommages volontairement causés à des biens, des gens attaqués ou harcelés en raison de la couleur de leur peau, de leur origine ethnique ou de leur religion, les gens qui consomment ou vendent des drogues, les gens qui sont en état d'ébriété ou qui font du tapage dans les endroits publics, et la prostitution.
- Les facteurs communautaires n'ont été examinés que pour la violence conjugale aux mains du conjoint actuel au cours des 12 mois précédents, car il se peut que des femmes vivent dans un autre quartier après la séparation. Aux fins de l'analyse multivariée, toutefois, le modèle examinant l'incidence des facteurs communautaires comprenait à la fois la violence aux mains du conjoint actuel et des ex-conjoints pour disposer d'un échantillon de plus grande taille.
- Peut comprendre quelques cas où les répondants n'ont pas indiqué si le désordre social était un problème dans leur quartier.
- Pour les territoires, en raison des chiffres peu élevés, l'analyse des facteurs de risque de la violence conjugale désigne la victimisation au cours des cinq années précédentes. Cependant, à l'instar des provinces, les données sur la violence non conjugale ne sont disponibles que pour les 12 mois précédents. De nombreux résultats sur la violence conjugale et non conjugale dans les territoires devraient être interprétés avec prudence en raison des chiffres peu élevés. Les résultats sont fondés sur l'analyse descriptive.
- Contrairement à d'autres différences, cette différence n'était significative qu'à p < 0,10.
- À l'instar des provinces, les facteurs communautaires n'ont été examinés que pour la violence conjugale aux mains du conjoint actuel, car il se peut que des femmes vivent dans un autre quartier après la séparation.
- Peut comprendre quelques cas où les répondants n'ont pas indiqué si le désordre social était un problème dans leur quartier.
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