Les refuges pour femmes violentées au Canada, 2010
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par Marta Burczycka et Adam Cotter
Les données sur les admissions annuelles dans les refuges font l'objet d'une révision en raison de la déclaration incorrecte d'un répondant de l'enquête. Les données révisées seront diffusées lorsqu'elles seront disponibles.
- Le nombre de refuges pour femmes violentées augmente au cours des dernières années
- Le nombre de maisons d'hébergement et d'établissements de deuxième étape progresse plus rapidement que d'autres types de refuges
- Le nombre de lits croît à mesure que les refuges de grande capacité se multiplient
- Les admissions globales demeurent stables en 2009-2010
- C'est au Manitoba que le taux des réadmissions dans les refuges est le plus élevé
- Le manque de place était la raison la plus courante pour laquelle des femmes se sont vu refuser l'hébergement
- La plupart des femmes cherchent refuge en raison de la violence ou d'un problème de logement
- La violence aux mains du conjoint actuel est fréquente chez les femmes hébergées dans les refuges
- Peu de femmes hébergées dans les refuges signalent la violence à la police
- Les types de services offerts dans les refuges ne changent guère en 2010
- Refuges offrant des services aux Autochtones
- Résumé
- Source des données et méthodes
- Tableaux de données détaillés
- Références
- Notes
Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux du Canada continuent de mettre sur pied un éventail d'initiatives stratégiques axées sur la lutte contre la violence familiale et la violence conjugale (ministère de la Justice Canada, 2011). Parmi les initiatives d'aide aux victimes de violence, celles qui mettent l'accent sur le refuge et le logement sont particulièrement importantes. Selon une récente étude, les refuges d'urgence et l'aide au logement qui s'y rattache comptent parmi les types de services aux victimes au Canada les plus souvent utilisés (Sauvé 2009).
À partir des données tirées de l'Enquête sur les maisons d'hébergement (EMH) de 2010, le présent article de Juristat analyse l'information sur les établissements d'hébergement au Canada, en particulier ceux qui offrent un refuge aux femmes violentées. On y présente des renseignements sur les différents types d'établissements, le nombre d'admissions annuelles, les raisons pour lesquelles les femmes se tournent vers un refuge et la variété des services offerts à la clientèle. En outre, on y examine l'utilisation des refuges qui offrent des services adaptés aux différences culturelles des Autochtones y compris les Autochtones qui vivent dans les réserves ou dans l'un des territoires.
Les renseignements présentés dans cet article se rapportent à deux périodes distinctes. Tout d'abord, les données relatives aux caractéristiques des établissements, au nombre d'admissions annuelles et aux types de services offerts ainsi que les données financières ont été recueillies en 2010 et sont fondées sur la période de 12 mois qui a précédé l'enquête1. Ensuite, des renseignements ont été recueillis sur les femmes hébergées dans les refuges le « jour de l'instantané » même, à savoir le 15 avril 2010.
Le nombre de refuges pour femmes violentées augmente au cours des dernières années
Le 15 avril 2010, 593 refuges pour femmes violentées étaient exploités au Canada (tableau 1). Il s'agissait d'une augmentation de 24 refuges depuis 2008 (en hausse de 4 %), soit l'année la plus récente au cours de laquelle l'enquête a été menée, et de 40 refuges depuis 2006 (en hausse de 7 %).
Depuis 2008, le nombre de refuges exploités a augmenté ou est demeuré stable dans l'ensemble des provinces et des territoires pour lesquels des données sont disponibles. Les hausses les plus marquées ont été enregistrées en Nouvelle-Écosse, qui a enregistré une augmentation de 2 établissements depuis 2008 (en hausse de 13 %).
Le nombre de maisons d'hébergement et d'établissements de deuxième étape progresse plus rapidement que d'autres types de refuges
Au Canada, plusieurs types de refuges sont à la disposition des femmes qui veulent échapper à une situation de violence (encadré 1). Alors que le nombre global de refuges au Canada progresse, la croissance parmi les différents types de refuges est variable. Avec 22 refuges de plus en 2010 qu'en 2008, les maisons d'hébergement ont enregistré la plus forte hausse et demeurent le type le plus courant de refuge pour femmes violentées en 2010 (graphique 1). D'autres augmentations ont été observées en 2010 pour ce qui est du nombre d'établissements de deuxième étape (une hausse de 11 refuges ou 11 %) et du nombre de centres d'urgence pour femmes (en hausse de 6 refuges ou 9 %).
Graphique 1
Nombre de refuges selon le type d'établissement, Canada, 2006, 2008 et 2010
Tableau de données du graphique 1
1. « Autres » comprend tous les autres établissements non classés ailleurs, comme les centres de prévention de la violence familiale en milieu rural (Alberta), les logements provisoires (Manitoba) et les autres types de refuges d'urgence.
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Enquête sur les maisons d'hébergement.
Encadré 1
Types d'établissements d'hébergement pour les femmes violentées
Aux fins de l'Enquête sur les maisons d'hébergement (EMH), on utilise le terme « refuge » dans un sens large pour désigner tous les établissements d'hébergement qui accueillent les femmes violentées. En outre, on a élaboré les catégories génériques suivantes pour mieux définir les divers types de refuges. On a demandé aux répondants à l'EMH de se reporter à ces définitions pour choisir le type d'établissement qui décrivait le mieux leur refuge.
Maison d'hébergement ou refuge : Établissement offrant un hébergement de courte durée ou de durée moyenne (1 jour à 11 semaines) en lieu sûr pour les femmes violentées avec ou sans enfants. Ce type de refuge peut également être appelé une maison d'hébergement de première étape.
Maison d'hébergement de deuxième étape : Établissement offrant un hébergement de longue durée (3 à 12 mois) en lieu sûr avec services de soutien et d'aiguillage, conçu pour aider les femmes pendant qu'elles cherchent un logement permanent.
Centre ou refuge d'urgence pour femmes : Établissement de dépannage de courte durée (1 à 21 jours) pour les femmes et leurs enfants à charge.
Refuge d'urgence : Établissement offrant un hébergement de courte durée (1 à 3 jours) pour une grande diversité de groupes, pas seulement pour les femmes violentées. Certains refuges peuvent accueillir des hommes aussi bien que des femmes. On peut y héberger des personnes qui ne sont pas victimes de violence familiale mais qui se trouvent sans endroit où rester en raison d'une situation d'urgence (p. ex., expulsion pour non-paiement du loyer).
Réseau de maisons d'hébergement : Réseau de maisons privées dans les régions rurales ou éloignées où il n'existe pas de véritables refuges. Il s'agit d'un hébergement auxiliaire d'urgence de très courte durée (1 à 3 jours) pour les femmes.
Autre : Tous les autres établissements d'hébergement qui offrent des services aux femmes violentées, avec ou sans enfants, qui ne sont pas classés ailleurs. Cette catégorie comprend les centres de prévention de la violence familiale en milieu rural de l'Alberta, les logements provisoires au Manitoba, les centres de ressources familiales en Ontario et d'autres types de refuges d'urgence, tels que les YWCA. À noter qu'il se peut que ces services ne soient pas réservés uniquement aux femmes violentées.
Fin de l'encadré 1
Les types de refuges qui ont augmenté en nombre au cours de la dernière décennie tendent à moins dépendre du financement provincial ou territorial. Bien que tous les refuges reçoivent un certain financement des gouvernements provinciaux et territoriaux, la proportion du revenu provenant de ces sources varie selon le type de refuge. Par exemple, les gouvernements provinciaux et territoriaux sont à l'origine de 81 % du financement des maisons d'hébergement. Par comparaison, les centres d'urgence pour femmes (71 %), les refuges d'urgence (62 %) et les maisons d'hébergement de deuxième étape (37 %) reçoivent une proportion moindre de leur financement des provinces et des territoires. En revanche, une plus grande part des revenus de ces types de refuges proviennent des administrations municipales, des dons de bienfaisance et des frais d'utilisation.
Le nombre de lits croît à mesure que les refuges de grande capacité se multiplient
Le nombre de refuges au Canada s'est accru au cours des dernières années, et il en va de même pour le nombre de lits offerts à la clientèle. En 2010, le nombre total de lits offerts s'établissait à 11 461 (tableau 2)2. Cela représentait 757 lits ou 7 % de plus que deux ans auparavant et 936 lits ou 9 % de plus qu'en 2006. Cette croissance du nombre de lits s'explique par la multiplication des établissements de grande capacité qui offrent un nombre moyen plus élevé de lits. Par exemple, les établissements de deuxième étape comptent en moyenne 22 lits chacun, tandis que les maisons d'hébergement en comptent 15 chacune.
Le 15 avril 2010, la majorité des lits offerts dans les refuges pour femmes étaient occupés. Dans les établissements qui admettent exclusivement des femmes, près des trois quarts (74 %) des lits subventionnés ou autorisés étaient occupés (encadré 2), proportion qui variait peu entre les maisons d'hébergement, les centres d'urgence pour femmes et les maisons d'hébergement de deuxième étape.
Encadré 2
Mesure de l'occupation des refuges
La capacité d'accueil dans les refuges peut se mesurer au moyen du concept des lits. Les établissements qui déclarent des données à l'EMH fournissent le compte des lits subventionnés ou autorisés qu'ils offrent à la clientèle (que les lits soient actuellement attribués ou pas). On demande aux répondants d'exclure les lits d'urgence non subventionnés et non autorisés, tels que les lits pliants ou les divans. Il se peut donc que le nombre total de lits offerts qui est présenté ici soit inférieur au nombre total de lits que les refuges sont disposés à fournir à la clientèle, s'ils choisissent d'offrir des lits non subventionnés ou non autorisés.
En 2010, les taux d'occupation des refuges pour femmes seulement variaient quelque peu au pays. Parmi les provinces, c'est à Terre-Neuve-et-Labrador que le taux d'occupation des refuges était le plus élevé (93 %) et au Manitoba, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse qu'il était le plus bas (55 %). Parmi les territoires, les Territoires du Nord-Ouest (91 %) et le Nunavut (99 %) ont enregistré des taux d'occupation élevés, alors que le Yukon (28 %) présentait un taux relativement bas.
Provinces et territoires | Établissements pour femmes seulement |
Lits | Femmes et enfants résidents1 | Taux d'occupation |
---|---|---|---|---|
nombre | pourcentage | |||
Terre-Neuve et-Labrador | 13 | 161 | 150 | 93 |
Île du-Prince-Édouard | 4 | 54 | 37 | 69 |
Nouvelle-Écosse | 18 | 304 | 168 | 55 |
Nouveau-Brunswick | 22 | 294 | 163 | 55 |
Québec | 120 | 1 844 | 1 388 | 75 |
Ontario | 157 | 3 581 | 3 085 | 86 |
Manitoba | 26 | 539 | 296 | 55 |
Saskatchewan | 25 | 480 | 359 | 75 |
Alberta | 43 | 1 134 | 702 | 62 |
Colombie-Britannique | 101 | 1 370 | 869 | 63 |
Yukon | 5 | 67 | 19 | 28 |
Territoires du Nord-Ouest | 6 | 64 | 58 | 91 |
Nunavut | 6 | 69 | 68 | 99 |
Canada | 546 | 9 961 | 7 362 | 74 |
1. Afin de présenter le taux d'occupation de manière précise, la présence d'enfants résidents est utilisée dans le calcul. Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Enquête sur les maisons d'hébergement. |
Fin de l'encadré 2.
Les admissions globales demeurent stables en 2009-2010
Les admissions annuelles dans les refuges sont demeurées stables en 2009-2010, conformément à la tendance observée au cours des dernières années. Entre le 1er avril 2009 et le 31 mars 2010, les refuges au Canada ont enregistré quelque 64 500 admissions de femmes (tableau 3), représentant un taux de 452 admissions pour 100 000 femmes3. Le taux d'admissions était en hausse de 2 % par rapport à 2007-2008.
Le taux d'admissions tend à être plus élevé dans les territoires et les provinces de l'Ouest que dans la partie est du Canada. Au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, les taux d'admissions en 2009-2010 étaient de six à huit fois supérieurs à celui observé au Manitoba, la province ayant affiché le taux le plus élevé (670 admissions pour 100 000 femmes). Parmi les provinces, le taux d'admissions le plus faible a été observé à Terre-Neuve-et-Labrador (260 admissions pour 100 000 femmes). Comme les taux d'admissions peuvent varier selon la capacité d'accueil du refuge, il se peut que les différences entre les provinces soient influencées par le nombre de refuges de grande capacité qui y sont exploités.
En plus des renseignements sur les admissions annuelles, on a demandé aux responsables des refuges de fournir le compte des femmes qui résidaient à leur établissement le 15 avril 2010. Au total, 4 645 femmes étaient hébergées ce jour-là dans les refuges au Canada (tableau 4). La majorité d'entre elles restaient dans des maisons d'hébergement (36 %), des refuges d'urgence (21 %), des maisons d'hébergement de deuxième étape (20 %) et des centres d'urgence pour femmes (15 %). Le 7 % restant des femmes résidaient dans d'autres types de refuges, tels que des centres de ressources familiales et des logements provisoires.
Encadré 3
Admissions d'hommes
Dans le cadre de l'Enquête sur les maisons d'hébergement (EMH) on recueille une quantité limitée de données sur l'admission d'adultes de sexe masculin dans les refuges. Parmi les 593 refuges offrant des services aux femmes violentées en 2009-2010, 47 ou 8 % (habituellement des refuges d'urgence ou des réseaux de maisons d'hébergement) ont également admis des hommes. Parmi les hommes ayant été admis en 2009-2010, 3 % l'ont été en raison de violence conjugale, et 4 % cherchaient refuge à cause d'un autre type de violence. Les renseignements fournis par les refuges révèlent que certaines de ces situations mettaient en cause des hommes âgés ou handicapés qui étaient victimes de mauvais traitements infligés par un fournisseur de soins ou un membre de la famille. Des renseignements sur les autres raisons d'admission ne sont pas disponibles dans le cadre de l'EMH.
Fin de l'encadré 3
Encadré 4
Admissions d'enfants
La plupart des refuges au Canada admettent les mères accompagnées de leurs enfants. Le 15 avril 2010, près des trois quarts (74 %) des femmes ayant des responsabilités parentales admises dans un refuge étaient accompagnées de leurs enfants. En moyenne, ces femmes ont été admises accompagnées de deux enfants. La plupart des 3 611 enfants admis dans les refuges le jour de l'instantané s'y trouvaient parce que leur mère ou eux-mêmes avaient subi de la violence (85 %).
Plusieurs refuges offrent des services adaptés aux enfants. Parmi les services destinés aux enfants, les services récréatifs étaient le plus souvent fournis, étant offerts par environ les trois quarts des refuges.
Type de service | pourcentage |
---|---|
Espaces récréatifs extérieurs | 78 |
Espaces récréatifs intérieurs | 75 |
Counseling individuel | 65 |
Programmes pour les enfants témoins ou victimes de mauvais traitements (p. ex. thérapie par le jeu) | 54 |
Counseling collectif | 51 |
Services adaptés aux différences culturelles pour enfants de minorités ethnoculturelles ou visibles | 48 |
Services adaptés aux différences culturelles pour enfants autochtones | 48 |
Gardiennage | 47 |
Protection de l'enfance et services à la famille | 22 |
Enseignement scolaire ou tutorat | 18 |
Visites supervisées pour le parent non résident | 8 |
Placement temporaire d'enfants sans parents | 2 |
Autre1 | 15 |
1. À titre d'exemple des autres services, mentionnons les programmes de déjeunés, le transport entre le refuge et l'école, et d'autres services. Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Enquête sur les maisons d'hébergement. |
Fin de l'encadré 4
C'est au Manitoba que le taux des réadmissions dans les refuges est le plus élevé
Parmi les femmes résidant dans les établissements d'hébergement le 15 avril 2010, bon nombre y avaient cherché refuge plus d'une fois auparavant (tableau 5). Près du tiers (31 %) des femmes y avaient séjourné au moins une fois auparavant, en hausse par rapport au taux de 25 % enregistré le jour de l'instantané de 2008. Les centres d'urgence pour femmes ont fait état des proportions les plus élevées de clientes réitérantes (43 %), suivis des refuges d'urgence (36 %), des maisons d'hébergement (33 %) et des maisons d'hébergement de deuxième étape (27 %).
Parmi les provinces, c'est au Manitoba que les refuges ont déclaré la plus grande proportion de réadmissions le jour de l'instantané. Près des deux tiers (64 %) des femmes résidant dans les refuges du Manitoba étaient des clientes réitérantes, représentant plus du double de la proportion correspondante pour l'ensemble du Canada (31 %) (graphique 2). Les plus faibles proportions de réadmissions ont été enregistrées en Ontario (20 %) et à Terre-Neuve-et-Labrador (24 %).
Graphique 2
Les réadmissions dans les refuges, selon la province et le territoire, le 15 avril 2010
Tableau de données du graphique 2
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Enquête sur les maisons d'hébergement.
Le manque de place est la raison la plus courante pour laquelle des femmes se voient refuser l'hébergement
En plus du compte des admissions et des réadmissions, on a demandé aux responsables des refuges d'indiquer combien de femmes se sont vu refuser l'hébergement dans leur établissement le 15 avril 2010. Au total, 426 femmes se sont vu refuser l'hébergement dans les établissements ce jour-là.
À l'instar des années précédentes, la raison la plus courante pour refuser l'admission à une cliente était le fait que le refuge était plein, ce qui expliquait la moitié (50 %) des raisons. La présence de problèmes de santé mentale et la consommation de drogues et/ou d'alcool étaient d'autres raisons fréquemment mentionnées pour refuser l'admission, avec respectivement 10 % et 8 %.
La plupart des femmes cherchent refuge en raison de la violence ou d'un problème de logement
La plupart, mais pas la totalité, des femmes qui résidaient dans les refuges le 15 avril 2010 y étaient pour des raisons de violence4. Parmi les 4 645 femmes présentes dans les refuges le jour de l'instantané, 71 % ont déclaré qu'une situation de violence les avait poussées à trouver refuge. La majorité des femmes se sont dites victimes de violence psychologique (66 %) et de violence physique (53 %), tandis que des proportions relativement importantes ont fait état de menaces (40 %), d'exploitation financière (39 %), de harcèlement (28 %) et de violence sexuelle (25 %) (tableau 6)5. En plus de leur protection personnelle, le désir d'éviter que leurs enfants ne souffrent ou ne soient témoins de la violence était un important facteur ayant motivé les femmes à chercher refuge. Par exemple, près du quart (24 %) des femmes violentées dans les refuges ont déclaré que la protection de leurs enfants contre la violence psychologique était l'une des raisons de leur admission.
Parmi les autres raisons qui ont motivé les femmes à faire appel aux refuges, il y avait l'incapacité de trouver un logement à prix abordable (30 %), les problèmes de santé mentale (23 %) ainsi que les problèmes de toxicomanie (19 %). En moyenne, chaque femme a déclaré cinq raisons différentes de s'adresser à un refuge.
Le jour de l'instantané, les maisons d'hébergement, les maisons d'hébergement de deuxième étape et les centres d'urgence pour femmes ont déclaré les plus fortes proportions de femmes y séjournant pour des raisons de violence (graphique 3). En revanche, les refuges d'urgence et les autres types de refuges (p. ex., les réseaux de maisons d'hébergement, les centres de ressources familiales de l'Ontario) ont fait état de proportions plus élevées de femmes qui y résidaient pour des raisons autres que la violence.Graphique 3
Femmes résidant dans certains types de refuges pour des raisons de violence, Canada, le 15 avril 2010
Tableau de données du graphique 3
1. Comprend tous les autres établissements non classés ailleurs, tels que les centres de prévention de la violence familiale en milieu rural (Alberta), les logements provisoires (Manitoba) et les autres types de refuges d'urgence.
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Enquête sur les maisons d'hébergement.
La violence aux mains du conjoint actuel est fréquente chez les femmes hébergées dans les refuges
Parmi les femmes violentées, celles qui l'étaient par leur conjoint ou conjoint de fait actuel demeuraient les résidentes les plus fréquentes des refuges (graphique 4). Parmi les femmes ayant indiqué que la violence était l'une des raisons les ayant motivées à chercher refuge, la plupart ont déclaré que leur agresseur était leur conjoint de fait (42 %) ou conjoint (25 %) actuel. Les ex-conjoints de fait ou ex-conjoints étaient moins souvent mentionnés en tant qu'agresseurs (respectivement 8 % et 6 %). Le reste des femmes violentées (19 %) ont fait état d'autres liens avec leur agresseur (p. ex., un petit ami, un fournisseur de soins, ou un membre de la famille autre que le conjoint).
Graphique 4
Lien entre la femme et l'agresseur chez les femmes résidant dans les refuges, Canada, le 15 avril 2010
Tableau de données du graphique 4
1. Comprend un fournisseur de soins, un ami ou une connaissance, un symbole d'autorité et d'autres liens non indiqués.
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Enquête sur les maisons d'hébergement.
Dans la plupart des régions du pays, les taux de femmes voulant fuir un conjoint ou un conjoint de fait (actuel ou ancien) étaient près du taux national (25 femmes pour 100 000 femmes mariées, vivant en union de fait, séparées ou divorcées) (tableau 7). Faisaient exception à cette règle les territoires, plus précisément le Nunavut où les taux étaient beaucoup plus élevés.
Le taux le plus élevé de femmes hébergées dans les refuges pour des raisons de violence était observé parmi celles de 25 à 34 ans (graphique 5). Après l'âge de 34 ans, la présence de femmes violentées dans les refuges diminuait de façon constante avec l'âge. Cette répartition reflète les taux de violence conjugale autodéclarée au Canada, qui tendent à être les plus élevés chez les personnes de 25 à 34 ans et à baisser à mesure que les gens prennent de l'âge (Brennan, 2011).Graphique 5
Femmes violentées résidant dans les refuges, selon le groupe d'âge, Canada, le 15 avril 2010
Tableau de données du graphique 5
Note : Les taux sont fondés sur les estimations du 1er juillet de la population de femmes de 15 ans et plus. Il se peut que différentes méthodes de calcul des taux aient été utilisées par le passé. Par conséquent, il faut faire preuve de prudence dans l'établissement de comparaisons avec les rapports précédents.
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Enquête sur les maisons d'hébergement.
Peu de femmes hébergées dans les refuges signalent la violence à la police
Les répondants ont déclaré que, pour la plupart des femmes violentées (6 sur 10) résidant dans les refuges le 15 avril 2010, l'affaire à l'origine de leur admission n'a pas été signalée à la police. Toujours selon les répondants, 27 % des affaires ayant amené les femmes aux refuges ont donné lieu au dépôt d'accusations officielles, tandis que 26 % ont mené à l'imposition d'une ordonnance d'interdiction ou d'une mesure semblable à l'endroit de l'agresseur.
Les types de services offerts dans les refuges ne changent guère en 2010
La durée du séjour possible ainsi que les types de services offerts à la clientèle peuvent différer selon le type de refuge. Bien qu'un vaste éventail de services soit habituellement offert dans la plupart des refuges, ils peuvent varier quelque peu, particulièrement si l'on compare les refuges offrant des séjours à court terme (de moins d'une semaine) à ceux qui permettent des séjours de plus longue durée (d'un mois ou plus) (tableau 8). À titre d'exemple, le counseling individuel de longue durée est plus souvent offert dans les établissements de deuxième étape (offert dans 57 % des établissements) que dans les refuges d'urgence (offert dans 30 % des établissements).
La gamme des services offerts par les mêmes refuges n'a guère changé au fil du temps. En 2010, la disponibilité en ce qui concerne les types de services les plus courants, en particulier la planification de la sécurité ou de la protection et la défense des droits des femmes (chacun offert dans 92 % des refuges) n'a pas changé. Dans le même ordre d'idées, on n'a observé aucun changement pour ce qui est de la disponibilité des types de services moins courants (p. ex., la formation professionnelle et le counseling familial, offerts dans 30 % et 20 % des établissements, respectivement).
Refuges offrant des services aux Autochtones
La question de la victimisation chez la population autochtone du Canada a fait l'objet de nombreuses récentes études (Perreault 2011; Scrim 2010). Selon un récent rapport, les femmes autochtones étaient près de trois fois plus susceptibles que leurs homologues non autochtones de déclarer être victimes de violence conjugale (Brennan 2011).
Bien que l'EMH ne permette pas de recueillir des renseignements sur l'identité autochtone des femmes hébergées dans les refuges, on demande aux répondants à cette enquête d'indiquer si leur établissement est situé ou pas dans une réserve, si leur établissement offre des services à une population vivant dans une réserve, et si leur établissement offre ou pas des services adaptés aux besoins d'une clientèle autochtone.
Le 15 avril 2010, la plus grande proportion de refuges situés dans une réserve étaient des refuges d'urgence (26 %), suivis des maisons d'hébergement et des centres d'urgence pour femmes (23 % chacun). Au total, 39 refuges ayant admis des femmes violentées étaient situés dans des réserves de six provinces : la Nouvelle-Écosse, le Québec, l'Ontario, le Manitoba, l'Alberta et la Colombie-Britannique. Parmi ces provinces, l'Alberta et la Nouvelle-Écosse présentaient la proportion la plus élevée de refuges exploités dans des réserves (respectivement 18 % et 17 %).
De nombreux refuges situés hors réserve ont déclaré offrir des services à une population vivant dans une réserve le jour de l'instantané. À l'échelle du Canada, 146 ou 25 % des refuges avaient une clientèle vivant dans une réserve. Plus précisément, environ le cinquième (20 %) de toutes les maisons d'hébergement ont dit offrir des services à des clients vivant dans une réserve, tandis que le tiers (32 %) de tous les refuges d'urgence (refuges d'urgence et centres d'urgence pour femmes) ont déclaré offrir des services à cette population. Parmi les provinces, le Manitoba affichait la plus grande proportion de refuges qui disaient desservir des réserves (48 %), alors que l'Île-du-Prince-Édouard n'en comptait pas. Par ailleurs, ces deux provinces avaient respectivement les proportions la plus élevée et la plus faible de personnes s'étant identifiées comme Autochtones (Bisson et autres, 2010).
Les maisons d'hébergement et les autres refuges offrent parfois des services qui reconnaissent les besoins distincts des femmes autochtones et qui y répondent. À titre d'exemple de services adaptés aux besoins des femmes autochtones, mentionnons ceux qui sont axés sur des pratiques de guérison traditionnelle et de médiation, ou encore la présence de conseillères ayant des connaissances des langues et des coutumes autochtones. Parmi les refuges qui ont dit offrir des services à une population autochtone vivant dans une réserve, 79 % ont indiqué qu'ils offraient des services adaptés aux différences culturelles. Parmi les refuges qui n'ont pas déclaré desservir une réserve, 59 % offraient des services adaptés à la différence culturelle de la clientèle autochtone.
Résumé
Le nombre de refuges pour femmes violentées a continué d'augmenter au cours des dernières années, ce qui a entraîné une hausse du nombre de lits offerts. Bien que les maisons d'hébergement continuent d'être le type de refuges offrant des services aux femmes violentées le plus courant, le nombre de maisons d'hébergement de deuxième étape et de centres d'urgence pour femmes a aussi augmenté.
En 2009-2010, les refuges au Canada ont enregistré quelque 64 500 admissions de femmes, ce qui représente une légère augmentation par rapport à l'exercice précédent. La violence demeurait la principale raison qui motivait les femmes à chercher refuge, quoique l'absence de logement et d'autres raisons aient également été mentionnées assez souvent. Parmi les femmes hébergées dans les refuges pour des raisons de violence, la majorité ont été victimisées par leur conjoint de fait ou conjoint actuel, et la plupart n'avaient pas signalé l'affaire à la police.
Source des données et méthodes
L'Enquête sur les maisons d'hébergement (EMH) a été élaborée dans le cadre de l'Initiative de lutte contre la violence familiale du gouvernement fédéral, en consultation avec les gouvernements provinciaux et territoriaux ainsi qu'avec les associations de maisons d'hébergement. Depuis 1993, cette enquête vise à recueillir des renseignements sur les caractéristiques de tous les services d'hébergement offerts aux femmes violentées et à leurs enfants au cours des 12 mois d'activité précédents. En outre, l'EMH permet de recueillir des données sur certaines caractéristiques des femmes résidant dans ces refuges un jour d'instantané donné.
Font partie du champ de l'enquête les refuges qui offrent des services à une population plus vaste que les femmes violentées, tels que les refuges qui admettent tant les hommes que les femmes et les refuges qui admettent des clients pour des raisons autres que la violence. Sont exclus de l'EMH les établissements dont les services s'adressent exclusivement aux hommes et les refuges qui n'offrent pas de services d'hébergement. La portée de l'EMH se limite aux établissements qui sont en contact avec Statistique Canada par l'entremise de consultations avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, les associations des maisons d'hébergement et d'autres directions.
Parmi les 593 établissements d'hébergement offrant des services aux femmes violentées et à leurs enfants, 518 ont retourné leur questionnaire, ce qui représente un taux de réponse de 87 %. Nous avons utilisé une procédure d'imputation pour estimer les données manquantes des répondants qui n'ont pas fourni leurs renseignements au moyen du questionnaire et des répondants qui n'ont pas répondu à quelques-unes des questions clés de leur questionnaire d'enquête.
Tableaux de données détaillés
Tableau 6 Raisons pour lesquelles les femmes ont fait appel à un refuge, Canada, le 15 avril 2010
Tableau 8 Services offerts par certains types d'établissement, Canada, 2010
Références
BISSON, Andrew, Carrie HALL, Shirley LI et Ida TRACHTENBERG. 2010. Un aperçu des statistiques sur les Autochtones, produit no 89-645-XWF au catalogue de Statistique Canada, Ottawa,
(site consulté le 30 mars 2010).
BRENNAN, Shannon. 2011. La violence conjugale autodéclarée 2009, produit no 85-224-XWF au catalogue de Statistique Canada, Ottawa, « La violence familiale au Canada : un profil statistique »,
(site consulté le 18 février 2011).
BRENNAN, Shannon. 2011. « La victimisation avec violence chez les femmes autochtones dans les provinces canadiennes, 2009 », Juristat, mai 2011, produit no 85-002-X au catalogue de Statistique Canada,
(site consulté le 17 mai 2010).
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Notes
- On a demandé aux responsables des refuges de fournir 12 mois de données correspondant à un exercice type (du 1er avril 2009 au 31 mars 2010), à une année civile, ou à une période de 12 mois de leur choix. En 2009-2010, 82 % des refuges répondant à l'enquête ont déclaré leurs données annuelles en fonction d'un exercice type.
- Les taux d'admissions sont calculés en fonction des estimations du 1er juillet de la population de femmes âgées de 15 ans et plus. Les taux d'admissions pour celles qui ont déclaré avoir subi de la violence conjugale sont calculés en fonction des estimations du 1er juillet de la population de femmes de 15 ans et plus qui sont mariées, qui vivent en union de fait ou qui sont séparées ou divorcées. Il se peut que différentes méthodes de calcul des taux aient été utilisées par le passé. Par conséquent, il faut faire preuve de prudence dans l'établissement de comparaisons avec les rapports précédents.
- La violence était à l'origine d'environ 7 admissions sur 10. De plus, le nombre total d'admissions de femmes comprend les femmes qui ont peut-être été admises plus d'une fois. Chaque séjour dans un refuge est compté comme une admission distincte. Les établissements n'ont pas tous déclaré des données d'admissions correspondant à un exercice financier à l'Enquête sur les maisons d'hébergement. L'EMH sert à recueillir des renseignements sur les services d'hébergement offerts aux femmes violentées. Bien qu'une minorité des établissements répondant à l'EMH offrent des services tant aux hommes qu'aux femmes, le présent article est axé sur les clientes des refuges. Pour de plus amples renseignements sur les refuges admettant les hommes, prière de se reporter à l'encadré 3, « Admissions d'hommes ». Par ailleurs, de nombreux refuges admettent les femmes accompagnées de leurs enfants. Pour de plus amples renseignements sur l'admission d'enfants, voir l'encadré 4, « Admissions d'enfants ».
- Bien que l'EMH serve à recueillir des renseignements sur les services d'hébergement offerts aux femmes violentées, les refuges qui déclarent des données à l'enquête peuvent admettre des femmes pour des raisons autres que la violence.
- Les catégories ne sont pas mutuellement exclusives. On a demandé aux répondants d'indiquer toutes les raisons qui s'appliquaient à l'admission de chaque femme. Par conséquent, la somme des pourcentages ne correspond pas à 100.
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