Les couteaux et les crimes violents au Canada, 2008
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par Mia Dauvergne
Les couteaux sont l'arme la plus souvent utilisée pour commettre des crimes violents
Le recours aux couteaux pour commettre des crimes violents est stable
Trois homicides sur dix sont perpétrés avec un couteau
Les adolescents et les jeunes adultes représentent la moitié des auteurs présumés de crimes violents commis avec un couteau
Résumé
Tableaux de données détaillés
Références
Notes
En 2008, plusieurs agressions fatales à coups de couteau ont provoqué beaucoup d'attention médiatique concernant la violence accompagnée d'un couteau au Canada (CBC News, 2008; Giroday et Hitchen, 2008; Henry, 2008). Cette année-là, le projet de loi C-393, qui visait à augmenter la gravité des peines imposées pour les crimes commis avec une arme dissimulée, incluant les couteaux, a également été déposé. Toutefois, peu après la deuxième lecture, le Parlement s'est prorogé et le projet de loi a expiré1.
Le présent article du Juristat porte sur les tendances au Canada des crimes violents commis avec un couteau qui ont été déclarés par la police, la période entre 1999 et 2008 étant visée plus particulièrement. Les données sont tirées du Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC) et de l'Enquête sur les homicides, ces deux enquêtes servant à recueillir des données sur les crimes qui ont été signalés aux services de police dans tout le pays et dont la police a établi le bien-fondé.
Les couteaux sont l'arme la plus souvent utilisée pour commettre des crimes violents
Au Canada, la plupart des crimes déclarés par la police ne comportent pas de violence. En outre, parmi les infractions classées dans les crimes violents, la plupart sont commises au moyen de la force physique ou de menaces (76 %), et non d'une arme (18 %). Toutefois, lorsqu'une arme est utilisée, le couteau est le type d'arme le plus courant.
En 2008, un couteau a été utilisé contre 6 % de toutes les victimes de crimes violents. Cette catégorie comprend d'autres instruments coupants, comme des tessons de bouteille, des tournevis et des ciseaux2. Par comparaison, 3 % des crimes violents ont été perpétrés avec une massue ou un instrument contondant, et 2 % avec une arme à feu.
En 2008, la police a dénombré près de 23 500 victimes de crimes violents perpétrés avec un couteau (tableau 1)3. Les homicides et les tentatives de meurtre affichaient la plus forte proportion d'affaires commises à l'aide d'un couteau, soit environ le tiers des affaires.
Le recours aux couteaux pour commettre des crimes violents est stable
Pour la plupart des crimes violents, des données déclarées par la police permettant d'analyser les tendances relatives à l'utilisation d'armes sont fournies seulement par un sous-ensemble de services de police depuis 19994. Ces données indiquent que la tendance du taux de crimes violents commis avec un couteau est demeurée relativement stable depuis 1999 (graphique 1).
Graphique 1
Victimes de crimes violents, selon certaines armes, 1999 à 2008
Note : Les données représentent les comptes des victimes tirés du Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l'affaire (base de données sur les tendances), et elles tiennent compte de 54 % de la population du Canada. Les données ne sont pas représentatives à l'échelle nationale. En raison de différences liées à la couverture, les données de 2008 ne correspondent pas aux renseignements figurant ailleurs dans le présent rapport.
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Programme de déclaration uniforme de la criminalité (tendances).
Au cours des 10 dernières années, la tendance des crimes commis avec un couteau a été dictée par les voies de fait, qui sont les crimes commis avec un couteau les plus nombreux. Les proportions de tentatives de meurtre, d'agressions sexuelles et de vols qualifiés perpétrés avec un couteau ont toutes les trois fléchi un peu, alors que celle des homicides a progressé.
Sur le plan géographique, les taux de crimes violents commis avec un couteau ont tendance à se modeler sur les taux de crimes violents en général. Afin d'identifier les régions du pays où les couteaux sont utilisés plus fréquemment que d'autres armes, la suite de cette section examine la proportion de tous les crimes violents ayant été perpétrés à l'aide d'un couteau.
Les plus fortes proportions de violence accompagnée d'un couteau en 2008 ont été constatées dans les provinces des Prairies (graphique 2), ces proportions étant surtout dictées par les régions métropolitaines de recensement (RMR) de Winnipeg, de Regina et d'Edmonton (graphique 3)5. À l'inverse, de plus faibles proportions de crimes violents commis avec un couteau ont été observées dans l'est et le centre du Canada, plus particulièrement à Kingston et Saguenay.
Graphique 2
Victimes de crimes violents commis avec un couteau, selon la province ou le territoire, 2008
Note : La couverture de chaque province et territoire est supérieure à 95 % sauf en Colombie-Britannique (92 %).
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l'affaire.
Graphique 3
Victimes de crimes violents commis avec un couteau, selon la région métropolitaine de recensement, 2008
Note : La couverture de chaque RMR est pratiquement de 100 %, à l'exception des RMR suivantes : Winnipeg (99 %), Saskatoon (99 %), Brantford (95 %), Windsor (91 %), Toronto (91 %), Hamilton (75 %) et Barrie (70 %). Exclut les régions métropolitaines de recensement d'Oshawa et de Kelowna.
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l'affaire.
On note certaines variations d'un bout à l'autre du pays en ce qui concerne le recours aux couteaux pour commettre certains types de crimes violents. À titre d'exemple, St. John's, et par conséquent, Terre-Neuve-et-Labrador, se sont démarquées en affichant la plus grande proportion de vols qualifiés commis avec un couteau (tableau 2, tableau 3)6. Toronto, par contre, a signalé l'une des plus faibles proportions de vols qualifiés perpétrés avec un couteau en 2008. Dans cette dernière ville, les vols qualifiés étaient plus susceptibles d'être commis avec une arme à feu (18 %) qu'un couteau (12 %).
Trois homicides sur dix sont perpétrés avec un couteau
Les données sur les homicides sont uniques puisqu'elles comprennent des renseignements détaillés sur le recours aux armes, incluant les couteaux et les armes à feu, pour tous les homicides depuis 1974. Ces données historiques à plus long terme indiquent que la proportion d'homicides commis à l'aide d'un couteau se situe à près de 30 % depuis 19857. Si l'on ne considère que les 10 dernières années, alors le recours aux couteaux pour commettre des homicides a augmenté, passant de 27 % en 1999 à 34 % en 2008.
Avant 1985, les armes à feu étaient utilisées le plus souvent pour commettre des homicides. Depuis cette année-là, toutefois, la cause de décès la plus courante a varié entre les coups de couteau et les coups de feu (graphique 4). En 2008, 200 victimes ont été poignardées à mort, le même nombre que les victimes tuées avec une arme à feu.
Graphique 4
Homicides commis avec un couteau ou une arme à feu, Canada, 1974 à 2008
Note : Les données représentent les comptes des victimes tirés de l'Enquête sur les homicides et elles tiennent compte de 100 % du volume national d'homicides.
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Enquête sur les homicides.
Le profil géographique du recours aux couteaux pour commettre des homicides est semblable à celui des autres types de crimes violents. Entre 1999 et 2008, la proportion d'homicides commis à l'aide d'un couteau était la plus élevée en Saskatchewan et la plus faible à l'Île-du-Prince-Édouard (tableau 4). À l'échelon des RMR, plus de la moitié des homicides à Oshawa, Saskatoon, Regina et Trois-Rivières ont été perpétrés avec un couteau (tableau 5)8.
Parmi les plus grandes villes du Canada, Calgary et Edmonton ont connu les proportions les plus marquées d'homicides perpétrés avec un couteau, soit 4 sur 10. D'autres grandes villes, soit Vancouver, Ottawa et Toronto, figuraient parmi celles qui ont enregistré les proportions les moins élevées d'homicides commis avec un couteau.
De tous les homicides commis avec un couteau entre 1999 et 2008, environ la moitié (49 %) sont survenus entre connaissances, le plus souvent lors d'une dispute. Des membres de la famille étaient impliqués dans 35 % des homicides commis par coups de couteau et des étrangers, dans les 16 % restants.
Les homicides attribuables à des gangs sont moins susceptibles d'être commis à l'aide d'un couteau que les homicides en général. Entre 1999 à 2008, la majorité des homicides attribuables à des gangs ont été perpétrés à l'aide d'une arme à feu (73 %) plutôt qu'un couteau (16 %).
Les adolescents et les jeunes adultes représentent la moitié des auteurs présumés de crimes violents commis avec un couteau
En général, les crimes violents sont commis par des adolescents et de jeunes adultes de façon disproportionnée. Cette constatation s'applique particulièrement aux crimes violents perpétrés à l'aide d'un couteau. En 2008, les personnes de 12 à 24 ans représentaient la moitié (50 %) des auteurs présumés de crimes violents commis avec un couteau. Par comparaison, les personnes de ce groupe d'âge constituaient 39 % des auteurs présumés de crimes violents commis par un autre moyen.
En général, le recours aux couteaux pour commettre des crimes violents diminue à mesure que vieillissent les personnes (graphique 5). En 2008, 7 % des auteurs présumés de 12 à 17 ans et de 18 à 24 ans ayant commis une infraction avec violence avaient utilisé un couteau. Par comparaison, un couteau avait été utilisé par 5 % des auteurs présumés de 25 à 34 ans, par 5 % de ceux ayant 35 à 44 ans, par 4 % de ceux ayant 45 à 54 ans et par 3 % de ceux ayant 55 ans et plus.
Graphique 5
Auteurs présumés de crimes violents commis avec un couteau, selon le groupe d'âge, Canada, 2008
Note : Les données représentent les comptes des auteurs présumés tirés du Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l'affaire, et elles tiennent compte de 98 % de la population du Canada.
Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l'affaire.
La plus grande utilisation de couteaux par les adolescents et les jeunes adultes peut également être liée à ce qui a été appelé l'« effet de substitution ». Les adolescents et les jeunes adultes utiliseraient des couteaux plutôt que d'autres armes, comme une arme à feu, parce qu'ils sont faciles à obtenir et plus aisément dissimulés.
En général, les personnes de sexe masculin sont responsables d'environ 8 crimes violents sur 10 qui ont été commis avec un couteau, cette proportion étant environ la même de celle qui s'applique à l'ensemble des crimes violents. Cette constatation se dégage depuis 10 ans.
Résumé
Au Canada, environ 6 % de tous les crimes violents sont perpétrés avec un couteau ou un autre instrument tranchant ou coupant. Les tentatives de meurtre et les homicides sont plus souvent commis avec un couteau que les autres infractions, bien que leur nombre soit relativement faible. Le recours aux couteaux pour commettre des crimes violents a tendance à être plus élevé dans l'Ouest du pays, où les crimes violents en général sont également plus fréquents. La moitié des auteurs présumés de crimes violents perpétrés avec un couteau sont des adolescents et de jeunes adultes, cette proportion étant plus importante que celle qui s'applique aux crimes violents commis par un autre moyen.
Tableaux de données détaillés
Tableau 1 Victimes de crimes violents commis avec un couteau, 2008
Tableau 4 Homicides, selon le type d'arme et la province ou le territoire, 1999 à 2008
Tableau 5 Homicides, selon le type d'arme et la région métropolitaine de recensement, 1999 à 2008
Références
BEATTIE, Sara. 2009. « L'homicide au Canada, 2008 », Juristat, vol. 29, no 4, produit no 85-002-X au catalogue de Statistique Canada,
www.statcan.gc.ca/pub/85-002-x/85-002-x2009004-fra.htm
(consulté le 19 janvier 2010).
CBC NEWS
. 2008. « Vigil held for Calgary murder-suicide victims », 31 mai,
www.cbc.ca/canada/story/2008/05/31/calgary-deaths.html
(consulté le 19 janvier 2010).
DAUVERGNE, Mia. 2010. « Les vols qualifiés déclarés par la police au Canada, 2008 », Juristat, vol. 30, no 1, produit no 85-002-X au catalogue de Statistique Canada,
www.statcan.gc.ca/pub/85-002-x/85-002-x2010001-fra.htm
(consulté le 25 mars 2010).
GIRODAY, Gabrielle, et Ian HITCHEN. 2008. « Man stabbed, beheaded on Greyhound bus by apparent stranger », The National Post, Canwest News Service, 31 juillet,
www.nationalpost.com/news/story.html?id=692762
(consulté le 17 janvier 2010).
HENRY, Michelle. 2008. « Killer, 66, stabbed his family to death », The Star (Toronto), 24 novembre,
www.thestar.com/News/GTA/article/542228 (consulté le 16 janvier 2010).
Notes
-
Pour obtenir de plus amples renseignements sur le projet de loi C-393 Loi modifiant le Code criminel et la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition (peines et audiences) voir :
www2.parl.gc.ca/Sites/LOP/LEGISINFO/index.asp?Language=F&query=5190&List=toc - Dans le reste du présent rapport, le terme « couteau » comprend les autres instruments tranchants ou coupants.
- Les données pour 2008 sont fondées sur des renseignements déclarés par des corps de police qui desservaient 98 % de la population du Canada.
- Les données historiques fondées sur l'affaire sont déclarées par un sous-ensemble de services de police qui participent régulièrement au Programme DUC depuis 1999. En 2008, ces corps de police desservaient 54 % de la population du Canada et ils n'étaient pas représentatifs à l'échelle nationale.
- La couverture de chaque province et territoire est supérieure à 95 % sauf en Colombie-Britannique (92 %). La couverture de chaque RMR est pratiquement de 100 %, à l'exception des RMR suivantes : Winnipeg (99 %), Saskatoon (99 %), Brantford (95 %), Windsor (91 %), Toronto (91 %), Hamilton (75 %) et Barrie (70 %).
- Pour obtenir de plus amples renseignements sur les tendances des vols qualifiés, voir Mia Dauvergne, 2010, « Les vols qualifiés déclarés par la police au Canada, 2008 », Juristat, vol. 30, no 1, produit no 85-002 au catalogue de Statistique Canada.
- Pour obtenir de plus amples renseignements sur les tendances des homicides, voir Sara Beattie, 2009, « L'homicide au Canada, 2008 », Juristat, vol. 29, no 4, produit no 85-002 au catalogue de Statistique Canada.
- Bien que la proportion d'homicides commis avec un couteau soit plus élevée à Brantford et Moncton, ces données sont fondées sur seulement trois années de renseignements, puisque ces villes ne sont des RMR que depuis 2006.
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