Rapports sur la santé
Hospitalisations évitables chez les groupes racisés au Canada : résultats de la Cohorte santé et environnement du recensement canadien de 2016

par Anita Brobbey, Vijata Sharma et Maegan Mazereeuw

Date de diffusion : le 19 mars 2025

DOI: https://www.doi.org/10.25318/82-003-x202500300002-fra

Résumé

Contexte

Les conditions propices aux soins ambulatoires (CPSA) sont des maladies qui peuvent être traitées et prises en charge de manière efficace dans des environnements de soins primaires. Par conséquent, les hospitalisations pour des CPSA sont considérées comme étant évitables et peuvent témoigner d’un accès limité à des soins primaires de qualité. Dans la présente étude, on a examiné les tendances en matière d’hospitalisation évitable au Canada chez les groupes racisés.

Données et méthodologie

On a utilisé la Cohorte santé et environnement du recensement canadien de 2016 pour estimer les taux d’hospitalisation normalisés selon l’âge (THNA) pour des CPSA chez des personnes de 10 à 74 ans, et ce, pour chaque année de 2016-2017 à 2021-2022. Les THNA ont été désagrégés en fonction du sexe et du groupe racisé. Les ratios des taux (RT) et les intervalles de confiance (IC) à 95 % ont été calculés pour évaluer l’inégalité relative. On a exécuté des modèles de régression logistique, après avoir tenu compte de l’âge, du sexe, du statut d’immigrant, du revenu du ménage et du niveau de scolarité.

Résultats

Pour toutes les années de l’étude, les cotes exprimant le risque d’hospitalisation évitable étaient beaucoup plus élevées pour les hommes, les personnes noires et les non-immigrants, et considérablement plus faibles pour les personnes chinoises et les personnes de la catégorie « Autres groupes racisés non inclus ailleurs ». En 2020-2021, pendant la pandémie de COVID-19, les RT des femmes noires, comparativement à ceux des femmes non racisées, ont diminué (2019-2020 : RT = 1,12, IC à 95 % = 1,07 à 1,61; 2020-2021 : RT = 0,99, IC à 95 % = 0,94 à 1,04), bien qu’ils aient considérablement augmenté pour les hommes noirs comparativement aux hommes non racisés (2019-2020 : RT = 1,30, IC à 95 % = 1,25 à 1,35; 2020-2021 : RT = 1,63, IC à 95 % = 1,41 à 1,88).

Interprétation

La présente étude révèle des inégalités en matière d’hospitalisation évitable au Canada qui sont prononcées pour les personnes noires comparativement aux personnes non racisées, surtout pendant la pandémie (2020-2021 et 2021-2022). De futures études portant sur les facteurs à l’origine de ces inégalités (p. ex. l’accès aux soins primaires, les problèmes de santé les plus courants, la région géographique) pourraient orienter des interventions ciblées.

Mots-clés

hospitalisations évitables, soins ambulatoires, recensement, groupes racisés, équité en matière de santé.

Auteures

Anita Brobbey, Vijata Sharma et Maegan Mazereeuw travaillent au Centre de l’intégration des données sur la santé de Statistique Canada.

 

Ce que l’on sait déjà sur le sujet

  • Les conditions propices aux soins ambulatoires (CPSA) correspondent à des problèmes de santé, comme l’asthme et le diabète, qui ne devraient pas nécessiter d’hospitalisation lorsque la prise en charge, les interventions et les traitements relevant des soins primaires sont adéquats. Les hospitalisations pour des CPSA sont donc considérées comme étant des hospitalisations évitables.
  • Les hospitalisations pour des CPSA sont utilisées comme mesure indirecte des soins de santé primaires appropriés et accessibles.
  • Les études sur les hospitalisations au sein des groupes racisés et ethniques au Canada sont limitées en raison du manque d’identificateurs recueillis régulièrement dans les données administratives sur la santé.

Ce qu’apporte l’étude

  • La présente étude fournit des estimations annuelles des hospitalisations pour des CPSA désagrégées selon la population racisée au Canada (à l’exclusion du Québec) à l’aide de la Cohorte santé et environnement du recensement canadien de 2016, un fichier de microdonnées qui relie les répondants du questionnaire détaillé du Recensement de 2016 à la Base canadienne de données sur l’état civil — Décès (de 2016 à 2021) et la Base de données sur les congés des patients (de 2016-2017 à 2021-2022).
  • Pour toutes les années de l’étude, les cotes exprimant le risque d’hospitalisation évitable étaient beaucoup plus élevées chez les hommes (comparativement aux femmes), les personnes noires (comparativement aux personnes non racisées) et les non-immigrants (comparativement aux immigrants), alors qu’elles étaient considérablement plus faibles chez les personnes chinoises (comparativement aux personnes non racisées).
  • Des disparités plus importantes en matière d’hospitalisation évitable ont été observées entre les personnes noires et les personnes non racisées, particulièrement en 2020-2021, pendant la pandémie de COVID-19.

Introduction

Réduire les disparités en matière de santé est une priorité du secteur de la santé au CanadaNote 1. Les disparités raciales dans les taux d’hospitalisation datent d’avant la pandémie de COVID-19, et il se peut qu’elles se soient accentuées ou étendues pendant la pandémie en raison d’un accès inégal aux soins ambulatoiresNote 2, Note 3. Dans le présent article, les soins ambulatoires désignent les services médicaux fournis sans admission à l’hôpital, y compris ceux assurés dans les cliniques, les cabinets de médecins, les centres de santé communautaires et les centres de soins d’urgence. Les conditions propices aux soins ambulatoires (CPSA) correspondent à des problèmes de santé, comme l’asthme et le diabète, pour lesquels une prise en charge, des interventions et des traitements adéquats en contexte de soins ambulatoires pourraient potentiellement permettre d’éviter l’hospitalisationNote 4, Note 5, Note 6. Par exemple, une étude a montré que les services ambulatoires en pharmacie avaient entraîné une réduction du nombre de visites aux urgences en cas d’exacerbations aiguës de l’asthmeNote 7.

Les hospitalisations pour des CPSA, aussi appelées hospitalisations évitables, sont utilisées comme mesure indirecte des soins de santé primaires appropriés et accessiblesNote 8. Les différences dans les taux d’hospitalisation pour des CPSA au sein de la population peuvent témoigner des inégalités dans la qualité des soins ambulatoires et des disparités en matière d’accès à des traitements rapides et efficaces pour certains problèmes de santéNote 9. Bien que les disparités raciales et ethniques dans les hospitalisations pour des CPSA aient fait l’objet de nombreuses études et soient bien documentées aux États-Unis et dans d’autres paysNote 5, Note 10, cette question a reçu peu d’attention au Canada. Plus précisément, des études menées aux États-Unis ont révélé un nombre d’admissions pour des CPSA plus élevé chez les personnes noires et hispaniques comparativement aux personnes blanches, ce qui indique que ces populations minoritaires sont moins susceptibles d’avoir accès à des soins ambulatoires que les personnes blanches ou peuvent recevoir des soins ambulatoires de moins bonne qualité que ceux que reçoivent les personnes blanchesNote 3, Note 9, Note 11, Note 12, Note 13. Des soins ambulatoires de moindre qualité peuvent comprendre une communication inefficace entre le patient ou sa famille et le médecin, des retards dans les services de prévention et des diagnostics manqués ou tardifsNote 14.

Il n’est pas possible de généraliser les données probantes tirées de ces études menées aux États-Unis à la population canadienne en raison des différences pour ce qui est des systèmes de soins de santé et de la composition des populations racisées. Par exemple, contrairement aux États-Unis, où le régime public d’assurance maladie est proposé aux personnes appartenant à une certaine tranche de revenu ou d’âge ou ayant une incapacité particulière, le Canada offre une protection universelle en matière de santé (Loi canadienne sur la santé, 1984, ch. 6, art. 10)Note 15. Par conséquent, les résidents canadiens devraient avoir un accès égal aux services de santé, peu importe leurs antécédents racisés.

Le nombre limité de recherches en matière de CPSA au Canada s’explique en partie par le fait que les identificateurs raciaux et ethniques ne sont pas recueillis et compilés régulièrement dans les bases de données administratives nationales sur la santé, comme la Base de données sur les congés des patients (BDCP). Des études ont permis d’examiner les disparités dans les hospitalisations pour des CPSA entre les hommes et les femmes au Canada. Par exemple, dans un rapport de 2010, on estime que le taux d’hospitalisation excédentaire normalisé selon l’âge pour des CPSA au Canada était considérablement plus élevé chez les hommes (121 hospitalisations excédentaires pour 100 000 personnes) que chez les femmes (99 hospitalisations excédentaires pour 100 000 personnes)Note 6, Note 16, Note 17, Note 18, Note 19. Toutefois, des questions importantes demeurent quant à savoir si l’accès à des soins ambulatoires de grande qualité diffère parmi les populations racisées au Canada (Asiatiques du Sud, Chinois, Noirs, Philippins, Latino-Américains, Arabes, Asiatiques du Sud-Est, Asiatiques occidentaux, Coréens, Japonais et autres)Note 20 malgré leur accès à une assurance maladie financée par l’État. Cela est particulièrement préoccupant, car des études menées au Canada ont révélé une prévalence plus élevée de CPSA, comme le diabète et les maladies cardiovasculaires, chez certaines populations racisées (Noirs et Asiatiques du Sud) par rapport aux personnes non raciséesNote 21, Note 22. De plus, on a déterminé que le racisme systémique est un facteur contribuant à l’inégalité de l’accès aux services de santé au CanadaNote 23, Note 24, Note 25.

Une étude plus rigoureuse des hospitalisations liées aux CPSA effectuée à l’aide de données administratives sur les soins de santé couplées et fondées sur la population est nécessaire pour comprendre les inégalités en matière de santé entre les populations racisées et selon le sexe au Canada. Les Cohortes santé et environnement du recensement canadien (CSERCan) offrent une occasion unique d’examiner les inégalités en matière d’hospitalisation en couplant la BDCP aux données tirées du questionnaire détaillé du recensement.

L’objectif principal de la présente recherche est d’estimer les tendances et les taux annuels (sur six ans) des hospitalisations pour des CPSA désagrégées par population racisée et non racisée au Canada à l’aide d’un ensemble exhaustif de données couplées fondées sur la population. L’étude permettra également d’examiner les disparités dans les hospitalisations pour des CPSA entre les groupes racisés, après correction pour tenir compte des facteurs démographiques et socioéconomiques et du statut d’immigrant (immigrant récent, immigrant de longue date, non-immigrant). Les objectifs de l’étude sont les suivants : 1) estimer les taux annuels d’hospitalisation normalisés selon l’âge pour des CPSA chez les personnes racisées par rapport aux personnes non racisées; 2) évaluer le lien entre les groupes racisés et les hospitalisations pour des CPSA selon le sexe et le statut d’immigrant; 3) modéliser la relation entre les hospitalisations pour des CPSA et les groupes racisés tout en tenant compte des facteurs démographiques et socioéconomiques.

Données et méthodologie

La CSERCan de 2016 est un ensemble de données couplées fondées sur la population qui combine les données des répondants au questionnaire détaillé du Recensement de 2016 à  des données administratives sur la santé (p. ex. hospitalisations, cancer, mortalité) et aux codes postaux annuels des adresses postalesNote 26. Les données de la CSERCan utilisées pour la présente analyse comprenaient les renseignements dépersonnalisés des répondants au questionnaire détaillé du Recensement de 2016Note 27 couplés à la Base canadienne de données sur l’état civil — Décès (BCDECD) (de 2016 à 2021) et à la BDCP (de 2016-2017 à 2021-2022).

Environ 25 % des ménages canadiens ont rempli le questionnaire détaillé du Recensement de 2016, qui a permis de recueillir des renseignements détaillés comme le revenu, le niveau de scolarité, la profession, l’appartenance à une minorité visible, le statut d’immigrant et l’identité autochtone.

La BDCP comprend des renseignements administratifs, cliniques et démographiques sur tous les congés d’hôpitaux liés aux soins actifs (et certains liés aux soins psychiatriques, à la réadaptation en phase chronique et aux chirurgies d’un jour) dans l’ensemble des territoires et des provinces (à l’exception du Québec). Ces renseignements sont fournis chaque année à Statistique Canada par l’Institut canadien d’information sur la santéNote 28. Dans la BDCP, on enregistre environ trois millions de congés d’hôpitaux chaque année.

La BCDECD est une enquête administrative pour laquelle on recueille chaque année des renseignements démographiques et des renseignements sur la cause des décès auprès de l’ensemble des bureaux provinciaux et territoriaux de l’état civil pour tous les décès au Canada. La province ou le territoire où le décès est survenu transmet les données à ce sujet. Les données sur les décès pour le Yukon ne sont pas disponibles depuis 2017.

Les ensembles de données de la CSERCan ont été créés à l’aide de l’Environnement de couplage de données sociales (ECDS) de Statistique Canada, ce qui facilite la création de fichiers de données couplées sur la population au moyen du Dépôt d’enregistrements dérivés (DED). Le DED est une base de données qui ne contient que des identificateurs personnels de base. La CSERCan de 2016 a été créée dans l’ECDS à partir de couplages déterministes et probabilistes entre les enregistrements du recensement admissibles et le DED. Le taux de couplage pour les années concernées entre la BDCP et le DED était de 95,1 %, tandis que le taux de couplage entre la BCDECD et le DED était de 99,0 %.

Population

La population visée par l’étude se composait de personnes de 10 à 74 ans qui ont répondu au questionnaire détaillé du Recensement de 2016 et a été réduite en excluant les personnes décédées au cours des années précédant chaque année d’intérêt (de 2016 à 2021). Les âges de la population étudiée ont été ajustés en ajoutant la différence entre l’année d’intérêt et le Recensement de 2016. Les répondants qui ont indiqué être Métis, Inuit ou membres d’une Première Nation à la question sur l’identité autochtone ont été exclus et font l’objet d’études différentes fondées sur des distinctions qui tiennent compte des déterminants des Autochtones en matière de santé et de soins de santé. Les résidents du Québec ont été exclus, car leurs données sur les hospitalisations n’étaient pas disponibles.

Résultats

Les hospitalisations pour des CPSA ont été définies comme celles associées à un diagnostic principal de diabète, de maladie pulmonaire obstructive chronique, d’asthme, d’angine de poitrine, d’état de grand mal épileptique et d’autres convulsions épileptiques, d’insuffisance cardiaque et d’œdème pulmonaire, ou d’hypertension, et ont été codées conformément à la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes, dixième révision, adaptation canadienneNote 29. Une variable dichotomique a été créée pour indiquer si une personne de la population étudiée a été hospitalisée au moins une fois pour des CPSA pour chaque exercice de l’étude.

Covariables

La variable relative aux groupes racisés est dérivée du concept de « minorité visible » du recensement20. La Loi sur l’équité en matière d’emploi définit les minorités visibles comme « les personnes, autres que les Autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n’ont pas la peau blanche », et cette population se compose des groupes suivants : Asiatiques du Sud, Chinois, Noirs, Philippins, Latino-Américains, Arabes, Asiatiques du Sud-Est, Asiatiques occidentaux, Coréens et Japonais. Dans le présent article, on n’analyse que les quatre plus grands groupes racisés, soit les Asiatiques du Sud, les Chinois, les Noirs et les Philippins, et ce, séparément. Les personnes latino-américaines, arabes, asiatiques du Sud-Est, asiatiques occidentales, coréennes et japonaises, et celles qui ont déclaré appartenir à une « minorité visible, non incluse ailleurs (n.i.a.) » ou à des « minorités visibles multiples » ont été combinées dans la catégorie de la « population racisée, n.i.a. » en raison de la petite taille de la population et du faible nombre d’événements. La catégorie non racisée comprend les personnes qui n’ont pas été considérées comme membres d’une minorité visible et exclut celles qui ont répondu positivement à la question sur l’identité autochtone (question 18 du Recensement de 2016).

La variable du statut d’immigrant englobe les non-immigrants, les immigrants récents, les immigrants de longue date et les résidents non permanentsNote 30. Cette variable a été dérivée des réponses aux questions sur le statut d’immigrant reçu et la citoyenneté dans le questionnaire détaillé du recensement. Les non-immigrants sont des personnes qui sont des citoyens canadiens de naissance. Les immigrants sont des personnes qui sont, ou qui ont déjà été, des immigrants reçus ou des résidents permanents, ou qui sont des citoyens canadiens par naturalisation. Les résidents non permanents sont des personnes sans citoyenneté canadienne qui ne sont ni des immigrants reçus ni des résidents permanents. Dans la présente étude, les immigrants récents sont les personnes qui ont obtenu pour la première fois le statut d’immigrant reçu ou de résident permanent au Canada au cours des 10 ans précédant un recensement donné. Pour le Recensement de 2016, les immigrants récents sont ceux qui sont arrivés pendant la période du 1er janvier 2006 au 10 mai 2016.

Le niveau de scolarité atteint dans le ménage a été dérivé de la variable du niveau de scolarité le plus élevé atteint le jour du recensement. Il est réparti en quatre catégories : sans diplôme d’études secondaires, diplôme d’études secondaires ou certificat d’une école de métiers, certificat ou diplôme d’études postsecondaires (à l’exclusion des grades universitaires) et grade universitaire ou l’équivalentNote 31. Le niveau de scolarité attribué à tous les membres de la famille d’un ménage correspond au niveau de scolarité le plus élevé au sein de la famille.

Le faible revenu a été mesuré au moyen du revenu ajusté du ménage par rapport au seuil de la mesure de faible revenu du Recensement de 2016. Le Dictionnaire du Recensement de 2016 comprend des définitions détaillées des concepts, des variables, des termes géographiques et des renseignements historiques du Recensement de la populationNote 32.

Méthodes statistiques

À l’aide d’estimations de la population type de 2011 et d’intervalles d’âge de cinq ans, les taux d’hospitalisation normalisés selon l’âge (THNA) et les intervalles de confiance (IC) à 95 % ont été calculés pour les personnes qui ont été hospitalisées au moins une fois pour des CPSA durant chaque exercice, de 2016-2017 à 2021-2022, pour 100 000 personnes. Les THNA ont été désagrégés en fonction du sexe, du groupe racisé et du statut d’immigrant. Des poids d’échantillonnage du recensement ont été appliqués pour veiller à ce que les estimations soient représentatives de la population canadienne à domicile, et 100 poids de rééchantillonnage spécifiquement produits au moyen de la méthode des répliques répétées équilibrées de Fay pour la CSERCan de 2016 ont été utilisés pour estimer les erreurs-types appropriées et les IC correspondants. L’arrondissement contrôlé a été appliqué pour prévenir les risques de divulgation et de divulgation par recoupements de tout renseignement confidentiel fourni à Statistique Canada par les répondants aux enquêtes ou au moyen de données administrativesNote 33. L’inégalité relative a été évaluée en fonction des ratios des taux (RT) et des IC à 95 % correspondants. Les RT ont été calculés en divisant le THNA pour les personnes racisées par le THNA pour les personnes non racisées (la population de référence).

Une analyse de régression logistique multiple a été effectuée afin de déterminer le lien entre le risque d’hospitalisation pour des CPSA (variable dichotomique) et les populations racisées, tout en tenant compte de l’âge, du sexe, du statut d’immigrant et du statut socioéconomique (niveau de scolarité et revenu). La signification statistique de toutes les analyses a été déterminée en fonction d’IC ne se chevauchant pas.

Résultats

Cohorte de l’étude

La cohorte comptait 26 530 850 personnes de 10 à 74 ans (tableau 1). Parmi ces personnes, il y avait un peu plus de femmes (51,4 %) que d’hommes (48,6 %). Cette population se composait majoritairement de personnes non racisées (76,1 %), suivies de personnes sud-asiatiques (6,7 %), de personnes racisées non incluses ailleurs (6,1 %), de personnes chinoises (5,2 %), de personnes noires (3,0 %) et de personnes philippines (2,8 %). Au sein de la population, 72,5 % des personnes étaient des non-immigrants, 18,9 % étaient des immigrants de longue date, 7,3 % étaient des immigrants récents et moins de 1,3 % étaient des résidents non permanents.


Tableau 1
Certaines caractéristiques des personnes de la Cohorte santé et environnement du recensement canadien de 2016 âgées de 10 à 74 ans, Canada (à l’exclusion du Québec), 2016-2017
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Certaines caractéristiques des personnes de la Cohorte santé et environnement du recensement canadien de 2016 âgées de 10 à 74 ans. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et nombre et pourcentage(figurant comme en-tête de colonne).
Caractéristiques nombre pourcentage
Total 26 530 850 100,0
Sexe
Hommes 12 885 735 48,6
Femmes 13 645 115 51,4
Groupes racisés
Sud-Asiatiques 1 780 810 6,7
Chinois 1 387 420 5,2
Noirs 808 500 3,0
Philippins 733 155 2,8
Groupes racisés (n.i.a.) 1 628 970 6,1
Groupe non racisé 20 191 995 76,1
Statut d’immigrant
Non-immigrant 19 231 785 72,5
Immigrant de longue date 5 018 105 18,9
Immigrant récent 1 937 405 7,3
Résident non permanent 343 555 1,3
Niveau de scolarité dans le ménage
Sans diplôme d’études secondaires 1 463 905 5,5
Diplôme d’études secondaires ou certificat d’une école de métiers 6 828 595 25,7
Certificat ou diplôme d’études postsecondaires 7 973 620 30,1
Grade universitaire ou l’équivalent, ou grade supérieur 10 264 730 38,7
Situation de faible revenu après impôt
Pas de faible revenu 24 056 475 90,7
Faible revenu 2 352 735 8,9

Hospitalisations pour des conditions propices aux soins ambulatoires

Pour toutes les années de l’étude, les THNA étaient beaucoup plus élevés pour les hommes que pour les femmes (graphique 1). Dans l’ensemble, le nombre d’hospitalisations pour des CPSA a beaucoup diminué en 2020-2021, pendant la pandémie : 38 hospitalisations évitables en moins pour 100 000 hommes (THNA : de 219,8 à 181,9) et 49 hospitalisations évitables en moins pour 100 000 femmes (THNA : de 181,0 à 132,4) de l’exercice 2019-2020 à l’exercice 2020-2021.

Graphique 1
Taux globaux d’hospitalisation normalisés selon l’âge pour les hospitalisations évitables, en fonction du sexe, chez les personnes de 10 à 74 ans, Canada (à l’exclusion du Québec), 2016-2017 à 2021-2022

Description de la graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 2016-2017, 2017-2018, 2018-2019, 2019-2020, 2020-2021, 2021-2022, Taux d’hospitalisation normalisé selon l’âge (pour 100 000 personnes) et Intervalle de confiance à 95 %, calculées selon inférieur et supérieur unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
2016-2017 2017-2018 2018-2019 2019-2020 2020-2021 2021-2022
Taux d’hospitalisation normalisé selon l’âge (pour 100 000 personnes) Intervalle de confiance à 95 % Taux d’hospitalisation normalisé selon l’âge (pour 100 000 personnes) Intervalle de confiance à 95 % Taux d’hospitalisation normalisé selon l’âge (pour 100 000 personnes) Intervalle de confiance à 95 % Taux d’hospitalisation normalisé selon l’âge (pour 100 000 personnes) Intervalle de confiance à 95 % Taux d’hospitalisation normalisé selon l’âge (pour 100 000 personnes) Intervalle de confiance à 95 % Taux d’hospitalisation normalisé selon l’âge (pour 100 000 personnes) Intervalle de confiance à 95 %
inférieur supérieur inférieur supérieur inférieur supérieur inférieur supérieur inférieur supérieur inférieur supérieur
Femmes 193,3 186,4 200,2 194,2 187,7 200,6 187,1 180,4 193,7 181,0 174,7 187,3 132,4 126,4 138,4 142,2 136,6 148,1
Hommes 235,9 228,6 243,2 242,0 233,7 250,4 224,7 216,4 233,0 219,8 212,0 227,7 181,9 175,5 188,3 180,1 174,2 186,0

Parmi les groupes racisés, les personnes noires affichaient les taux d’hospitalisation les plus élevés pour des CPSA, suivies des personnes sud-asiatiques et des personnes philippines, pour toutes les années de l’étude (tableau 2). Les personnes noires (267,8 hospitalisations pour 100 000 personnes en 2019-2020) affichaient les THNA les plus élevés pour toutes les années, sauf en 2017-2018. Lors de cet exercice, les personnes non racisées (240,9 hospitalisations pour 100 000 personnes) ont enregistré les THNA les plus élevés.


Tableau 2
Taux d’hospitalisation normalisés selon l’âge pour 100 000 personnes pour les hospitalisations évitables, en fonction du groupe racisé chez les personnes de 10 à 74 ans, Canada (à l’exclusion du Québec), 2016-2017 à 2021-2022
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux d’hospitalisation normalisés selon l’âge pour 100 000 personnes pour les hospitalisations évitables. Les données sont présentées selon Groupes racisés (titres de rangée) et 2016-2017, 2017-2018, 2018-2019, 2019-2020, 2020-2021, 2021-2022, THNA et Intervalle de confiance à 95 %(figurant comme en-tête de colonne).
Groupes racisés 2016-2017 2017-2018 2018-2019 2019-2020 2020-2021 2021-2022
THNA Intervalle de confiance à 95 % THNA Intervalle de confiance à 95 % THNA Intervalle de confiance à 95 % THNA Intervalle de confiance à 95 % THNA Intervalle de confiance à 95 % THNA Intervalle de confiance à 95 %
de à de à de à de à de à de à
Sud-Asiatiques 163,0 144,8 181,2 176,1 155,0 197,6 166,9 148,3 185,5 147,6 126,6 168,5 117,8 104,1 131,5 124,6 109,5 139,7
Chinois 60,9 49,5 72,3 48,4 37,4 59,4 53,2 41,7 64,6 46,9 35,9 57,8 45,0 35,3 54,7 49,5 39,4 59,5
Noirs 267,4 221,5 313,4 227,4 190,0 265,3 229,6 192,6 266,7 267,8 228,7 306,9 229,3 196,7 262,0 211,8 178,3 245,2
Philippins 156,0 126,2 185,9 123,4 97,3 149,5 106,4 78,8 134,0 116,2 88,5 143,9 99,7 78,4 120,9 90,0 70,2 109,9
Groupes
racisés (n.i.a.)
129,2 109,2 149,3 131,5 115,0 148,4 117,1 100,9 133,4 111,4 96,6 126,2 90,4 74,6 106,2 88,7 75,3 102,0
Groupe non racisé 234,2 228,4 239,9 240,9 235,0 247,1 227,4 221,2 233,5 221,7 215,3 228,1 173,0 167,6 178,3 178,4 173,6 183,3

Les personnes chinoises ont affiché les plus faibles taux d’hospitalisation pour des CPSA durant toutes les années de l’étude, et le taux le plus bas (45,0 hospitalisations pour 100 000 personnes) a été enregistré en 2020-2021.

Au cours de toutes les années de l’étude, tous les groupes racisés, à l’exception des personnes noires, présentaient un plus faible risque d’hospitalisation pour des CPSA comparativement aux personnes non racisées (graphique 2), et les personnes chinoises avaient systématiquement les RT les plus faibles. Cette situation laisse entendre que le risque d’hospitalisation pour des CPSA des personnes chinoises était le plus faible dans l’ensemble. Les RT les plus élevés ont été observés pour les personnes noires. De plus, le taux d’hospitalisation pour des CPSA chez les personnes noires était 1,3 fois plus élevé que celui observé chez les personnes non racisées en 2020-2021, pendant la pandémie.

Graphique 2
Ratio des taux d’hospitalisation normalisés selon l’âge pour les hospitalisations évitables, en fonction du groupe racisé comparativement au groupe non racisé, Canada (à l’exclusion du Québec), 2016-2017 à 2021-2022

Description de la graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2 2016-2017, 2017-2018, 2018-2019, 2019-2020, 2020-2021, 2021-2022, Ratio des taux normalisés selon l’âge et Intervalle de confiance à 95 %, calculées selon inférieur et supérieur unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
2016-2017 2017-2018 2018-2019 2019-2020 2020-2021 2021-2022
Ratio des taux normalisés selon l’âge Intervalle de confiance à 95 % Ratio des taux normalisés selon l’âge Intervalle de confiance à 95 % Ratio des taux normalisés selon l’âge Intervalle de confiance à 95 % Ratio des taux normalisés selon l’âge Intervalle de confiance à 95 % Ratio des taux normalisés selon l’âge Intervalle de confiance à 95 % Ratio des taux normalisés selon l’âge Intervalle de confiance à 95 %
inférieur supérieur inférieur supérieur inférieur supérieur inférieur supérieur inférieur supérieur inférieur supérieur
Noirs 1,14 0,96 1,35 0,94 0,80 1,11 1,01 0,86 1,19 1,21 1,04 1,40 1,32 1,15 1,53 1,19 1,02 1,40
Groupes racisés (n.i.a.) 0,55 0,47 0,64 0,55 0,48 0,64 0,52 0,45 0,59 0,50 0,44 0,57 0,52 0,44 0,62 0,50 0,43 0,58
Sud-Asiatiques 0,70 0,62 0,78 0,73 0,65 0,83 0,74 0,66 0,82 0,67 0,58 0,77 0,68 0,61 0,77 0,70 0,62 0,79
Chinois 0,26 0,22 0,31 0,20 0,16 0,25 0,23 0,19 0,29 0,21 0,17 0,27 0,26 0,21 0,32 0,28 0,23 0,34
Philippins 0,67 0,55 0,81 0,51 0,41 0,63 0,47 0,36 0,60 0,52 0,41 0,66 0,58 0,47 0,71 0,51 0,41 0,63

La comparaison des hospitalisations pour des CPSA des personnes noires avec celles des personnes non racisées selon le sexe a révélé des augmentations et des diminutions inégales des RT normalisés selon l’âge pour les personnes noires (graphique 3). Le graphique 3 montre que, comparativement à celui des personnes non racisées, le RT d’hospitalisation pour des CPSA des femmes noires a diminué pendant la pandémie (passant de 1,12 fois en 2019-2020 à 0,99 fois en 2020-2021), alors qu’il a augmenté de façon importante pour les hommes noirs (passant de 1,30 fois en 2019-2020 à 1,63 fois en 2020-2021). Cela contribue au RT élevé observé entre les personnes noires et les personnes non racisées, comparativement aux autres groupes racisés.

Graphique 3 Ratio des taux d’hospitalisation normalisés selon l’âge pour les hospitalisations évitables chez les personnes non racisées et noires, en fonction du sexe, Canada (à l’exclusion du Québec), 2016-2017 à 2021-2022

Description de la graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3 2016-2017, 2017-2018, 2018-2019, 2019-2020, 2020-2021, 2021-2022, Ratio des taux normalisés selon l’âge et Intervalle de confiance à 95 %, calculées selon inférieur et supérieur unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
2016-2017 2017-2018 2018-2019 2019-2020 2020-2021 2021-2022
Ratio des taux normalisés selon l’âge Intervalle de confiance à 95 % Ratio des taux normalisés selon l’âge Intervalle de confiance à 95 % Ratio des taux normalisés selon l’âge Intervalle de confiance à 95 % Ratio des taux normalisés selon l’âge Intervalle de confiance à 95 % Ratio des taux normalisés selon l’âge Intervalle de confiance à 95 % Ratio des taux normalisés selon l’âge Intervalle de confiance à 95 %
inférieur supérieur inférieur supérieur inférieur supérieur inférieur supérieur inférieur supérieur inférieur supérieur
Femmes noires 1,09 1,04 1,14 0,95 0,91 1 0,96 0,91 1 1,12 1,07 1,18 0,99 0,93 1,05 1,09 1,03 1,15
Hommes noirs 1,19 1,14 1,24 0,95 0,91 0,99 1,08 1,03 1,12 1,3 1,25 1,35 1,63 1,41 1,88 1,29 1,24 1,35

Une analyse plus poussée des immigrants a porté uniquement sur les immigrants de longue date en raison du nombre plus petit d’immigrants récents (graphique 4). Parmi les immigrants de longue date, les personnes chinoises affichaient constamment les taux d’hospitalisation évitable les plus bas (43,7 pour 100 000 personnes en 2020-2021), tandis que les personnes noires affichaient les taux les plus élevés (274,0 pour 100 000 personnes en 2016-2017), comparativement à tous les groupes racisés au cours des années de l’étude. De plus, chez les immigrants de longue date, la différence entre les personnes noires et les personnes non racisées était importante.

Graphique 4
Taux d’hospitalisation normalisés selon l’âge pour les hospitalisations évitables chez les immigrants de longue date qui ont indiqué être des personnes racisées, Canada (à l’exclusion du Québec), 2016-2017 à 2021-2022

Description de la graphique 4 
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4. Les données sont présentées selon Groupes racisés et Statut d’immigrant (titres de rangée) et 2016-2017, 2017-2018, 2018-2019, 2019-2020, 2020-2021, 2021-2022 et age-standardized hospitalization rate (per 100,000 population)(figurant comme en-tête de colonne).
Groupes racisés et Statut d’immigrant 2016-2017 2017-2018 2018-2019 2019-2020 2020-2021 2021-2022
age-standardized hospitalization rate (per 100,000 population)
Immigrant non récent
Population sud-asiatique 166,3 183,3 170,8 141,2 119,3 128,5
Population chinoise 59,1Tableau de données du graphique 4 Note  55,1Tableau de données du graphique 4 Note  49,7Tableau de données du graphique 4 Note  48,4Tableau de données du graphique 4 Note  43,7Tableau de données du graphique 4 Note  55,2Tableau de données du graphique 4 Note 
Population noire 274Tableau de données du graphique 4 Note  205,1 214,2 222,4Tableau de données du graphique 4 Note  198,7Tableau de données du graphique 4 Note  212,2Tableau de données du graphique 4 Note 
Population philippine 181,6 132 127 114,8 102 104,8
Groupes racisés (n.i.a.) 129,1 135 128,8 110,6 93 89,4
Population non racisée 143,3 152,1 154,5 144,7 110,7 115

Modèles de régression logistique multiple

Des modèles de régression logistique multiple ont été utilisés pour analyser le lien entre les hospitalisations pour des CPSA et les groupes racisés tout en tenant compte du statut d’immigrant, du sexe, de l’âge, du niveau de scolarité et du revenu (tableau 3). Les cotes exprimant le risque d’hospitalisation pour des CPSA étaient beaucoup plus élevées chez les hommes, les personnes âgées, les non-immigrants et les personnes ayant un faible niveau de scolarité et un faible revenu.


Tableau 3
Régression logistique corrigée pour les hospitalisations évitables, en fonction du groupe racisé, du sexe, du statut d’immigrant et du statut socioéconomique, Canada, 2016-2017 à 2021-2022
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Régression logistique corrigée pour les hospitalisations évitables. Les données sont présentées selon Variable (titres de rangée) et 2016-2017, 2017-2018, 2018-2019, 2019-2020, 2020-2021, 2021-2022, Rapport de cotes , Intervalle de confiance à 95 % et Rapport de cotes (figurant comme en-tête de colonne).
Variable 2016-2017 2017-2018 2018-2019 2019-2020 2020-2021 2021-2022
Rapport de cotes  Intervalle de confiance à 95 % Rapport de cotes  Intervalle de confiance à 95 % Rapport de cotes  Intervalle de confiance à 95 % Rapport de cotes  Intervalle de confiance à 95 % Rapport de cotes  Intervalle de confiance à 95 % Rapport de cotes  Intervalle de confiance à 95 %
de à de à de à de à de à de à
Sexe (référence = femmes)
Hommes 1,22Note * 1,16 1,29 1,24Note * 1,18 1,30 1,19Note * 1,13 1,25 1,21Note * 1,15 1,27 1,36Note * 1,28 1,44 1,24Note * 1,18 1,31
Âge 1,06Note * 1,06 1,06 1,06Note * 1,05 1,06 1,05Note * 1,05 1,06 1,05Note * 1,05 1,06 1,05Note * 1,05 1,05 1,05Note * 1,05 1,05
Groupes racisés (référence = groupe non racisé)
Sud-Asiatiques 1,26Note * 1,11 1,43 1,33Note * 1,15 1,55 1,22Note * 1,08 1,39 1,13 0,97 1,31 1,07 0,93 1,24 1,14 0,98 1,32
Chinois 0,42Note * 0,35 0,52 0,33Note * 0,26 0,43 0,36Note * 0,28 0,45 0,32Note * 0,25 0,41 0,39Note * 0,31 0,49 0,40Note * 0,33 0,50
Noirs 1,60Note * 1,33 1,92 1,29Note * 1,08 1,55 1,35Note * 1,14 1,60 1,55Note * 1,32 1,81 1,63Note * 1,40 1,90 1,49Note * 1,27 1,75
Philippins 1,33 1,07 1,65 1,06 0,84 1,34 0,90 0,69 1,17 1,00 0,78 1,29 1,07 0,85 1,36 0,97 0,77 1,22
Groupes racisés (n.i.a.) 0,83Note * 0,71 0,99 0,83Note * 0,72 0,96 0,72Note * 0,62 0,83 0,71Note * 0,61 0,83 0,71Note * 0,59 0,85 0,68Note * 0,57 0,80
Statut d’immigrant (référence = non-immigrant)
Immigrant de longue date 0,63Note * 0,58 0,68 0,63Note * 0,58 0,69 0,69Note * 0,64 0,75 0,67Note * 0,61 0,74 0,71Note * 0,65 0,78 0,70Note * 0,64 0,77
Immigrant récent 0,46Note * 0,37 0,56 0,39Note * 0,31 0,48 0,44Note * 0,37 0,54 0,48Note * 0,41 0,57 0,48Note * 0,40 0,58 0,43Note * 0,35 0,53
Résident non permanent 0,23Note * 0,12 0,42 0,24Note * 0,13 0,44 0,40Note * 0,25 0,62 0,41Note * 0,27 0,63 0,32Note * 0,20 0,51 0,30Note * 0,18 0,49
Niveau de scolarité dans le ménage (référence = grade universitaire ou l’équivalent, ou grade supérieur)
Sans diplôme d’études secondaires 4,00Note * 3,69 4,34 3,86Note * 3,59 4,15 3,85Note * 3,54 4,19 3,96Note * 3,63 4,32 3,85Note * 3,44 4,29 3,71Note * 3,35 4,12
Diplôme d’études secondaires ou certificat d’une école de métiers 2,44Note * 2,29 2,61 2,43Note * 2,28 2,59 2,33Note * 2,17 2,49 2,51Note * 2,34 2,68 2,34Note * 2,16 2,53 2,35Note * 2,18 2,53
Certificat ou diplôme d’études postsecondaires 1,90Note * 1,79 2,02 1,88Note * 1,74 2,03 1,81Note * 1,68 1,95 1,87Note * 1,73 2,01 1,76Note * 1,61 1,92 1,74Note * 1,61 1,89
Situation de faible revenu après impôt (référence = pas de faible revenu)
Faible revenu 1,85Note * 1,69 2,02 1,94Note * 1,80 2,09 2,01Note * 1,86 2,17 1,96Note * 1,82 2,11 1,95Note * 1,79 2,14 2,05Note * 1,89 2,22

À l’instar de l’analyse descriptive, les personnes noires étaient 1,2 fois plus susceptibles d’être hospitalisées que les personnes non racisées, tandis que les personnes chinoises affichaient les cotes exprimant le risque d’hospitalisation pour des CPSA les plus faibles, après la prise en compte du statut d’immigrant, du sexe, de l’âge, du niveau de scolarité et du revenu. De plus, les personnes sud-asiatiques affichaient des cotes exprimant le risque d’hospitalisation pour des CPSA plus élevées que les personnes non racisées dans le modèle ajusté pour les exercices allant de 2016-2017 à 2018-2019.

Discussion

En étant fondée sur la CSERCan de 2016, l’étude présente les taux annuels d’hospitalisation pour des CPSA chez plusieurs groupes racisés au Canada et selon le sexe. Les résultats de l’étude ont révélé des disparités plus importantes chez les hommes que chez les femmes dans tous les groupes de population. Ces différences entre les sexes concordent avec les tendances observées dans de précédentes recherches sur les taux d’hospitalisation au CanadaNote 16, Note 34. De plus, le taux d’hospitalisation pour des CPSA a diminué en 2020-2021, pendant la pandémie. C’était à prévoir, car des études ont montré que de nombreux patients ont évité les soins internes et externes pendant la pandémie de COVID-19 par crainte de la transmission du virusNote 35.

Parmi les groupes racisés, les personnes chinoises affichaient les taux d’hospitalisation pour des CPSA les plus faibles. Des résultats similaires ont été obtenus lors d’études antérieures menées aux États-Unis, en Angleterre et en Nouvelle-ZélandeNote 5, Note 36. Cette situation pourrait s’expliquer par le recours relativement plus faible aux services de soins de santé étant donné que les personnes chinoises favorisent d’autres pratiques médicales (p. ex. la médecine chinoise traditionnelle) à la place de la médecine « occidentale »Note 37. Les résultats ont constamment montré que les personnes noires présentaient un risque beaucoup plus élevé d’hospitalisation pour des CPSA que les autres personnes racisées et les personnes non racisées, surtout pendant la pandémie et chez les hommes. Les résultats peuvent mettre au jour des inégalités dans l’accès aux soins pour les CPSA, en particulier pendant la pandémie. Le taux d’hospitalisation pour des CPSA chez les hommes noirs a augmenté en 2020-2021, pendant la pandémie, bien que le taux d’hospitalisation pour des CPSA chez les femmes noires ait diminué. Par conséquent, la plus forte inégalité entre les personnes noires et les personnes non racisées a été observée en 2020-2021. Des études menées à l’extérieur du Canada ont permis de faire état de différences dans les taux d’hospitalisation pour des CPSA entre différents groupes démographiques et socioéconomiques. On a constaté que les personnes noires et afro-américaines, les personnes hispaniques et les personnes à faible revenu affichaient des taux plus élevés d’admission à l’hôpital pour des CPSA que leurs homologues. Ces études ont révélé que les disparités étaient particulièrement marquées pour les personnes atteintes de diabète, d’hypertension, d’insuffisance cardiaque congestive et d’asthmeNote 11, Note 13, Note 38. Les taux d’admission pour ces problèmes de santé peuvent présenter un intérêt particulier pour les travaux de recherche futurs et les politiques en matière de santé à venir. Par ailleurs, des études ont révélé que ces différences peuvent s’expliquer par un accès réduit et des entraves à des soins de santé primaires de qualité (p. ex. manque de compétences culturelles)Note 39, des obstacles culturels et des difficultés à s’adapter à la vie au Canada, particulièrement en ce qui concerne les facteurs socioéconomiquesNote 5, Note 13, Note 40. Après la prise en compte des variables confusionnelles potentielles, les personnes noires affichaient constamment des probabilités plus élevées d’hospitalisation pour des CPSA, tandis que les personnes chinoises affichaient des probabilités plus faibles comparativement aux personnes non racisées pour toutes les années de l’étude. Les résultats de l’analyse ajustée ont également mis en évidence des probabilités plus élevées d’hospitalisation pour des CPSA chez les hommes, les personnes âgées, les non-immigrants et les personnes ayant un faible revenu et un faible niveau de scolarité. Ces résultats concordent avec ceux de l’analyse non ajustée et des études précédentesNote 8, Note 41, Note 42, Note 43, Note 44. Une autre constatation notable tirée du modèle ajusté était que les personnes sud-asiatiques avaient des taux d’hospitalisation pour des CPSA plus élevés que les personnes non racisées au cours des premières années de l’étude, ce qui concorde avec les constatations des études démontrant une prévalence relativement élevée de CPSA chez les personnes sud-asiatiquesNote 21, Note 22, Note 45. La disparité entre les personnes sud-asiatiques et les personnes non racisées n’était plus considérable de 2019-2020 à 2021-2022, ce qui justifie une étude plus approfondie.

Les non-immigrants présentaient les THNA les plus élevés, suivis des immigrants de longue date et des immigrants récents. Cette observation concorde avec celles des études antérieures démontrant une meilleure santé chez les immigrants récents, suivie d’une baisse de la santé au fil du tempsNote 46.Un autre constat qui ressort de l’analyse est que lorsque celle-ci s’est limitée aux immigrants de longue date, les personnes noires avaient des taux d’hospitalisation pour des CPSA considérablement plus élevés que ceux de tout autre groupe racisé, ce qui indique une baisse plus rapide des avantages liés à l’effet de l’immigrant en bonne santé pour cette population.

Bien qu’elle repose sur un ensemble bien établi de données administratives sur les soins de santé couplées et fondées sur la population et un échantillon relativement grand, la présente étude comporte quand même certaines limites. Premièrement, elle se limite aux personnes qui ont rempli le questionnaire détaillé du recensement et exclut celles qui vivent dans des logements collectifs ou des établissements institutionnels. Pour que l’échantillon soit plus représentatif, il faudra trouver une façon d’inclure une plus grande variété de situations de vie dans les futures études. Deuxièmement, on a tenu compte d’au moins une hospitalisation. Néanmoins, certaines personnes peuvent avoir été hospitalisées plusieurs fois au cours d’une année donnée. De prochaines études devraient porter sur les hospitalisations multiples ou répétitives. Troisièmement, dans les analyses, on n’a pas pu tenir compte de facteurs importants qui pourraient avoir une incidence sur les différences observées dans les taux d’hospitalisation, y compris l’accès aux données sur les soins primaires, les registres relatifs à la gestion des soins informels et des autosoins et les comportements en matière de santé (tabagisme, consommation d’alcool, indice de masse corporelle, activité physique, régime alimentaire), car ces renseignements n’étaient pas disponibles dans les ensembles de donnéesNote 19. Dans de futures études, on devrait tenter de recueillir ces renseignements. Quatrièmement, la présente étude exclut les personnes du Québec, la deuxième province en importance au Canada pour ce qui est de la population. Pour être plus représentatives, les futures recherches devraient tenir compte de cette région une fois que les données sur les hospitalisations seront disponibles. Cinquièmement, la nature observationnelle de la présente étude ne permet pas de faire des inférences causales sur la relation entre les groupes racisés et les taux d’hospitalisation pour des CPSA.

En conclusion, le présent article montre les inégalités en matière de santé entre divers groupes de population au Canada au moyen d’une vaste étude de cohorte rétrospective. Plus précisément, les résultats ont révélé des inégalités importantes pour les personnes noires (quel que soit le statut d’immigrant) et les personnes sud-asiatiques (au cours de certaines années de l’étude), comparativement aux autres groupes racisés et aux personnes non racisées. Les hommes, les personnes âgées, les non-immigrants, les immigrants de longue date et les personnes ayant un faible revenu et un faible niveau de scolarité dans le ménage sont plus susceptibles d’être hospitalisés pour des CPSA. Ces résultats justifient une étude plus poussée afin d’examiner les principales causes des taux d’hospitalisation évitable plus élevés attribuables aux CPSA au sein de ces groupes de population (p. ex. analyses selon l’âge ou selon la cause). Une telle étude pourrait permettre de mieux comprendre les différences, de déterminer d’autres facteurs de risque ainsi que d’orienter des politiques et des interventions ciblées en matière de santé.


Annexe Tableau A.1
Conditions propices aux soins ambulatoires définies à l’aide des codes de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes, dixième révision, adaptation canadienne
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Conditions propices aux soins ambulatoires définies à l’aide des codes de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes. Les données sont présentées selon Condition propice aux soins ambulatoires (titres de rangée) et Fourchette de codes — CIM-10-CA(figurant comme en-tête de colonne).
Condition propice aux soins ambulatoires Fourchette de codes — CIM-10-CA
État de grand mal épileptique
et autres convulsions épileptiques
G40, G41
Maladies chroniques des voies respiratoires inférieures (à l’exclusion de l’asthme) J41, J42, J43, J44, J47 et infection aiguë des voies respiratoires inférieures des codes J10.0, J11.0, J12, J13, J14, J15, J16, J18, J20, J21, J22 uniquement lorsque le diagnostic secondaire est J44
Asthme J45 
Diabète E10.0, E10.1, E10.63, E10.64, E10.9, E11.0, E11.1, E11.63, E11.64, E11.9, E13.0, E13.1, E13.63, E13.64, E13.9, E14.0, E14.1, E14.63, E14.64, E14.9 
Insuffisance cardiaque et œdème pulmonaire J81, I50, I50 comme type de diagnostic (1) lorsque I11 est le principal diagnostic et exclusions (codes ci-dessous)
Hypertension I10, I11 comme principal diagnostic lorsque I50, en tant que type de diagnostic (1), est absent et exclusions (codes ci-dessous)
Angine de poitrine I20, I23.82, I24.0, I24.8, I24.9 et exclusions (codes ci-dessous)
Maladies et problèmes de santé connexes exclus
Cas comprenant des interventions cardiaques
pour angine de poitrine, insuffisance cardiaque
et œdème pulmonaire, et hypertension
1HA58, 1HA80, 1HA87, 1HB53, 1HB54, 1HB55, 1HB87, 1HD53, 1HD54, 1HD55, 1HH59, 1HH71, 1HJ76, 1HJ82, 1HM57, 1HM78, 1HM80, 1HN71, 1HN80, 1HN87, 1HP76, 1HP78, 1HP80, 1HP82, 1HP83, 1HP87, 1HR71, 1HR80, 1HR84, 1HR87, 1HS80, 1HS90, 1HT80, 1HT89, 1HT90, 1HU80, 1HU90, 1HV80, 1HV90, 1HW78, 1HW79, 1HX71, 1HX78, 1HX79, 1HX80, 1HX83, 1HX86, 1HX87, 1HY85, rubrique 1HZ53 (sauf 1HZ53LAKP), 1HZ54, rubrique 1HZ55 (sauf 1HZ55LAKP), 1.HZ.56, 1.HZ.57, 1HZ59, 1HZ80, 1HZ85, 1HZ87, 1IF83, 1IJ50, 1IJ54GQAZ, 1IJ55, 1IJ57, 1IJ76, 1IJ80, 1IJ86, 1IK50, 1IK57, 1IK80, 1IK87, 1IN84, 1LA84, 1LC84, 1LD84, 1YY54LANJ, 1YY54LAFS, 1YY54LANM, 1YY54LAFR, 1YY54LAFU
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