Rapports sur la santé
Les répercussions des événements de chaleur extrême sur la mortalité dont les causes sont d’origine non accidentelle, cardiovasculaire et respiratoire : une analyse de 12 villes canadiennes, de 2000 à 2020
par Matthew Quick
DOI: https://www.doi.org/10.25318/82-003-x202400600001-fra
Résumé
Contexte
Les événements de chaleur extrême ont des répercussions considérables sur la mortalité. Au Canada, une recherche antérieure a permis d’analyser l’ampleur à laquelle s’accroît la mortalité dont la cause est d’origine non accidentelle pendant un seul événement de chaleur extrême. Toutefois, peu d’études ont examiné les multiples causes de décès et les répercussions des événements de chaleur extrême sur la mortalité sur de plus longues périodes.
Données et méthodologie
Le nombre de décès quotidiens dont les causes sont d’origine non accidentelle, cardiovasculaire et respiratoire a été relevé pour les 12 villes les plus peuplées du Canada, de 2000 à 2020. On a appliqué des modèles additifs généralisés pour quantifier les risques de mortalité quotidienne chez les personnes de moins de 65 ans et les personnes de 65 ans et plus dans chaque ville et pour chaque cause de décès. Les résultats du modèle ont été utilisés pour calculer la variation des risques de mortalité et le nombre de surmortalités attribuables à la chaleur extrême lors d’événements de chaleur extrême.
Résultats
Dans la plupart des villes, on a observé des risques élevés de mortalité dont les causes sont d’origine non accidentelle et respiratoire lors d’événements de chaleur extrême. Les répercussions de la chaleur extrême sur la mortalité non accidentelle étaient généralement plus importantes chez les personnes de 65 ans et plus que chez les personnes de moins de 65 ans. On a observé des risques de mortalité non accidentelle nettement plus élevés lors d’événements de chaleur extrême chez les personnes de 65 ans et plus à Montréal, à Québec, à Surrey et à Toronto. En ce qui concerne les causes d’origine cardiovasculaire et respiratoire, les personnes de 65 ans et plus présentaient des risques beaucoup plus élevés de mortalité lors d’événements de chaleur extrême à Montréal, et à Montréal et Toronto, respectivement. Dans les 12 villes, environ 670 surmortalités non accidentelles, 115 surmortalités dont la cause est d’origine cardiovasculaire et 115 surmortalités dont la cause est d’origine respiratoire étaient attribuables aux événements de chaleur extrême pendant la période à l’étude. De manière générale, les risques de mortalité pendant les événements de chaleur extrême étaient plus élevés dans les villes ayant de plus grandes proportions de ménages locataires et où les événements de chaleur extrême étaient moins fréquents.
Interprétation
La présente étude fournit une estimation des répercussions à long terme d’événements de chaleur extrême sur trois résultats liés à la mortalité dans un ensemble de grandes villes canadiennes. Étant donné que les événements de chaleur extrême causés par les changements climatiques sont de plus en plus fréquents et intenses, et que les décideurs cherchent à réduire les répercussions de la chaleur sur la santé, il est important de comprendre de quelle façon et dans quels cas la chaleur extrême a une incidence sur la santé.
Mots-clés
Chaleur extrême, changements climatiques, mortalité, température, vague de chaleur
Auteur
Matthew Quick travaille à la Division de l’analyse de la santé de Statistique Canada.
Ce que l’on sait déjà sur le sujet
- Les événements de chaleur extrême entraînent des répercussions considérables sur la mortalité.
- Dans le contexte canadien, une étude antérieure a quantifié la mesure dans laquelle les risques de mortalité dont la cause est d’origine non accidentelle augmentent pendant un seul événement de chaleur extrême.
- Comme les événements de chaleur extrême causés par les changements climatiques sont de plus en plus fréquents et intenses, il est important de comprendre les répercussions à long terme de la chaleur extrême sur la santé en ce qui concerne divers résultats relatifs à la mortalité.
Ce qu’apporte l’étude
- Dans la plupart des villes, des risques élevés de mortalité dont les causes sont d’origine non accidentelle et respiratoire lors d’événements de chaleur extrême ont été relevés.
- Les répercussions de la chaleur extrême sur la mortalité étaient généralement plus importantes chez les personnes de 65 ans et plus que chez les personnes de moins de 65 ans.
- Les risques de mortalité pendant les événements de chaleur extrême étaient plus élevés dans les villes ayant de plus grandes proportions de ménages locataires et où les événements de chaleur extrême sont peu fréquents.
Introduction
Il a été démontré que la chaleur extrême est associée aux risques élevés de mortalité au Canada et dans divers contextes internationauxNote 1, Note 2, Note 3, Note 4, Note 5, Note 6, Note 7, Note 8. Caractérisés par des températures élevées et des taux d’humidité élevés qui persistent pendant plusieurs heures ou plusieurs jours, les événements de chaleur extrême sont habituellement définis et déclarés par les administrations publiques et les organismes de santé publique. Ils représentent une partie des systèmes d’alerte sanitaire en cas de chaleur qui visent à sensibiliser la population concernant la chaleur extrême et à fournir des renseignements et des ressources pour réduire l’exposition à la chaleurNote 9, Note 10. Puisque les événements de chaleur extrême sont de plus en plus longs, fréquents et intenses en raison des changements climatiquesNote 11, et que les politiques relatives à la santé et à l’adaptation aux changements climatiques visent à réduire les répercussions de la chaleur extrêmeNote 12, il est de plus en plus important de comprendre dans quelles situations et de quelle façon la chaleur a une incidence sur divers résultats en matière de santé, notamment la mortalité.
L’exposition à la chaleur extrême est associée à la mortalité de diverses façons. Premièrement, la chaleur endogène ou exogène peut dépasser les capacités de thermorégulation du corps humain et mener à l’épuisement par la chaleur, à des maladies liées à la chaleur et à un coup de chaleur. Habituellement caractérisé par une combinaison de températures corporelles élevées (40 °C ou plus) et du dysfonctionnement du système nerveux central, un coup de chaleur est une maladie grave liée à la chaleur qui, sans refroidissement rapide, peut entraîner la mortNote 13. Deuxièmement, l’exposition à la chaleur est associée à l’apparition et à l’exacerbation de bon nombre de problèmes de santé existants, notamment des maladies cardiovasculaires et respiratoires, qui peuvent augmenter les risques de mortalitéNote 13, Note 14. Troisièmement, la chaleur est propice à la formation de polluants atmosphériques, comme l’ozone, qui se sont avérés être positivement associés au risque de décès prématuré à la suite d’une exposition à court terme et à long termeNote 15.
En général, les études antérieures des répercussions des événements de chaleur extrême sur la mortalité au Canada étaient axées sur la quantification de la mesure dans laquelle le nombre de décès de cause non accidentelle augmente au cours d’un seul événement. Par exemple, Kosatsky et al.Note 16 ont observé que le nombre de décès dont la cause est d’origine non accidentelle a augmenté d’environ 40 % lors d’une vague de chaleur survenue en 2009 à Vancouver, en Colombie-Britannique. À Québec, Bustinza et al.Note 17 ont constaté que le taux de mortalité de cause non accidentelle a augmenté d’environ 33 % dans huit régions sociosanitaires au cours d’une vague de chaleur de cinq jours en 2010, mais que seulement trois régions ont connu des augmentations importantes relatives à la moyenne enregistrée au cours des cinq années précédentes. Plus récemment, Henderson et al.Note 18 ont observé une augmentation de 440 % des décès dans les collectivités (c.-à-d. autre que dans les établissements de soins) à Vancouver lors de l’événement du dôme de chaleur de 2021, présentant des risques plus élevés chez les personnes de 65 ans et plus. Toutefois, à ce jour, moins d’études ont examiné les répercussions des événements de chaleur extrême sur plusieurs causes de décès et sur de longues périodes (c.-à-d. plus d’un événement en une ou plusieurs années), ainsi que la façon dont les risques de mortalité lors d’événements de chaleur extrême varient sur le plan géographique à l’échelle du pays.
Cette étude analyse les répercussions des événements de chaleur extrême sur les décès dont la cause est d’origine non accidentelle, cardiovasculaire et respiratoire, de 2000 à 2020 dans 12 des plus grandes villes du Canada. Le premier objectif de cette étude était de quantifier la mesure dans laquelle les risques de mortalité selon la ville, la cause et le groupe d’âge étaient plus élevés ou moins élevés pendant les journées classées comme événements de chaleur extrême, par rapport aux journées sans événements de chaleur extrême. Le deuxième objectif consistait à estimer le nombre de surmortalités attribuables aux événements de chaleur extrême au cours de la période à l’étude. Le troisième objectif de cette étude était de décrire de quelle façon et les raisons pour lesquelles les répercussions de la chaleur extrême et des événements de chaleur extrême sur la mortalité variaient dans cet ensemble de villes diversifiées des points de vue climatique et géographique.
Méthodologie
Données sur la mortalité
Les données sur la mortalité quotidienne de 2000 à 2020 ont été extraites de la Base canadienne de données de l’état civil – Décès pour les 12 villes ayant une population de plus de 500 000 habitants lors du Recensement de 2021 (de la plus peuplée à la moins peuplée) : Toronto, Montréal, Calgary, Ottawa, Edmonton, Winnipeg, Mississauga, Vancouver, Brampton, Hamilton, Surrey et Québec. Toutes les villes ont été définies à l’aide des limites des subdivisions de recensement (SDR) de 2021, à l’exception de Montréal et de Québec. Montréal a été définie comme la SDR de Montréal et de l’ensemble des autres villes et villages de l’île de Montréal (p. ex. Beaconsfield, Dorval). Québec a été définie comme la SDR de Québec, ainsi que la ville de L’Ancienne-Lorette. D’après le Recensement de 2021, environ 34 % de la population nationale habitait dans ces 12 villesNote 19.
On a calculé le nombre de décès quotidiens pour deux groupes d’âge (moins de 65 ans et 65 ans et plus)Note 20, Note 21 et trois causes de décès : causes d’origine non accidentelle (Classification internationale des maladies [CIM]-9, codes 000 à 799 et CIM-10, codes A00 à R99), causes d’origine cardiovasculaire (CIM-9, codes 390 à 459 et CIM-10, codes I00 à I99), et causes d’origine respiratoire (CIM-9, codes 460 à 510 et CIM-10, codes J00 à J99). Toutes les analyses se limitaient aux mois d’été : juin, juillet et aoûtNote 4, Note 22.
Données météorologiques et sur la pollution atmosphérique
Les données sur la température et l’humidité quotidiennes proviennent d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) pour toutes les stations météorologiques situées à l’intérieur des limites géographiques des 12 villes. Les températures maximales et les valeurs minimales liées à l’humidité relative quotidiennes ont été établies selon les valeurs maximales et minimales observées dans cet ensemble de stations météorologiques, dans chaque ville, respectivementNote 6. On a calculé les valeurs de l’indice humidex en fonction des températures maximales et des valeurs minimales liées à l’humidité relative quotidiennesNote 23. L’indice humidex combine la température et l’humidité pour mieux décrire la façon dont une personne moyenne ressent le temps chaud et humideNote 24. Il convient de noter que les données sur l’humidité relative n’étaient pas disponibles pour Brampton lors de la période à l’étude, donc on a utilisé les valeurs de Mississauga, la ville la plus près, située à environ 20 km au sud-est.
Les données sur l’ozone (O3), le dioxyde d’azote (NO2) et la matière particulaire fine (PM2,5) évaluées aux stations de surveillance de polluants atmosphériques à l’intérieur des limites des villes proviennent du programme du Réseau national de surveillance de la pollution atmosphériqueNote 25. Pour réduire l’incidence des valeurs aberrantes dans les données horaires, on a calculé les niveaux de pollution atmosphérique à l’aide de la moyenne tronquée de 10 %6. Les polluants atmosphériques ont été inclus en tant que covariables dans les modèles de régression afin de tenir compte des liens positifs à court terme possibles à la mortalitéNote 2, Note 21, Note 26, Note 27.
Définition des événements de chaleur extrême
Les événements de chaleur extrême ont été définis au moyen des critères d’avertissement de chaleur publiés par ECCCNote 28. Élaborés en collaboration avec plusieurs intervenants, notamment Santé Canada ainsi que les autorités de la santé provinciales et territoriales, les critères d’avertissement de chaleur précisent les seuils de température et de l’indice humidex qui entraînent un événement de chaleur extrême s’ils sont atteints ou dépassés. Les critères d’avertissement de chaleur sont publiés pour 15 zones géographiques au Canada. À Calgary, par exemple, un événement de chaleur extrême est déclaré lorsque l’on s’attend à ce qu’une température maximale de 29 °C et une température minimale de 14 °C soient observées pendant au moins deux jours. En revanche, à Toronto, un événement de chaleur extrême est déclaré lorsque l’on s’attend à ce qu’une température maximale de 31 °C et une température minimale de 20 °C ou des valeurs de l’indice humidex d’au moins 40 soient observées pendant au moins deux jours. Les critères d’avertissement de chaleur pour les 12 villes analysées dans le cadre de la présente étude sont décrits à l’annexe 1.
Modélisation des risques de mortalité quotidienne
Pour chaque ville (j = 1, …, 12), cause de décès (k = 1, 2, 3) et groupe d’âge (m = 1, 2), le nombre de décès observés le jour i (= 1, …, 1 932) a été appliqué à un modèle additif généralisé log-linéaire à l’aide des covariables suivantes : la température maximale le jour i; la moyenne des températures maximales au cours des trois jours précédant le jour iNote 6, Note 29; une variable binaire établie à « 1 » si le jour i est classé comme un événement de chaleur extrêmeNote 2, Note 30; les niveaux moyens d’O3, de NO
Pour permettre des associations non linéaires avec la mortalité, les coefficients de régression pour les deux variables de température, les trois variables de pollution atmosphérique et la chronologie continue ont été précisés à l’aide de plans splinésNote 6, Note 32, Note 33, Note 34. La chronologie continue a été incluse pour retirer les tendances à long terme des données (p. ex. une augmentation du nombre de décès causée par l’accroissement de la taille des populations et le changement des structures par âge) tout en maintenant la variabilité à court termeNote 6, Note 9, Note 29. La variable binaire mesurant les journées de chaleur extrême a tenu compte des effets des événements de chaleur extrême sur la mortalité qui découlent des effets de la températureNote 2, Note 3, Note 31. La variable binaire établie à « 1 » pour tous les jours de l’année 2020 avait pour but de s’adapter au nombre de décès moyen plus élevé pendant la pandémie de COVID-19. Tous les modèles ont été estimés à l’aide d’une probabilité quasi-Poisson pour permettre une dispersion quant au nombre de décès. Les modèles ont été ajustés au moyen de la trousse mgcv (v1.8-39)Note 35 dans le logiciel statistique R (v.4.1)Note 36.
On a eu recours aux résultats des modèles additifs généralisés log-linéaires pour calculer les risques de mortalité quotidienne liée à la chaleur ( ) pour chaque ville, cause et groupe d’âge (équation [1]). Les quantifient les effets combinés de la température et des événements de chaleur extrême sur la mortalité. Dans l’équation (1), f représente la fonction non linéaire de la température maximale quotidienne, g représente la fonction non linéaire de la température maximale moyenne des trois jours précédents et représente le coefficient de la variable binaire qui tient compte des effets ajoutés des événements de chaleur extrême. Pour évaluer l’ampleur relative lors d’événements de chaleur extrême, on a calculé les risques relatifs liés à la chaleur extrême ( ) en divisant la moyenne des de toutes les journées avec des événements de chaleur extrême par la moyenne des de toutes les autres journées (sans événements de chaleur extrême)3,6. L’ensemble des (c.-à-d. combinés pour les deux groupes d’âge) a été calculé comme la moyenne de pendant les journées avec des événements de chaleur extrême divisée par la moyenne de pendant les journées sans événements de chaleur extrême.
Le nombre de surmortalités attribuables aux événements de chaleur extrême a été calculé à l’aide de l’équation (2), où Y représente le nombre moyen de décès en une journée sans événements de chaleur extrême et N représente le nombre total de journées avec des événements de chaleur extrêmeNote 6. Le nombre de surmortalités a été calculé annuellement pour chaque ville, cause et groupe d’âge. Le nombre total de surmortalités attribuables aux événements de chaleur extrême a ensuite été calculé comme la somme des surmortalités annuelles de 2000 à 2020.
Pour chaque quantité provenant des résultats du modèle (c.-à-d. les , les et les surmortalités), on a évalué l’incertitude en créant des distributions a posteriori de paramètres du modèle en fonction des coefficients estimés et des matrices de variance-covariance, puis en calculant la quantité dérivée en fonction de 10 000 simulations des distributions a posteriori. Les intervalles d’incertitude de 95 % indiqués dans le présent article représentent les valeurs du centile de 2,5 et de 97,5 de ces simulations.
Analyses de sensibilité
La première analyse de sensibilité définissait les événements de chaleur extrême comme deux journées consécutives ou plus ayant des températures maximales égales ou supérieures au 95e centile des températures maximales quotidiennes pendant les mois de juin, de juillet et d’août, de 2000 à 2020 (annexe 1)Note 37. La deuxième et la troisième analyse comprenaient seulement une des covariables liées à la température. La quatrième analyse de sensibilité estimait les associations non linéaires entre la température et la mortalité au moyen de splines cubiques pénaliséesNote 7. La cinquième analyse a limité la période à l’étude de 2000 à 2019. Les résultats des analyses de sensibilité sont présentés à l’annexe 2 et sont généralement semblables à ceux présentés ci-dessous.
Résultats
Le tableau 1 montre le nombre moyen de décès quotidiens au cours des journées sans événements de chaleur extrême ainsi que le nombre moyen de journées classées comme ayant des événements de chaleur extrême par année pendant la période à l’étude. En général, l’ampleur du nombre moyen de décès quotidiens cadre avec la taille de la population de chaque ville, le nombre le plus élevé et le nombre le moins élevé de décès quotidiens ayant été observés à Toronto et à Brampton, respectivement. En ce qui concerne l’ensemble des villes et des causes, le nombre de décès quotidiens était plus élevé chez les personnes de 65 ans et plus et chez celles de moins de 65 ans.
Ville et groupe d’âge | Nombre de décès par jour les jours sans événements de chaleur extrême | Jours d’événements de chaleur extrême par année |
|||||
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Causes d’origine non accidentelle |
Causes d’origine cardiovasculaire |
Causes d’origine respiratoire |
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moyenne | écart-type | moyenne | écart-type | moyenne | écart-type | moyenne | |
Brampton | |||||||
Moins de 65 ans | 1,2 | 1,1 | 0,3 | 0,5 | 0,0 | 0,2 | 5,8 |
65 ans et plus | 3,1 | 2,0 | 1,0 | 1,1 | 0,3 | 0,5 | 5,8 |
Calgary | |||||||
Moins de 65 ans | 2,9 | 1,8 | 0,6 | 0,8 | 0,1 | 0,3 | 1,9 |
65 ans et plus | 10,1 | 3,6 | 3,8 | 2,0 | 0,9 | 0,9 | 1,9 |
Edmonton | |||||||
Moins de 65 ans | 3,0 | 1,8 | 0,7 | 0,8 | 0,2 | 0,4 | 5,0 |
65 ans et plus | 9,7 | 3,5 | 3,4 | 1,9 | 1,0 | 1,0 | 5,0 |
Hamilton | |||||||
Moins de 65 ans | 2,0 | 1,4 | 0,5 | 0,7 | 0,1 | 0,3 | 7,1 |
65 ans et plus | 8,0 | 3,0 | 2,6 | 1,6 | 0,8 | 0,9 | 7,1 |
Mississauga | |||||||
Moins de 65 ans | 3,2 | 1,8 | 0,7 | 0,8 | 0,1 | 0,3 | 5,8 |
65 ans et plus | 9,9 | 3,7 | 3,1 | 1,8 | 0,9 | 0,9 | 5,8 |
Montréal | |||||||
Moins de 65 ans | 6,0 | 2,5 | 1,3 | 1,2 | 0,2 | 0,5 | 3,4 |
65 ans et plus | 28,0 | 5,7 | 8,2 | 3,1 | 2,5 | 1,6 | 3,4 |
Ottawa | |||||||
Moins de 65 ans | 2,5 | 1,6 | 0,5 | 0,7 | 0,1 | 0,3 | 4,3 |
65 ans et plus | 10,2 | 3,5 | 3,3 | 1,8 | 0,9 | 1,0 | 4,3 |
Québec | |||||||
Moins de 65 ans | 1,7 | 1,3 | 0,4 | 0,6 | 0,1 | 0,3 | 1,8 |
65 ans et plus | 8,5 | 3,0 | 2,4 | 1,6 | 0,8 | 0,9 | 1,8 |
Surrey | |||||||
Moins de 65 ans | 1,7 | 1,3 | 0,3 | 0,6 | 0,1 | 0,3 | 0,9 |
65 ans et plus | 5,9 | 2,7 | 2,0 | 1,4 | 0,5 | 0,7 | 0,9 |
Toronto | |||||||
Moins de 65 ans | 7,5 | 2,7 | 1,6 | 1,3 | 0,3 | 0,5 | 11,3 |
65 ans et plus | 31,7 | 6,0 | 10,2 | 3,4 | 2,8 | 1,7 | 11,3 |
Vancouver | |||||||
Moins de 65 ans | 2,4 | 1,6 | 0,4 | 0,7 | 0,1 | 0,3 | 0,8 |
65 ans et plus | 10,0 | 3,2 | 3,3 | 1,9 | 1,0 | 1,0 | 0,8 |
Winnipeg | |||||||
Moins de 65 ans | 2,6 | 1,6 | 0,6 | 0,8 | 0,1 | 0,3 | 3,0 |
65 ans et plus | 10,7 | 3,3 | 3,7 | 2,0 | 1,0 | 1,9 | 3,0 |
Sources : Base canadienne de données de l'état civil – Décès; données historiques d'Environnement et Changement climatique Canada, 2000 à 2020; critères d’alertes météo publiques d’Environnement et Changement climatique Canada. |
Au cours de la période de 21 ans à l’étude, les événements de chaleur extrême étaient les plus fréquents dans les villes situées dans le sud-ouest de l’Ontario et les moins fréquents dans les villes situées en Colombie-Britannique. Par exemple, Toronto et Hamilton, qui ont un climat continental caractérisé par des étés chauds et humides, ont eu en moyenne environ 11 et 7 journées de chaleur extrême par année au cours de la période à l’étude, respectivement. À titre de comparaison, Vancouver et Surrey, qui ont des climats océaniques plus modérés, ont eu en moyenne environ une journée avec un événement de chaleur extrême par année. L’uniformité des événements de chaleur extrême au fil du temps varie également de manière considérable; par exemple, Vancouver a enregistré 6 années comptant une journée ou plus avec des événements de chaleur extrême, tandis que Toronto a enregistré 19 années.
Risques relatifs liés à la chaleur extrême
Les pour les cas de mortalité dont les causes sont d’origine non accidentelle, cardiovasculaire et respiratoire sont présentés à la figure 1 (voir l’annexe 3 également). Les estimations de supérieures à « 1 » indiquent qu’en moyenne, les étaient plus grands pendant les journées ayant des événements de chaleur extrême que les journées sans événements de chaleur extrême. D’abord axées sur la mortalité dont la cause est d’origine non accidentelle, les estimations ponctuelles globales des étaient supérieures à « 1 » dans 10 des 12 villes. Pour les deux groupes d’âge combinés, seule Montréal présentait un beaucoup plus élevé que « 1 » à 95 % d’incertitude, avec un risque de mortalité de 9 % (intervalle de confiance [IC] de 95 % : de 4 % à 15 %) plus élevé les journées avec des événements de chaleur extrême. Les pour les personnes de 65 ans et plus étaient plus grands que pour les personnes de moins de 65 ans dans 7 des 12 villes. À Montréal, à Québec, à Surrey et à Toronto, plus précisément, les personnes plus âgées présentaient des risques de mortalité non accidentelle considérablement plus élevés les journées de chaleur extrême. Dans toutes les villes analysées, les risques de mortalité non accidentelle n’étaient pas beaucoup plus élevés pendant les événements de chaleur extrême chez les personnes plus jeunes.
Description de la Figure 1
Ville | Causes d’origine non accidentelle | Causes d’origine cardiovasculaire | Causes d’origine respiratoire | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
moyenne | centile 2,5 | centile 97,5 | moyenne | centile 2,5 | centile 97,5 | moyenne | centile 2,5 | centile 97,5 | |
Brampton | |||||||||
Général (tous les âges) | 1,04 | 0,94 | 1,15 | 0,92 | 0,73 | 1,14 | 1,14 | 0,66 | 2,02 |
Moins de 65 ans | 1,12 | 0,95 | 1,31 | 0,99 | 0,67 | 1,40 | 1,32 | 0,46 | 2,98 |
65 ans et plus | 0,96 | 0,86 | 1,07 | 0,85 | 0,69 | 1,03 | 0,97 | 0,65 | 1,38 |
Calgary | |||||||||
Général (tous les âges) | 1,02 | 0,91 | 1,13 | 0,97 | 0,78 | 1,22 | 0,91 | 0,54 | 1,73 |
Moins de 65 ans | 1,07 | 0,89 | 1,28 | 0,97 | 0,62 | 1,44 | 0,74 | 0,14 | 2,35 |
65 ans et plus | 0,96 | 0,86 | 1,06 | 0,97 | 0,82 | 1,15 | 1,09 | 0,77 | 1,48 |
Edmonton | |||||||||
Général (tous les âges) | 0,98 | 0,92 | 1,05 | 0,93 | 0,81 | 1,06 | 0,70Tableau de données du graphique 1 Note † | 0,52 | 0,97 |
Moins de 65 ans | 0,95 | 0,84 | 1,06 | 0,84 | 0,64 | 1,08 | 0,66 | 0,34 | 1,16 |
65 ans et plus | 1,01 | 0,95 | 1,08 | 1,02 | 0,91 | 1,13 | 0,75Tableau de données du graphique 1 Note † | 0,59 | 0,94 |
Hamilton | |||||||||
Général (tous les âges) | 0,99 | 0,93 | 1,06 | 0,92 | 0,80 | 1,07 | 1,09 | 0,81 | 1,49 |
Moins de 65 ans | 0,99 | 0,87 | 1,12 | 0,93 | 0,71 | 1,20 | 1,30 | 0,77 | 2,06 |
65 ans et plus | 1,00 | 0,93 | 1,06 | 0,91 | 0,81 | 1,03 | 0,89 | 0,71 | 1,08 |
Mississauga | |||||||||
Général (tous les âges) | 1,02 | 0,96 | 1,08 | 0,99 | 0,88 | 1,13 | 1,02 | 0,74 | 1,43 |
Moins de 65 ans | 1,04 | 0,94 | 1,14 | 1,00 | 0,80 | 1,26 | 1,04 | 0,55 | 1,80 |
65 ans et plus | 1,01 | 0,95 | 1,07 | 0,98 | 0,88 | 1,08 | 1,00 | 0,80 | 1,22 |
Montréal | |||||||||
Général (tous les âges) | 1,09Tableau de données du graphique 1 Note † | 1,04 | 1,15 | 1,18Tableau de données du graphique 1 Note † | 1,05 | 1,31 | 1,3Tableau de données du graphique 1 Note † | 1,04 | 1,65 |
Moins de 65 ans | 1,05 | 0,95 | 1,15 | 1,16 | 0,94 | 1,40 | 1,33 | 0,84 | 2,00 |
65 ans et plus | 1,14Tableau de données du graphique 1 Note † | 1,09 | 1,19 | 1,19Tableau de données du graphique 1 Note † | 1,10 | 1,29 | 1,28Tableau de données du graphique 1 Note † | 1,11 | 1,47 |
Ottawa | |||||||||
Général (tous les âges) | 1,01 | 0,94 | 1,09 | 1,04 | 0,89 | 1,21 | 0,99 | 0,70 | 1,44 |
Moins de 65 ans | 0,99 | 0,85 | 1,13 | 1,02 | 0,75 | 1,35 | 0,94 | 0,43 | 1,80 |
65 ans et plus | 1,04 | 0,97 | 1,11 | 1,06 | 0,94 | 1,19 | 1,03 | 0,82 | 1,29 |
Québec | |||||||||
Général (tous les âges) | 1,03 | 0,90 | 1,18 | 1,15 | 0,87 | 1,54 | 1,71 | 0,96 | 3,12 |
Moins de 65 ans | 0,94 | 0,72 | 1,21 | 1,20 | 0,69 | 1,92 | 2,03 | 0,66 | 4,78 |
65 ans et plus | 1,12Tableau de données du graphique 1 Note † | 1,01 | 1,24 | 1,11 | 0,90 | 1,35 | 1,37 | 0,98 | 1,87 |
Surrey | |||||||||
Général (tous les âges) | 1,20 | 0,99 | 1,44 | 1,19 | 0,83 | 1,73 | 1,19 | 0,80 | 1,71 |
Moins de 65 ans | 1,12 | 0,80 | 1,55 | 1,06 | 0,47 | 2,09 | 0,88 | 0,50 | 1,42 |
65 ans et plus | 1,27Tableau de données du graphique 1 Note † | 1,07 | 1,50 | 1,31 | 0,98 | 1,72 | 1,49 | 0,87 | 2,40 |
Toronto | |||||||||
Général (tous les âges) | 1,01 | 0,98 | 1,03 | 0,97 | 0,92 | 1,03 | 1,12 | 0,98 | 1,28 |
Moins de 65 ans | 0,97 | 0,93 | 1,02 | 0,92 | 0,82 | 1,03 | 1,13 | 0,86 | 1,44 |
65 ans et plus | 1,04Tableau de données du graphique 1 Note † | 1,01 | 1,07 | 1,03 | 0,98 | 1,07 | 1,10Tableau de données du graphique 1 Note † | 1,01 | 1,20 |
Vancouver | |||||||||
Général (tous les âges) | 1,16 | 0,99 | 1,38 | 1,25 | 0,85 | 1,84 | 1,68 | 0,89 | 3,31 |
Moins de 65 ans | 1,26 | 0,94 | 1,65 | 1,43 | 0,72 | 2,59 | 1,93 | 0,53 | 5,13 |
65 ans et plus | 1,07 | 0,92 | 1,23 | 1,06 | 0,81 | 1,37 | 1,41 | 0,93 | 2,04 |
Winnipeg | |||||||||
Général (tous les âges) | 1,05 | 0,96 | 1,15 | 1,04 | 0,87 | 1,25 | 0,81 | 0,54 | 1,27 |
Moins de 65 ans | 1,14 | 0,98 | 1,32 | 1,17 | 0,86 | 1,56 | 0,72 | 0,27 | 1,59 |
65 ans et plus | 0,96 | 0,89 | 1,04 | 0,92 | 0,80 | 1,05 | 0,90 | 0,68 | 1,16 |
Sources : Base canadienne de données de l'état civil – Décès; données historiques d'Environnement et Changement climatique Canada, 2000 à 2020; critères d’alertes météo publiques d’Environnement et Changement climatique Canada. |
Pour ce qui est de la mortalité dont la cause est d’origine cardiovasculaire, les estimations ponctuelles globales des étaient supérieures à « 1 » dans 6 des 12 villes : Montréal, Ottawa, Québec, Surrey, Vancouver et Winnipeg. La seule ville dans laquelle les événements de chaleur extrême ont eu une incidence considérable sur la mortalité dont la cause est d’origine cardiovasculaire en général est Montréal, où les risques de mortalité quotidienne ont augmenté d’environ 18 % (IC de 95 % : de 5 % à 31 %) pendant les journées ayant des événements de chaleur extrême, par rapport aux journées sans événements de chaleur extrême. En ce qui concerne les estimations propres au groupe d’âge, dans cinq villes, les estimations ponctuelles des étaient plus importantes chez les personnes de 65 ans et plus que chez les personnes de moins de 65 ans. Quant aux adultes plus âgés, les risques de mortalité quotidienne dont la cause est d’origine cardiovasculaire étaient considérablement plus élevés pendant les événements de chaleur extrême à Montréal, affichant une augmentation de 19 % (IC de 95 % : de 10 % à 29 %), par rapport aux journées sans événements de chaleur extrême. Il n’y avait aucune ville où les personnes de moins de 65 ans présentaient des beaucoup plus grands que « 1 ».
À l’instar de la mortalité dont les causes sont d’origine non accidentelle et cardiovasculaire, les généraux liés à la mortalité dont la cause est d’origine respiratoire indiquaient des risques plus élevés de mortalité les journées de chaleur extrême dans la plupart des villes; seules Calgary, Edmonton, Ottawa et Winnipeg affichaient des estimations ponctuelles globales inférieures à « 1 ». Les globaux liés aux causes d’origine respiratoire étaient nettement supérieurs à « 1 » à Montréal, affichant un risque de mortalité quotidien moyen de 30 % (IC de 95 % : de 4 % à 65 %) plus élevé lors des événements de chaleur extrême. En revanche, les globaux étaient nettement inférieurs à « 1 » à Edmonton, affichant un risque de mortalité quotidien moyen de 30 % (IC de 95 % : de 3 % à 48 %) moins élevé pendant les journées de chaleur extrême. Les événements de chaleur extrême étaient également associés à des risques beaucoup plus élevés de mortalité dont la cause est d’origine respiratoire chez les adultes plus âgés à Montréal et à Toronto.
Surmortalité attribuable aux événements de chaleur extrême
Le tableau 2 affiche le nombre de surmortalités attribuables aux événements de chaleur extrême dont les causes sont d’origine non accidentelle, cardiovasculaire et respiratoire. Au cours de la période à l’étude et dans toutes les villes, environ 668 surmortalités non accidentelles, 115 surmortalités dont la cause est d’origine cardiovasculaire et 114 surmortalités dont la cause est d’origine respiratoire étaient attribuables aux risques accrus de mortalité pendant les événements de chaleur extrême (figure 1). Le nombre de surmortalités dont la cause est d’origine non accidentelle était supérieur à zéro à Montréal, à Surrey et à Toronto, à 95 % d’incertitude. Les neuf autres villes enregistraient un nombre estimatif de surmortalités qui comprenait zéro. Les événements de chaleur extrême se sont avérés être associés à un nombre de surmortalités considérablement supérieur à zéro dont les causes sont d’origine cardiovasculaire à Montréal et d’origine respiratoire à Montréal, à Québec et à Toronto. Montréal était la seule ville dans laquelle les événements de chaleur extrême étaient associés à une augmentation sans ambiguïté des surmortalités pour les trois résultats. Cette constatation cadre avec une recherche antérieure analysant les causes de décès d’origine non accidentelle et cardiorespiratoire dans cette villeNote 17, Note 20, Note 38, Note 39.
Ville | Causes d’origine non accidentelle | Causes d’origine cardiovasculaire | Causes d’origine respiratoire | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
moyenne | centile 2,5 | centile 97,5 | moyenne | centile 2,5 | centile 97,5 | moyenne | centile 2,5 | centile 97,5 | |
Brampton | 1 | -46 | 52 | -21 | -45 | 7 | 0 | -12 | 15 |
Calgary | -8 | -51 | -39 | -4 | -28 | 22 | 2 | -9 | 16 |
Edmonton | -3 | -80 | 79 | -6 | -48 | 40 | -33 | -51 | -11 |
Hamilton | -9 | -93 | -76 | -37 | -79 | 8 | -9 | -30 | 15 |
Mississauga | 22 | -61 | 108 | -9 | -52 | 38 | 0 | -22 | 26 |
Montréal | 295 | 188 | 409 | 130 | 70 | 193 | 56 | 24 | 93 |
Ottawa | 32 | -49 | 107 | 19 | -21 | 62 | 2 | -16 | 24 |
Québec | 32 | -8 | 76 | 12 | -8 | 35 | 14 | 1 | 29 |
Surrey | 34 | 9 | 63 | 12 | -1 | 28 | 5 | -2 | 16 |
Toronto | 250 | 35 | 471 | 25 | -93 | 146 | 76 | 11 | 144 |
Vancouver | 23 | -7 | 55 | 7 | -9 | 24 | 10 | 0 | 22 |
Winnipeg | -1 | -60 | 61 | -13 | -44 | 22 | -9 | -23 | 9 |
Sources : Base canadienne de données de l'état civil – Décès; données historiques d'Environnement et Changement climatique Canada, 2000 à 2020; critères d’alertes météo publiques d’Environnement et Changement climatique Canada. |
Discussion
Dans le cadre de la présente étude, on a estimé les répercussions des événements de chaleur extrême sur la mortalité dont les causes sont d’origine non accidentelle, cardiovasculaire et respiratoire dans 12 des plus grandes villes au Canada, de 2000 à 2020. Cette étude s’appuie sur une recherche antérieure en analysant plusieurs causes de décès, modélisant les associations entre la chaleur extrême et la mortalité sur une longue période, et en explorant la façon dont les répercussions des événements de chaleur extrême varient d’une ville à l’autre. De façon générale, cette étude montre que dans la plupart des villes, les risques de mortalité quotidienne dont les causes sont d’origine non accidentelle et respiratoire étaient plus élevés pendant les journées avec des événements de chaleur extrême et que les répercussions de la chaleur extrême sur la mortalité dont la cause est d’origine cardiovasculaire propres aux villes étaient plutôt hétérogènes. Les événements de chaleur extrême étaient plus fortement associés à la mortalité chez les personnes de 65 ans et plus, par rapport aux personnes de moins de 65 ans; les personnes de moins de 65 ans ne présentaient pas de risques de mortalité beaucoup plus élevés pendant les événements de chaleur extrême, pour toutes les causes ou dans toutes les villes.
Comparativement à la recherche antérieure, les résultats de la présente étude laissent entendre que les répercussions moyennes à long terme des événements de chaleur extrême sur la mortalité étaient considérablement plus faibles que celles estimées précédemment dans le cadre d’analyses d’événements individuelsNote 16, Note 17, Note 18, Note 39. Une explication de cette différence est que la plupart des études antérieures mettent l’accent sur des événements ayant été associés à de fortes hausses de la mortalité et, par conséquent, reflètent le risque extrême des événements de chaleur extrême. En revanche, cette étude tient compte de tous les événements de chaleur extrême sur deux décennies, dont certains ont été examinés dans le cadre d’études antérieures, ainsi que de nombreux événements susceptibles d’avoir eu peu de répercussions, voire aucune, sur la mortalité quotidienne. Les résultats de cette étude cadrent toutefois avec les travaux antérieurs axés sur les répercussions de la chaleur extrême sur de plus longues périodes. Par exemple, Anderson et BellNote 2 ont indiqué que les risques de mortalité dont la cause est d’origine non accidentelle ont augmenté d’environ 4 % pendant des vagues de chaleur survenues dans 43 villes aux États-Unis de 1987 à 2000, et Peng et al.Note 6 ont observé une augmentation de 7,5 % de la mortalité quotidienne dont la cause est d’origine non accidentelle au cours de vagues de chaleur à Chicago, de 1987 à 2005. À l’aide des moyennes pondérées en fonction de la population des (selon les données du Recensement de 2021), cette étude révèle que les risques de mortalité quotidienne ont augmenté d’environ 4,2 % pour les causes d’origine non accidentelle, de 3,8 % pour les causes d’origine cardiovasculaire, et de 11,7 % pour les causes d’origine respiratoire pendant les événements de chaleur extrême.
Description de l’hétérogénéité des répercussions de la chaleur extrême
Les résultats de cette étude montrent que les répercussions les plus considérables des événements de chaleur extrême ont été enregistrées à Montréal et à Toronto, et que, à quelques exceptions près, les risques de mortalité pendant les événements de chaleur extrême dans les 10 autres villes n’étaient pas beaucoup différents des moyennes quotidiennes (figure 1; tableau 2). Une explication de cette hétérogénéité entre les villes peut être la concentration des logements locatifs et les niveaux plus faibles d’accès à la climatisation chez les locataires, par rapport aux propriétairesNote 40. Des analyses exploratoires indiquent que les globaux relativement aux trois résultats de mortalité sont en corrélation directe avec la proportion de ménages locataires (coefficient de corrélation de Pearson, r = 0,24 pour les causes d’origine non accidentelle, 0,63 pour les causes d’origine cardiovasculaire, et 0,57 pour les causes d’origine respiratoire [voir l’annexe 4]). Parmi les 12 villes analysées dans le cadre de cette étude, Montréal et Toronto avaient deux des trois proportions les plus importantes de ménages locataires (61 % et 48 %, respectivement, selon le Recensement de 2021). D’après une recherche récente, les personnes vivant dans des logements locatifs sont beaucoup moins susceptibles d’avoir la climatisation par rapport aux moyennes provinciales au Québec (49 % par rapport à une moyenne de 58 %), en Ontario (71 % par rapport à 85 %) et en Colombie-Britannique (24 % par rapport à 32 %)Note 41.
Une deuxième explication possible de l’hétérogénéité des entre les villes et de la surmortalité porte sur le lien entre les conditions météorologiques historiques et l’acclimatation ou l’adaptation. Une recherche antérieure a laissé entendre que les personnes vivant dans des régions où les températures ambiantes sont plus basses et où les événements de chaleur extrême sont moins fréquents peuvent avoir des niveaux physiques plus faibles d’acclimatation et disposer de mesures d’adaptation insuffisantes nécessaires pour faire face à la chaleur extrême (p. ex. la climatisation)Note 22, Note 42. À l’appui de cette interprétation, dans ces 12 villes, on a observé des corrélations négatives entre le nombre moyen de journées de chaleur extrême par année (tableau 1) et les globaux de mortalité dont les causes sont d’origine non accidentelle (coefficient de corrélation de Pearson, r = -0,61), cardiovasculaire (-0,68) et respiratoire (-0,33). Surrey et Vancouver, en particulier, ont enregistré le moins d’événements de chaleur extrême (tableau 1), mais présentaient les les plus élevés attribuables à des causes d’origine non accidentelle et cardiovasculaire.
Limites et recherches futures
L’une des limites de cette étude concerne le fait que les modèles reposent sur les associations entre la température, les événements de chaleur extrême et la mortalité n’ont pas changé au cours de la période à l’étude; il est donc possible que ces associations se soient affaiblies ou renforcées au fil du temps, par exemple, en raison de l’augmentation de l’adoption de mesures d’adaptation et des températures plus élevées et des événements plus longs observés au cours des dernières annéesNote 17, Note 20. Deuxièmement, la présente étude a eu recours aux données sur la mortalité, la température et la pollution atmosphérique mesurées au niveau de la ville et n’a pas tenu compte des variations locales entre les villes. Troisièmement, la présente étude a porté seulement sur deux groupes d’âge en raison de la rareté des décès pour les causes d’origine respiratoire et les causes d’origine cardiovasculaire dans les villes plus petites (tableau 1), mais il est probable que les risques de mortalité varient en fonction de groupes d’âge plus précis. Quatrièmement, seulement les 12 plus grandes villes du Canada ont été analysées afin de s’assurer de compter un nombre de décès quotidiens suffisants au cours de la période à l’étude, et, de ce fait, il n’est pas évident de savoir de quelle façon les résultats de la présente étude peuvent s’appliquer aux villes plus petites et aux collectivités rurales. Cinquièmement, la présente étude a adopté une définition d’événement de chaleur extrême fondée sur la politique, mais restrictive, qui pourrait ne pas tenir compte de nombreuses journées chaudes et humides inférieures aux seuils proposés, mais peut également être associée aux risques élevés de mortalitéNote 43.
Afin de mieux comprendre les répercussions de la chaleur extrême sur la santé au Canada, les recherches futures pourraient envisager d’étendre l’analyse exploratoire des corrélations effectuée dans la présente étude permettant de déterminer les ou les propres à la ville en fonction des caractéristiques de la ville, comme la prévalence du conditionnement et la présence ou le type d’initiatives d’adaptation au changement climatiqueNote 40. De plus, des travaux futurs pourraient porter sur d’autres résultats en matière de santé associés à la chaleur (p. ex. les hospitalisations) ou utiliser des modèles de recherche appariés ou croisés appropriés pour analyser des causes de décès plus rares (p. ex. les troubles mentaux ou les empoissonnements liés à la consommation de substances). Enfin, les analyses spatiotemporelles de cas croisés et de petits domainesNote 44 pourraient permettre de mieux comprendre de quelle façon les risques de mortalité lors d’événements de chaleur extrême sont modifiés par les caractéristiques sociodémographiques individuelles et locales (p. ex. le sexe) et par les caractéristiques de l’environnement bâti, ainsi que par la présence d’initiatives d’adaptation au niveau local, comme les centres de rafraîchissement.
Ville | Critères d’avertissement de chaleur d’Environnement et Changement climatique Canada | 95e centile Tmax au cours de la période à l’étude |
---|---|---|
Brampton | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 31°C et de Tmin >= 21°C ou de Hmax >= 40 | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 33°C |
Calgary | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 29°C et de Tmin >= 14°C | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 31°C |
Edmonton | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 29°C et de Tmin >= 14°C | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 31°C |
Hamilton | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 31°C et de Tmin >= 21°C ou de Hmax >= 40 | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 33°C |
Mississauga | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 31°C et de Tmin >= 21°C ou de Hmax >= 40 | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 33°C |
Montréal | Une heure de Tmax >= 30°C et de Hmax >= 40 ou de Tmax >= 40°C | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 32°C |
Ottawa | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 31°C et de Tmin >= 21°C ou de Hmax >= 40 | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 33°C |
Québec | Une heure de Tmax >= 30°C et de Hmax >= 40 ou de Tmax >= 40°C | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 31°C |
Surrey | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 33°C et de Tmin >= 17°C | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 34°C |
Toronto | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 31°C et de Tmin >= 21°C ou de Hmax >= 40 | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 35°C |
Vancouver | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 29°C et de Tmin >= 16°C | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 36°C |
Winnipeg | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 32°C et de Tmin >= 16°C | Deux journées consécutives ou plus de Tmax >= 37°C |
Notes : Tmax indique la température quotidienne maximale. Tmin indique la température quotidienne minimale. Hmax indique l’humidex quotidien maximal. Sources : Données historiques d'Environnement et Changement climatique Canada, 2000 à 2020; critères d’alertes météo publiques d’Environnement et Changement climatique Canada. |
Description de la Annexe 2
Cette figure montre trois graphiques des risques relatifs liées à la chaleur extrême (EHRR) sur l’axe des Y des 12 villes de l’axe des X : Brampton, Calgary, Edmonton, Hamilton, Mississauga, Montréal, Ottawa, Québec, Surrey, Toronto, Vancouver et Winnipeg. Pour chaque ville de chaque graphique, on trouvera six estimations avec un point et une ligne verticale indiquant l’incertitude de 95 %. De gauche à droite, ces estimations sont tirées du modèle principal et des modèles des analyses de la sensibilité 1 à 5. De haut en bas, les graphiques représentent les risques relatifs liés à la chaleur extrême pour les causes d’origine non accidentelle, les causes d’origine cardiovasculaire et les causes d’origine respiratoire. Dans chaque graphique, pour chaque ville, les six lignes verticales se chevauchent, ce qui indique qu’il n’y a aucune différence significative entre le modèle principal et les analyses de sensibilité.
Ville et groupe d’âge | Causes d’origine non accidentelle | Causes d’origine cardiovasculaire | Causes d’origine respiratoire | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
moyenne | centile 2,5 | centile 97,5 | moyenne | centile 2,5 | centile 97,5 | moyenne | centile 2,5 | centile 97,5 | |
Brampton | |||||||||
Moins de 65 ans | 1,12 | 0,95 | 1,31 | 0,99 | 0,67 | 1,40 | 1,32 | 0,46 | 2,98 |
65 ans et plus | 0,96 | 0,86 | 1,07 | 0,85 | 0,69 | 1,03 | 0,97 | 0,65 | 1,38 |
Général (tous les âges) | 1,04 | 0,94 | 1,15 | 0,92 | 0,73 | 1,14 | 1,14 | 0,66 | 2,02 |
Calgary | |||||||||
Moins de 65 ans | 1,07 | 0,89 | 1,28 | 0,97 | 0,62 | 1,44 | 0,74 | 0,14 | 2,35 |
65 ans et plus | 0,96 | 0,86 | 1,06 | 0,97 | 0,82 | 1,15 | 1,09 | 0,77 | 1,48 |
Général (tous les âges) | 1,02 | 0,91 | 1,13 | 0,97 | 0,78 | 1,22 | 0,91 | 0,54 | 1,73 |
Edmonton | |||||||||
Moins de 65 ans | 0,95 | 0,84 | 1,06 | 0,84 | 0,64 | 1,08 | 0,66 | 0,34 | 1,16 |
65 ans et plus | 1,01 | 0,95 | 1,08 | 1,02 | 0,91 | 1,13 | 0,75 | 0,59 | 0,94 |
Général (tous les âges) | 0,98 | 0,92 | 1,05 | 0,93 | 0,81 | 1,06 | 0,70 | 0,52 | 0,97 |
Hamilton | |||||||||
Moins de 65 ans | 0,99 | 0,87 | 1,12 | 0,93 | 0,71 | 1,20 | 1,30 | 0,77 | 2,06 |
65 ans et plus | 1,00 | 0,93 | 1,06 | 0,91 | 0,81 | 1,03 | 0,89 | 0,71 | 1,08 |
Général (tous les âges) | 0,99 | 0,93 | 1,06 | 0,92 | 0,80 | 1,07 | 1,09 | 0,81 | 1,49 |
Mississauga | |||||||||
Moins de 65 ans | 1,04 | 0,94 | 1,14 | 1,00 | 0,80 | 1,26 | 1,04 | 0,55 | 1,80 |
65 ans et plus | 1,01 | 0,95 | 1,07 | 0,98 | 0,88 | 1,08 | 1,00 | 0,80 | 1,22 |
Général (tous les âges) | 1,02 | 0,96 | 1,08 | 0,99 | 0,88 | 1,13 | 1,02 | 0,74 | 1,43 |
Montréal | |||||||||
Moins de 65 ans | 1,05 | 0,95 | 1,15 | 1,16 | 0,94 | 1,40 | 1,33 | 0,84 | 2,00 |
65 ans et plus | 1,14 | 1,09 | 1,19 | 1,19 | 1,10 | 1,29 | 1,28 | 1,11 | 1,47 |
Général (tous les âges) | 1,09 | 1,04 | 1,15 | 1,18 | 1,05 | 1,31 | 1,30 | 1,04 | 1,65 |
Ottawa | |||||||||
Moins de 65 ans | 0,99 | 0,85 | 1,13 | 1,02 | 0,75 | 1,35 | 0,94 | 0,43 | 1,80 |
65 ans et plus | 1,04 | 0,97 | 1,11 | 1,06 | 0,94 | 1,19 | 1,03 | 0,82 | 1,29 |
Général (tous les âges) | 1,01 | 0,94 | 1,09 | 1,04 | 0,89 | 1,21 | 0,99 | 0,70 | 1,44 |
Québec | |||||||||
Moins de 65 ans | 0,94 | 0,72 | 1,21 | 1,20 | 0,69 | 1,92 | 2,03 | 0,66 | 4,78 |
65 ans et plus | 1,12 | 1,01 | 1,24 | 1,11 | 0,90 | 1,35 | 1,37 | 0,98 | 1,87 |
Général (tous les âges) | 1,03 | 0,90 | 1,18 | 1,15 | 0,87 | 1,54 | 1,71 | 0,96 | 3,12 |
Surrey | |||||||||
Moins de 65 ans | 1,12 | 0,80 | 1,55 | 1,06 | 0,47 | 2,09 | 0,88 | 0,50 | 1,42 |
65 ans et plus | 1,27 | 1,07 | 1,50 | 1,31 | 0,98 | 1,72 | 1,49 | 0,87 | 2,40 |
Général (tous les âges) | 1,20 | 0,99 | 1,44 | 1,19 | 0,83 | 1,73 | 1,19 | 0,80 | 1,71 |
Toronto | |||||||||
Moins de 65 ans | 0,97 | 0,93 | 1,02 | 0,92 | 0,82 | 1,03 | 1,13 | 0,86 | 1,44 |
65 ans et plus | 1,04 | 1,01 | 1,07 | 1,03 | 0,98 | 1,07 | 1,10 | 1,01 | 1,20 |
Général (tous les âges) | 1,01 | 0,98 | 1,03 | 0,97 | 0,92 | 1,03 | 1,12 | 0,98 | 1,28 |
Vancouver | |||||||||
Moins de 65 ans | 1,26 | 0,94 | 1,65 | 1,43 | 0,72 | 2,59 | 1,93 | 0,53 | 5,13 |
65 ans et plus | 1,07 | 0,92 | 1,23 | 1,06 | 0,81 | 1,37 | 1,41 | 0,93 | 2,04 |
Général (tous les âges) | 1,16 | 0,99 | 1,38 | 1,25 | 0,85 | 1,84 | 1,68 | 0,89 | 3,31 |
Winnipeg | |||||||||
Moins de 65 ans | 1,14 | 0,98 | 1,32 | 1,17 | 0,86 | 1,56 | 0,72 | 0,27 | 1,59 |
65 ans et plus | 0,96 | 0,89 | 1,04 | 0,92 | 0,80 | 1,05 | 0,90 | 0,68 | 1,16 |
Général (tous les âges) | 1,05 | 0,96 | 1,15 | 1,04 | 0,87 | 1,25 | 0,81 | 0,54 | 1,27 |
Sources : Base canadienne de données de l'état civil – Décès; données historiques d'Environnement et Changement climatique Canada, 2000 à 2020; critères d’alertes météo publiques d’Environnement et Changement climatique Canada. |
Type de mortalité et groupe d'âge |
pourcentage de ménages locataires |
nombre moyen d’événements de chaleur extrême |
---|---|---|
Origine non accidentelle | ||
Moins de 65 ans | 0,02 | -0,50 |
65 ans et plus | 0,36 | -0,39 |
Général | 0,24 | -0,61 |
Origine cardiovasculaire | ||
Moins de 65 ans | 0,57 | -0,63 |
65 ans et plus | 0,44 | -0,43 |
Général | 0,63 | -0,68 |
Origine respiratoire | ||
Moins de 65 ans | 0,53 | -0,18 |
65 ans et plus | 0,57 | -0,54 |
Général | 0,57 | -0,33 |
Sources : Base canadienne de données de l'état civil – Décès; données historiques d'Environnement et Changement climatique Canada, 2000 à 2020; critères d’alertes météo publiques d’Environnement et Changement climatique Canada; profils des subdivisions du Recensement de la population de Statistique Canada, 2021. |
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