Rapports sur la santé
L’échelle de gravité de la dépendance comme outil pour l’étude des consommateurs de cannabis au Canada qui éprouvent une perte de contrôle à l’égard de leur consommation

par Michelle Rotermann

Date de diffusion : le 21 juin 2023

DOI: https://www.doi.org/10.25318/82-003-x202300600001-fra

Résumé

Contexte

La Loi sur le cannabis de 2018 qui a permis de légaliser la production, la vente et la consommation de cannabis à des fins non médicales a suscité un regain d’intérêt pour l’importance d’une surveillance continue et plus détaillée de la consommation de cannabis et de ses conséquences. Certains consommateurs de cannabis éprouveront une perte de contrôle à l’égard de leur consommation de cannabis, ce qui les exposera à des troubles liés à la consommation de cannabis (trouble lié à la consommation de cannabis, parfois appelé dépendance) et à d’autres effets néfastes. Le fait d’inclure l’échelle de gravité de dépendance au cannabis (Severity of Dependence Scale ou échelle SDS) dans l’Enquête annuelle sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) permettrait de surveiller l’une des conséquences les plus néfastes de la consommation de cannabis au cours de la période postérieure à la légalisation.

Données et méthodes

Des données tirées de l’ESCC de 2019-2020 et représentatives à l’échelle nationale ont été utilisées pour étudier les consommateurs de cannabis ayant ou non éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation. Les répondants ayant consommé du cannabis au cours de la dernière année ont été classés en fonction de leur score selon l’échelle SDS, soit ceux ayant éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation (score supérieur ou égal à 4 selon l’échelle SDS) par rapport à ceux n’ayant pas éprouvé de perte de contrôle (score inférieur à 4 selon l’échelle SDS). Des tableaux croisés ont servi à examiner les caractéristiques sociodémographiques, les problèmes de santé mentale, le comportement lié à la santé et l’exposition au cannabis des personnes ayant éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation. Des modèles de régression logistique multivariés ont permis d’évaluer les liens entre ces caractéristiques et le risque de perte de contrôle. La prévalence des problèmes autodéclarés liés au cannabis vécus par des consommateurs, avec et sans perte de contrôle, est également présentée.

Résultats

En 2019-2020, 4,7 % des consommateurs de cannabis de l’année précédente ont obtenu un pointage supérieur ou égal à 4 selon l’échelle SDS et ont été considérés comme ayant éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation. Une régression logistique multivariée laisse entendre que la probabilité d’une perte de contrôle est demeurée plus élevée chez les personnes de sexe masculin, âgées de 18 à 24 ans, célibataires ou jamais mariées, appartenant à un ménage à faible revenu, ayant reçu un diagnostic d’anxiété ou de trouble de l’humeur, ayant commencé à consommer du cannabis à 15 ans ou moins et consommant au moins une fois par mois.

Interprétation

Une meilleure compréhension des caractéristiques des consommateurs de cannabis ayant éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation (une corrélation avec un futur trouble lié à la consommation de cannabis ou à une future dépendance) pourrait aider à élaborer des stratégies d’éducation, de prévention et de traitement plus efficaces.

Mots-clés

C-45, consommation de drogues illicites, consommation problématique, dépendance, drogues contrôlées et illicites, enquête auprès de la population, Loi sur le cannabis, marijuana, problèmes liés au cannabis

Auteure

Michelle Rotermann travaille à la Division de l’analyse de la santé de Statistique Canada.

 

Ce que l’on sait déjà sur le sujet

  • Le cannabis demeure l’une des substances les plus largement consommées au Canada.
  • La plupart des personnes qui consomment du cannabis le font sans dommage. Toutefois, une minorité en subira des conséquences négatives, notamment l’apparition d’un trouble lié à la consommation de cannabis, l’abus de cannabis ou la dépendance au cannabis.

Ce qu’apporte l’étude

  • Selon les données combinées de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de 2019-2020, 4,7 % des personnes âgées de 15 ans et plus qui ont déclaré avoir consommé du cannabis au cours de l’année précédant l’enquête ont perdu le contrôle de leur consommation de cannabis.
  • Peu d’enquêtes canadiennes représentatives à l’échelle nationale comprennent des outils de dépistage permettant de mesurer la dépendance au cannabis ou les dommages connexes. L’inclusion de l’échelle de gravité de dépendance dans l’ESCC permet de surveiller l’une des conséquences les plus néfastes de la consommation de cannabis au cours de la période postérieure à la légalisation.
  • Les personnes de sexe masculin, âgées de 18 à 24 ans, célibataires ou jamais mariées, appartenant à un ménage à faible revenu, ayant reçu un diagnostic d’anxiété ou de trouble de l’humeur, ayant commencé à consommer du cannabis à l’âge de 15 ans ou moins et ayant consommé mensuellement ou plus souvent, étaient exposées à un risque accru de perte de contrôle.
  • La quantification du nombre de consommateurs au cours de l’année précédente ayant perdu le contrôle de leur consommation a de nombreuses applications, notamment à des fins d’éducation liée au cannabis et à la planification de services de santé, parce que certains utilisateurs auront besoin de traitement.

Introduction

Le cannabis est l’une des substances les plus largement consommées au Canada, alors que plus de 4 Canadiens sur 10 déclarent l’avoir essayéNote 1. La consommation de cannabis au Canada augmente depuis plusieurs décenniesNote 2, y compris depuis sa légalisationNote 3,Note 4. Certaines données montrent également qu’une consommation plus fréquente, comme une consommation quotidienne ou quasi quotidienne, était plus courante en 2020 qu’au cours des deux années précédentesNote 4.

Même si les effets néfastes directs pour les consommateurs de cannabis et les autres ont tendance à être moins importants que ceux relatifs à de nombreuses autres droguesNote 5, la consommation de cannabis n’est pas toujours inoffensiveNote 6,Note 7. En fait, le cannabis est reconnu comme une substance entraînant une dépendance selon le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM) (manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), quatrième (IV) et cinquième (V) éditionsNote 8,Note 9 et selon la Classification internationale des maladies, dixième révisionNote 10. Selon ces deux systèmes de diagnostic, la dépendance au cannabis est définie par des symptômes, y compris la tolérance, l’incapacité de réduire ou de cesser la consommation, la préoccupation à l’égard du cannabis en ce qui concerne le temps passé à en consommer ou l’abandon d’autres activités, et une consommation continue malgré des problèmes de grande ampleur qui en sont probablement la cause. La majorité des personnes qui consomment du cannabis le font sans effets néfastesNote 11. Toutefois, une minorité en subira des conséquences négatives, notamment l’apparition d’un trouble lié à la consommation de cannabis, de l’abus de cannabis ou d’une dépendance au cannabisNote 7, Note 12, Note 13. Étant donné qu’un plus grand nombre de personnes consomment du cannabis à l’heure actuelle, on s’attend à ce qu’un plus grand nombre de personnes développent un trouble lié à la consommation de cannabis12. Certaines habitudes de consommation de cannabis, comme la consommation régulière, importante ou persistante (chronique), surtout chez les plus jeunes consommateurs, peuvent être plus dangereuses et risquées que d’autres habitudesNote 11, Note 14, Note 15, Note 16, Note 17. Un trouble lié à la consommation de cannabis (et les diagnostics connexes d’abus et de dépendance au cannabis) est associé à des problèmes psychiatriques et physiques, ainsi qu’à des taux plus élevés de chômage, de sous-performance scolaire et de dépendance à l’aide socialeNote 16, Note 18, Note 19, Note 20, même si des facteurs concurrents ou concomitants ont tendance à rendre difficile la détermination des effets pouvant être liés sans équivoque au cannabis.  

Il existe peu d’études canadiennes sur les problèmes et les effets néfastes associés à la consommation de cannabisNote 11, Note 19, Note 21, Note 22, Note 23, Note 24, Note 25 et encore moins sur la consommation nocive de cannabis, la dépendance au cannabis et les effets néfastes liés à la consommation de cannabis provenant de données canadiennes recueillies après la légalisationNote 26, Note 27, Note 28, Note 29 .

L’outil d’évaluation de l’échelle de gravité de dépendance au cannabis (Severity of Dependence Scale ou échelle SDS) à cinq éléments, qui mesure le degré de perte de contrôle à l’égard de la consommation, portant aussi le nom de dépendance psychologique, a été ajouté pour la première fois à l’ESCC annuelle en 2019Note 30. Auparavant, l’ESCC annuelle ne recueillait pas de données nationales sur la consommation de cannabis et ne comprenait pas non plus de mesure des effets néfastes liés au cannabis. Ces changements donnent l’occasion d’estimer la prévalence de la perte de contrôle à l’égard de la consommation de cannabis au moyen de données canadiennes et permettent un examen des caractéristiques des consommateurs de cannabis qui éprouvent ou non une perte de contrôle à l’égard de leur consommation.  

L’échelle SDS est utilisée à l’échelle internationaleNote 31, Note 32, Note 33, Note 34, Note 35, Note 36, Note 37, Note 38, Note 39 ainsi qu’en OntarioNote 24 depuis plus de deux décenniesNote 31 dans le cadre d’enquêtes auprès de la population généraleNote 24, Note 33,Note 35, Note 37,Note 39 et d’échantillons cliniques ou de commoditéNote 34, Note 36, Note 38, Note 40.

Les deux principaux objectifs de la présente analyse sont les suivants :

  1. classer les consommateurs de cannabis âgés de 15 ans et plus selon la perte ou non de contrôle sur leur consommation de cannabis, selon l’échelle SDS;
  2. calculer la prévalence des consommateurs de cannabis ayant ou non perdu le contrôle de leur consommation et déterminer les facteurs qui y sont associés, en plus d’examiner la fréquence des autres problèmes déclarés par les deux groupes.   

Méthodes

Sources des données

L’ESCC recueille des renseignements sur l’état de santé, les diagnostics, le recours aux soins de santé et les déterminants de la santé auprès de la population canadienne âgée de 12 ans et plus vivant dans les provinces et les territoiresNote 30. Sont exclues de l’étude les personnes vivant dans des réserves et d’autres peuplements autochtones, les personnes de deux régions sociosanitaires du nord du Québec, les membres à temps plein des Forces armées canadiennes, la population vivant en établissement et les jeunes âgés de 12 à 17 ans vivant dans un foyer d’accueil. Ces groupes représentent environ 3 % de la population cibleNote 30. Des détails sur l’ESCC, y compris les bases de sondage, la stratégie d’échantillonnage, la pondération et les questionnaires, sont présentés ailleursNote 30. Les données de 2019 ont été recueillies de façon continue de janvier à décembre 2019 au moyen d’interviews téléphoniques assistées par ordinateur et d’interviews en personne. La plupart des interviews ont été menées exclusivement par téléphone (86 %). Le taux de réponse global de 2019 était de 54,4 %, ce qui correspond à un échantillon final de 65 970 répondantsNote 30.

La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions majeures sur la collecte des données de l’ESCC en 2020, en empêchant notamment le recours à des interviews en personne, en annulant la collecte des données de mi-mars à septembre et en limitant exceptionnellement aux capitales (Whitehorse, Yellowknife et Iqaluit) la collecte des données dans les territoires pendant 9 des 12 mois de collecte. En conséquence, le taux de réponse de 2020 (28,9 %) et la taille de l’échantillon (42 634 répondants) étaient inférieurs à ceux de 2019.  Le fichier des années combinées 2019-2020 comprenait 108 604 répondants. 

Échantillon de l’étude

L’échantillon de l’étude des années combinées 2019-2020 comprenait 101 228 répondants âgés de 15 ans et plus, dont 790 étaient des consommateurs de cannabis de l’année précédente ayant éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation, 17 158 étaient des consommateurs de l’année précédente n’ayant pas éprouvé de perte de contrôle et 83 280 ayant déclaré ne pas avoir consommé de cannabis au cours de l’année précédente. Comme les questions sur la consommation de cannabis n’ont pas été posées lors d’interviews par personne interposées (c’est-à-dire, lorsqu’un membre bien informé de la famille répond au nom d’une autre personne), 3 410 enregistrements de répondants substituts ont été retirés des données d’analyse. De plus, 580 autres enregistrements ont été retirés de l’étude parce qu’une partie ou la totalité des questions faisant intervenir l’échelle SDS ont été laissées sans réponse.

Techniques d’analyse

Des tableaux croisés pondérés et des répartitions en pourcentage ont été utilisés pour examiner les différences et les similitudes entre les consommateurs de cannabis de l’année précédente qui ont éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation et ceux qui n’en ont pas éprouvé, la fréquence de consommation de cannabis selon les résultats de l’échelle SDS et les réponses aux cinq questions relatives à l’échelle SDS.

Une régression logistique multivariée non corrigée et corrigée (rapports de cotes) a servi à déterminer les facteurs associés de manière indépendante à une perte de contrôle à l’égard de la consommation de cannabis, tout en tenant compte de facteurs sociodémographiques (sexe, âge, état matrimonial, orientation sexuelle, identité autochtone et niveau de revenu), et de caractéristiques comme la santé mentale (diagnostic d’un trouble anxieux ou de l’humeur), les comportements liés à la santé (fumer quotidiennement des cigarettes et consommer beaucoup d’alcool) et l’exposition au cannabis (âge du début de la consommation, usage médical ou non médical, fréquence de la consommation).  

Pour tenir compte des effets du plan d’enquête, des coefficients de variation et des intervalles de confiance à 95 % ont été estimés avec la technique bootstrapNote 41 à l’aide de la version 9.4 de SAS et du logiciel SUDAAN 11.0.3 exécutable par SAS. Les différences entre les fréquences pondérées et les tableaux croisés ont été calculées à l’aide de tests t, et les résultats au niveau p < 0,05 ont été considérés comme statistiquement significatifs. Toutes les différences mentionnées dans le texte sont statistiquement significatives (c.-à-d. que c’était peu probable qu’elles se soient produites par hasard). Pour améliorer la lisibilité, les mots « statistiquement significatives » ne sont pas toujours répétés. De même, le texte peut occasionnellement indiquer qu’une estimation est comparable ou ne diffère pas entre les groupes, même si les chiffres ne sont pas identiques. Cela se produit lorsque la différence entre les chiffres n’est pas statistiquement significative.

Définitions

Perte de contrôle à l’égard de la consommation selon l’échelle de gravité de dépendance au cannabis

L’échelle de gravité de dépendance au cannabis (Severity of Dependence Scale ou échelle SDS) de cinq éléments, facile à administrer en une à deux minutes, mesurait le degré de dépendance psychologique en fonction du sentiment de perte de contrôle, de préoccupation et d’anxiété d’une personne à l’égard de sa consommation de cannabis (tableau 2)Note 31, Note 39. L’échelle SDS présente une cohérence interne modérée à élevée avec les valeurs du coefficient alpha de Cronbach de 0,73 à 0,83Note 32, Note 37, Note 42. La note totale est obtenue en additionnant les notes des cinq éléments à quatre points (0 à 3). Des pointages plus élevés indiquent une perte de contrôle et des problèmes plus importants.

Les consommateurs de cannabis de l’année précédente ayant un pointage d’au moins 4 selon l’échelle SDS sont considérés comme ayant éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation. Les consommateurs de l’année précédente pour lesquelles les pointages de l’échelle SDS étaient inférieurs à 4 sont considérés comme n’ayant pas éprouvé une perte de contrôle. Le pointage de 4 ou plus selon l’échelle SDS a été choisi, parce qu’il s’agissait du seuil le plus utiliséNote 25, Note 31, Note 32, Note 37, Note 38, Note 39, Note 40 . Il n’y a pas de seuil universellement accepté. 

Consommateurs de cannabis

La consommation de cannabis au cours de l’année précédente avec ou sans perte de contrôle reposait sur la question suivante : « Avez-vous consommé du cannabis au cours des 12 derniers mois? ».

Covariables

La sélection des covariables a été guidée par la documentation sur les troubles et les effets néfastes liés à la consommation de cannabis et de substances, ainsi que par leur disponibilité et la taille de l’échantillon dans l’ESCC. Les variables sociodémographiques comprenaient le sexe à la naissance, selon lequel tous les répondants ont reçu le code masculin ou féminin. Cinq groupes d’âge ont été définis : 15 à 17 ans, 18 à 24 ans, 25 à 44 ans, 45 à 64 ans et 65 ans et plus. Les catégories d’état matrimonial étaient les suivantes : marié ou en union libre, précédemment marié (divorcé, séparé ou veuf) et célibataire ou jamais marié.

Les personnes de minorité sexuelle peuvent présenter un risque accru de troubles liés à la toxicomanieNote 43. L’orientation sexuelle (codée comme hétérosexuel par rapport à une minorité sexuelle, y compris gai ou lesbienne, bisexuel ou orientation sexuelle non classée ailleurs) a été évaluée en demandant aux répondants s’ils se considéraient comme hétérosexuels, homosexuels ou bisexuels, ou avaient une orientation sexuelle non classée ailleurs.

Des variables d’identité autochtone ont été incluses parce que la consommation de cannabis peut varier selon l’identité autochtone et non autochtoneNote 44 ou entre les groupes autochtones. De nombreux facteurs contribuent probablement à la consommation de cannabis et d’autres substances chez les Autochtones, y compris les effets néfastes du colonialisme ayant entraîné des traumatismes intergénérationnels, de la discrimination et la marginalisation socioéconomiqueNote 44. Pour certaines parties de la présente analyse, le nombre de répondants autochtones était insuffisant pour appuyer la désagrégation par groupe autochtone et, par conséquent, la variable dichotomique panautochtone (autochtone ou non autochtone) a été utilisée. L’autre variable d’identité autochtone indique si le répondant a déclaré être membre d’une Première Nation, Métis ou Inuit ou appartenir à plus d’un groupe autochtone. En raison de la petite taille des cellules, les estimations sur les répondants autochtones ayant déclaré plus d’un groupe autochtone n’ont pas pu être diffusées. 

La variable du revenu de l’ESCC représentait une combinaison de données fiscales (~84 %), d’autodéclaration (~3 %) et de valeurs imputées (~13 %). Les déciles de revenu des ménages ont ensuite été calculés en utilisant le ratio corrigé du revenu total du ménage d’un répondant par rapport au seuil de faible revenu correspondant à la taille de son ménage et de sa collectivité. Les quintiles de revenu ne sont pas attribués aux enregistrements des répondants des territoires. Une variable de revenu manquante a été incluse dans les modèles (non représentée) pour garantir que les enregistrements ayant un revenu manquant soient inclus dans les analyses de régression. 

La variable de diagnostic « d’anxiété ou de trouble de l’humeur » a permis de déterminer les répondants ayant déclaré avoir reçu d’un professionnel de la santé un diagnostic de problèmes de santé qui a duré ou devrait durer six mois ou plus, y compris la dépression, la manie, les phobies, le trouble obsessionnel compulsif, la panique, la dysthymie et le trouble bipolaire. 

Les fumeurs quotidiens (cigarettes) actuels ont été comparés  avec tous les autres (fumeurs occasionnels et anciens fumeurs, et personnes n’ayant jamais fumé). Par grand buveur, on entend le fait d’avoir bu quatre verres d’alcool ou plus (chez les femmes) ou cinq verres d’alcool ou plus (chez les hommes) lors d’une même occasion, au moins une fois par mois au cours de l’année précédente.

Pour être conforme aux études antérieures, l’âge du début de la consommation de cannabis comprenait une catégorie pour l’initiation au cannabis à l’âge de 15 ans ou moins (considéré comme un début précoce de consommation de cannabis)Note 45 en plus des autres catégories pour les personnes ayant déclaré une initiation au cannabis à l’âge de 16 ou 17 ans, comparativement à celles ayant commencé à 18 ans ou plus. Les catégories de fréquence de la consommation de cannabis au cours de l’année précédente étaient moins d’une fois par mois, une fois par semaine ou une à trois fois par mois, et quotidiennement ou presque tous les jours. 

Les personnes qui ont déclaré avoir consommé du cannabis au cours des 12 mois précédents ont été réparties en trois groupes en fonction de l’objectif : 1) uniquement à des fins non médicales; 2) à des fins médicales seulement, avec ou sans document médical; 3) à des fins médicales et non médicales. 

Les critères utilisés pour différencier la consommation problématique ou à risque de cannabis des autres consommations sont lorsque la consommation entrave d'autres obligations ou lorsque les consommateurs de cannabis continuent de consommer malgré des problèmesNote 8.

L’ESCC de 2019-2020 a permis de recueillir certains renseignements sur d’autres problèmes ou expériences liés au cannabis à partir du test de dépistage lié à la consommation d’alcool, de tabac et de substances (ASSIST)Note 46.

  1. Au cours des 12 derniers mois, votre consommation de cannabis a-t-elle entraîné des problèmes de santé, sociaux, juridiques ou financiers?
  2. À tout moment au cours des 12 derniers mois, est-il arrivé que vous n’ayez pas fait ce que l’on attendait normalement de vous parce que vous aviez pris du cannabis?
  3. (Au cours des 12 derniers mois), un membre de la famille, un ami, un médecin ou un professionnel de la santé a-t-il été inquiet à propos de votre consommation de cannabis ou vous a-t-il suggéré de réduire votre consommation?

Résultats

Échelle de gravité de dépendance au cannabis

Plus des trois quarts (77,3 %, ou 4,96 millions) des personnes ayant déclaré avoir consommé du cannabis au cours de l’année précédente ont obtenu le pointage 0 selon l’échelle de gravité de dépendance au cannabis (Severity of Dependence Scale ou échelle SDS), ce qui signifie qu’elles ont déclaré qu’elles n’auraient pas de difficulté à s’arrêter et qu’elles n’ont jamais ou presque jamais ressenti les quatre autres symptômes de dépendance selon l’échelle SDS (tableau 1). Les personnes affichant des pointages totaux de 1 à 3 selon l’échelle SDS représentaient près d’un cinquième (18,1 % ou 1,2 million) des consommateurs de l’année précédente, alors qu’environ 1 consommateur sur 20 de l’année précédente (4,7 % ou 299 543) a obtenu un pointage de 4 ou plus, ce qui indique une perte de contrôle à l’égard de la consommation (tableaux 1 et 3).


Tableau 1
Répartition des consommateurs de cannabis en fonction de leur fréquence de consommation selon les différents scores de l’échelle de gravité de dépendance au cannabis chez les consommateurs de cannabis de l’année précédente, population à domicile âgée de 15 ans et plus, Canada, 2019 et 2020
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Répartition des consommateurs de cannabis en fonction de leur fréquence de consommation selon les différents scores de l’échelle de gravité de dépendance au cannabis chez les consommateurs de cannabis de l’année précédente. Les données sont présentées selon Pointages selon l’échelle SDS (titres de rangée) et Total, Tous les jours ou presque tous les jours, Plus d’une fois par semaine, Chaque semaine ou une à trois fois par mois, Moins d’une fois par mois, % et Intervalle de confiance à 95 % (figurant comme en-tête de colonne).
Pointages selon l’échelle SDS Total Tous les jours ou presque tous les jours Plus d’une fois par semaine Chaque semaine ou une à trois fois par mois Moins d’une fois par mois
% Intervalle
de confiance
à 95 %
% Intervalle
de confiance
à 95 %
% Intervalle
de confiance
à 95 %
% Intervalle
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à 95 %
% Intervalle
de confiance
à 95 %
de à de à de à de à de à
Total Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 25,8 24,7 26,9 11,7 11 12,7 24,8 24 25,9 37,7 37 39,0
0Tableau 1 Note  77,3 76,2 78,3 16,1 15,1 17,1 9,8 8,9 10,7 27,6 26 28,9 46,6 45 48,1
1 9,7 8,9 10,5 49,2Note * 44,7 53,8 21,8Note * 18 25,8 19,8Note * 16 23,9 9,2Note E: à utiliser avec prudence Note * 6,6 12,7
2 4,8 4,3 5,4 62,5Note * 56,4 68,2 19,2Note * 15 24,1 14,7Note E: à utiliser avec prudence Note * 10 20,3 3,6Note E: à utiliser avec prudence Note * 2,4 5,2
3 3,5 3,1 4,1 61,3Note * 54,0 68,1 14,3Note E: à utiliser avec prudence 9,9 20,3 12,6Note E: à utiliser avec prudence Note * 7,8 19,6 11,8Note E: à utiliser avec prudence Note * 8,0 17,1
4 1,7 1,4 2,1 75,9Note * 67,1 82,9 10,6Note E: à utiliser avec prudence 6,3 17,3 9,2Note E: à utiliser avec prudence Note * 4,8 17,0 4,3Note E: à utiliser avec prudence Note * 2,2 8,1
5 ou 6 1,8 1,5 2,3 67,2Note * 52,3 79,3 Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
7 à 15 1,1 0,9 1,3 75,6Note * 63,3 84,8 Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
0 à 3 (sans perte de contrôle) 95,3 94,7 95,9 23,5 22,4 24,6 11,6 10,8 12,5 25,6 24,4 26,7 39,3 38,0 40,6
4 à 15 (avec perte de contrôle) 4,7 4,1 5,3 72,4Tableau 1 Note  65,1 78,7 14,1Note E: à utiliser avec prudence 9,0 21,4 8,6Note E: à utiliser avec prudence Tableau 1 Note  5,1 14,3 4,9Note E: à utiliser avec prudence Tableau 1 Note  3,0 8,0

Le symptôme le plus fréquent de l’échelle SDS était la difficulté de s’arrêter ou de s’abstenir de consommer du cannabis, alors que 12,6 % des consommateurs de l’année précédente ont déclaré qu’il serait assez difficile, très difficile ou impossible de le faire (tableau 2).


Tableau 2
Pourcentage de consommateurs de cannabis de l’année précédente ayant déclaré éprouver des symptômes de perte de contrôle à l'égard de leur consommation selon chaque question de l’échelle de gravité de dépendance au cannabis, population à domicile âgée de 15 ans et plus, Canada, 2019 et 2020
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage de consommateurs de cannabis de l’année précédente ayant déclaré éprouver des symptômes de perte de contrôle à l'égard de leur consommation selon chaque question de l’échelle de gravité de dépendance au cannabis. Les données sont présentées selon Questions de l'échelle SDS - au cours des 12 derniers mois (titres de rangée) et Pointage selon l’échelle SDS, Dans l’ensemble, Hommes, Femmes, % et Intervalle
de confiance
à 95 %(figurant comme en-tête de colonne).
Questions de l'échelle SDS - au cours des 12 derniers mois Pointage selon l’échelle SDS Dans l’ensemble Hommes FemmesTableau 2 Note 
% Intervalle
de confiance
à 95 %
% Intervalle
de confiance
à 95 %
% Intervalle
de confiance
à 95 %
de à de à de à
À quelle fréquence pensez-vous que votre consommation de cannabis a été hors de contrôle?
Jamais / presque jamais 0 94,0 93,3 94,7 92,6Note * 91,5 93,7 96,0 95,1 96,8
Parfois 1 4,9 4,3 5,6 6,0Note * 5,1 7,0 3,4 2,7 4,3
Souvent 2 0,7Note E: à utiliser avec prudence 0,4 1,0 0,9Note E: à utiliser avec prudence Note * 0,5 1,5 0,4Note E: à utiliser avec prudence 0,2 0,7
Toujours / presque toujours 3 0,4Note E: à utiliser avec prudence 0,2 0,6 0,5Note E: à utiliser avec prudence Note * 0,3 0,9 0,2Note E: à utiliser avec prudence 0,1 0,3
À quelle fréquence l’idée de manquer une dose de cannabis vous a-t-elle fait ressentir de l’anxiété ou de l’inquiétude?
Jamais / presque jamais 0 93,5 92,9 94,1 92,8Note * 91,9 93,6 94,5 93,6 95,3
Parfois 1 5,2 4,7 5,8 5,9Note * 5,2 6,8 4,1 3,4 4,9
Souvent 2 0,8 0,6 1,0 0,8Note E: à utiliser avec prudence 0,6 1,2 0,8Note E: à utiliser avec prudence 0,5 1,2
Toujours / presque toujours 3 0,5Note E: à utiliser avec prudence 0,4 0,7 0,4Note E: à utiliser avec prudence 0,3 0,7 0,6Note E: à utiliser avec prudence 0,4 0,9
À quelle fréquence votre consommation de cannabis vous a-t-elle fait ressentir de l'inquiétude?
Jamais / presque jamais 0 91,8 91,1 92,6 90,3Note * 89,1 91,3 94,1 93,1 94,9
Parfois 1 6,6 6,0 7,3 7,7Note * 6,8 8,7 5,1 4,4 6,1
Souvent 2 1,2Note E: à utiliser avec prudence 0,9 1,6 1,7Note E: à utiliser avec prudence Note * 1,2 2,4 0,4Note E: à utiliser avec prudence 0,3 0,7
Toujours / presque toujours 3 0,4Note E: à utiliser avec prudence 0,2 0,5 0,4Note E: à utiliser avec prudence 0,2 0,6 0,4Note E: à utiliser avec prudence 0,2 0,7
À quelle fréquence avez-vous souhaité être en mesure d'arrêter de consommer du cannabis?
Jamais / presque jamais 0 90,4 89,6 91,2 89,3Note * 88,1 90,5 91,9 90,9 92,9
Parfois 1 6,7 6,1 7,5 7,5Note * 6,5 8,6 5,7 4,9 6,7
Souvent 2 1,6 1,3 2,0 2,0Note * 1,6 2,6 1,1Note E: à utiliser avec prudence 0,8 1,5
Toujours / presque toujours 3 1,2 1,0 1,5 1,2 0,9 1,5 1,3Note E: à utiliser avec prudence 0,9 1,8
Vous serait-il difficile d’arrêter de consommer du cannabis ou de vous en passer?
Pas difficile 0 87,4 86,5 88,3 86,0Note * 84,7 87,2 89,5 88,2 90,6
Assez difficile 1 9,0 8,2 9,8 10,0Note * 9,0 11,2 7,4 6,5 8,5
Très difficile 2 2,9 2,5 3,3 3,2Note * 2,6 3,8 2,4 1,9 3,0
Impossible 3 0,7 0,6 1,0 0,8Note E: à utiliser avec prudence 0,6 1,1 0,7Note E: à utiliser avec prudence 0,5 1,1

Perte de contrôle à l’égard de la consommation

Selon l’ESCC de 2019-2020, un pourcentage plus élevé d’hommes (5,2 %) que de femmes (4,0 %) ont éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation (tableau 3). La prévalence d’une perte de contrôle à l’égard de la consommation de cannabis au cours de l’année précédente était plus élevée chez les personnes âgées de 18 à 24 ans (7,9 %) que chez les personnes plus âgées (4,8 % chez les 25 à 44 ans, 2,7 % chez les 45 à 64 ans et 1,6 % chez les 65 ans et plus) et comparable à l’estimation d’une perte de contrôle à l’égard de la consommation chez les 15 à 17 ans (5,5 %).


Tableau 3
Nombre et pourcentage de consommateurs de cannabis de l'année précédente ayant éprouvé une perte de contrôle à l'égard de leur consommation (échelle de gravité de dépendance au cannabis ≥ 4) selon certains facteurs sociodémographiques, de santé, de comportement lié à la santé et de consommation de cannabis, population à domicile âgée de 15 ans et plus, Canada, 2019 et 2020
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre et pourcentage de consommateurs de cannabis de l'année précédente ayant éprouvé une perte de contrôle à l'égard de leur consommation (échelle de gravité de dépendance au cannabis ≥ 4) selon certains facteurs sociodémographiques en milliers, % et Intervalle de confiance à 95 % (figurant comme en-tête de colonne).
en milliers % Intervalle de confiance à 95 %
de à
Total         299.5 4,7 4,1 5,3
Sexe
Hommes         193.7 5,2Note * 4,4 6,1
FemmesTableau 3 Note          105.8 4,0 3,3 4,8
Groupe d’âge
15 à 17 ans              9.2Note E: à utiliser avec prudence 5,5Note E: à utiliser avec prudence 3,6 8,2
18 à 24 ansTableau 3 Note  91,5 7,9 6,1 10,1
25 à 44 ans         148.5 4,8Note * 4,0 5,8
45 à 64 ans           43.4 2,7Note * 2,1 3,6
65 ans ou plus              6.9Note E: à utiliser avec prudence 1,6Note E: à utiliser avec prudence Note * 1,0 2,5
État matrimonial
Célibataire ou jamais marié(e)         184.7 7,0Note * 5,9 8,3
Marié(e) ou en union libreTableau 3 Note  98,6 3,0 2,5 3,7
Divorcé(e), séparé(e) ou veuf(ve) 16,3Note E: à utiliser avec prudence 3,0Note E: à utiliser avec prudence 2,2 4,2
Orientation sexuelle
Hétérosexuel(le)Tableau 3 Note          247.6 4,3 3,7 5,0
Minorité sexuelle           46.4Note E: à utiliser avec prudence 8,5Note E: à utiliser avec prudence Note * 6,1 11,6
Identité autochtone
Oui           29.6Note E: à utiliser avec prudence 7,2Note E: à utiliser avec prudence Note * 5,2 9,8
NonTableau 3 Note  265,5 4,5 3,9 5,2
Premières Nations vivant hors réserve
(identité unique)
          13.1Note E: à utiliser avec prudence 6,7Note E: à utiliser avec prudence 4,6 9,7
Métis (identité unique)    12.5Note E: à utiliser avec prudence 6,6Note E: à utiliser avec prudence 3,7 11,4
Inuit (identité unique)              1.4Note E: à utiliser avec prudence 11,8Note E: à utiliser avec prudence Note * 6,7 19,9
Identités multiples Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Revenu du ménage
Tranche inférieure de 20 %           98.3 7,9Note * 6,3 9,7
Hors de la tranche inférieure de 20 %Tableau 3 Note  198,9 3,9 3,3 4,5
Trouble anxieux ou de l’humeur diagnostiqué
Oui 139,3 9,2Note * 7,8 10,8
NonTableau 3 Note  159,2 3,3 2,7 3,9
Fumeur quotidien (tabac)
Oui 94,0 8,0Note * 6,3 10,0
NonTableau 3 Note          205.5 3,9 3,4 4,6
Buveur excessif
Oui         105.9 4,2 3,4 5,2
NonTableau 3 Note  191,5 4,9 4,2 5,8
Âge à la première expérience de consommation
18 ans et plus 86,9 3,1Note * 2,4 4,1
16 ou 17 ansTableau 3 Note  71,4 4,1 3,1 5,4
15 ans ou moins 140,7 7,6Note * 6,4 9,0
Type de consommateur de cannabis
À des fins non médicales seulementTableau 3 Note          132.0 3,6 3,0 4,3
À des fins médicales seulement avec ou
sans document
46,4Note E: à utiliser avec prudence 4,5Note E: à utiliser avec prudence 3,1 6,5
À des fins médicales et non médicales         118.5 7,9Note * 6,5 9,5
Fréquence de la consommation de cannabis
Tous les jours ou presque tous les jours         216.8 13,1Note * 11,6 14,9
Plus d’une fois par semaine           42.1Note E: à utiliser avec prudence 5,6Note E: à utiliser avec prudence Note * 3,5 8,9
Chaque semaine ou une à trois fois par mois 25,9Note E: à utiliser avec prudence 1,6Note E: à utiliser avec prudence Note * 0,9 2,8
Moins d’une fois par moisTableau 3 Note  14,7Note E: à utiliser avec prudence 0,6Note E: à utiliser avec prudence 0,4 1,0

Le pourcentage de consommateurs de cannabis satisfaisant aux critères de perte de contrôle à l’égard de leur consommation était environ le double chez les personnes qui se déclaraient gaies, lesbiennes ou bisexuelles, ou dont l’orientation sexuelle n’était pas classée ailleurs, comparativement à celles qui se déclaraient hétérosexuelles (8,5 % comparativement à 4,3 % respectivement). Le pourcentage de consommateurs de cannabis ayant éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation était également environ deux fois plus élevé lorsque les personnes étaient célibataires ou jamais mariées (par rapport à celles qui étaient mariées ou vivaient en union libre), appartenaient aux ménages du quintile de revenu le plus faible ou déclaraient être des fumeurs quotidiens.

Une perte de contrôle à l’égard de la consommation de cannabis était également plus courante chez les personnes déclarant un diagnostic d’anxiété ou de trouble de l’humeur (9,2 %) et chez les Inuit (11,8 %), comparativement à celles n’ayant pas reçu de diagnostic d’anxiété ou de trouble de l’humeur (3,3 %) et aux non-Autochtones (4,5 %). Chez les Autochtones, la perte de contrôle à l’égard de la consommation de cannabis était également plus élevée que l’estimation correspondante chez les non-Autochtones (7,2 % comparativement à 4,5 % respectivement). L’âge du début de la consommation de cannabis et la raison de la consommation étaient également liés au fait d’avoir éprouvé une perte de contrôle à l’égard de la consommation. Par exemple, 7,6 % des consommateurs de l’année précédente ayant essayé le cannabis pour la première fois à l’âge de 15 ans ou moins ont obtenu un pointage de 4 ou plus sur l’échelle SDS, ce qui signifie une perte de contrôle à l’égard de la consommation, un pourcentage supérieur aux estimations de 3,1 % et de 4,1 % pour les personnes l’ayant essayé pour la première fois lorsqu’elles étaient plus âgées. Les estimations correspondantes de la perte de contrôle pour les consommateurs ayant déclaré une double consommation (c.-à-d. à des fins médicales et non médicales) par rapport à une utilisation non médicale seulement affichaient une différence d’environ le double (respectivement 7,9 % et 3,6 %). De plus, la perte de contrôle à l’égard de la consommation augmentait avec la fréquence de la consommation, passant de moins de 1 % (0,6 %) chez les personnes consommant du cannabis moins d’une fois par mois à un maximum de 13,1 % chez les personnes ayant consommé du cannabis tous les jours ou presque tous les jours au cours de l’année précédente. Les répartitions en pourcentage de la fréquence de consommation de cannabis selon le pointage sur l’échelle SDS (de 0 à 15) démontrent également ce lien (tableau 1). Par exemple, plus de 7 consommateurs de cannabis sur 10 dont le pointage selon l’échelle SDS était supérieur ou égal à 4 (72,4 %) ont déclaré une consommation quotidienne ou quasi quotidienne, soit environ quatre fois et demie le pourcentage (16,1 %) de ceux dont le pointage selon l’échelle SDS était de 0. À l’inverse, les consommateurs occasionnels (c.-à-d. quelques fois par mois ou moins) représentaient 62,5 % des consommateurs ayant un pointage de 0 selon l’échelle SDS, comparativement à 13,5 % de ceux ayant un pointage de 4 ou plus selon l’échelle SDS.

Bien sûr, les caractéristiques sociodémographiques, la santé mentale, les comportements liés à la santé et les variables liées à l’exposition au cannabis ne sont pas nécessairement associés de façon indépendante au risque de perte de contrôle à l’égard de la consommation. Lors de la prise en compte de la confusion potentielle au moyen d’une régression logistique multivariée, certaines associations bivariées n’étaient plus statistiquement significatives (tableau 4). Néanmoins, la probabilité d’éprouver une perte de contrôle à l’égard de la consommation demeurait élevée pour les hommes (rapport de cotes corrigé [RCC] = 1,5), les personnes célibataires ou jamais mariées (RCC = 1,5), les personnes appartenant à un ménage à faible revenu (RCC = 1,4), les personnes ayant reçu un diagnostic d’anxiété ou de trouble de l’humeur (RCC = 2,1), les personnes ayant commencé à consommer du cannabis à l’âge de 15 ans ou moins (RCC = 1,6) et les personnes ayant consommé du cannabis au moins une fois par mois (RCC = 3,2 à 28,3). En revanche, le fait d’être âgé de 25 ans et plus s’avérait toujours une protection contre le risque d’éprouver une perte de contrôle à l’égard de la consommation (RCC = 0,2 à 0,5). 


Tableau 4
Cotes corrigées et non corrigées associant certaines caractéristiques à une perte de contrôle à l'égard de la consommation de cannabis au cours des 12 derniers mois, parmi les consommateurs de cannabis de l’année précédente, population à domicile âgée de 15 ans et plus, Canada, 2019 et 2020
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Cotes corrigées et non corrigées associant certaines caractéristiques à une perte de contrôle à l'égard de la consommation de cannabis au cours des 12 derniers mois Non corrigée, Corrigée , Rapport
de cotes et Intervalle de
confiance à 95 % (figurant comme en-tête de colonne).
Non corrigée Corrigée
Rapport
de cotes
Intervalle de
confiance à 95 %
Rapport
de cotes
Intervalle de
confiance à 95 %
de à de à
Sexe
Hommes 1,3Note * 1,0 1,7 1,5Note * 1,1 1,9
FemmesTableau 4 Note  1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0
Groupe d’âge
15 à 17 ans 0,7 0,4 1,1 0,7 0,4 1,4
18 à 24 ansTableau 4 Note  1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0
25 à 44 ans 0,6Note * 0,4 0,8 0,5Note * 0,4 0,8
45 à 64 ans 0,3Note * 0,2 0,5 0,3Note * 0,2 0,5
65 ans ou plus 0,2Note * 0,1 0,3 0,2Note * 0,1 0,4
État matrimonial
Célibataire ou jamais marié(e) 2,4Note * 1,8 3,1 1,5Note * 1,1 2,1
Marié(e) ou en union libreTableau 4 Note  1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0
Divorcé(e), séparé(e) ou veuf(ve) 1,0 0,7 1,5 1,0 0,6 1,5
Orientation sexuelle
Hétérosexuel(le)Tableau 4 Note  1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0
Minorité sexuelle 2,1Note * 1,4 3,0 1,2 0,8 1,9
Identité autochtone
Oui 1,6Note * 1,1 2,4 1,0 0,7 1,4
NonTableau 4 Note  1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0
Revenu du ménage
Tranche inférieure de 20 % 2,1Note * 1,6 2,8 1,4Note * 1,0 1,9
Hors de la tranche inférieure de 20 %Tableau 4 Note  1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0
Trouble anxieux ou de l’humeur diagnostiqué
Oui 3,0Note * 2,3 3,9 2,1Note * 1,5 2,8
NonTableau 4 Note  1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0
Fumeur quotidien (tabac)
Oui 2,1Note * 1,6 2,9 1,2 0,9 1,8
NonTableau 4 Note  1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0
Buveur excessif
Oui 0,8 0,6 1,1 0,9 0,6 1,2
NonTableau 4 Note  1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0
Âge à la première expérience de consommation
18 ans et plus 0,8 0,5 1,1 1,3 0,8 2,1
16 ou 17 ansTableau 4 Note  1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0
15 ans ou moins 1,9Note * 1,4 2,7 1,6Note * 1,1 2,3
Type de consommateur de cannabis
À des fins non médicales seulementTableau 4 Note  1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0
À des fins médicales seulement avec ou sans document 1,3 0,8 2,0 0,8 0,4 1,5
À des fins médicales et non médicales 2,3Note * 1,7 3,1 0,9 0,7 1,3
Fréquence de la consommation de cannabis
Tous les jours ou presque tous les jours 24,8Note * 14,6 42,1 28,3Note * 14,9 54,0
Plus d’une fois par semaine 9,7Note * 4,6 20,4 11,4Note * 5,2 25,3
Chaque semaine ou une à trois fois par mois 2,7Note * 1,3 5,7 3,2Note * 1,4 7,1
Moins d’une fois par moisTableau 4 Note  1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0

L’analyse multivariée a également permis d’examiner le lien avec un autre facteur de risque bien connu en matière de consommation de cannabis et de dépendance à cette substance : le tabagisme quotidien (cigarettes). Une fois les autres facteurs pris en compte, ce lien n’était plus statistiquement significatif. De plus, les différences selon l’identité autochtone, le type de consommation de cannabis (non médicale ou médicale) et l’orientation sexuelle n’étaient plus significatives.

Les problèmes liés au cannabis sont plus courants chez les consommateurs ayant éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation

Le pourcentage de consommateurs de cannabis de l’année précédente ayant déclaré des conséquences néfastes de leur consommation ou qu’une personne leur ait dit qu’elle était préoccupée par leur consommation était jusqu’à 10 fois plus élevé chez les personnes ayant éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation que chez celles n’ayant pas éprouvé une perte de contrôle (tableau 5). Cette tendance était également généralement observée pour les deux sexes, pour la plupart des groupes d’âge (c.-à-d. les consommateurs de cannabis de moins de 65 ans) et pour les personnes ayant déclaré consommer du cannabis au moins une fois par mois.


Tableau 5
Pourcentage de consommateurs de cannabis de l'année précédente avec et sans perte de contrôle à l'égard de leur consommation (pointage selon l’échelle de gravité de dépendance au cannabis ≥ 4 par rapport à < 4) ayant déclaré des effets néfastes liés au cannabis au cours des 12 derniers mois, population à domicile âgée de 15 ans et plus, Canada, 2019 et 2020
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage de consommateurs de cannabis de l'année précédente avec et sans perte de contrôle à l'égard de leur consommation (pointage selon l’échelle de gravité de dépendance au cannabis ≥ 4 par rapport à < 4) ayant déclaré des effets néfastes liés au cannabis au cours des 12 derniers mois Le cannabis a entraîné des problèmes de santé, sociaux, juridiques ou financiers, Un membre de la famille, un ami, un médecin ou un autre professionnel de la santé s’est inquiété à propos de votre consommation de cannabis ou vous a suggéré de réduire votre consommation, Vous n’avez pas fait ce à quoi on s’attendait normalement de vous en raison de votre consommation de cannabis, Tout effet néfaste, Perte de contrôle, Sans perte de contrôle, % et Intervalle
de confiance
à 95 %(figurant comme en-tête de colonne).
Le cannabis a entraîné des problèmes de santé, sociaux, juridiques ou financiers Un membre de la famille, un ami, un médecin ou un autre professionnel de la santé s’est inquiété à propos de votre consommation de cannabis ou vous a suggéré de réduire votre consommation Vous n’avez pas fait ce à quoi on s’attendait normalement de vous en raison de votre consommation de cannabis Tout effet néfaste
Perte de contrôle Sans perte de contrôle Perte de contrôle Sans perte de contrôle Perte de contrôle Sans perte de contrôle Perte de contrôle Sans perte de contrôle
% Intervalle
de confiance
à 95 %
% Intervalle
de confiance
à 95 %
% Intervalle
de confiance
à 95 %
% Intervalle
de confiance
à 95 %
% Intervalle
de confiance
à 95 %
% Intervalle
de confiance
à 95 %
% Intervalle
de confiance
à 95 %
% Intervalle
de confiance
à 95 %
de à de à de à de à de à de à de à de à
Total 21,7 17,1 27,2 2,1Tableau 5 Note  1,8 2,6 33,0 27,4 39,0 4,2Tableau 5 Note  3,6 4,9 18,1 13,5 24,0 1,8Tableau 5 Note  1,4 2,3 50,2 43,9 56,5 6,9Tableau 5 Note  6,2 7,7
Sexe
Hommes 24,5 18,4 32,0 2,4Tableau 5 Note  1,8 3,1 33,7 26,7 41,6 5,6Tableau 5 Note  Note * 4,7 6,6 19,3Note E: à utiliser avec prudence 13,5 27,0 2,3Tableau 5 Note  Note * 1,7 3,0 53,1 44,7 61,4 8,3Tableau 5 Note  Note * 7,3 9,5
Femmes† 16,6Note E: à utiliser avec prudence 11,2 24,1 1,8Tableau 5 Note  1,4 2,4 31,6Note E: à utiliser avec prudence 22,8 41,9 2,4Tableau 5 Note  1,8 3,2 15,8Note E: à utiliser avec prudence 8,9 26,7 1,1Note E: à utiliser avec prudence Tableau 5 Note  0,7 1,9 44,9 35,3 55,0 4,9Tableau 5 Note  4,0 6,0
Groupe d’âge
15 à 17 ans 31,0Note E: à utiliser avec prudence 15,1 53,1 Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note * 47,2 83,7 14,7Note E: à utiliser avec prudence Tableau 5 Note  10,2 20,9 45,2Note E: à utiliser avec prudence 26,1 65,9 5,5Note E: à utiliser avec prudence Tableau 5 Note  2,8 10,3 75,6 54,7 88,8 19,9Tableau 5 Note  Note * 14,8 26,4
18 à 24 ansTableau 5 Note  26,5Note E: à utiliser avec prudence 17,4 38,2 2,2Note E: à utiliser avec prudence Tableau 5 Note  1,4 3,5 39,5Note E: à utiliser avec prudence 28,3 51,8 9,2Tableau 5 Note  7,2 11,8 28,2Note E: à utiliser avec prudence 17,6 42,1 3,1Note E: à utiliser avec prudence Tableau 5 Note  1,8 5,2 56,1 43,8 67,6 12,9Tableau 5 Note  Note * 10,4 16,0
25 à 44 ans 21,6Note E: à utiliser avec prudence 14,9 30,2 2,1Note E: à utiliser avec prudence Tableau 5 Note  1,5 2,9 31,8 24,1 40,7 3,5Tableau 5 Note  Note * 2,8 4,5 12,1Note E: à utiliser avec prudence Note * 7,7 18,6 1,5Note E: à utiliser avec prudence Tableau 5 Note  1,0 2,1 49,0 39,5 58,5 5,9Tableau 5 Note  Note * 5,0 7,0
45 à 64 ans 12,9Note E: à utiliser avec prudence Note * 7,3 21,8 2,2Note E: à utiliser avec prudence Tableau 5 Note  1,6 3,0 21,3Note E: à utiliser avec prudence Note * 12,2 34,5 2,1Note E: à utiliser avec prudence Tableau 5 Note  Note * 1,3 3,3 Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 1,5Note E: à utiliser avec prudence 0,8 2,7 43,4Note E: à utiliser avec prudence 30,9 56,8 4,5Tableau 5 Note  Note * 3,5 5,8
65 ans ou plus Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 2,2Note E: à utiliser avec prudence 1,5 3,2 Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 1,3Note E: à utiliser avec prudence Note * 0,8 2,4 Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 1,0Note E: à utiliser avec prudence Note * 0,7 1,5 Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 4,2Note * 3,2 5,5
Fréquence de la consommation de cannabis
Tous les jours ou presque tous les jours 21,6 16,8 27,2 3,1Tableau 5 Note  Note * 2,4 3,9 34,0 28,0 40,5 8,6Tableau 5 Note  Note * 7,0 10,5 14,3Note E: à utiliser avec prudence 10,2 19,6 2,6Note E: à utiliser avec prudence 1,8 3,7 49,1 42,5 55,7 12,2Tableau 5 Note  Note * 10,5 14,2
Plus d’une fois par semaine Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 2,3Note E: à utiliser avec prudence 1,4 3,9 36,5Note E: à utiliser avec prudence 17,8 60,3 7,1Note E: à utiliser avec prudence Tableau 5 Note  Note * 5,0 9,9 40,5Note E: à utiliser avec prudence 20,4 64,5 2,0Note E: à utiliser avec prudence Tableau 5 Note  1,2 3,4 60,8Note E: à utiliser avec prudence 34,6 82,0 10,0Tableau 5 Note  Note * 7,7 12,8
Chaque semaine ou
une à trois fois par mois
Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 2,2Note E: à utiliser avec prudence 1,4 3,4 Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 3,2Note E: à utiliser avec prudence Note * 2,2 4,5 Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 1,7Note E: à utiliser avec prudence 0,9 2,9 50,9Note E: à utiliser avec prudence 26,7 74,7 5,5Tableau 5 Note  Note * 4,2 7,2
Moins d’une fois par mois† Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 1,2Note E: à utiliser avec prudence 0,8 1,9 Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 1,0Note E: à utiliser avec prudence 0,6 1,7 Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 1,3Note E: à utiliser avec prudence 0,8 2,3 Note F: trop peu fiable pour être publié Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 3,3Note E: à utiliser avec prudence 2,4 4,4

Discussion

La présente étude repose sur des données canadiennes représentatives à l’échelle nationale recueillies en 2019 et 2020, et permet d’examiner la prévalence globale de la perte de contrôle à l’égard de la consommation de cannabis et de déterminer les variables de caractéristiques sociodémographiques, de santé mentale, de comportement lié à la santé et d’exposition à l’égard de la consommation de cannabis indépendamment associées à un risque accru d’éprouver une perte de contrôle. 

L’un des trois principaux objectifs de la Loi sur le cannabis est de protéger la santé et la sécurité publiques en permettant aux adultes d’avoir un accès légal au cannabisNote 47. Par conséquent, le suivi du nombre de personnes ayant éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation selon l’échelle SDS au cours des années qui ont suivi la légalisation pourrait contribuer à évaluer l’incidence de l’objectif de cette loi. La quantification du nombre de consommateurs de l’année précédente ayant éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation pourrait également être utilisée pour la planification des services de santé et d’éducation liés au cannabis, car certains consommateurs auront besoin d’un traitementNote 12, Note 21.

Bon nombre des caractéristiques sociodémographiques associées à un risque accru de perte de contrôle à l’égard de la consommation dans le cadre de la présente étude, y compris le fait d’être de sexe masculin, d’être âgé de 18 à 24 ans, d’être célibataire (jamais marié) et de gagner un revenu inférieur, ont déjà été observéesNote 12, Note 17, Note 21, Note 48, Note 49. Dans le cadre de cette étude, le prédicateur le plus important d’une perte de contrôle à l’égard de la consommation était la fréquence, les consommateurs dont la consommation était plus importante enregistrant les probabilités les plus élevées. Il s’agit d’un facteur de risque bien connu de dépendance au cannabis, de consommation problématique et d’effets néfastes connexesNote 45, Note 48, Note 50.

Le fait d’avoir reçu un diagnostic d’anxiété ou de trouble de l’humeur augmentait également la probabilité d’éprouver une perte de contrôle à l’égard de la consommation. Des études menées dans d’autres pays ont également révélé ce lienNote 12, Note 17, Note 49, Note 51, Note 52. La question de savoir si la consommation de cannabis contribue à une moins bonne santé mentale ou si les personnes ayant une moins bonne santé mentale consomment du cannabis pour gérer leurs symptômes demeure non résolue.

Comme il s’agit de la première fois où l’échelle SDS est comprise dans une vaste enquête sur la santé au Canada représentative à l’échelle nationale, l’évaluation de l’estimation de la perte de contrôle à l’égard de la consommation de 4,7 % qui repose sur cette échelle est imparfaite dans la présente étude.

Idéalement, l’ESCC aurait intégré les questions de l’échelle SDS en plus d’un autre outil complet et validé, afin que la prévalence de l’abus de cannabis, de la dépendance au cannabis et de troubles liés à la consommation de cannabis puisse être estimée, permettant ainsi d’évaluer plus systématiquement les différences entre les outils, les enquêtes et les pays.

Selon la présente étude, des pourcentages plus élevés de consommateurs de cannabis ayant éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation (comparativement à ceux n’ayant pas éprouvé de perte de contrôle) ont déclaré ne pas avoir répondu à d’autres attentes ou obligations; avoir connu divers problèmes de santé, sociaux, juridiques ou financiers en raison de cette consommation; et se faire dire par d’autres personnes qu’elles étaient préoccupées par leur consommation de cannabis. Compte tenu du chevauchement considérable entre les différents outils de dépistage, utilisés pour déterminer les consommateurs de cannabis susceptibles d’être à risque d’éprouver des problèmes ou éprouvant actuellement des problèmes liés à la consommation, et les critères de diagnostic pour déceler des troubles liés à la consommation de cannabis, une dépendance au cannabis et un abus de cannabis, ce constat était attenduNote 8, Note 9, Note 10, Note 13, Note 46.  

Points forts et limites

La présente étude comporte plusieurs points forts, y compris l’utilisation de données canadiennes récentes et représentatives à l’échelle nationale provenant des provinces et des territoires, un vaste éventail de covariables et l’administration de l’enquête après la légalisation de la consommation de cannabis à des fins non médicales. Néanmoins, les résultats de l’étude doivent être interprétés à la lumière de plusieurs limites.

Bien que l’ESCC de 2019-2020 soit vaste comparativement à de nombreuses autres enquêtes canadiennes de surveillance de l’usage de drogues ou enquêtes par échantillonnage de commodité, le problème des échantillons de petite taille n’a pas été entièrement évité et pourrait avoir réduit la capacité de détecter certaines différences statistiquement significatives. De même, la présente analyse reposait parfois sur des définitions de covariables plus générales qu’il n’était souhaitable en raison du nombre limité de répondants dans certaines cellules.

L’ESCC est une riche source de renseignements sur la santé, la santé mentale, les déterminants de la santé et les caractéristiques sociodémographiques; toutefois, certaines covariables pertinentes (en particulier en matière d’exposition au cannabis et aux drogues) n’étaient pas disponibles, notamment la quantité consommée, les produits ou les quantités de tétrahydrocannabinol (THC) consommés (teneur), la consommation de compensation et la consommation d’autres drogues. L’augmentation de la teneurNote 53, Note 54 et de facteurs comme une consommation plus fréquente ou une consommation de produits à risque plus élevéNote 55 peut entraîner une augmentation des troubles liés à la consommation de cannabisNote 12

Bien que les poids d’enquête aient permis de veiller à ce que l’échantillon soit représentatif de la population cible, un biais est possible si la consommation de cannabis par les répondants et les non-répondants différait systématiquement.

Étant donné que la pandémie de COVID-19 a peut-être eu une incidence sur les habitudes de consommation de cannabis au-delà de la période de 2019-2020 et que l’industrie légale du commerce de détail continue d’évoluer au Canada, il pourrait être nécessaire de surveiller de façon continue les comportements liés à la consommation de cannabis pour déterminer les changements en cours. De plus, les résultats concernent les personnes vivant dans des ménages privés; les personnes sans abri (groupe particulièrement sensible à la toxicomanie et aux problèmes de santé mentale) ne sont pas représentées.

Les renseignements tirés de l’enquête ont été autodéclarés et n’ont pas été vérifiés, bien que des mécanismes de qualité aient été appliqués à toutes les étapes de la collecte, du traitement, de l’analyse et de la production des données. La volonté de divulguer la consommation de cannabis a peut-être augmenté avec la légalisationNote 56. La nature transversale des données ne permet pas la plupart des inférences causales.

Conclusion

Il s’agit de la première étude nationale basée sur la population fournissant des renseignements sociodémographiques détaillés et d’autres renseignements sur les risques encourus par les consommateurs de cannabis canadiens qui ont éprouvé une perte de contrôle à l’égard de leur consommation, à l’aide de données recueillies après la légalisation. Il s’agit d’une période importante pour la surveillance et la recherche sur la consommation de cannabis, étant donné que la consommation légale de cannabis à des fins non médicales par des adultes au Canada est un changement de politique récent, que l’industrie du commerce de détail légal est toujours en cours de développement et que les règlements de la Loi sur le cannabis sont en cours d’examen et risquent d’être réduits. Une meilleure compréhension des habitudes de consommation et des caractéristiques des personnes vulnérables à des troubles liés à la consommation de cannabis, à une dépendance au cannabis et à un abus de cannabis, ainsi que de celles éprouvant actuellement des problèmes en raison de leur consommation, pourrait contribuer à l’élaboration de politiques, de prévention et d’initiatives d’éducation plus efficaces.

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