Résumé
Contexte
À la suite de la déclaration d’urgence de 2016 relative aux surdoses d’opioïdes en Colombie-Britannique, les intervenants provinciaux ont collaboré pour coupler des données et ainsi constituer la cohorte provinciale des victimes de surdoses en Colombie-Britannique. Cette base de données contient des renseignements sur les personnes qui ont fait une surdose d’opioïdes et elle permet d’orienter l’élaboration de politiques et d’interventions. Par la suite, Statistique Canada a également constitué une cohorte et a intégré des données fédérales pour élargir la portée de l’initiative de la Colombie-Britannique, ce qui a permis d’obtenir des renseignements provenant d’une source fédérale sur la situation des personnes qui n’étaient pas accessibles autrement.
Méthodes
Le Fichier analytique sur les surdoses d’opioïdes en Colombie-Britannique de Statistique Canada permet de caractériser la situation socioéconomique de 13 318 personnes qui sont décédées en raison de la toxicité de drogues illicites ou qui ont fait une surdose d’opioïdes non mortelle en Colombie-Britannique du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2016. Statistique Canada a couplé des données fédérales sur l’immigration, l’emploi, le système de justice et les prestations d’aide sociale versées dans l’année de la première surdose et les années antérieures de la personne.
Résultats
Au cours de la période d’observation, la plupart (78 %) des personnes ont eu un épisode de surdose, et non plusieurs. Au total, 7 % des personnes de la cohorte étaient des immigrants ou des résidents temporaires, dont 41 % sont arrivés au Canada plus de 20 ans avant leur surdose de référence. La moitié (49,6 %) d’entre elles n’avaient pas reçu d’aide sociale, et le tiers (33,8 %) des personnes occupaient un emploi, principalement dans le secteur de la construction (21 % des personnes occupant un emploi), au cours de l’année ayant précédé leur surdose de référence. La plupart (65,5 %) des personnes qui occupaient un emploi ont connu des périodes de chômage dans les cinq années ayant précédé leur surdose de référence. Les décès dus à la toxicité de drogues illicites étaient plus fréquents chez les personnes occupant un emploi (36,1 %). Environ 60 % des personnes n’avaient eu aucun contact officiel avec la police au cours des deux années ayant précédé la surdose de référence.
Interprétation
Ce projet a permis de démontrer une valeur ajoutée supplémentaire par rapport aux données existantes grâce à l’approche de couplage, et son harmonisation avec les stratégies déployées par les partenaires de la Colombie-Britannique en matière de santé publique a permis de produire des données intersectorielles qui orientent les efforts de prévention et de gestion des surdoses d’opioïdes.
Mots clés
données administratives, données couplées, drogues illicites, opioïdes
DOI : https://www.doi.org/10.25318/82-003-x202100200003-fra
Résultats
En 2016, l’administrateur de la santé provinciale de la Colombie-Britannique a déclaré une urgence de santé publique à la suite d’une augmentation du nombre de surdoses de drogues illicites et de décès connexes. De 2011 à 2016, le nombre de décès dus à la toxicité de drogues illicites en Colombie-Britannique s’est élevé au total à 2 788, passant de 295 en 2011 à 991 en 2016. Ces décès étaient largement attribuables à l’utilisation de fentanyl illicite et de ses analogues. En 2019, ces substances ont été détectées dans 87 % des décès dus à la toxicité de drogues illicites. En 2012, cette proportion était de 5 %. Bien que la crise des opioïdes ait une portée nationale, le taux de décès attribuables aux surdoses de drogues illicites demeure disproportionnellement plus élevé en Colombie-Britannique, soit 20,7 pour 100 000 habitants (ajusté en fonction de l’âge), comparativement à 8,4 pour 100 000 habitants pour l’ensemble du Canada. [Article complet]
Auteurs
Gisèle Carrière (gisele.carriere@canada.ca) et Rochelle Garner (rochelle.garner@canada.ca) travaillent à la Division de l’analyse de la santé, Direction des études analytiques, de Statistique Canada et Claudia Sanmartin (claudia.sanmartin@canada.ca) travaille à la Division de l’analyse stratégique, des publications et de la formation, Direction des études analytiques, de Statistique Canada.
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier les représentants des intendants des données du gouvernement de la Colombie-Britannique, qui ont pu examiner la pertinence des données utilisées dans le présent rapport, ainsi que les partenaires du gouvernement de la Colombie-Britannique qui ont prodigué à Statistique Canada des conseils d’expert en matière de données : le ministère des Services de santé de la Colombie-Britannique, Elizabeth Vickery (bureau de la statistique de la Colombie-Britannique), Martin Monkman (bureau de la statistique de la Colombie-Britannique), Lisa Lapointe (Service des coroners de la Colombie-Britannique) et Tej Sidhu (Service des coroners de la Colombie-Britannique). Les experts consultés Michael Otterstatter, Amanda Slaunwhite et Margot Kuo, du Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique, méritent également des remerciements pour les conseils qu’ils ont prodigués à Statistique Canada.
« Toutes les inférences, opinions et conclusions formulées dans le présent article sont celles des auteures et ne reflètent pas les opinions ou les politiques des intendants des données. »
Début de l'encadré
Ce que l’on sait déjà sur le sujet?
- Les surdoses d’opioïdes sont plus fréquentes chez les hommes et les jeunes adultes (c.-à-d. de 20 à 39 ans).
- Les personnes qui ont fait une surdose ont beaucoup sollicité les services de santé au cours de l’année ayant précédé leur surdose.
- Les problèmes de consommation de substances et les problèmes de santé mentale étaient les principaux diagnostics établis chez les personnes qui ont été hospitalisées en Colombie-Britannique et qui ont par la suite fait une surdose.
- La plupart des personnes qui ont fait une surdose en Colombie-Britannique n’avaient pas d’ordonnance pour un opioïde analgésique, et la moitié d’entre elles n’avaient pas eu une telle ordonnance au cours des cinq années ayant précédé leur surdose.
Ce qu’apporte l’étude?
- Au total, 7 % des personnes qui ont fait une surdose en Colombie-Britannique étaient des immigrants ou des résidents temporaires, dont 41 % sont arrivés au Canada plus de 20 ans avant leur surdose de référence.
- Parmi les personnes qui ont fait une surdose en Colombie-Britannique, la moitié n’avaient pas reçu d’aide sociale.
- Le tiers des personnes de la cohorte occupaient un emploi, principalement dans le secteur de la construction, au cours de l’année ayant précédé leur surdose de référence, mais 65,5 % de ces travailleurs ont connu le chômage au cours des cinq années ayant précédé leur surdose de référence.
- Parmi les personnes qui ont fait une surdose en Colombie-Britannique, environ 60 % n’avaient eu aucun contact officiel avec la police au cours des deux années ayant précédé leur surdose de référence; parmi celles qui ont eu un tel contact, les infractions étaient principalement liées au vol à l’étalage.
Fin de l'encadré
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