Résumé

Contexte

Pour élaborer et mettre en place des politiques équitables en matière de santé mentale à l’intention des adultes canadiens, il est essentiel de comprendre la prévalence des épisodes dépressifs majeurs (EDM) et des troubles anxieux au sein des différents groupes de la population active. Cette étude vise à quantifier les tendances en matière de prévalence d’EDM, de troubles anxieux, d’EDM comorbides et de troubles anxieux, chaque année de 2000 à 2016, au sein de la population canadienne en âge de travailler, selon la situation d’activité.

Données et méthodes

Cette étude se fonde sur les données de plusieurs cycles de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes. La prévalence des EDM a été évaluée à l’aide de variantes la Composite International Diagnostic Interview et du Patient Health Questionnaire-9. La prévalence des troubles anxieux a permis de déceler la présence d’un trouble anxieux diagnostiqué par un professionnel de la santé. Les estimations de la prévalence ont été calculées pour chaque cycle d’enquête, pour trois groupes de la population active, soit les personnes occupées, les personnes au chômage et les personnes inactives. Un cadre méta-analytique stratifié selon la situation d’activité a servi à estimer les tendances relatives à la prévalence.

Résultats

Tout au long de la période de 2000 à 2016, la prévalence des EDM chez les participants des trois groupes de la population active est restée stable sur le plan statistique, se situant à 5,4 % (avec un intervalle de confiance [IC] de 95 % : de 4,7 % à 6,0 %) chez les personnes qui occupaient un emploi; à 11,7 % (IC de 95 % : de 10,4 % à 13,0 %) chez celles qui étaient au chômage; et à 9,8 % (IC de 95 % : de 8,5 % à 11,2 %) chez celles qui étaient inactives. La prévalence de l’anxiété a varié de 4,6 % à 10,8 % et augmenté au fil du temps (personnes occupées : β=0,26 %/année, IC de 95 % : de 0,08 % à 0,45 %; personnes au chômage : β=0,34 %/année, IC de 95 % : de -0,10 % à 0,78 %; personnes inactives : β=0,55 %/année, IC de 95 % : 0,15 % à 0,95 %). Pour ce qui est de la prévalence des EDM comorbides et de l’anxiété, elle a varié de 1,2 % à 4,1 % au cours de la période de 2003 à 2016.

Interprétation

Selon les tendances observées, la prévalence des EDM au sein des différents groupes de la population active est stable depuis 2000, tandis que la prévalence des troubles anxieux affiche une légère augmentation depuis 2003. Selon tous les résultats examinés, la prévalence des troubles a augmenté à mesure que la participation au marché du travail a diminué.

Mots clés

dépression, anxiété, santé mentale, population active, prévalence, surveillance, emploi, chômage, Canada

DOI : https://www.doi.org/10.25318/82-003-x202001200002-fra

Résultats

Selon l’étude sur la charge mondiale de morbidité, les troubles mentaux représentent au moins 14 % des années de vie perdues en raison d’une incapacité depuis 1990. Les troubles mentaux courants, comme les troubles dépressifs majeurs et les troubles anxieux, figurent parmi les principales causes de la charge de morbidité. À l’échelle mondiale, on estime que ces troubles sont associés à au moins 12 milliards de jours de perte de productivité par année, ce qui correspond à un coût d’environ 925 milliards de dollars américains. Étant donné leur morbidité et coût sociétal élevés, on craint que la prévalence de ces troubles mentaux courants n’ait augmenté dans les pays développés au cours des 30 dernières années. [Article complet]

Auteurs

Kathleen G. Dobson (kathleen.dobson@mail.utoronto.ca) et Cameron Mustard sont affiliés au département d’épidémiologie de l’École de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto et à l’Institut de recherche sur le travail et la santé (Toronto, Canada). Simone N. Vigod est affiliée au département de psychiatrie de l’Université de Toronto et au Women’s College Hospital and Research Institute (Toronto, Canada).Peter M. Smith est affilié au département d’épidémiologie l’École de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto et à l’Institut de recherche sur le travail et la santé (Toronto, Canada). Il est également affilié au département d’épidémiologie et de médecine préventive de l’Université Monash à Melbourne (Victoria, Australie).

Début de l'encadré

 

Ce que l’on sait déjà sur le sujet?

  • La dépression et les troubles anxieux sont extrêmement coûteux pour l’économie canadienne, et la perte de productivité de la population active contribue grandement à ces coûts.
  • Bien que des résultats antérieurs indiquent que la prévalence de ces troubles au sein de la population canadienne est stable, on en sait peu sur les tendances de leur prévalence au fil du temps, parmi les différents groupes de la population active.
  • À l’échelle internationale, il existe peu de données probantes qui rendent compte des tendances relatives à la prévalence de la dépression et des troubles anxieux au sein d’un échantillon de la population active, fondées sur des renseignements qui ont été recueillis de manière systématique sur plusieurs périodes.

Ce qu’apporte l’étude?

  • Fondée sur 17 années de données transversales recueillies de manière systématique auprès de cohortes nationales, cette étude décrit la prévalence moyenne et les tendances en matière de prévalence pour les épisodes dépressifs majeurs, la durée des épisodes dépressifs, les troubles anxieux diagnostiqués professionnellement et les épisodes dépressifs et troubles anxieux concomitants, au sein de la population canadienne occupée, au chômage et inactive.
  • La prévalence de la dépression a été stable au sein de tous les groupes de la population active, tandis que la prévalence des troubles anxieux a légèrement augmenté.
  • La prévalence de la dépression et des troubles anxieux est plus faible chez les Canadiens occupés que chez les Canadiens au chômage ou inactifs.
  • De futures recherches devraient se pencher sur la manière dont les politiques en matière de santé mentale, l’utilisation des soins de santé, les conditions macroéconomiques, la littératie en santé et la stigmatisation influencent les tendances relatives à la prévalence au sein de chaque groupe de la population active.

Fin de l'encadré

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