Rapports sur la santé
L’activité physique modérée à vigoureuse mesurée par accéléromètre chez les adultes canadiens, 2007 à 2017

Warning Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

par Janine Clarke, Rachel Colley, Ian Janssen et Mark S. Tremblay

Date de diffusion : le 21 août 2019

DOI : https://www.doi.org/10.25318/82-003-x201900800001-fra

L’inactivité physique est associée à un risque accru de développer plusieurs maladies chroniques et à un risque accru de mortalité prématuréeNote 1Note 2. On estime que l’inactivité physique est à l’origine de 3,7 % du total des coûts directs et indirects liés aux soins de santé au Canada (6,8 milliards de dollars par an)Note 3. Les Directives canadiennes en matière d’activité physique qui sont en vigueur recommandent aux adultes de faire au moins 150 minutes d’activité physique modérée à vigoureuse (APMV) par semaine à raison d’au moins 10 minutes par séance, en plus d’exercer des activités de renforcement des muscles et des os au moins deux fois par semaineNote 4Note 5Note 6. Avant qu’on commence à utiliser des accéléromètres dans le cadre de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) en 2007, on évaluait la prévalence et les tendances de l’activité physique au Canada à l’aide de données autodéclarées et de données mesurées par podomètre.

De 2007 à 2009, l’ECMS a permis de recueillir les premières données représentatives à l’échelle nationale sur l’activité physique mesurée par accéléromètre. Selon les résultats de cette enquête, 15 % des adultes pratiquaient suffisamment d’APMV pour respecter les directives en matière d’activité physiqueNote 7. Ce résultat était bien inférieur aux estimations nationales antérieures qui étaient fondées sur des données autodéclarées et selon lesquelles près des deux tiers des adultes canadiens respectaient les directives en matière d’activité physique en 2007Note 8. L’étude dont sont issues ces estimations a montré que l’activité physique au Canada avait augmenté de 1994 à 2007Note 8. L’Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vieNote 9 avait également fait état d’une croissance de l’activité physique chez les adultes canadiens de 2003 à 2013, mais un rapport plus récent indique que les niveaux d’activité physique se sont stabilisés ces dernières annéesNote 10. Maintenant que les données des nouveaux cycles de l’ECMS (de 2009 à 2017) sont accessibles, il est possible de vérifier si la tendance au fil du temps établie d’après les données mesurées par accéléromètre permet de clarifier l’observation des tendances incohérentes qui étaient fondées sur des données autodéclarées.

Les directives canadiennes recommandent aux Canadiens de faire de l’APMV par tranches d’au moins 10 minutesNote 5Note 6. La mention des séances de 10 minutes a été ajoutée à la version la plus récente des directives, car les preuves étaient insuffisantes pour démontrer que la pratique d’activité physique à raison de moins de 10 minutes par séance procurait des bienfaits substantiels pour la santéNote 2Note 4. Des données probantes plus récentes indiquent qu’il n’est pas nécessaire de faire de l’APMV à raison de 10 minutes par séance et qu’une activité physique sporadique (c.-à-d. pratiquée par tranches de moins de 10 minutes) est également associée à des bienfaits pour la santéNote 11Note 12Note 13Note 14. Ce type d’activité sporadique ou occasionnelle est difficile à saisir à l’aide de questionnaires et représente l’un des principaux avantages de l’accélérométrieNote 4Note 15. Le fait que les données accélérométriques de l’ECMS sont mesurées à la minute permet de quantifier l’APMV pratiquée par tranches de n’importe quelle durée.

Le présent article a pour objectif de donner un aperçu des niveaux d’APMV mesurée par accéléromètre chez les adultes canadiens selon l’âge et le sexe ainsi que de la mesure dans laquelle les directives en matière d’activité physique ont été respectées de 2007 à 2017. Le deuxième objectif est d’examiner la façon dont la mention des séances de 10 minutes influe sur les niveaux d’APMV ainsi que sur le respect des directives actuelles en matière d’activité physique.

Méthodes

Source des données

Les données proviennent de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) de Statistique Canada, une enquête transversale répétée qui est représentative de la population nationale et qui vise à recueillir des données autodéclarées sur la santé ainsi que des mesures directes auprès de la population canadienne âgée de 3 à 79 ans vivant dans un logement privé. Environ 96 % de la population est représentée à chaque cycle. Sont exclus de l’enquête les personnes qui vivent dans les réserves autochtones, sur des terres publiques, dans des établissements et dans certaines régions éloignées ainsi que les membres à temps plein des Forces armées canadiennes. Les données ont été recueillies de mars 2007 à février 2009 (cycle 1), d’août 2009 à novembre 2011 (cycle 2), de janvier 2012 à décembre 2013 (cycle 3), de janvier 2014 à décembre 2015 (cycle 4) et de janvier 2016 à décembre 2017 (cycle 5). La collecte des données de chaque cycle s’est effectuée en deux volets. Tout d’abord, à leur domicile, les participants à l’enquête ont répondu à un questionnaire portant sur les caractéristiques sociodémographiques et les comportements influant sur la santé. Ensuite, on leur a donné rendez-vous à un centre d’examen mobile, où on a pris une série de mesures physiques (p. ex. la taille, le poids, la tension artérielle) et on a fourni les accéléromètres aux participants. Le Comité d’éthique de la rechercheNote 16Note 17Note 18Note 19Note 20Note 21 de Santé Canada a donné son approbation déontologique pour l’ECMS. De plus amples renseignements sur l’enquête figurent dans d’autres publicationsNote 17Note 18Note 19Note 20Note 21Note 22.

L’échantillon de l’étude comprend des personnes interrogées de 18 à 79 ans qui proviennent de tous les cycles de l’enquête et dont les données accélérométriques sont valides (cycle 1 : n = 2 952, cycle 2 : n = 2 959, cycle 3 : n = 2 517, cycle 4 : n = 2 390, cycle 5 : n = 2 355).

Mesure de l’activité physique

Tous les participants ambulatoires ont reçu un accéléromètre Actical (Philips Respironics, Oregon, États-Unis) qui est maintenu au-dessus de la hanche droite par une ceinture élastique; ils devaient le porter durant leurs heures d’éveil pendant 7 jours consécutifs. L’accéléromètre Actical mesure l’accélération du mouvement dans toutes les directions. Les mouvements étaient saisis et enregistrés sous forme de valeur numérique additionnée sur des intervalles de une minute, ce qui a donné 10 080 mesures (du nombre de mouvements par minute [mpm]) par personne sur 7 jours. On a suivi les lignes directrices publiées pour trouver et supprimer les données non valides au cours de la réduction des donnéesNote 23. On a déterminé la durée quotidienne totale du port de l’accéléromètre en relevant le temps pendant lequel le participant n’avait pas porté l’accéléromètre, puis en le soustrayant de 24 heures. Le temps pendant lequel le participant ne portait pas l’accéléromètre était défini comme une période d’au moins 60 minutes consécutives sans dénombrement de mouvements, sauf pour les intervalles de 1 ou 2 minutes où le nombre de mouvements était situé entre 0 et 100 mpmNote 23. Une journée de données valides était définie comme une journée au cours de laquelle le participant à l’enquête portait l’accéléromètre pendant au moins 10 heures, et seuls les participants pour qui on disposait d’au moins 4 jours de données valides ont été inclus dans la présente analyseNote 23.

Pour chaque journée de données valides, les mesures de la durée totale (les séances d’activité physique + l’activité sporadique) de l’activité physique modérée (APMTOT), de l’activité physique vigoureuse (APVTOT) et de l’activité physique modérée à vigoureuse (APMVTOT) ont été déterminées en fonction des seuils d’intensité suivants : de 1 535 mpm à 3 961 mpm pour l’activité modérée et 3 962 mpm ou plus pour l’activité vigoureuseNote 24Note 25. On a calculé les durées quotidiennes moyennes d’APM, d’APV et d’APMVTOT en divisant le nombre total de minutes pour tous les jours de données valides par le nombre de jours de données valides. Pour l’APMV, on a également calculé les minutes accumulées à raison d’au moins 10 minutes par séance (APMVSÉANCES), où une séance était définie analytiquement comme une période d’au moins 10 minutes consécutives d’activité physique au-dessus du seuil d’intensité modérée. Pour compter comme une séance de 10 minutes, 80 % des minutes au sein d’un bloc de 10 minutes (c.-à-d. 8 minutes sur 10) devaient dépasser le seuil d’intensité modéréeNote 26, conformément aux analyses antérieures fondées sur les données accélérométriques de l’ECMS et d’autres ensembles de donnéesNote 7Note 11Note 12Note 13Note 26.

Le respect des Directives canadiennes en matière d’activité physique a été évalué selon les participants à l’enquête qui avaient fait de l’APMV pendant un total hebdomadaire d’au moins 150 minutes à raison d’au moins 10 minutes par séance (APMVSÉANCES)Note 4Note 5Note 6. Si on disposait de moins de 7 jours de données accélérométriques valides pour un participant, on multipliait son APMVSÉANCES quotidienne moyenne par sept pour obtenir une somme hebdomadaire. La même approche a été appliquée pour évaluer la proportion d’adultes dont la somme hebdomadaire d’APMVTOT atteignait au moins 150 minutes.

Analyse statistique

Des statistiques descriptives ont été utilisées pour calculer les moyennes ou les proportions ainsi que les intervalles de confiance à 95 % pour l’ensemble de l’échantillon et selon le groupe d’âge et le sexe. On a réalisé des comparaisons par paires pour évaluer les résultats par groupe d’âge et sexe. Le seuil de signification était fixé à p < 0,05.

On a mené une analyse des tendances fondée sur le nombre quotidien moyen de minutes d’APMVTOT, ce qui a permis d’estimer les effets linéaires, au carré et au cube de la période de collecte (cycle d’enquête). On a effectué une analyse de régression linéaire fondée sur le nombre quotidien moyen de minutes d’APMVTOT en contrôlant plusieurs covariables, notamment l’âge, le sexe, l’indice de masse corporelle, les quintiles de revenu du ménage corrigé en fonction de la taille du ménage, le niveau de scolarité le plus élevé dans le ménage (diplôme d’études postsecondaires : oui ou non), la saison de la collecte des données et la période (cycle d’enquête).

Pour chaque cycle, on a utilisé des poids de sous-échantillon des moniteurs d’activité aux fins d’analyse afin de présenter des estimations pour chaque cycleNote 17Note 18Note 19Note 20Note 21. Les données de sous-échantillon des moniteurs d’activité des cycles 1 à 4 de l’ECMS ont également été regroupées et pondérées à l’aide des poids de sous-échantillon des moniteurs d’activité combinés générés par Statistique Canada pour présenter des estimations pour des cycles combinésNote 27. Des renseignements détaillés sur la création des sous-échantillons des moniteurs d’activité et des poids de sondage associés sont disponibles ailleurs. Brièvement, le sous-échantillon incluait uniquement les participants à l’enquête dont le volume de données recueillies au cours de 7 jours était suffisant. Chez les adultes, cela comprenait les participants ayant porté l’accéléromètre durant au moins 10 heures pendant au moins 4 joursNote 16Note 17Note 18Note 19Note 20Note 21Note 23. Pour chaque cycle, on disposait de suffisamment de données accélérométriques pour inclure environ 40 % des participants à l’ECMS dans l’analyseNote 21.

On a réalisé toutes les analyses à l’aide de la version 9.3 de SAS (Institut SAS, Caroline du Nord, États-Unis) et de la version 11.0 de SUDAAN, en utilisant le nombre de degrés de liberté approprié pour l’analyse des cycles combinésNote 27 ou de chaque cycleNote 16Note 17Note 18Note 19Note 20Note 21. Des poids d’enquête et des poids bootstrap ont servi à estimer la variance et à calculer les intervalles de confiance pour tenir compte du plan de sondage et de la non-réponse.

Résultats

De 2016 à 2017, les adultes canadiens ont accumulé en moyenne 26 minutes d’APMVTOT par jour (tableau 1, figure 1). Moins de la moitié de l’APMVTOT quotidienne se faisait par tranches d’au moins 10 minutes (APMVSÉANCES : 12 minutes par jour, en moyenne) (figure 1). La durée quotidienne moyenne de l’APV était inférieure à 5 minutes, ce qui indique que la majorité de l’APMV était d’intensité modérée (figure 2). Environ 3 % des adultes canadiens n’ont pratiqué aucune APMV, alors qu’environ 36 % n’ont pas pratiqué d’APMV dans le cadre de séances d’au moins 10 minutes (figure 3).

L’APMVTOT des hommes était supérieure à celle des femmes, et l’APMVTOT des adultes plus jeunes était supérieure à celle des adultes plus âgés. L’APMVSÉANCES quotidienne moyenne ne présentait aucune différence significative selon le groupe d’âge et le sexe (p > 0,05). L’APVTOT des adultes plus jeunes (4 minutes) était légèrement supérieure à celles des adultes plus âgés (2 minutes), et l’APVTOT des hommes (4 minutes) était légèrement supérieure à celle des femmes (2 minutes).

De 2016 à 2017, 16 % des adultes canadiens ont respecté la recommandation des Directives canadiennes en matière d’activité physique selon laquelle il faut faire 150 minutes d’APMVSÉANCES par semaine (figure 3). Le pourcentage des adultes canadiens respectant les Directives a presque triplé lorsqu’on a utilisé l’APMVTOT au lieu de l’APMVSÉANCES (45 % par rapport à 16 %).

Tendances au fil du temps

Pour ce qui est du nombre quotidien moyen de minutes d’APMVTOT, aucune tendance linéaire significative n’était évidente d’un cycle de l’ECMS à l’autre (tableau 1). La même tendance a été observée pour l’APMVSÉANCES (tableau 2). Enfin, le pourcentage d’adultes respectant les directives n’a pas varié de façon significative depuis le premier cycle (de 2007 à 2009) de l’ECMS (tableau 3).

Dans un modèle de régression linéaire permettant de tenir compte de la saison, de l’âge, du sexe, de l’indice de masse corporelle, du revenu du ménage et du niveau de scolarité, aucun effet significatif associé à la période (cycle d’enquête) ni à la saison (données non présentées) n’a été observé.

Discussion

La présente étude fournit un aperçu de l’APMV chez les adultes canadiens sur une période comprenant cinq cycles de l’ECMS, soit de 2007 à 2017. Aucune tendance temporelle significative n’a été observée au fil des cinq cycles. Les résultats les plus récents (de 2016 à 2017) indiquent que les adultes canadiens ont fait en moyenne 26 minutes d’APMVTOT par jour, dont moins de la moitié par tranches d’au moins 10 minutes. Moins de 1 adulte canadien sur 5 a respecté les Directives canadiennes en matière d’activité physique qui sont en vigueur et qui recommandent de faire au moins 150 minutes d’APMV par semaine, à raison de 10 minutes ou plus par séanceNote 4Note 5Note 6.

Il s’agit de la première étude à évaluer les tendances de l’activité physique selon un échantillon d’adultes canadiens représentatif à l’échelle nationale et d’après des données sur l’activité physique mesurée par accéléromètre. Les résultats de la présente étude contredisent des rapports précédents fondés sur des données autodéclarées sur l’activité physique au Canada; ces rapports indiquaient que les niveaux d’activité physique chez les adultes canadiens avaient augmenté dans les dernières décenniesNote 8Note 9Note 28Note 29Note 30. Cependant, il convient de faire preuve de prudence lorsqu’on utilise indifféremment des données autodéclarées sur l’activité physique et des données mesurées par accéléromètre, puisqu’elles traduisent différents aspects d’un même comportement : la durée perçue de l’activité physique par rapport au nombre réel de mouvements se situant au-dessus d’un seuil d’intensité définiNote 31.

L’évaluation du respect des Directives canadiennes en matière d’activité physique repose sur l’APMV pratiquée par tranches d’au moins 10 minutes. Selon la présente analyse, environ 1 adulte canadien sur 5 respectait cette recommandation, en partie parce que l’APMV pratiquée par séances (12 minutes en moyenne par jour de 2016 à 2017) représentait moins de la moitié de l’APMV totale (26 minutes en moyenne par jour de 2016 à 2017). Cependant, certaines études ont montré que, pour un volume équivalent, il n’existe aucune différence significative en matière de bienfaits pour la santé entre l’APMV pratiquée sur une durée indéterminée par rapport à l’APMV faite par séancesNote 11Note 12Note 13Note 32. De plus, selon ces résultats et d’autres preuves récentes, le Comité consultatif sur les lignes directrices relatives à l’activité physique conclut dans son rapport scientifique publié aux États-Unis en 2018 que l’APMV, peu importe sa durée, contribue aux bienfaits sur la santé associés au volume hebdomadaire d’APMVNote 14. Par conséquent, les lignes directrices américaines sur l’activité physique qui ont été récemment mises à jour ne stipulent plus que l’APMV devrait être pratiquée par séancesNote 14. Les résultats de l’ECMS semblent indiquer que si les directives canadiennes ne mentionnaient pas l’exigence des séances de 10 minutes, le pourcentage d’adultes canadiens qui respecteraient les directives en matière d’activité physique serait presque trois fois supérieur et atteindrait 45 %. Les résultats indiquent également que plus de la moitié des adultes canadiens qui ne respectent pas les directives font au moins un peu d’APMVTOT par semaine (c.-à-d. de 1 minute à 149 minutes par semaine), y compris le quart des adultes qui atteignent de 75 minutes à 149 minutes. Ce dernier groupe est important pour les messages sur la santé publique, puisque ces personnes suivent les directives à peu de choses près et un léger changement de répartition pourrait avoir une incidence notable sur le pourcentage de la population qui dépasse la cible de 150 minutes par semaine. Par ailleurs, il est bien établi que toute activité physique est préférable à aucune activité physique et, en fait, les plus grands bienfaits pour la santé surviennent lorsque l’activité physique augmente à l’extrémité inférieure de l’échelle de l’activité physique (c.-à-d. quand le niveau d’activité passe de nul à un peu ou d’un peu à un peu plus)Note 1Note 2Note 14.

Les résultats démontrent que la vaste majorité de l’APMVTOT pratiquée par les adultes canadiens se fait sous forme d’APMTOT. En fait, sur la moyenne de 26 minutes par jour d’APMVTOT, seules 4 minutes étaient d’intensité vigoureuse. Bien que les directives canadiennes actuelles ne prescrivent pas l’APV en particulier, d’autres lignes directrices internationales stipulent que les adultes peuvent faire soit 150 minutes d’APM ou 75 minutes d’APV, soit toute combinaison équivalente des deux (p. ex. 100 minutes d’APM et 25 minutes d’APV)Note 14Note 33Note 34Note 35Note 36Note 37. Même si on a fait cette distinction pour que les personnes puissent faire un volume d’activité physique bénéfique pour la santé en moins de temps, au moins une étude a conclu que l’APV mesurée de façon objective avait une incidence plus élevée sur les facteurs de risque cardiométabolique qu’une dépense énergétique équivalente sous forme d’APMNote 38. De plus, il est bien établi que l’APV entraîne une plus grande amélioration de la santé cardiorespiratoireNote 39, qui est à son tour associée à l’amélioration de nombreux résultats en matière de santé et à la diminution du risque de décès prématuréNote 40Note 41.

Points forts et limites

L’examen de l’APMVSÉANCES, que mentionnent les directives en matière d’activité physique, et de l’APMVTOT est un des points forts de la présente analyse. Cet examen fournit des renseignements sur les niveaux d’activité physique de la population entière, et non seulement sur le pourcentage des personnes qui respectent les directives. Ces données pourraient être utiles aux administrations publiques et à d’autres organisations pour améliorer l’activité physique au Canada — l’inactivité physique et la sédentarité ont été révélées comme étant des enjeux cruciaux au Canada et à l’échelle internationale. Au Canada, par exemple, la politique intitulée Une Vision commune pour favoriser l’activité physique et réduire la sédentarité au Canada : Soyons actifs vise à créer « Un Canada où l’ensemble de la population canadienne est de plus en plus active et se retrouve de moins en moins assiseNote 42. » À l’échelle internationale, le plan d’action mondial pour l’activité physique de l’Organisation mondiale de la Santé préconise une réduction relative de 15 % de la prévalence mondiale de l’inactivité physique chez les adultes et les adolescents d’ici 2030Note 41.

Les données accélérométriques de l’ECMS (le seul ensemble de données canadiennes représentatif à l’échelle nationale qui présente des mesures directes de l’activité physique) permettent de suivre les variations de l’activité physique au fil du temps. Les accéléromètres fournissent des renseignements objectifs sur l’intensité du mouvement et, par conséquent, permettent de régler certains des problèmes associés à l’autodéclaration. Cela dit, les accéléromètres peuvent entraîner une sous-estimation de l’APMV parce qu’ils ne mesurent pas avec exactitude l’intensité du mouvement réalisé lors d’activités comme la natation ou le cyclisme et ils ne permettent pas de tenir compte des dépenses énergétiques supplémentaires engendrées par un mouvement qu’on exécute en portant une charge. De plus, l’utilisation d’un ensemble de valeurs limites pour déterminer l’intensité de l’activité physique chez les adultes peut faire qu’on sous-estime ou surestime les niveaux d’activité physique de certaines sous-populations. Par exemple, pour une valeur donnée de mouvements par minute mesurée par accéléromètre, les dépenses énergétiques peuvent être plus élevées chez les personnes obèses que chez les personnes d’un poids normalNote 43.

Enfin, le taux de réponse global à la composante de la mesure par accéléromètre dans les cinq cycles de l’ECMS était d’environ 40 %. Bien que le poids de sondage ait été corrigé pour tenir compte de ce taux, les estimations pourraient être biaisées par des différences systématiques entre les personnes qui ont participé à la composante et celles qui n’y ont pas participé.

Conclusion

Les résultats de l’ECMS de 2016 à 2017 ont indiqué que moins de 1 adulte canadien sur 5 respectait les directives canadiennes en matière d’activité physique. Les résultats ont également montré que les adultes canadiens accumulaient la majeure partie de leur APMV à raison de moins de 10 minutes par séance et à une intensité modérée. Ce renseignement pourrait être important pour les administrations publiques et d’autres organisations dont l’objectif est d’accroître les niveaux d’activité physique chez les adultes canadiens, niveaux qui, selon les données accélérométriques, n’ont pas varié de 2007 à 2017.

Références
Date de modification :