Modifications des comportements influant sur la santé après le diagnostic d'une maladie chronique chez les Canadiens de 50 ans et plus
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La maladie cardiaque, le cancer, l'accident vasculaire cérébral, la maladie respiratoire et le diabète comptent parmi les principales causes de décès au Canada1. Mondialement, ces problèmes de santé chroniques sont à l'origine de 60 % des décès2. Étant donné que des comportements susceptibles d'être modifiés influent sur leur manifestation, on les considère comme étant en grande partie évitables3,4. Chez les personnes atteintes d'une maladie chronique, l'adoption d'un mode de vie plus sain, par exemple en renonçant au tabac, en faisant plus d'exercice, en évitant de consommer trop d'alcool ou en améliorant son régime alimentaire, peut accroître la longévité, réduire la récurrence d'un événement et améliorer la qualité de la vie5-7.
Il existe un manque de données représentatives de la population concernant les modifications du mode de vie des personnes chez lesquelles a été diagnostiquée une maladie chronique. Certaines études antérieures sur la modification des comportements ont été menées auprès de petits échantillons de personnes atteintes d'une maladie particulière, et un grand nombre se sont appuyées sur des comptes rendus rétrospectifs8,9. En outre, la plupart des recherches sur la prévention secondaire ont eu lieu aux États-Unis, où l'accès aux soins de santé et à des programmes de modification du comportement n'est pas uniforme. Quelques études seulement ont été menées en Europe ou en Australie, où l'accès aux soins de santé est plus universel10,11. Une revue de la littérature n'a dégagé aucune étude qui s'appuie sur des données représentatives de la population pour le Canada.
La présente analyse a pour but d'examiner l'évolution de l'usage du tabac, de l'activité physique, de la consommation d'alcool et du régime alimentaire chez un échantillon représentatif des Canadiens de 50 ans et plus chez lesquels a été diagnostiqué un problème de santé chronique important (voir Les données). Fondée sur un plan prospectif, suivant lequel les comportements sont évalués avant et après le diagnostic, l'étude permet d'éviter les biais qui pourraient découler des comptes rendus rétrospectifs d'un changement de comportement après diagnostic.
Renoncement au tabac
Le renoncement au tabac est le changement de comportement qui a été mentionné le plus fréquemment, le pourcentage de fumeurs diminuant considérablement après le diagnostic d'une maladie cardiaque, du diabète, d'un cancer ou d'un accident vasculaire cérébral (tableau 1). Par exemple, chez les personnes atteintes d'une maladie cardiaque, la prévalence de l'usage du tabac est passée d'environ 14 % à moins de 11 %. Faisaient exception les personnes ayant reçu un diagnostic de maladie respiratoire – non seulement elles étaient plus susceptibles de fumer avant le diagnostic (25 %), mais aucune diminution significative de la prévalence des fumeurs n'a été relevée chez elles après le diagnostic.
Sauf chez les personnes atteintes d'une maladie respiratoire, la consommation quotidienne de cigarettes a diminué de manière significative (figure 1). Ce recul de l'usage du tabac pourrait être dû en partie au nouveau diagnostic, mais reflète peut-être aussi une tendance communautaire, puisque même chez le groupe témoin en bonne santé, le pourcentage de fumeurs (N = 1 103) a diminué légèrement au cours de la période de deux ans, pour passer de 23 % à 21 % (p < 0,05). Quel que soit toutefois le problème de santé chronique diagnostiqué, la majorité (environ 75 %) des fumeurs ont continué de fumer après le diagnostic (tableau 1).
Activité physique durant les loisirs
Seules les personnes atteintes de diabète ont déclaré avoir augmenté leur activité physique durant les loisirs à la suite du diagnostic. Au départ, près de 50 % de cette population s'adonnait à des activités physiques au moins trois fois par semaine, tandis qu'après le diagnostic, la proportion était d'environ 56 %. En outre, la dépense énergétique moyenne n'a varié de manière significative que chez les diabétiques, pour passer de 1,1 à 1,4 kcal/kg/jour (p < 0,001). Bien que significatif, cet accroissement n'est pas grand. En outre, ce sont les diabétiques âgés de 50 à 64 ans qui avaient tendance à devenir actifs; les personnes âgées étaient moins susceptibles d'accroître leur activité.
Chez les personnes atteintes d'une maladie respiratoire, le pourcentage d'entre elles qui étaient physiquement actives est passé de 52 % à 44 % après le diagnostic. De nouveau, l'âge jouait un rôle, car les personnes âgées étaient plus susceptibles de devenir inactives à la suite du diagnostic que celles de 50 à 64 ans.
Cela est en contraste avec la tendance de l'activité physique chez le groupe témoin en bonne santé. Au départ, les membres de ce groupe (N = 1 053) étaient plus susceptibles d'être physiquement actifs durant leurs loisirs et leur probabilité d'être actif a augmenté au cours de la période de référence de deux ans, pour passer de 58 % à 63 % (p < 0,05).
La crainte que l'activité physique soit dangereuse pourrait être un facteur dissuasif chez les personnes présentant des problèmes de santé chroniques, particulièrement des troubles cardiaques. Pourtant, chez les malades cliniquement stables sans ischémie, l'exercice sous la supervision d'un médecin pose moins de risque qu'un comportement sédentaire30.
Consommation d'alcool
À la suite d'un diagnostic de maladie chronique, la consommation d'alcool avait tendance à diminuer. Par exemple, chez les personnes ayant reçu un diagnostic de diabète, le pourcentage d'entre elles dont la consommation d'alcool était excessive (plus de 2 verres par jour ou plus de 14 verres par semaine pour les hommes; plus de 2 verres par jour ou plus de 9 verres par semaine pour les femmes) a reculé, pour passer de 10 % à 5 % (tableau 1). Chez les personnes atteintes d'une maladie respiratoire, la prévalence de la consommation excessive d'alcool est passée de presque 13 % à 8 %. Quant à elles, les personnes atteintes d'un cancer ou ayant eu un accident vasculaire cérébral qui buvaient consommaient, en moyenne, un nombre significativement moins élevé de verres par semaine (figure 2).
La consommation d'alcool chez le groupe témoin en bonne santé est demeurée stable au cours de la période de référence – 16 % buvaient de manière excessive, 55 % buvaient de manière modérée et 29 % s'abstenaient ou buvaient très peu.
Consommation de fruits et de légumes
Avant le diagnostic, le pourcentage de la population étudiée qui consommait, en moyenne, au moins cinq portions de fruits et de légumes par jour variait de 27 % à 42 %. Aucun accroissement significatif du pourcentage de personnes consommant le nombre minimal de portions n'a été observé après le diagnostic, quoique chez les diabétiques, le nombre quotidien moyen de portions est passé de 4,4 à 5,2 (p < 0,01). Chez le groupe témoin en bonne santé, la consommation de fruits et de légumes n'a pas varié au cours de la période de référence, environ 32 % du groupe consommant cinq portions par jour.
Conclusion
La prévention secondaire peut accroître la longévité, améliorer la qualité de la vie et réduire les frais médicaux. La présente étude révèle que rares sont les personnes qui ont modifié positivement leur mode de vie après que l'on ait diagnostiqué chez elles un problème de santé chronique. Le renoncement au tabac et la réduction du nombre de cigarettes consommées étaient les changements mentionnés le plus fréquemment, mais la grande majorité des fumeurs ont continué de fumer.
Les diabétiques étaient les personnes les plus susceptibles de signaler des changements de comportement positifs, mais les améliorations étaient modestes. Les personnes ayant reçu un diagnostic de diabète ont réduit leur consommation de tabac et leur consommation excessive d'alcool et ont augmenté leur activité physique durant les loisirs et leur consommation de fruits et de légumes. En revanche, les personnes chez lesquelles on a diagnostiqué une maladie respiratoire n'ont fait état d'aucune modification de leur consommation de tabac ou de fruits et de légumes, et elles étaient moins susceptibles d'être physiquement actives. Au cours de la même période, le seul changement de comportement ayant une incidence sur la santé signalé par ce groupe était la réduction d'une consommation excessive d'alcool.
Remerciements
La présente étude a été financée par la subvention R01 AG034211 (J. T. Newsom) des U.S. National Institutes of Health: National Institute on Aging. Nous remercions Jillian Oderkirk, Adrianne Feldstein, Javier Nieto et Victor Stevens de leurs commentaires constructifs aux premières étapes de la rédaction du présent article.
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