Soins informels aux personnes âgées

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Par Annie Turner et Leanne Findlay

À mesure que les Canadiens vieillissent, la prestation de soins informels devient de plus en plus importante pour le bien-être des personnes âgées. Selon l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) – Vieillissement en santé menée en 2008-2009,  environ 3,8 millions de Canadiens de 45 ans et plus (35 %) prodiguaient des soins informels à une personne âgée ayant un problème de santé à court ou à long terme. Les aidants naturels – membres de la famille et amis qui fournissent de l'aide non rémunérée pour des tâches comme le transport et les soins personnels – aident les personnes âgées à continuer de vivre à domicile, réduisant ainsi le fardeau imposé au système de soins de santé1. De plus, les personnes âgées elles-mêmes préfèrent généralement rester chez elles2,3.

La prestation de soins à une personne ayant un problème de santé ou une limitation, particulièrement une déficience cognitive comme la maladie d'Alzheimer ou la démence, peut causer des problèmes physiques et émotionnels et imposer un fardeau financier et social à la personne qui donne les soins2,4-7. Cela peut être particulièrement vrai dans le cas des aidants qui sont eux-mêmes des personnes âgées8. En revanche, prodiguer des soins peut être une source de plaisir et de fierté pour la personne qui les donne, rehausser son estime de soi et l'aider à nouer des liens avec la personne qui reçoit les soins9.

Fondée sur les données de l'ESCC – Vieillissement en santé 2008-2009, la présente étude offre une comparaison des caractéristiques des personnes qui prodiguent des soins et de celles de leurs homologues qui ne fournissent pas de soins (voir Les données). En outre, elle décrit les caractéristiques des soins prodigués par les aidants, ainsi que les aspects positifs et négatifs de la prestation de soins.

Personnes fournissant des soins

En 2008-2009, les femmes représentaient un peu plus de la moitié (57 %) des personnes de 45 ans et plus fournissant des soins à une personne âgée (tableau 1). Près des trois quarts (73 %) de ces aidants avaient entre 45 et 64 ans, et un quart étaient eux-mêmes des personnes âgées; en fait, 10 % avaient 75 ans ou plus. Malgré cela, selon leur profil d'âge, les aidants étaient plus jeunes comparativement aux non-aidants (lesquels comprennent les personnes recevant des soins), dont 18 % avaient 75 ans ou plus.

Tableau 1 Répartition en pourcentage de certaines caractéristiques des aidants et des non-aidants, population à domicile de 45 ans et plus, Canada, territoires non compris, 2008-2009Tableau 1 Répartition en pourcentage de certaines caractéristiques des aidants et des non-aidants, population à domicile de 45 ans et plus, Canada, territoires non compris, 2008-2009

Reflétant peut-être leur profil d'âge plus jeune, les aidants étaient plus susceptibles que les non-aidants d'être mariés ou d'avoir un conjoint de fait (78 % par rapport à 71 %). Ils étaient également plus susceptibles d'avoir un revenu du ménage élevé et un diplôme d'études postsecondaires. Chez les personnes de 45 à 74 ans, les aidants étaient moins susceptibles que les non-aidants d'avoir été occupés au cours de l'année précédente.

Il a été montré que l'autoévaluation de la santé est une mesure fiable de l'état de santé général11. Des pourcentages plus élevés d'aidants que de non-aidants ont déclaré être en très bonne ou en excellente santé physique et mentale. Néanmoins, une certaine autosélection pourrait avoir lieu. Autrement dit, les personnes en meilleure santé peuvent être davantage en mesure de fournir des soins et donc plus susceptibles de les prodiguer. Dans des analyses multivariées neutralisant l'effet du sexe, de l'âge, du revenu du ménage et du niveau de scolarité, les associations entre l'autoévaluation positive de l'état de santé physique et mentale et le fait d'être un aidant n'étaient plus significatives (données non présentées).

Personnes recevant des soins

Les trois quarts environ des aidants ont déclaré que la personne dont ils s'occupaient avait au moins 75 ans; le tiers prodiguaient des soins à une personne de 85 ans ou plus (tableau 2).

Tableau 2 Répartition en pourcentage des caractéristiques des personnes recevant des soins et des soins fournis, population à domicile de 45 ans et plus, Canada, territoires non compris, 2008-2009Tableau 2 Répartition en pourcentage des caractéristiques des personnes recevant des soins et des soins fournis, population à domicile de 45 ans et plus, Canada, territoires non compris, 2008-2009

Les parents et les beaux-parents représentaient plus de la moitié (56 %) des personnes recevant des soins informels. Un autre 19 % des aidants ont déclaré s'occuper d'un ami ou d'un voisin, tandis que 11 % s'occupaient d'un conjoint.

Relativement peu de personnes recevant des soins (14 %) habitaient avec la personne les prodiguant. Une forte majorité (70 %) des personnes qui recevaient des soins vivaient dans un autre ménage privé, tandis que 12 % étaient placées en établissement de santé.

Soins prodigués

Le transport était le type le plus répandu de soins fournis, déclaré par 39 % des aidants. Environ 20 % fournissaient de l'aide pour les activités à la maison et quelque 15 %, pour les soins personnels.

Même si 57 % des aidants ont déclaré fournir des soins « sur une base  régulière », seulement 21 % d'entre eux les prodiguaient quotidiennement; 36 % fournissaient des soins sur une base régulière une fois par semaine, une fois par mois ou moins d'une fois par mois. Environ le tiers des aidants les fournissaient depuis au moins cinq ans et près d'un tiers, depuis moins d'un an.

Les études publiées donnent à penser que les personnes qui prodiguent des soins à une personne atteinte d'une importante déficience cognitive courent un risque élevé de subir le stress ou de porter le fardeau associé à la prestation de soins5,7 mais, comme il n'était pas demandé dans le questionnaire de l'ESCC de préciser le problème de santé de la personne recevant les soins, cette question n'a pu être abordée dans la présente étude.

Aspects difficiles et gratifiants

Même si un pourcentage relativement petit d'aidants naturels ont déclaré que la prestation de soins a causé ou aggravé un problème de santé chez eux (8 %), plus de la moitié (56 %) ont fait état d'aspects difficiles et éprouvants (tableau 3). En réponse à la question portant sur l'aspect le plus négatif de la prestation de soins, 17 % ont déclaré qu'elle est exigeante sur le plan émotif, 12 % ont indiqué le manque de temps pour soi ou pour la famille, 10 % ont répondu qu'elle crée du stress et 7 % ont déclaré la fatigue.

Tableau 3 Répartition en pourcentage des aspects négatifs et positifs de la prestation de soins, population à domicile de 45 ans et plus, Canada, territoires non compris, 2008-2009Tableau 3 Répartition en pourcentage des aspects négatifs et positifs de la prestation de soins, population à domicile de 45 ans et plus, Canada, territoires non compris, 2008-2009

En même temps, presque tous les aidants naturels (95 %) ont fait état d'aspects positifs : 30 % ont déclaré que l'aspect le plus positif de la prestation de soins est la satisfaction personnelle, 26 % ont déclaré aimer aider et 19 % ont indiqué le fait de se rapprocher de la personne recevant les soins.

Conclusion

En 2008-2009, environ le tiers des Canadiens de 45 ans et plus prodiguaient des soins à une personne âgée ayant un problème ou une limitation à court ou à long terme. Parmi les aspects négatifs de la prestation de soins qu'ils ont déclarés figurent les exigences sur le plan émotif et le manque de temps pour soi ou pour la famille. En revanche, un nombre appréciable de personnes ont indiqué que la prestation de soins leur donnait de la satisfaction personnelle et qu'elles aimaient aider.

Remerciements

Les auteurs remercient Heather Gilmour, Guy Gellatly et les membres de l'équipe du contenu thématique à la Division de la statistique de la santé à Statistique Canada pour leurs commentaires et leur rétroaction.