Mesures de l'obésité abdominale à l'intérieur des catégories d'indice de masse corporelle, 1981 et 2007-2009

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Par Margot Shields, Mark S. Tremblay, Sarah Connor Gorber et Ian Janssen

L'indice de masse corporelle (IMC), qui constitue une mesure du poids par rapport à la taille, est l'indicateur de l'obésité le plus couramment utilisé. D'ailleurs, un système fondé sur l'IMC1-3 a longtemps été utilisé pour catégoriser les adultes en fonction du risque pour la santé.

Au Canada, la prévalence de l'embonpoint et de l'obésité fait l'objet d'une surveillance en fonction de ce système (tableau explicatif 1). Au cours des dernières décennies,il y a eu une hausse sensible de la proportion d'adultes canadiens considérés comme ayant un excès de poids selon leur IMC4.

Tableau explicatif 1 Classification du risque pour la santé selon l'indice de masse corporelle (IMC)Tableau explicatif 1 Classification du risque pour la santé selon l'indice de masse corporelle (IMC)

Toutefois, cette classification fait l'objet de critiques du fait qu'elle ne fournit aucune information sur la distribution de la masse adipeuse1. Les données disponibles donnent à penser que, chez les personnes de poids normal, les personnes faisant de l'embonpoint et les obèses de classe I, le risque pour la santé augmente avec le degré d'obésité abdominale5,6. C'est pourquoi plusieurs organisations, dont Santé Canada, ont recommandé que l'on se fonde à la fois sur l'IMC et sur la circonférence de la taille pour classifier le risque pour la santé qui est associé au poids1,2,7.

Des travaux récents ont montré que, en moyenne, la circonférence de la taille des adultes canadiens présentant une valeur d'IMC donnée est plus grande à l'heure actuelle que par le passé8, ce qui concorde avec les constatations faites à cet égard aux États-Unis9. Il est donc important de mesurer et de surveiller l'obésité abdominale à l'intérieur des différentes catégories d'IMC.

Le présent article décrit l'évolution associée aux indicateurs de l'obésité entre 1981 et 2007-2009 chez les Canadiens âgés de 20 à 69 ans, à partir des mesures recueillies dans le cadre de deux enquêtes sur la santé représentatives de la population (se reporter à l'encadré Les données). L'objectif principal consiste à examiner les changements touchant l'obésité abdominale à l'intérieur des catégories d'IMC selon la circonférence de la taille, le rapport taille/hanches et le rapport taille/grandeur.

Augmentation des mesures de l'adiposité

Tant chez les hommes que chez les femmes, les résultats des quatre mesures de l'adiposité présentent une hausse significative entre 1981 et 2007-2009 (tableau 1). Cela dit, le profil du changement diffère d'une catégorie d'IMC à l'autre.

Tableau 1 Valeurs moyennes des mesures de l'adiposité, selon la catégorie d'indice de masse corporelle (IMC) et le sexe, population à domicile de 20 à 69 ans, Canada, 1981 et 2007-2009Tableau 1 Valeurs moyennes des mesures de l'adiposité, selon la catégorie d'indice de masse corporelle (IMC) et le sexe, population à domicile de 20 à 69 ans, Canada, 1981 et 2007-2009

Chez les hommes de poids normal, les moyennes selon les quatre mesures de l'adiposité n'étaient pas statistiquement différentes entre ces deux périodes. Au contraire, chez les femmes de poids normal, l'IMC moyen avait augmenté de 0,2 kg/m2 et la circonférence de la taille, de 4 cm. Des hausses significatives ont également été observées pour le rapport taille/hanches et le rapport taille/grandeur.

Dans le cas des personnes faisant de l'embonpoint, la valeur moyenne de l'IMC a augmenté de façon significative chez les membres des deux sexes. En ce qui a trait à l'obésité abdominale, l'augmentation de la moyenne a été particulièrement marquée chez les femmes – de 7 cm pour la circonférence de la taille, de 0,05 pour le rapport taille/hanches et de 0,03 pour le rapport taille/grandeur – comparativement à celle enregistrée chez les hommes – de 2 cm pour la circonférence de la taille et de 0,01 pour le rapport taille/hanches. Chez ces derniers, l'augmentation relative au rapport taille/grandeur n'était pas statistiquement significative.

L'augmentation des mesures de l'obésité abdominale avait tendance à être plus forte chez les personnes faisant partie des différentes catégories d'obésité. Par exemple, il y a eu une augmentation de la circonférence de la taille de 11 cm et 9 cm, respectivement, chez les hommes et femmes obèses (classe II/III).

Catégories de risque pour la santé

Le tableau 2 présente les résultats de l'évaluation du risque pour la santé par indicateur de l'obésité. Les résultats pour les indicateurs de l'obésité abdominale sont exposés à l'intérieur des catégories d'IMC du poids normal, de l'embonpoint et de l'obésité, classe I. Les résultats ne sont pas présentés pour la catégorie de l'obésité, classe II/III, car tant en 1981 qu'en 2007-2009, la presque totalité des adultes classés dans cette catégorie présentaient un risque accru ou élevé d'après les indicateurs de l'obésité abdominale (données non présentées).

Tableau 2 Distribution en pourcentage des variables du risque pour la santé associées à l'adiposité, selon le sexe et la catégorie d'indice de masse corporelle (IMC), population à domicile de 20 à 69 ans, Canada, 1981 et 2007-2009Tableau 2 Distribution en pourcentage des variables du risque pour la santé associées à l'adiposité, selon le sexe et la catégorie d'indice de masse corporelle (IMC), population à domicile de 20 à 69 ans, Canada, 1981 et 2007-2009

Chez les hommes de poids normal, les proportions qui couraient un risque accru ou élevé pour la santé d'après la circonférence de la taille, le rapport taille/hanches et le rapport taille/grandeur n'étaient pas statistiquement différentes entre 1981 et 2007-2009. En revanche, la proportion de femmes de poids normal qui présentaient un risque accru ou élevé d'après chacune de ces mesures en 2007-2009 était à peu près trois fois plus élevée qu'en 1981; ainsi, elle s'établissait à 23 %, par rapport à 8 %, d'après la circonférence de la taille, à 16 %, par rapport à 6 %, d'après le rapport taille/hanches et à 18 %, par rapport à 6 %, selon le rapport taille/grandeur.

En 2007-2009, 62 % des hommes faisant de l'embonpoint couraient un risque accru ou élevé pour la santé selon la circonférence de la taille, en hausse par rapport à 49 % en 1981. La proportion courant un risque élevé était passée de 8 % à 20 %. Cependant, les proportions qui présentaient un risque accru ou élevé selon le rapport taille/hanches et le rapport taille/grandeur ne différaient pas entre les deux périodes. Chez les femmes se classant dans la catégorie d'IMC de l'embonpoint, la proportion qui couraient un risque élevé pour la santé selon la circonférence de la taille était de 54 %, en hausse par rapport à 17 % en 1981. Toutefois, d'après le rapport taille/hanches, cette proportion avait plus que doublé, passant de 22 % à 51 %, et d'après le rapport taille/grandeur, elle était passée de 68 % à 87 %.

En 1981, 62 % des hommes et 82 % des femmes entrant dans la catégorie de l'obésité, classe I, couraient un risque élevé pour la santé d'après leur tour de taille; en 2007-2009, ces proportions avaient atteint respectivement 84 % et 94 %. D'après le rapport taille/hanches, la proportion d'hommes obèses (classe I) présentant un risque accru ou élevé pour la santé était passée de 90 % à 96 %, tandis que dans le cas des femmes, elle était passée de 48 % à 75 %. Enfin, d'après le rapport taille/grandeur, à peu près tous les hommes et femmes obèses (classe I) couraient un risque accru ou élevé pour la santé, et ce, tant au premier qu'au second point dans le temps.

Évolution de la distribution

La figure 1 montre une évolution de la distribution des mesures de la circonférence de la taille vers les fourchettes de risque supérieures chez les personnes se situant dans les catégories du poids normal, de l'embonpoint et de l'obésité, classe I. Si les distributions observées en 1981 et en 2007-2009 chez les hommes de poids normal sont à peu près identiques, un déplacement de la courbe observé dans le cas des femmes provenant de cette même catégorie de poids signifie qu'une plus forte proportion d'entre elles avaient un tour de taille qui les plaçait dans les fourchettes correspondant à un risque accru ou à un risque élevé. Dans le cas des hommes et des femmes faisant de l'embonpoint, en moyenne, la courbe se déplace vers des valeurs plus élevées de la circonférence de la taille, particulièrement chez les femmes. Enfin, chez les hommes et les femmes répartis dans la catégorie de l'obésité, classe I, la courbe de la distribution de la circonférence de la taille tombait principalement au-delà du seuil de risque élevé pour 1981; toutefois, en 2007-2009, en moyenne, il y avait eu un déplacement marqué vers des valeurs de la circonférence de la taille encore plus élevées.

Figure 1 Distribution en pourcentage des mesures de la circonférence de la taille, selon la catégorie d'indice de masse corporelle (IMC), population à domicile de 20 à 69 ans, Canada, 1981 et 2007-20099Figure 1 Distribution en pourcentage des mesures de la circonférence de la taille, selon la catégorie d'indice de masse corporelle (IMC), population à domicile de 20 à 69 ans, Canada, 1981 et 2007-2009

Les tendances de la distribution selon le rapport taille/hanches et selon le rapport taille/grandeur à l'intérieur des catégories d'IMC étaient similaires (données non présentées). De même, la distribution des valeurs de l'IMC à l'intérieur des catégories d'IMC a évolué à la hausse. Par exemple, la proportion de femmes de poids normal dont l'IMC se situait dans la partie supérieure de la catégorie (24 kg/m2 et plus) est passée de 13 % en 1981 à 21 % en 2007-2009.

Conclusion

La surveillance de l'obésité qui est exercée actuellement au Canada repose presque exclusivement sur l'IMC. La présente étude montre qu'il y a eu une augmentation de la proportion de cas d'obésité abdominale à l'intérieur des différentes catégories d'IMC. Cela signifie que les Canadiens ayant un IMC donné courent un plus grand risque, en moyenne, d'avoir des problèmes de santé associés à l'obésité que ce n'était le cas en 1981. Il est recommandé, aux termes tant du système canadien de classification du poids corporel que des lignes directrices de pratique clinique, que l'on mesure également la circonférence de la taille des adultes aux fins de l'évaluation des risques pour la santé qui sont associés à l'obésité1,2. Les résultats de la présente étude mettent en lumière l'importance de la mesure et de la surveillance de l'obésité abdominale à l'intérieur des catégories d'IMC.