Propriétés psychométriques, structure factorielle et invariance de la mesure des versions française et anglaise de l'échelle de soutien social de l'Étude des issues médicales
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Le soutien social joue un rôle important sur le plan du vieillissement en santé1, de la santé physique2,3, de la mortalité4-16 et de la santé mentale3,17-23. De façon très générale, on pourrait définir le soutien social comme étant l'aide donnée à une personne par les membres de son réseau social, notamment pour l'aider à obtenir des renseignements, une aide financière ou un soutien affectif24. Pour comprendre le lien entre les différents types de soutien social et la santé physique et mentale, on recommande aux chercheurs d'utiliser des mesures qui englobent autant d'aspects que possible et qui mettent l'accent sur les types de soutien associés aux conséquences positives sur la santé25-27.
L'échelle de soutien social de l'Étude des issues médicales (EIM), mise au point par Sherbourne et Stewart28, se compose de 19 items qui se rapportent aux aspects fonctionnels du soutien social et un item qui se rapporte au soutien social structurel. L'étude initiale a été réalisée auprès d'un échantillon de 2 987 patients âgés de 18 à 98 ans qui avaient des problèmes de santé chroniques. Les auteurs ont effectué une analyse factorielle confirmatoire (AFC) des 19 items de mesure du soutien fonctionnel et ont conclu qu'un modèle à quatre facteurs révélait un bon ajustement aux données. Les quatre aspects fonctionnels du soutien social sont le soutien tangible (aide matérielle), le soutien émotif (amour et affection), l'interaction sociale positive (participation à des activités distrayantes avec d'autres personnes) et le soutien émotionnel/informationnel (rétroaction, orientation et information). Les pondérations factorielles normalisées étaient élevées pour les items des quatre aspects.
La validité factorielle de l'échelle de soutien social de l'EIM a été examinée par la suite par Gjesfjeld et coll. pour un échantillon de 330 mères dont les enfants recevaient des soins de santé mentale. Les auteurs ont examiné l'AFC d'une échelle à 18 items et de versions abrégées à 12 et 4 items29. Ils ont trouvé un modèle mieux ajusté pour les versions à 12 et à 4 items. Ces résultats font remettre en question l'ajustement de la version initiale de l'échelle et laissent croire que la suppression de certains items peut aboutir à un modèle mieux ajusté. Par conséquent, même si l'échelle de soutien social de l'EIM est utilisée dans le cadre de nombreuses études, d'autres recherches sont nécessaires pour mettre sa structure factorielle et ses propriétés psychométriques à l'essai auprès de diverses populations29.
Par exemple, l'échelle de soutien social de l'EIM est concise, facile à comprendre et conçue de manière à minimiser le fardeau du répondant. De ce fait, elle est particulièrement adaptée aux personnes d'un certain âge. Cependant, aucune étude n'a encore porté sur sa valeur psychométrique et sa structure factorielle en fonction d'un échantillon d'adultes d'un certain âge représentatif à l'échelle nationale.
De même, il existe peu de renseignements sur l'invariance de la mesure (IM) entre les participants francophones et anglophones, fait particulièrement important au Canada, où les comparaisons entre ces deux groupes sont fréquentes. D'après Statistique Canada et l'Institut canadien d'information sur la santé, les taux de soutien émotionnel et informationnel sont relativement peu élevés au Québec30, mais une analyse plus poussée s'impose pour déterminer si les différences sont réelles ou si elles sont attribuables à la traduction. Dans le contexte d'études sur le soutien social, rien ne sert de tirer des conclusions pour deux populations distinctes (p. ex. francophones et anglophones) avant d'avoir établi l'IM pour s'assurer que le sens attribué aux constructs par celles-ci est le même.
L'Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP) de Statistique Canada, qui fait appel à l'échelle de soutien social de l'EIM, est administrée en français et en anglais. Deux études antérieures dans le cadre desquelles on a traduit l'échelle de soutien social en français, pour ensuite en étudier les propriétés psychométriques, ont permis de constater un niveau approprié de cohérence, de fiabilité et de validité convergente31,32. Cependant, la traduction utilisée aux fins de l'ENSP a été élaborée séparément. Par conséquent, il est peu probable que ses résultats psychométriques soient les mêmes.
La présente étude vise principalement à examiner la cohérence interne des versions française et anglaise de l'échelle de soutien social de l'EIM pour un échantillon d'adultes d'un certain âge. En deuxième lieu, elle sert à effectuer une analyse factorielle confirmatoire afin de permettre une évaluation de la structure factorielle de chacune des versions. Enfin, elle a pour but de déterminer si les items de l'échelle s'appliquent uniformément aux participants francophones et aux participants anglophones.
Méthodes
Échantillon et données
Les données proviennent du volet des ménages de l'Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP)33, laquelle a permis de recueillir des données auprès des mêmes personnes tous les deux ans depuis 1994-1995. Ce volet vise la population des dix provinces, à l'exclusion des membres à temps plein des Forces canadiennes, des habitants des réserves indiennes, des terres de la Couronne et de certaines régions éloignées de l'Ontario et du Québec, et des résidents (militaires et civils) des bases des Forces canadiennes34. L'étude n'a pas tenu compte du volet des établissements de soins de santé de l'enquête, qui a été administré aux résidents des établissements de soins de santé et abandonné après le cycle 5.
Pour toutes les provinces sauf le Québec, on a utilisé un plan de sondage stratifié à deux degrés qui reposait sur une sélection intragrappe des logements. Sa conception était axée sur l'Enquête sur la population active (EPA). Pour le Québec, l'échantillon a été prélevé auprès des ménages qui avaient participé à l'« Enquête sociale et de santé », en fonction d'un plan de sondage à deux degrés34. L'échantillon longitudinal était formé de 17 276 participants, pour lesquels, au cours du cycle 3 (1998-1999), le taux de réponse a été de 88,3 %33. Les données ont été recueillies au moyen d'interviews (téléphoniques) assistées par ordinateur et sur place, la majorité d'entre elles ayant été menées par téléphone33.
La présente étude porte uniquement sur les répondants qui étaient âgés de 55 ans et plus au début de l'enquête, soit en 1994-1995, et est fondée sur les données du cycle 3 (1998-1999).
Mesures
Soutien social
Les 19 items de l'échelle de soutien social de l'EIM permettent de mesurer quatre aspects du soutien social fonctionnel28. (L'échelle renferme également un item sur le soutien structurel dont il n'est pas tenu compte ici.) D'abord, le soutien émotionnel/informationnel est évalué à partir de huit items qui permettent d'évaluer la mesure dans laquelle les relations interpersonnelles procurent une orientation, des effets positifs et une compréhension empathique. Ensuite, le soutien tangible englobe quatre items se rapportant à l'aide matérielle et comportementale. Le soutien affectif, lui, est évalué au moyen de trois items qui permettent de mesurer les marques d'affection et d'amour. Quant à elles, les interactions sociales positives englobent quatre items se rapportant aux possibilités de se divertir en compagnie d'autres personnes. Les réponses reposent sur une échelle de cinq points allant de « jamais » à « tout le temps », le soutien étant d'autant plus grand que les valeurs sont élevées.
Langue
Les participants à l'ENSP ont été interviewés en français ou en anglais. Cette variable a été utilisée pour identifier les participants francophones et anglophones sélectionnés aux fins de la présente étude. La grande majorité qui ont choisi d'être interviewés en français résidaient au Québec.
Analyses
Les analyses descriptives ont été effectuées à l'aide de SAS (version 8)35. En raison de sa capacité d'AFC d'échelles catégorielles ordonnées, le logiciel Mplus (version 4.1) a servi à effectuer toutes les autres analyses36,37.
La cohérence interne de l'échelle de soutien social de l'EIM a été mesurée au moyen du coefficient alpha de Cronbach, à l'aide de corrélations polychoriques, ce qui était conditionnel au classement des données en fonction de la catégorie38. L'utilisation du coefficient alpha de Cronbach comme indicateur de la cohérence interne a été critiquée38-41, surtout lorsqu'il n'est pas question de données continues. Par conséquent, on a également examiné la fiabilité composite du modèle de mesures congénères (FCMMC)40.
Le fait d'ajuster des variables catégoriques ordonnées à un modèle de variables continues peut entraîner une distorsion de la structure factorielle et de l'ajustement du modèle, et peut influer sur les comparaisons entre les groupes42-44. Ainsi, l'AFC et le test de l'invariance ont été effectués en se basant sur les procédures relatives aux données catégorielles ordonnées. Une matrice de corrélation polychorique a été analysée à l'aide d'un estimateur par les moindres carrés pondérés, avec un chi carré ajusté sur la moyenne et sur la variance (estimateur WLSMV)37,43. Lorsque la taille de l'échantillon est suffisamment grande, cette méthode fonctionne bien pour les variables catégoriques, même dans le cas d'un écart modeste par rapport à la norme43,44. Une approche à deux étapes a été utilisée pour la vérification de l'IM37. Premièrement, on a établi un modèle de base pour lequel les pondérations factorielles et les seuils étaient libres pour les deux groupes et où l'ajustement aux données était raisonnable. Deuxièmement, on a vérifié la cohérence de l'échelle de soutien social pour les participants francophones et les participants anglophones en contraignant toutes les pondérations factorielles et tous les seuils de façon à ce qu'ils soient les mêmes pour les deux groupes.
On a utilisé des poids de sondage afin d'éviter d'introduire un biais dû à l'estimation des paramètres33,45. Pour obtenir un poids normalisé, on a divisé la valeur pondérée par le poids moyen.
Étant donné le recours à l'échantillonnage stratifié et l'échantillonnage en grappes aux fins de la collecte des données, on a appliqué la méthode du bootstrap aux analyses préliminaires afin de tenir compte des mises à l'écart de l'hypothèse de l'indépendance entre les observations.
Dans le contexte de la modélisation par équations structurelles (MES), l'utilisation de données tirées de plans de sondage complexes peut entraîner une sous-estimation des erreurs types, ce qui peut influer sur la valeur du chi carré. La méthode de la linéarisation (linéarisation en série de Taylor) a été utilisée, avec des identificateurs par grappes et par strates. Cette méthode permet d'obtenir des estimations robustes des paramètres et des erreurs types46.
L'utilisation dans le cadre de la MES d'indices d'ajustement approximatifs (IAA) pour les modèles qui ne réussissent pas le test du chi carré, au lieu d'indiquer l'importance statistique du chi carré, a été critiquée47. Cependant, vu la grande taille de l'échantillon utilisé pour la présente étude, il est probable que les statistiques du test du chi carré seront statistiquement importantes. Cela permet de croire que l'écart entre le modèle observé et le modèle hypothétique sera plus prononcé que celui qui résulterait du hasard uniquement. Par conséquent, l'importance du test du chi carré et les IAA ont été déclarés. Les IAA ne sont pas fournis dans le but de corroborer un ajustement parfait ou un manque d'ajustement, mais plutôt dans celui de renseigner sur la pertinence du modèle fondé sur l'ajustement approximatif48.
À l'instar des tests de l'ajustement global du modèle, les tests de la différence du chi carré utilisés dans le cadre de l'IM sont sensibles à la taille de l'échantillon49. D'après de récents travaux, les IAA utilisés dans les recherches sur l'IM seraient moins sensibles à la taille de l'échantillon que les statistiques du chi carré49-51. Vandenberg et Lance recommandent d'utiliser la variance de l'indice d'ajustement comparatif (IAC) et un seuil de 0,02 pour déceler l'absence d'invariance52. L'utilisation de valeurs de l'erreur type de l'approximation (ETA) n'est pas recommandée49.
Contrairement à d'autres méthodes d'estimation, où le degré de liberté et, par conséquent, les statistiques du chi carré sont fondés sur la spécification du modèle, le degré de liberté dans le cas de l'estimateur WLSMV est rajusté en fonction de la taille de l'échantillon et de la spécification du modèle37,43,53. Ainsi, seules les valeurs p, et non le degré de liberté ou les valeurs du chi carré, sont interprétables. Pour cette raison, le degré de liberté et la valeur du chi carré n'ont pas été déclarés.
Les critères suivants ont été utilisés pour évaluer l'ajustement du modèle : les valeurs p du chi carré; l'indice d'ajustement comparatif (IAC); l'indice de Tucker et Lewis (TLI) et l'ETA. Selon Hu et Bentler, un IAC et un indice TLI supérieur à 0,95 indiquent un ajustement acceptable54. Un ETA inférieur à 0,05 constitue un bon ajustement et un ETA allant jusqu'à 0,08, un ajustement raisonnable54,55. Les estimations des paramètres et des erreurs types sont également examinées.
Résultats
Analyse préliminaire
Au total, 4 444 personnes ayant participé au cycle 3 de l'ENSP (1998-1999) étaient âgés de 55 ans et plus en 1994-1995. De ce nombre, huit ont été exclues des présentes analyses, car leurs données sur la langue de l'interview étaient incomplètes. Par ailleurs, 525 autres personnes qui sont décédées et 111 personnes qui sont allées vivre en établissement ont été exclues.
Parmi les enregistrements qui restaient, 669 ont été supprimés parce qu'il y manquait au moins une valeur dans l'échelle de soutien social de l'EIM. Les participants pour lesquels des valeurs étaient manquantes étaient similaires à ceux pour lesquels les données sur le sexe et la langue étaient complètes, mais ils étaient plus âgés et avaient un niveau de scolarité et un revenu moins élevés. Étant donné que pour la majorité d'entre eux (530) il manquait des données pour tous les items de l'échelle de soutien social de l'EIM, il aurait été difficile de faire une imputation. Certes, il aurait été possible d'ajouter des variables supplémentaires au modèle AFC et d'en faire des variables conditionnelles à l'absence de données, mais une telle approche ne fonctionne pas bien lorsque toutes les valeurs pour les variables de l'indicateur sont manquantes.
Les analyses portent sur les 3 131 adultes qui restaient, dont l'âge variait de 58 à 99 ans (M = 69,72; ET = 7,91) (tableau 1). Les sujets anglophones avaient un niveau de scolarité et un revenu significativement plus élevés que les sujets francophones. Les sujets francophones, quant à eux, étaient moins susceptibles que leurs homologues anglophones de faire partie d'un couple. Par contre, aucune différence quant à l'âge et au sexe n'a été notée d'un groupe à l'autre.
Fiabilité
Dans tous les cas, le coefficient alpha de Cronbach dépassait 0,90 (tableau 2). La fiabilité composite était fondée sur les pondérations factorielles normalisées et les variances normalisées de l'erreur de mesure pour le modèle entièrement contraint. Ces estimations ont été utilisées parce que le modèle semble fonctionner de la même façon pour les deux groupes. Toutes les valeurs étaient supérieures à 0,93.
Analyse factorielle confirmatoire
Une AFC axée sur quatre facteurs a été effectuée séparément pour les sujets francophones et les sujets anglophones (tableau 3). Pour les deux groupes, le modèle révélait un ajustement aux données approprié. Cependant, les valeurs ETA étaient quelque peu élevées pour le groupe des Anglophones. L'examen des indices IM laisse croire à une saturation transversale de l'item 5 (« … une personne pouvant vous accompagner chez le médecin si vous en aviez besoin? ») dans le cas du soutien affectif (indice de modification = 41,30, variation attendue normalisée du paramètre = 0,31), de l'interaction sociale positive (indice de modification = 41,16, variation attendue normalisée du paramètre = 0,29) et du soutien émotionnel/informationnel (indice de modification = 51,76, variation attendue normalisée du paramètre = 0,33). Il semble que l'item 5 permette de mesurer non seulement le soutien tangible, mais également le soutien social affectif, l'interaction sociale positive et le soutien social émotionnel/informationnel.
Dans le cas des participants francophones, tous les indices de modification étaient peu élevés. Après la prise en compte d'un certain nombre de facteurs, la spécification du modèle est demeurée inchangée. Le taux d'ETA était légèrement élevé, mais acceptable56; les indices IAC et TLI laissent croire à un ajustement acceptable et, théoriquement, il est difficile d'expliquer pourquoi ces items entraîneraient une saturation transversale par rapport aux autres facteurs.
Les items de l'échelle de soutien social de l'EIM ont tous donné lieu à une saturation factorielle importante par rapport à leurs variables latentes respectives (tableau 4, figure 1). (On peut obtenir les tableaux de la matrice de corrélation, y compris les moyennes et les écarts types pour chaque item du modèle, auprès des auteurs.)
Test d'invariance
Le modèle multigroupe non contraint, pour lequel les pondérations factorielles et les seuils sont souples, rend compte d'un ajustement aux données acceptable. Le deuxième modèle, pour lequel les pondérations factorielles et les seuils sont contraints de façon à correspondre pour les deux groupes, constitue également un modèle acceptable (tableau 3). En contraignant les pondérations factorielles et les seuils de façon à ce qu'ils correspondent pour les deux groupes, on a obtenu une différence importante du chi carré (Δχ2[Δdf= 21] = 50,84, p = 0,0003). Cependant, l'IAC pour vérifier l'invariance des pondérations factorielles et des seuils était de 0,008, ce qui porte à conclure à l'invariance des pondérations factorielles et des seuils pour les deux modèles. L'invariance partielle de la mesure a été examinée en contraignant chaque item, un à la fois, de façon à ce que tous les items correspondent pour les deux groupes. Aucune différence n'a été constatée.
Discussion
L'étude visait principalement à examiner les propriétés psychométriques des versions française et anglaise de l'échelle de soutien social de l'EIM pour un échantillon d'adultes d'un certain âge. De façon générale, les résultats rejoignent ceux d'études antérieures de l'échelle qui ont conclu à des propriétés psychométriques valables28,29. Les coefficients de Cronbach et valeurs FCMMC élevés obtenus pour toutes les sous-échelles indiquent une bonne cohérence interne.
Deuxièmement, l'étude visait à vérifier l'hypothèse selon laquelle l'échelle de soutien social à 19 items de l'EIM repose sur une structure axée sur quatre facteurs. D'après les résultats, on peut croire que le modèle du soutien social fonctionnel axé sur quatre facteurs est acceptable. Bien que cela soit cohérent avec les résultats d'études antérieures28, certains items semblent donner lieu à une saturation transversale pour plus d'un facteur, ce qui porte à croire qu'on pourrait obtenir un modèle mieux ajusté si certains items étaient supprimés. Cela va dans le sens des résultats des travaux de Gjesfjeld et de ses collègues29.
Troisièmement, l'étude visait à examiner l'invariance du modèle entre les sujets francophones et anglophones. D'après la variance de l'IAC, l'instrument fonctionne à peu près de la même façon pour les deux groupes. Par ailleurs, lorsqu'on examine chaque item séparément, on ne constate pas de différences d'un item à l'autre. Toutefois, étant donné que le résultat du test de la différence du chi carré était significatif, on ne peut écarter l'hypothèse de l'absence d'invariance de la mesure.
Les versions française et anglaise de l'échelle de soutien social de l'EIM utilisées dans le cadre de l'ENSP semblent constituer de bons instruments de mesure de la perception qu'ont les adultes d'un certain âge de la disponibilité du soutien social, laquelle est un prédicteur du vieillissement en santé57-61. Cependant, l'échelle ne permet pas de mesurer tous les aspects du soutien social. Par exemple, elle n'inclut pas le réconfort27,62-65 ou la source du soutien (membres de la famille, amis, enfants). L'ajout d'items de ce genre est important pour les recherches à venir.
Les résultats de l'étude s'appliquent aux personnes de 55 ans et plus présentant des caractéristiques démographiques semblables. De plus, même s'il y avait des différences significatives entre les personnes pour lesquelles des données manquaient et celles pour lesquelles il n'en manquaient pas, ces premières ont été exclues de l'étude faute d'une façon valable d'imputer les données les concernant. Or, les résultats auraient peut-être été légèrement différents si les analyses avaient tenu compte de ces personnes.
De même, l'évaluation de l'IM entre les adultes francophones et les adultes anglophones d'un certain âge est utile pour les chercheurs qui étudient le soutien social en rapport avec ces populations. Par le passé, les études ont porté sur les deux groupes confondus ou établi des comparaisons même si l'IM entre eux n'avait pas été évaluée. Les Canadiens francophones et anglophones visés par la présente étude ne semblent pas différer dans leur interprétation des items de l'échelle de soutien social de l'EIM. Cela porte à croire que les différences culturelles entre eux ont vraisemblablement joué un rôle important en ce qui a trait aux différences observées dans les niveaux de soutien social dans le cadre d'études passées de l'échelle de soutien social de l'EIM.
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier Rochelle Garner de son aide au cours de l'élaboration du manuscrit. L'étude a reçu l'appui du Programme de recherche Tom-Symons de Statistique Canada sous forme d'une bourse de recherche accordée à la première auteure.
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