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Résultats

L’hypertension est un facteur de risque important concernant les maladies cardiaques, cérébrovasculaires et les autres maladies vasculaires1‑5. L’hypertension est aussi une cause majeure d’incapacité et est considérée comme le principal facteur de risque de décès dans le monde, étant à l’origine d’un nombre estimatif de 7,5 millions de décès par année (13 % de tous les décès)6. La surveillance de la TA dans la population fournit des données essentielles sur la prévention de l’hypertension et sur les efforts liés à son contrôle. Lors de la récente Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS), des mesures directes et automatiques de la TA ont été recueillies à partir d’un échantillon représentatif de la population; il en découle l’évaluation la plus juste de la prévalence de l’hypertension à l’échelle nationale à laquelle on ait jamais procédé.

Le contrôle de la TA est essentiel pour réduire le risque de maladies cardiovasculaires chez les personnes faisant de l’hypertension. Bien que la situation vis-à-vis de la gestion de l’hypertension se soit améliorée au cours des 15 dernières années dans beaucoup de pays occidentaux, celle-ci demeure moins qu’optimale7, et ce, même si les médicaments visant à réduire l’hypertension, les modifications du régime alimentaire, la perte de poids, l’augmentation des niveaux d’activité physique et la consommation limitée d’alcool peuvent être assez efficaces pour son contrôle et son traitement.

Des données nationales fondées sur des mesures directes de la TA avaient été recueillies pour la dernière fois dans le cadre des enquêtes canadiennes sur la santé cardiovasculaire (ECSC) menées dans les provinces au cours de la période de 1985 à 19928,9. À ce moment‑là, même si la prévalence de l’hypertension était similaire au Canada et aux États‑Unis, les niveaux de sensibilisation, de traitement et de contrôle étaient plus élevés aux États‑Unis10.

Depuis la fin des années 1990, des efforts exhaustifs ont été déployés au Canada pour sensibiliser davantage les médecins et le public à l’importance du traitement de l’hypertension et de son contrôle11. Des initiatives comme le Programme Éducatif Canadien sur L’Hypertension (http://www.hypertension.ca/chep/fr/) ainsi que des campagnes d’organismes comme Pression Artérielle Canada (http://www.hypertension.ca/bpc/fr) et la Fondation des maladies du cœur (http://fmcoeur.com/site) en sont de bons exemples. Ce n’est peut-être pas par hasard que les résultats d’une enquête récente auprès de la population de l’Ontario montrent que le contrôle de l’hypertension chez les personnes souffrant de ce problème a plus que quintuplé entre 1992 et 2006, passant de 12 % à 66 %12. Toutefois, cette amélioration doit être corroborée et validée, afin de déterminer si les résultats de l’Ontario s’appliquent à l’ensemble du Canada.

La surveillance de l’hypertension présente des défis uniques. Contrairement à la plupart des autres problèmes de santé chroniques, l’hypertension est le plus souvent « silencieuse » ou asymptomatique. Pour cette raison, lorsque l’évaluation de l’hypertension se limite aux données d’enquêtes sur la santé fondées sur des questionnaires, sa prévalence est habituellement sous‑estimée13. La mesure directe de la TA, du fait qu’elle ne dépend pas d’un diagnostic ou de la sensibilisation, peut fournir des estimations plus précises de la prévalence de l’hypertension. Par ailleurs, à partir des valeurs obtenues par la mesure directe, la répartition de la TA dans la population peut être indiquée, et des comparaisons peuvent être faites entre des sous‑populations. Enfin, la combinaison de données tirées de mesures directes et de données autodéclarées sur le diagnostic et le traitement fournit des renseignements importants concernant la sensibilisation à l’hypertension, son traitement et son contrôle.

Le cycle 1 de l’ECMS a été lancé en 2007 par Statistique Canada, en partenariat avec Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada14. Outre un questionnaire détaillé sur la santé, l’enquête comprend la série la plus exhaustive de mesures physiques jamais recueillies au Canada auprès d’un échantillon de la population, mesures dans lesquelles figure une mesure directe de la TA.

Les objectifs de la présente étude préliminaire consistent à décrire la répartition de la TA dans la population adulte au Canada et à produire des estimations de la prévalence de l’hypertension selon le sexe ou le groupe d’âge. Les niveaux de sensibilisation, de traitement et de contrôle sont aussi déclarés.

Méthodes

Source des données

Les données de la présente étude sont tirées du cycle 1 de l’ECMS, qui a permis de recueillir des données dans 15 emplacements au Canada, de mars 2007 à la fin de février 200914. L’enquête englobait la population de 6 à 79 ans vivant dans des ménages privés. Elle était conçue pour produire des estimations nationales statistiquement fiables sur les problèmes de santé dont la prévalence est d’au moins 10 % pour les répondants selon leur sexe dans cinq groupes d’âge : 6 à 11 ans, 12 à 19 ans, 20 à 39 ans, 40 à 59 ans et 60 à 79 ans15. La présente analyse se limite aux participants à l’enquête de 20 à 79 ans; une étude subséquente sera axée sur la TA dans le groupe des 6 à 19 ans16. L’ECMS n’inclut pas les habitants des réserves indiennes ou des terres de la Couronne, les personnes vivant en établissement, les habitants de certaines régions éloignées et les membres à temps plein des Forces canadiennes régulières.

Parmi les ménages sélectionnés pour participer à l’ECMS, le taux de réponse a été de 69,6 %, ce qui signifie que dans 69,6 % des ménages sélectionnés, le sexe et la date de naissance de tous les membres du ménage ont été fournis par un membre du ménage. Dans chacun des ménages, un ou deux membres ont été sélectionnés pour participer à l’enquête; dans le groupe des 20 à 79 ans, 87,9 % des membres sélectionnés dans les ménages ont répondu au questionnaire des ménages, et 83,6 % des membres des ménages ayant répondu au questionnaire ont participé à la composante subséquente d’examen de l’enquête.  Le taux de réponse final n’a pas été calculé comme correspondant simplement au produit de ces fractions de réponse, en raison des complexités liées à la sélection de deux participants dans certains ménages16,17. Le taux de réponse final, après correction pour tenir compte de la stratégie d’échantillonnage, était de 50,9 %.

L’ECMS a obtenu l’approbation déontologique du Comité d’éthique de la recherche de Santé Canada. On a demandé le consentement des participants par écrit avant l’enquête. Les participants ont été informés que leur participation était volontaire et qu’ils pouvaient se soustraire à n’importe quelle partie de l’enquête à tout moment. Des renseignements additionnels concernant l’enquête sont disponibles dans des rapports publiés précédemment15,17‑20 et dans le site Web de Statistique Canada ().

Mesures

Dans le cadre d’une entrevue à domicile, un intervieweur formé a rempli, avec le participant, un questionnaire englobant les caractéristiques sociodémographiques, les antécédents médicaux, l’état de santé actuel et le mode de vie. Dans la composante des problèmes de santé chroniques de l’entrevue, les participants ont dû répondre par oui ou par non à deux questions concernant la TA : s’ils avaient une TA élevée (diagnostiquée par un professionnel de la santé et d’une durée réelle ou potentielle de six mois ou plus); et s’ils avaient « pris des médicaments pour l’hypertension » au cours du dernier mois.

À une date fixée après l’entrevue, des mesures physiques, y compris la TA, la fréquence cardiaque, la taille, le poids et la condition physique, ainsi que des échantillons de sang et d’urine, ont été recueillis dans un centre d’examen mobile. Pour maximiser les taux de réponse, les participants qui ne souhaitaient pas se rendre au centre ou qui étaient incapables de le faire ont eu l’option d’avoir une visite à domicile. Le protocole de la TA utilisé pour effectuer les mesures à domicile ne différait pas de celui utilisé dans le centre d’examen mobile.

La TA et la fréquence cardiaque ont été mesurées au moyen d’un appareil BpTRUtm BP‑300 (BpTRU Medical Devices Ltd., Coquitlam, Colombie‑Britannique) au centre d’examen mobile et au moyen d’un appareil BpTRUtm BP‑100 dans le cas des visites à domicile. Le BpTRUtm est un moniteur électronique qui utilise un brassard enroulé autour du bras. L’appareil, qui gonfle et dégonfle automatiquement le brassard, s’appuie sur la technique oscillométrique pour calculer les TA systoliques (TAS) et diastoliques (TAD) et a été soumis à des protocoles de validation internationaux pour en assurer l’exactitude21,22.

Parmi les avantages importants de l’utilisation d’un appareil automatisé figure le fait qu’il permet la mesure de la TA en l’absence d’une autre personne. Son utilisation élimine par conséquent les erreurs d’observation, comme les biais de chiffres, la préférence pour les zéros et les taux de déflation incorrecte et réduit, en outre, l’« hypertension de consultation (effet blouse blanche) »23 — une augmentation de la TA associée à la présence d’un professionnel de la santé et aux procédures de mesure. (Pour plus de renseignements sur les procédures et le protocole utilisés, voir la Mesure de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque au repos dans l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé, par Bryan et coll.24.)

Définitions

Les mesures de la TAS et de la TAD ont été établies à partir de la moyenne du premier ensemble (cinq dernières mesures des six mesures prises à une minute d’intervalle) de mesures valides de la TA24. Le modèle de classification utilisé pour catégoriser la TA mesurée est celui qui a été défini dans le septième rapport du Joint National Committee on Prevention, Detection, Evaluation and Treatment of High Blood Pressure (JNC 7)25 :

Catégorie du JNC 7 Tension artérielle (mm Hg)
Tension normale Tension systolique inférieure à 120 et tension diastolique inférieure à 80
Préhypertension Tension systolique de 120 à 139 ou tension diastolique de 80 à 89
Hypertension Tension systolique de 140 ou plus, ou tension diastolique de 90 ou plus
Stade 1 Tension systolique de 140 à 159 ou tension diastolique de 90 à 99
Stade 2 Tension systolique de 160 ou plus, ou tension diastolique de 100 ou plus

Dans le cas des personnes dont la TAS et la TAD se retrouvaient dans des catégories différentes, on a utilisé la catégorie la plus élevée pour la classification.
Par tension artérielle normale, on entendait une TAS moyenne mesurée inférieure à 120 mm Hg et une TAD moyenne mesurée inférieure à 80 mm Hg.
Par préhypertension, on entendait une TAS moyenne mesurée de 120 à 139 ou une TAD de 80 à 89 mm Hg.
Par hypertension, on entendait une TAS moyenne mesurée de 140 mm Hg ou plus, ou une TAD moyenne mesurée de 90 mm Hg ou plus, ou encore une déclaration du participant au fait qu’il avait pris des médicaments contre l’hypertension au cours du dernier mois.
Par hypertension traitée, on entendait l’utilisation déclarée par les participants de médicaments contre l’hypertension au cours du dernier mois.
Par sensibilisation à l’hypertension, on entendait une hypertension diagnostiquée déclarée par le participant ou l’utilisation de médicaments contre l’hypertension au cours du dernier mois.
Par hypertension contrôlée, on entendait la déclaration par le participant de l’utilisation de médicaments contre l’hypertension au cours du dernier mois et des valeurs moyennes mesurées de la TA inférieures à 140 mm Hg (systolique) et à 90 mm Hg (diastolique).
Par hypertension systolique isolée, on entendait une TAS mesurée de 140 mm Hg ou plus et une TAD mesurée inférieure à 90 mm Hg.
Par hypertension diastolique isolée, on entendait une TAD mesurée de 90 mm Hg ou plus, et une TAS mesurée inférieure à 140 mm Hg.

Techniques d’analyse

À partir de données pondérées du cycle 1 de l’ECMS, des fréquences, des moyennes et des tableaux croisés ont été produits pour estimer la répartition de la TA, la prévalence de la TA normale et de l’hypertension, et la sensibilisation à l’hypertension, à son traitement et à son contrôle dans la population à domicile de 20 à 79 ans inclusivement. Afin de tenir compte du plan de sondage complexe de l’enquête, on a calculé la variance des estimations et le critère de signification des différences entre les estimations au moyen de la technique du bootstrap26,27. La signification a été précisée comme correspondant à une valeur p inférieure à 0,05.

Résultats

Pour le cycle 1 de l’ECMS, on a obtenu des mesures de la TA pour 3 514 participants de 20 à 79 ans inclusivement : 3 493 dans les centres d’examen mobiles et 21 à domicile. Les données ont été pondérées pour être représentatives des 23,7 millions d’adultes au Canada dans ce groupe d’âge.

Les valeurs moyennes de la TAS et de la TAD différaient selon l’âge et le sexe. Dans les groupes des 20 à 39 ans et des 40 à 59 ans, les valeurs moyennes de la TAS pour les femmes (101,4 et 111,7 mm Hg) étaient plus faibles que celles pour les hommes (109,9 et 116,5 mm Hg) (tableau 1). Toutefois, dans le groupe des 60 à 79 ans, la valeur moyenne de la TAS était plus élevée pour les femmes (126,9 mm Hg) que pour les hommes (122,4 mm Hg). Pour ce qui est de la TAD, les valeurs moyennes étaient uniformément plus faibles chez les femmes que chez les hommes. Les valeurs moyennes de la TAS ont augmenté avec l’âge pour chaque sexe, tandis que la TAD moyenne atteignait un sommet chez les gens d’âge moyen, puis diminuait légèrement (figure 1).

Valeur moyenne mesurée de la tension artérielle systolique (TAS) et diastolique (TAD) (mm Hg), selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau 1
Valeur moyenne mesurée de la tension artérielle systolique (TAS) et diastolique (TAD) (mm Hg), selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

Tension artérielle moyenne systolique (TAS) et diastolique (TAD) (mm Hg), selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Figure 1
Tension artérielle moyenne systolique (TAS) et diastolique (TAD) (mm Hg), selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

Selon la TA mesurée et l’utilisation autodéclarée de médicaments contre l’hypertension, cette élévation de la TA était présente chez une proportion estimée de 19 % (4,6 millions) d’adultes de 20 à 79 ans au Canada (tableau 2, figure 2). La prévalence globale de l’hypertension est à peu près la même chez les hommes (19,7 %) que chez les femmes (19,0 %).

Répartition en pourcentage de la tension artérielle mesurée, selon le niveau d’hypertension et la catégorie de tension artérielle du JNC 726, selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau 2
Répartition en pourcentage de la tension artérielle mesurée, selon le niveau d’hypertension et la catégorie de tension artérielle du JNC 726 , selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

Pourcentage de personnes souffrant d’hypertension†, selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Figure 2
Pourcentage de personnes souffrant d’hypertension†, selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

La prévalence de l’hypertension augmentait avec l’âge chez les deux sexes confondus. De 20 à 39 ans, environ 2 % avait de l’hypertension, comparativement à 18 % des 40 à 59 ans et à 53 % des 60 à 79 ans.

Les trois cinquièmes (61 %) des adultes avaient une TA dans l’intervalle normal, et 20 % étaient considérés comme souffrant de préhypertension (tableau 2). La probabilité de la préhypertension était plus élevée chez les hommes (25 %) que chez les femmes (15 %). De 60 à 79 ans, le pourcentage de personnes ayant une TA normale (23 %) était à peu près égal au pourcentage de personnes classées comme souffrant de préhypertension (24 %).

Plus de quatre cinquièmes (83 %) des personnes faisant de l’hypertension étaient au courant de leur problème, et 80 % étaient traitées au moyen de médicaments contre l’hypertension (tableau 3, figure 3). Chez les deux tiers (66 %) des personnes faisant de l’hypertension, la TA était contrôlée au moyen de médicaments (tension systolique inférieure à 140 mm Hg et tension diastolique inférieure à 90 mm Hg). Enfin, 17 % des adultes faisant de l’hypertension ne connaissaient pas leur problème, une situation plus répandue chez les hommes (20 %) que chez les femmes (14 %).

Pourcentage de personnes souffrant d’hypertension†, qui sont conscientes de leur problème, qui sont traitées au moyen de médicaments ou dont l’hypertension est contrôlée, selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 20 à 79 ans souffrant d’hypertension, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau 3
Pourcentage de personnes souffrant d’hypertension†, qui sont conscientes de leur problème, qui sont traitées au moyen de médicaments ou dont l’hypertension est contrôlée, selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 20 à 79 ans souffrant d’hypertension, Canada, mars 2007 à février 2009

Pourcentage de personnes souffrant d’hypertension†, qui sont conscientes de leur problème, qui sont traitées au moyen de médicaments ou dont l’hypertension est contrôlée‡, population à domicile de 20 à 79 ans souffrant d’hypertension, Canada, mars 2007 à février 2009Figure 3
Pourcentage de personnes souffrant d’hypertension†, qui sont conscientes de leur problème, qui sont traitées au moyen de médicaments ou dont l’hypertension est contrôlée‡, population à domicile de 20 à 79 ans souffrant d’hypertension, Canada, mars 2007 à février 2009

Les pourcentages de contrôle de l’hypertension étaient similaires entre les hommes (67 %) et les femmes (65 %), en dépit de la probabilité plus faible concernant le fait que les hommes faisant de l’hypertension utilisent des médicaments contre l’hypertension (76 % pour les hommes et 83 % pour les femmes). Chez les femmes prenant des médicaments contre l’hypertension, le pourcentage dont la TA n’était pas contrôlée était plus élevé que chez les hommes (18 % et 10 % respectivement). Une analyse supplémentaire a révélé que l’écart dans le contrôle de la TA entre les sexes était présent uniquement chez les personnes plus âgées : chez les femmes de 60 à 69 ans qui utilisaient un médicament contre l’hypertension, le pourcentage de cas non contrôlés était de 19 %, comparativement à 7 % chez les hommes; les estimations correspondantes pour le groupe des 70 à 79 ans étaient de 37 %, comparativement à 18 % (données non présentées).

Pour les deux sexes combinés, la probabilité de contrôle de l’hypertension au moyen de médicaments était à peu près la même chez les 60 à 79 ans (67 %) et les 40 à 59 ans (65 %). Même si l’estimation ponctuelle du contrôle (57 %) était substantiellement plus faible chez les 20 à 39 ans, les différences comparées aux autres groupes d’âge n’étaient pas statistiquement significatives en raison de la faible taille de l’échantillon chez le plus jeune groupe.

La TAS élevée, dont la prévalence est de 5,4 % dans la population adulte, était deux fois plus répandue que la TAD élevée (2,7 %) (tableau 4). La différence entre les pourcentages de femmes (6,0 %) et d’hommes (4,8 %) considérés comme ayant une TAS élevée n’était pas statistiquement significative. La TAD élevée touchait un pourcentage significativement plus faible de femmes (2,0 %) que d’hommes (3,4 %). Par contre, un pourcentage plus élevé de femmes (4,7 %) que d’hommes (3,2 %) était catégorisé comme ayant une TAS élevée isolée. La prévalence de la TAS élevée et de la TAS élevée isolée augmentait considérablement avec l’âge.

Pourcentage de personnes dont l’hypertension est mesurée, selon le type, le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009Tableau 4
Pourcentage de personnes dont l’hypertension est mesurée, selon le type, le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 20 à 79 ans, Canada, mars 2007 à février 2009

Chez les adultes déclarant utiliser des médicaments contre l’hypertension, 42 % avaient une TAS mesurée inférieure à 120 mm Hg; pour 25 % des personnes, la TAS était d’au moins 120 mm Hg, mais inférieure à 130 mm Hg, et pour 17 % des personnes, elle était de 130 à 139 mm Hg (figure 4). Chez environ une personne sur six (16 %) traitées au moyen de médicaments, la valeur mesurée de la TAS était de 140 mm Hg ou plus. La TAD était inférieure à 80 mm Hg chez 70 % des adultes utilisant des médicaments contre l’hypertension (figure 5). Une analyse supplémentaire axée sur les personnes souffrant d’hypertension traitée, mais non contrôlée, a révélé que neuf personnes sur dix souffraient d’hypertension systolique comparativement à un quart de celles qui souffraient d’hypertension diastolique (données non présentées). En résumé, l’hypertension non contrôlée chez les personnes traitées au moyen de médicaments contre l’hypertension était attribuable dans une large mesure à une TAS élevée.

Répartition en pourcentage de la TAS (mm Hg), population à domicile de 20 à 79 ans déclarant utiliser actuellement des médicaments contre l’hypertension, Canada, mars 2007 à février 2009Figure 4
Répartition en pourcentage de la TAS (mm Hg), population à domicile de 20 à 79 ans déclarant utiliser actuellement des médicaments contre l’hypertension, Canada, mars 2007 à février 2009

Répartition en pourcentage de la TAD (mm Hg), population à domicile de 20 à 79 ans déclarant utiliser actuellement des médicaments contre l’hypertension, Canada, mars 2007 à février 2009Figure 5
Répartition en pourcentage de la TAD (mm Hg), population à domicile de 20 à 79 ans déclarant utiliser actuellement des médicaments contre l’hypertension, Canada, mars 2007 à février 2009

Discussion

Selon l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS), près du cinquième (19 %) des adultes de 20 à 79 ans font de l’hypertension. Cette estimation est légèrement plus faible que celle déclarée dans les enquêtes canadiennes sur la santé cardiovasculaire (ECSC) (21 % chez les personnes de 18 à 74 ans de 1985 à 1992)10. La TAS moyenne des hommes de 20 à 79 ans (115,1 mm Hg) est beaucoup plus faible que l’estimation de l’ECSC pour les hommes (en excluant les résidents de l’Ontario) de 18 à 74 ans (126,0 mm Hg); les estimations correspondantes pour les femmes sont de 111,1 et 118,7 mm Hg8. Toutefois, compte tenu du vieillissement de la population, de l’augmentation de l’obésité28, des mauvaises habitudes alimentaires29 et de la condition physique réduite30, il est peu probable que des baisses de cette ampleur se soient produites. Les valeurs plus faibles des données de l’ECMS sont probablement le résultat d’une combinaison de facteurs, dont le plus important est celui des différences dans les méthodes de mesure entre l’ECSC et l’ECMS.

La méthode automatisée de mesure de la TA qui a été utilisée dans l’ECMS semble produire des mesures de la TA de 3/3 mm Hg plus faibles que la méthode manuelle, sur la base des mesures prises dans le cadre d’une visite31,32. D’autres travaux de recherche laissent supposer que la présence d’un observateur est associée à une différence encore plus grande entre les mesures manuelles et automatisées33. Toutefois, ces études étaient limitées par un biais de référence lié à l’effet blouse blanche, ou par l’absence de formation uniformisée des observateurs ou de techniques de mesure uniformes; par conséquent, on pourrait s’attendre à des différences plus grandes entre les mesures manuelles et automatisées. Les mesures de la TA pour l’ECSC ont été effectuées dans le cadre de deux visites (dont une au domicile du participant à l’enquête), comparativement à une seule pour l’ECMS, un facteur qui peut avoir contrebalancé les différences entre les deux enquêtes34. D’autres études des répercussions du mode de mesure sur les valeurs de la tension artérielle sont en cours aux États‑Unis, où des mesures tant automatisées que manuelles ont été effectuées au cours du cycle 2007‑2008 de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES)35.

Les estimations de l’ECMS sur la sensibilisation à l’hypertension et son contrôle sont considérablement plus élevées que celles pour la période précédente; les pourcentages de personnes faisant de l’hypertension qui étaient conscientes de leur problème ont augmenté pour passer de 57 % à 83 %; ceux des personnes traitées, de 34 % à 80 %; et ceux des cas contrôlés, de 13 % à 66 %10. Toutefois, il se peut que ces comparaisons soient trompeuses dans une certaine mesure. L’utilisation d’une mesure automatisée dans l’ECMS est peut‑être responsable en partie des valeurs plus faibles de tension artérielle qui ont été observées dans l’enquête précédente et peuvent aussi expliquer une partie du niveau apparemment plus élevé de contrôle.

Le niveau de 66 % de contrôle de l’hypertension estimé à partir de l’ECMS est équivalent à celui déclaré dans l’enquête récente sur les mesures physiques en Ontario, pour laquelle des mesures automatisées de la TA ont aussi été utilisées12. Comme il est indiqué précédemment, divers facteurs de mesure nuisent à la comparabilité des estimations, ce qui fait que comme il fallait s’y attendre, des niveaux plus faibles de contrôle (définis comme le pourcentage de personnes souffrant d’hypertension dont la TA mesurée est inférieure à 140/90 mm Hg) ont été déclarés ailleurs : par exemple, 44 % aux États‑Unis (2005‑2006)36 et 28 % en Angleterre (2006)37.

Même s’il est difficile de quantifier l’effet des différences dans les méthodes de mesure sur les estimations de l’hypertension, de la sensibilisation, du traitement et du contrôle, il est raisonnable de présumer qu’une partie du changement observé au fil du temps est attribuable à une amélioration véritable. De tels progrès correspondraient aux hausses importantes qui ont touché le diagnostic, le traitement et la prescription de médicaments pour l’hypertension qui ont été notées au Canada38‑40, et aux réductions équivalentes des décès et des hospitalisations attribuables aux maladies cardiovasculaires39,41,42. Les augmentations du traitement et du diagnostic de l’hypertension et les réductions subséquentes des complications cardiovasculaires peuvent être attribuées en partie aux efforts d’une gamme variée d’organisations et aux initiatives destinées à augmenter la sensibilisation du public et à éduquer les professionnels des soins de santé dans le domaine de la gestion de l’hypertension11.

Pour la présente analyse, la définition du « traitement » de l’hypertension a été limitée à l’utilisation de médicaments, sans tenir compte des autres stratégies non pharmaceutiques, comme la diminution de l’apport alimentaire en sodium, l’activité physique ou le contrôle du poids. Toutefois, les définitions de traitement et de contrôle utilisées dans l’ECMS sont les mêmes que celles utilisées par la NHANES36, ce qui fait qu’à cet égard, les enquêtes sont comparables.

Comme il a été observé dans d’autres pays, la sensibilisation à l’hypertension était plus élevée chez les femmes que chez les hommes37,43,44. En dépit de taux plus faibles de sensibilisation et de traitement chez les hommes, les pourcentages d’hommes et de femmes dont l’hypertension était contrôlée au moyen d’un médicament étaient à peu près égaux. Parmi les personnes traitées, toutefois, les femmes étaient moins susceptibles que les hommes de voir leur hypertension contrôlée dans les groupes plus âgés; ce résultat est important et soulève des questions qui justifient une étude plus poussée. Des différences similaires dans l’efficacité du traitement pour les femmes ont été observées en Chine, en Espagne et aux États‑Unis45; le rôle possible des différences liées au sexe du point de vue des facteurs génétiques, environnementaux ou cliniques n’est pas bien défini. Une analyse des données de la NHANES de 1999 à 2004 a révélé la même disparité, même une fois l’âge, l’origine raciale ou ethnique et la comorbidité46 contrôlés. Enfin, une étude publiée récemment sur plus de 18 000 patients souffrant d’hypertension démontre aussi que même si les femmes sont plus souvent traitées pour l’hypertension, cette dernière est moins bien contrôlée chez elles que chez les hommes47.

Les résultats de l’ECMS, selon lesquels la prévalence de l’hypertension systolique est plus élevée que celle de l’hypertension diastolique, sont dignes de mention, compte tenu de l’importance de plus en plus grande de l’hypertension systolique comme facteur de risque cardiovasculaire chez les personnes de plus de 50 ans48. La prédominance de l’hypertension systolique peut être la conséquence d’une tendance chez les cliniciens à la traiter moins vigoureusement que l’hypertension diastolique49‑51, à tout le moins jusqu’à récemment. En fait, avant 1993, les lignes directrices pour le traitement de l’hypertension produites par la Société canadienne d’hypertension artérielle étaient fondées uniquement sur les niveaux de la TAD; cette année‑là, une TAS de 160 a été ajoutée à la définition clinique de l’hypertension52. En 2001, les recommandations en matière de traitement ont été mises à jour, afin d’inclure le seuil de 140/90 mm Hg pour la première fois, et des critères clairs de diagnostic de l’hypertension fondés sur la TAS ont été établis53,54.

Les données de l’ECMS montrent qu’un pourcentage important d’adultes ont une TA mesurée qui les place dans le groupe des personnes qui souffrent de préhypertension. Même si les lignes directrices cliniques ne recommandent pas de thérapie pharmacologique contre l’hypertension pour les personnes faisant de la préhypertension, des stratégies visant à modifier certains facteurs, y compris le régime alimentaire, le poids, le tabagisme, l’exercice et le stress, sont recommandées48,55. La préhypertension est associée à un risque accru de problèmes cardiovasculaires56 et est un prédicteur important de l’hypertension27,48. Environ la moitié du fardeau dû à la maladie attribuable à une TA élevée se produit au niveau d’une TAS inférieure à 145 mm Hg5.

Limites

Les données de la composante de l’entrevue de l’ECMS ont été autodéclarées et n’ont pas été validées avec celles de sources externes; leur degré d’inexactitude est donc inconnu. D’une façon plus particulière, la période de référence pour l’utilisation de médicaments pour la TA était d’un mois avant l’entrevue de l’ECMS; un rappel inapproprié de la durée pendant laquelle les médicaments ont été utilisés peut avoir donné lieu à une classification erronée de la situation du traitement. Par ailleurs, certains participants à l’enquête peuvent avoir déclaré incorrectement le problème de santé pour lequel leurs médicaments étaient prescrits.

Aucun renseignement sur le dosage des médicaments utilisés contre l’hypertension ou sur la prise des médicaments n’a été recueilli auprès des participants à l’enquête. On ne leur a pas demandé non plus quelles autres mesures de contrôle de la TA ils utilisaient, mis à part la pharmacothérapie. Par conséquent, le terme « traité » a été appliqué uniquement aux personnes déclarant utiliser des médicaments et a exclu ceux dont l’hypertension était gérée seulement grâce à une thérapie non pharmacologique. Cela peut avoir donné lieu à un pourcentage différent de contrôle de l’hypertension que celui qui aurait été observé si la définition de traitement avait été élargie aux interventions non pharmaceutiques touchant le mode de vie.

Le taux de réponse global à l’ECMS a été de 51 %, ce qui signifie que dans près de la moitié des ménages contactés, on n’a pas pu obtenir la participation d’un membre, pour une gamme variée de raisons. Même si les poids de l’enquête ont été ajustés pour s’assurer que l’échantillon était représentatif de la population cible selon des caractéristiques sociodémographiques, les différences dans l’état de santé (et plus particulièrement la TA) n’ont pas été prises en compte. Il est possible que la TA moyenne des participants à l’enquête ait différé de celle des non‑participants, ce qui compromettrait la validité externe des estimations. Le taux de réponse de 51 % de l’ECMS se compare favorablement à celui de la Survey on the Prevalence and Control of Hypertension de l’Ontario en 2006 (40 %)12 et est similaire à celui de l’Enquête condition physique Canada de 1981 (49,5 %)30.

Conclusion

Sur la base de mesures très précises de la TA dans un échantillon représentatif d’adultes canadiens, le présent rapport fournit une mise à jour très attendue de la prévalence et du contrôle de l’hypertension au Canada. L’étude laisse supposer que la sensibilisation à l’hypertension, son traitement et son contrôle ont augmenté au cours de la dernière décennie, à la suite de l’établissement d’un programme ambitieux destiné à préciser des lignes directrices en matière de traitement de l’hypertension et à rappeler aux cliniciens l’importance du contrôle de l’hypertension. Toutefois, les résultats selon lesquels l’hypertension est contrôlée chez 34 % des Canadiens qui ont ce problème montrent bien le défi qui subsiste.

La vaste gamme de données recueillies par l’ECMS offre des possibilités d’analyses plus détaillées axées sur la TA. Les études à venir détermineront les caractéristiques des sous‑populations dans lesquelles l’hypertension n’est pas traitée ou n’est pas contrôlée de façon optimale.

La présente étude fournit des estimations repères sur la répartition de la tension artérielle et de l’hypertension dans la population canadienne, sur la base des mesures directes automatisées. Au fur et à mesure que les données des cycles subséquents de l’ECMS deviendront disponibles, des évaluations concernant les tendances au fil du temps pourront être effectuées avec plus de précision. Par ailleurs, des études de suivi fondées sur les dossiers de l’ECMS couplées aux données hospitalières et aux données sur la mortalité fourniront des possibilités de quantifier de façon plus précise les risques de maladie cardiovasculaire et d’accident vasculaire cérébral en rapport avec le niveau de la TA.