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Les métaux lourds – plomb, mercure et cadmium – sont largement dispersés dans l'environnement et sont, en concentrations excessives, toxiques pour l'être humain1. L'exposition chronique à ces substances peut aussi présenter des risques. Ces métaux se retrouvent naturellement dans l'environnement. Cependant, l'exposition à ceux-ci peut être aggravée par l'activité humaine qui propage ces métaux dans l'air, dans le sol, dans l'eau et dans les aliments, et par les produits qui contiennent des métaux lourds.

Le présent article fait état des données provisoires, tirées de la nouvelle Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS), sur les taux de plomb, de mercure total et de cadmium dans le sang chez les Canadiens. Ces résultats provisoires sont fondés sur les 8 sites de collecte de l'ECMS. Les résultats fondés sur les données couvrant l'ensemble des 15 sites seront disponibles en 2010.

Statistique Canada, en partenariat avec Santé Canada et l'Agence de santé publique du Canada, a lancé l'ECMS pour recueillir, de mars 2007 à mars 2009, des données auprès de quelque 5 000 Canadiens âgés de 6 à 79 ans dans 15 sites au Canada. L'ECMS comporte une interview à domicile portant sur l'état de santé général et une visite ultérieure à une clinique mobile où des mesures physiques directes sont prises et des échantillons de sang et d'urine sont prélevés.

Ces échantillons de sang et d'urine servent au dépistage de maladies infectieuses, à l'évaluation de l'état nutritionnel et des facteurs de risque des maladies cardiovasculaires et à la biosurveillance, soit la mesure des concentrations de substances chimiques présentes dans l'environnement. Cette dernière composante de l'ECMS contribuera à répondre aux besoins de données représentatives à l'échelle nationale sur les concentrations, au sein de la population actuelle, d'une vaste gamme de substances chimiques présentes dans l'environnement, à définir une base de référence pour l'analyse des nouvelles tendances et à faciliter les comparaisons avec d'autres pays.

Plomb

Parmi les sources de l'exposition au plomb figurent la peinture au plomb, les installations de plomberie au plomb, la culture des aliments dans des sols contaminés par le plomb, les jouets, les carburants ou d'autres produits contenant du plomb ou de la peinture au plomb. L'exposition à des concentrations élevées de plomb peut causer des dommages importants au cerveau et aux reins. L'exposition chronique peut entraîner une diminution des fonctions neurologiques. Chez les femmes enceintes, l'exposition à des taux élevés de plomb peut provoquer des fausses couches, et l'exposition chronique peut compromettre le développement du fœtus.19

Selon les résultats provisoires de l'ECMS, la moyenne géométrique des concentrations sanguines de plomb s'élève à 1,37 µg/dL chez les Canadiens (tableau 1). Plus de 99 % des Canadiens de 6 à 79 ans ont des taux de plomb mesurables, c'est-à-dire des taux supérieurs au seuil de détection des essais en laboratoire qui s'établit à 0,02 µg/dL. Cependant, le fait d'avoir une quantité mesurable de plomb dans le sang n'entraîne pas nécessairement des effets néfastes sur la santé. De fait, Santé Canada établit actuellement à 10 µg/dL la valeur recommandée de la concentration sanguine de plomb pour l'ensemble de la population20. La valeur recommandée correspond au niveau à partir duquel il convient d'envisager des mesures visant à réduire l'exposition à la substance.

Tableau 1 Moyenne géométrique et certains percentiles des concentrations sanguines de plomb (en µg/dL), selon le groupe d'âge, population des ménages âgée de 6 à 79 ans, 2007-2008. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira

Tableau 1
Moyenne géométrique et certains percentiles des concentrations sanguines de plomb (en µg/dL), selon le groupe d'âge, population des ménages âgée de 6 à 79 ans, 2007-2008

Moins de 1 % de la population a des concentrations sanguines de plomb supérieures à la valeur recommandée actuelle de Santé Canada (le coefficient de variation de cette estimation est trop élevé pour que l'on puisse déclarer une valeur précise à ce chapitre.) Il s'agit là d'une baisse appréciable par rapport à 1978 à 1979, lorsque l'Enquête santé Canada avait montré que 25 % des Canadiens de 6 ans et plus avaient des concentrations sanguines de plomb supérieures à 10 µg/dL21. Cette baisse pourrait être largement attribuable à l'élimination progressive de l'essence au plomb, de la peinture au plomb et de la brasure au plomb dans les boîtes d'aliments en conserve depuis les années 197022.

Les États-Unis et l'Allemagne sont parmi les rares pays à avoir mené des enquêtes de biosurveillance représentatives à l'échelle nationale comportant un volet d'évaluation des métaux lourds dans le sang. Aux États-Unis, la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) de 2001-2002 a recueilli des données sur les concentrations sanguines de plomb au sein de la population âgée de 1 an et plus23. La German Environmental Survey (GerES III) de 1998 et la German Environmental Survey for Children (GerES IV) de 2003-2006 ont recueilli des données sur les concentrations sanguines de plomb chez les adultes de 18 à 69 ans et chez les enfants de 6 à 14 ans, respectivement13, 24. Des données sur les concentrations sanguines de plomb ont aussi été recueillies dans le cadre d'une enquête auprès de la population de 18 à 65 ans non exposée en milieu de travail dans la région de Québec14. La comparaison des moyennes géométriques des concentrations sanguines de plomb montre que les Canadiens ont, dans l'ensemble, des concentrations sanguines de plomb semblables ou légèrement inférieures à celles de ces populations (tableau 2).

Tableau 2 Moyenne géométrique des concentrations sanguines de plomb (en µg/dL), de mercure total (en µg/L) et de cadmium (en µg/L), selon le groupe d'âge, Enquête canadienne sur les mesures de la santé et autres enquêtes. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira

Tableau 2
Moyenne géométrique des concentrations sanguines de plomb (en µg/dL), de mercure total (en µg/L) et de cadmium (en µg/L), selon le groupe d'âge, Enquête canadienne sur les mesures de la santé et autres enquêtes

Mercure total

Le mercure se présente sous trois formes chimiques : élémentaire, inorganique et organique, notamment le  méthylmercure. La population est exposée surtout au méthylmercure en consommant des poissons et des fruits de mer25. L'exposition de la population au mercure inorganique, bien moins importante, se fait par les amalgames dentaires25. Des études antérieures ont montré que le mercure inorganique représente de 14 % à 26 % du mercure que l'on retrouve dans le sang26-28. Par conséquent, le méthylmercure représente l'essentiel du mercure total mesuré dans le sang.

L'exposition chronique au méthylmercure peut causer un engourdissement et des picotements aux extrémités, une vision trouble, la surdité, un manque de coordination musculaire et un affaiblissement intellectuel, de même que des effets néfastes sur les systèmes cardiovasculaire, gastrointestinal et reproductif. L'exposition prénatale peut compromettre le développement du système nerveux central du fœtus et provoquer des retards neurologiques et de développement. Les femmes exposées au méthylmercure qui allaitent peuvent aussi exposer leur enfant par le lait29.

Selon les résultats provisoires de l'ECMS, la moyenne géométrique des concentrations sanguines de mercure chez les Canadiens de 6 à 79 ans s'établit à 0,76 µg/L (tableau 3), et environ 90 % d'entre eux ont des concentrations supérieures à la limite de détection de 0,10 µg/L (le coefficient de variation de cette estimation se situe entre 16,6 % et 33,3 %, de sorte que l'estimation doit être interprétée avec prudence.) Toutefois, moins de 1 % des Canadiens de 20 à 79 ans ont des concentrations de mercure total supérieures à la valeur recommandée actuelle de Santé Canada, soit 20 µg/L pour l'ensemble de la population adulte30 (le coefficient de variation de cette estimation est trop élevé pour que l'on puisse déclarer une valeur précise à ce chapitre).

Tableau 3 Moyenne géométrique des concentrations sanguines de mercure total (en µg/L), selon le groupe d'âge, population des ménages âgée de 6 à 79 ans, 2007-2008. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira

Tableau 3
Moyenne géométrique des concentrations sanguines de mercure total (en µg/L), selon le groupe d'âge, population des ménages âgée de 6 à 79 ans, 2007-2008

La comparaison des moyennes géométriques des concentrations sanguines de mercure indique que, globalement, les Canadiens ont des concentrations semblables ou légèrement supérieures à celles observées dans l'ensemble de la population allemande13, 24, chez les femmes de 16 à 49 ans aux États-Unis23, et au sein de la population non exposée en milieu de travail dans la région de Québec14 (tableau 2).

Cadmium

Parmi les sources d'exposition au cadmium figurent le régime alimentaire, l'eau potable et le milieu de travail. Dans le cas de la population exposée hors du milieu de travail, le tabagisme est considéré comme une source importante d'exposition31, 32.

L'exposition chronique au cadmium peut causer des dommages aux reins, une diminution de la densité minérale osseuse et l'hypertension32, 33. Une inhalation aiguë et chronique de cadmium peut provoquer un dysfonctionnement pulmonaire mortel32. De plus, le Centre international de recherche sur le cancer classe le cadmium parmi les substances cancérogènes, l'exposition au cadmium étant principalement associée au cancer du poumon34.

Selon les résultats provisoires de l'ECMS, la moyenne géométrique des concentrations sanguines de cadmium est de 0,35 µg/L chez les Canadiens de 6 à 79 ans, et environ 98 % d'entre eux affichent des concentrations supérieures à la limite de détection qui s'élève à 0,04 µg/L (tableau 4). Aucune valeur recommandée n'a été établie pour le cadmium sanguin dans l'ensemble de la population. Il existe des valeurs recommandées pour l'exposition professionnelle, mais ces valeurs ne s'appliquent pas à l'ensemble de la population. Les travaux antérieurs ont montré que le tabagisme accroît le cadmium sanguin, celui-ci pouvant être au moins de 2,5 à 4 fois plus élevé chez les fumeurs que chez les non-fumeurs14-16. Cependant, la taille insuffisante de l'échantillon ne permet pas l'examen de telles relations dans le présent article.

Tableau 4 Moyenne géométrique et certains percentiles des concentrations sanguines de cadmium (en µg/L), selon le groupe d'âge, population des ménages âgée de 6 à 79 ans, 2007-2008. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira

Tableau 4
Moyenne géométrique et certains percentiles des concentrations sanguines de cadmium (en µg/L), selon le groupe d'âge, population des ménages âgée de 6 à 79 ans, 2007-2008

La comparaison de la moyenne géométrique des concentrations sanguines de cadmium révèle que les Canadiens ont des concentrations semblables à celles observées dans l'ensemble de la population des États-Unis23 et de l'Allemagne13, 24 ainsi qu'au sein de la population non exposée en milieu de travail de la région de Québec14 (tableau 2).

Résumé

Les résultats provisoires de l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé donnent des estimations nationales des concentrations sanguines de plomb au sein de la population, concentrations qui n'avaient pas été mesurées depuis 1978, de même que les premières estimations nationales des concentrations sanguines de mercure total et de cadmium dans la population. Même si la plupart des Canadiens ont des quantités mesurables de ces métaux lourds dans leur sang, cela ne signifie pas pour autant que ces concentrations produiront des effets néfastes sur leur santé. En effet, moins de 1 % des Canadiens de 6 à 79 ans ont des concentrations sanguines de plomb supérieures à la valeur recommandée établie par Santé Canada pour l'ensemble de la population, soit 10 µg/dL et moins de 1 % des Canadiens de 20 à 79 ans ont des concentrations sanguines de mercure total supérieures à la valeur recommandée de Santé Canada, soit de 20 µg/L pour l'ensemble de la population adulte. Les concentrations sanguines de plomb, de mercure total et de cadmium observées chez les Canadiens sont semblables à celles relevées au sein de la population aux États-Unis23 et en Allemagne13, 24

Des renseignements plus détaillés sur l'ECMS se trouvent à l'adresse suivante :

Des renseignements plus détaillés sur la biosurveillance et, plus précisément, sur le plomb, le mercure et le cadmium, sur l'incidence de ces métaux sur la santé et sur les moyens de réduire l'exposition à ces métaux se trouvent aux adresses suivantes :