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Ainsi qu’on le constate dans d’autres pays1,2, la prévalence de l’obésité est à la hausse au  Canada. De 1978‑1979 à 2004, la proportion de Canadiens adultes obèses est passée de 14 % à 23 %3. La prévalence croissante de l’obésité représente un important problème de santé publique car un excès de poids a été associé au diabète de type 2, à la maladie cardiovasculaire, à des problèmes psychosociaux, à l’arthrose et à la mortalité prématurée4.
 
Aussi utiles qu’elles soient, les données transversales sur la prévalence de l’obésité ne peuvent renseigner sur les taux de changement de poids chez les gens. Des données longitudinales sont nécessaires pour mieux comprendre les tendances à l’origine de l’accroissement de la prévalence de l’obésité au Canada. Ainsi, une étude longitudinale a montré récemment que près du tiers des Canadiens qui se situaient dans la fourchette de poids santé en 1994‑1995 sont passés dans la catégorie de l’embonpoint au cours des huit années suivantes, et environ le quart de ceux qui faisaient de l’embonpoint sont devenus obèses5.

Par conséquent, pour comprendre l’obésité, il est nécessaire d’obtenir des renseignements sur le rythme auquel les personnes prennent (ou perdent) du poids. Les études longitudinales réalisées auprès d’Américains adultes ont montré qu’en général, ceux-ci prennent du poids jusqu’à l’âge de 55 à 60 ans, puis en perdent graduellement par la suite8‑10. Peu d’études se sont penchées sur les taux de variation du poids d’un échantillon représentatif de la population. L’analyse des données provenant de l’Enquête condition physique Canada de 1981 et de l’enquête de suivi, soit l’Enquête Campbell sur le mieux‑être au Canada de 1988, révèle que l’indice de masse corporelle (IMC) est demeuré relativement stable dans l’intervalle entre les deux enquêtes, mais les chercheurs n’ont toutefois pas estimé le taux de variation11. Selon une autre étude fondée sur les mêmes données, on estime que dans les familles composées d’au moins deux personnes, la variation de poids pour la période allant de 1981 à 1988 correspondait à un gain de 2,9 kilogrammes (kg) chez les pères et à un gain de 3,5 kg chez les mères12. Toutefois, comme ces études ne portaient que sur deux moments dans le temps, elles n’ont pas permis de déterminer si les taux de gain de poids évoluaient ou s’ils demeuraient stables.

La présente analyse, qui est fondée sur des données provenant de l’Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP) – une enquête longitudinale –, a pour but d’examiner la variation sur deux ans du poids autodéclaré de la population adulte à domicile, pour la période allant de 1996‑1997 à 2004‑2005, afin de déterminer si les changements de poids surviennent de plus en plus rapidement, de plus en plus lentement, ou à un rythme constant (voir Méthodologie, Définitions et Limites).

Ralentissement du rythme de gain de poids
Le gain de poids varie
Un pourcentage plus faible de Canadiens prennent du poids
Les Canadiens qui prennent du poids en prennent plus qu'auparavant
Un processus dynamique
Effets cumulés
Mot de la fin

Ralentissement du rythme de gain de poids

Les Canadiens continuent de prendre du poids, mais les données semblent indiquer que le rythme auquel ils le font a ralenti. Dans l’intervalle de deux ans entre 1996‑1997 et 1998‑1999, le poids autodéclaré moyen des personnes de 18 à 64 ans a augmenté de 0,96 kg chez les hommes et de 0,86 kg chez les femmes (graphique 1). Entre 2000‑2001 et 2002‑2003, la prise de poids moyenne a été plus élevée, soit de 1,12 kg chez les hommes et de 1,02 kg chez les femmes. Au cours des deux années suivantes, soit de 2002‑2003 à 2004‑2005, le poids des adultes a continué de croître, mais la valeur moyenne du gain de poids a été plus faible, soit de 0,74 kg pour les hommes et de 0,57 kg pour les femmes. Les résultats de l’analyse de régression (tableau A en annexe) indiquent que le profil du gain est statistiquement significatif. Ainsi, dans l’ensemble, les adultes ont continué de prendre du poids, mais significativement (statistiquement) moins que durant les périodes antérieures.

Le gain de poids varie

Les changements de poids sont associés de façon significative au sexe, au groupe d’âge et au niveau d’obésité mesuré par l’indice de masse corporelle (IMC) (tableau A en annexe).

Dans l’intervalle de huit ans entre 1996‑1997 et  2004‑2005, le poids autodéclaré moyen des hommes et des femmes a augmenté quel que soit le groupe d’âge. Cependant, durant chaque intervalle de deux ans, les jeunes adultes de 18 à 33 ans ont eu un gain de poids moyen significativement plus important que les personnes de 34 à 49 ans. Les adultes plus vieux, âgés de 50 à 64 ans, ont eu des gains de poids significativement plus faibles que les 34 à 49 ans (graphique 2 et graphique 3).

La tendance générale à la diminution du gain moyen de poids entre 2002‑2003 et 2004‑2005 s’est observée chez les hommes et chez les femmes de la plupart des groupes d’âge. Font exception les hommes de 18 à 33 ans, dont le gain de poids moyen au cours de cette période de deux ans était supérieur à celui observé pour la période précédente.

L’IMC est associé à l’importance de la variation du poids autodéclaré au cours de chaque intervalle de deux ans (graphique 4 et graphique 5). En moyenne, les personnes qui faisaient de l’embonpoint ont gagné 0,8 kg de moins que celles dont l’IMC se situait dans la fourchette de poids santé (tableau A en annexe), et les personnes qui étaient obèses, 1,9 kg de moins. En fait, durant la plupart des intervalles de deux ans, le poids autodéclaré des personnes obèses a diminué en moyenne.

La diminution globale du gain moyen de poids au cours du plus récent intervalle de deux ans pourrait refléter un ensemble de tendances, incluant un accroissement du nombre de personnes qui perdent du poids, une augmentation du poids perdu, une diminution du nombre de personnes qui prennent du poids, une diminution de la prise de poids, ou une combinaison de ces tendances. D’autres analyses tentent de découvrir lesquelles en particulier auraient pu être à l’origine du ralentissement de la prise de poids.

Un pourcentage plus faible de Canadiens prennent du poids

Durant chacun des trois premiers intervalles de deux ans de l’enquête, près de la moitié des adultes ont déclaré avoir pris du poids. Toutefois, entre 2002‑2003 et 2004‑2005, cette proportion a diminué : 44 % des hommes et 46 % des femmes ont pris du poids (tableau 1), ce qui, chez les hommes seulement, représentait une proportion significativement plus faible que pour tous les intervalles précédents.

Par ailleurs, en 2004-2005, 32 % des hommes ont déclaré un poids inférieur à celui qu’ils avaient en 2002‑2003, soit une proportion significativement plus élevée que celle observée dans le cas des deux premiers intervalles. La proportion de femmes ayant perdu du poids ne diffère pas significativement d’un intervalle à l’autre puisque, de 29 % pour les trois premiers intervalles, elle n’est passée qu’à 32 % pour le dernier intervalle de l’enquête.

Les Canadiens qui prennent du poids en prennent plus qu’auparavant

Chez les hommes ayant pris du poids, le gain moyen de poids est passé de 4,56 kg dans le cas du premier intervalle de deux ans à 4,99 kg dans celui du dernier, soit une tendance à la hausse statistiquement significative (tableau 1). Le gain moyen de poids chez les femmes ayant pris du poid variait entre 4,39 kg et 4,78 kg, soit une tendance à la hausse statistiquement significative elle aussi.

Il n’y avait aucune tendance statistiquement significative chez les hommes ayant perdu du poids, le poids moyen perdu chez ceux-ci ayant varié entre 4,42 kg et 4,68 kg. En revanche, chez les femmes ayant perdu du poids, le poids moyen perdu s’est accru de façon significative pour passer de 4,35 kg dans le premier intervalle de deux ans de l’enquête à 4,91 kg dans le tout dernier.

Ainsi, cette tendance générale à la baisse du gain moyen de poids observée dans le cas du tout dernier intervalle (entre 2002‑2003 et 2004‑2005) semble être attribuable à une combinaison de facteurs, c’est-à-dire à la proportion plus faible d’hommes qui prennent du poids et à une perte de poids plus importante chez les femmes qui perdent du poids.

Un processus dynamique

En examinant les tendances du changement de poids chez les Canadiens pour l’ensemble des intervalles de deux ans de l’enquête, il faut se rappeler que les cas de prise de poids, de perte de poids ou de maintien du poids corporel ne s’appliquaient pas toujours aux mêmes personnes. À titre d’exemple, parmi les femmes qui ont perdu du poids entre 1996‑1997 et 1998‑1999, près de 64 % ont eu un gain de poids dans l’intervalle suivant, soit entre 1998‑1999 et 2000‑2001. Inversement, parmi les femmes qui ont pris du poids pendant le premier intervalle de deux ans, environ 38 % en ont perdu dans l’intervalle suivant, et environ 39 % en ont gagné dans l’intervalle subséquent. La tendance était semblable pour les hommes : plus des deux tiers des hommes qui ont perdu du poids dans un intervalle donné en ont gagné dans l’intervalle subséquent.

Effets cumulés

En moyenne, les changements de poids survenus chez les adultes au cours de chacun des intervalles de deux ans de l’enquête représentent des gains de poids allant de 0,5 kg à 1 kg (de 1,1 lb à 2,2 lb); pour toutes les périodes réunies, les hommes ont enregistré un gain moyen de 4,01 kg (8,8 lb) et les femmes, un gain moyen de 3,44 kg (7,6 lb). Ces gains peuvent paraître faibles, mais de telles variations étant cumulées, elles ont pour effet de déplacer davantage la courbe de répartition de la population vers des poids nuisibles pour la santé. En l’occurrence, il s’agit d’une population affichant déjà de forts taux de prévalence de l’embonpoint et de l’obésité3. Si faible qu’il soit, un tel déplacement vers des valeurs représentatives d’un poids excessif peut avoir des répercussions importantes sur l’incidence des maladies liées au poids17.

Mot de la fin

La présente analyse fait état des tendances du changement de poids chez les Canadiens adultes, pour la période allant de 1996‑1997 à 2004‑2005, notamment un ralentissement du gain moyen de poids et une hausse du nombre d’hommes qui perdent du poids. La prise de poids chez les personnes qui gagnent du poids est, quant à elle, plus importante.

D’autres recherches s’imposent en vue de déterminer les facteurs à l’origine de ces tendances ainsi que ceux pouvant leur être associés. S’il est reconnu que les principaux déterminants de la prise de poids sont un mode de vie sédentaire et une mauvaise alimentation, il ne faut pas s’arrêter là pour autant.  Il importe aussi d’étudier d’autres causes possibles, comme, par exemple, les facteurs liés à l’environnement18. En particulier, les analyses longitudinales sont nécessaires à l’élaboration de stratégies de santé publique ciblant le problème de l’obésité au Canada. L’analyse de données provenant des cycles à venir de l’Enquête nationale sur la santé de la population permettra de déterminer si le ralentissement du rythme de la prise de poids se poursuit dans l’avenir. 

En moyenne, les Canadiens adultes continuent de gagner du poids. Mais comme les messages de santé publique visant à promouvoir l’adoption de bonnes habitudes alimentaires et l’importance de l’activité physique se sont multipliés, il est possible que, sans ces interventions, le rythme de la prise de poids enregistré récemment ait été plus élevé.